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Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Ven 27 Aoû 2010 - 15:30
La chambre d'Aldéric est un immense chantier, un champ de bataille, un champ d'essais nucléaires. Un bordel incommensurable y règne, tant et si bien qu'on se demande où il faut marcher, tant traverser la chambre relève du parcours du combattant. La chambre est assez petite, pour cause de revenus plus que moyens, voire inexistants. Les mauvaises langues diront même qu'il squatte ici illégalement, mais c'est faux. Sa mère, bien qu'étant dans un état précaire, l'aide financièrement et lui fait les courses. Elle se situe donc au rez-de-chaussée, pour éviter les défenestrations accidentelles sous l'emprise de la drogue. Il faut dire que le jeune homme n'est tellement pas dans un état second par moments, qu'il ne s'apercevrait même pas qu'il est en train effectivement, de tomber par la fenêtre. Mais un tel placement, c'est davantage pour la forme. On se demande depuis quand la fenêtre n'a pas été ouverte, les stores étant toujours baissés, plongeant la pièce dans la pénombre. Seul un rai de lumière parvient à se faufiler, révélant des millions de particules de poussière flottant dans les airs. Au sol, il y a tout et n'importe quoi. Des cadavres de cigarettes, qui se sont échappées du cendrier, des bouteilles vides qui ont tendance à s'entasser lorsque l'étudiant âgé de vingt ans se laisse trop aller. Il y a aussi quelques boulettes de papier, vestiges de cours qui n'ont jamais été appris, des fringues sales ou propres, Aldéric lui-même n'en saurait rien. Il ne serait donc guère surprenant de trouver là un caleçon qui traîne. On devine la présence d'un bureau sous tout ce fatras, disparaissant sous des monceaux de papiers: cours, paroles de chansons composées ça et là, listes diverses, bouquins, CD's, 35 tours, encore des bouteilles, vides ou pleines, un cendrier qui déborde. Le même sort a été réservé à la chaise de bureau, tant et si bien qu'on ne peut plus s'y asseoir.
En face du lit toujours défait, dont les draps ont été accidentellement cramés par des mégots encore incandescents, trône une armoire vide et portes grandes ouvertes. Au bout d'un cintre pend lamentablement une chemise qui aurait besoin d'être repassée. Des Converse traînent dans le bas de l'armoire, au milieu des ceintures et des chaussettes, souvent dépareillées. Le vide sidéral de la penderie n'est guère étonnant quand on voit son contenu éparpillé ça et là dans la chambre. A côté de la fenêtre, dans l'angle, se trouve une bibliothèque, qui ploie sous le poids de ses livres de cours. Toutes les collections de livres depuis Poudlard sont présentes, une étagère correspondant à une année. C'est ce qui est bien rangé dans sa chambre, d'ailleurs. Ce n'est pas vraiment parce qu'il ne les lit jamais. Au contraire, de temps à autre, quand il est sous l'emprise de stupéfiants, Aldéric s'amuse à lire à voix haute des passages de cours, se marrant tout seul, et croyez le ou non, mais c'est comme ça qu'il a réussi à passer les années, parce que ça laisse tout de même des traces. Dans un autre coin, de l'autre côté de la fenêtre, il y a un vieux tourne-disque, sa guitare, et une tour impressionnante contenant sa collection de CD's, des titres phares du rock. Il n'est pas rare d'entendre des airs de Satriani ou d'Hendrix, Presley, voire même Lennon.
il n'y a plus un centimètre carré de mur visible, tant ses posters couvrent tout, ses objets de collection appartenant à la thématique du rock-n-roll (jacquettes de 35 tours des Sex Pistols, Rolling Stones, ou autres...), mais aussi les posters de ses idoles, dont Jim Morrison fait partie, mais aussi Bob Dylan, Janis Joplin, David Bowie, Ozzy Osborne, Elvis Presley, et beaucoup d'autres. Des espèces de pancartes sont aussi affichées, de travers, portant les slogans de Mai 68, dessinés à la peinture rouge, ou noire, accompagnées de caricatures faites de la main du jeune homme, du genre "il est interdit d'interdire", "Arrêtez le monde, je veux descendre", "Sois jeune et tais-toi", "Soyez réalistes, demandez l'impossible", "même si Dieu existait, il faudrait le supprimer". Sont également affichés des tracts très parlants à propos des opinions politiques du jeune homme: c'est en lisant ses murs qu'on devine qu'il est anarchiste, on n'est même pas étonnés de voir un poster avec le fameux A cerclé sur fond noir quelque part, parmi les autres. En fait, ses murs sont le reflet de sa personnalité, et tout bonnement fascinants. Quelque part, sur son armoire, trônent quelques photos, vestiges de sa vie passé, qu'il n'a pas le courage de jeter, mais plus l'envie de les regarder...
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Dim 29 Aoû 2010 - 13:31
Le jour se couchait, le soleil disparaissait au loin, baignant l’école de ces derniers rayons. La rentrée approchait, les élèves revenaient petit à petit, réaménageant dans leurs chambres respectives. Ce n’était plus qu’une question de jour avant qu’Hungcalf ne retrouve sa vie, ses cours, sa routine. Cette idée donna envie à la demoiselle de pleurer. L’été s’achevait bien trop vite, tout était passé trop vite. Elle n’avait pas eu le temps de faire le deuil de ce qui avait été perdu, elle n’avait même pas eu le temps d’aménager correctement la petite chambre de son appartement, celui qu’elle habitait depuis quelques temps aux côtés de son amie de toujours suite à sa mise à la porte de chez elle. Elle voyait encore sa mère, froide, fière, cette lueur de victoire dans le regard. Le père de Bree avait capitulé, il était temps pour la jolie blonde d’habiter dans son propre appartement. Ils s’accordaient à dire qu’ils payeraient tout, ils ne voulaient juste plus qu’elle vive sous leur toit. La jeune femme n’avait pas protesté, la liberté lui était offerte sur un plateau d’argent, mais cela l’avait profondément blesser. Elle était passée de la vie dans l’indifférence à la vie non désirée. On mettait à la porte la personne dont on ne voulait plus, celle qui n’avait fait que pourrir la vie de ses parents, incapables d’engendrer un héritier, un vrai. La jeune femme savait pertinemment que si elle n’avait pas été fille unique, elle aurait été déshéritée, mais ils n’avaient personne d’autre à qui léguer leur fortune, cette fortune colossale qu’ils chérissaient plus que tout. Plus que leur fille. Oui, Breeony savait tout cela, elle n’ét ait ni naïve, ni dupe. Voilà bien longtemps que la jeune femme s’était raisonnée à vivre dans cette indifférence qu’elle connaissait si bien. Seulement l’indifférence avait laissé place à la haine, à l’envie de voir cet enfant disparaître. Cet enfant qui ne faisait jamais rien de bien, cet enfant qui n’avait pas sa place dans cette famille de sang pur aux moeurs ancestraux. Mais les Warrens ne voulaient pas attirer les commérages en déshéritant leur fille, en la reniant. Cela aurait fait jasé les famille de la bonne société, Bree ne le savait pas encore, mais ses parents avaient d’autres projets pour elle, des projets, ils le savaient, qui ne lui plairaient pas, mais auxquels elle serait obligée de se soumettre. Si elle ne se soumettait pas, les gens comprendraient alors pourquoi ils décideraient de la renier, pourquoi ils décideraient d’annoncer que désormais ils n’avaient plus d’enfant. Ils adopteraient alors un petit garçon à qui reléguer cette fortune, un garçon qu’ils façonneraient à leur image. Oui, le plan était tout tracé, loin des grands yeux de Bree, loin de ses oreilles, elle n’en saurait rien jusqu’à ce que le piège se ferme sur elle. Mais la jeune femme sentait que quelque chose se tramait, elle l’avait compris, mais elle ne savait pas de quoi il s’agissait.
La Summerbee secoua sa crinière blonde tout en fermant le bouquin qu’elle tentait de lire. Elle s’était rendue compte que cela faisait une bonne dizaine de fois qu’elle lisait la même ligne, incapable de se concentrer sur sa lecture, trop occupée à réfléchir à tout ce qu’il se passait dans sa tête et dans son coeur. Elle sortit alors la petite flasque de sous son oreiller, une flasque en argent subtilisée chez elle lors de son déménagement. Elle l’ouvrit et s’offrit une rasade du liquide dorée qu’elle contenait. Un vieux whisky lui aussi volé dans la cave paternelle. Un whisky qui lui embrumerait le cerveau, mais qui la transporterait dans ce monde où elle n’était pas celle qui s’était faite jetée par celui qu’elle pensait être l’homme de sa vie juste avant l’été, où elle n’était pas celle qui devait observer ce même garçon heureux aux côtés de l’une de ses meilleures amies, où elle n’était pas celle qui n’avait plus de famille ou presque, celle à qui l’on tournait le dos pour se tourner vers ce nouveau couple qui émerveillait, qui brillait alors qu’elle même sombrait dans ce côté noir de sa personnalité, s’enfonçant petit à petit alors que personne ne semblait le remarquer. Elle souffrait, tout son être criait cette souffrance qui l’habitait, mais personne ne semblait l’entendre, personne ne semblait faire attention. Sawyer et Spencer étaient devenus le couple doré, ce qu’elle-même avait été avec le jeune homme durant l’année dernière. Une blonde en remplaçant une autre. Elle eut un sourire peint d’amertume, un gout amer dans le fond de la gorge, une boule d’émotion qui lui donna envie d’hurler. Elle ne voulait pas être cette fille qui se lamentait, elle ne voulait pas courir après cette cause perdue, elle voulait oublier. Tout oublier. Personne ne voyait sa peine, personne sauf Aldéric. Breeony se leva, avec peine, il fallait l’avouer. Elle reversa du liquide dorée dans sa flasque et sortit de cette chambre où elle étouffait, cette chambre où les souvenirs s’accrochaient au mur, au rideau, au lit, cette chambre où s’était épanoui un amour aujourd’hui perdu, un amour qu’elle devait effacé de sa mémoire, si elle ne voulait pas se brûler les ailes à tout jamais. Elle jeta le livre sur son lit, glissa la flasque dans la grande poche de ce gilet qu’elle portait presque tout le temps, ce gilet qui lui rappelait tant, lui aussi. Le coeur qui pendait sur sa poitrine lui brûlait la peau. Un coeur qui ne lui appartenait plus, qu’elle rendrait bientôt à son propriétaire, elle s’en était faite la promesse. Ses pas décidés raisonnaient dans le long couloir qui séparait sa chambre de celle de son ami, ce jeune homme qui l’observait de loin, qui avait su lire en elle, qui avait su lire sa peine. Cet ami qu’elle connaissait depuis quelques années déjà, qui lui avait offert l’exutoire à sa peine sur un plateau d’argent. Celui-là même qui l’aidait à se relever, à sa manière du moins. Un sourire apparut sur ses lèvres et disparut aussi tôt. Elle toqua à la porte de la petite chambre et entra sans attendre de réponse. Si il n’était pas là, elle l’attendrait. Elle était dans l’un de ces jours où elle avait besoin de cet ami qui partageait ses peines et ses maux. Il la connaissait, elle le connaissait. Leur passé était similaire et c’était ce qui les avait uni.
Breoony • « Aldéric ? »
Elle se fraya un chemin à travers le désordre qui régnait dans la chambre, enjambant objets divers et autres vêtements qui jonchaient le sol. Elle s’allongea à ses côté, dans ce même lit qu’ils avaient souvent partagé, sur ce même oreiller où ils s’étaient glissés des confidences entre deux baisers. Elle avait l’impression d’être à nouveau cette petite fille en mal d’amour qui se réfugiait chez le premier venu, elle se colla alors au jeune homme, comme si cette simple pression de son corps contre le sien ferait cesser les battements de son coeur meurtri, comme si ce simple contact l’aiderait à alléger cette peine qui la dévorait de l’intérieur ...
La Summerbee secoua sa crinière blonde tout en fermant le bouquin qu’elle tentait de lire. Elle s’était rendue compte que cela faisait une bonne dizaine de fois qu’elle lisait la même ligne, incapable de se concentrer sur sa lecture, trop occupée à réfléchir à tout ce qu’il se passait dans sa tête et dans son coeur. Elle sortit alors la petite flasque de sous son oreiller, une flasque en argent subtilisée chez elle lors de son déménagement. Elle l’ouvrit et s’offrit une rasade du liquide dorée qu’elle contenait. Un vieux whisky lui aussi volé dans la cave paternelle. Un whisky qui lui embrumerait le cerveau, mais qui la transporterait dans ce monde où elle n’était pas celle qui s’était faite jetée par celui qu’elle pensait être l’homme de sa vie juste avant l’été, où elle n’était pas celle qui devait observer ce même garçon heureux aux côtés de l’une de ses meilleures amies, où elle n’était pas celle qui n’avait plus de famille ou presque, celle à qui l’on tournait le dos pour se tourner vers ce nouveau couple qui émerveillait, qui brillait alors qu’elle même sombrait dans ce côté noir de sa personnalité, s’enfonçant petit à petit alors que personne ne semblait le remarquer. Elle souffrait, tout son être criait cette souffrance qui l’habitait, mais personne ne semblait l’entendre, personne ne semblait faire attention. Sawyer et Spencer étaient devenus le couple doré, ce qu’elle-même avait été avec le jeune homme durant l’année dernière. Une blonde en remplaçant une autre. Elle eut un sourire peint d’amertume, un gout amer dans le fond de la gorge, une boule d’émotion qui lui donna envie d’hurler. Elle ne voulait pas être cette fille qui se lamentait, elle ne voulait pas courir après cette cause perdue, elle voulait oublier. Tout oublier. Personne ne voyait sa peine, personne sauf Aldéric. Breeony se leva, avec peine, il fallait l’avouer. Elle reversa du liquide dorée dans sa flasque et sortit de cette chambre où elle étouffait, cette chambre où les souvenirs s’accrochaient au mur, au rideau, au lit, cette chambre où s’était épanoui un amour aujourd’hui perdu, un amour qu’elle devait effacé de sa mémoire, si elle ne voulait pas se brûler les ailes à tout jamais. Elle jeta le livre sur son lit, glissa la flasque dans la grande poche de ce gilet qu’elle portait presque tout le temps, ce gilet qui lui rappelait tant, lui aussi. Le coeur qui pendait sur sa poitrine lui brûlait la peau. Un coeur qui ne lui appartenait plus, qu’elle rendrait bientôt à son propriétaire, elle s’en était faite la promesse. Ses pas décidés raisonnaient dans le long couloir qui séparait sa chambre de celle de son ami, ce jeune homme qui l’observait de loin, qui avait su lire en elle, qui avait su lire sa peine. Cet ami qu’elle connaissait depuis quelques années déjà, qui lui avait offert l’exutoire à sa peine sur un plateau d’argent. Celui-là même qui l’aidait à se relever, à sa manière du moins. Un sourire apparut sur ses lèvres et disparut aussi tôt. Elle toqua à la porte de la petite chambre et entra sans attendre de réponse. Si il n’était pas là, elle l’attendrait. Elle était dans l’un de ces jours où elle avait besoin de cet ami qui partageait ses peines et ses maux. Il la connaissait, elle le connaissait. Leur passé était similaire et c’était ce qui les avait uni.
Breoony • « Aldéric ? »
Elle se fraya un chemin à travers le désordre qui régnait dans la chambre, enjambant objets divers et autres vêtements qui jonchaient le sol. Elle s’allongea à ses côté, dans ce même lit qu’ils avaient souvent partagé, sur ce même oreiller où ils s’étaient glissés des confidences entre deux baisers. Elle avait l’impression d’être à nouveau cette petite fille en mal d’amour qui se réfugiait chez le premier venu, elle se colla alors au jeune homme, comme si cette simple pression de son corps contre le sien ferait cesser les battements de son coeur meurtri, comme si ce simple contact l’aiderait à alléger cette peine qui la dévorait de l’intérieur ...
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Dim 29 Aoû 2010 - 16:54
Depuis combien de temps j’étais là à somnoler, je n’en avais aucune idée. Parfois, j’ouvrais un œil pour regarder les chiffres digitaux du réveil, pour s’enfouir ensuite la tête sous l’oreiller, en réprimant un bâillement. J’avais quitté le sommeil paradoxal, celui des rêves, pour entrer dans un sommeil plus léger, où je pouvais être réveillé par tout et n’importe quoi: un scooter qui passe au loin dans le monde moldu, des sirènes de police, qu’on entendait surtout le samedi soir en sortie de boîte, ou encore du bruit venant de la chambre voisine. Je me sentais encore pâteux, broyé par une migraine effroyable. J’avais la bouche sèche, le cœur au bord des lèvres, et l’envie de boire des dizaines de litres d’eau. Mais j’avais la flemme de me lever, ainsi je restai pelotonné sous les couvertures, têtes sous l’oreiller, en sueur, il faisait beaucoup trop chaud dans cette chambre. La fête de hier soir, c’était du lourd. Et pour être honnête, je ne me souvenais plus de rien, comme si mon cerveau avait jugé utile d’effacer ces données de ma mémoire perturbée. Comme d’habitude, j’allais avoir des échos dans la semaine qui suit, en admettant que je daigne retourner dans le monde des vivants. Un jour peut-être. Je jetai l’oreiller sur le côté, dormant à même le matelas. Bien que mon repos était fini, je ne cessais de me tourner et de me retourner depuis quelques minutes déjà. Il fallait bien que je me réveille, mais je n’avais absolument rien à faire, et pour être franc, je n’avais pas la foi pour faire quoi que ce soit d’autre à part dormir. Tant pis. Aujourd’hui serait une énième journée de perdue dans ma vie, s’ajoutant aux centaines d’autres qu’il y a déjà eues, je n’étais plus à ça près. Avec un gros soupir, je me mis sur le dos, regardant le plafond. Mais comme la chambre était plongée dans la pénombre, il n’y avait pas grand-chose à voir.
Je finis par me lever, en m’étirant, légèrement endolori. C’était déjà ça, je ne m’étais pas réveillé à côté d’une fille, et aucun indice en particulier ne témoignait d’une quelconque présence féminine la nuit dernière. Le seul parfum qui subsistait était le mien, mitigé à une vague odeur de tabac froid. A moitié dévêtu, je parcourus l’espace exigu qui existait entre mon lit et ma fenêtre, pour l’ouvrir un peu. La lumière me sauta au visage, m’éblouissant presque, tandis que j’avais encore, comme dit vulgairement , la tête dans le cul. Par Merlin, quelle heure était-il? Mon réveil me donna bientôt la réponse: il était six heures du soir, et par conséquent, le jour se couchait, tandis que je venais de me lever. Combien de temps allais-je encore vivre ainsi, dormant le jour et m’agitant la nuit, quand l’inverse était la normalité? Mon rythme de vie faisait de moi un marginal, à la vie sociale devenue minable depuis quelques temps. Si autrefois, j’avais quelques potes avec qui faire la fête, maintenant, ce n’était plus vraiment le cas. Mais je ne me plaignais pas pour autant. Je fréquentais toujours les grosses fiestas, finissant parfois la soirée avec une fille de passage, quand la chasse avait été bonne. D’autres fois, je rentrais tout seul, comme c’était le cas hier soir. Un coup d’œil dans le miroir et je soupirai. Je m’étais déjà connu plus fringant. Je finis par me baisser, pour ramasser chemise et jean. J’en examinai rapidement l’état, et après avoir décrété qu’ils étaient propres, tel un zombie, je me dirigeai vers la petite salle de bains annexe dans laquelle on pouvait tout juste tenir. C’était tout de même décent en comparaison du loyer qu’on devait verser pour la location, c’était un bon rapport qualité/prix.
D’un geste purement mécanique, je tournai le robinet de la douche, laissant couler l’eau chaude, tandis que j’ôtais mon boxer, le seul vêtement que je portais alors. J’avais envie de me noyer dans cette putain de douche, bien que c’était techniquement impossible. Seul Merlin sait combien de fois j’avais malgré tout formulé ce souhait plus que ridicule. A défaut, je restais des plombes sous le jet d’eau brûlante, me frottant la peau parfois jusqu’au sang. J’avais beau me savonner autant de fois que nécessaire, j’avais toujours l’impression d’être sale. Peut-être que cet état d’esprit était la conséquence directe de ma vie faite d’excès, mais au fond, je ne faisais pas grand-chose pour l’améliorer. Tant et si bien que le mal-être était permanent, le dégoût que j’éprouvais envers moi-même profond, ma tendance à l’autodestruction montant crescendo. Parfois, quand l’overdose me guettait, je me surprenais à désirer en crever tant mon mal était intense, incurable. Je n’aimais déjà plus la vie, mais j’étais trop lâche pour y mettre un terme. Me voilà condamné, à errer dans un état de semi-conscience, mon corps irrémédiablement marqué non seulement à la surface, mais également pourri de l’intérieur. Il n’y avait simplement rien à en tirer. Toujours aussi morose, d’une humeur à tuer en réalité, je m’emparai de la serviette éponge et m’en entourai, me séchant un tant soit peu. En crevant de froid, je remis un boxer propre, et les vêtements que j’avais emportés de ma chambre.
Le tout était à présent de trouver de quoi m’occuper. Prenant mon courage à deux mains, je pris un sac poubelle, avant de mettre dedans tous les déchets. Je mis les bouteilles vides dans un carton, en attendant d’aller les jeter, je vidai les cendriers avant de les mettre dans le lavabo de la salle de bains en attendant de les nettoyer. Je mis le linge sale dans le panier prévu à cet effet, puis je finis par me laisser tomber sur mon lit, déjà lassé, tandis que la fainéantise me gagnait. Ma chambre n’en restait pas moins un champ de bataille pour le moment, même s’il n’y avait plus de trucs douteux et compromettants qui traînaient. Comme j’étais un adepte de la procrastination, c’est-à-dire de remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même, je finis à nouveau blotti sous les couvertures, dans mon lit, dormant tout habillé, cette fois, n’ayant plus le courage de faire autre chose. Je somnolais déjà depuis une demi-heure que j’entendis ma porte grincer. Je grognai légèrement, avant de me mettre sur le dos. Je crus entendre quelqu’un m’appeler, mais je ne saurais en jurer. En tout cas, je ne répondis pas, me contentant de virer l’oreiller qui était par-dessus ma tête. Je discernais un mouvement à côté de moi, mais j’étais incapable de réagir. Je ne réagis vraiment que quand je sentis quelqu’un venir se coller à moi. Dès lors, je me tournai légèrement, pour voir qui c’était.
Quand je reconnus la chevelure blonde, ce visage si familier, j’ouvris brusquement les yeux, me retrouvant face à face avec mon ancienne maîtresse. La surprise put alors se lire sur mon visage. « Bree? Qu’est-ce que tu fais ici? » J’étais en droit de me poser la question, non? Cela faisait des mois que je n’avais pas accueilli mon amante entre mes draps, et voilà qu’elle se trouvait là. Elle était venue à moi, et cela me surprenait. Il n’y avait plus rien eu entre nous lorsqu’elle a commencé à sortir avec Sawyer, même si j’avais la forte impression que, comme elle n’était plus avec lui, les choses allaient recommencer comme avant. Je me penchai légèrement, pour venir poser un baiser sur son front, et de lui demander, soucieux. « Sérieusement, ça me surprend de te voir alors que les cours n’ont pas encore recommencé. Perso, j’ai pas trop le choix, j’ai plus le droit de mettre les pieds à la maison, même pour aller voir ma mère, mais toi? Que s’est-il passé? Tu veux en parler? » D’ordinaire, je ne me confiais jamais aux gens, les invitant plus volontiers à la confidence. Mais Breeony était une exception. Notre vécu était ce qui nous avait rapprochés, au départ. Au départ. Mais au vu de son expression, je me doutais bien que son état n’était pas seulement dû à l’absence de Sawyer qui devait lui peser de plus en plus sur les épaules, d’autant plus que le Grymm s’était remis en couple récemment, ce que je désapprouvais au passage. Après tout, s’il avait été si amoureux d’elle, pourquoi l’avait-il si vite oubliée en la remplaçant par un autre? Les sentiments avaient parfois une logique que je ne pouvais pas comprendre. En fait, je ne cherchais même pas à comprendre. Non, il devait y avoir autre chose, probablement en rapport avec sa famille. Je finis par lui caresser la joue légèrement, avant de murmurer, mon regard rivé dans le sien. « Ca va aller, Bree. Je suis là. » Cela était-ce une promesse ou une menace? Je savais que je pouvais l’aider, pour l’avoir déjà fait auparavant, même si ce n’est pas de la meilleure façon qu’il soit. Il suffisait juste qu’elle me demande.
Je finis par me lever, en m’étirant, légèrement endolori. C’était déjà ça, je ne m’étais pas réveillé à côté d’une fille, et aucun indice en particulier ne témoignait d’une quelconque présence féminine la nuit dernière. Le seul parfum qui subsistait était le mien, mitigé à une vague odeur de tabac froid. A moitié dévêtu, je parcourus l’espace exigu qui existait entre mon lit et ma fenêtre, pour l’ouvrir un peu. La lumière me sauta au visage, m’éblouissant presque, tandis que j’avais encore, comme dit vulgairement , la tête dans le cul. Par Merlin, quelle heure était-il? Mon réveil me donna bientôt la réponse: il était six heures du soir, et par conséquent, le jour se couchait, tandis que je venais de me lever. Combien de temps allais-je encore vivre ainsi, dormant le jour et m’agitant la nuit, quand l’inverse était la normalité? Mon rythme de vie faisait de moi un marginal, à la vie sociale devenue minable depuis quelques temps. Si autrefois, j’avais quelques potes avec qui faire la fête, maintenant, ce n’était plus vraiment le cas. Mais je ne me plaignais pas pour autant. Je fréquentais toujours les grosses fiestas, finissant parfois la soirée avec une fille de passage, quand la chasse avait été bonne. D’autres fois, je rentrais tout seul, comme c’était le cas hier soir. Un coup d’œil dans le miroir et je soupirai. Je m’étais déjà connu plus fringant. Je finis par me baisser, pour ramasser chemise et jean. J’en examinai rapidement l’état, et après avoir décrété qu’ils étaient propres, tel un zombie, je me dirigeai vers la petite salle de bains annexe dans laquelle on pouvait tout juste tenir. C’était tout de même décent en comparaison du loyer qu’on devait verser pour la location, c’était un bon rapport qualité/prix.
D’un geste purement mécanique, je tournai le robinet de la douche, laissant couler l’eau chaude, tandis que j’ôtais mon boxer, le seul vêtement que je portais alors. J’avais envie de me noyer dans cette putain de douche, bien que c’était techniquement impossible. Seul Merlin sait combien de fois j’avais malgré tout formulé ce souhait plus que ridicule. A défaut, je restais des plombes sous le jet d’eau brûlante, me frottant la peau parfois jusqu’au sang. J’avais beau me savonner autant de fois que nécessaire, j’avais toujours l’impression d’être sale. Peut-être que cet état d’esprit était la conséquence directe de ma vie faite d’excès, mais au fond, je ne faisais pas grand-chose pour l’améliorer. Tant et si bien que le mal-être était permanent, le dégoût que j’éprouvais envers moi-même profond, ma tendance à l’autodestruction montant crescendo. Parfois, quand l’overdose me guettait, je me surprenais à désirer en crever tant mon mal était intense, incurable. Je n’aimais déjà plus la vie, mais j’étais trop lâche pour y mettre un terme. Me voilà condamné, à errer dans un état de semi-conscience, mon corps irrémédiablement marqué non seulement à la surface, mais également pourri de l’intérieur. Il n’y avait simplement rien à en tirer. Toujours aussi morose, d’une humeur à tuer en réalité, je m’emparai de la serviette éponge et m’en entourai, me séchant un tant soit peu. En crevant de froid, je remis un boxer propre, et les vêtements que j’avais emportés de ma chambre.
Le tout était à présent de trouver de quoi m’occuper. Prenant mon courage à deux mains, je pris un sac poubelle, avant de mettre dedans tous les déchets. Je mis les bouteilles vides dans un carton, en attendant d’aller les jeter, je vidai les cendriers avant de les mettre dans le lavabo de la salle de bains en attendant de les nettoyer. Je mis le linge sale dans le panier prévu à cet effet, puis je finis par me laisser tomber sur mon lit, déjà lassé, tandis que la fainéantise me gagnait. Ma chambre n’en restait pas moins un champ de bataille pour le moment, même s’il n’y avait plus de trucs douteux et compromettants qui traînaient. Comme j’étais un adepte de la procrastination, c’est-à-dire de remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même, je finis à nouveau blotti sous les couvertures, dans mon lit, dormant tout habillé, cette fois, n’ayant plus le courage de faire autre chose. Je somnolais déjà depuis une demi-heure que j’entendis ma porte grincer. Je grognai légèrement, avant de me mettre sur le dos. Je crus entendre quelqu’un m’appeler, mais je ne saurais en jurer. En tout cas, je ne répondis pas, me contentant de virer l’oreiller qui était par-dessus ma tête. Je discernais un mouvement à côté de moi, mais j’étais incapable de réagir. Je ne réagis vraiment que quand je sentis quelqu’un venir se coller à moi. Dès lors, je me tournai légèrement, pour voir qui c’était.
Quand je reconnus la chevelure blonde, ce visage si familier, j’ouvris brusquement les yeux, me retrouvant face à face avec mon ancienne maîtresse. La surprise put alors se lire sur mon visage. « Bree? Qu’est-ce que tu fais ici? » J’étais en droit de me poser la question, non? Cela faisait des mois que je n’avais pas accueilli mon amante entre mes draps, et voilà qu’elle se trouvait là. Elle était venue à moi, et cela me surprenait. Il n’y avait plus rien eu entre nous lorsqu’elle a commencé à sortir avec Sawyer, même si j’avais la forte impression que, comme elle n’était plus avec lui, les choses allaient recommencer comme avant. Je me penchai légèrement, pour venir poser un baiser sur son front, et de lui demander, soucieux. « Sérieusement, ça me surprend de te voir alors que les cours n’ont pas encore recommencé. Perso, j’ai pas trop le choix, j’ai plus le droit de mettre les pieds à la maison, même pour aller voir ma mère, mais toi? Que s’est-il passé? Tu veux en parler? » D’ordinaire, je ne me confiais jamais aux gens, les invitant plus volontiers à la confidence. Mais Breeony était une exception. Notre vécu était ce qui nous avait rapprochés, au départ. Au départ. Mais au vu de son expression, je me doutais bien que son état n’était pas seulement dû à l’absence de Sawyer qui devait lui peser de plus en plus sur les épaules, d’autant plus que le Grymm s’était remis en couple récemment, ce que je désapprouvais au passage. Après tout, s’il avait été si amoureux d’elle, pourquoi l’avait-il si vite oubliée en la remplaçant par un autre? Les sentiments avaient parfois une logique que je ne pouvais pas comprendre. En fait, je ne cherchais même pas à comprendre. Non, il devait y avoir autre chose, probablement en rapport avec sa famille. Je finis par lui caresser la joue légèrement, avant de murmurer, mon regard rivé dans le sien. « Ca va aller, Bree. Je suis là. » Cela était-ce une promesse ou une menace? Je savais que je pouvais l’aider, pour l’avoir déjà fait auparavant, même si ce n’est pas de la meilleure façon qu’il soit. Il suffisait juste qu’elle me demande.
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Lun 30 Aoû 2010 - 23:34
Son coeur meurtri peinait de battre dans sa poitrine. Ses yeux restaient grand ouvert dans la pénombre, incapables de se fermer, incapables de laisser couler les larmes qu’elle sentait dans son âme et dans sa poitrine. Elle avait besoin de cet ami, de cet amant, elle avait besoin de celui qui l’avait toujours comprise, celui qui avait réussi à essuyer toutes ces peines. Elle avait besoin de ce garçon à qui elle rendait régulièrement visite par le passé, le seul et l’unique qui avait réussi à percer le secret de Bree à jour : elle n’était pas heureuse et ne l’avait jamais réellement été. Les autres avaient dû réfléchir, elle avait dû leur expliquer avant de comprendre, avant de réaliser quel était le plus grand secret de la jeune femme. Aldéric avait identifié sa peine, l’avait nommée, l’avait aidée à la surmonter, se confiant à son tour. Ils réalisèrent alors que leur vécu semblable les avaient rapprochés. Pourtant, Bree était sûre de ne plus jamais le revoir après avoir commencé à sortir avec Sawyer. Elle était persuadée que jamais plus elle n’aurait à venir entre ces draps, dans ses bras, afin d’y soulager son âme et son coeur, afin de chercher le réconfort qui lui était nécessaire. Avec Sawyer, elle avait trouvé cette autre moitié qu’Aldéric n’avait jamais comblé, ce manque qu’elle avait toujours senti. Si Aldéric avait su l’aider à se sentir mieux, à alléger cette peine, à vivre avec, Sawyer lui l’avait ôtée entièrement, ne faisant d’elle plus qu’un souvenir. Un souvenir bien vivant à présent, un souvenir qui lui tiraillait à présent les entrailles, se rappelant à elle, plus vivace que jamais. Alors elle avait su quoi faire, elle avait su où aller, elle s’était rendue chez cette seule et unique personne qui la comprenait mieux que quiconque, cette seule et unique personne à qui elle pouvait parler sans craindre de l’ennuyer avec ses histoires. Elle savait qu’elle pourrait se blottir dans le creux de ses bras et laisser aller tout ce soul qu’elle retenait en elle, refusant de montrer à quiconque la douleur et la peine qui se mélangeaient en elle. Elle refusait de devoir expliquer qu’elle ne parvenait pas à faire le deuil de son amour perdu, elle refusait de devoir expliquer qu’une nouvelle personne l’avait abandonnée, qu’une personne lui avait à nouveau démontrer qu’elle n’était pas de ces gens faits pour être aimés. Elle refusait de devoir expliquer qu’elle n’avait plus de chez elle, hormis cet appart’ qu’elle avait été obligée de prendre. Heureusement, elle avait Léonela, qui vivait avec elle, aussi non elle aurait déjà sauté par la fenêtre. Bree faisait partie de ces gens qui craignaient la solitude plus que tout, l’abandon surtout. Elle avait été abandonnée par sa mère en quelques sortes, celle-ci lui ayant prouvé à maintes reprises qu’elle n’avait jamais désiré cette petite fille blonde bien trop jolie à son gout. Elle avait été abandonnée par son père, qui avait fini par se désintéresser d’elle, la laissant faire des efforts pour lui faire plaisir sans que cela n’ait aucun intérêt : jamais elle ne pourrait faire quoique ce soit qui lui ferait plaisir, qui le rendrait fier de son enfant. Enfin, elle avait été abandonnée par celui qu’elle avait pris pour son âme soeur. Oui, la jolie blonde craignait l’abandon. Elle craignait que l’on lui tourne le dos à nouveau, que l’on lui prouve à nouveau qu’elle ne faisait pas partie de ces êtres qui méritaient d’être aimés, qui pouvaient aspirer à être aimer, car au fond, Bree gardait une infime particule d’espoir d’un jour tomber sur quelqu’un qui lui prouverait le contraire.
Aldéric • « Bree, qu’est-ce que tu fais ici ? » dit-il, visiblement inquiet.
Elle ne répondit rien. Elle se sentait penaude, nulle, de revenir ainsi après des mois de silence. Elle se rendait maintenant compte à quel point il lui avait manqué, elle réalisait à quel point elle avait été lâche de l’effacer presque de sa vie. Elle s’en mordrait les doigts plus tard, car à présent, elle avait besoin de son oreille pour l’écouter, elle avait besoin de ses étreintes pour la réconforter. Elle frissonna alors qu’il déposait un baiser sur son front, se colla un peu plus à lui alors qu’il lui demandait ce qui l’amenait dans son lit après des mois d’absence. Elle secoua la tête en signe de négation, comme si elle ne sentait pas prête à cracher le morceau, comme si le fait d’en parler risquait de planter le couteau un peu plus profondément dans la plaie.
Aldéric • « Ca va aller Bree, je suis là .. »
Elle se remémora ses paroles, réalisant que quelque chose n’allait pas. Elle leva sur lui son regard embué, plongeant ses yeux dans ceux du jeune homme. A nouveau, son coeur manqua un battement. Elle se dégoutait. Elle n’avait pas été là pour lui, elle l’avait laissé tombé. Lui qui l’avait aidée, lui qui l’avait comprise, amant et ami qui lui avait redonné le sourire dans les moments les plus sombres.
Breeony • « Tu n’as plus le droit de voir ta mère ? ... Je suis désolée ... Vraiment désolée. » dit-elle, la voix pleine d’émotion. « A croire que nos parents se sont donnés le mot. Ils m’ont obligée à prendre un appartement en ville. Loin d’eux. Ils m’ont foutue dehors sans se soucier de savoir où j’allais vivre .. Comme si les merdes arrivaient toutes ensemble ... »
Alors elle ne put se retenir plus longtemps, deux larmes perlèrent au coin de ses yeux, roulèrent alors, formant un sillon salé sur ses joues, glissant entre ses seins et mourant dans son nombril.
Breeony • « Il m’ont tous abandonnée .. Je suis seule. »
Voilà ce que lui répétait cette petite voix dans sa tête depuis des mois maintenant : tu es seule, seule au monde. Personne ne t’aime, personne ne t’as jamais aimée. Et à présent elle la croyait, elle croyait cette petite voix qui enfonçait la demoiselle dans l’obscurité.
Breeony • « Je suis désolée de t’avoir abandonné. Désolée de ne pas t’avoir donner de nouvelles, pour un mec qui n’en valait même pas la peine au final .. Tu vois, j’avais raison. Je ne suis pas de ces personnes faites pour être aimée. »
A nouveau, la voix résonnait dans sa tête. Lui martelant l’esprit avec ces quelques mots, ces deux phrases. Elle plongea son regard pleins de détresse dans celui du jeune homme, elle savait qu’à présent les choses s’arrangeraient, qu’il l’aiderait, comme il l’avait toujours fait, à sa manière ...
Aldéric • « Bree, qu’est-ce que tu fais ici ? » dit-il, visiblement inquiet.
