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BONNIE & ROMANE ▬ acte I scène I
Ven 22 Oct 2010 - 23:54
- Spoiler:
- tu remarqueras probablement que de un, je suis pas douée pour les titres, et de deux, j'aime pas décorée les fiches, surtout à minuit moins sept, mais j'espère que ça te dérangera pas. voilà notre rp. j'en ai pas fait depuis au moins trois mois, donc j'espère que ça te conviendra, même si je pense que c'est comme le vélo, ça s'oublie pas
Le soleil filtrait à travers les hautes fenêtres de l’école, et venait caresser la tranche des vieux livres poussiéreux, sagement rangés en rang sur les hautes étagères en bois sombre. Romane suivit du bout de l’index les tracés lumineux qui jouaient avec les creux et les pleins du cuir fatigué. Plus que la douceur de la matière sous ses doigts, c’était l’odeur qui s’en dégageait qui l’enivrait. Arrêtant sa course, elle attrapa délicatement l’un des livres et l’attira à elle, admirant les lettres d’or qui formaient le titre sur la couverture. Parfait, c’était exactement ce qu’elle recherchait. Elle rejoignit la table en bois brute où elle avait laissé ses affaires, et lâcha lourdement le volumineux objet, qui s’écrasa dans un nuage de poussière. Toussant et crachotant, Romane poussa un soupir de lassitude. Bon, c’est sûr qu’à Edeulys, ce genre de choses n’arrivaient pas souvent. C’était bien trop propre et bien trop entretenu pour que les livres soient recouverts de poussière. Mais elle n’était plus à Edeulys désormais, elle était à Hungcalf, et il fallait qu’elle arrête de toujours comparer les deux université. Cela ne donnerait rien de bon. Elle se laissa retomber sur sa chaise, la faisant désagréablement crisser sur le sol en pierre, et la tête entre les mains, elle se replongea dans ses devoirs.
Le niveau n’était pas plus élevé que dans son ancienne université, au contraire. Mais elle avait dû bien trop vite s’adapter à un tout nouveau mode de vie. Son niveau d’anglais, elle s’en était rendue compte assez vite, était exécrable - ah ces français et leur mauvaise réputation en langue qui leur collait à la peau ! Et il s’avérait qu’elle ne digérait pas très bien le pudding et les autres substances gélatineuses dont raffolaient pourtant les anglais. Et puis il y avait tous les stéréotypes dont elle subissait l’affront, ses petits camarades souhaitant justement savoir si c’était vrai, ou non. Romane s’était pris au jeu, puis, sans rien dire, s’en était lassé. Et ses journées éprouvantes lui obstruaient l’esprit, l’empêchant de penser de manière rationnelle et logique, et ses parchemins restaient désespérément vides. Commencer l’année comme ça n’était vraiment pas une bonne chose. Soufflant un bon coup, elle se remémora quelques cours de relaxation qu’une camarade d’école lui avait appris, il y avait quelques années déjà. Elle souffla entre ses lèvres jusqu’à vider ses poumons, aspira l’air bruyamment et recommença l’expérience deux ou trois fois, jusqu’à ce qu’un avion en papier vienne magiquement s’écraser sur son crâne.