Elle ne répondit rien. Elle se sentait penaude, nulle, de revenir ainsi après des mois de silence. Elle se rendait maintenant compte à quel point il lui avait manqué, elle réalisait à quel point elle avait été lâche de l’effacer presque de sa vie. Elle s’en mordrait les doigts plus tard, car à présent, elle avait besoin de son oreille pour l’écouter, elle avait besoin de ses étreintes pour la réconforter. Elle frissonna alors qu’il déposait un baiser sur son front, se colla un peu plus à lui alors qu’il lui demandait ce qui l’amenait dans son lit après des mois d’absence. Elle secoua la tête en signe de négation, comme si elle ne sentait pas prête à cracher le morceau, comme si le fait d’en parler risquait de planter le couteau un peu plus profondément dans la plaie.
Aldéric • « Ca va aller Bree, je suis là .. »
Elle se remémora ses paroles, réalisant que quelque chose n’allait pas. Elle leva sur lui son regard embué, plongeant ses yeux dans ceux du jeune homme. A nouveau, son coeur manqua un battement. Elle se dégoutait. Elle n’avait pas été là pour lui, elle l’avait laissé tombé. Lui qui l’avait aidée, lui qui l’avait comprise, amant et ami qui lui avait redonné le sourire dans les moments les plus sombres.
Breeony • « Tu n’as plus le droit de voir ta mère ? ... Je suis désolée ... Vraiment désolée. » dit-elle, la voix pleine d’émotion. « A croire que nos parents se sont donnés le mot. Ils m’ont obligée à prendre un appartement en ville. Loin d’eux. Ils m’ont foutue dehors sans se soucier de savoir où j’allais vivre .. Comme si les merdes arrivaient toutes ensemble ... »
Alors elle ne put se retenir plus longtemps, deux larmes perlèrent au coin de ses yeux, roulèrent alors, formant un sillon salé sur ses joues, glissant entre ses seins et mourant dans son nombril.
Breeony • « Il m’ont tous abandonnée .. Je suis seule. »
Voilà ce que lui répétait cette petite voix dans sa tête depuis des mois maintenant : tu es seule, seule au monde. Personne ne t’aime, personne ne t’as jamais aimée. Et à présent elle la croyait, elle croyait cette petite voix qui enfonçait la demoiselle dans l’obscurité.
Breeony • « Je suis désolée de t’avoir abandonné. Désolée de ne pas t’avoir donner de nouvelles, pour un mec qui n’en valait même pas la peine au final .. Tu vois, j’avais raison. Je ne suis pas de ces personnes faites pour être aimée. »
A nouveau, la voix résonnait dans sa tête. Lui martelant l’esprit avec ces quelques mots, ces deux phrases. Elle plongea son regard pleins de détresse dans celui du jeune homme, elle savait qu’à présent les choses s’arrangeraient, qu’il l’aiderait, comme il l’avait toujours fait, à sa manière ...
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Mar 31 Aoû 2010 - 23:10
Il m’était impossible de rester insensible face à une telle détresse. Je connaissais le désespoir qui habitait au fond de son regard, pour l’avoir moi-même ressenti. Et je le ressentais encore. J’étais certes un branleur, un voyou, un délinquant, mais au fond j’avais la frousse. Cette putain de frousse de ne plus rien avoir du jour au lendemain, d’être seul au monde. D’être démuni face à une vie cruelle qui ne faisait que de se jouer de nous. nous étions tous des marionnettes entre les mains du destin. Contempler les prunelles céruléennes de Bree revenait à contempler mon cœur exsangue, en mille morceaux. Je suis brisé, anéanti, et pourtant je continuais à vivre, comme si de rien n’était. J’avais les épaules assez solides pour porter le fardeau d’un autre en plus du mien. Mon âme saignait, elle expirait, quand mon enveloppe charnelle subsistait. Je n’étais plus qu’un amas de cellules, de chair, de sang, d’os, de nerfs. Mais seul le vide demeurait à l’intérieur, béant, absolu. C’était à présent le même vide qui habitait Breeony. Nous n’étions probablement pas faits pour être heureux. Le monde ne tournait pas rond, et nous étions les premières victimes. Seulement, il y avait une simple différence entre Bree et moi, malgré toutes nos similitudes. J’avais mérité ce qui m’arrivait. Elle pas. Je n’étais donc pas à considérer comme une victime, j’étais mon propre bourreau. Je m’étais infligé moi-même ces sévices, me complaisant dans les excès que je voyais comme un exutoire. J’avais cru me sentir vivre, encore un peu, j’avais cru trouver une échappatoire, mais en mon fort intérieur, je savais que j’avais organisé mon suicide, un suicide à plus ou moins long terme. Je crevais à petit feu, rongé par les saloperies que je prenais, à l’agonie depuis trop longtemps. Selon la pensée anarchiste, l’on était maître de son propre destin, pour peu qu‘il en existe un. J’avais foutu en l’air le mien, allègrement, me condamnant avant même que je ne fasse quelque chose de ma vie. J’étais de ces jeunes désillusionnés, perdus, sans imagination. Je n’avais même plus le privilège d’être moi-même, en fin de compte, j’avais fini par me perdre.
J’avais parfois l’impression de ne faire qu’un avec elle. On connaissait les mêmes déboires, les mêmes peines, les mêmes peurs. Je donnais l’impression d’être invincible, sans aucun doute animé par je ne sais quelle force qui pourtant n’existait pas en moi. J’étais humain, faible. J’ai peur du vide, pour avoir vu Jimmy y tomber sans avoir pu le retenir. J’ai peur de l’eau, j’ai peur du noir. J’ai surtout peur d’être seul, abandonné. Le processus avait été largement entamé. Jimmy m’avait quitté. Pour de bon, il ne reviendra jamais. Lena m’avait quitté elle aussi, pour aller à Paris. Pour suivre son chemin. Et quand je souhaite faire de même, on me reproche d’être égoïste. Mon père n’a jamais existé pour moi. Il n’était qu’un parasite, un être à haïr. Il ne restait plus que ma mère. Même elle était partie, noyée dans l’alcool et la dépression. Mon père, ce connard, avait pris des décisions pour elle, pour son propre bien. Ma vie de débauche n’allait sûrement pas l’aider à guérir. Dans un sens, j’étais dans un état aussi précaire que le sien. Et pour une mère, voir son bébé s’infliger tant de mal, dépérir de jour en jour, rarement lucide, c’était une immense souffrance. Mes parents souffraient, depuis des années. Et c’était de ma faute. C’était moi le problème dans cette foutue famille. Tout irait pour le mieux si je n’étais pas là, j’en étais persuadé. Mais dans les faits, c’était différent. Ce n’est pas parce que j’étais parti que les choses allaient forcément mieux. En réalité, rien n’avait changé, tout avait même empiré. De trois enfants, il n’y en avait plus un seul, tous partis. Au fond, les plus seuls, c’étaient eux. Mes parents. Et au milieu, il y avait moi, seul foutu sorcier de la famille. Là où j’étais, j’étais entouré de beaucoup de monde, mais je me sentais toujours aussi seul. J’avais envie de hurler mon désespoir, comme dans un film où l’acteur principal hurlait sous la pluie. En moi subsistait un cri silencieux, d’agonie, qui refusait de s’exprimer. Puis, il y avait eu elle, Bree. Bree qui est apparue, telle un miracle, sur le pas de ma chambre aussi minable que mon être. Bree, qui s’était blottie contre moi, en proie à ses démons elle aussi. Bree et moi. Seuls.
Elle s’accrocha à moi comme à un rafiot de fortune, tandis que je l’enserrais de mes bras robustes. Son odeur, la douceur de sa peau, cette façon qu’elle avait de m’étreindre, je m’en rappelais comme si c’était hier. Je le vivais encore, comme s’il n’y avait jamais eu d’interruption, comme si on avait cessé de se voir la veille en se promettant de revenir. Elle m’avait abandonné elle aussi, me laissant face à une peur profonde, viscérale: celle de la solitude. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir. A ma différence, elle a essayé d’être heureuse. Elle a souri, ri, aimé. Elle a vaincu ses démons pour un temps. Je l’avais vu, radieuse, sans trop y croire. En mon for intérieur, je savais qu’au fond d’elle, une petite fille tremblait, blessée à mort. Là où elle a connu l’amour, je n’ai pu que m’enfoncer davantage dans ma déchéance, seule façon envisagée par mon pauvre esprit pour rester en vie. Au moins, elle voulait vivre, quand je voulais m’éteindre, petit à petit. J’allais toujours aussi mal, allant de fille en fille sans m’arrêter quelques temps, j’étais rarement lucide. Je n’étais plus qu’une épave, qui touchait le fond. Et toute aussi heureuse qu’elle eusse été, Bree était revenue au point de départ. Elle avait eu le malheur d’apprendre à aimer, elle s’en est retrouvée brisée. La roue avait peut-être tourné, pendant un temps. A présent, elle lui était passée sur le cœur, faisant voler en éclat toutes ses belles illusions. J’avais entre les bras une Bree brisée, au bout du rouleau. Je ne me souviens pas de l’avoir vue aussi faible, aussi effrayée, aussi démunie. Sa souffrance, comme la mienne, était montée crescendo. « Tu n’as plus le droit de voir ta mère ? ... Je suis désolée ... Vraiment désolée. A croire que nos parents se sont donnés le mot. Ils m’ont obligée à prendre un appartement en ville. Loin d’eux. Ils m’ont foutue dehors sans se soucier de savoir où j’allais vivre .. Comme si les merdes arrivaient toutes ensemble ... » A ces mots, mon cœur se serra. Je ne connaissais que trop bien cette situation. Du jour au lendemain, je n’avais plus eu de toit. Je soupirai, le cœur lourd, tandis que je caressais ses cheveux blonds, son dos. Je n’avais jamais vraiment été doué pour réconforter les gens, et là encore je ne savais pas comment m’y prendre, quels étaient les mots justes. Je ne pouvais qu’offrir des gestes, ma présence. « Il m’ont tous abandonnée .. Je suis seule. » Mon palpitant s’accéléra à ses mots. Combien de fois je m’étais répété la même chose? Doucement, je la berçais dans mes bras, luttant contre ma propre douleur qui revenait à la surface. « Je suis désolée de t’avoir abandonné. Désolée de ne pas t’avoir donner de nouvelles, pour un mec qui n’en valait même pas la peine au final .. Tu vois, j’avais raison. Je ne suis pas de ces personnes faites pour être aimée. » Encore une fois, elle pensait comme moi. Je n’étais pas fait pour être aimé, c’était évident. Je n’avais eu que du mépris. Des regards désolés. L’impression d’avoir raté ma vie.
C’est alors que la réalité me frappa en pleine face, pour la première fois depuis longtemps. Tout ce que j’avais voulu nier, et qui pourtant existait bel et bien. Le souffle coupé, je trouvais néanmoins l’énergie nécessaire pour soupirer tout en caressant les cheveux de la jolie blonde. « Chuuut. Tu n’as pas le droit de dire ça. » Je ne pouvais pas la laisser se faire autant de mal. C’était à moi de trouver les mots qui réconfortaient. Encore une fois, j’étais là pour elle, comme je le serai toujours. J’en avais fait le serment. Avant d’être une amante, Bree était une amie, à laquelle je tenais beaucoup, bien que je préférerais crever plutôt que de l’avouer. « Tu ne dois pas te condamner pour une histoire qui n’a pas marché. Mais elle valait la peine d’être vécue, tu sais? » Mes doigts effleuraient ses joues trempées, doucement, tandis que je décollais délicatement ses cheveux de son visage. « Ne crache pas dans la soupe, Bree. Je t’ai vue heureuse, rayonnante. Alors oui, rien que pour cela, ça valait la peine d’être vécu. Ne sois pas désolée pour l’échec de cette histoire, tu as sans doute ta part de responsabilité, mais tu n’es pas la seule à blâmer. Se mettre en couple, ça se décide à deux. Rompre également. Même s’il y en a un qui en prend l’initiative, l’autre finit par accepter même si ça fait mal. Maintenant, il faut trouver la page. » Plus facile à dire qu’à faire. Mais moi, suite à ma première vraie relation amoureuse, qui a mal tourné par ma faute, j’ai tenu le coup. Ne serait-ce que pour ne pas ressentir cette culpabilité qui me rongeait les entrailles, qui me susurrait à l’oreille t’as tout fait foirer. Oui, j’avais un moyen, pour faire taire toute cette souffrance. Mais était-ce juste de profiter de sa faiblesse pour le lui proposer? Je ne savais pas. Je ne savais plus. Je rivai mes prunelles claires dans celles de Breeony. Ma voix, lorsqu’elle s’éleva, n’était plus qu’un murmure. « Tu sais que notre douleur ne peut s’oublier sans aide. Tu sais que j’ai la possibilité de t’en guérir. Je l’ai déjà fait par le passé, tu t’en rappelles? On se soignait mutuellement. Parce qu’au fond, on est pareils. » Oui, on était pareils, elle et moi. On avait la même façon de voir les choses, d’appréhender l’avenir. L’avenir qui en passant était une belle merde. Mais elle n’avait aucune raison d’avoir peur. J’étais là. Je lui avais dit il y a à peine cinq minutes. Je ne me démenais pas souvent pour sortir quelqu’un de ses galères. Mais quand je le faisais, ce n’était pas à moitié. Parce que la fin justifie les moyens .
J’avais parfois l’impression de ne faire qu’un avec elle. On connaissait les mêmes déboires, les mêmes peines, les mêmes peurs. Je donnais l’impression d’être invincible, sans aucun doute animé par je ne sais quelle force qui pourtant n’existait pas en moi. J’étais humain, faible. J’ai peur du vide, pour avoir vu Jimmy y tomber sans avoir pu le retenir. J’ai peur de l’eau, j’ai peur du noir. J’ai surtout peur d’être seul, abandonné. Le processus avait été largement entamé. Jimmy m’avait quitté. Pour de bon, il ne reviendra jamais. Lena m’avait quitté elle aussi, pour aller à Paris. Pour suivre son chemin. Et quand je souhaite faire de même, on me reproche d’être égoïste. Mon père n’a jamais existé pour moi. Il n’était qu’un parasite, un être à haïr. Il ne restait plus que ma mère. Même elle était partie, noyée dans l’alcool et la dépression. Mon père, ce connard, avait pris des décisions pour elle, pour son propre bien. Ma vie de débauche n’allait sûrement pas l’aider à guérir. Dans un sens, j’étais dans un état aussi précaire que le sien. Et pour une mère, voir son bébé s’infliger tant de mal, dépérir de jour en jour, rarement lucide, c’était une immense souffrance. Mes parents souffraient, depuis des années. Et c’était de ma faute. C’était moi le problème dans cette foutue famille. Tout irait pour le mieux si je n’étais pas là, j’en étais persuadé. Mais dans les faits, c’était différent. Ce n’est pas parce que j’étais parti que les choses allaient forcément mieux. En réalité, rien n’avait changé, tout avait même empiré. De trois enfants, il n’y en avait plus un seul, tous partis. Au fond, les plus seuls, c’étaient eux. Mes parents. Et au milieu, il y avait moi, seul foutu sorcier de la famille. Là où j’étais, j’étais entouré de beaucoup de monde, mais je me sentais toujours aussi seul. J’avais envie de hurler mon désespoir, comme dans un film où l’acteur principal hurlait sous la pluie. En moi subsistait un cri silencieux, d’agonie, qui refusait de s’exprimer. Puis, il y avait eu elle, Bree. Bree qui est apparue, telle un miracle, sur le pas de ma chambre aussi minable que mon être. Bree, qui s’était blottie contre moi, en proie à ses démons elle aussi. Bree et moi. Seuls.
Elle s’accrocha à moi comme à un rafiot de fortune, tandis que je l’enserrais de mes bras robustes. Son odeur, la douceur de sa peau, cette façon qu’elle avait de m’étreindre, je m’en rappelais comme si c’était hier. Je le vivais encore, comme s’il n’y avait jamais eu d’interruption, comme si on avait cessé de se voir la veille en se promettant de revenir. Elle m’avait abandonné elle aussi, me laissant face à une peur profonde, viscérale: celle de la solitude. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir. A ma différence, elle a essayé d’être heureuse. Elle a souri, ri, aimé. Elle a vaincu ses démons pour un temps. Je l’avais vu, radieuse, sans trop y croire. En mon for intérieur, je savais qu’au fond d’elle, une petite fille tremblait, blessée à mort. Là où elle a connu l’amour, je n’ai pu que m’enfoncer davantage dans ma déchéance, seule façon envisagée par mon pauvre esprit pour rester en vie. Au moins, elle voulait vivre, quand je voulais m’éteindre, petit à petit. J’allais toujours aussi mal, allant de fille en fille sans m’arrêter quelques temps, j’étais rarement lucide. Je n’étais plus qu’une épave, qui touchait le fond. Et toute aussi heureuse qu’elle eusse été, Bree était revenue au point de départ. Elle avait eu le malheur d’apprendre à aimer, elle s’en est retrouvée brisée. La roue avait peut-être tourné, pendant un temps. A présent, elle lui était passée sur le cœur, faisant voler en éclat toutes ses belles illusions. J’avais entre les bras une Bree brisée, au bout du rouleau. Je ne me souviens pas de l’avoir vue aussi faible, aussi effrayée, aussi démunie. Sa souffrance, comme la mienne, était montée crescendo. « Tu n’as plus le droit de voir ta mère ? ... Je suis désolée ... Vraiment désolée. A croire que nos parents se sont donnés le mot. Ils m’ont obligée à prendre un appartement en ville. Loin d’eux. Ils m’ont foutue dehors sans se soucier de savoir où j’allais vivre .. Comme si les merdes arrivaient toutes ensemble ... » A ces mots, mon cœur se serra. Je ne connaissais que trop bien cette situation. Du jour au lendemain, je n’avais plus eu de toit. Je soupirai, le cœur lourd, tandis que je caressais ses cheveux blonds, son dos. Je n’avais jamais vraiment été doué pour réconforter les gens, et là encore je ne savais pas comment m’y prendre, quels étaient les mots justes. Je ne pouvais qu’offrir des gestes, ma présence. « Il m’ont tous abandonnée .. Je suis seule. » Mon palpitant s’accéléra à ses mots. Combien de fois je m’étais répété la même chose? Doucement, je la berçais dans mes bras, luttant contre ma propre douleur qui revenait à la surface. « Je suis désolée de t’avoir abandonné. Désolée de ne pas t’avoir donner de nouvelles, pour un mec qui n’en valait même pas la peine au final .. Tu vois, j’avais raison. Je ne suis pas de ces personnes faites pour être aimée. » Encore une fois, elle pensait comme moi. Je n’étais pas fait pour être aimé, c’était évident. Je n’avais eu que du mépris. Des regards désolés. L’impression d’avoir raté ma vie.
C’est alors que la réalité me frappa en pleine face, pour la première fois depuis longtemps. Tout ce que j’avais voulu nier, et qui pourtant existait bel et bien. Le souffle coupé, je trouvais néanmoins l’énergie nécessaire pour soupirer tout en caressant les cheveux de la jolie blonde. « Chuuut. Tu n’as pas le droit de dire ça. » Je ne pouvais pas la laisser se faire autant de mal. C’était à moi de trouver les mots qui réconfortaient. Encore une fois, j’étais là pour elle, comme je le serai toujours. J’en avais fait le serment. Avant d’être une amante, Bree était une amie, à laquelle je tenais beaucoup, bien que je préférerais crever plutôt que de l’avouer. « Tu ne dois pas te condamner pour une histoire qui n’a pas marché. Mais elle valait la peine d’être vécue, tu sais? » Mes doigts effleuraient ses joues trempées, doucement, tandis que je décollais délicatement ses cheveux de son visage. « Ne crache pas dans la soupe, Bree. Je t’ai vue heureuse, rayonnante. Alors oui, rien que pour cela, ça valait la peine d’être vécu. Ne sois pas désolée pour l’échec de cette histoire, tu as sans doute ta part de responsabilité, mais tu n’es pas la seule à blâmer. Se mettre en couple, ça se décide à deux. Rompre également. Même s’il y en a un qui en prend l’initiative, l’autre finit par accepter même si ça fait mal. Maintenant, il faut trouver la page. » Plus facile à dire qu’à faire. Mais moi, suite à ma première vraie relation amoureuse, qui a mal tourné par ma faute, j’ai tenu le coup. Ne serait-ce que pour ne pas ressentir cette culpabilité qui me rongeait les entrailles, qui me susurrait à l’oreille t’as tout fait foirer. Oui, j’avais un moyen, pour faire taire toute cette souffrance. Mais était-ce juste de profiter de sa faiblesse pour le lui proposer? Je ne savais pas. Je ne savais plus. Je rivai mes prunelles claires dans celles de Breeony. Ma voix, lorsqu’elle s’éleva, n’était plus qu’un murmure. « Tu sais que notre douleur ne peut s’oublier sans aide. Tu sais que j’ai la possibilité de t’en guérir. Je l’ai déjà fait par le passé, tu t’en rappelles? On se soignait mutuellement. Parce qu’au fond, on est pareils. » Oui, on était pareils, elle et moi. On avait la même façon de voir les choses, d’appréhender l’avenir. L’avenir qui en passant était une belle merde. Mais elle n’avait aucune raison d’avoir peur. J’étais là. Je lui avais dit il y a à peine cinq minutes. Je ne me démenais pas souvent pour sortir quelqu’un de ses galères. Mais quand je le faisais, ce n’était pas à moitié. Parce que la fin justifie les moyens .
- InvitéInvité
Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Mer 1 Sep 2010 - 19:22
Alors qu’il plongeait ses yeux bruns dans ceux de la demoiselle, Bree reconnut cette peine qu’elle avait déjà décelé tant de fois dans le regard du jeune homme, cette peine qui le consumait de l’intérieur, qui le dévorait, qui l’envoyait vers le fond. Il était brisé, désillusionné, on ne pouvait pas dire qu’il vivait, plutôt qu’il survivait, essayant de garder la tête haute, hors de l’eau. Comment le savait-elle ? Parce qu’elle connaissait ces sentiments par coeur. Ils l’habitaient, avaient fait d’elle l’être qu’elle était, l’avait envoyé au fond du trou, un trou qu’elle s’était creusée afin de se protéger des gens, afin de ne pas affronter cette réalité brutale, cette réalité qui l’avait secoué durant toutes les vacances au fur et à mesure que les gens lui tournaient le dos, l’oubliaient. Elle était brisée, désillusionnée, elle s’était vidée de tout ce qui l’avait rendue si lumineuse. Elle avait tout oublié, en elle aussi, il ne restait que le néant. Un néant qui la consumait, qui la dévorait de l’intérieur, tel un trou noir dévorant les étoiles se trouvant à proximité. Son coeur s’était brisé en un milliers de morceaux, formant des grains de poussière qui s’étaient éparpillés à travers le monde, jamais elle ne retrouverait ce coeur qui s’était laissé aller à aimer quelqu’un, à laisser quelqu’un y pénétrer, jamais elle ne retrouverait ce palpitant qui l’avait fait vivre une année merveilleuse, pour mieux la détruire après, la laissant seule avec cette peur de la solitude, cette peur du néant qui l’engouffrait petit à petit, ne laissant d’elle qu’une ombre de la Bree qu’elle avait été. La blondinette avait cette impression qu’elle avait tout perdu cet été, sa famille, celui qui avait représenté son autre moitié, des amis à elle qui lui avaient tourné le dos - où bien était-ce elle qui les avait fui ? -, tous ces gens qui avaient fini par la laisser sur le côté de leur chemin, l’oubliant ou presque. Pourtant Bree s’était accrochée à l’espoir, l’espoir de voir qu’elle avait faux, que tout le monde méritait le bonheur, elle s’était accrochée à l’envie d’avancer, de voir les choses changer, elle avait eu cette impression que les choses bougeaient, qu’elle était passée de l’autre côté de la barrière, mais au final elle avait fini par retourner à la case départ, cette même case où elle était restée des années durant avant de faire un grand bon en avant. Etait-ce donc un cercle sans fin ? Serait-elle malheureuse tout le reste de sa vie ? Connaitrait-elle d’autres moments de répits ? Les questions se bousculaient dans son esprit, rongeant son âme, sa joie de vivre, rongeant celle qu’elle avait construite durant l’année précédente. De cette fille-là, il ne restait qu’un souvenir, le souvenir d’une chevelure blonde riant aux éclats, main dans la main de celui qui semblait être l’homme de sa vie.
La jeune femme serrait le jeune homme comme si il était une bouée de sauvetage et elle une demoiselle en détresse perdue au milieu d’un océan. L’océan n’était autre que sa vie, une vie dans laquelle elle se noyait, dans laquelle elle grelotait, dans laquelle elle se perdait. Elle avait alors peur, peur de ce néant qui l’aspirait, peur de cette vie qui la rejetait, peur de ce tout qui lui pourrissait l’existence. Elle ne croyait pas qu’Aldéric soit fautif pour quoique ce soit. Elle connaissait cette peine qui le rongeait, elle connaissait cette culpabilité qui le poussait à renoncer à la vie, mais pour elle il n’était pas ce garçon responsable de la mort de son frère, il était un petit garçon à qui il était arrivé un horrible accident, qui n’aurait rien pu y faire. Longtemps, elle avait essayé de le raisonner, mais elle savait que c’était peine perdue, il y avait des sentiments que l’on ne pouvait pas effacer, des souvenirs que l’on ne pouvait pas oublier, même si on le désirait ardemment. Elle connaissait ses sentiments vis à vis de son père, de sa mère. Elle savait tout cela. Elle même ne comprenait pas sa famille. Eux qui avaient tant voulu un enfant, avaient fini par s’en détourner. Ils n’avaient pas supporté le fait qu’ils étaient incapables d’engendrer un fils, ils n’avaient pas supporter de n’hériter que d’une fille qui ne leur apportait rien de bon. Elle revoyait encore les regards froids, puis indifférents de sa mère, ces longs moments de silence, cette envie qui la prenait de la gifler, alors que la demoiselle n’avait rien fait. Instinctivement, Bree porta sa main à sa joue, elle sentait encore la chaleur sur sa joue, la marque sous ses doigts laissée par la main de sa génitrice. La jalousie avait pourri cette femme qui, auparavant, aimait la vie, la jalousie à l’égard de cette fille qui, durant de longues années, avait réussi à attirer le regard de l’homme qu’elle aimait, mais qui ne l’aimait pas en retour, un homme qui lui avait rappelé chaque jours depuis qu’ils vivaient ensemble qu’il ne l’avait épousé que parce qu’il y était forcé. Ce père avait observé Bree grandir avec de grands yeux, il l’avait adoré au début, puis avait fini par se désintéressé d’elle. Comme tout le monde. Les gens finissaient par se désintéressé de la grande blonde, ils étaient attirés par ses faux sourires et ses longs cheveux blonds, puis réalisait qu’elle était vide à l’intérieur, rongée par un mal-être qu’ils ne comprenaient pas. Alors ils se détournaient d’elle, l’oubliant petit à petit, la laissant dans son malheur sans chercher à l’en sortir. Depuis toujours, le même schéma s’était reproduit. Puis il y avait eu Aldéric. Celui qui l’avait comprise, celui qui avait su identifié cette peine, celui qui l’avait aidée à aller mieux. Il ne l’avait pas guérie, elle était incurable cette maladie qui la rongeait, mais la peine s’était allégée, elle n’était alors plus qu’un gout amer dans la bouche au lieu d’un trou béant au milieu de sa poitrine qui n’attendait qu’à être comblé. Il avait persisté là où tous les autres avaient abandonné. Elle s’était longtemps sentie seule, puis le jeune homme était arrivé dans sa vie, l’accompagnant dans sa solitude.
Elle enfoui son nez dans son cou, humant ce parfum qu’elle connaissait si bien, se lova contre lui alors qu’il l’enserrait dans ses bras, étreinte familière qui lui allégea le coeur. A nouveau, la culpabilité l’envahi, la submergea. Alors qu’elle avait connu le bonheur, lui s’était enfoncé dans la solitude, alors qu’elle avait réussi à vaincre ces démons pour un temps, lui avait dû faire face aux siens seul. Elle s’en voulait, tant, tellement. Elle s’en voulait de l’avoir abandonner, alors qu’elle-même redoutait ce sentiment. Elle scruta alors son visage, à la recherche d’un quelconque sentiment. Elle voulait savoir si il lui en voulait, si elle lui avait manqué, elle voulait savoir si il l’avait vu heureuse, si celui lui avait fait mal qu’elle l’oublie de la sorte après tout ce qu’ils avaient partagé. Elle avait essayé de vivre, s’était plongée toute entière dans ce monde fait de lumière et de bonheur auquel elle ne connaissait rien. Elle s’était plongée dans la vie, la tête la première, et avait fini par s’y brûler les ailes. A présent, la jeune femme était à bout de souffle, fatiguée de vivre, fatiguée de souffrir. Elle ne supportait plus ce trou béant dans sa poitrine, elle ne supportait plus cette vie qui la rongeait, ce manque qui lui faisait vivre un enfer. A nouveau, elle sentit le petit coeur brûler contre sa poitrine, lui rappelant au passage qu’elle vivait toujours avec quelque chose qui ne lui appartenait pas, qui ne lui appartenait plus. Elle avait envie de l’arracher, de le jeter au loin, mais elle savait que cela ne servait à rien, qu’elle finirait par le retrouver autour de son cou à la fin de la journée. Longtemps, elle avait eu envie de se jeter du haut de cette tour qui la narguait, longtemps elle avait eu envie d’en finir, mais la demoiselle avait appris à faire face grâce à une ou deux personnes qui l’avaient épaulée tout au long de l’été, essayant de lui prouver que la vie valait la peine d’être vécue. Elle avait fini par sortir la tête hors de l’eau, pour mieux y replonger quand son ancien amant s’était mis à ressortir avec une autre, avec une de ses amies de surcroit, la renvoyant ainsi à la case départ. Elle s’était encore un peu plus enfoncée quand ses parents lui avaient exprimé leur souhait de la voir partir de la maison familiale. A présent, la jeune femme flottait au bord de la dépression, faisant face à cette vie loin des regards, loin des autres. La voix du jeune homme la sortit de ses pensées, elle avait l’impression d’émerger, de revenir d’un loin voyage, elle se rendit compte alors que les larmes coulaient librement sur ses joues, chose qu’elle se refusait à faire d’habitude quand elle se trouvait avec quelqu’un, mais avec Aldéric, s’était différent, ce n’était pas la première fois qu’il essuyait ses larmes, ni qu’il la retrouvait dans son lit dans cet état. Les caresses de ses mains sur ses joues avaient comme un gout d’habitude, une saveur douce qui ramena Bree à la réalité.
Aldéric • « Chuuuut. Tu n’as pas le droit de dire ça. »
Bree • « C’est la vérité pourtant. Tous ceux que j’aime m’abandonnent, m’oublient. Tu es un des rares à être resté .. » dit-ellle d’une voix faible, brisée.
Aldéric • « Tu ne dois pas te condamner pour une histoire qui n’a pas marché. Mais elle valait la peine d’être vécue, tu sais ? »
Bree réfléchit longuement. Elle n’était pas sûre de pouvoir dire que c’était vrai. Elle avait été heureuse, mais à présent la douleur était plus forte qu’auparavant. Elle avait connu l’amour, avant qu’on ne lui prouve que tout compte fait elle faisait bel et bien partie de ces gens qui n’y avaient pas droit. La question méritait réflexion. Cela faisait quelques temps que la jeune femme remettait tout en question, son existence, ses actes, sa vie, ses souvenirs. Elle passait de longues heures plongée dans ses pensées, réfléchissant à des questionssemblables à celle que venait d’évoquer Aldéric.
Bree • « Je ne sais pas .. »
Aldéric • « Ne crache pas dans la soupe, Bree. Je t’ai vue heureuse, rayonnante. Alors oui, rien que pour cela, ça valait la peine d’être vécu. Ne sois pas désolée pour l’échec de cette histoire, tu as sans doute ta part de responsabilité, mais tu n’es pas la seule à blâmer. Se mettre en couple, ça se décide à deux. Rompre également. Même s’il y en a un qui en prend l’initiative, l’autre finit par accepter même si ça fait mal. Maintenant, il faut tourner la page. »
Bree • « Je sais tout cela .. Je sais que j’ai ma part de responsabilité. Seulement ça a été si soudain. On était heureux, puis du jour au lendemain il vient et m’annonce que c’est fini. C’est tout. Maintenant il me dit qu’il m’aimait, mais qu’il a eu peur. Je suis sensée faire quoi dans tout ça ? Je sais que je dois tourner la page, mais je n’y arrive pas. Je n’ai jamais aimé personne comme je l’ai aimé lui, il a réussi à combler ce vide dans ma poitrine .. J’essaye de tourner la page, j’essaye de passer à autre chose, mais tout me renvoie à lui. »
Le silence s’installa, un silence où les questions non formulées se mélangeaient dans leurs esprits, un silence qui ne dura qu’un court instant avant que le jeune homme ne reprenne la parole, rivant ses yeux dans ceux de la jeune femme.
Aldéric • « Tu sais que notre douleur ne peut s’oublier sans aide. Tu sais que j’ai la possibilité de t’en guérir. Je l’ai déjà fait par le passé, tu t’en rappelles? On se soignait mutuellement. Parce qu’au fond, on est pareils. »
La jeune femme acquiesça. C’était ce qu’elle désirait. Elle voulait qu’il la guérisse, comme avant. Alors, Bree fit quelque chose d’irréfléchi, de spontané, quelque chose qu’elle faisait souvent auparavant et qui la fit rougir par la suite. La demoiselle posa ses lèvres sur celles du jeune homme, geste tendre et familier souvent répété par le passé, un baiser tendre qui la surprit. Elle rougit alors et baissa le regard. Elle voulait oublier. Elle voulait qu’il l’aide.
Bree • « Je m’en rappel .. J’ai besoin de toi. »
Elle se rendait compte à quel point il l’avait manqué, à quel point elle avait besoin de lui, de sa présence, à quel point elle avait besoin de savoir qu’elle n’était pas seule à se noyer.
La jeune femme serrait le jeune homme comme si il était une bouée de sauvetage et elle une demoiselle en détresse perdue au milieu d’un océan. L’océan n’était autre que sa vie, une vie dans laquelle elle se noyait, dans laquelle elle grelotait, dans laquelle elle se perdait. Elle avait alors peur, peur de ce néant qui l’aspirait, peur de cette vie qui la rejetait, peur de ce tout qui lui pourrissait l’existence. Elle ne croyait pas qu’Aldéric soit fautif pour quoique ce soit. Elle connaissait cette peine qui le rongeait, elle connaissait cette culpabilité qui le poussait à renoncer à la vie, mais pour elle il n’était pas ce garçon responsable de la mort de son frère, il était un petit garçon à qui il était arrivé un horrible accident, qui n’aurait rien pu y faire. Longtemps, elle avait essayé de le raisonner, mais elle savait que c’était peine perdue, il y avait des sentiments que l’on ne pouvait pas effacer, des souvenirs que l’on ne pouvait pas oublier, même si on le désirait ardemment. Elle connaissait ses sentiments vis à vis de son père, de sa mère. Elle savait tout cela. Elle même ne comprenait pas sa famille. Eux qui avaient tant voulu un enfant, avaient fini par s’en détourner. Ils n’avaient pas supporté le fait qu’ils étaient incapables d’engendrer un fils, ils n’avaient pas supporter de n’hériter que d’une fille qui ne leur apportait rien de bon. Elle revoyait encore les regards froids, puis indifférents de sa mère, ces longs moments de silence, cette envie qui la prenait de la gifler, alors que la demoiselle n’avait rien fait. Instinctivement, Bree porta sa main à sa joue, elle sentait encore la chaleur sur sa joue, la marque sous ses doigts laissée par la main de sa génitrice. La jalousie avait pourri cette femme qui, auparavant, aimait la vie, la jalousie à l’égard de cette fille qui, durant de longues années, avait réussi à attirer le regard de l’homme qu’elle aimait, mais qui ne l’aimait pas en retour, un homme qui lui avait rappelé chaque jours depuis qu’ils vivaient ensemble qu’il ne l’avait épousé que parce qu’il y était forcé. Ce père avait observé Bree grandir avec de grands yeux, il l’avait adoré au début, puis avait fini par se désintéressé d’elle. Comme tout le monde. Les gens finissaient par se désintéressé de la grande blonde, ils étaient attirés par ses faux sourires et ses longs cheveux blonds, puis réalisait qu’elle était vide à l’intérieur, rongée par un mal-être qu’ils ne comprenaient pas. Alors ils se détournaient d’elle, l’oubliant petit à petit, la laissant dans son malheur sans chercher à l’en sortir. Depuis toujours, le même schéma s’était reproduit. Puis il y avait eu Aldéric. Celui qui l’avait comprise, celui qui avait su identifié cette peine, celui qui l’avait aidée à aller mieux. Il ne l’avait pas guérie, elle était incurable cette maladie qui la rongeait, mais la peine s’était allégée, elle n’était alors plus qu’un gout amer dans la bouche au lieu d’un trou béant au milieu de sa poitrine qui n’attendait qu’à être comblé. Il avait persisté là où tous les autres avaient abandonné. Elle s’était longtemps sentie seule, puis le jeune homme était arrivé dans sa vie, l’accompagnant dans sa solitude.
Elle enfoui son nez dans son cou, humant ce parfum qu’elle connaissait si bien, se lova contre lui alors qu’il l’enserrait dans ses bras, étreinte familière qui lui allégea le coeur. A nouveau, la culpabilité l’envahi, la submergea. Alors qu’elle avait connu le bonheur, lui s’était enfoncé dans la solitude, alors qu’elle avait réussi à vaincre ces démons pour un temps, lui avait dû faire face aux siens seul. Elle s’en voulait, tant, tellement. Elle s’en voulait de l’avoir abandonner, alors qu’elle-même redoutait ce sentiment. Elle scruta alors son visage, à la recherche d’un quelconque sentiment. Elle voulait savoir si il lui en voulait, si elle lui avait manqué, elle voulait savoir si il l’avait vu heureuse, si celui lui avait fait mal qu’elle l’oublie de la sorte après tout ce qu’ils avaient partagé. Elle avait essayé de vivre, s’était plongée toute entière dans ce monde fait de lumière et de bonheur auquel elle ne connaissait rien. Elle s’était plongée dans la vie, la tête la première, et avait fini par s’y brûler les ailes. A présent, la jeune femme était à bout de souffle, fatiguée de vivre, fatiguée de souffrir. Elle ne supportait plus ce trou béant dans sa poitrine, elle ne supportait plus cette vie qui la rongeait, ce manque qui lui faisait vivre un enfer. A nouveau, elle sentit le petit coeur brûler contre sa poitrine, lui rappelant au passage qu’elle vivait toujours avec quelque chose qui ne lui appartenait pas, qui ne lui appartenait plus. Elle avait envie de l’arracher, de le jeter au loin, mais elle savait que cela ne servait à rien, qu’elle finirait par le retrouver autour de son cou à la fin de la journée. Longtemps, elle avait eu envie de se jeter du haut de cette tour qui la narguait, longtemps elle avait eu envie d’en finir, mais la demoiselle avait appris à faire face grâce à une ou deux personnes qui l’avaient épaulée tout au long de l’été, essayant de lui prouver que la vie valait la peine d’être vécue. Elle avait fini par sortir la tête hors de l’eau, pour mieux y replonger quand son ancien amant s’était mis à ressortir avec une autre, avec une de ses amies de surcroit, la renvoyant ainsi à la case départ. Elle s’était encore un peu plus enfoncée quand ses parents lui avaient exprimé leur souhait de la voir partir de la maison familiale. A présent, la jeune femme flottait au bord de la dépression, faisant face à cette vie loin des regards, loin des autres. La voix du jeune homme la sortit de ses pensées, elle avait l’impression d’émerger, de revenir d’un loin voyage, elle se rendit compte alors que les larmes coulaient librement sur ses joues, chose qu’elle se refusait à faire d’habitude quand elle se trouvait avec quelqu’un, mais avec Aldéric, s’était différent, ce n’était pas la première fois qu’il essuyait ses larmes, ni qu’il la retrouvait dans son lit dans cet état. Les caresses de ses mains sur ses joues avaient comme un gout d’habitude, une saveur douce qui ramena Bree à la réalité.
Aldéric • « Chuuuut. Tu n’as pas le droit de dire ça. »
Bree • « C’est la vérité pourtant. Tous ceux que j’aime m’abandonnent, m’oublient. Tu es un des rares à être resté .. » dit-ellle d’une voix faible, brisée.
Aldéric • « Tu ne dois pas te condamner pour une histoire qui n’a pas marché. Mais elle valait la peine d’être vécue, tu sais ? »
Bree réfléchit longuement. Elle n’était pas sûre de pouvoir dire que c’était vrai. Elle avait été heureuse, mais à présent la douleur était plus forte qu’auparavant. Elle avait connu l’amour, avant qu’on ne lui prouve que tout compte fait elle faisait bel et bien partie de ces gens qui n’y avaient pas droit. La question méritait réflexion. Cela faisait quelques temps que la jeune femme remettait tout en question, son existence, ses actes, sa vie, ses souvenirs. Elle passait de longues heures plongée dans ses pensées, réfléchissant à des questionssemblables à celle que venait d’évoquer Aldéric.
Bree • « Je ne sais pas .. »
Aldéric • « Ne crache pas dans la soupe, Bree. Je t’ai vue heureuse, rayonnante. Alors oui, rien que pour cela, ça valait la peine d’être vécu. Ne sois pas désolée pour l’échec de cette histoire, tu as sans doute ta part de responsabilité, mais tu n’es pas la seule à blâmer. Se mettre en couple, ça se décide à deux. Rompre également. Même s’il y en a un qui en prend l’initiative, l’autre finit par accepter même si ça fait mal. Maintenant, il faut tourner la page. »
Bree • « Je sais tout cela .. Je sais que j’ai ma part de responsabilité. Seulement ça a été si soudain. On était heureux, puis du jour au lendemain il vient et m’annonce que c’est fini. C’est tout. Maintenant il me dit qu’il m’aimait, mais qu’il a eu peur. Je suis sensée faire quoi dans tout ça ? Je sais que je dois tourner la page, mais je n’y arrive pas. Je n’ai jamais aimé personne comme je l’ai aimé lui, il a réussi à combler ce vide dans ma poitrine .. J’essaye de tourner la page, j’essaye de passer à autre chose, mais tout me renvoie à lui. »
Le silence s’installa, un silence où les questions non formulées se mélangeaient dans leurs esprits, un silence qui ne dura qu’un court instant avant que le jeune homme ne reprenne la parole, rivant ses yeux dans ceux de la jeune femme.
Aldéric • « Tu sais que notre douleur ne peut s’oublier sans aide. Tu sais que j’ai la possibilité de t’en guérir. Je l’ai déjà fait par le passé, tu t’en rappelles? On se soignait mutuellement. Parce qu’au fond, on est pareils. »
La jeune femme acquiesça. C’était ce qu’elle désirait. Elle voulait qu’il la guérisse, comme avant. Alors, Bree fit quelque chose d’irréfléchi, de spontané, quelque chose qu’elle faisait souvent auparavant et qui la fit rougir par la suite. La demoiselle posa ses lèvres sur celles du jeune homme, geste tendre et familier souvent répété par le passé, un baiser tendre qui la surprit. Elle rougit alors et baissa le regard. Elle voulait oublier. Elle voulait qu’il l’aide.
Bree • « Je m’en rappel .. J’ai besoin de toi. »
Elle se rendait compte à quel point il l’avait manqué, à quel point elle avait besoin de lui, de sa présence, à quel point elle avait besoin de savoir qu’elle n’était pas seule à se noyer.
- InvitéInvité
Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Ven 3 Sep 2010 - 21:22
Le bonheur avait un double tranchant. Des fois, il paraissait irréel, tellement irréel que de temps à autres, on était en train de se demander si on ne volait pas la part d’un autre. On se sentait mal à l’aise face à cette overdose de bonheur, d’insouciance. Tout semblait parfait, et pourtant, il y avait comme un arrière goût d’amertume. On n’en envisageait pas forcément la fin, mais il y avait toujours l’impression que quelque chose clochait, que nous n’étions pas faits pour ça. Et quand tout s’écroulait, nous plongeant dans un état de détresse indicible, c’était comme la confirmation de cette hypothèse qui sur le coup pouvait s’apparenter à de la paranoïa. Je n’avais jamais été spécialement heureux. On avait connu plus joyeux comme gosses. J’étais de ceux qui souriaient rarement, déconnectés du monde réel. Qui avaient de grandes idées, mais aucune volonté pour les appliquer. Aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours été pessimiste. La vie me précipitait d’emblée de déception en déception. L’espoir n’avait pas sa place là où j’habitais depuis ma plus tendre enfance. Survivre était la loi principale qui régissait tout ce petit monde. L’ambition n’était pas plus tolérée, nous étions tous plus ou moins voués à échouer. Pourtant, certains d’entre nous parvenaient à sortir des sentiers battus. Helena, par exemple. Len’ a toujours été douée pour tout. Pour l’amour, pour les études, pour la vie en règle générale. Aux dernières nouvelles, ma sœur était toujours à Paris, dans son école d’art. Elle faisait la fierté de mes parents, d’autant plus qu’elle a été récemment diplômée. Elle réussissait aussi bien dans sa vie professionnelle que dans sa vie sentimentale. Cela faisait à présent trois ans qu’elle était avec son copain. Ce dernier l’a demandée récemment en mariage, elle a dit oui, mais pour après ses études. Et moi, où en étais-je, franchement? Nulle part. J’étais définitivement perdu dans ma débauche, sans espoirs, sans ambition, sans avenir. La seule solution envisageable, pour me sortir de tout ce merdier à plus ou moins court terme était la mort. J’étais allergique à l’amour, je m’en tenais à des relations sans lendemain. Pourtant, j’ai déjà eu l’impression que certaines filles auraient pu être LA fille, mais des détails faisaient que non.
Breeony, par exemple. Encore elle. Elle aurait pu faire partie de ces filles. Nous avions tant en commun. Mon vécu était aussi dramatique que le sien, sa vie familiale aussi pourrie que la mienne. Nous avions également beaucoup d’affinités, que ce soit au lit ou même en dehors. Nous avions ce même sens de la fête, la même débauche dans le sang, le même goût immodéré pour la drogue. J’ignore encore ce qui n’a pas marché, puisque Bree et moi semblions si bien assortis. Peut-être était-ce parce qu’elle et moi, nous étions incapables de nous attacher. De toute manière, on ne saura sans doute jamais. Cela ne s’est pas fait, point. Alors, pourquoi tergiverser encore longtemps? Et à présent qu’elle était dans mes bras, je repensais à tout cela, à tous ces menus détails qui avaient leur importance. Aujourd’hui, je savais que pour rien au monde, je ne renoncerais à cette amitié, que je croyais pourtant avoir perdue. Et maintenant qu’elle était revenue, un nouvel espoir se dessinait en moi. Puisqu’elle était incapable d’en avoir pour elle, j’allais en avoir pour deux.
Je caressais ses cheveux d’or distraitement, me rappelant combien je les avais trouvés doux dans le passé. Ma mémoire était intacte, quoique quelque peu altérée par ma toxicomanie. Je me rappelais du timbre de sa voix, du sel de ses larmes, de l’odeur de sa peau, de la fermeté de son corps contre le mien, de tout ce que j’avais pu vivre avec elle. Si j’étais certain de ne pas l’avoir aimée un jour autrement qu’une amie, j’avais néanmoins pour elle une certaine tendresse que j’accordais rarement à d’autres. Et c’est en vertu de cette tendresse que je ne l’avais pas rejetée au nom d’une éventuelle rancœur, rancœur pour m’avoir laissé. Je ne lui en voulais plus, en fait, je ne lui en ai jamais voulu. Cela me paraissait normal et légitime qu’elle préfère son nouveau bonheur à un junkie dépressif comme moi, ma compagnie étant loin d’être joyeuse. « C’est la vérité pourtant. Tous ceux que j’aime m’abandonnent, m’oublient. Tu es un des rares à être resté .. » Le visage enfoui dans mon cou, elle ne pouvait voir l’air grave venu s’inviter sur le mien. J’aurais aimé lui dire des phrases toutes faites, du genre s’ils t’ont abandonnés, c’est qu’ils sont indignes de ton amour, mais ça aurait été facile, trop facile. En réalité, le problème était plus complexe que cela, beaucoup plus. L’être humain était beaucoup plus subtils qu’il y paraissait. Cela méritait amplement réflexion. Après tout, l’espèce humaine pouvait s’avérer fortement passionnante à étudier. « Je sais tout cela .. Je sais que j’ai ma part de responsabilité. Seulement ça a été si soudain. On était heureux, puis du jour au lendemain il vient et m’annonce que c’est fini. C’est tout. Maintenant il me dit qu’il m’aimait, mais qu’il a eu peur. Je suis sensée faire quoi dans tout ça ? Je sais que je dois tourner la page, mais je n’y arrive pas. Je n’ai jamais aimé personne comme je l’ai aimé lui, il a réussi à combler ce vide dans ma poitrine .. J’essaye de tourner la page, j’essaye de passer à autre chose, mais tout me renvoie à lui. » Là encore je réfléchissais, me mordillant légèrement les lèvres, sourcils froncés. Le bonheur, quel qu’il soit, avait un coût. Et ce tribut était souvent bien trop lourd. Coulaient alors les larmes, tombaient alors les cœurs. La désillusion était cruelle, les souvenirs aussi. Quoiqu’on fasse pour tenter de les oublier, ils revenaient à la charge, rouvrant des blessures qu’on croyait pourtant cicatrisées. Il y avait un moyen d’oublier tout ça. Je le connaissais pour y être coutumier. Mais tous aussi paradisiaques qu’étaient les effets de cette méthode, derrière, il y avait l’enfer. Un enfer dont il était difficile de sortir.
La boucle était bouclée, éclatant quelques rêves au passage. Le retour à la réalité était souvent atroce, et ni moi, ni Breeony n’aurions souhaité y retourner de façon aussi brutale. La vie valait pourtant la peine d’être vécue. Les douleurs renforçaient, et même si on perdait l’innocence en route, chaque expérience enrichissait un peu plus un être, qui n’était au départ qu’une ébauche, une forme aux contours indistincts. Cette forme prenait consistance à mesure qu’elle s’emplissait de souvenirs, de réussites, d’échecs. On souffrait sur le coup, mais ça en valait vraiment la peine. C’était ce que je me disais souvent, pour que la douleur paraisse plus supportable. Et plus supportable la douleur fut, quand Breeony posa ses lèvres sur les miennes, d’un geste qui me surprit tant il me parut fort lointain, perdu dans les limbes de mes souvenirs. Je la dévisageais intensément, tandis que mes mains vinrent fermement presser ses épaules, comme pour m’assurer qu’elle était bien réelle, et non pas un mirage, le fruit d’un fantasme. « Je m’en rappel .. J’ai besoin de toi. » j’inspirai profondément. Ce qu’elle me demandait n’était tout de même pas simple. Elle n’avait pas fui cet enfer pour y remettre allègrement les pieds. Rivant mon regard clair dans le sien, je murmurai, la voix légèrement rauque. « Tu sais que je peux t’aider. Mais tu sais aussi comment je procède. Comment moi j’oublie. Est-ce réellement ce que tu veux? Quand on achète un ticket simple pour l’enfer, il n’y a jamais de retour. Tu sais comme moi que quand le cauchemar commence il est difficile d’y mettre un terme. » L’addiction, quelle putain de saloperie. On n’en guérissait jamais vraiment, tout comme la dépression. Quoiqu’on fasse, dans un moment de faiblesse, elle ressurgissait, nous sautant à la gorge. Toujours aussi sérieux, je murmurai enfin. « Tu n’as qu’un seul mot à dire, Bree. Un seul. Un seul, et tout reviendra comme avant. Je te le promets. » J’attendais tout simplement son consentement. Si nous devions guérir du mal qui nous rongeait de l’intérieur, gangrenant petit à petit la chair, alors, nous n’avions plus qu’à faire un saut de quelques mois en arrière, voire quelques années, là où les problèmes n’avaient pas encore atteint leur paroxysme. Là où nous avions encore un espoir d’obtenir notre salut.
Breeony, par exemple. Encore elle. Elle aurait pu faire partie de ces filles. Nous avions tant en commun. Mon vécu était aussi dramatique que le sien, sa vie familiale aussi pourrie que la mienne. Nous avions également beaucoup d’affinités, que ce soit au lit ou même en dehors. Nous avions ce même sens de la fête, la même débauche dans le sang, le même goût immodéré pour la drogue. J’ignore encore ce qui n’a pas marché, puisque Bree et moi semblions si bien assortis. Peut-être était-ce parce qu’elle et moi, nous étions incapables de nous attacher. De toute manière, on ne saura sans doute jamais. Cela ne s’est pas fait, point. Alors, pourquoi tergiverser encore longtemps? Et à présent qu’elle était dans mes bras, je repensais à tout cela, à tous ces menus détails qui avaient leur importance. Aujourd’hui, je savais que pour rien au monde, je ne renoncerais à cette amitié, que je croyais pourtant avoir perdue. Et maintenant qu’elle était revenue, un nouvel espoir se dessinait en moi. Puisqu’elle était incapable d’en avoir pour elle, j’allais en avoir pour deux.
Je caressais ses cheveux d’or distraitement, me rappelant combien je les avais trouvés doux dans le passé. Ma mémoire était intacte, quoique quelque peu altérée par ma toxicomanie. Je me rappelais du timbre de sa voix, du sel de ses larmes, de l’odeur de sa peau, de la fermeté de son corps contre le mien, de tout ce que j’avais pu vivre avec elle. Si j’étais certain de ne pas l’avoir aimée un jour autrement qu’une amie, j’avais néanmoins pour elle une certaine tendresse que j’accordais rarement à d’autres. Et c’est en vertu de cette tendresse que je ne l’avais pas rejetée au nom d’une éventuelle rancœur, rancœur pour m’avoir laissé. Je ne lui en voulais plus, en fait, je ne lui en ai jamais voulu. Cela me paraissait normal et légitime qu’elle préfère son nouveau bonheur à un junkie dépressif comme moi, ma compagnie étant loin d’être joyeuse. « C’est la vérité pourtant. Tous ceux que j’aime m’abandonnent, m’oublient. Tu es un des rares à être resté .. » Le visage enfoui dans mon cou, elle ne pouvait voir l’air grave venu s’inviter sur le mien. J’aurais aimé lui dire des phrases toutes faites, du genre s’ils t’ont abandonnés, c’est qu’ils sont indignes de ton amour, mais ça aurait été facile, trop facile. En réalité, le problème était plus complexe que cela, beaucoup plus. L’être humain était beaucoup plus subtils qu’il y paraissait. Cela méritait amplement réflexion. Après tout, l’espèce humaine pouvait s’avérer fortement passionnante à étudier. « Je sais tout cela .. Je sais que j’ai ma part de responsabilité. Seulement ça a été si soudain. On était heureux, puis du jour au lendemain il vient et m’annonce que c’est fini. C’est tout. Maintenant il me dit qu’il m’aimait, mais qu’il a eu peur. Je suis sensée faire quoi dans tout ça ? Je sais que je dois tourner la page, mais je n’y arrive pas. Je n’ai jamais aimé personne comme je l’ai aimé lui, il a réussi à combler ce vide dans ma poitrine .. J’essaye de tourner la page, j’essaye de passer à autre chose, mais tout me renvoie à lui. » Là encore je réfléchissais, me mordillant légèrement les lèvres, sourcils froncés. Le bonheur, quel qu’il soit, avait un coût. Et ce tribut était souvent bien trop lourd. Coulaient alors les larmes, tombaient alors les cœurs. La désillusion était cruelle, les souvenirs aussi. Quoiqu’on fasse pour tenter de les oublier, ils revenaient à la charge, rouvrant des blessures qu’on croyait pourtant cicatrisées. Il y avait un moyen d’oublier tout ça. Je le connaissais pour y être coutumier. Mais tous aussi paradisiaques qu’étaient les effets de cette méthode, derrière, il y avait l’enfer. Un enfer dont il était difficile de sortir.
La boucle était bouclée, éclatant quelques rêves au passage. Le retour à la réalité était souvent atroce, et ni moi, ni Breeony n’aurions souhaité y retourner de façon aussi brutale. La vie valait pourtant la peine d’être vécue. Les douleurs renforçaient, et même si on perdait l’innocence en route, chaque expérience enrichissait un peu plus un être, qui n’était au départ qu’une ébauche, une forme aux contours indistincts. Cette forme prenait consistance à mesure qu’elle s’emplissait de souvenirs, de réussites, d’échecs. On souffrait sur le coup, mais ça en valait vraiment la peine. C’était ce que je me disais souvent, pour que la douleur paraisse plus supportable. Et plus supportable la douleur fut, quand Breeony posa ses lèvres sur les miennes, d’un geste qui me surprit tant il me parut fort lointain, perdu dans les limbes de mes souvenirs. Je la dévisageais intensément, tandis que mes mains vinrent fermement presser ses épaules, comme pour m’assurer qu’elle était bien réelle, et non pas un mirage, le fruit d’un fantasme. « Je m’en rappel .. J’ai besoin de toi. » j’inspirai profondément. Ce qu’elle me demandait n’était tout de même pas simple. Elle n’avait pas fui cet enfer pour y remettre allègrement les pieds. Rivant mon regard clair dans le sien, je murmurai, la voix légèrement rauque. « Tu sais que je peux t’aider. Mais tu sais aussi comment je procède. Comment moi j’oublie. Est-ce réellement ce que tu veux? Quand on achète un ticket simple pour l’enfer, il n’y a jamais de retour. Tu sais comme moi que quand le cauchemar commence il est difficile d’y mettre un terme. » L’addiction, quelle putain de saloperie. On n’en guérissait jamais vraiment, tout comme la dépression. Quoiqu’on fasse, dans un moment de faiblesse, elle ressurgissait, nous sautant à la gorge. Toujours aussi sérieux, je murmurai enfin. « Tu n’as qu’un seul mot à dire, Bree. Un seul. Un seul, et tout reviendra comme avant. Je te le promets. » J’attendais tout simplement son consentement. Si nous devions guérir du mal qui nous rongeait de l’intérieur, gangrenant petit à petit la chair, alors, nous n’avions plus qu’à faire un saut de quelques mois en arrière, voire quelques années, là où les problèmes n’avaient pas encore atteint leur paroxysme. Là où nous avions encore un espoir d’obtenir notre salut.
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Sam 4 Sep 2010 - 23:22
Si elle avait su, peut-être qu’elle n’aurait pas laissé les choses se passer ainsi. Si elle avait su, elle aurait réfléchi à tout cela à deux fois avant de s’engager dans ce monde qui lui était totalement inconnu. La seule expérience amoureuse qu’elle avait eu, c’était Lust, et on ne pouvait pas dire qu’ils étaient réellement amoureux, un couple de jeunesse, quelque chose de fulgurant, mais qui s’est très vite consumé, ne laissant que des souvenirs et une amitié à laquelle Bree ne pourrait renoncer pour rien au monde. Le reste, elle le tenait des cœurs brisés de ses amies qu’elle essayait de recoller ensemble, ces longs moments passés aux côtés de ces quelques filles qui venaient pleurer sur son épaule à la recherche d’un quelconque conseil. Aujourd’hui, la blondinette aimerait se souvenir de ces conseils qu’elle avait prodigué et surtout elle aimerait pouvoir les appliquer et ne pas les ignorer comme elle le faisait à présent. Elle se souvenait que ces conseils lui semblaient avisés à l’époque, qu’il n’y avait rien d’autre à dire. A présent, elle comprenait le désarroi dans lequel elle plongeait ses amies, elle comprenait que ces paroles ne voulaient rien dire, qu’elles étaient vides, insipides, que ces conseils semblaient inenvisageables. Elle se souvenait du regard désespéré que lui lançaient ses amies, leurs larmes, à présent elle comprenait, elle comprenait tout. Elle comprenait leur douleur, elle qui s’était toujours promise de ne jamais tomber amoureuse de la sorte, de ne jamais devenir dépendante d’un garçon, de ne jamais avoir cette image de sa vie sans y voir le garçon en question. Elle avait fait tout le contraire, elle était tombée profondément amoureuse d’un garçon, trop profondément, c’était si fort qu’elle n’était pas sûre de pouvoir s’en relever. Leur amour avait été fusionnel, passionné, fulgurant. Il était entré dans sa vie telle une étoile filante, éclairant son ciel pendant presque une année, pour le replonger dans les ténèbres une fois sorti de l’image, donnant ainsi l’impression à la demoiselle que sa vie n’avait jamais été aussi sombre. Période de lumière suivie par une période obscure, sombre, faite d’ombre et de silence alors que la précédente avait été fait de soleil et d’éclat de rire. Une année de bonheur suivie d’une période sombre dont Bree n’arrivait pas à se relever, s’enfonçant au contraire dans l’obscurité, renouvelant avec ses anciens vices, avec son ancienne vie, vie qu’elle pensait avoir oubliée, laissée derrière elle. A présent elle comprenait que l’on ne changeait pas qui on était, l’ancienne Breeony avait toujours été là, attendant le moindre signe de faiblesse de la Breeony lumineuse pour attaquer et revenir à la surface, envoyant la jeune femme dans la pénombre de sa propre vie, spectatrice plutôt qu’actrice. Bree était devenue ce qu’elle avait toujours détesté, ce qu’elle avait toujours fui. Elle avait fini par laisser quelqu’un d’autre décider de sa vie, elle avait laissé quelqu’un d’autre lui brûler les ailes, ailes qui avaient eu tant de difficultés à pousser et à s’épanouir, tout comme la jeune femme. Depuis toujours, la blondinette ne croyait pas au bonheur, depuis toujours elle se disait incapable d’aimer réellement, elle ne connaissait même pas le sens ce de ce mot, elle n’en avait jamais été témoin, n’avait jamais vu la moindre marque d’affection si ce n’était dans les films qu’elle regardait en cachette ou dans le parc de Londres où elle aimait s’asseoir pour regarder les couples qui s’y promenaient. Pourtant, et c’est ce qui est tout à fait paradoxal avec la jeune femme, jamais elle n’a abandonné l’espoir d’un jour changer de camp, d’un jour rejoindre ce groupe de gens faits pour le bonheur, ce groupe de gens qui ne connaissaient que cela ou presque. Cet espoir l’avait aidée à se lever chaque matin, à sourire à la vie même si tout autour d’elle la poussait à ne pas le faire. Seulement, aujourd’hui, l’espoir la quittait petit à petit, ne laissant qu’un cœur froid et brisé derrière lui.
Avant Sawyer, il n’y avait eu que Lust. Et ce n’était pas réellement une relation amoureuse, juste deux amis qui finissent par sortir ensemble pour voir ce que cela peut donner. Elle avait toujours fui comme la peste tous sentiments amoureux, les avait gardé à distance de son cœur déjà mis à rude épreuve à cause de ses parents. Souvent, elle s’était demandée pourquoi elle et Aldéric ne tentaient pas leur chance, souvent elle se disait que cela semblait presque logique. Tous deux se ressemblaient tellement, ils couchaient ensemble, parlaient énormément ensemble, se connaissaient par cœur. Tout les prédestinait à se mettre en couple, pourtant la jeune femme n’en avait jamais ressenti le besoin. Tous deux avaient sûrement trop peur de l’engagement et de tout ce qui entourait le fait d’être en couple. Elle avait peur de briser leur amitié qui lui était bien trop précieuse, elle avait peur de finir par souffrir et pire, de le faire souffrir. Elle ne voulait pas le perdre, elle ne voulait pas perdre ce qu’ils avaient bâti, elle ne voulait pas tout foutre en l’air pour une dénomination qui n’avait pas tellement d’importance. L’attirance entre eux était indéniable, leur complicité non-plus. Ils étaient une sorte de couple, mais sans les contraintes et les ragots qui entouraient généralement cette situation. Une fois qu’elle s’était mise à sortir avec le Grymm, ce dernier avait petit à petit pris une partie de cette place auprès de Bree, il était devenu son confident, son amant, il avait réussi à lui kidnapper son cœur, chose qu’elle s’était toujours refusée de faire avec le Wright. Pourtant, en y réfléchissant, elle n’avait jamais partagé avec Sawyer ce qu’elle partageait avec Aldéric. Il la comprenait, mais pas comme le second, il ne pouvait pas la comprendre comme ce dernier, pourtant il avait réussi à combler la plaie béante de sa poitrine. Pour mieux la rouvrir après. Chose que n’avait jamais faite Aldéric. Jamais il ne l’avait faite souffrir et elle savait qu’il ne pourrait jamais lui en faire de la sorte. Elle ferait tout pour que cela n’arrive jamais, même si elle devait faire taire cette petite voix dans sa tête qui lui disait qu’elle s’était trompée, que son cœur s’était trompé.
Elle ne vit pas son air grave, elle ne vit pas ses yeux désolés. Elle ne put que les imaginer dans le silence qui lui répondit. Elle savait qu’il la comprenait et parler avec lui, se retrouver ainsi dans ses bras, la faisait se sentir mieux, tellement mieux, comme si elle vidait une coupe trop pleine, évacuant ainsi ses pensées obscurs, profitant de cette étreinte qui avait un gout de déjà vu plaisant. Elle aurait aimé rester couchée là pour toujours, ne plus sortir de la pièce obscur, y rester en compagnie du jeune homme et ne plus se montrer. Elle se demanda combien de personnes remarqueraient sa disparition si elle le faisait vraiment. Elle se demande qui s’en ferait pour elle, qui chercherait à savoir ce qu’il lui était arrivé. Ici, il n’y aurait plus bonheur, ni malheur, il n’y aurait plus de larmes, juste deux êtres qui se fondent l’un dans l’autre et oublient le monde extérieur. Il n’y aurait plus ce tribu à payer pour le bonheur vécu, ni rien qui ferait souffrir la jeune femme plus qu’elle ne souffrait déjà. Elle voulait prolonger cette étreinte, elle voulait qu’il la serre fort, qu’il l’étouffe presque, afin qu’elle se sente vivre et non plus mourir de l’intérieur comme c’était le cas. Elle voulait qu’il l’aide grâce à ses méthodes, même si la route pour l’enfer suivait celles-ci. Le baiser échangé fut doux, tendre, merveilleux. Après des mois d’inertie, elle sentit son cœur se mettre à battre faiblement dans sa poitrine, souffle de vie miraculeux qu’elle n’espérait plus.
Aldéric • « Tu sais que je peux t’aider. Mais tu sais aussi comment je procède. Comment moi j’oublie. Est-ce réellement ce que tu veux? Quand on achète un ticket simple pour l’enfer, il n’y a jamais de retour. Tu sais comme moi que quand le cauchemar commence il est difficile d’y mettre un terme. »
Le silence lui répondit. De grands yeux bleus fatigués, ternes se levèrent vers lui, se plongeant dans son regard. En le regardant ainsi, Bree offrait à Aldéric la possibilité au jeune homme de voir toute sa faiblesse, toute la fragilité de son être. Elle lui montrait à quel point elle avait besoin de son aide.
Aldéric • « Tu n’as qu’un seul mot à dire, Bree. Un seul. Un seul, et tout reviendra comme avant. Je te le promets. »
La Summerbee était prête à tout. Elle savait ce qui l’attendait, elle savait où elle mettait les pieds. Ses souvenirs affluaient dans son esprit, les nuits sombres passées entre drogue et alcool en compagnie du jeune homme, les trous noirs, elle se souvenait de tout. Mais elle se moquait de savoir où cela allait la plonger, du moment qu’elle ne sentait plus cette douleur qui la consumait, du moment qu’elle pouvait oublier, ne serait-ce que pendant quelques heures.
Breeony • «Je sais où je mets les pieds » dit-elle dans un murmure. « C’est ce que je veux, c’est ce dont j’ai besoin. On ne fuit pas sa véritable nature pour toujours .. »
Sa voix n'était que murmure, mais ferme, décidée. Dans son regard on pouvait lire la certitude, elle savait ce qu'elle faisait, ou du moins elle le pensait ..
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Dim 5 Sep 2010 - 22:51
Vulgairement parlant, je ne m’emmerdais pas avec tout ça. Je me contentais de vivre ma vie au jour le jour, me préoccupant peu du lendemain. Je refusais à la nostalgie, par crainte de retrouver à mes vieux démons. J’avais tout aussi peur de l’avenir, qui était beaucoup trop incertain. Je n’avais pas vraiment d’ambition particulière, si ce n’était de jouer de la musique jusqu’à satiété. J’étais monté sur scène une fois dans ma vie, lors d’un festival il y a longtemps de cela, et ce n’était plus arrivé depuis. Je n’avais jamais connu joie aussi intense que celle de vibrer au même rythme que le public. Si j’avais été capable de produire un patronus en me focalisant uniquement sur ce moment, il aurait sûrement été d’une rare intensité. Quoiqu’il en soit, je ne me souvenais pas avoir connu d’autres vertiges, d’autres sensations aussi grisantes. Mon cœur n’était plus qu’un sordide tas de cendres, laissant un trou béant là où il aurait dû encore être. Il n’assurait plus que sa fonction vitale, et encore, parfois, je n’avais même plus l’impression d’être en vie. Plus de palpitations, plus de soubresauts, j’avais juste cette sensation perpétuelle de brûlure, je me consumais de l’intérieur, rongé par la culpabilité et les remords. Je passais ma vie à m’en vouloir, à me dire que je ne méritais pas d’exister. Mon père me le disait parfois, dans les moments où il était ivre. Il n’y avait pas pire douleur pour un enfant que d’entendre de la bouche de ses parents qu’on est une erreur de la nature, un sordide accident, que tout irait mieux si je n’étais pas là. J’avoue avoir déjà pensé au suicide, plus d’une fois. Je l’ai déjà fait, quand j’étais au fond du gouffre, persuadé que je n’aurais jamais personne sur qui m’appuyer pour me relever. Pendant des années, je me suis traîné, exsangue, au bout du rouleau. Je soulageais ma peine dans la drogue et les excès, seule façon de me prouver que j’étais encore en vie. Et maintenant que Breeony était dans mes bras, j’avais désormais une raison d’exister. J’ignore encore ce que le destin pouvait bien me réserver, en bien ou en mal, mais si j’étais là, c’était pour elle. J’étais plus fort que la Summerbee, et la personne de la situation. Et même si j’aurais préféré qu’il en soit autrement, j’avais d’ores et déjà accepté ma mission.
Voir une telle détresse l’habiter me foutait en l’air. Mon putain de cœur se brisait tandis que je voyais ses larmes couler sur son beau visage. Elle ne méritait pas ce qui lui arrivait, bien qu’elle en était persuadée. Je devais lui enlever ces conneries de la tête, et peu importe le temps que cela prendra. Je ne voulais pas qu’elle stigmatise pour ce qu’elle a pu faire ou non dans le passé, je ne voulais pas non plus qu’elle se sente coupable. Parce la culpabilité, c’était un putain de sentiment, qui vous poussait à penser n’importe quoi. Jusqu’à même remettre en question votre existence. On ne refaisait jamais le monde avec des si j’avais su. Les erreurs, on encaissait et on apprenait à vivre avec. Je voulais la voir sourire, l’entendre rire. Chanter faux sous ma douche lorsqu’elle squattait encore. Je voulais la voir radieuse, heureuse. Je voulais qu’elle se libère une fois pour toutes de ses fardeaux, de ses vieux démons. Je voulais revoir l’ancienne Bree, celle qui n’avait peur de rien. Celle qui était toujours cap’, qui n’avait pas froid aux yeux, celle qui jouait et ce peu importait la mise. C’était celle là que je voulais retrouver, et que je referai ressurgir. Je voulais qu’elle pétille, qu’elle détonne. Qu’on séchait les cours comme avant pour aller se saouler quelque part, ivres par l’alcool, ivres par l’attirance physique qui existait toujours. Qu’on se retrouve parfois le soir, dans sa chambre ou la mienne, pour écouter de la vieille musique, se rouler un joint ou se préparer un rail de coke. Que parfois, cela déviait, inévitablement. Je voulais retrouver sa peau, ses lèvres, son corps, comme avant qu’elle ne jure fidélité à un autre, un de mes potes qui de plus est. Je ne voulais plus jamais la voir malheureuse, et je ferai tout pour que cela n’arrive pas. Bree était l’une des rares personnes pour lesquelles je pourrais vendre mon âme au diable si cela leur permettait d’aller mieux. Tout du moins, ce qui en reste. Et pourtant, j’étais un salaud. Un connard égoïste qui ne se préoccupait que de sa personne. Je n’étais pas d’une nature compatissante, étant même du genre à remuer allègrement le couteau dans la plaie. Mais pas avec elle. Je voulais panser son âme comme elle était capable d’apaiser la mienne. Entre les bras de la belle blonde, je sentais mon être se régénérer peu à peu, j’allais un peu mieux. J’espérais qu’il en était de même pour elle.
N’allez pas non plus croire que j’étais un type sentimental. J’étais bien loin de l’être. Je l’ai déjà dit, je suis un connard. Les mots d’amour, je les fuyais. La dépendance de l’autre aussi. La dépendance à l’autre également. Je n’ai jamais dit je t’aime, pas même à Orphée lorsque nous étions ensemble. Peut-être était-ce pour cela que je l’avais perdue, parce que je n’avais jamais su lui exprimer mes sentiments. En plus d’avoir joué au con, pour tout perdre ensuite. J’avais souffert, mais cela n’avait pas été aussi intense que la douleur éprouvée par Bree à cet instant précis. Je n’étais néanmoins pas exempt des peines de cœur, et la probabilité pour que je tombe à nouveau dans de tels pièges était plus ou moins élevée. J’étais humain après tout. Un connard, certes, mais humain quand même. Et à mesure que je serrais Breeony contre moi, je me rendais compte à quel point elle m’avait manqué. J’étais vraiment dégoûté lorsqu’elle est partie avec Sawyer, pour me laisser là. Cependant, j’aurais préféré crever plutôt que de l’avouer. Foutue fierté. Mais les faits étaient là. J’avais ressenti de la jalousie. Je m’étais découvert un côté possessif que je ne me connaissais pas. J’avais voulu la garder pour moi, rien que pour moi, en parfait égoïste que j’étais, n’aimant pas d’ordinaire partager mes conquêtes. Et à présent qu’elle était seule, je ressentais comme une satisfaction malsaine, qui contrebalançait la peine que j’avais malgré tout pour elle. Elle m’était enfin revenue, en mille morceaux, certes, mais revenue quand même. Et à présent qu’elle était là, je n’allais plus jamais la laisser partir. JAMAIS. Je l’avais compris au moment même où elle avait posé ses lèvres sur les miennes, où elle m’avait dit qu’elle avait besoin de moi. Ces mots, ce baiser, avaient crée une douce chaleur au creux de mes reins, du côté d’un cœur exsangue, pour se répandre sur ma peau en de léger frissons. Je n’avais pas connu cela depuis bien trop longtemps, j’avais l’impression de revenir de loin. A nouveau, son regard se riva dans le mien. Je soutenais son regard, mon foutu palpitant se contractant légèrement, dans un ultime sursaut de vie. Après avoir frôlé la mort des dizaines de fois, après une lente agonie, je revenais parmi les vivants. J’avais besoin d’elle, de ses mots. «Je sais où je mets les pieds .C’est ce que je veux, c’est ce dont j’ai besoin. On ne fuit pas sa véritable nature pour toujours .. » Je pressai mon front doucement contre le sien, désirant être à nouveau proche d’elle. Un instant, j’effleurai ses lèvres douces des miennes, avant de l’embrasser avec l’énergie du désespoir. Cette fois, j’avais l’impression d’être proche d’elle, plus que jamais. Je voulais lui dire que j’étais là, que je l’avais toujours été, que je le serai toujours. Légèrement hagard, à bout de souffle, je finis par me séparer d’elle et baisser les yeux. Je murmurai un léger « Désolé » avant de m’asseoir sur le lit, à une distance raisonnable. Le temps de calmer les battements désorganisés de mon palpitant.