« hey la ferme la froggy, tu fais trop de bruit ! »
Ecarlate, la jeune fille se replongea dans son livre. Foutus Anglais. Pour éviter d’imaginer le corps de ses assaillants au bout d’une corde, elle se concentra sur l’évolution des ombres sur ses cahiers. Le temps passait drôlement lentement, de ce côte-ci de la Manche. Lorsque l’heure arriva à sa fin, elle se leva pour ranger ses livres. Il lui restait encore une heure de libre, mais elle ne tirerait rien de ces vieux grimoires, aussi envisagea-t-elle de s’exiler dans le parc. En espérant qu’il ne pleuve pas dehors. C’est bien ce qu’il se dit non, qu’il pleut toujours en Angleterre ? Mais ses plans risquaient bien de tomber à l’eau, sans mauvais jeux de mots. Au détour d’une allée, alors qu’elle rangeait précautionneusement un « Décrypter les runes norvégiennes, par Lord Mc Alistair », elle tomba nez à nez avec une frimousse brune qui ne lui était pas inconnu. La surprise fit à son cœur un raté, et elle tenta de garder une certaine contenance alors que le visage de Bonnie affichait également une surprise mal dissimulée. Pendant plus de deux ans, Bonnie avait été sa confidente, sa correspondante attitrée, à qui elle avait déballé son âme, en omettant toutefois quelques détails, insignifiants selon elle, mais qui, au final, avaient probablement fait toute la différence. Romane était tellement excitée à l’idée de rencontrer Bonnie, qu’elle avait senti comme un vide, le jour où elle s’était rendue compte que la personne adorable qu’elle rencontrait dans ses lettres, ne l’était pas autant dans la vraie vie. Elle avait longtemps tenté de renier l’évidence, mais il avait bien fallu un jour arrêter de se voiler la face : l’amie qu’elle estimait tant l’avait déçue. Et elle sentait, plus ou moins distinctement, qu’il en était de même pour la jeune Grymm. Depuis ce jour, elle tentait d’éviter Bonnie. Elle voulait à tout prix éviter la confrontation, qui aurait forcément amené à un déballage de sentiments, ou toute autre chose dans le genre, bref quelque chose qui serait forcément très désagréable à vivre.
Mais à ce moment précis, coincées entre quatre yeux dans un recoin de la bibliothèque, sa lâcheté lui explosait au visage. Il fallait qu’elle crève l’abcès. C’Est-ce que lui auraient conseillés ses parents. Et bien que ça faisait déjà un moment qu’elle évitait de suivre les conseils de ses parents, Romane aspira un longue goulée d’air pour se donner du courage.
« ah salut bonnie … euh je … tu … tu veux t’assoir … là, avec moi ? »
Le dernier mot se perdit dans un râle guttural. Pathétique. Romane était tout simplement pathétique. Si seulement le sol pouvait s’ouvrir sous ses pieds pour l’aspirer et la cacher aux yeux du monde ! Mais évidemment, ça ne se faisait pas ici. Les escaliers pouvaient bien tourner selon leur bon vouloir, quand on demandait au château de nous aider, on pouvait toujours s’époumoner, il faisait la sourde oreille. Saleté d’Anglais !
Le niveau n’était pas plus élevé que dans son ancienne université, au contraire. Mais elle avait dû bien trop vite s’adapter à un tout nouveau mode de vie. Son niveau d’anglais, elle s’en était rendue compte assez vite, était exécrable - ah ces français et leur mauvaise réputation en langue qui leur collait à la peau ! Et il s’avérait qu’elle ne digérait pas très bien le pudding et les autres substances gélatineuses dont raffolaient pourtant les anglais. Et puis il y avait tous les stéréotypes dont elle subissait l’affront, ses petits camarades souhaitant justement savoir si c’était vrai, ou non. Romane s’était pris au jeu, puis, sans rien dire, s’en était lassé. Et ses journées éprouvantes lui obstruaient l’esprit, l’empêchant de penser de manière rationnelle et logique, et ses parchemins restaient désespérément vides. Commencer l’année comme ça n’était vraiment pas une bonne chose. Soufflant un bon coup, elle se remémora quelques cours de relaxation qu’une camarade d’école lui avait appris, il y avait quelques années déjà. Elle souffla entre ses lèvres jusqu’à vider ses poumons, aspira l’air bruyamment et recommença l’expérience deux ou trois fois, jusqu’à ce qu’un avion en papier vienne magiquement s’écraser sur son crâne.
« hey la ferme la froggy, tu fais trop de bruit ! »
Ecarlate, la jeune fille se replongea dans son livre. Foutus Anglais. Pour éviter d’imaginer le corps de ses assaillants au bout d’une corde, elle se concentra sur l’évolution des ombres sur ses cahiers. Le temps passait drôlement lentement, de ce côte-ci de la Manche. Lorsque l’heure arriva à sa fin, elle se leva pour ranger ses livres. Il lui restait encore une heure de libre, mais elle ne tirerait rien de ces vieux grimoires, aussi envisagea-t-elle de s’exiler dans le parc. En espérant qu’il ne pleuve pas dehors. C’est bien ce qu’il se dit non, qu’il pleut toujours en Angleterre ? Mais ses plans risquaient bien de tomber à l’eau, sans mauvais jeux de mots. Au détour d’une allée, alors qu’elle rangeait précautionneusement un « Décrypter les runes norvégiennes, par Lord Mc Alistair », elle tomba nez à nez avec une frimousse brune qui ne lui était pas inconnu. La surprise fit à son cœur un raté, et elle tenta de garder une certaine contenance alors que le visage de Bonnie affichait également une surprise mal dissimulée. Pendant plus de deux ans, Bonnie avait été sa confidente, sa correspondante attitrée, à qui elle avait déballé son âme, en omettant toutefois quelques détails, insignifiants selon elle, mais qui, au final, avaient probablement fait toute la différence. Romane était tellement excitée à l’idée de rencontrer Bonnie, qu’elle avait senti comme un vide, le jour où elle s’était rendue compte que la personne adorable qu’elle rencontrait dans ses lettres, ne l’était pas autant dans la vraie vie. Elle avait longtemps tenté de renier l’évidence, mais il avait bien fallu un jour arrêter de se voiler la face : l’amie qu’elle estimait tant l’avait déçue. Et elle sentait, plus ou moins distinctement, qu’il en était de même pour la jeune Grymm. Depuis ce jour, elle tentait d’éviter Bonnie. Elle voulait à tout prix éviter la confrontation, qui aurait forcément amené à un déballage de sentiments, ou toute autre chose dans le genre, bref quelque chose qui serait forcément très désagréable à vivre.
Mais à ce moment précis, coincées entre quatre yeux dans un recoin de la bibliothèque, sa lâcheté lui explosait au visage. Il fallait qu’elle crève l’abcès. C’Est-ce que lui auraient conseillés ses parents. Et bien que ça faisait déjà un moment qu’elle évitait de suivre les conseils de ses parents, Romane aspira un longue goulée d’air pour se donner du courage.
« ah salut bonnie … euh je … tu … tu veux t’assoir … là, avec moi ? »
Le dernier mot se perdit dans un râle guttural. Pathétique. Romane était tout simplement pathétique. Si seulement le sol pouvait s’ouvrir sous ses pieds pour l’aspirer et la cacher aux yeux du monde ! Mais évidemment, ça ne se faisait pas ici. Les escaliers pouvaient bien tourner selon leur bon vouloir, quand on demandait au château de nous aider, on pouvait toujours s’époumoner, il faisait la sourde oreille. Saleté d’Anglais !
- InvitéInvité
Re: BONNIE & ROMANE ▬ acte I scène I
Mer 10 Nov 2010 - 23:18
- La cuillère tournait lentement, décrivant des cercles identiques dans le thé bouillant que contenait la tasse en porcelaine bon marché. Délicatement, de fines mains légèrement hâlées se saisirent du contenant et le portèrent doucement aux lèvres de la jeune femme assise à l’une des quatre grandes tables en bois. En cette matinée d’automne, Bonnie avait fait le serment de se remettre enfin à travailler correctement. Plus de problèmes de couple, plus de problèmes, de questions d’existentialisme en tout genre, tout ça appartenait au passé. Après un long mois et demi de doutes, de remises en question, la brune avait finalement décidé de tout balayer d’un seul coup pour ne faire plus qu’un avec le présent, son présent. Ses yeux se mirent à scruter le vide, ce vide à la fois banal et tellement fascinant, ce vide qui confronte nos pensées les unes aux autres, ce vide qui nous fait parfois peur. En s’abandonnant de cette façon, Bonnie avait la ferme impression de régresser, de revenir des jours en arrière, de repenser aux derniers évènements. Ah, penser, toujours penser. Son esprit était fatigué, elle voulait qu’on la laisse en paix, du moins pour aujourd’hui. Laissons-la reprendre le cours des choses, laissons-la redevenir celle qu’elle était avant de rencontrer ce Bougrov. D’un geste lent, l’Australienne posa calmement sa tasse désormais vide et jeta un rapide coup d’œil à la grande horloge qui trônait dans la grande salle. Allons, neuf heures et demie. Il était temps de se diriger vers la bibliothèque pour une matinée chargée en révisions. Attrapant son sac et ses livres, la jeune femme sortit de la Grande Salle d’un pas léger et assuré sous les regards habituels de certains étudiants. Ses talons résonnant dans l’immense pièce, inutile de préciser qu’il était difficile de ne pas la remarquer. Mais bon, la jeune femme avant largement passé le stade des regards – après tout, un tel comportement est toujours flatteur.