Je finis par me lever du lit, tout en me frottant les tempes. Me voilà à présent nerveux, comme déboussolé. Je me souvins finalement du souhait de Breeony, si on peut appeler ça comme tel. Dans un premier temps, il fallait lui changer les idées. Après…On verra. Je finis par enjamber le bordel qu’il y avait par terre pour atteindre ma tour de CD. Après avoir passé cinq bonnes minutes à regarder les différents albums que j’avais en ma possession, je sélectionnai le best of des Rolling Stones. Je lançai la première chanson tout en modulant légèrement le son pour ne pas déranger les voisins. Ensuite, je traversai à nouveau la chambre pour atteindre la petite armoire qu’il y avait juste à côté du bureau et qui disparaissait sous les fringues. C’était là que je stockais mes bouteilles diverses, que je sortais lors des grandes occasions ou quand un pote venait prendre l’apéro. Je sortis du placard quelques bouteilles, en les posant à terre, énumérant mes trouvailles. « tu veux boire quelque chose? J’ai euh..De la Jack Daniel’s. Whisky donc. De la Bailey’s. De la Smirnoff. Du Ricard. Et aussi…Passoa. Malibu. Rhum. Ou alors une bête bière. En canette ou en bouteilles. Bref, c’est toi qui choisis, si tu veux commencer soft ou alors violent. Mais on risque de finir la soirée par terre, ou sous la table. » Un sourire en coin vint orner mes lèvres, tandis que je lui montrais les bouteilles, d’un air convaincu. Une fois qu’elle eut choisi, je lui servis sa boisson, avant de revenir près d’elle. Je trinquai avec elle, souriant aux promesses d’une soirée qui allait s’annoncer fort sympathique. La chanson changea finalement. Ce fut Angie qui passa à présent. Je me mis à siffloter les premières notes de la chanson, mon pied nu battant la mesure sur la moquette. Je me baissai pour virer un sweat-shirt qui traînait, pour faire de la place, puis je le posai au bout du lit. Je me tournai finalement vers Breeony, tout en lui tendant la main. « Uh…Tu danses? » Bon, OK. Il y avait d’autres manières de poser la question, mais au moins j’étais direct. Puis, n’ai-je pas dit que je n’étais pas franchement romantique comme gars?
Voir une telle détresse l’habiter me foutait en l’air. Mon putain de cœur se brisait tandis que je voyais ses larmes couler sur son beau visage. Elle ne méritait pas ce qui lui arrivait, bien qu’elle en était persuadée. Je devais lui enlever ces conneries de la tête, et peu importe le temps que cela prendra. Je ne voulais pas qu’elle stigmatise pour ce qu’elle a pu faire ou non dans le passé, je ne voulais pas non plus qu’elle se sente coupable. Parce la culpabilité, c’était un putain de sentiment, qui vous poussait à penser n’importe quoi. Jusqu’à même remettre en question votre existence. On ne refaisait jamais le monde avec des si j’avais su. Les erreurs, on encaissait et on apprenait à vivre avec. Je voulais la voir sourire, l’entendre rire. Chanter faux sous ma douche lorsqu’elle squattait encore. Je voulais la voir radieuse, heureuse. Je voulais qu’elle se libère une fois pour toutes de ses fardeaux, de ses vieux démons. Je voulais revoir l’ancienne Bree, celle qui n’avait peur de rien. Celle qui était toujours cap’, qui n’avait pas froid aux yeux, celle qui jouait et ce peu importait la mise. C’était celle là que je voulais retrouver, et que je referai ressurgir. Je voulais qu’elle pétille, qu’elle détonne. Qu’on séchait les cours comme avant pour aller se saouler quelque part, ivres par l’alcool, ivres par l’attirance physique qui existait toujours. Qu’on se retrouve parfois le soir, dans sa chambre ou la mienne, pour écouter de la vieille musique, se rouler un joint ou se préparer un rail de coke. Que parfois, cela déviait, inévitablement. Je voulais retrouver sa peau, ses lèvres, son corps, comme avant qu’elle ne jure fidélité à un autre, un de mes potes qui de plus est. Je ne voulais plus jamais la voir malheureuse, et je ferai tout pour que cela n’arrive pas. Bree était l’une des rares personnes pour lesquelles je pourrais vendre mon âme au diable si cela leur permettait d’aller mieux. Tout du moins, ce qui en reste. Et pourtant, j’étais un salaud. Un connard égoïste qui ne se préoccupait que de sa personne. Je n’étais pas d’une nature compatissante, étant même du genre à remuer allègrement le couteau dans la plaie. Mais pas avec elle. Je voulais panser son âme comme elle était capable d’apaiser la mienne. Entre les bras de la belle blonde, je sentais mon être se régénérer peu à peu, j’allais un peu mieux. J’espérais qu’il en était de même pour elle.
N’allez pas non plus croire que j’étais un type sentimental. J’étais bien loin de l’être. Je l’ai déjà dit, je suis un connard. Les mots d’amour, je les fuyais. La dépendance de l’autre aussi. La dépendance à l’autre également. Je n’ai jamais dit je t’aime, pas même à Orphée lorsque nous étions ensemble. Peut-être était-ce pour cela que je l’avais perdue, parce que je n’avais jamais su lui exprimer mes sentiments. En plus d’avoir joué au con, pour tout perdre ensuite. J’avais souffert, mais cela n’avait pas été aussi intense que la douleur éprouvée par Bree à cet instant précis. Je n’étais néanmoins pas exempt des peines de cœur, et la probabilité pour que je tombe à nouveau dans de tels pièges était plus ou moins élevée. J’étais humain après tout. Un connard, certes, mais humain quand même. Et à mesure que je serrais Breeony contre moi, je me rendais compte à quel point elle m’avait manqué. J’étais vraiment dégoûté lorsqu’elle est partie avec Sawyer, pour me laisser là. Cependant, j’aurais préféré crever plutôt que de l’avouer. Foutue fierté. Mais les faits étaient là. J’avais ressenti de la jalousie. Je m’étais découvert un côté possessif que je ne me connaissais pas. J’avais voulu la garder pour moi, rien que pour moi, en parfait égoïste que j’étais, n’aimant pas d’ordinaire partager mes conquêtes. Et à présent qu’elle était seule, je ressentais comme une satisfaction malsaine, qui contrebalançait la peine que j’avais malgré tout pour elle. Elle m’était enfin revenue, en mille morceaux, certes, mais revenue quand même. Et à présent qu’elle était là, je n’allais plus jamais la laisser partir. JAMAIS. Je l’avais compris au moment même où elle avait posé ses lèvres sur les miennes, où elle m’avait dit qu’elle avait besoin de moi. Ces mots, ce baiser, avaient crée une douce chaleur au creux de mes reins, du côté d’un cœur exsangue, pour se répandre sur ma peau en de léger frissons. Je n’avais pas connu cela depuis bien trop longtemps, j’avais l’impression de revenir de loin. A nouveau, son regard se riva dans le mien. Je soutenais son regard, mon foutu palpitant se contractant légèrement, dans un ultime sursaut de vie. Après avoir frôlé la mort des dizaines de fois, après une lente agonie, je revenais parmi les vivants. J’avais besoin d’elle, de ses mots. «Je sais où je mets les pieds .C’est ce que je veux, c’est ce dont j’ai besoin. On ne fuit pas sa véritable nature pour toujours .. » Je pressai mon front doucement contre le sien, désirant être à nouveau proche d’elle. Un instant, j’effleurai ses lèvres douces des miennes, avant de l’embrasser avec l’énergie du désespoir. Cette fois, j’avais l’impression d’être proche d’elle, plus que jamais. Je voulais lui dire que j’étais là, que je l’avais toujours été, que je le serai toujours. Légèrement hagard, à bout de souffle, je finis par me séparer d’elle et baisser les yeux. Je murmurai un léger « Désolé » avant de m’asseoir sur le lit, à une distance raisonnable. Le temps de calmer les battements désorganisés de mon palpitant.
Je finis par me lever du lit, tout en me frottant les tempes. Me voilà à présent nerveux, comme déboussolé. Je me souvins finalement du souhait de Breeony, si on peut appeler ça comme tel. Dans un premier temps, il fallait lui changer les idées. Après…On verra. Je finis par enjamber le bordel qu’il y avait par terre pour atteindre ma tour de CD. Après avoir passé cinq bonnes minutes à regarder les différents albums que j’avais en ma possession, je sélectionnai le best of des Rolling Stones. Je lançai la première chanson tout en modulant légèrement le son pour ne pas déranger les voisins. Ensuite, je traversai à nouveau la chambre pour atteindre la petite armoire qu’il y avait juste à côté du bureau et qui disparaissait sous les fringues. C’était là que je stockais mes bouteilles diverses, que je sortais lors des grandes occasions ou quand un pote venait prendre l’apéro. Je sortis du placard quelques bouteilles, en les posant à terre, énumérant mes trouvailles. « tu veux boire quelque chose? J’ai euh..De la Jack Daniel’s. Whisky donc. De la Bailey’s. De la Smirnoff. Du Ricard. Et aussi…Passoa. Malibu. Rhum. Ou alors une bête bière. En canette ou en bouteilles. Bref, c’est toi qui choisis, si tu veux commencer soft ou alors violent. Mais on risque de finir la soirée par terre, ou sous la table. » Un sourire en coin vint orner mes lèvres, tandis que je lui montrais les bouteilles, d’un air convaincu. Une fois qu’elle eut choisi, je lui servis sa boisson, avant de revenir près d’elle. Je trinquai avec elle, souriant aux promesses d’une soirée qui allait s’annoncer fort sympathique. La chanson changea finalement. Ce fut Angie qui passa à présent. Je me mis à siffloter les premières notes de la chanson, mon pied nu battant la mesure sur la moquette. Je me baissai pour virer un sweat-shirt qui traînait, pour faire de la place, puis je le posai au bout du lit. Je me tournai finalement vers Breeony, tout en lui tendant la main. « Uh…Tu danses? » Bon, OK. Il y avait d’autres manières de poser la question, mais au moins j’étais direct. Puis, n’ai-je pas dit que je n’étais pas franchement romantique comme gars?
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Jeu 9 Sep 2010 - 18:17
Si Bree était revenue après presque un an de silence, si elle avait décidé de venir se réfugier dans ces bras, alors qu’elle savait qu’elle aurait pu se réfugier chez Elia ou Lust, si elle avait décidé de venir dans cette chambre, retrouver cet être qu’elle connaissait si bien, c’était parce qu’Aldéric lui avait réellement manqué. Pendant un an, il lui avait manqué. Elle s’en était rendue compte peu de temps après s’être mise avec Sawyer, très vite elle avait compris que sa présence auprès d’elle lui manquait. Elle le voyait de temps en temps, après tout lui et le copain de la jeune femme étaient amis, mais ce n’était plus comme avant, les choses avaient changé. Bree s’en était énormément voulue de lui avoir ainsi tourné le dos, de nombreuses fois elle avait failli venir frapper à cette porte, venir voir ce jeune homme qui comptait tant pour elle, de nombreuses fois elle avait voulu venir se lover dans le creux de ses bras. Mais elle ne l’avait jamais fait. Pourquoi ? Se fierté. Une putain de fierté qui l’avait longtemps empêchée de venir s’excuser auprès de son ami. La peur aussi. Elle aimait Sawyer, c’était indéniable, mais il y avait toujours eu une alchimie entre elle et Aldéric qu’elle n’avait jamais retrouvé avec personne. Si elle était sûre que Sawyer était son âme sœur, celui qui la complétait, elle était aussi certaine qu’Aldéric était son jumeau de cœur, son double, celui qui mieux que personne pouvait la comprendre, celui qui mieux que personne pouvait la réconforter. Elle avait rarement pleuré devant lui, pourtant hormis Sawyer il était la seule personne à avoir jamais été témoin de ses larmes, à les avoir sécher. Si elle n’était jamais venue le voir, dans cette chambre, seule, c’était parce qu’elle avait peur de retomber dans ses bras, de faire cette erreur qu’elle se savait capable de faire, malgré tout l’amour qu’elle portait au Grymm. Il y avait quelque chose chez Aldéric qui faisait qu’elle était sûre et certaine de se laisser aller à faire cette erreur, à s’oublier complètement. A présent qu’elle était célibataire, Bree n’avait aucun remords à se retrouver ici, dans cette chambre. Secrètement, elle espérait même que Sawyer l’apprenne, elle adorait Spencer, mais il y avait en Bree quelque chose de malsain qui la poussait à vouloir rendre le jeune homme jaloux. C’était aussi pourquoi elle voulait retrouver la jeune femme qu’elle était, celle qui buvait, fumait et qui sortait sans se préoccuper de l’opinion des autres, celle qui n’était pas gênée par le fait de coucher avec l’un de ses plus proches amis, de rester toute une journée durant dans ses bras à l’embrasser, le toucher, à s’amuser à ses côtés. Sa relation avec Aldéric lui manquait, ses baisers lui manquaient, son corps, le temps qu’ils passaient ensemble. A présent qu’elle était contre lui, elle comprenait à quel point tout cela lui avait manqué. Son propre corps était en feu, il brûlait aux endroits où il rencontrait celui du jeune homme. Le bas de son ventre chauffait si fort qu’elle avait l’impression que cela lui chatouillait les reins. Elle sentait son cœur se consumer, pour ne laisser qu’un vide qu’elle n’essaierait plus jamais de combler, hormis dans les bras du jeune homme qui, lui, ne lui ferait jamais du mal, jamais il ne la laisserait tomber comme elle l’avait laissé tomber, pour un autre qui plus est. Elle voulait retrouver leurs soirée de folie, leurs moments d’égarement, ses caresses, toutes ces choses qui avaient rendu leur relation si spéciale, si unique aux yeux de la jeune femme. Elle ne voulait plus sentir cette détresse qui l’habitait et qui la consumait, la dévorant de l’intérieur pour ne laisser d’elle qu’un souvenir égaré. Elle ne voulait plus sentir cette douleur qui lui donnait la nausée. Elle voulait vivre et elle savait qu’Aldéric était le seul à pouvoir lui redonner le gout de la vie, le seul à pouvoir la faire vivre et la sortir de ce trou dans lequel elle était tombée.
Elle n’avait jamais su comment il avait réagi quand elle s’était mise à sortir avec Sawyer, elle n’avait jamais su à quel point elle comptait pour lui. Elle s’en rendait compte à présent, alors qu’il aurait pu la mettre dehors, elle s’en rendait compte car il la serrait chaque seconde un peu plus fort, comme si il avait peur qu’elle s’en aille à nouveau, comme si il avait peur qu’elle l’abandonne à nouveau. Elle avait envie de lui dire que jamais plus elle ne le quitterait, mais ni lui ni elle n’avait jamais été doué avec les mots, leurs regards suffisaient, ils avaient toujours suffit. Un seul coup d’œil avait toujours suffi pour que l’un comprenne l’autre et vice versa. Elle voyait ce qu’elle avait fait, elle savait que jamais il ne l’admettrait. Mais elle lui avait manquée, elle le comprenait à présent, et elle espérait qu’il le comprenait aussi, qu’il voit le vide qui était resté en elle quand ils avaient cessé de se voir. Elle l’avait quittée en un morceau, sur le chemin du bonheur et lui revenait en miette alors qu’elle s’enfonçait sur le chemin de l’enfer, persuadée qu’elle avait un quelconque rapport avec ce qui lui arrivait. Pourtant Bree savait qu’elle n’avait rien fait. Pour une fois, elle n’avait pas eu peur en s’attachant à Sawyer, elle n’avait pas eu peur de lui avouer ses sentiments, de lui dire ces trois mots magiques qu’elle n’aurait jamais pensé prononcer. Il avait eu peur et avait préféré la briser elle plutôt que de surmonter cette peur. Alors, elle avait senti encore plus violemment le manque, ce manque du Wright, ce manque de cette personne. Jamais elle ne le quitterait plus. Jamais. Il vint alors effleurer ses lèvres, effaçant toutes traces de vide en un seul coup, comme si les choses n’avaient jamais changé, comme si elle ne l’avait jamais laissé tomber. Il l’embrassa alors, un baiser passionné comme auparavant. Elle lui répondit avec vigueur et force, une force qu’elle ne se croyait plus capable de donner. Il brisa leur étreinte, laissant son regard s’attarder sur celui de la jeune femme avant de s’éloigner d’elle et de s’excuser. Elle se redressa à son tour et vint poser sa tête sur son épaule. « Ne t’excuse pas. » Elle glissa un baiser dans son cou, puis un autre avant de jeter un coup d’œil circulaire à la pièce. Un sourire se dessina sur ses lèvres, cette pièce n’avait pas changé, peut-être un peu plus en désordre, mais elle aimait ce désordre, il lui rappelait tant de souvenir. Alors qu’elle observait l’endroit, Aldéric alluma de la musique, une musique qui vint lui chatouiller les oreilles. Elle connaissait cet album par cœur pour l’avoir écouté de nombreuses fois en compagnie du jeune homme. « tu veux boire quelque chose? J’ai euh..De la Jack Daniel’s. Whisky donc. De la Bailey’s. De la Smirnoff. Du Ricard. Et aussi…Passoa. Malibu. Rhum. Ou alors une bête bière. En canette ou en bouteilles. Bref, c’est toi qui choisis, si tu veux commencer soft ou alors violent. Mais on risque de finir la soirée par terre, ou sous la table. » Elle réfléchit quelques instants avant d’avoir un nouveau sourire amusé. « Finir par terre ou sous la table ne me dérange pas. Un whisky c’est parfait. » C’était son but, finir la soirée dans l’inconscience, oublier pour quelques heures ce qui l’avait amené ici dans un premier temps. Elle trinqua avec le jeune homme, un sourire espiègle toujours dessiné sur les lèvres, des souvenirs pleins la tête. La chanson changea, laissant place à cette douce mélodie qu’elle aimait tant. Angie .. Elle se souvenait lui avoir un jour dit que si elle avait un jour une fille, elle l’appellerait ainsi, en mémoire de ces moments qu’ils avaient passés ensemble. « Uh…Tu danses? » Elle acquiesça, se leva tout en prenant sa main dans la sienne. Celle-ci était chaude, douce. Elle savait qu’elle sentait la cigarette, comme toujours et cela la réconforta. Ses doigts furent comme parcouru d’une petite décharge électrique qu’elle ignora. Elle se colla alors à lui, laissant son corps bouger en rythme avec la musique et avec celui du jeune homme ..
(désolée, c'est vraiment null :snif:)
Elle n’avait jamais su comment il avait réagi quand elle s’était mise à sortir avec Sawyer, elle n’avait jamais su à quel point elle comptait pour lui. Elle s’en rendait compte à présent, alors qu’il aurait pu la mettre dehors, elle s’en rendait compte car il la serrait chaque seconde un peu plus fort, comme si il avait peur qu’elle s’en aille à nouveau, comme si il avait peur qu’elle l’abandonne à nouveau. Elle avait envie de lui dire que jamais plus elle ne le quitterait, mais ni lui ni elle n’avait jamais été doué avec les mots, leurs regards suffisaient, ils avaient toujours suffit. Un seul coup d’œil avait toujours suffi pour que l’un comprenne l’autre et vice versa. Elle voyait ce qu’elle avait fait, elle savait que jamais il ne l’admettrait. Mais elle lui avait manquée, elle le comprenait à présent, et elle espérait qu’il le comprenait aussi, qu’il voit le vide qui était resté en elle quand ils avaient cessé de se voir. Elle l’avait quittée en un morceau, sur le chemin du bonheur et lui revenait en miette alors qu’elle s’enfonçait sur le chemin de l’enfer, persuadée qu’elle avait un quelconque rapport avec ce qui lui arrivait. Pourtant Bree savait qu’elle n’avait rien fait. Pour une fois, elle n’avait pas eu peur en s’attachant à Sawyer, elle n’avait pas eu peur de lui avouer ses sentiments, de lui dire ces trois mots magiques qu’elle n’aurait jamais pensé prononcer. Il avait eu peur et avait préféré la briser elle plutôt que de surmonter cette peur. Alors, elle avait senti encore plus violemment le manque, ce manque du Wright, ce manque de cette personne. Jamais elle ne le quitterait plus. Jamais. Il vint alors effleurer ses lèvres, effaçant toutes traces de vide en un seul coup, comme si les choses n’avaient jamais changé, comme si elle ne l’avait jamais laissé tomber. Il l’embrassa alors, un baiser passionné comme auparavant. Elle lui répondit avec vigueur et force, une force qu’elle ne se croyait plus capable de donner. Il brisa leur étreinte, laissant son regard s’attarder sur celui de la jeune femme avant de s’éloigner d’elle et de s’excuser. Elle se redressa à son tour et vint poser sa tête sur son épaule. « Ne t’excuse pas. » Elle glissa un baiser dans son cou, puis un autre avant de jeter un coup d’œil circulaire à la pièce. Un sourire se dessina sur ses lèvres, cette pièce n’avait pas changé, peut-être un peu plus en désordre, mais elle aimait ce désordre, il lui rappelait tant de souvenir. Alors qu’elle observait l’endroit, Aldéric alluma de la musique, une musique qui vint lui chatouiller les oreilles. Elle connaissait cet album par cœur pour l’avoir écouté de nombreuses fois en compagnie du jeune homme. « tu veux boire quelque chose? J’ai euh..De la Jack Daniel’s. Whisky donc. De la Bailey’s. De la Smirnoff. Du Ricard. Et aussi…Passoa. Malibu. Rhum. Ou alors une bête bière. En canette ou en bouteilles. Bref, c’est toi qui choisis, si tu veux commencer soft ou alors violent. Mais on risque de finir la soirée par terre, ou sous la table. » Elle réfléchit quelques instants avant d’avoir un nouveau sourire amusé. « Finir par terre ou sous la table ne me dérange pas. Un whisky c’est parfait. » C’était son but, finir la soirée dans l’inconscience, oublier pour quelques heures ce qui l’avait amené ici dans un premier temps. Elle trinqua avec le jeune homme, un sourire espiègle toujours dessiné sur les lèvres, des souvenirs pleins la tête. La chanson changea, laissant place à cette douce mélodie qu’elle aimait tant. Angie .. Elle se souvenait lui avoir un jour dit que si elle avait un jour une fille, elle l’appellerait ainsi, en mémoire de ces moments qu’ils avaient passés ensemble. « Uh…Tu danses? » Elle acquiesça, se leva tout en prenant sa main dans la sienne. Celle-ci était chaude, douce. Elle savait qu’elle sentait la cigarette, comme toujours et cela la réconforta. Ses doigts furent comme parcouru d’une petite décharge électrique qu’elle ignora. Elle se colla alors à lui, laissant son corps bouger en rythme avec la musique et avec celui du jeune homme ..
(désolée, c'est vraiment null :snif:)
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Jeu 9 Sep 2010 - 21:58
A mesure que les notes d’Angie me trottaient dans la tête, je me faisais plus mélancolique, plus pensif. Ces derniers jours avaient vraiment été horribles. Mon cœur n’était plus qu’un magma de chair et de sang, sur le point d’expirer. J’avais cette brûlure perpétuelle, qui me traversait le corps de part en part, comme si j’étais en train d’être exécuté à la chaise électrique. Je me sentais mal, rongé par le remords. Mes vieux fantômes me hantaient, plus que jamais. Dans l’ombre de mes yeux clairs, si on regardait bien, on pouvait distinguer la silhouette d’un immeuble. Le foutu immeuble duquel Jimmy est tombé, sans que je n’ai plus le retenir. Toutes les nuits, je me réveillais en sueur, le cœur battant à tout rompre, au terme d’un cauchemar, qui passait en boucle. Si Dieu existe, alors il se fout bien de ma gueule. Cela faisait à présent quatre ans et cinq jours qu’il nous avait quittés, et je n’avais toujours pas fait son deuil. J’aurais pu passer l’approche de la date de sa mort à me morfondre et à me lamenter sur mon sort, comme je savais si bien faire, mais je savais que Jim’ condamnerait d’office une telle attitude. Le gosse n’était pas lymphatique comme je pouvais l’être. Il n’était pas en train de se traîner perpétuellement, les membres gourds, l’esprit embué. Jimmy était vif, peut-être même un peu trop. Toujours au taquet, toujours actif, toujours de bonne humeur, en un mot, infatigable. Si j’avais disparu de Norwich pendant plusieurs jours, sans même donner de nouvelles, c’est parce qu’il y avait une bonne raison. Mais étais-je prêt à expliquer mon absence, même brève? Je n’en étais pas sûr. En tout cas, quand j’ai vu Breeony occuper l’espace exigu que j’avais laissé à côté de moi, j’avais réussi à oublier les souvenirs sinistres que je me ressassais, comme pour ne pas oublier, comme le putain de masochiste que j’étais.
Mais maintenant qu’elle était là, dans mes bras, je ne voulais pas gâcher nos retrouvailles en évoquant le passé. Cela ne faisait que trois ans qu’il n’était plus là, mais j’avais l’impression qu’il était parti depuis une éternité, tant son absence pesait lourd sur mon cœur, mon existence, ma vie de tous les jours. Il ne se passait pas un jour sans que je pense à lui, que j’entende ses éclats de rire qui résonnaient dans ma tête en de multiples échos. Tout comme angie me paraissait assourdissante en ce moment même, chaque note s’écrasant en moi comme une goutte de pluie sur un carreau les jours d’averse. Je ne bougeais pas, j’en étais incapable. De toute manière, je ne savais pas danser. Je me contentais juste de la serrer contre moi, pour respirer son odeur, visage enfoui dans son cou. Je ne pouvais pas me montrer faible, pas ce soir. Mais encore une fois, je me laissais emporter par des émotions que j’étais incapables de maîtriser. Je détestais mon état, j’avais l’impression de trahir Bree. J’avais toujours donné l’impression qu’une force tranquille m’animait, une force qui me faisait tenir le coup, en toutes circonstances. J’étais suffisamment fort pour pouvoir la consoler quand elle allait mal, et là encore, tandis qu’elle avait besoin de moi, je me délitais peu à peu, perdant mon masque. Cette fois, c’était moi qui avais besoin d’elle, pour franchir le cap de l’anniversaire de la mort de Jimmy. Le cœur se tordant douloureusement, je finis par la lâcher, non sans laisser un baiser sur sa tempe. Misérable, je m’assis sur le bord du lit, avant d’allonger le bras et de me saisir de mon paquet de cigarettes. Un cric de briquet plus tard, et déjà je tirai ma première bouffée, le regard plus sombre que jamais. J’évitais de regarder Breeony, probablement pour ne pas voir l’incompréhension sur son visage, ou au contraire sa complaisance. Je n’avais pas besoin de pitié. Si je refusais de guérir de mes blessures, je n’avais qu’à m’en prendre à moi-même. La bouche pâteuse, envahie par un goût de sang mitigé à celui du tabac, je finis par murmurer, anéanti. « Je…Je suis désolé. Je crois que ce soir je ne vais pas être capable de grand-chose. Mais…Je te dois tout de même des explications. » Explications. Par Merlin, que je détestais ce mot. Je savais que je n’avais rien à justifier, n’étant coupable de rien vis-à-vis d’elle. C’est Bree qui est parti, pas moi. Et la logique voudrait que je lui en veuille, que j’exige de plates excuses au lieu de lui pardonner bêtement, comme s’il ne s’était rien passé.
Mais je ne pouvais pas me permettre de jouer au con, surtout quand j’étais en présence de l’un des rares soutiens dont je disposais dans ma pitoyable petite vie. Je finis par jeter le paquet de clopes plus loin dans le lit, et j’attrapai le cendrier, pour faire tomber un peu de cendres sans en foutre partout sur la moquette. Je tirai une nouvelle latte sur ma clope, et j’invitai Bree à s’asseoir. J’avais plus que jamais le besoin de me confier, de me décharger de toute cette merde. Je finis par soupirer lourdement, ne sachant pas comment amener les choses avec tact. Je ne pouvais décemment pas mettre les pieds dans le plat, surtout avec ce sujet là. « Je…J’estime que tu es en droit de savoir pourquoi j’ai disparu pendant cinq jours, sans donner de nouvelles. Je n’avais aucune excuse, surtout qu’on a Facebook maintenant, j’aurais pu laisser un message ne serait-ce que pour dire que j’allais bien. Mais ce serait mentir. » Nouvelle bouffée sur ma clope, tandis que je m’intoxiquais un peu plus les poumons. Je passai une main embarrassée dans mes cheveux, puis me mordillai les lèvres, légèrement tendu. Ma main vacilla, manquant de répandre le contenu du cendrier sur la couette. « Je…Je suis retourné à Oxford. Chez moi. » Je n’avais finalement pas pu m’empêcher d’annoncer les choses brutalement. Mais cette manie d’user et abuser de la langue de bois m’exaspérait au plus haut point. J’avais l’impression que les choses étaient moins pénibles à annoncer de but en blanc qu’en tournant du pot. Tout du moins, le supplice s’en retrouvait abrégé. « Je n’avais rien décidé, comme d’habitude. Je suis parti sur un coup de tête. C’était le jour de…De l’anniversaire de la mort de Jimmy. J’ai attrapé le dernier bus qui allait sur Oxford. Je suis arrivé tard le soir dans le quartier où j’ai grandi. » Ma voix vacillait déjà tandis que je tremblais de plus en plus, les images de mon périple me revenaient en mémoire, comme autant d’écorchures. J’enchaînai sur la deuxième clope tout en amorçant la suite de mon récit. « je n’ai pas eu de difficultés à entrer, l’interphone était cassé, on pouvait entrer et sortir de l’immeuble comme dans un moulin. Je ne suis pas passé par chez moi, mon père m’aurait tué s’il m’aurait revu sur le seuil, surtout ce jour là. je suis monté directement sur le toit, là où tout s’est passé. Là où ma vie s’est brusquement arrêtée. » je m’interrompis une nouvelle fois, ayant de plus en plus de difficultés à parler. Comment dire à Bree que ce jour là, j’avais envisagé d’en finir, comment annoncer que j’ai essayé de me foutre en l’air en me jetant du toit de cet immeuble? Comment lui dire que je suis resté là de nombreuses heures, me laissant noyer par la pluie qui se mêlait sans peine à mes larmes, quand bien même je n’avais pas pleuré depuis ce jour maudit?
Mon regard s’attarda sur un poster d’Elvis, que je restai à contempler un long moment, persuadé que le King allait me donner un tant soit peu de courage, pour que je puisse continuer le récit de cette nuit atroce. Le ton morne, dégoûté de moi-même comme jamais par la lâcheté dont j’avais fait preuve, je finis par lâcher, dans un murmure. « J’ai enjambé le parapet, Bree. J’ai réellement voulu sauter. Je n’avais plus rien à perdre. Tu sais ce que Jimmy m’a dit juste avant de tomber? Qu’il voulait voler. Qu’il voulait faire décoller ce putain de balai, et lui avec. Il était persuadé qu’il était lui aussi un sorcier. Il me parlait tout le temps de Poudlard. Il aurait adoré y aller. Et moi…J’avais des tas de possibilités qu’il n’avait pas. J’ai gâché ma scolarité. J’ai rien branlé en cours, préférant m’amuser, faire le con. J’ai gâché la chance que Jimmy n’a pas eue. Hungcalf n’aura fait que d’empirer tout cela. Aujourd’hui, je suis quoi? Un raté. Un putain de raté qui est même pas foutu d’avoir ses examens en première session, et qui s’en fout. C’est probablement ça le pire. » Nouvelle dose de nicotine. Nouveaux remords. Je tremblais toujours, montrant des signes d’anxiété, de fébrilité. Je n’avais jamais raconté ça à quiconque, pas même Bree. J’avais gardé les derniers instants de Jimmy pour moi, mais aussi mes trop nombreux regrets. Je voulais vraiment changer. J’en pouvais plus de ma vie. De cette vie. Mais j’étais trop pourri de l’intérieur pour qu’on puisse en tirer quoi que ce soit de bon. Cette foutue clope n’arrivait même plus à me calmer. Je bus une gorgée de whisky, tout en tirant une bouffée sur ma clope. Ma main trembla à nouveau violemment, lâchant le verre au passage. Tant pis pour la boisson. Je devais finir. « C’est en pensant…à tout ça…que je n’ai pas sauté. J’ai fait machine arrière. Je suis finalement resté sur le toit, toute la nuit. Au petit matin, j’ai pris le premier bus, non pas pour rentrer ici…Mais pour aller à Londres. Chez Ekstasy. Je suis resté plusieurs jours là bas, pour me reconstruire légèrement. Et je suis revenu ici. Fin de l’histoire. » Voilà. Maintenant elle savait. Elle savait tout, tout sur ce putain d’été, cette putain d’histoire. Je jetai un regard de biais à Breeony, attendant tout commentaire de sa part.
Je plongeai à nouveau en direction de la table de chevet, dont j’ouvris le tiroir. Je finis par en extraire un petit sachet, contenant des cachets de différentes couleurs. Je me servis un nouveau verre de whisky, ne me préoccupant pas de la tâche ambrée qui se dessinait à présent sur la moquette. Résigné, j’ouvris le sachet, puis mis deux pilules au creux de ma main. Une bleue et une rouge. La scène me faisait cruellement penser à Matrix, où Mephisto proposait à Neo deux cachets. La rouge ne ferait que procurer un bonheur artificiel, fabriqué de toutes pièces. Tout le cauchemar s’arrêterait, je n’aurais plus à penser à ma vie pathétique, je ne serai plus jamais hanté par les démons du passé. La bleue, quant à elle, me ferait voir la réalité sans fard ni artifices, telle qu’elle est. Qu’elle soit cruelle ou non. Quelle ironie. Sachant que techniquement, les pilules auraient exactement le même effet. Je finis par me tourner vers Breeony, lui laissant le choix. Un choix presque crucial. « Tu te souviens, quand on a regardé Matrix, il y a longtemps de cela? Admettons que tu sois Neo, et que je sois Mephisto. Je te propose une pilule bleue et une pilule rouge. La pilule rouge serait mère de toutes les illusions, tandis que la pilule bleue déclinerait la réalité telle qu’elle est, même si elle est médiocre. Alors Bree, laquelle choisirais-tu? La bleue ou la rouge? » Ce n’était pas qu’une référence à ce film qui comptait parmi mes préférés. C’était une autre question tacite que je lui posais, bien que je pensais connaître la réponse. Mais quel que soit son choix, je savais que j’avais le pouvoir de le réaliser. Je pouvais la transporter dans un monde fait d’illusions et de bonheur, pour oublier la réalité cruelle et vide de sens, tout comme je pouvais la ramener dans le monde réel, lui faire vivre une vie plus que médiocre tout en connaissant tout de même quelques instants de bonheur. Mais l’un n’allait sûrement pas sans l’autre, car toute médaille avait forcément son revers.
Mais maintenant qu’elle était là, dans mes bras, je ne voulais pas gâcher nos retrouvailles en évoquant le passé. Cela ne faisait que trois ans qu’il n’était plus là, mais j’avais l’impression qu’il était parti depuis une éternité, tant son absence pesait lourd sur mon cœur, mon existence, ma vie de tous les jours. Il ne se passait pas un jour sans que je pense à lui, que j’entende ses éclats de rire qui résonnaient dans ma tête en de multiples échos. Tout comme angie me paraissait assourdissante en ce moment même, chaque note s’écrasant en moi comme une goutte de pluie sur un carreau les jours d’averse. Je ne bougeais pas, j’en étais incapable. De toute manière, je ne savais pas danser. Je me contentais juste de la serrer contre moi, pour respirer son odeur, visage enfoui dans son cou. Je ne pouvais pas me montrer faible, pas ce soir. Mais encore une fois, je me laissais emporter par des émotions que j’étais incapables de maîtriser. Je détestais mon état, j’avais l’impression de trahir Bree. J’avais toujours donné l’impression qu’une force tranquille m’animait, une force qui me faisait tenir le coup, en toutes circonstances. J’étais suffisamment fort pour pouvoir la consoler quand elle allait mal, et là encore, tandis qu’elle avait besoin de moi, je me délitais peu à peu, perdant mon masque. Cette fois, c’était moi qui avais besoin d’elle, pour franchir le cap de l’anniversaire de la mort de Jimmy. Le cœur se tordant douloureusement, je finis par la lâcher, non sans laisser un baiser sur sa tempe. Misérable, je m’assis sur le bord du lit, avant d’allonger le bras et de me saisir de mon paquet de cigarettes. Un cric de briquet plus tard, et déjà je tirai ma première bouffée, le regard plus sombre que jamais. J’évitais de regarder Breeony, probablement pour ne pas voir l’incompréhension sur son visage, ou au contraire sa complaisance. Je n’avais pas besoin de pitié. Si je refusais de guérir de mes blessures, je n’avais qu’à m’en prendre à moi-même. La bouche pâteuse, envahie par un goût de sang mitigé à celui du tabac, je finis par murmurer, anéanti. « Je…Je suis désolé. Je crois que ce soir je ne vais pas être capable de grand-chose. Mais…Je te dois tout de même des explications. » Explications. Par Merlin, que je détestais ce mot. Je savais que je n’avais rien à justifier, n’étant coupable de rien vis-à-vis d’elle. C’est Bree qui est parti, pas moi. Et la logique voudrait que je lui en veuille, que j’exige de plates excuses au lieu de lui pardonner bêtement, comme s’il ne s’était rien passé.
Mais je ne pouvais pas me permettre de jouer au con, surtout quand j’étais en présence de l’un des rares soutiens dont je disposais dans ma pitoyable petite vie. Je finis par jeter le paquet de clopes plus loin dans le lit, et j’attrapai le cendrier, pour faire tomber un peu de cendres sans en foutre partout sur la moquette. Je tirai une nouvelle latte sur ma clope, et j’invitai Bree à s’asseoir. J’avais plus que jamais le besoin de me confier, de me décharger de toute cette merde. Je finis par soupirer lourdement, ne sachant pas comment amener les choses avec tact. Je ne pouvais décemment pas mettre les pieds dans le plat, surtout avec ce sujet là. « Je…J’estime que tu es en droit de savoir pourquoi j’ai disparu pendant cinq jours, sans donner de nouvelles. Je n’avais aucune excuse, surtout qu’on a Facebook maintenant, j’aurais pu laisser un message ne serait-ce que pour dire que j’allais bien. Mais ce serait mentir. » Nouvelle bouffée sur ma clope, tandis que je m’intoxiquais un peu plus les poumons. Je passai une main embarrassée dans mes cheveux, puis me mordillai les lèvres, légèrement tendu. Ma main vacilla, manquant de répandre le contenu du cendrier sur la couette. « Je…Je suis retourné à Oxford. Chez moi. » Je n’avais finalement pas pu m’empêcher d’annoncer les choses brutalement. Mais cette manie d’user et abuser de la langue de bois m’exaspérait au plus haut point. J’avais l’impression que les choses étaient moins pénibles à annoncer de but en blanc qu’en tournant du pot. Tout du moins, le supplice s’en retrouvait abrégé. « Je n’avais rien décidé, comme d’habitude. Je suis parti sur un coup de tête. C’était le jour de…De l’anniversaire de la mort de Jimmy. J’ai attrapé le dernier bus qui allait sur Oxford. Je suis arrivé tard le soir dans le quartier où j’ai grandi. » Ma voix vacillait déjà tandis que je tremblais de plus en plus, les images de mon périple me revenaient en mémoire, comme autant d’écorchures. J’enchaînai sur la deuxième clope tout en amorçant la suite de mon récit. « je n’ai pas eu de difficultés à entrer, l’interphone était cassé, on pouvait entrer et sortir de l’immeuble comme dans un moulin. Je ne suis pas passé par chez moi, mon père m’aurait tué s’il m’aurait revu sur le seuil, surtout ce jour là. je suis monté directement sur le toit, là où tout s’est passé. Là où ma vie s’est brusquement arrêtée. » je m’interrompis une nouvelle fois, ayant de plus en plus de difficultés à parler. Comment dire à Bree que ce jour là, j’avais envisagé d’en finir, comment annoncer que j’ai essayé de me foutre en l’air en me jetant du toit de cet immeuble? Comment lui dire que je suis resté là de nombreuses heures, me laissant noyer par la pluie qui se mêlait sans peine à mes larmes, quand bien même je n’avais pas pleuré depuis ce jour maudit?
Mon regard s’attarda sur un poster d’Elvis, que je restai à contempler un long moment, persuadé que le King allait me donner un tant soit peu de courage, pour que je puisse continuer le récit de cette nuit atroce. Le ton morne, dégoûté de moi-même comme jamais par la lâcheté dont j’avais fait preuve, je finis par lâcher, dans un murmure. « J’ai enjambé le parapet, Bree. J’ai réellement voulu sauter. Je n’avais plus rien à perdre. Tu sais ce que Jimmy m’a dit juste avant de tomber? Qu’il voulait voler. Qu’il voulait faire décoller ce putain de balai, et lui avec. Il était persuadé qu’il était lui aussi un sorcier. Il me parlait tout le temps de Poudlard. Il aurait adoré y aller. Et moi…J’avais des tas de possibilités qu’il n’avait pas. J’ai gâché ma scolarité. J’ai rien branlé en cours, préférant m’amuser, faire le con. J’ai gâché la chance que Jimmy n’a pas eue. Hungcalf n’aura fait que d’empirer tout cela. Aujourd’hui, je suis quoi? Un raté. Un putain de raté qui est même pas foutu d’avoir ses examens en première session, et qui s’en fout. C’est probablement ça le pire. » Nouvelle dose de nicotine. Nouveaux remords. Je tremblais toujours, montrant des signes d’anxiété, de fébrilité. Je n’avais jamais raconté ça à quiconque, pas même Bree. J’avais gardé les derniers instants de Jimmy pour moi, mais aussi mes trop nombreux regrets. Je voulais vraiment changer. J’en pouvais plus de ma vie. De cette vie. Mais j’étais trop pourri de l’intérieur pour qu’on puisse en tirer quoi que ce soit de bon. Cette foutue clope n’arrivait même plus à me calmer. Je bus une gorgée de whisky, tout en tirant une bouffée sur ma clope. Ma main trembla à nouveau violemment, lâchant le verre au passage. Tant pis pour la boisson. Je devais finir. « C’est en pensant…à tout ça…que je n’ai pas sauté. J’ai fait machine arrière. Je suis finalement resté sur le toit, toute la nuit. Au petit matin, j’ai pris le premier bus, non pas pour rentrer ici…Mais pour aller à Londres. Chez Ekstasy. Je suis resté plusieurs jours là bas, pour me reconstruire légèrement. Et je suis revenu ici. Fin de l’histoire. » Voilà. Maintenant elle savait. Elle savait tout, tout sur ce putain d’été, cette putain d’histoire. Je jetai un regard de biais à Breeony, attendant tout commentaire de sa part.
Je plongeai à nouveau en direction de la table de chevet, dont j’ouvris le tiroir. Je finis par en extraire un petit sachet, contenant des cachets de différentes couleurs. Je me servis un nouveau verre de whisky, ne me préoccupant pas de la tâche ambrée qui se dessinait à présent sur la moquette. Résigné, j’ouvris le sachet, puis mis deux pilules au creux de ma main. Une bleue et une rouge. La scène me faisait cruellement penser à Matrix, où Mephisto proposait à Neo deux cachets. La rouge ne ferait que procurer un bonheur artificiel, fabriqué de toutes pièces. Tout le cauchemar s’arrêterait, je n’aurais plus à penser à ma vie pathétique, je ne serai plus jamais hanté par les démons du passé. La bleue, quant à elle, me ferait voir la réalité sans fard ni artifices, telle qu’elle est. Qu’elle soit cruelle ou non. Quelle ironie. Sachant que techniquement, les pilules auraient exactement le même effet. Je finis par me tourner vers Breeony, lui laissant le choix. Un choix presque crucial. « Tu te souviens, quand on a regardé Matrix, il y a longtemps de cela? Admettons que tu sois Neo, et que je sois Mephisto. Je te propose une pilule bleue et une pilule rouge. La pilule rouge serait mère de toutes les illusions, tandis que la pilule bleue déclinerait la réalité telle qu’elle est, même si elle est médiocre. Alors Bree, laquelle choisirais-tu? La bleue ou la rouge? » Ce n’était pas qu’une référence à ce film qui comptait parmi mes préférés. C’était une autre question tacite que je lui posais, bien que je pensais connaître la réponse. Mais quel que soit son choix, je savais que j’avais le pouvoir de le réaliser. Je pouvais la transporter dans un monde fait d’illusions et de bonheur, pour oublier la réalité cruelle et vide de sens, tout comme je pouvais la ramener dans le monde réel, lui faire vivre une vie plus que médiocre tout en connaissant tout de même quelques instants de bonheur. Mais l’un n’allait sûrement pas sans l’autre, car toute médaille avait forcément son revers.
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Lun 20 Sep 2010 - 17:31
Alors que la musique résonnait en elle, la jeune femme s’enfonçait dans ses songes, perdant le pied qu’elle avait réussi à garder jusque là dans la réalité. Ses pensées l’emmenèrent loin de là, loin de cette chambre, loin de cet instant. Elle était retournée quelques mois en arrière, visualisant cette même scène qui lui revenait en rêve à chaque fois qu’elle fermait les yeux. Ce moment de sa vie qu’elle aimerait oublier, mais dont elle était incapable de se détacher. Elle revoyait le soleil qui venait se refléter dans ses cheveux de blé, elle voyait encore ce sourire qui s’était dessiné sur ses lèvres alors qu’elle jetait un dernier coup d’oeil dans un miroir quelconque. Un instant plus tard, elle était dans le parc, sous cet arbre qu’elle connaissait si bien, cet arbre qui avait été témoin d’un amour grandissant, témoin d’une chose que Bree n’aurait jamais cru possible avant cela. Elle était là, à attendre, ignorant que ce sourire s’effacerait bien vite de son joli visage, laissant place à une marée de larmes qu’elle ne pourrait plus contrôler. Elle le voyait arriver, le visage sérieux, fermé, un visage qu’elle ne lui connaissait pas. Lui qui l’approchait toujours avec ce sourire tendre, cet éclat dans le regard, éclat qu’elle avait fini par s’approprier, éclat visible dans ses yeux à elle aussi, mais qui avait fini par disparaître, ne laissant qu’un vague souvenir de son passage, ne laissant qu’un regard terne et vide. Vide. Voilà ce qu’elle était, voilà comment elle se sentait. Vidée de toutes émotions, de tout sentiment, vidée de sa vie, comme si on avait aspiré tout ce qui faisait d’elle une personne joyeuse, resplendissante, une personne qui brille telle une étoile dans la nuit noire. Ces quelques mots qui avaient changé la donne, qui l’avaient clouée sur place. Bree n’avait rien su répondre. Incapable de bouger, incapable de réagir, de dire quoique ce soit. Elle le regrettait à présent, elle regrettait de ne pas s’être battue pour lui, de ne pas lui avoir couru après, de ne pas lui avoir demandé plus d’explications sur le moment. Seulement elle n’y avait pas cru, elle avait eu la certitude qu’il lui reviendrait, qu’il ferait demi tour et viendrait s’excuser. Elle l’avait attendu, les heures étaient passées, puis les jours, et enfin les mois. Alors elle avait essayé de comprendre, avait cherché à savoir et puis la nouvelle claque, celle qui l’avait replongée dans le fin fond du trou alors qu’elle avait réussi à sortir la tête de l’eau. Quand on lui avait dit qu’il était avec quelqu’un d’autre, une de ses amies, aucun des deux n’avaient eu le courage de venir le lui dire, aucun des deux n’étaient jamais venus la trouver. Après tout, ils n’avaient aucun compte à lui rendre. Quoique. Cela l’avait brisée, une blonde remplaçant une autre. Elle n’y avait pas cru, à présent elle ne pouvait qu’accepter la réalité. Il avait offert son coeur à une autre, l’oubliant en chemin. Il était heureux avec une autre, amoureux d’une autre et Bree ? Elle était coincée. Elle était coincée à un carrefour sans savoir quel chemin emprunter. Elle était pétrifiée à cause de ces sentiments qui l’habitaient encore et qu’elle ne pouvait pas crier sur tous les toits; des sentiments qu’elle était obligée de taire pour le bien de tous, pour leur bien en tous cas. Elle tombait en morceau, elle se sentait perdue dans ce monde auquel elle ne comprenait rien. Elle lui avait offert son coeur, lui lui avait arraché le sien, préférant le confier à une autre, mieux qu’elle à tous les coups.
Voilà de quoi s’était convaincue Bree ces derniers jours. Il ne devait pas être heureux avec elle, il devait l’être avec Spencer par contre. Elle devait être mieux pour lui, elle devait lui convenir. Bree avait cette idée bien arrêtée sur les âmes soeurs. On pouvait rencontrer la sienne, mais sans que cela ne soit réciproque. Vous n’étiez pas spécialement l’âme soeur de la vôtre. Elle était certaine d’avoir trouver son âme soeur en la personne de Sawyer, celle qui la complétait le mieux, celle qui s’était harmonisée à la sienne pendant presque une année entière. Une année, ce n’était pourtant rien dans une vie, et pourtant cela représentait tant aux yeux de la jeune femme. Une année durant laquelle elle n’avait aucune connerie, une année durant laquelle elle avait réussi à garder l’esprit claire, une année durant laquelle elle avait pu assurer à tout le monde qu’elle allait bien, sans que cela ne soit un mensonge. A présent, on lui demandait comment elle allait, comment elle gérait tout ça. Elle mentait. Elle disait qu’elle allait bien, qu’elle ne pensait plus du tout à Sawyer, que cela ne la touchait même pas qu’il soit avec une autre, mais tout cela était sans doute l’un des plus gros mensonges que la jeune femme ait jamais raconté. A quoi bon leur dire la vérité ? Pourquoi devrait-elle leur dire qu’elle se sentait vide de l’intérieur ? Comme si on lui avait tout pris ? Pourquoi devrait-elle leur dire qu’elle espérait secrètement que le couple s’effondrerait rapidement, pourquoi devrait-elle leur dire qu’elle était toujours amoureuse du jeune homme, qu’elle lui en voulait, ainsi qu’à Spencer, de lui avoir fait ça. Pourquoi devrait-elle leur avouer qu’elle s’en voulait plus que tout de ne pas s’être battue pour lui, de l’avoir laissé l’abandonner de la sorte ? Elle ne pouvait pas leur dire tout cela, elle ne voulait pas leur dire ça. Elle ne voulait pas avouer qu’elle se sentait brisée, en mille morceaux, elle ne voulait pas leur avouer que l’ancienne Bree avait disparu à jamais, qu’elle n’avait qu’une envie, se jeter du haut de la plus haute tour d’Astronomie. Tout cela pour un homme qui ne l’aimait pas, tout cela pour une autre personne, pour un gars qui sortait à présent avec une autre, qui avait réussi à voler un deuxième coeur sans rendre le premier à sa propriétaire. Et même si il voulait le lui rendre, Bree n’en aurait pas voulu. Il lui appartenait, il lui appartenait pour toujours et elle le savait.
Bree retourna à la réalité, effaçant ces songes et ces rêveries, frottant d’un revers de la main discret la larme qui s’était mise à rouler sur sa joue sans qu’Aldéric ne puisse s’en rendre compte. Elle ne voulait pas pleurer, pas maintenant, elle voyait qu’à présent il était celui qui avait besoin d’elle, elle voyait qu’elle devait être là pour lui. Elle vint s’asseoir à ses côtés sur le lit, le laissant parler comme il le voulait, ne l’interrompant jamais. « Je…Je suis désolé. Je crois que ce soir je ne vais pas être capable de grand-chose. Mais…Je te dois tout de même des explications. » Elle ne comprenait pas. Elle était celle qui lui devait des explications et non l’inverse. Il ne lui devait rien. Elle eu envie de lui dire, mais la petite voix dans sa tête la fit taire, ce qu’elle fit, laissant le jeune homme continuer. « Je…J’estime que tu es en droit de savoir pourquoi j’ai disparu pendant cinq jours, sans donner de nouvelles. Je n’avais aucune excuse, surtout qu’on a Facebook maintenant, j’aurais pu laisser un message ne serait-ce que pour dire que j’allais bien. Mais ce serait mentir. » Encore une fois, elle n’était pas certaine de comprendre. Elle posa alors sa main sur la sienne, lui disant ainsi qu’elle était là pour lui, qu’il pouvait lui dire tout ce qu’il voulait, qu’il pouvait tout lui confier. « Je…Je suis retourné à Oxford. Chez moi. » Le choc. Lui qui avait toujours dit qu’il n’y retournerait jamais. C’était la ville à ne pas nommer, celle dont Bree ne mentionnait jamais l’existence en compagnie du jeune homme. Elle savait quels souvenirs s’y trouvaient, ou du moins elle avait connaissance des choses qu’Aldéric avait voulu partagé avec elle. Jamais la Summerbee ne l’avait obligé à parler, elle ne l’avait jamais questionner outre mesure. Elle l’avait toujours laissé dévoiler ce qu’il avait envie de dévoiler. « Je n’avais rien décidé, comme d’habitude. Je suis parti sur un coup de tête. C’était le jour de…De l’anniversaire de la mort de Jimmy. J’ai attrapé le dernier bus qui allait sur Oxford. Je suis arrivé tard le soir dans le quartier où j’ai grandi. » Alors elle serra sa main. Elle n’allait nulle part. Elle savait à quel point c’était pénible pour lui de lui raconter tout cela, elle l’entendait dans sa voix. Elle comprenait sa détresse et n’avait aucune intention de s’en aller comme elle l’avait fait par le passé. « je n’ai pas eu de difficultés à entrer, l’interphone était cassé, on pouvait entrer et sortir de l’immeuble comme dans un moulin. Je ne suis pas passé par chez moi, mon père m’aurait tué s’il m’aurait revu sur le seuil, surtout ce jour là. je suis monté directement sur le toit, là où tout s’est passé. Là où ma vie s’est brusquement arrêtée. » Silence. Elle ne fit aucun commentaire. Elle sentait qu’il voulait encore lui dire quelque chose, qu’il hésitait. Elle l’encouragea du regard tout en gardant le silence, elle ne voulait pas qu’il hésite à se confier à elle, au contraire, elle était là pour lui, plus que jamais. « J’ai enjambé le parapet, Bree. J’ai réellement voulu sauter. Je n’avais plus rien à perdre. Tu sais ce que Jimmy m’a dit juste avant de tomber? Qu’il voulait voler. Qu’il voulait faire décoller ce putain de balai, et lui avec. Il était persuadé qu’il était lui aussi un sorcier. Il me parlait tout le temps de Poudlard. Il aurait adoré y aller. Et moi…J’avais des tas de possibilités qu’il n’avait pas. J’ai gâché ma scolarité. J’ai rien branlé en cours, préférant m’amuser, faire le con. J’ai gâché la chance que Jimmy n’a pas eue. Hungcalf n’aura fait que d’empirer tout cela. Aujourd’hui, je suis quoi? Un raté. Un putain de raté qui est même pas foutu d’avoir ses examens en première session, et qui s’en fout. C’est probablement ça le pire. » Elle soupira. Son coeur se fit gros dans sa poitrine. Elle comprenait ce qu’il ressentait. Elle le ressentait aussi. A cause de sa mère, à cause de son père, à cause de Sawyer. Elle avait aussi cette impression de n’être qu’une ratée. Elle ne savait même pas comment elle réussissait à l’école, comment elle parvenait à suivre en classe alors qu’elle ne faisait rien. Elle avait envie de lui dire qu’elle savait qu’il était tout sauf un raté, qu’il avait encore la possibilité de se prouver qu’il avait tord. Elle avait envie de le réconforter, de le rassurer, de lui dire que si elle était là aujourd’hui, c’était bien la preuve qu’il n’était pas ce qu’il prétendait être car il avait réussi à lui rendre le sourire si souvent par le passé, à être là pour elle. Il était un ami formidable, une personne exceptionnelle. « Ecoute. Je sais que tu n’es pas ce raté que tu prétends être. Tu es une personne formidable Aldéric. Tu as toujours été là pour moi, même quand j’était dans le fond du gouffre. Je sais que je ne peux enlever la culpabilité qui t’habites, pourtant si tu savais comme je le voudrais. » Elle se tut. Repensa à cette conversation avec sa mère. « Il y a une semaine, quand mes parents m’ont mise dehors, ma mère m’a dit que j’avais gâché la meilleure chose que j’avais jamais faite avec Sawyer, alors que c’est lui qui m’a plaquée. Elle m’a dit qu’elle ne savait même pas comment elle avait pu avoir une fille comme moi, une ratée, une fouteuse de merde. Depuis, chaque nuit je rêve de la même chose, je saute de la tour d’Hungcalf et je finis par m’écraser. Après, je vois ma mère se réjouir et mon père s’en moquer. » Bree laissa le silence s’installer. Elle réfléchissait à tout cela. La mort, ce serait trop simple. Elle ne voulait pas abandonner alors qu’elle avait l’impression qu’il y avait encore tant à vivre. Elle serra la main d’Aldéric, le força à la regarder droit dans les yeux. « Il y a des gens qui tiennent à toi sur cette terre. J’en fais partie. Je ne serais jamais revenue vers toi si je ne tenais pas à toi. Tu es une partie importante de ma vie, de ma survie. Je n’aurais pas survécu à toutes ces années sans toi. » Elle lui sourit. Un sourire doux, tendre, un sourire qui s’effaça bien vite alors qu’elle recouvrait son sérieux. Il se tourna alors vers elle, une pilule dans chaque main. « Tu te souviens, quand on a regardé Matrix, il y a longtemps de cela? Admettons que tu sois Neo, et que je sois Mephisto. Je te propose une pilule bleue et une pilule rouge. La pilule rouge serait mère de toutes les illusions, tandis que la pilule bleue déclinerait la réalité telle qu’elle est, même si elle est médiocre. Alors Bree, laquelle choisirais-tu? La bleue ou la rouge? » Elle réfléchit. Longuement. La tentation de prendre la rouge était grande, oublier toutes ces merdes, tout oublier. Mais elle savait que le retour à la réalité serait brutal, douloureux, qu’il la replongerait dans un trou dont elle ne parviendrait plus à se sortir. A une époque, elle aurait choisi la rouge, elle le savait. Aujourd’hui, elle n’était plus sûre. « Je ne veux plus me cacher. Ma tête me dit de prendre la rouge, de faire taire la douleur, mon coeur me dit de prendre la bleue et d’affronter tout cela. » Elle inspira, prit la pilule bleu et l’avala avec un trait de whisky. Elle appréhendait déjà le contre-coup, la douleur qui s’emparerait de tout son corps. Pourtant Bree voulait affronter tout cela et c’était Aldéric lui-même qui l’en avait convaincue avec son histoire. Elle aussi ne voulait plus être une ratée, elle aussi voulait devenir meilleure et pour avancer elle savait qu’elle devait affronter ce qui la figeait.
Voilà de quoi s’était convaincue Bree ces derniers jours. Il ne devait pas être heureux avec elle, il devait l’être avec Spencer par contre. Elle devait être mieux pour lui, elle devait lui convenir. Bree avait cette idée bien arrêtée sur les âmes soeurs. On pouvait rencontrer la sienne, mais sans que cela ne soit réciproque. Vous n’étiez pas spécialement l’âme soeur de la vôtre. Elle était certaine d’avoir trouver son âme soeur en la personne de Sawyer, celle qui la complétait le mieux, celle qui s’était harmonisée à la sienne pendant presque une année entière. Une année, ce n’était pourtant rien dans une vie, et pourtant cela représentait tant aux yeux de la jeune femme. Une année durant laquelle elle n’avait aucune connerie, une année durant laquelle elle avait réussi à garder l’esprit claire, une année durant laquelle elle avait pu assurer à tout le monde qu’elle allait bien, sans que cela ne soit un mensonge. A présent, on lui demandait comment elle allait, comment elle gérait tout ça. Elle mentait. Elle disait qu’elle allait bien, qu’elle ne pensait plus du tout à Sawyer, que cela ne la touchait même pas qu’il soit avec une autre, mais tout cela était sans doute l’un des plus gros mensonges que la jeune femme ait jamais raconté. A quoi bon leur dire la vérité ? Pourquoi devrait-elle leur dire qu’elle se sentait vide de l’intérieur ? Comme si on lui avait tout pris ? Pourquoi devrait-elle leur dire qu’elle espérait secrètement que le couple s’effondrerait rapidement, pourquoi devrait-elle leur dire qu’elle était toujours amoureuse du jeune homme, qu’elle lui en voulait, ainsi qu’à Spencer, de lui avoir fait ça. Pourquoi devrait-elle leur avouer qu’elle s’en voulait plus que tout de ne pas s’être battue pour lui, de l’avoir laissé l’abandonner de la sorte ? Elle ne pouvait pas leur dire tout cela, elle ne voulait pas leur dire ça. Elle ne voulait pas avouer qu’elle se sentait brisée, en mille morceaux, elle ne voulait pas leur avouer que l’ancienne Bree avait disparu à jamais, qu’elle n’avait qu’une envie, se jeter du haut de la plus haute tour d’Astronomie. Tout cela pour un homme qui ne l’aimait pas, tout cela pour une autre personne, pour un gars qui sortait à présent avec une autre, qui avait réussi à voler un deuxième coeur sans rendre le premier à sa propriétaire. Et même si il voulait le lui rendre, Bree n’en aurait pas voulu. Il lui appartenait, il lui appartenait pour toujours et elle le savait.
Bree retourna à la réalité, effaçant ces songes et ces rêveries, frottant d’un revers de la main discret la larme qui s’était mise à rouler sur sa joue sans qu’Aldéric ne puisse s’en rendre compte. Elle ne voulait pas pleurer, pas maintenant, elle voyait qu’à présent il était celui qui avait besoin d’elle, elle voyait qu’elle devait être là pour lui. Elle vint s’asseoir à ses côtés sur le lit, le laissant parler comme il le voulait, ne l’interrompant jamais. « Je…Je suis désolé. Je crois que ce soir je ne vais pas être capable de grand-chose. Mais…Je te dois tout de même des explications. » Elle ne comprenait pas. Elle était celle qui lui devait des explications et non l’inverse. Il ne lui devait rien. Elle eu envie de lui dire, mais la petite voix dans sa tête la fit taire, ce qu’elle fit, laissant le jeune homme continuer. « Je…J’estime que tu es en droit de savoir pourquoi j’ai disparu pendant cinq jours, sans donner de nouvelles. Je n’avais aucune excuse, surtout qu’on a Facebook maintenant, j’aurais pu laisser un message ne serait-ce que pour dire que j’allais bien. Mais ce serait mentir. » Encore une fois, elle n’était pas certaine de comprendre. Elle posa alors sa main sur la sienne, lui disant ainsi qu’elle était là pour lui, qu’il pouvait lui dire tout ce qu’il voulait, qu’il pouvait tout lui confier. « Je…Je suis retourné à Oxford. Chez moi. » Le choc. Lui qui avait toujours dit qu’il n’y retournerait jamais. C’était la ville à ne pas nommer, celle dont Bree ne mentionnait jamais l’existence en compagnie du jeune homme. Elle savait quels souvenirs s’y trouvaient, ou du moins elle avait connaissance des choses qu’Aldéric avait voulu partagé avec elle. Jamais la Summerbee ne l’avait obligé à parler, elle ne l’avait jamais questionner outre mesure. Elle l’avait toujours laissé dévoiler ce qu’il avait envie de dévoiler. « Je n’avais rien décidé, comme d’habitude. Je suis parti sur un coup de tête. C’était le jour de…De l’anniversaire de la mort de Jimmy. J’ai attrapé le dernier bus qui allait sur Oxford. Je suis arrivé tard le soir dans le quartier où j’ai grandi. » Alors elle serra sa main. Elle n’allait nulle part. Elle savait à quel point c’était pénible pour lui de lui raconter tout cela, elle l’entendait dans sa voix. Elle comprenait sa détresse et n’avait aucune intention de s’en aller comme elle l’avait fait par le passé. « je n’ai pas eu de difficultés à entrer, l’interphone était cassé, on pouvait entrer et sortir de l’immeuble comme dans un moulin. Je ne suis pas passé par chez moi, mon père m’aurait tué s’il m’aurait revu sur le seuil, surtout ce jour là. je suis monté directement sur le toit, là où tout s’est passé. Là où ma vie s’est brusquement arrêtée. » Silence. Elle ne fit aucun commentaire. Elle sentait qu’il voulait encore lui dire quelque chose, qu’il hésitait. Elle l’encouragea du regard tout en gardant le silence, elle ne voulait pas qu’il hésite à se confier à elle, au contraire, elle était là pour lui, plus que jamais. « J’ai enjambé le parapet, Bree. J’ai réellement voulu sauter. Je n’avais plus rien à perdre. Tu sais ce que Jimmy m’a dit juste avant de tomber? Qu’il voulait voler. Qu’il voulait faire décoller ce putain de balai, et lui avec. Il était persuadé qu’il était lui aussi un sorcier. Il me parlait tout le temps de Poudlard. Il aurait adoré y aller. Et moi…J’avais des tas de possibilités qu’il n’avait pas. J’ai gâché ma scolarité. J’ai rien branlé en cours, préférant m’amuser, faire le con. J’ai gâché la chance que Jimmy n’a pas eue. Hungcalf n’aura fait que d’empirer tout cela. Aujourd’hui, je suis quoi? Un raté. Un putain de raté qui est même pas foutu d’avoir ses examens en première session, et qui s’en fout. C’est probablement ça le pire. » Elle soupira. Son coeur se fit gros dans sa poitrine. Elle comprenait ce qu’il ressentait. Elle le ressentait aussi. A cause de sa mère, à cause de son père, à cause de Sawyer. Elle avait aussi cette impression de n’être qu’une ratée. Elle ne savait même pas comment elle réussissait à l’école, comment elle parvenait à suivre en classe alors qu’elle ne faisait rien. Elle avait envie de lui dire qu’elle savait qu’il était tout sauf un raté, qu’il avait encore la possibilité de se prouver qu’il avait tord. Elle avait envie de le réconforter, de le rassurer, de lui dire que si elle était là aujourd’hui, c’était bien la preuve qu’il n’était pas ce qu’il prétendait être car il avait réussi à lui rendre le sourire si souvent par le passé, à être là pour elle. Il était un ami formidable, une personne exceptionnelle. « Ecoute. Je sais que tu n’es pas ce raté que tu prétends être. Tu es une personne formidable Aldéric. Tu as toujours été là pour moi, même quand j’était dans le fond du gouffre. Je sais que je ne peux enlever la culpabilité qui t’habites, pourtant si tu savais comme je le voudrais. » Elle se tut. Repensa à cette conversation avec sa mère. « Il y a une semaine, quand mes parents m’ont mise dehors, ma mère m’a dit que j’avais gâché la meilleure chose que j’avais jamais faite avec Sawyer, alors que c’est lui qui m’a plaquée. Elle m’a dit qu’elle ne savait même pas comment elle avait pu avoir une fille comme moi, une ratée, une fouteuse de merde. Depuis, chaque nuit je rêve de la même chose, je saute de la tour d’Hungcalf et je finis par m’écraser. Après, je vois ma mère se réjouir et mon père s’en moquer. » Bree laissa le silence s’installer. Elle réfléchissait à tout cela. La mort, ce serait trop simple. Elle ne voulait pas abandonner alors qu’elle avait l’impression qu’il y avait encore tant à vivre. Elle serra la main d’Aldéric, le força à la regarder droit dans les yeux. « Il y a des gens qui tiennent à toi sur cette terre. J’en fais partie. Je ne serais jamais revenue vers toi si je ne tenais pas à toi. Tu es une partie importante de ma vie, de ma survie. Je n’aurais pas survécu à toutes ces années sans toi. » Elle lui sourit. Un sourire doux, tendre, un sourire qui s’effaça bien vite alors qu’elle recouvrait son sérieux. Il se tourna alors vers elle, une pilule dans chaque main. « Tu te souviens, quand on a regardé Matrix, il y a longtemps de cela? Admettons que tu sois Neo, et que je sois Mephisto. Je te propose une pilule bleue et une pilule rouge. La pilule rouge serait mère de toutes les illusions, tandis que la pilule bleue déclinerait la réalité telle qu’elle est, même si elle est médiocre. Alors Bree, laquelle choisirais-tu? La bleue ou la rouge? » Elle réfléchit. Longuement. La tentation de prendre la rouge était grande, oublier toutes ces merdes, tout oublier. Mais elle savait que le retour à la réalité serait brutal, douloureux, qu’il la replongerait dans un trou dont elle ne parviendrait plus à se sortir. A une époque, elle aurait choisi la rouge, elle le savait. Aujourd’hui, elle n’était plus sûre. « Je ne veux plus me cacher. Ma tête me dit de prendre la rouge, de faire taire la douleur, mon coeur me dit de prendre la bleue et d’affronter tout cela. » Elle inspira, prit la pilule bleu et l’avala avec un trait de whisky. Elle appréhendait déjà le contre-coup, la douleur qui s’emparerait de tout son corps. Pourtant Bree voulait affronter tout cela et c’était Aldéric lui-même qui l’en avait convaincue avec son histoire. Elle aussi ne voulait plus être une ratée, elle aussi voulait devenir meilleure et pour avancer elle savait qu’elle devait affronter ce qui la figeait.
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Jeu 23 Sep 2010 - 16:15
Il y avait dans son regard une lueur étrange, indéfinissable. Mais à mesure que je la comprenais, que je réussissais à la déchiffrer, une vieille douleur, que je pensais avoir oubliée, venait de se raviver. Mais ce n’était pas un mal sourd, comme de ceux dont j’avais l’habitude. C’était une brûlure bien plus dévorante, tout en étant diffuse. Je me sentais m’incinérer de l’intérieur, comme si un feu furieux consumait mes entrailles, laissant une perpétuelle sensation de malaise. Les lèvres de Breeony avaient laissé sur les miennes un goût amer, celui d’un sentiment non partagé. Cela se voyait dans ses prunelles qu’elle était encore totalement mordue de Sawyer. Elle était avec moi, mais pensait encore à lui. J’avais le sentiment cuisant de ne pas exister, de n’être que secondaire. Dans ma tête, Dame Paranoïa commençait à semer ses idées délétères, m’enfonçant encore plus dans mes doutes. Et toutes ces hypothèses ne faisaient que de m’enliser dans un mal déjà trop présent. Je l’avais attendue, espérée, parfois à en perdre à la raison. Je voulais qu’elle se rende compte que Sawyer n’était pas fait pour elle. Si nous étions tellement semblables, autant dans le fond que dans la forme, ce n’était pas probablement un hasard. Ce n’était qu’en sa présence que je me sentais enfin complet. Le reste du temps, j’étais éparpillé en mille morceaux, l’ensemble éprouvant de nombreuses difficultés à maintenir sa cohésion. Elle seule était capable de me régénérer. Et à présent que je la retrouvais, je m’étais aperçu à quel point elle m’avait manqué. J’étais ce qu’on appelle couramment un handicapé sentimental, jamais capable de m’attacher aux autres, alors d’ici à les aimer…C’était sans compter mon côté excessif. Je faisais tout dans les extrêmes, surtout lorsqu’il s’agissait des sentiments. Je me liais rarement aux autres, mais quand tel était le cas, ce n’était sûrement pas à moitié. Quand j’aimais, c’était totalement, inconditionnellement, aveuglément. Et si de tels ressentis pouvaient me donner des ailes, une fois qu’ils me quittaient, ils étaient tout aussi bien capables de me détruire. Je ne comprenais pas tout ce qui m’habitait, peut-être que cela m’effrayait même. Je refusais de le nommer, tout simplement, par pur esprit de contradiction. Par peur d’être déçu.
Et déçu, je l’étais, profondément. En plus d’avoir la haine. Ce sentiment cuisant d’injustice qui me harcelait. J’aurais dû être content de revoir Breeony après tout ce temps. Mais à mesure que je prenais conscience de ce qui se passait, des sentiments qui lui déchiraient les entrailles, rendant son cœur exsangue, je me sentais mourir de même, à petit feu, absorbant toute sa douleur, sa colère et sa frustration. J’avais de la peine pour elle, mais aussi pour moi. Je n’aimais pas la voir dans de tels états, surtout pas à cause de Sawyer. Je ne supportais pas d’être les bras qui consolent quand c’était un autre type qui l’avait brisée. Surtout quand elle pensait encore au type en question quand bien même elle était avec moi. Tout ce que je faisais, il l’avait déjà fait avant moi. Il avait profité des étreintes de la belle, de ses lèvres douces, de son goût sucré. Il avait eu le droit à ses mots d’amour, il avait contemplé des dizaines de fois les étoiles qu’elle avait dans les yeux en sa présence. Désormais, il n’y avait plus rien dans les yeux de Breeony, juste une tristesse infinie, une plaie béante à la place de son cœur. Il avait détruit l’une des personnes qui comptaient le plus pour moi, et je lui en voulais pour cela. Moi aussi j’aurais voulu la connaître radieuse, heureuse, être la cause de toute cette béatitude, mais je me contentais de panser ses blessures, et réparer son cœur brisé qui appartenait à un autre. Je n’étais rien d’autre, si ce n’est qu’un médicament, un remède contre ce mal qui la rongeait de l’intérieur et qui la faisait agoniser depuis quelques mois déjà. Et une fois guérie, qu’adviendrait-il d’elle, de nous? Allait-elle m’abandonner encore une fois, comme elle l’avait déjà fait quand elle est sortie avec Sawyer, mettant ainsi un terme à au moins quatre ans de relation libre et sans attache? Peut-être que pour vous la dénomination relation libre signifie avoir la possibilité d’aller voir ailleurs sans nécessairement rendre de comptes à l’autre, mais pour moi cette année de coupure n’était pas rien.
Quand elle m’a annoncé du jour au lendemain qu’il valait mieux qu’on cesse de se voir, qu’à présent elle était avec mon ami, j’ai ressenti le tout comme une trahison violente, un crime de lèse-majesté, une faute de goût considérable. Des jours entiers, des mois même, je m’en suis voulu d’avoir été aussi lâche, de ne rien avoir voulu admettre ou assumer ce que je ressentais à son égard. C’est avec moi qu’elle aurait du être, pas lui. Je ne faisais que payer les pots cassés, subissant les conséquences directes de mes préjugés et mes non-dits. La tête déraisonnablement dure, j’avais toujours dit à qui voulait l’entendre que je n’étais pas disposé à être en couple, et que je ne changerai pas d’avis de sitôt. Je m’en étais mordu les doigts. J’avais laissé filer la Summerbee. J’avoue toutefois lui avoir tourné le dos. Je ne pouvais pas rester simplement ami avec elle, encore moins quand j’avais dans l’esprit ses courbes divines, la douceur de ses cheveux d’or, son parfum capiteux et sensuel, le goût de ses lèvres, nos deux corps enlacés sous les draps, les confidences à demi-mot. En partant avec Sawyer, elle avait détruit l’essence même de notre relation, ce qui m’a immanquablement amené à reconsidérer les choses. Moins je voyais le couple et mieux je me portais. Je devais tirer un trait sur elle, même si je devais en crever. J’ai connu quelques filles de passage depuis, beaucoup trop. Des nuits trop courtes, entre alcool et cocaïne, du sexe vite fait, parfois sans plaisir, juste pour oublier ce sentiment que je m’étais acharné à étouffer dans l’œuf. Mais quand elle eut franchi la porte de ma chambre, tout m’était revenu, en pleine face, comme un putain de boomerang que je n’avais jamais lancé. Il y avait tant de choses que j’aurais pu lui dire, notamment tout ce qui venait de me traverser l’esprit, mais j’étais trop lâche pour en assumer les conséquences. Dès lors, j’ai choisi de raconter mon cauchemar estival, sans doute pour la faire culpabiliser un peu de m’avoir laissé dans un sale état pour savourer de son côté son bonheur tout neuf. N’empêche que nos discussions jusqu’à plus d’heure m’avaient manqué, et c’est presque avec plaisir que je lui rouvrais mon cœur exsangue. Mon désir de me confier avait pris le pas sur mon semblant de rancœur. Et à présent que nos doigts étaient enlacés, comme avant, je me demandais s’il y avait un sens à tout ce bordel, auquel je comprendrai sans doute jamais rien.
« Ecoute. Je sais que tu n’es pas ce raté que tu prétends être. Tu es une personne formidable Aldéric. Tu as toujours été là pour moi, même quand j’était dans le fond du gouffre. Je sais que je ne peux enlever la culpabilité qui t’habites, pourtant si tu savais comme je le voudrais. » Je ne pus m’empêcher d’arquer un sourcil sceptique. Je n’étais pas du tout convaincu par ce que je disais. J’étais loin d’être formidable. Je devais bien faire pâle figure à côté de celui qui l’avait laissée. Sitôt l’incrédulité passée, je m’étais rembruni, toujours aussi imperméable aux compliments. « Il y a une semaine, quand mes parents m’ont mise dehors, ma mère m’a dit que j’avais gâché la meilleure chose que j’avais jamais faite avec Sawyer, alors que c’est lui qui m’a plaquée. Elle m’a dit qu’elle ne savait même pas comment elle avait pu avoir une fille comme moi, une ratée, une fouteuse de merde. Depuis, chaque nuit je rêve de la même chose, je saute de la tour d’Hungcalf et je finis par m’écraser. Après, je vois ma mère se réjouir et mon père s’en moquer. » Ses mots me faisaient démesurément mal. Quand elle évoqua la tour d’astronomie, l’image furtive et sournoise d’un gamin tombant d’une tour d’immeubles passa en l’espace d’un instant. Bientôt, l’image de Bree et de Jimmy se superposèrent, et je me crispai d’autant plus. La sensation d’asphyxie m’avait de nouveau gagné, et j’éprouvais de grosses difficultés à la regarder dans les yeux. Je ne voulais pas y voir l’ombre de Sawyer. « Il y a des gens qui tiennent à toi sur cette terre. J’en fais partie. Je ne serais jamais revenue vers toi si je ne tenais pas à toi. Tu es une partie importante de ma vie, de ma survie. Je n’aurais pas survécu à toutes ces années sans toi. » j’aurais pu hausser les épaules, m’enfermant dans mon scepticisme. J’ignorais si c’étaient des paroles sincères ou juste de circonstances. Parce que si elle tenait à moi, elle ne m’aurait jamais abandonné, elle ne m’aurait pas préféré un autre. Je finis par soupirer lourdement, abandonnant pour le moment la discussion. Le regard sombre, j’avais fouillé dans le tiroir dans la table de chevet, pour lui proposer une pilule. Un de ces cachets magiques qui faisaient tout disparaître pour un temps déterminé, n’apportant qu’un bonheur artificiel et éphémère. Une grosse arnaque, en somme. « Je ne veux plus me cacher. Ma tête me dit de prendre la rouge, de faire taire la douleur, mon coeur me dit de prendre la bleue et d’affronter tout cela. » Je souris vaguement à sa réflexion. Je fonctionnais de la même manière. Je m’étais abruti avec tout ça, préférant une réalité factice et tellement meilleure, tant et si bien que, quand les effets se dissipaient, j’en revenais toujours au même point. Je hochai la tête, en prenant la rouge, celle qu’elle m’avait laissée. Le visage fermé, tout comme les yeux, je me laissais gagner par les sensations euphorisantes que le cachet d’ecstasy distillait dans mon organisme. Je sentis mon pouls s’accélérer légèrement, mon cœur battre plus fort. Je finis par me pencher vers Breeony, le menton effleurant doucement son épaule, tandis que je murmurai d’une voix rauque. « Tu m’as manqué, tu sais? Je me suis demandé si tu allais revenir un jour. Ne m’abandonne plus jamais. Je ne le supporterais pas. » Mes lèvres effleurèrent doucement les siennes. J’avais encore sur le bout de la langue le goût du whisky écossais stagnant désormais dans nos verres à moitié vides. « Tu es à moi, Breeony. Tu l’as toujours été. La réciproque est sans doute vraie, mais on a jamais été foutus de le piger. Maintenant que je t’ai retrouvée, je ne te laisserai jamais partir. » L’idée que je puisse dire n’importe-quoi ne m’effleura pas l’esprit. Je laissais juste mon âme, mon instinct, mes envies s’exprimer. Et comme pour illustrer cette promesse tacite que je venais de lui faire, mes lèvres vinrent s’emparer des siennes, à la fois avec douceur et brutalité. Dans un sens, c’était rassurant de voir que rien n’a changé. Je n’étais toujours pas rassasié d’elle, je ne le serai sans doute jamais, la distance et l’inaccessible n’auront fait que d’augmenter ma faim d’elle, à tel point que ça en était déraisonnable.
Et déçu, je l’étais, profondément. En plus d’avoir la haine. Ce sentiment cuisant d’injustice qui me harcelait. J’aurais dû être content de revoir Breeony après tout ce temps. Mais à mesure que je prenais conscience de ce qui se passait, des sentiments qui lui déchiraient les entrailles, rendant son cœur exsangue, je me sentais mourir de même, à petit feu, absorbant toute sa douleur, sa colère et sa frustration. J’avais de la peine pour elle, mais aussi pour moi. Je n’aimais pas la voir dans de tels états, surtout pas à cause de Sawyer. Je ne supportais pas d’être les bras qui consolent quand c’était un autre type qui l’avait brisée. Surtout quand elle pensait encore au type en question quand bien même elle était avec moi. Tout ce que je faisais, il l’avait déjà fait avant moi. Il avait profité des étreintes de la belle, de ses lèvres douces, de son goût sucré. Il avait eu le droit à ses mots d’amour, il avait contemplé des dizaines de fois les étoiles qu’elle avait dans les yeux en sa présence. Désormais, il n’y avait plus rien dans les yeux de Breeony, juste une tristesse infinie, une plaie béante à la place de son cœur. Il avait détruit l’une des personnes qui comptaient le plus pour moi, et je lui en voulais pour cela. Moi aussi j’aurais voulu la connaître radieuse, heureuse, être la cause de toute cette béatitude, mais je me contentais de panser ses blessures, et réparer son cœur brisé qui appartenait à un autre. Je n’étais rien d’autre, si ce n’est qu’un médicament, un remède contre ce mal qui la rongeait de l’intérieur et qui la faisait agoniser depuis quelques mois déjà. Et une fois guérie, qu’adviendrait-il d’elle, de nous? Allait-elle m’abandonner encore une fois, comme elle l’avait déjà fait quand elle est sortie avec Sawyer, mettant ainsi un terme à au moins quatre ans de relation libre et sans attache? Peut-être que pour vous la dénomination relation libre signifie avoir la possibilité d’aller voir ailleurs sans nécessairement rendre de comptes à l’autre, mais pour moi cette année de coupure n’était pas rien.
Quand elle m’a annoncé du jour au lendemain qu’il valait mieux qu’on cesse de se voir, qu’à présent elle était avec mon ami, j’ai ressenti le tout comme une trahison violente, un crime de lèse-majesté, une faute de goût considérable. Des jours entiers, des mois même, je m’en suis voulu d’avoir été aussi lâche, de ne rien avoir voulu admettre ou assumer ce que je ressentais à son égard. C’est avec moi qu’elle aurait du être, pas lui. Je ne faisais que payer les pots cassés, subissant les conséquences directes de mes préjugés et mes non-dits. La tête déraisonnablement dure, j’avais toujours dit à qui voulait l’entendre que je n’étais pas disposé à être en couple, et que je ne changerai pas d’avis de sitôt. Je m’en étais mordu les doigts. J’avais laissé filer la Summerbee. J’avoue toutefois lui avoir tourné le dos. Je ne pouvais pas rester simplement ami avec elle, encore moins quand j’avais dans l’esprit ses courbes divines, la douceur de ses cheveux d’or, son parfum capiteux et sensuel, le goût de ses lèvres, nos deux corps enlacés sous les draps, les confidences à demi-mot. En partant avec Sawyer, elle avait détruit l’essence même de notre relation, ce qui m’a immanquablement amené à reconsidérer les choses. Moins je voyais le couple et mieux je me portais. Je devais tirer un trait sur elle, même si je devais en crever. J’ai connu quelques filles de passage depuis, beaucoup trop. Des nuits trop courtes, entre alcool et cocaïne, du sexe vite fait, parfois sans plaisir, juste pour oublier ce sentiment que je m’étais acharné à étouffer dans l’œuf. Mais quand elle eut franchi la porte de ma chambre, tout m’était revenu, en pleine face, comme un putain de boomerang que je n’avais jamais lancé. Il y avait tant de choses que j’aurais pu lui dire, notamment tout ce qui venait de me traverser l’esprit, mais j’étais trop lâche pour en assumer les conséquences. Dès lors, j’ai choisi de raconter mon cauchemar estival, sans doute pour la faire culpabiliser un peu de m’avoir laissé dans un sale état pour savourer de son côté son bonheur tout neuf. N’empêche que nos discussions jusqu’à plus d’heure m’avaient manqué, et c’est presque avec plaisir que je lui rouvrais mon cœur exsangue. Mon désir de me confier avait pris le pas sur mon semblant de rancœur. Et à présent que nos doigts étaient enlacés, comme avant, je me demandais s’il y avait un sens à tout ce bordel, auquel je comprendrai sans doute jamais rien.
« Ecoute. Je sais que tu n’es pas ce raté que tu prétends être. Tu es une personne formidable Aldéric. Tu as toujours été là pour moi, même quand j’était dans le fond du gouffre. Je sais que je ne peux enlever la culpabilité qui t’habites, pourtant si tu savais comme je le voudrais. » Je ne pus m’empêcher d’arquer un sourcil sceptique. Je n’étais pas du tout convaincu par ce que je disais. J’étais loin d’être formidable. Je devais bien faire pâle figure à côté de celui qui l’avait laissée. Sitôt l’incrédulité passée, je m’étais rembruni, toujours aussi imperméable aux compliments. « Il y a une semaine, quand mes parents m’ont mise dehors, ma mère m’a dit que j’avais gâché la meilleure chose que j’avais jamais faite avec Sawyer, alors que c’est lui qui m’a plaquée. Elle m’a dit qu’elle ne savait même pas comment elle avait pu avoir une fille comme moi, une ratée, une fouteuse de merde. Depuis, chaque nuit je rêve de la même chose, je saute de la tour d’Hungcalf et je finis par m’écraser. Après, je vois ma mère se réjouir et mon père s’en moquer. » Ses mots me faisaient démesurément mal. Quand elle évoqua la tour d’astronomie, l’image furtive et sournoise d’un gamin tombant d’une tour d’immeubles passa en l’espace d’un instant. Bientôt, l’image de Bree et de Jimmy se superposèrent, et je me crispai d’autant plus. La sensation d’asphyxie m’avait de nouveau gagné, et j’éprouvais de grosses difficultés à la regarder dans les yeux. Je ne voulais pas y voir l’ombre de Sawyer. « Il y a des gens qui tiennent à toi sur cette terre. J’en fais partie. Je ne serais jamais revenue vers toi si je ne tenais pas à toi. Tu es une partie importante de ma vie, de ma survie. Je n’aurais pas survécu à toutes ces années sans toi. » j’aurais pu hausser les épaules, m’enfermant dans mon scepticisme. J’ignorais si c’étaient des paroles sincères ou juste de circonstances. Parce que si elle tenait à moi, elle ne m’aurait jamais abandonné, elle ne m’aurait pas préféré un autre. Je finis par soupirer lourdement, abandonnant pour le moment la discussion. Le regard sombre, j’avais fouillé dans le tiroir dans la table de chevet, pour lui proposer une pilule. Un de ces cachets magiques qui faisaient tout disparaître pour un temps déterminé, n’apportant qu’un bonheur artificiel et éphémère. Une grosse arnaque, en somme. « Je ne veux plus me cacher. Ma tête me dit de prendre la rouge, de faire taire la douleur, mon coeur me dit de prendre la bleue et d’affronter tout cela. » Je souris vaguement à sa réflexion. Je fonctionnais de la même manière. Je m’étais abruti avec tout ça, préférant une réalité factice et tellement meilleure, tant et si bien que, quand les effets se dissipaient, j’en revenais toujours au même point. Je hochai la tête, en prenant la rouge, celle qu’elle m’avait laissée. Le visage fermé, tout comme les yeux, je me laissais gagner par les sensations euphorisantes que le cachet d’ecstasy distillait dans mon organisme. Je sentis mon pouls s’accélérer légèrement, mon cœur battre plus fort. Je finis par me pencher vers Breeony, le menton effleurant doucement son épaule, tandis que je murmurai d’une voix rauque. « Tu m’as manqué, tu sais? Je me suis demandé si tu allais revenir un jour. Ne m’abandonne plus jamais. Je ne le supporterais pas. » Mes lèvres effleurèrent doucement les siennes. J’avais encore sur le bout de la langue le goût du whisky écossais stagnant désormais dans nos verres à moitié vides. « Tu es à moi, Breeony. Tu l’as toujours été. La réciproque est sans doute vraie, mais on a jamais été foutus de le piger. Maintenant que je t’ai retrouvée, je ne te laisserai jamais partir. » L’idée que je puisse dire n’importe-quoi ne m’effleura pas l’esprit. Je laissais juste mon âme, mon instinct, mes envies s’exprimer. Et comme pour illustrer cette promesse tacite que je venais de lui faire, mes lèvres vinrent s’emparer des siennes, à la fois avec douceur et brutalité. Dans un sens, c’était rassurant de voir que rien n’a changé. Je n’étais toujours pas rassasié d’elle, je ne le serai sans doute jamais, la distance et l’inaccessible n’auront fait que d’augmenter ma faim d’elle, à tel point que ça en était déraisonnable.
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Lun 27 Sep 2010 - 22:00
Son cœur brulait dans sa poitrine. Il brulait de sentiments qui la dépassaient, d’incompréhensions qui la tourmentaient un peu plus chaque jour. Son cœur brulait de doutes qui brisaient tout sur leur passage, tous ces sentiments qui se mêlaient en elle et remettaient en question tout ce qu’elle essayait de construire depuis quelques temps maintenant, des sentiments qui lui rappelaient la douleur vécue durant l’été passé. De plus en plus, elle revoyait ces souvenirs qu’elle essayait d’enfuir dans les tréfonds de sa mémoire, des souvenirs qu’elle tenait d’oublier tant bien que mal tant ils la dévastaient de l’intérieur, la consumant, la dévorant sans qu’elle ne puisse en parler réellement. Elle ne voulait pas en parler, tout simplement. Elle ne voulait pas que les gens cherchent à la comprendre, car aucun ne pouvait comprendre qu’elle était incapable d’être heureuse même si elle avait toutes les raisons du monde de l’être. Elle ne voulait pas étendre ses faiblesses aux yeux du monde, elle ne voulait pas que les gens prennent conscience de ces doutes qui la rongeaient. Elle voulait donner le change, Bree voulait qu’on croit qu’elle allait bien, qu’elle était redevenue elle-même, mais quelque chose était mort en elle, quelque chose qu’elle ne parvenait pas à retrouver, que rien ni personne ne semblait arriver à réanimer. Personne sauf Aldéric. Son coeur semblait rebattre alors qu’il l’avait serrée dans ses bras, il semblait repartir lentement, comme après une longue léthargie. Il avait reconnu son autre, celui qui semblait être réellement fait pour elle. Peut-être s’était-elle trompée après tout, peut-être que Sawyer n’avait été qu’une passage, peut-être que tout cela n’avait servi qu’à lui prouver qu’Aldéric comptait plus pour elle qu’elle ne voulait bien se l’avouer. Elle avait plus peur encore, peur de ce sentiment dans son coeur, peur de ce qui était entrain de se passer. Quelques minutes auparavant, elle pensait encore au jeune autrichien qui avait volé son coeur, à présent la donne était entrain de changer. Cela la pétrifiait. Elle n’était pas sûre de pouvoir ressentir cela à nouveau. Elle craignait de ressentir cela à cause de l’étreinte familière, à cause d’un baiser au gout de déjà vu, aux longs regards échangés. Elle se persuadait que ce n’était que son imagination qui lui jouait des tours, que rien de ce qu’elle avait l’impression de ressentir n’était réel, au contraire, c’était un sentiment factice que son coeur générait pour se guérir, elle en était certaine. Et pourtant .. Elle et Aldéric se ressemblaient tellement que s’en était troublant. Elle ressentait ce qu’il ressentait et il ressentait ce qu’elle ressentait. Elle le comprenait, il la comprenait. Jamais Bree n’avait réfléchi à toutes ces affirmations avec cette arrière pensée qui la tourmentait à présent. Pendant plus d’un an, elle s’était persuadée que Sawyer était son âme soeur, le seul qui la rendrait réellement heureuse. Par le passé, le Wright avait su la soigner, il avait su l’écouter. Elle avait ri à ses côtés, mais n’avait jamais ressenti pour lui ce qu’elle avait ressenti pour le Grymm. Ou du moins, elle ne l’avait pas pensé. A présent, l’idée s’était plantée dans son esprit et elle savait qu’elle n’en avait pas fini avec celle-ci. Elle savait que cette idée viendrait la hanter, la perturber, la tourmenter. Elle savait qu’elle y penserait même lors de ses rêves. Mais Bree avait peur. Elle craignait d’avouer à Aldéric ses doutes et ses tourments. Elle craignait de ressentir cela seulement parce qu’il était là pour elle alors qu’elle était au plus bas, elle avait peur que ces sentiments n’étaient là que pour se guérir de Sawyer, l’oublier plus facilement en somme et qu’ils disparaitraient dès que Sawyer aurait quitté son esprit. Mais après tout, la quitterait-il un jour ? Ou bien son souvenir la hanterait-il pour toujours ? De cela aussi elle avait peur. Elle ne voulait pas penser à Aldéric dans ces termes tout en étant toujours amoureuse d’un autre, tout en espérant toujours secrètement qu’il quitterait Spencer et qu’il lui reviendrait. Car Bree avait beau dire à tout le monde qu’elle s’en moquait, qu’elle ne voudrait jamais essayer de briser leur couple, elle avait beau dire qu’elle leur souhaitait tout le bonheur du monde, dans le fond il y avait toujours cette petite part d’elle-même qui espérait les voir se détruire, s’oublier, il y avait toujours cette petit part d’elle-même qui espérait que le jeune homme se rendrait compte qu’il s’était trompé de blonde et que c’était elle, Breeony, la femme de sa vie. Très vite, la jeune femme chassa ces pensées négatives de son esprit et se reconcentra sur ce qui venait la perturber. Elle sentait son coeur battre un peu plus vite au fur et à mesure que sa main se réchauffait dans celle du jeune homme, elle le sentit se mettre à battre la chamade alors qu’il planta son regard doré dans le sien.
La jeune femme se souvenait des étreintes de Sawyer, de ses baisers, de leur mot d’amour échangé entre deux regards. Elle se souvenait de ces nuits passées à la belle étoile, de ces moments qu’ils avaient vécus chaque jour et qui l’avait à jamais marquée. Mais très vite ces souvenirs s’estompèrent, laissant place à ceux qu’elle avait construit en compagnie d’Aldéric. Leurs nuits fiévreuses se glissèrent dans sa mémoire, leur confidence échangée sur l’oreiller, leur propre nuit étoilée. Elle se souvenait de ce jour où il s’était endormie dans un champ après avoir contemplé la lune, elle se souvenait de leur promenade dans le parc de Poudlard, de leur relation secrète. Personne n’avait jamais vraiment su ce qui les unissait l’un à l’autre. Beaucoup avait pensé que Bree et Aldé étaient sortis ensemble alors qu’il n’en était rien, ou du moins cela ne leur avait jamais semblé être le cas. Ils couchaient ensemble, certes, mais leur relation était plus profonde que cela. Ce n’était pas qu’une relation libre, ce n’était pas qu’une question de sexe et de confidences faites sur le coin d’un oreiller, c’était une amitié dont Bree n’avait pas saisi l’importance, c’était une âme dont Bree n’avait pas su voir la ressemblance avec sa propre âme, c’était un coeur que Bree n’avait pu remarquer auparavant. Elle voyait à présent tout ce qu’elle n’avait pas vu par le passé, elle comprenait à présent qu’Aldéric n’était pas simplement l’âme brisée et le coeur meurtri qu’elle avait toujours vu en lui. Elle réalisait à présent qu’il avait la même âme brisée qu’elle, le même coeur meurtri, elle comprenait à présent qu’elle s’était trompée, qu’elle avait pris un mauvais tournant à un moment sur le chemin de sa vie. Et plus elle y réfléchissait, plus Bree ressentait ce trou qu’il avait laissée dans sa vie alors qu’elle lui avait tourné le dos, plus elle y repensait, plus elle comprenait à quel point elle l’avait blessé et à quel point elle s’était blessée par la même occasion. Elle savait à présent que plus jamais elle ne referait la même erreur, plus jamais elle ne lui tournerait le dos. Elle devait le garder dans sa vie, pour leur bien à tous les deux, car sans lui elle n’aurait jamais l’occasion d’être entière.
Son coeur manqua un battement alors qu’elle repensait à ce fameux jour où elle lui avait dit qu’il valait mieux qu’ils arrêtent de se voir. Elle se souvenait de ce long regard qu’il lui avait lancé, de ce long regard qu’elle lui avait lancé. Cela faisait deux heures qu’elle était avec Sawyer, il était le premier à le savoir, elle était venue le voir directement, elle se souvenait de cette peur qui l’habitait alors, de ce sentiment qu’elle faisait le mauvais choix. Elle avait fait taire la petite voix dans sa tête, l’avait ignorée, mais à présent la donne était différente, elle ne pouvait que l’écouter. Elle entendait alors cette petite voix qui déjà lui disait qu’elle se trompait, qu’elle faisait le mauvais choix. Pourtant Sawyer l’avait rendue heureuse, réellement heureuse. Elle avait ri, s’était sentie entière, avait trouvé quelqu’un pour combler le trou béant de sa poitrine. Il avait trouvé les mots pour la réconforter, pour la rassurer. Il était le premier à qui elle disait les trois mots magique, le premier à qui elle ouvrait l’autre partie de son coeur, cette partie joyeuse et resplendissante qui s’était lue alors dans son regard. Mais dans le fin fond de son coeur, dans le fin fond de ses entrailles, elle avait toujours ressenti comme un manque, comme une envie qu’elle ne parvenait pas à satisfaire. Elle avait senti que ses pieds l’amenaient plus d’une fois devant cette porte qu’elle avait franchie de nombreuses fois, elle avait senti que sa tête la ramenait à ce garçon qu’elle avait essayé d’oublier. A présent, Bree se souvenait de ce qu’elle ressentait ce jour-là, ce jour où elle avait abandonné son plus fidèle ami, elle se souvenait de ce que la petite voix avait dit dans sa tête : « retiens-moi, dis-le moi, ne me laisse pas partir. » Très fort elle avait espéré un geste, un mot de la part du jeune homme, n’importe quoi qui lui aurait indiqué qu’elle faisait le mauvais choix, elle avait espéré qu’il la retienne, qu’il lui dise qu’il ne voulait pas la laisser faire, qu’il ne pouvait pas la laisser faire. Mais il n’avait rien dit, il avait juste accepté, comme elle avait accepté que Sawyer lui tourne le dos, comme elle avait accepté qu’il la quitte pour une autre. Le karma était une chose avec laquelle il ne fallait pas jouer, Bree le réalisait à présent. La jeune femme aurait pu tout lui avouer, lui dire qu’elle avait fait une erreur en lui tournant le dos, en l’abandonnant, mais elle choisit le silence, elle avait peur de ne pas réellement le penser, peur de faire du mal à Aldéric, mais surtout peur de briser ce qu’ils étaient entrain de reconstruire. Elle l’avait perdu une fois, elle ne voulait pas recommencer. Elle choisit plutôt de le réconforter, de lui dire les choses qu’elle pensait de lui, sans toutes les dire. Bree savait qu’il ne la croirait pas, pourtant à ses yeux il valait tellement plus que ce qu’il laissait penser. A ses yeux, il valait plus que Sawyer, car lui ne lui ferait jamais de mal, car lui ne l’abandonnerait jamais comme elle l’avait fait avec lui, comme le Grymm l’avait fait avec elle. Elle savait qu’il peinait à voir ce qu’elle voyait en lui, mais elle ne voulait pas le laisser dire sans réagir, même si c’était des paroles qui glisseraient sur sa carapace. La Summerbee revoyait clairement la tour, le sol, la chute vertigineuse qui l’attendait alors qu’elle contait l’histoire au jeune homme. Ses doigts se serrent un peu plus sur ceux d’Aldéric alors qu’elle sentait le vide grandir en elle, comme si celui qui lui avait fait face s’était immiscer en elle, tel un poison dans ses veines.
Le coeur de la jeune femme se mit à battre plus rapidement dans sa poitrine alors que la pilule glissait le long de sa gorge. Elle ferma les yeux, elle savait que très vite elle serait en larme à cause de cette dernière, que la douleur la ferait ployer, qu’elle la frapperait de plein fouet sans qu’elle ne puisse la contrôler. Elle sentit le menton d’Aldéric contre son épaule, sa peau frémit là où il la frôlait, elle sentit un frisson lui parcourir l’échine alors qu’elle sentait son souffle chaud dans son cou : « Tu m’as manqué, tu sais? Je me suis demandé si tu allais revenir un jour. Ne m’abandonne plus jamais. Je ne le supporterais pas. » Elle laissa couler une larme qui vint se perdre dans son cou. « Je suis désolée .. Tellement désolée .. Tu m’as tellement manqué. Je sais que tu ne me croiras pas, mais c’est la vérité. J’étais avec Sawyer, mais je pensais à toi. J’avais juste trop peur de revenir. J’avais juste trop peur de te revoir .. » Elle déglutit difficilement alors que ses lèvres vinrent effleurer les siennes dans un doux arrière gout de whisky. Il reprit la parole, ne se rendant pas compte que cette voix qu’il avait allait bientôt faire exploser le coeur de la jeune femme. Ses yeux se fermèrent alors, profitant plus encore de l’instant présent. « Tu es à moi, Breeony. Tu l’as toujours été. La réciproque est sans doute vraie, mais on a jamais été foutus de le piger. Maintenant que je t’ai retrouvée, je ne te laisserai jamais partir. » Elle ne répondit pas. Il n’y avait rien à dire. Elle se contenta de répondre avec force et passion à son baiser. Il avait raison. Elle était à lui, il était à elle. Jamais plus elle ne le quitterait, jamais plus elle ne l’abandonnerait. Elle finit par basculer en arrière, l’attirant à elle alors qu’elle s’allongeait sur le lit, posant sa tête sur les oreillers dont elle connaissait si bien l’odeur. Son coeur se mit à battre plus vite que jamais. Elle plongea son regard dans celui du jeune homme alors qu’elle reprenait son souffle et lui murmura : « Je ne t’abandonnerai plus jamais. » La douleur se réveilla en elle alors, déchirant son coeur déjà meurtri. Elle repensa aux larmes, à l’abandon, elle se souvenait du regard froid de sa mère, des paroles sans émotions de Sawyer, du dos de son père alors qu’il se moquait bien de savoir ce que sa femme venait de dire à leur unique fille. Bree aurait voulu faire taire la douleur, mais elle assumait son choix. Il fallait qu’elle l’affronte sans quoi elle ne s’en relèverait jamais. Elle embrassa à nouveau le jeune homme afin d’éloigner la douleur, afin de la sortir de son esprit. Alors qu’elle l’embrassait, alors que leur étreinte devenait de plus en plus fiévreuse, Bree comprit ses sentiments à l’égard d’Aldéric. Elle doutait toujours d’eux, mais elle ne voulait pas se pencher plus longuement sur la question, elle voulait profiter du jeune homme alors qu’elle sentait que le trou de sa poitrine se comblait peu à peu ..
La jeune femme se souvenait des étreintes de Sawyer, de ses baisers, de leur mot d’amour échangé entre deux regards. Elle se souvenait de ces nuits passées à la belle étoile, de ces moments qu’ils avaient vécus chaque jour et qui l’avait à jamais marquée. Mais très vite ces souvenirs s’estompèrent, laissant place à ceux qu’elle avait construit en compagnie d’Aldéric. Leurs nuits fiévreuses se glissèrent dans sa mémoire, leur confidence échangée sur l’oreiller, leur propre nuit étoilée. Elle se souvenait de ce jour où il s’était endormie dans un champ après avoir contemplé la lune, elle se souvenait de leur promenade dans le parc de Poudlard, de leur relation secrète. Personne n’avait jamais vraiment su ce qui les unissait l’un à l’autre. Beaucoup avait pensé que Bree et Aldé étaient sortis ensemble alors qu’il n’en était rien, ou du moins cela ne leur avait jamais semblé être le cas. Ils couchaient ensemble, certes, mais leur relation était plus profonde que cela. Ce n’était pas qu’une relation libre, ce n’était pas qu’une question de sexe et de confidences faites sur le coin d’un oreiller, c’était une amitié dont Bree n’avait pas saisi l’importance, c’était une âme dont Bree n’avait pas su voir la ressemblance avec sa propre âme, c’était un coeur que Bree n’avait pu remarquer auparavant. Elle voyait à présent tout ce qu’elle n’avait pas vu par le passé, elle comprenait à présent qu’Aldéric n’était pas simplement l’âme brisée et le coeur meurtri qu’elle avait toujours vu en lui. Elle réalisait à présent qu’il avait la même âme brisée qu’elle, le même coeur meurtri, elle comprenait à présent qu’elle s’était trompée, qu’elle avait pris un mauvais tournant à un moment sur le chemin de sa vie. Et plus elle y réfléchissait, plus Bree ressentait ce trou qu’il avait laissée dans sa vie alors qu’elle lui avait tourné le dos, plus elle y repensait, plus elle comprenait à quel point elle l’avait blessé et à quel point elle s’était blessée par la même occasion. Elle savait à présent que plus jamais elle ne referait la même erreur, plus jamais elle ne lui tournerait le dos. Elle devait le garder dans sa vie, pour leur bien à tous les deux, car sans lui elle n’aurait jamais l’occasion d’être entière.
Son coeur manqua un battement alors qu’elle repensait à ce fameux jour où elle lui avait dit qu’il valait mieux qu’ils arrêtent de se voir. Elle se souvenait de ce long regard qu’il lui avait lancé, de ce long regard qu’elle lui avait lancé. Cela faisait deux heures qu’elle était avec Sawyer, il était le premier à le savoir, elle était venue le voir directement, elle se souvenait de cette peur qui l’habitait alors, de ce sentiment qu’elle faisait le mauvais choix. Elle avait fait taire la petite voix dans sa tête, l’avait ignorée, mais à présent la donne était différente, elle ne pouvait que l’écouter. Elle entendait alors cette petite voix qui déjà lui disait qu’elle se trompait, qu’elle faisait le mauvais choix. Pourtant Sawyer l’avait rendue heureuse, réellement heureuse. Elle avait ri, s’était sentie entière, avait trouvé quelqu’un pour combler le trou béant de sa poitrine. Il avait trouvé les mots pour la réconforter, pour la rassurer. Il était le premier à qui elle disait les trois mots magique, le premier à qui elle ouvrait l’autre partie de son coeur, cette partie joyeuse et resplendissante qui s’était lue alors dans son regard. Mais dans le fin fond de son coeur, dans le fin fond de ses entrailles, elle avait toujours ressenti comme un manque, comme une envie qu’elle ne parvenait pas à satisfaire. Elle avait senti que ses pieds l’amenaient plus d’une fois devant cette porte qu’elle avait franchie de nombreuses fois, elle avait senti que sa tête la ramenait à ce garçon qu’elle avait essayé d’oublier. A présent, Bree se souvenait de ce qu’elle ressentait ce jour-là, ce jour où elle avait abandonné son plus fidèle ami, elle se souvenait de ce que la petite voix avait dit dans sa tête : « retiens-moi, dis-le moi, ne me laisse pas partir. » Très fort elle avait espéré un geste, un mot de la part du jeune homme, n’importe quoi qui lui aurait indiqué qu’elle faisait le mauvais choix, elle avait espéré qu’il la retienne, qu’il lui dise qu’il ne voulait pas la laisser faire, qu’il ne pouvait pas la laisser faire. Mais il n’avait rien dit, il avait juste accepté, comme elle avait accepté que Sawyer lui tourne le dos, comme elle avait accepté qu’il la quitte pour une autre. Le karma était une chose avec laquelle il ne fallait pas jouer, Bree le réalisait à présent. La jeune femme aurait pu tout lui avouer, lui dire qu’elle avait fait une erreur en lui tournant le dos, en l’abandonnant, mais elle choisit le silence, elle avait peur de ne pas réellement le penser, peur de faire du mal à Aldéric, mais surtout peur de briser ce qu’ils étaient entrain de reconstruire. Elle l’avait perdu une fois, elle ne voulait pas recommencer. Elle choisit plutôt de le réconforter, de lui dire les choses qu’elle pensait de lui, sans toutes les dire. Bree savait qu’il ne la croirait pas, pourtant à ses yeux il valait tellement plus que ce qu’il laissait penser. A ses yeux, il valait plus que Sawyer, car lui ne lui ferait jamais de mal, car lui ne l’abandonnerait jamais comme elle l’avait fait avec lui, comme le Grymm l’avait fait avec elle. Elle savait qu’il peinait à voir ce qu’elle voyait en lui, mais elle ne voulait pas le laisser dire sans réagir, même si c’était des paroles qui glisseraient sur sa carapace. La Summerbee revoyait clairement la tour, le sol, la chute vertigineuse qui l’attendait alors qu’elle contait l’histoire au jeune homme. Ses doigts se serrent un peu plus sur ceux d’Aldéric alors qu’elle sentait le vide grandir en elle, comme si celui qui lui avait fait face s’était immiscer en elle, tel un poison dans ses veines.
Le coeur de la jeune femme se mit à battre plus rapidement dans sa poitrine alors que la pilule glissait le long de sa gorge. Elle ferma les yeux, elle savait que très vite elle serait en larme à cause de cette dernière, que la douleur la ferait ployer, qu’elle la frapperait de plein fouet sans qu’elle ne puisse la contrôler. Elle sentit le menton d’Aldéric contre son épaule, sa peau frémit là où il la frôlait, elle sentit un frisson lui parcourir l’échine alors qu’elle sentait son souffle chaud dans son cou : « Tu m’as manqué, tu sais? Je me suis demandé si tu allais revenir un jour. Ne m’abandonne plus jamais. Je ne le supporterais pas. » Elle laissa couler une larme qui vint se perdre dans son cou. « Je suis désolée .. Tellement désolée .. Tu m’as tellement manqué. Je sais que tu ne me croiras pas, mais c’est la vérité. J’étais avec Sawyer, mais je pensais à toi. J’avais juste trop peur de revenir. J’avais juste trop peur de te revoir .. » Elle déglutit difficilement alors que ses lèvres vinrent effleurer les siennes dans un doux arrière gout de whisky. Il reprit la parole, ne se rendant pas compte que cette voix qu’il avait allait bientôt faire exploser le coeur de la jeune femme. Ses yeux se fermèrent alors, profitant plus encore de l’instant présent. « Tu es à moi, Breeony. Tu l’as toujours été. La réciproque est sans doute vraie, mais on a jamais été foutus de le piger. Maintenant que je t’ai retrouvée, je ne te laisserai jamais partir. » Elle ne répondit pas. Il n’y avait rien à dire. Elle se contenta de répondre avec force et passion à son baiser. Il avait raison. Elle était à lui, il était à elle. Jamais plus elle ne le quitterait, jamais plus elle ne l’abandonnerait. Elle finit par basculer en arrière, l’attirant à elle alors qu’elle s’allongeait sur le lit, posant sa tête sur les oreillers dont elle connaissait si bien l’odeur. Son coeur se mit à battre plus vite que jamais. Elle plongea son regard dans celui du jeune homme alors qu’elle reprenait son souffle et lui murmura : « Je ne t’abandonnerai plus jamais. » La douleur se réveilla en elle alors, déchirant son coeur déjà meurtri. Elle repensa aux larmes, à l’abandon, elle se souvenait du regard froid de sa mère, des paroles sans émotions de Sawyer, du dos de son père alors qu’il se moquait bien de savoir ce que sa femme venait de dire à leur unique fille. Bree aurait voulu faire taire la douleur, mais elle assumait son choix. Il fallait qu’elle l’affronte sans quoi elle ne s’en relèverait jamais. Elle embrassa à nouveau le jeune homme afin d’éloigner la douleur, afin de la sortir de son esprit. Alors qu’elle l’embrassait, alors que leur étreinte devenait de plus en plus fiévreuse, Bree comprit ses sentiments à l’égard d’Aldéric. Elle doutait toujours d’eux, mais elle ne voulait pas se pencher plus longuement sur la question, elle voulait profiter du jeune homme alors qu’elle sentait que le trou de sa poitrine se comblait peu à peu ..
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Mer 29 Sep 2010 - 13:12
Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais complet. Je ne me sentais plus éparpillé en mille morceaux, j’avais gagné ma paix intérieure, celle que je ne pouvais obtenir par tous les autres moyens que je connaissais. Se rendait-elle compte à quel point elle pouvait être importante pour moi, nécessaire à ma survie? J’avais pourtant dû me faire une raison. Elle n’était pas pour moi, elle était à un autre. D’une certaine manière, elle le serait toujours. Tout comme une part de moi-même appartiendrait toujours à Orphée. J’avais préféré laisser Breeony partir plutôt que la partager. La seule perspective de la voir avec son nouveau gars avait de quoi me rendre malade. Jamais je n’avais autant eu l’impression de compter pour du beurre, d’être obsolète. Avais-je seulement déjà compté pour quelqu’un? J’avoue y avoir souvent pensé. Que si je venais à mourir un jour, il n’y aurait personne pour me pleurer. Peut-être qu’Ekstasy serait triste, mais elle s’en remettrait. Elle était forte. Le pire dans tout ça, c’est que mes parents, eux, n’en auraient probablement rien à foutre. Mon père serait probablement content de s’être débarrassé du rejeton qui fut pour la famille comme un fléau. Ma mère pleurerait sans doute la disparition de son fils aîné pour peu qu’elle ait encore toute sa tête pour s’en rendre compte. Je soupirai lourdement, tandis que je laissais ces pensées délétères empoisonner mon esprit. L’atmosphère me parut plus chargé, plus lourd. J’avais besoin d’une nouvelle clope, mais le cadavre du paquet, que j’avais broyé en prenant la dernière, gisait sur la couverture qui par endroits commençait à s’effilocher. Je n’allais pas mal. C’est juste moi qui refusait que tout aille bien. À croire que j’avais fini par me complaire dans ma douleur. Mais je ne faisais pas ça pour me faire plaindre. J’en avais rien à foutre de ce que les autres pouvaient bien penser. C’était juste ma manière de voir les choses. J’avais besoin du drame comme d’autres avaient besoin d’amour. Ah, l’amour. Tant de gens en rêvaient, mais ce n’était pas un élément de ma conception du bonheur. Au contraire, pour moi, ce n’était qu’un concept flou, abstrait, à la limite de l’inexistence.
Dans tous les cas, Bree avait été heureuse. Sawyer l’avait rendue heureuse, bien plus probablement que je ne l’aurais jamais fait. Je n’envisageais pas que quelqu’un puisse être heureux en ma présence. J’étais bien trop hanté, bien trop sombre. A long terme, je finissais par rendre les gens dingues, à ne jamais savoir ce que je voulais, à toujours voir les choses du mauvais côté. Alors j’avais fini par l’admettre, bien que cela m’en avait coûté. Ce n’était peut-être pas plus mal qu’elle se retrouve avec le Grymm. Je lui aurais au moins épargné des crises de larmes supplémentaires. Parce qu’à présent, je n’étais pas sûr d’être le genre de type qu’il lui faut. De toute évidence, nous n’appartenions pas à la même classe sociale. J’étais un jeune délinquant, au passé lourd et sulfureux. On me connaissait au moins de nom, pour mes nombreuses frasques: j’étais celui qui collectionnait les aventures d’un soir, j’en avais tellement à mon actif que je m’en dégoûtais moi-même. J’étais un bagarreur, un fouteur de merde, mêlé dans des histoires pas nettes. Je revendais même de la drogue pour avoir un peu d’argent de poche. Non, sans aucun doute, elle méritait mieux. Elle méritait…Un gars comme Sawyer. Ouais. J’avais pas envie de l’embarquer dans mes embrouilles, que sa vie soit encore plus difficile à cause de moi. Je ne voulais pas qu’elle voit en moi le prince charmant dont toutes les petites filles rêvent au moins une fois dans leur vie. Je n’étais pas un prince, j’étais encore moins charmant. « Je suis désolée .. Tellement désolée .. Tu m’as tellement manqué. Je sais que tu ne me croiras pas, mais c’est la vérité. J’étais avec Sawyer, mais je pensais à toi. J’avais juste trop peur de revenir. J’avais juste trop peur de te revoir .. » en lui pardonnant de m’avoir laissé, j’ai su que j’avais fait le bon choix. Je ne savais plus comment vivre sans elle. Elle n’était pas une partie de ma vie. Elle était la vie, avec un grand V. Elle était rayonnante, magnifique, et voir tant de détresse dans son regard était un véritable crève-cœur. Je me jurai alors que jamais, au grand jamais, on ne verra telle douleur dans ses prunelles. Je pourrais même jusqu’à vendre mon âme au diable, tout du moins, ce qu’il en restait, pour qu’elle aille mieux. Je voulais absorber sa douleur, la prendre en moi, pour qu’elle n’en garde que le positif.
Je soupirai lourdement, avant de presser mes lèvres contre sa tempe. Mes bras vinrent entourer ses épaules frêles et secouées de sanglots. Déjà, mes lèvres effleurèrent les siennes. Je ne comptais plus les fois où j’avais fait ces gestes, où j’avais répété le même protocole. Ce ne fut plus qu’un murmure saccadé qui franchit mes lèvres, tandis que je lui promettais enfin de ne jamais la laisser partir. « Je ne t’abandonnerai plus jamais. » Lorsqu’elle m’embrassa à nouveau, je me sentis renaître. Mon sang commença à battre dans mes veines, tandis qu’un souffle de vie parcourait mon corps. Se rendait-elle compte à quel point j’avais pu changer en un an? Que je n’étais pas vraiment celui qu’elle connaissait, celui qu’elle accueillait volontiers dans ses draps? Même moi, je peinais à me reconnaître, tant mon visage avait été creusé et à jamais modelé par la prise de drogue répétée, mes cernes s’étaient affirmées, mon regard, qui aurait pu être pétillant un jour s’était à présent éteint. Cela se voyait sur ma gueule que j’allais mal, que j’étais au bout du rouleau, quand bien même j’essayais au moins de maintenir ma fierté en restant impassible. Mais devant elle, j’étais incapable de me cacher. Elle était la seule qui pouvait se targuer d’avoir réussi à mettre mon âme à nu. Elle avait certes déterré un trésor, mais un trésor pourri, sans aucune valeur. A présent, j’étais proche d’elle. Plus proche que je ne l’avais été durant tout ce temps, depuis cette putain d’année. Et tandis que je l’embrassais, la surplombant désormais, je rivai mon regard dans le sien, et entre deux baisers passionnés, je parvins à murmurer, la voix légèrement rauque. « Ne sois pas triste, j’aime pas te voir comme ça. » Mes lèvres gagnèrent à nouveau les siennes, pour descendre légèrement dans son cou, puis redécouvrir l’arrondi de son épaule après avoir dégagé un pan de veste. « Je ne garantis pas que ça ira toujours bien mais… » Je venais de m’arrêter, pour la regarder à nouveau, ma chaîne pendant autour de mon cou. « On peut au moins essayer pour ce soir d’oublier nos problèmes, toute cette putain de vie. » Puis tout à coup très sérieux, je me permis de formuler une requête qui me tenait tant à cœur. « Je suis peut-être un égoïste, mais…Je ne te veux pas pour ce soir, je te veux tout le temps. » Tout le temps, comme nous l’étions avant, finalement. Avant Sawyer, avant que ma déchéance n’atteigne son paroxysme. Je ne sais pas si c’était ce foutu cachet qui me faisait déconner, mais à présent, je savais exactement ce que je voulais. Elle, et personne d’autre. J’avais fait la connerie de l’avoir laissée partir, on ne m’y prendra pas une deuxième fois.
Dans tous les cas, Bree avait été heureuse. Sawyer l’avait rendue heureuse, bien plus probablement que je ne l’aurais jamais fait. Je n’envisageais pas que quelqu’un puisse être heureux en ma présence. J’étais bien trop hanté, bien trop sombre. A long terme, je finissais par rendre les gens dingues, à ne jamais savoir ce que je voulais, à toujours voir les choses du mauvais côté. Alors j’avais fini par l’admettre, bien que cela m’en avait coûté. Ce n’était peut-être pas plus mal qu’elle se retrouve avec le Grymm. Je lui aurais au moins épargné des crises de larmes supplémentaires. Parce qu’à présent, je n’étais pas sûr d’être le genre de type qu’il lui faut. De toute évidence, nous n’appartenions pas à la même classe sociale. J’étais un jeune délinquant, au passé lourd et sulfureux. On me connaissait au moins de nom, pour mes nombreuses frasques: j’étais celui qui collectionnait les aventures d’un soir, j’en avais tellement à mon actif que je m’en dégoûtais moi-même. J’étais un bagarreur, un fouteur de merde, mêlé dans des histoires pas nettes. Je revendais même de la drogue pour avoir un peu d’argent de poche. Non, sans aucun doute, elle méritait mieux. Elle méritait…Un gars comme Sawyer. Ouais. J’avais pas envie de l’embarquer dans mes embrouilles, que sa vie soit encore plus difficile à cause de moi. Je ne voulais pas qu’elle voit en moi le prince charmant dont toutes les petites filles rêvent au moins une fois dans leur vie. Je n’étais pas un prince, j’étais encore moins charmant. « Je suis désolée .. Tellement désolée .. Tu m’as tellement manqué. Je sais que tu ne me croiras pas, mais c’est la vérité. J’étais avec Sawyer, mais je pensais à toi. J’avais juste trop peur de revenir. J’avais juste trop peur de te revoir .. » en lui pardonnant de m’avoir laissé, j’ai su que j’avais fait le bon choix. Je ne savais plus comment vivre sans elle. Elle n’était pas une partie de ma vie. Elle était la vie, avec un grand V. Elle était rayonnante, magnifique, et voir tant de détresse dans son regard était un véritable crève-cœur. Je me jurai alors que jamais, au grand jamais, on ne verra telle douleur dans ses prunelles. Je pourrais même jusqu’à vendre mon âme au diable, tout du moins, ce qu’il en restait, pour qu’elle aille mieux. Je voulais absorber sa douleur, la prendre en moi, pour qu’elle n’en garde que le positif.
Je soupirai lourdement, avant de presser mes lèvres contre sa tempe. Mes bras vinrent entourer ses épaules frêles et secouées de sanglots. Déjà, mes lèvres effleurèrent les siennes. Je ne comptais plus les fois où j’avais fait ces gestes, où j’avais répété le même protocole. Ce ne fut plus qu’un murmure saccadé qui franchit mes lèvres, tandis que je lui promettais enfin de ne jamais la laisser partir. « Je ne t’abandonnerai plus jamais. » Lorsqu’elle m’embrassa à nouveau, je me sentis renaître. Mon sang commença à battre dans mes veines, tandis qu’un souffle de vie parcourait mon corps. Se rendait-elle compte à quel point j’avais pu changer en un an? Que je n’étais pas vraiment celui qu’elle connaissait, celui qu’elle accueillait volontiers dans ses draps? Même moi, je peinais à me reconnaître, tant mon visage avait été creusé et à jamais modelé par la prise de drogue répétée, mes cernes s’étaient affirmées, mon regard, qui aurait pu être pétillant un jour s’était à présent éteint. Cela se voyait sur ma gueule que j’allais mal, que j’étais au bout du rouleau, quand bien même j’essayais au moins de maintenir ma fierté en restant impassible. Mais devant elle, j’étais incapable de me cacher. Elle était la seule qui pouvait se targuer d’avoir réussi à mettre mon âme à nu. Elle avait certes déterré un trésor, mais un trésor pourri, sans aucune valeur. A présent, j’étais proche d’elle. Plus proche que je ne l’avais été durant tout ce temps, depuis cette putain d’année. Et tandis que je l’embrassais, la surplombant désormais, je rivai mon regard dans le sien, et entre deux baisers passionnés, je parvins à murmurer, la voix légèrement rauque. « Ne sois pas triste, j’aime pas te voir comme ça. » Mes lèvres gagnèrent à nouveau les siennes, pour descendre légèrement dans son cou, puis redécouvrir l’arrondi de son épaule après avoir dégagé un pan de veste. « Je ne garantis pas que ça ira toujours bien mais… » Je venais de m’arrêter, pour la regarder à nouveau, ma chaîne pendant autour de mon cou. « On peut au moins essayer pour ce soir d’oublier nos problèmes, toute cette putain de vie. » Puis tout à coup très sérieux, je me permis de formuler une requête qui me tenait tant à cœur. « Je suis peut-être un égoïste, mais…Je ne te veux pas pour ce soir, je te veux tout le temps. » Tout le temps, comme nous l’étions avant, finalement. Avant Sawyer, avant que ma déchéance n’atteigne son paroxysme. Je ne sais pas si c’était ce foutu cachet qui me faisait déconner, mais à présent, je savais exactement ce que je voulais. Elle, et personne d’autre. J’avais fait la connerie de l’avoir laissée partir, on ne m’y prendra pas une deuxième fois.
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Jeu 30 Sep 2010 - 12:54
Le coeur de la jeune femme battait vite dans sa poitrine, beaucoup trop vite pour qu’elle comprenne ce qui lui arrivait. Elle ferma les yeux et songea à ce mélange de sentiments, à cette idée qui germait dans son esprit, qui y grandissait et s’y épanouissait. Cela faisait des mois que Bree ne s’était pas sentie aussi bien, aussi complète. Elle avait longuement cherché ce sentiment de plénitude après que Sawyer l’ait laissée, elle avait essayé de le retrouver dans les bras d’inconnus, de personnes de passage, mais elle n’y était jamais parvenue, tout ce qu’elle avait fait c’était se plonger un peu plus dans un trou fait de noirceur et de mal-être, elle n’avait jamais réussi à rejoindre la lumière qui semblait s’éloigner de plus en plus, la laissant à l’arrière, la laissant seule. A présent la lumière semblait lui revenir, encore quelques mètres et elle y serait, mais Bree n’était pas dupe, elle savait bien qu’elle ne parviendrait pas à aller bien avant quelques temps. Les souvenirs étaient encore là, lui rappelant à chaque minute la douleur dans son coeur et dans tout son être. Car ce n’était pas qu’un coeur brisé, c’était tellement plus. La douleur s’était répandue dans tout son corps, le rendant aussi douloureux que possible. C’était insupportable et pourtant Bree voulait donner le change, faire croire à tout le monde qu’elle allait bien. Seulement avec Aldéric ce n’était pas possible, il voyait bien le mensonge dans ses yeux, voilà pourquoi elle n’avait même pas essayé, laissant libre court à ses sentiments, toutes ces émotions qu’elle refoulait depuis bien trop longtemps, se rendant compte au fur et à mesure que le jeune homme était bien plus important à ses yeux qu’elle ne l’avait jamais imaginé. Elle avait toujours su qu’il comptait pour elle, mais elle ne s’était pas rendue compte qu’il avait cet impact sur elle et sur ses sentiments, elle ne s’était jamais rendue compte que son coeur se mettait à battre si vite en sa présence, que son sentiment de solitude s’envolait peu à peu, laissant place à un sentiment de plénitude bienfaisant. Longtemps elle s’était demandé si il viendrait à son propre enterrement, elle n’en avait jamais été certaine. A l’époque, elle savait que Sawyer serait venue, aujourd’hui elle en doutait, aujourd’hui elle doutait de tout. Elle savait que ses parents s’en réjouiraient, sa mère du moins, son père lui s’en moquerait sûrement. Quand Bree avait jeté un coup d’oeil au bas de la tour, elle n’y avait aperçu personne pour la rattraper, personne pour l’aider à se relever. Elle ne voyait rien à part une tombe sans nom, sans date, sans rien. Pas de fleur, personne pour la pleurer. Elia, peut-être, et Lust. Fin de la liste. Les autres seraient trop occupés à vivre leur propre vie pour remarquer qu’il manquait quelqu’un, pour remarquer que quelqu’un s’était envolé pour toujours sans laisser de trace sur cette terre. Voilà ce qui avait décidé Bree à ne pas sauter. Elle ne voulait pas mourir en inconnue, elle ne voulait pas mourir seule. Elle avait besoin de savoir que quelqu’un serait là pour la pleurer, pour lui amener des fleurs, elle avait besoin de savoir que quelqu’un l’aiderait à se relever. Ce jour-là, elle avait pris la décision de retourner voir Aldéric, elle savait que lui serait là, qu’il trouverait les mots pour la relever, pour l’aider dans son tourment. Elle avait décidé de gérer sa douleur, de faire en sorte d’aller mieux, de se guérir, parce qu’elle ne voulait pas se complaire dans son mal-être, elle ne voulait pas être malheureuse pour toujours, mais seule elle n’y arriverait pas, seule elle continuerait à rester dans ce trou qu’elle s’était creusée sans plus jamais en sortir.
Elle avait été heureuse avec Sawyer, comme jamais auparavant, mais très vite elle avait déchanté. Il l’avait rendue tellement heureuse qu’elle aurait dû savoir que le revers de la médaille allait vite arriver, qu’elle gouterait rapidement au payement qu’elle devait faire pour tout ce bonheur. Elle aurait dû se douter que très vite tout ce bonheur s’enfuirait, la laissant plus vide qu’auparavant, plus malheureuse que jamais. Il l’avait brisée en mille morceaux, éparpillant son coeur au quatre coin du globe pour qu’elle ne puisse plus jamais le retrouver. Elle avait essayé de se guérir, mais rien n’y avait fait, son coeur appartenait pour toujours au Grymm. A présent, il avait réussi à capturer le coeur d’une autre, prenant de force le sien à Bree pour l’offrir à Spencer comme si leur histoire n’avait jamais existé. Et elle, oubliant leur amitié, se perdant dans l’ivresse de l’amour tout en laissant Bree de côté. La summerbee savait que son amie s’en était voulue, mais cela ne suffisait pas, cela ne suffisait plus. Elle avait trop souffert et cette petite voix voulait qu’elle fasse souffrir Spence aussi, seulement Bree n’était plus comme ça. Elle s’attachait trop vite à présent, laissant les gens la piétiner un à un sans qu’ils ne se soucient des dégâts qu’ils avaient commis. Elle avait envie d’hurler contre son amie, de lui demander pourquoi elle lui avait fait ça, la poignardant dans le dos alors qu’elle avait tant besoin d’elle. Elle avait envie de gifler Sawyer pour lui avoir ôté la jeune femme, elle avait envie de le traiter de salaud, mais cela non plus elle n’en était pas capable, car elle ne voulait pas briser ce nouveau couple, car elle ne voulait pas qu’on croit qu’elle y portait une quelconque attention. Elle voulait qu’on pense qu’elle s’en moquait, mais dans le fond Bree n’était pas sûre de parvenir à donner le change, elle n’était pas sûre qu’on la croyait, car la douleur se lisait dans son regard, sur son visage. Elle avait alors donné sa bénédiction au couple, prétendant leur pardonner, mais dans le fond elle leur en voulait, énormément. Seulement tout cela semblait moins importer tout d’un coup, alors que les bras d’Aldéric l’entouraient, alors que son regard bleuté se perdait dans celui du jeune homme. La rancoeur, la douleur, tout semblait s’éloigner, comme si il lui avait jeté un sort. Elle voyait la vie comme elle était et la vie ce n’était pas Sawyer, ce n’était pas Spencer, ce n’était pas ces gens qui l’avaient brisée un à un, non la vie c’était Aldéric. C’était lui qui l’avait sauvée maintes fois, lui qui lui avait appris à rire à Poudlard, lui qui avaient été là pour la comprendre mieux que quiconque. Sawyer l’avait rendue heureuse, mais l’avait fait tant souffrir par la suite que ce bonheur semblait moins éclatant, moins brillant. Elle savait qu’Aldéric ne la ferait jamais souffrir de la sorte, que jamais il ne la poignarderait dans le dos comme l’avait fait l’autre.
Quand leur lèvre se sellèrent, Sawyer n’était plus qu’un lointain souvenir, la douleur s’apaisa, la petite voix dans sa tête se tut. Ce fut comme une renaissance, une seconde vie. Son coeur était sur le point d’exploser, des papillons s’envolèrent dans le creux de son estomac. Elle sut alors qu’elle avait fait le bon choix en venant voir le jeune homme, elle sut alors que tout serait enfin à sa place. Elle avait remarqué le changement dans ses traits, ses cernes, dans son regard. Cela la brisait de le voir aussi mal en point, elle s’en blâma d’ailleurs, persuadée que c’était de sa faute si il était dans cet état. Elle l’avait laissé tomber alors qu’il avait besoin d’elle, mais elle ne l’abandonnerait plus. Elle referait naître cet éclat dans son regard, elle le sortirait de ce trou dans lequel il s’était plongé. A deux ils pouvaient le faire, elle en était persuadée. Cela leur prendrait du temps, mais ils y arriveraient. Il ne pouvait pas lui mentir, elle lisait le mensonge dans ses yeux, lui qui prétendait à la face du monde qu’il allait bien, berçant tout le monde dans une douce illusion. Même si Bree n’avait plus vraiment eu de contact avec lui, elle le surveillait, elle avait été témoin de sa déchéance dans le noir, loin des regards, mais elle n’avait rien fait et cela lui fit encore plus mal. Elle aurait dû réagir, elle aurait dû le sortir du noir, l’emmener avec elle dans la lumière, elle aurait dû l’aider, mais elle ne l’avait pas fait. Elle avait vu sa douleur, elle avait vu son regard s’éteindre peu à peu et cela lui brisa le coeur de se rendre compte qu’elle l’avait laissé plonger sans jamais rien y faire. Mais elle ne ferait plus la même erreur deux fois, elle se le promit.
Alors qu’il plongea son regard sombre dans celui de la jeune femme, elle sentit son coeur faire un bond. Tout son être était en ébullition, son cerveau s’était arrêté de fonctionné, elle avait arrêté de réfléchir. Elle voulait profiter de cet instant, cet instant magique qui n’appartenait qu’à eux, elle voulait profiter du jeune homme, de sa présence, elle ne voulait plus le quitter. Elle voulait que le temps s’arrête, que plus jamais il ne redémarre, car c’était un moment magique, Bree le savait, elle le sentait en son fort intérieur. « Ne sois pas triste, j’aime pas te voir comme ça. » Sa voix rauque la fit frémir, elle esquissa un léger sourire avant de l’embrasser à nouveau. Elle sentit sa peau lui brûler là où il posa ses lèvres, un soupir rauque s’échappa de ses lèvres tandis qu’il continuait : « Je ne garantis pas que ça ira toujours bien mais… On peut au moins essayer pour ce soir d’oublier nos problèmes, toute cette putain de vie. » La jeune femme acquiesça en souriant à nouveau avant de l’attirer à nouveau à elle, comme si elle avait peur qu’il s’envole, que tout cela n’était qu’un rêve et qu’elle avait peur de se réveiller. Elle avait peur que tout cela ne soit que des paroles dues à la pilule qu’il avait prise. « Je suis peut-être un égoïste, mais…Je ne te veux pas pour ce soir, je te veux tout le temps. » Son coeur fit un bond dans sa poitrine alors qu’il lui avouait ce qu’il voulait vraiment. Bree avait peur, mais elle surmonta cette peur. « Quand je t’ai dit que je ne t’abandonnerais plus, je voulais dire que je risque d’être là souvent, très souvent, même. Je te veux rien que pour moi pour longtemps, très longtemps. » Le coeur de la jeune femme battait la chamade dans sa poitrine, mais elle savait que c’était ce qu’elle voulait. Elle scella ces paroles par un baiser tendre, mais passionné, un baiser qui témoignait de ses sentiments, de ce qu’elle voulait vraiment ..
Elle avait été heureuse avec Sawyer, comme jamais auparavant, mais très vite elle avait déchanté. Il l’avait rendue tellement heureuse qu’elle aurait dû savoir que le revers de la médaille allait vite arriver, qu’elle gouterait rapidement au payement qu’elle devait faire pour tout ce bonheur. Elle aurait dû se douter que très vite tout ce bonheur s’enfuirait, la laissant plus vide qu’auparavant, plus malheureuse que jamais. Il l’avait brisée en mille morceaux, éparpillant son coeur au quatre coin du globe pour qu’elle ne puisse plus jamais le retrouver. Elle avait essayé de se guérir, mais rien n’y avait fait, son coeur appartenait pour toujours au Grymm. A présent, il avait réussi à capturer le coeur d’une autre, prenant de force le sien à Bree pour l’offrir à Spencer comme si leur histoire n’avait jamais existé. Et elle, oubliant leur amitié, se perdant dans l’ivresse de l’amour tout en laissant Bree de côté. La summerbee savait que son amie s’en était voulue, mais cela ne suffisait pas, cela ne suffisait plus. Elle avait trop souffert et cette petite voix voulait qu’elle fasse souffrir Spence aussi, seulement Bree n’était plus comme ça. Elle s’attachait trop vite à présent, laissant les gens la piétiner un à un sans qu’ils ne se soucient des dégâts qu’ils avaient commis. Elle avait envie d’hurler contre son amie, de lui demander pourquoi elle lui avait fait ça, la poignardant dans le dos alors qu’elle avait tant besoin d’elle. Elle avait envie de gifler Sawyer pour lui avoir ôté la jeune femme, elle avait envie de le traiter de salaud, mais cela non plus elle n’en était pas capable, car elle ne voulait pas briser ce nouveau couple, car elle ne voulait pas qu’on croit qu’elle y portait une quelconque attention. Elle voulait qu’on pense qu’elle s’en moquait, mais dans le fond Bree n’était pas sûre de parvenir à donner le change, elle n’était pas sûre qu’on la croyait, car la douleur se lisait dans son regard, sur son visage. Elle avait alors donné sa bénédiction au couple, prétendant leur pardonner, mais dans le fond elle leur en voulait, énormément. Seulement tout cela semblait moins importer tout d’un coup, alors que les bras d’Aldéric l’entouraient, alors que son regard bleuté se perdait dans celui du jeune homme. La rancoeur, la douleur, tout semblait s’éloigner, comme si il lui avait jeté un sort. Elle voyait la vie comme elle était et la vie ce n’était pas Sawyer, ce n’était pas Spencer, ce n’était pas ces gens qui l’avaient brisée un à un, non la vie c’était Aldéric. C’était lui qui l’avait sauvée maintes fois, lui qui lui avait appris à rire à Poudlard, lui qui avaient été là pour la comprendre mieux que quiconque. Sawyer l’avait rendue heureuse, mais l’avait fait tant souffrir par la suite que ce bonheur semblait moins éclatant, moins brillant. Elle savait qu’Aldéric ne la ferait jamais souffrir de la sorte, que jamais il ne la poignarderait dans le dos comme l’avait fait l’autre.
Quand leur lèvre se sellèrent, Sawyer n’était plus qu’un lointain souvenir, la douleur s’apaisa, la petite voix dans sa tête se tut. Ce fut comme une renaissance, une seconde vie. Son coeur était sur le point d’exploser, des papillons s’envolèrent dans le creux de son estomac. Elle sut alors qu’elle avait fait le bon choix en venant voir le jeune homme, elle sut alors que tout serait enfin à sa place. Elle avait remarqué le changement dans ses traits, ses cernes, dans son regard. Cela la brisait de le voir aussi mal en point, elle s’en blâma d’ailleurs, persuadée que c’était de sa faute si il était dans cet état. Elle l’avait laissé tomber alors qu’il avait besoin d’elle, mais elle ne l’abandonnerait plus. Elle referait naître cet éclat dans son regard, elle le sortirait de ce trou dans lequel il s’était plongé. A deux ils pouvaient le faire, elle en était persuadée. Cela leur prendrait du temps, mais ils y arriveraient. Il ne pouvait pas lui mentir, elle lisait le mensonge dans ses yeux, lui qui prétendait à la face du monde qu’il allait bien, berçant tout le monde dans une douce illusion. Même si Bree n’avait plus vraiment eu de contact avec lui, elle le surveillait, elle avait été témoin de sa déchéance dans le noir, loin des regards, mais elle n’avait rien fait et cela lui fit encore plus mal. Elle aurait dû réagir, elle aurait dû le sortir du noir, l’emmener avec elle dans la lumière, elle aurait dû l’aider, mais elle ne l’avait pas fait. Elle avait vu sa douleur, elle avait vu son regard s’éteindre peu à peu et cela lui brisa le coeur de se rendre compte qu’elle l’avait laissé plonger sans jamais rien y faire. Mais elle ne ferait plus la même erreur deux fois, elle se le promit.
Alors qu’il plongea son regard sombre dans celui de la jeune femme, elle sentit son coeur faire un bond. Tout son être était en ébullition, son cerveau s’était arrêté de fonctionné, elle avait arrêté de réfléchir. Elle voulait profiter de cet instant, cet instant magique qui n’appartenait qu’à eux, elle voulait profiter du jeune homme, de sa présence, elle ne voulait plus le quitter. Elle voulait que le temps s’arrête, que plus jamais il ne redémarre, car c’était un moment magique, Bree le savait, elle le sentait en son fort intérieur. « Ne sois pas triste, j’aime pas te voir comme ça. » Sa voix rauque la fit frémir, elle esquissa un léger sourire avant de l’embrasser à nouveau. Elle sentit sa peau lui brûler là où il posa ses lèvres, un soupir rauque s’échappa de ses lèvres tandis qu’il continuait : « Je ne garantis pas que ça ira toujours bien mais… On peut au moins essayer pour ce soir d’oublier nos problèmes, toute cette putain de vie. » La jeune femme acquiesça en souriant à nouveau avant de l’attirer à nouveau à elle, comme si elle avait peur qu’il s’envole, que tout cela n’était qu’un rêve et qu’elle avait peur de se réveiller. Elle avait peur que tout cela ne soit que des paroles dues à la pilule qu’il avait prise. « Je suis peut-être un égoïste, mais…Je ne te veux pas pour ce soir, je te veux tout le temps. » Son coeur fit un bond dans sa poitrine alors qu’il lui avouait ce qu’il voulait vraiment. Bree avait peur, mais elle surmonta cette peur. « Quand je t’ai dit que je ne t’abandonnerais plus, je voulais dire que je risque d’être là souvent, très souvent, même. Je te veux rien que pour moi pour longtemps, très longtemps. » Le coeur de la jeune femme battait la chamade dans sa poitrine, mais elle savait que c’était ce qu’elle voulait. Elle scella ces paroles par un baiser tendre, mais passionné, un baiser qui témoignait de ses sentiments, de ce qu’elle voulait vraiment ..
- InvitéInvité
Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Dim 3 Oct 2010 - 16:26
J’avais peur. Pour la première fois de ma vie, j’admettais avoir la frousse. En dépit de toutes ces années passées avec elle, où j’avais la prétention de la connaître mieux que personne, il était une part d’elle qui me demeurait inconnue. J’avais connu la fille brisée en mal de vivre quand elle venait pleurer dans mes bras, j’avais connu l’amante sulfureuse et passionnée lorsqu’elle s’invitait entre mes draps, j’avais connu l’amie déconneuse et boute-en-train quand nous faisions les quatre cent coups, j’avais connu celle qui n’avait pas froid aux yeux, qui était toujours cap. Et à présent que les minutes s’égrenaient, impitoyables, je réalisais que je ne connaissais pas tout d’elle. Je n’avais jamais connu l’amoureuse radieuse, tendre et sincère. Ce côté-là, elle ne l’avait montré qu’à Sawyer. Cette Breeony là, je ne l’ai vue que de loin. J’avais été dubitatif, pendant longtemps j’avais cru à la blague de mauvais goût, tant cela contrastait avec celle que je connaissais, mais j’ai bien dû me faire une raison. L’amoureuse transie faisait partie intégrante de sa personnalité, une parmi ses multiples autres facettes. Qu’elle se mette en couple avec le Grymm avait eu le même effet qu’une claque dans la gueule. Il la connaîtrait sans doute mieux que moi je ne l’aurais jamais connue. Je m’étais joyeusement leurré, m’étant jusqu’alors cru unique à ses yeux. J’avais, d’emblée, regretté de m’être ouvert à elle, de lui avoir laissé, bien malgré moi, une partie de mon âme. J’avais été furieux, animé par un sentiment cuisant d’injustice et d’échec. Le tout mitigé avec la désagréable impression d’avoir accompli tout cela pour rien. Qu’avait-elle fait des heures que nous avions passées ensemble, des moments d’intimité que nous avions partagés, des mots qu’on avait tantôt dits, tantôt bannis de notre vocabulaire, de tout ce qui avait existé entre nous et qui, à ce moment là, avait été obsolète, voire anéanti. Seulement, y avait-il vraiment eu un nous? N’était-ce pas le fruit d’un fantasme, d’un désir refoulé et enfoui au plus profond de mon être? Avais-je seulement imaginé tout cela? Parfois même, j’en étais parvenu à cette conclusion, douloureuse à concevoir.
J’ai connu la haine, le déni, l’acceptation et enfin la déception. J’avais été cruellement dépité de la voir tirer un trait sur tout ça pour pouvoir se consacrer à son bonheur tout neuf. J’ai honte de l’avouer, mais maintes fois j’avais désiré que ce tout nouveau couple s’effondre. Qu’elle finisse par réaliser que Sawyer n’était qu’une passade, une erreur de parcours. J’aurais voulu qu’elle ne soit jamais heureuse avec lui, qu’elle prenne conscience qu’il n’était pas fait pour elle. C’était paradoxal comme raisonnement, surtout quand on sait que je ne voulais pas forcément l’accaparer totalement. Cette dernière hypothèse était à exclure, pour des raisons plus qu’évidentes. Si Sawyer n’était pas fait pour elle, je l’étais encore moins. Nous étions trop différents tout en étant si semblables. J’aurais été la preuve même de sa déchéance pure et certaine. Un signe incontestable qu’elle ne pouvait pas tomber plus bas. Une ombre passa dans mes yeux, résultat de mes pensées trop noires. A présent que toutes mes sombres prophéties s’étaient réalisées, je priais pour que jamais elle n’accède à toutes ces pensées délétères que j’avais nourries pendant toute cette période avant d’oublier. Je ne voulais pas non plus qu’elle considère que j’avais le beau rôle, loin s’en faut. J’étais un type jaloux et égoïste qui ne méritait pas un trésor comme Breeony. Elle me semblait tellement irréelle, telle un mirage que j’avais peur de voir s’évaporer. Plus je repensais à tout cela, et plus ma honte s’accroissait, apportant des preuves supplémentaires sur le fait qu’elle méritait sans nul doute mieux que moi. J’aurais voulu me confesser, pour espérer enfin m’expier de tous mes péchés, mais les mots me restaient bloqués au fond de la gorge. Mon moi égoïste s’insurgeait, me maudissant pour désirer, de la sorte, gâcher un tel moment. Plutôt que d’être honnête, j’avais préféré continuer à l’embrasser, pour mieux sentir mon cœur battre à une allure folle, à l’unisson du sien.
Pourtant, avant qu’elle ne connaisse Sawyer, je n’avais jamais eu d’arrière-pensées. J’avais toujours été là pour elle, du mieux que je pouvais. Je l’avais consolée, bercée, fait rire, peut-être pleurer. Elle m’avait chamboulé de l’intérieur, telle une tornade qui aurait tout ravagé sur son passage. J’étais réellement heureux en sa présence, plus que je ne l’avais jamais été par moi-même. Elle était mon oxygène, un rayon de soleil dont j’avais fini par oublier l’éclat. Depuis quand mon cœur battait si vite en sa présence, depuis quand j’étais aussi dépendant à elle, encore plus que n’importe quelle drogue? Depuis quand je ressentais ce qu’elle ressentais, depuis quand son rire semblait briser quelque chose au plus profond de moi, me faisant frissonner? Bientôt, une idée absurde me traversa l’esprit. Et si, chemin faisant, j’étais tombé amoureux d’elle? Cette hypothèse n’était finalement pas si démentielle qu’il n’y paraît, même si je refusais encore l’idée même de sentiments amoureux. N’étais-je pas en principe une personne sans attaches? Et si elle était la personne justement à même de tout chambouler? A présent, j’avais cette putain de peur qui me tordait les entrailles, la perspective de tels changements me donnait des sueurs froides. Pourtant, en voyant Breeony au creux de mes bras, je ne me savais pas dans le faux, peut-être que tout ceci avait un fond de vérité. Cela se ressentait quand je l’embrassais, quand j’entendais sa voix. Cette fille allait indéniablement me mener à ma propre perte. Mais mon pendant masochiste en redemandait, jusqu’à satiété, même. Je voulais encore de ses baisers, sentir sa peau contre la mienne, m’enivrer de son parfum entêtant, je voulais en perdre la tête et ce peu importaient les conséquences, le plus important était le moment présent et les mots qu’elle murmurait à mon oreille, inaugurant ainsi un épisode de notre vie qui, je l’espère, allait durer un petit moment. A moins que cela ne soit qu’une suite logique, ce qui aurait dû être depuis longtemps. « Quand je t’ai dit que je ne t’abandonnerais plus, je voulais dire que je risque d’être là souvent, très souvent, même. Je te veux rien que pour moi pour longtemps, très longtemps. » je souris à ces mots, tandis que je l’embrassais encore, l’attirant davantage à moi, déjà en manque de son contact. Parfois, on devait renoncer à ses désirs. Mais d’autres fois, le destin savait donner un coup de pouce non négligeable pour nous permettre, enfin, d’y accéder
Mes doigts jouaient avec ses cheveux, effleuraient parfois son visage demeuré intact, mes souvenirs n’ayant en rien altéré sa beauté. Je me rappelais à quel point j’aimais le goût de sa peau, je ne me souvenais plus qu’on ait plus être autant en osmose. Je me fichais bien du reste, elle était avec moi et rien d’autre ne comptait, si ce n’était elle, et seulement elle. Les mots qu’elle me murmurait, ses soupirs son regard brûlant de sincérité et de passion. Un sourire niais venait se perdre sur mes lèvres, tandis que je recommençais ma douce torture, ma bouche partant de nouveau à la découverte de ce corps que j’avais tant connu. Je voulais que ce moment dure une éternité. « J’avoue flipper comme un malade. C’est bien la première fois que je plonge dans l’inconnu de la sorte. Alors j’espère que tu me pardonneras mais… » mes lèvres partirent de nouveau à l’assaut de son cou, dessinant l’angle de son menton, pour ensuite m’intéresser à son oreille, que j’entrepris de mordiller doucement. « il semblerait que j’ai encore de nombreuses choses à apprendre, et pas des moindres. » Ma voix s’était éteinte en un murmure, tandis que je me redressais pour la regarder droit dans les yeux, avec sérieux. « Je suis loin d’être le mec parfait, Bree. Il ne faut pas que tu te fondes de faux espoirs autour de mots d’amour qui seront difficilement dits, voire pas du tout. Je ne serai pas le type romantique qui te promettra la lune. Ce n’est pas moi, tout ça, tu me connais. » je la contemplais, légèrement songeur. Je me penchais légèrement vers elle, pour lui murmurer. « je vais tout de même faire des efforts. Je veux simplement que tu sois heureuse, quelque soit le moyen à mettre en œuvre pour y parvenir. »
J’ai connu la haine, le déni, l’acceptation et enfin la déception. J’avais été cruellement dépité de la voir tirer un trait sur tout ça pour pouvoir se consacrer à son bonheur tout neuf. J’ai honte de l’avouer, mais maintes fois j’avais désiré que ce tout nouveau couple s’effondre. Qu’elle finisse par réaliser que Sawyer n’était qu’une passade, une erreur de parcours. J’aurais voulu qu’elle ne soit jamais heureuse avec lui, qu’elle prenne conscience qu’il n’était pas fait pour elle. C’était paradoxal comme raisonnement, surtout quand on sait que je ne voulais pas forcément l’accaparer totalement. Cette dernière hypothèse était à exclure, pour des raisons plus qu’évidentes. Si Sawyer n’était pas fait pour elle, je l’étais encore moins. Nous étions trop différents tout en étant si semblables. J’aurais été la preuve même de sa déchéance pure et certaine. Un signe incontestable qu’elle ne pouvait pas tomber plus bas. Une ombre passa dans mes yeux, résultat de mes pensées trop noires. A présent que toutes mes sombres prophéties s’étaient réalisées, je priais pour que jamais elle n’accède à toutes ces pensées délétères que j’avais nourries pendant toute cette période avant d’oublier. Je ne voulais pas non plus qu’elle considère que j’avais le beau rôle, loin s’en faut. J’étais un type jaloux et égoïste qui ne méritait pas un trésor comme Breeony. Elle me semblait tellement irréelle, telle un mirage que j’avais peur de voir s’évaporer. Plus je repensais à tout cela, et plus ma honte s’accroissait, apportant des preuves supplémentaires sur le fait qu’elle méritait sans nul doute mieux que moi. J’aurais voulu me confesser, pour espérer enfin m’expier de tous mes péchés, mais les mots me restaient bloqués au fond de la gorge. Mon moi égoïste s’insurgeait, me maudissant pour désirer, de la sorte, gâcher un tel moment. Plutôt que d’être honnête, j’avais préféré continuer à l’embrasser, pour mieux sentir mon cœur battre à une allure folle, à l’unisson du sien.
Pourtant, avant qu’elle ne connaisse Sawyer, je n’avais jamais eu d’arrière-pensées. J’avais toujours été là pour elle, du mieux que je pouvais. Je l’avais consolée, bercée, fait rire, peut-être pleurer. Elle m’avait chamboulé de l’intérieur, telle une tornade qui aurait tout ravagé sur son passage. J’étais réellement heureux en sa présence, plus que je ne l’avais jamais été par moi-même. Elle était mon oxygène, un rayon de soleil dont j’avais fini par oublier l’éclat. Depuis quand mon cœur battait si vite en sa présence, depuis quand j’étais aussi dépendant à elle, encore plus que n’importe quelle drogue? Depuis quand je ressentais ce qu’elle ressentais, depuis quand son rire semblait briser quelque chose au plus profond de moi, me faisant frissonner? Bientôt, une idée absurde me traversa l’esprit. Et si, chemin faisant, j’étais tombé amoureux d’elle? Cette hypothèse n’était finalement pas si démentielle qu’il n’y paraît, même si je refusais encore l’idée même de sentiments amoureux. N’étais-je pas en principe une personne sans attaches? Et si elle était la personne justement à même de tout chambouler? A présent, j’avais cette putain de peur qui me tordait les entrailles, la perspective de tels changements me donnait des sueurs froides. Pourtant, en voyant Breeony au creux de mes bras, je ne me savais pas dans le faux, peut-être que tout ceci avait un fond de vérité. Cela se ressentait quand je l’embrassais, quand j’entendais sa voix. Cette fille allait indéniablement me mener à ma propre perte. Mais mon pendant masochiste en redemandait, jusqu’à satiété, même. Je voulais encore de ses baisers, sentir sa peau contre la mienne, m’enivrer de son parfum entêtant, je voulais en perdre la tête et ce peu importaient les conséquences, le plus important était le moment présent et les mots qu’elle murmurait à mon oreille, inaugurant ainsi un épisode de notre vie qui, je l’espère, allait durer un petit moment. A moins que cela ne soit qu’une suite logique, ce qui aurait dû être depuis longtemps. « Quand je t’ai dit que je ne t’abandonnerais plus, je voulais dire que je risque d’être là souvent, très souvent, même. Je te veux rien que pour moi pour longtemps, très longtemps. » je souris à ces mots, tandis que je l’embrassais encore, l’attirant davantage à moi, déjà en manque de son contact. Parfois, on devait renoncer à ses désirs. Mais d’autres fois, le destin savait donner un coup de pouce non négligeable pour nous permettre, enfin, d’y accéder
Mes doigts jouaient avec ses cheveux, effleuraient parfois son visage demeuré intact, mes souvenirs n’ayant en rien altéré sa beauté. Je me rappelais à quel point j’aimais le goût de sa peau, je ne me souvenais plus qu’on ait plus être autant en osmose. Je me fichais bien du reste, elle était avec moi et rien d’autre ne comptait, si ce n’était elle, et seulement elle. Les mots qu’elle me murmurait, ses soupirs son regard brûlant de sincérité et de passion. Un sourire niais venait se perdre sur mes lèvres, tandis que je recommençais ma douce torture, ma bouche partant de nouveau à la découverte de ce corps que j’avais tant connu. Je voulais que ce moment dure une éternité. « J’avoue flipper comme un malade. C’est bien la première fois que je plonge dans l’inconnu de la sorte. Alors j’espère que tu me pardonneras mais… » mes lèvres partirent de nouveau à l’assaut de son cou, dessinant l’angle de son menton, pour ensuite m’intéresser à son oreille, que j’entrepris de mordiller doucement. « il semblerait que j’ai encore de nombreuses choses à apprendre, et pas des moindres. » Ma voix s’était éteinte en un murmure, tandis que je me redressais pour la regarder droit dans les yeux, avec sérieux. « Je suis loin d’être le mec parfait, Bree. Il ne faut pas que tu te fondes de faux espoirs autour de mots d’amour qui seront difficilement dits, voire pas du tout. Je ne serai pas le type romantique qui te promettra la lune. Ce n’est pas moi, tout ça, tu me connais. » je la contemplais, légèrement songeur. Je me penchais légèrement vers elle, pour lui murmurer. « je vais tout de même faire des efforts. Je veux simplement que tu sois heureuse, quelque soit le moyen à mettre en œuvre pour y parvenir. »
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Mer 20 Oct 2010 - 19:17
Bree elle-même ne connaissait pas cette facette d’elle-même. Elle n’avait jamais eu l’occasion auparavant de tester cette partie de sa personnalité, jamais elle n’avait joué les amoureuses transies avec quiconque avant Sawyer. Elle n’avait même pas connaissance de l’existence de cette Bree. Elle ne s’était jamais imaginée tomber amoureuse de la sorte, jamais elle n’aurait pensé se donné totalement à un autre. A dire vrai, Bree ne croyait pas en l’amour, elle ne croyait pas aux sentiments. Elle fuyait même toutes ces notions qui lui étaient vaguement connues. Jamais auparavant Bree n’avait connu l’amour, le vrai, même ses parents s’étaient abstenus de lui en donner, comment aurait-elle pu croire qu’il existait une telle chose sur terre ? Non, c’était inpensable. Elle se savait joueuse, rieuse, elle se savait aimante, surtout quand elle se retrouvait dans les bras d’un de ces amants, mais pas de cette façon. Elle s’était découverte, ou plutôt redécouverte, comprenant qu’elle était plus que cette fille qu’elle avait toujours pensé être. Et cela lui avait plu. Elle aimait cette Bree qu’elle avait découvert, celle qui pensait aux autres avant de penser à elle-même, celle qui grandissait avec un autre, qui s’offrait sans retenue à un autre, car c’était ce qu’elle avait fait, elle s’était offerte toute entière à Sawyer sans jamais rien lui donné en retour. Elle lui avait raconté sa vie, ses secrets, elle lui avait raconté ses peurs, ce qui la faisait douter et il l’avait écouté. Elle l’avait écouté aussi, découvrant en lui quelqu’un qui lui ressemblait sur beaucoup de points, découvrant ce que ça faisait de partager cela avec quelqu’un qui était avec vous officiellement. Il avait fini par la comprendre, par réussir à voir en elle ce que les autres ne voyaient pas, il avait fini par n’avoir plus à la regarder pour savoir quand elle allait bien et quand elle avait besoin d’une épaule pour pleurer. Et vice versa. Car il s’était ouvert à elle, lui offrant ses propres blessures, ses propres doutes. La sans coeur avait trouvé chaussure à son pied, le coureur s’était fait volé son coeur. Mais il manquait quelque chose à Bree, une présence qui s’était faite familière au fil du temps, une personne qui la comprenait mieux que quiconque, qui déjà auparavant était là pour elle, il y avait comme un vide quelque part dans son coeur, un vide que personne ne pouvait combler hormis cette personne, hormis Aldéric. Avant de se mettre en couple, Bree n’avait pas réalisé à quel point le Wright comptait pour elle, avant tout cela, elle pensait que ce n’était qu’une histoire de sexe et de confidences glissées sur l’oreiller, elle n’avait pas réalisé alors que c’était plus que cela, tellement plus. Nombre de fois elle avait eu envie d’aller le voir, de se glisser dans ce lit qu’elle connaissait si bien, dans ces bras qui l’avaient serrée tant de fois auparavant. Mais elle ne l’avait pas fait. Pourquoi ? Par peur. Par lâcheté. Elle avait peur de ce qu’elle ressentirait en allant le voir, peur de déraper si elle le revoyait. Elle ne savait pas quoi lui dire, elle ne savait même pas si elle devait s’excuser ou non. Très vite elle avait compris qu’Aldéric avait toujours contribué au peu de bonheur qu’il y avait en elle, elle avait alors réalisé que la vie sans lui n’était pas la même et qu’elle n’était pas sûre d’être prête à tourner la page. Elle aimait Sawyer, inconditionnellement, mais Aldéric avait toujours apporté ce petit quelque chose à sa vie qui lui manquait à présent qu’il ne semblait plus en faire partie. Souvent elle l’avait observé du coin de l’oeil, le coeur serré en le voyant changer, en le voyant plonger plus profondément dans ce gouffre qu’elle ne connaissait que trop bien. Elle avait envie de lui venir en aide, mais ne savait pas quoi faire pour l’aider ni que dire. Alors elle n’avait rien fait, plaidant l’impuissance face à cette situation qui avait été la sienne pourtant par le passé. Elle n’avait rien fait et cela elle ne se le pardonnait pas. Elle n’oubliait pas tous ces moments qu’ils avaient passés ensemble, tout ce temps passé dans les bras l’un de l’autre, entre baisers passionés et étreintes enfièvrées. Et puis les confidences, des bribes de passé glissées sur l’oreiller, des bouts d’histoire raconter entre deux clopes ou deux verres alors que leurs corps nus reposaient l’un à côté de l’autre. Combien de fois n’étaient-ils pas sortis de cette chambre durant la nuit pour aller observer les étoiles, loin des regards indiscrets. Beaucoup avait cru qu’ils étaient en couple, un couple discret et pas tout à fait officiel, mais il n’en était rien, ils n’avaient fait que joué, ils n’avaient fait que se chercher. Bree n’y aurait jamais cru, mais avec le recul elle comprenait qu’elle avait sûrement nourri à l’égard d’Aldéric plus que de simples sentiments amicaux, mais qu’elle ne se l’était jamais avouée et qu’elle avait fini par mettre de côté, les glissant dans un recoin de sa mémoire pour ne plus les en sortir, ou du moins c’était ce qu’elle pensait.
Si Bree avait su tout cela, elle ne lui en aurait pas voulu, car à présent elle était celle qui espérait que le couple de Sawyer s’effondre. Secrètement, elle espérait que plus rien n’aille entre lui et la blondinette qui était à son bras à chaque fois qu’elle le croisait. Elle ne le disait pas, taisait ce sentiment de jalousie cuisante qui la consummait de l’intérieur, mais il était là, bien présent et ne semblait pas vouloir s’envoler. Bien sûr, elle était heureuse que son premier amour et une de ces amies soient heureux, mais cela la blessait de les voir se mettre ensemble si vite, sachant qu’elle avait passé l’été avec Spencer à lui dire combient Sawyer lui manquait. Elle réalisait à présent qu’elle aurait mieux fait de s’abstenir car cela ne faisait qu’aggraver la douleur qui lui brûlait la poitrine. Elle rêvait pourtant que le Vert se rendait compte qu’il s’était trompé de blonde, que celle qui était dans son coeur était celle qui lui avait offert le sien. Mais non. Il avait fini par lui voler son coeur avant de donner le sien à une autre. Dans une rupture, la douleur était rarement partagée, dans ce cas-ci c’était Bree qui s’était tout pris dans la figure, n’ayant plus que ses yeux pour pleurer. Elle avait passé l’été entier à essayer de se changer les idées, à essayer d’oublier, mais rien n’y faisait, tout la ramenait à Sawyer. Elle s’était enfrermée dans cette bulle de sentiments qui l’étouffait à présent et elle ne semblait plus pouvoir s’en échapper. Elle avait cru pendant un an que Sawyer était son double, son âme soeur, elle avait cru qu’il était la meilleure partie d’elle-même et que toujours il serait là. Elle se rendait compte à quel point elle s’était trompée et elle regrettait, elle regrettait de s’être totalement donnée à quelqu’un qui, en fin de compte, ne semblait pas se soucier d’elle plus que nécessaire, elle avait ce désagréable sentiment qu’elle n’était qu’une blonde de plus qu’il avait ajoutée à sa liste. Bree savait qu’elle l’aimait toujours, que toujours elle l’aimerait. Il était son premier amour, ses premiers papillons dans le ventre, ses premiers battements de coeur, le premier qu’elle présentait à ses parents et qui les rendaient heureux. Jamais elle ne l’oublierait, et cela lui faisait peur.
Elle avait peur de l’aimer, peur de ne pas se débarasser de son souvenir, peur de s’engager dans quelque chose avec Aldéric et de finir par le faire souffrir à cause de ces sentiments. Elle craignait de n’être là que pour se consoler de Sawyer, que pour oublier. Elle craignait de tout briser, de tout foutre en l’air. Elle avait peur que la vie ne leur joue des tours et qu’elle ne finisse par abandonner. Bree craignait de s’attacher à lui, car la dernière fois qu’elle s’était attachée à quelqu’un elle avait fini par tomber dans le fin fond du gouffre. Elle craignait que ce soit trop dur, que le monde finisse par se retourner contre eux comme cela avait été le cas avec Sawyer. Elle craignait de se briser les ailes et par dessus tout de briser Aldéric d’une quelconque façon que ce soit. Elle avait peur qu’Aldéric finisse par abandonner, elle voulait pourtant tout faire pour qu’ils s’en sortent, tous les deux, ensemble, elle avait le sentiment qu’ils pouvaient le faire, elle savait qu’Aldéric refoulait ce qu’il y avait de meilleur en lui, qu’il ne pensait pas être à la hauteur, mais elle avait pris la décision de lui prouver combien il avait tord. Bree avait peur, mais cette peur ne l’arrêta pas, elle voulait leur donner une chance, elle voulait tenter quelque chose car son coeur se remit à battre, car des papillons s’envolèrent dans son estomac. Alors une question mesquine vint s’immiscer dans son esprit : est-il possible d’aimer deux personnes à la fois ? Car elle savait qu’elle aimait toujours Sawyer, mais elle savait aussi qu’elle aimait Aldéric. Bree comprit alors que rien ne serait facile, mais elle garda ses doutes et ses craintes pour elle afin de profiter de l’instant présent.
Elle frémissait alors que ses doigts jouaient dans ses cheveux, effleurant sa joue de temps à autre, la faisant rougir au passage alors que son coeur battait comme il n’avait plus battu depuis longtemps. Elle se souvenait de ses gestes qu’il avait toujours eu quand il était avec elle, ses caresses, ses baisers, l’odeur de sa peau, un mélange de tabact et d’une odeur qui lui était bien propre. Elle enfouit son visage dans le creu de son cul, y déposant un baiser avant qu’il n’entreprit d’embrasser chaque parcelle de son corps, murmurant quelques paroles entre deux frémissements. « J’avoue flipper comme un malade. C’est bien la première fois que je plonge dans l’inconnu de la sorte. Alors j’espère que tu me pardonneras mais… » Il mordilla son oreille, lui volant un gémissement au passage. « il semblerait que j’ai encore de nombreuses choses à apprendre, et pas des moindres. » Elle ne dit rien, le laissant faire, le laissant terminer ce qu’il venait de commencer. « Je suis loin d’être le mec parfait, Bree. Il ne faut pas que tu te fondes de faux espoirs autour de mots d’amour qui seront difficilement dits, voire pas du tout. Je ne serai pas le type romantique qui te promettra la lune. Ce n’est pas moi, tout ça, tu me connais. » Elle voulut l’interrompre, lui dire le fond de sa pensée, mais il ne lui en laissa pas le temps, repartant de suite à l’assaut : « je vais tout de même faire des efforts. Je veux simplement que tu sois heureuse, quelque soit le moyen à mettre en œuvre pour y parvenir. » La jeune femme réfléchit quelques secondes afin de bien choisir ses mots, soupira et lui sourit tendrement. « J’ai peur aussi. Enormément. De pleins de trucs, mais j’ai confiance, j’ai envie d’y croire. Je sais que tout cela est nouveau pour toi ou presque, je sais qui tu es et je n’attends pas de toi des grandes déclarations ni toutes ces promesses jamais tenues de toute façon, tout ce que je veux c’est que tu sois là et qu’on s’entre-aide, je veux qu’on s’en sorte, ensemble. Voilà ce qui me rendrait heureuse. » Elle passa ses bras autour du cou du jeune homme, plantant son regard dans le sien tout en souriant, un vrai sourire, le genre de sourire qui n’était pas apparu sur ses lèvres depuis bien longtemps. « Tu sais, j’ai très envie de dormir ici ce soir, tu m’y autorises ? Ce serait notre première nuit ensemble depuis longtemps et tes bras m’ont manqués .. » Pas de mensonges, rien que la vérité. Elle ne désirait même pas coucher avec lui, le simple fait de se retrouver près de lui la rendrait heureuse, elle savait alors qu’elle passerait une nuit sans cauchemar, une nuit paisible, chose qu’elle n’avait pas connue depuis longtemps ..
Si Bree avait su tout cela, elle ne lui en aurait pas voulu, car à présent elle était celle qui espérait que le couple de Sawyer s’effondre. Secrètement, elle espérait que plus rien n’aille entre lui et la blondinette qui était à son bras à chaque fois qu’elle le croisait. Elle ne le disait pas, taisait ce sentiment de jalousie cuisante qui la consummait de l’intérieur, mais il était là, bien présent et ne semblait pas vouloir s’envoler. Bien sûr, elle était heureuse que son premier amour et une de ces amies soient heureux, mais cela la blessait de les voir se mettre ensemble si vite, sachant qu’elle avait passé l’été avec Spencer à lui dire combient Sawyer lui manquait. Elle réalisait à présent qu’elle aurait mieux fait de s’abstenir car cela ne faisait qu’aggraver la douleur qui lui brûlait la poitrine. Elle rêvait pourtant que le Vert se rendait compte qu’il s’était trompé de blonde, que celle qui était dans son coeur était celle qui lui avait offert le sien. Mais non. Il avait fini par lui voler son coeur avant de donner le sien à une autre. Dans une rupture, la douleur était rarement partagée, dans ce cas-ci c’était Bree qui s’était tout pris dans la figure, n’ayant plus que ses yeux pour pleurer. Elle avait passé l’été entier à essayer de se changer les idées, à essayer d’oublier, mais rien n’y faisait, tout la ramenait à Sawyer. Elle s’était enfrermée dans cette bulle de sentiments qui l’étouffait à présent et elle ne semblait plus pouvoir s’en échapper. Elle avait cru pendant un an que Sawyer était son double, son âme soeur, elle avait cru qu’il était la meilleure partie d’elle-même et que toujours il serait là. Elle se rendait compte à quel point elle s’était trompée et elle regrettait, elle regrettait de s’être totalement donnée à quelqu’un qui, en fin de compte, ne semblait pas se soucier d’elle plus que nécessaire, elle avait ce désagréable sentiment qu’elle n’était qu’une blonde de plus qu’il avait ajoutée à sa liste. Bree savait qu’elle l’aimait toujours, que toujours elle l’aimerait. Il était son premier amour, ses premiers papillons dans le ventre, ses premiers battements de coeur, le premier qu’elle présentait à ses parents et qui les rendaient heureux. Jamais elle ne l’oublierait, et cela lui faisait peur.
Elle avait peur de l’aimer, peur de ne pas se débarasser de son souvenir, peur de s’engager dans quelque chose avec Aldéric et de finir par le faire souffrir à cause de ces sentiments. Elle craignait de n’être là que pour se consoler de Sawyer, que pour oublier. Elle craignait de tout briser, de tout foutre en l’air. Elle avait peur que la vie ne leur joue des tours et qu’elle ne finisse par abandonner. Bree craignait de s’attacher à lui, car la dernière fois qu’elle s’était attachée à quelqu’un elle avait fini par tomber dans le fin fond du gouffre. Elle craignait que ce soit trop dur, que le monde finisse par se retourner contre eux comme cela avait été le cas avec Sawyer. Elle craignait de se briser les ailes et par dessus tout de briser Aldéric d’une quelconque façon que ce soit. Elle avait peur qu’Aldéric finisse par abandonner, elle voulait pourtant tout faire pour qu’ils s’en sortent, tous les deux, ensemble, elle avait le sentiment qu’ils pouvaient le faire, elle savait qu’Aldéric refoulait ce qu’il y avait de meilleur en lui, qu’il ne pensait pas être à la hauteur, mais elle avait pris la décision de lui prouver combien il avait tord. Bree avait peur, mais cette peur ne l’arrêta pas, elle voulait leur donner une chance, elle voulait tenter quelque chose car son coeur se remit à battre, car des papillons s’envolèrent dans son estomac. Alors une question mesquine vint s’immiscer dans son esprit : est-il possible d’aimer deux personnes à la fois ? Car elle savait qu’elle aimait toujours Sawyer, mais elle savait aussi qu’elle aimait Aldéric. Bree comprit alors que rien ne serait facile, mais elle garda ses doutes et ses craintes pour elle afin de profiter de l’instant présent.
Elle frémissait alors que ses doigts jouaient dans ses cheveux, effleurant sa joue de temps à autre, la faisant rougir au passage alors que son coeur battait comme il n’avait plus battu depuis longtemps. Elle se souvenait de ses gestes qu’il avait toujours eu quand il était avec elle, ses caresses, ses baisers, l’odeur de sa peau, un mélange de tabact et d’une odeur qui lui était bien propre. Elle enfouit son visage dans le creu de son cul, y déposant un baiser avant qu’il n’entreprit d’embrasser chaque parcelle de son corps, murmurant quelques paroles entre deux frémissements. « J’avoue flipper comme un malade. C’est bien la première fois que je plonge dans l’inconnu de la sorte. Alors j’espère que tu me pardonneras mais… » Il mordilla son oreille, lui volant un gémissement au passage. « il semblerait que j’ai encore de nombreuses choses à apprendre, et pas des moindres. » Elle ne dit rien, le laissant faire, le laissant terminer ce qu’il venait de commencer. « Je suis loin d’être le mec parfait, Bree. Il ne faut pas que tu te fondes de faux espoirs autour de mots d’amour qui seront difficilement dits, voire pas du tout. Je ne serai pas le type romantique qui te promettra la lune. Ce n’est pas moi, tout ça, tu me connais. » Elle voulut l’interrompre, lui dire le fond de sa pensée, mais il ne lui en laissa pas le temps, repartant de suite à l’assaut : « je vais tout de même faire des efforts. Je veux simplement que tu sois heureuse, quelque soit le moyen à mettre en œuvre pour y parvenir. » La jeune femme réfléchit quelques secondes afin de bien choisir ses mots, soupira et lui sourit tendrement. « J’ai peur aussi. Enormément. De pleins de trucs, mais j’ai confiance, j’ai envie d’y croire. Je sais que tout cela est nouveau pour toi ou presque, je sais qui tu es et je n’attends pas de toi des grandes déclarations ni toutes ces promesses jamais tenues de toute façon, tout ce que je veux c’est que tu sois là et qu’on s’entre-aide, je veux qu’on s’en sorte, ensemble. Voilà ce qui me rendrait heureuse. » Elle passa ses bras autour du cou du jeune homme, plantant son regard dans le sien tout en souriant, un vrai sourire, le genre de sourire qui n’était pas apparu sur ses lèvres depuis bien longtemps. « Tu sais, j’ai très envie de dormir ici ce soir, tu m’y autorises ? Ce serait notre première nuit ensemble depuis longtemps et tes bras m’ont manqués .. » Pas de mensonges, rien que la vérité. Elle ne désirait même pas coucher avec lui, le simple fait de se retrouver près de lui la rendrait heureuse, elle savait alors qu’elle passerait une nuit sans cauchemar, une nuit paisible, chose qu’elle n’avait pas connue depuis longtemps ..
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Re: Chambre d'Aldéric I. Van Achthoven
Ven 22 Oct 2010 - 22:29
Malgré ma jeune vie, j’avais tout connu, tout vu, tout expérimenté. Sans cesse, j’avais ressenti le besoin d’essayer de nouvelles choses, de tester mes limites, jusque parfois même atteindre le point de non retour. J’étais à présent désabusé, au bout du rouleau, presque intimement convaincu que la vie n’allait jamais plus me réserver de surprises. Ne m’avait-elle pas déjà fait tout voir auparavant? J’avais connu la haine, la mort, la dépression, le sexe, la drogue, l’autodestruction poussée à l’extrême, l’on m’avait tellement souvent ramassé à la petite cuillère, tantôt défoncé, tantôt ivre mort, je m’étais battu tant de fois, parfois pour des futilités ou un mot mal placé, une allusion de mauvais goût. Je connaissais la violence, la délinquance, pour avoir été l’un des leurs. Et en mon for intérieur, je l’étais encore, cette partie de moi n’avait jamais péri, elle demeurait ici, dans l’ombre, prête à surgir de nouveau à la première occasion. J’aimais la casse, le bordel, le risque, la castagne. J’étais de ces jeunes qui n’avaient jamais respecté les biens ou la propriété d’autrui. J’avais déjà commis des actes de vandalisme en signe de protestation, j’avoue sans honte avoir volé à plusieurs reprises. Il fut un temps où le vol était une véritable addiction, je me sentais indéniablement puissant, et c’était terriblement grisant. Mais toute médaille avait ses revers, et je n’avais pas tardé à assister au retour du boomerang. Ma vie sur les chapeaux de roues avait forcément eu un prix, et j’étais désormais sali, souillé, pourri jusqu’à l’os. De la mauvaise graine, comme dirait l’autre. Je me dégoûtais à présent, à un point tel que j’avais à maintes reprises tenté de détruire ce qui me répugnait tant. Mes poignets, mon corps même portaient encore les marques de mon geste irréfléchi et empreint de désespoir. Même si l’évènement avait eu lieu quelques années auparavant, la cicatrice qui était en moi était toujours aussi béante et semblait avoir empiré avec le temps. J’étais persuadé que je ne pouvais pas tomber plus bas dans la déchéance, que j’étais au paroxysme de mon évolution. Je croyais dur comme fer être incapable d’être quelqu’un d’autre que ce type là, et dans un sens, cela était vrai. Je n’avais été rien d’autre que cela, je n’avais jamais cherché à être différent. A présent, je notais une erreur magistrale, que mon aspect un brin trop sûr de moi avait allègrement omise, et qui était bien plus douloureuse que toutes les autres que j’aurais pu perpétrer.
Je n’avais pas tout connu, tout vu, tout expérimenté. Je ne connaissais pas l’amour, ce sentiment à la fois merveilleux et destructeur, qui pouvait être, dans une certaine mesure, être encore pire que ces saloperies qui me pourrissaient le sang et me détérioraient le cerveau et l’organisme. Je n’avais jamais été véritablement heureux, c’est à croire que mon cœur meurtri, presque exsangue, n’avait pas été programmé pour le bonheur. Le seul aperçu du nirvana que j’avais pu entrevoir, c’était à travers les drogues, ces foutues substances dont j’étais terriblement accro. Mais là encore, il ne s’agissait que du bonheur artificiel, préfabriqué, et éphémère qui plus est. La félicité n’était qu’une illusion destinée à générer bien des espoirs chez les plus naïfs d’entre nous. J’avais cru être amoureux, il y a bien longtemps. Mais là encore, ce n’avait été qu’une illusion. amourette aurait été un terme plus approprié. J’avais été réellement attaché à Orphée, bien qu’il avait fallu la materner sans cesse. Ce que je ressentais pour Breeony était bien différent, trop différent. C’était un sentiment déchirant, intense, effrayant. Tout ce que j’avais pu expérimenter, en somme, mais puissance dix. Et moi, dans tout ça, j’ignorais comment m’y confronter, tout me paraissait tellement nouveau, tellement irréel. Je craignais que la Summerbee n’était qu’une illusion, que j’avais rêvé de tout cela, que j’allais immanquablement me réveiller et subir l’énième retombée des effets euphorisants et hallucinogènes de mes drogues. Je redoutais vivre à nouveau la période où elle était avec Sawyer, n’avait d’yeux que pour lui, oubliant même jusqu’à ma présence. Durant un an, j’avais si peu existé que je craignais disparaître de sa vie, de façon certes plus brutale. Je m’en retrouvais si peu empressé de renouer avec ces instants où la jalousie avait consumé mon être déjà trop écartelé, où la haine avait fini par étouffer dans l’œuf les sentiments que je commençais à nourrir envers la jolie blonde. Je l’avais aimée, je l’avais haïe puis de nouveau aimée. C’était à ne plus rien comprendre, je m’y perdais moi-même tant dans ma tête, le foutoir était complet. J’avais tour à tour souhaité son bonheur, et qu’elle s’aperçoive de son erreur monumentale et qu’elle en souffre. J’avais nourri tellement de sombres pensées à son égard que cela m’effrayait, que je priais pour que jamais, au grand jamais elle n’y ait accès. J’en étais finalement sorti davantage détraqué que sain d’esprit, en d’autres termes, d’autant plus taré que je ne l’étais déjà.
Je me rappelais de tout. Du satin de sa peau, du sucre de ses lèvres, de sa fragrance entêtante et capiteuse, qui m’avait tant de fois fait tourner la tête. Nos caresses avaient toujours été les mêmes, nos gestes identiques, nos baisers avaient cette même saveur de sel, ce parfum de nostalgie que je n’avais jamais oublié, quand bien même je l’aurais ardemment souhaité. Mon corps avait épousé le sien à la perfection, comme si nous eussions été issus du même moule, si autrefois j’en doutais, j’avais à présent la certitude que c’était elle, Breeony Kara Warrens, mon âme sœur. J’étais toujours aussi impressionné de l’osmose qui existait entre nous, de cette complicité qui subsistait malgré tout. Elle était l’une de mes plus anciennes amies, c’est tout naturellement qu’elle est devenue ma maîtresse puis ma confidente. Il n’y avait jamais eu rien d’absurde à tout cela, au fond, tout était d’une logique implacable, pragmatique. Et tandis que je contemplais la magnifique jeune femme que je détenais au creux de mes bras, je comprenais que j’avais enfin fait le bon choix. La vie ne serait jamais ce qu’elle était sans audace, sans prises de risques pour autant qu’elles ne fussent pas inutiles. Je venais de faire le saut de l’ange, me jetant dans le vide sans sécurité, sans parachute pour ralentir la chute libre. Deux options s’offraient à moi. Soit je décollerai pour de bon sans plus jamais atterrir, soit je finirais par m’écraser décisivement et ne plus me relever. Quoiqu’il advienne, je m’abandonnais de nouveau à elle, m’amusant de ses frémissements tandis que mes lèvres effleuraient chaque parcelle de peau qu’elles trouvaient. Finalement, la boucle était bouclée, nous n’avions fait que de reprendre nos vieilles habitudes, les sentiments en plus. Je m’émerveillais du moindre son qu’elle émettait, même des années après je n’en étais toujours pas lassé. Et pourtant, j’avais l’impression de la découvrir à nouveau. Elle m’offrait simplement sur un plateau en or cette facette d’elle-même que je ne connaissais pas et que j’expérimentais avec volupté. « J’ai peur aussi. Enormément. De pleins de trucs, mais j’ai confiance, j’ai envie d’y croire. Je sais que tout cela est nouveau pour toi ou presque, je sais qui tu es et je n’attends pas de toi des grandes déclarations ni toutes ces promesses jamais tenues de toute façon, tout ce que je veux c’est que tu sois là et qu’on s’entre-aide, je veux qu’on s’en sorte, ensemble. Voilà ce qui me rendrait heureuse. » J’acquiesçai silencieusement à ses paroles, ne trouvant sur l’instant rien à redire. En réalité, mon regard parlait pour moi. Je lui étais reconnaissant d’être si indulgente, si réceptive à mon avertissement, le dernier qui était susceptible de me faire reculer. A présent que tout était limpide, j’étais tout simplement serein. Je resserrai mes bras autour de sa taille tandis qu’elle enlaçait mon cou. Je lui volai un baiser furtif, juste avant qu’elle finisse d’exprimer le fond de sa pensée.« Tu sais, j’ai très envie de dormir ici ce soir, tu m’y autorises ? Ce serait notre première nuit ensemble depuis longtemps et tes bras m’ont manqués .. » Un semblant de sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je feignais une intense réflexion. J’avais juste envie de la taquiner un tant soit peu, la réponse était des plus évidentes. Je pressai mon front contre le sien, tandis que je murmurai, d’une voix sincèrement amusée. « Mes bras t’accueillent volontiers. Je te ferai de ce fait une petite place dans mon lit pour ce soir, et tous les autres soirs si tu le désires. » Une façon comme une autre d’approuver sa requête, certes tacite. Oui, je voulais qu’on soit ensemble. Je l’avais tant attendue, la Summerbee, que je n’étais pas disposé à la laisser filer de sitôt. Qu’importe que ce soit pour deux semaines ou toute une vie, l’important aura été de le vivre.
Je n’avais pas tout connu, tout vu, tout expérimenté. Je ne connaissais pas l’amour, ce sentiment à la fois merveilleux et destructeur, qui pouvait être, dans une certaine mesure, être encore pire que ces saloperies qui me pourrissaient le sang et me détérioraient le cerveau et l’organisme. Je n’avais jamais été véritablement heureux, c’est à croire que mon cœur meurtri, presque exsangue, n’avait pas été programmé pour le bonheur. Le seul aperçu du nirvana que j’avais pu entrevoir, c’était à travers les drogues, ces foutues substances dont j’étais terriblement accro. Mais là encore, il ne s’agissait que du bonheur artificiel, préfabriqué, et éphémère qui plus est. La félicité n’était qu’une illusion destinée à générer bien des espoirs chez les plus naïfs d’entre nous. J’avais cru être amoureux, il y a bien longtemps. Mais là encore, ce n’avait été qu’une illusion. amourette aurait été un terme plus approprié. J’avais été réellement attaché à Orphée, bien qu’il avait fallu la materner sans cesse. Ce que je ressentais pour Breeony était bien différent, trop différent. C’était un sentiment déchirant, intense, effrayant. Tout ce que j’avais pu expérimenter, en somme, mais puissance dix. Et moi, dans tout ça, j’ignorais comment m’y confronter, tout me paraissait tellement nouveau, tellement irréel. Je craignais que la Summerbee n’était qu’une illusion, que j’avais rêvé de tout cela, que j’allais immanquablement me réveiller et subir l’énième retombée des effets euphorisants et hallucinogènes de mes drogues. Je redoutais vivre à nouveau la période où elle était avec Sawyer, n’avait d’yeux que pour lui, oubliant même jusqu’à ma présence. Durant un an, j’avais si peu existé que je craignais disparaître de sa vie, de façon certes plus brutale. Je m’en retrouvais si peu empressé de renouer avec ces instants où la jalousie avait consumé mon être déjà trop écartelé, où la haine avait fini par étouffer dans l’œuf les sentiments que je commençais à nourrir envers la jolie blonde. Je l’avais aimée, je l’avais haïe puis de nouveau aimée. C’était à ne plus rien comprendre, je m’y perdais moi-même tant dans ma tête, le foutoir était complet. J’avais tour à tour souhaité son bonheur, et qu’elle s’aperçoive de son erreur monumentale et qu’elle en souffre. J’avais nourri tellement de sombres pensées à son égard que cela m’effrayait, que je priais pour que jamais, au grand jamais elle n’y ait accès. J’en étais finalement sorti davantage détraqué que sain d’esprit, en d’autres termes, d’autant plus taré que je ne l’étais déjà.
Je me rappelais de tout. Du satin de sa peau, du sucre de ses lèvres, de sa fragrance entêtante et capiteuse, qui m’avait tant de fois fait tourner la tête. Nos caresses avaient toujours été les mêmes, nos gestes identiques, nos baisers avaient cette même saveur de sel, ce parfum de nostalgie que je n’avais jamais oublié, quand bien même je l’aurais ardemment souhaité. Mon corps avait épousé le sien à la perfection, comme si nous eussions été issus du même moule, si autrefois j’en doutais, j’avais à présent la certitude que c’était elle, Breeony Kara Warrens, mon âme sœur. J’étais toujours aussi impressionné de l’osmose qui existait entre nous, de cette complicité qui subsistait malgré tout. Elle était l’une de mes plus anciennes amies, c’est tout naturellement qu’elle est devenue ma maîtresse puis ma confidente. Il n’y avait jamais eu rien d’absurde à tout cela, au fond, tout était d’une logique implacable, pragmatique. Et tandis que je contemplais la magnifique jeune femme que je détenais au creux de mes bras, je comprenais que j’avais enfin fait le bon choix. La vie ne serait jamais ce qu’elle était sans audace, sans prises de risques pour autant qu’elles ne fussent pas inutiles. Je venais de faire le saut de l’ange, me jetant dans le vide sans sécurité, sans parachute pour ralentir la chute libre. Deux options s’offraient à moi. Soit je décollerai pour de bon sans plus jamais atterrir, soit je finirais par m’écraser décisivement et ne plus me relever. Quoiqu’il advienne, je m’abandonnais de nouveau à elle, m’amusant de ses frémissements tandis que mes lèvres effleuraient chaque parcelle de peau qu’elles trouvaient. Finalement, la boucle était bouclée, nous n’avions fait que de reprendre nos vieilles habitudes, les sentiments en plus. Je m’émerveillais du moindre son qu’elle émettait, même des années après je n’en étais toujours pas lassé. Et pourtant, j’avais l’impression de la découvrir à nouveau. Elle m’offrait simplement sur un plateau en or cette facette d’elle-même que je ne connaissais pas et que j’expérimentais avec volupté. « J’ai peur aussi. Enormément. De pleins de trucs, mais j’ai confiance, j’ai envie d’y croire. Je sais que tout cela est nouveau pour toi ou presque, je sais qui tu es et je n’attends pas de toi des grandes déclarations ni toutes ces promesses jamais tenues de toute façon, tout ce que je veux c’est que tu sois là et qu’on s’entre-aide, je veux qu’on s’en sorte, ensemble. Voilà ce qui me rendrait heureuse. » J’acquiesçai silencieusement à ses paroles, ne trouvant sur l’instant rien à redire. En réalité, mon regard parlait pour moi. Je lui étais reconnaissant d’être si indulgente, si réceptive à mon avertissement, le dernier qui était susceptible de me faire reculer. A présent que tout était limpide, j’étais tout simplement serein. Je resserrai mes bras autour de sa taille tandis qu’elle enlaçait mon cou. Je lui volai un baiser furtif, juste avant qu’elle finisse d’exprimer le fond de sa pensée.« Tu sais, j’ai très envie de dormir ici ce soir, tu m’y autorises ? Ce serait notre première nuit ensemble depuis longtemps et tes bras m’ont manqués .. » Un semblant de sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je feignais une intense réflexion. J’avais juste envie de la taquiner un tant soit peu, la réponse était des plus évidentes. Je pressai mon front contre le sien, tandis que je murmurai, d’une voix sincèrement amusée. « Mes bras t’accueillent volontiers. Je te ferai de ce fait une petite place dans mon lit pour ce soir, et tous les autres soirs si tu le désires. » Une façon comme une autre d’approuver sa requête, certes tacite. Oui, je voulais qu’on soit ensemble. Je l’avais tant attendue, la Summerbee, que je n’étais pas disposé à la laisser filer de sitôt. Qu’importe que ce soit pour deux semaines ou toute une vie, l’important aura été de le vivre.
FIN DU RP.
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