Comme d’habitude, les couloirs de l’université étaient bondés. Tandis que certains se racontaient les potins de telle ou telle soirée, d’autres se contentaient de montrer les derniers sortilèges appris, histoire d’impressionner ses amis. Au milieu de cette foule animale, Bonnie tentait tant bien que mal de se frayer un chemin parmi tous les étudiants. Parfois, elle se mettait à observer un groupe, et à chaque fois, elle en venait à la conclusion que cette situation lui passait au dessus de la tête. Depuis un bout de temps, Bonnie n’était plus la même, elle le savait. Les étudiants de Hungcalf lui semblaient à des kilomètres de sa personne. Oh, ce n’était pas de la prétention, loin de là ! La jeune femme était réaliste, tout simplement. Sa fausse couche, son mariage, tous ces évènements avaient contribué à la faire évoluer plus vite que les autres, à lui faire comprendre certaines choses que personne ici, du moins pas à sa connaissance, ne pourrait saisir. Ah, la maturité. Curieux sentiment quand on y pense, songea-t-elle.
Néanmoins, Bonnie parvint à atteindre assez rapidement la bibliothèque, ce lieu paisible et calme. Elle inspira un instant, comme pour s’enivrer de l’odeur poussiéreuse avant de toussoter ; signe perceptible de gène. Allons, quand allaient-ils faire le ménage ? On eut dit que les étagères n’avaient pas étaient nettoyées une seule fois depuis la création du château. Fronçant les sourcils, elle finit finalement par s’enfoncer dans les immenses rayonnages de livres à la recherche d’une table. Son regard s’arrêtait parfois sur quelques ouvrages ; la Grymm les ouvrait, en lisait brièvement une page et décrétait ou non si l’un d’eux pourrait faire l’affaire. Et puis, elle repartait, la tête en l’air, cherchant de plus belle…Jusqu’au moment ou elle manqua de percuter une jeune fille qu’elle connaissait très bien. Oh non. Sur le coup, Bonnie avait été prête à insulter celle qui faisait office d’obstacle. Pourtant, lorsqu’elle se rendit compte que la personne qui se trouvait en face d’elle n’était autre que Romane, elle laissa échapper un hoquet de stupeur avant de se mettre à sourire bêtement, d’une façon tout bonnement hypocrite.
« ah salut bonnie … euh je … tu … tu veux t’assoir … là, avec moi ? »
Bonnie tentait tant bien que mal de faire son hypocrite au plus haut possible face à celle qui connaissait tant de chose sur elle. Cela faisait quasiment deux ans que les deux jeunes femmes entretenaient une correspondance pour le moins personnelle. Elles s’étaient révélé des choses bien trop intimes concernant leurs vies respectives et désormais, la Grymm trouvait ça sincèrement gênant. Pendant ces deux longues années, la brune avait tenté d’imaginer à quoi ressemblait sa correspondante. Romane devait être hautaine, fière de descendre d’une telle famille, s’habillant parfaitement bien, partageant de nombreux points communs avec Bonnie. Or, lors de leur première rencontre, l’excitation du début avait finalement laissé place à une déception profonde. Romane ne ressemblait pas à la châtelaine française que Bonnie espérait rencontrer. Au lieu de ça, elle était tombée sur une jeune fille…banale. Oui, c’était le mot. Et là, elle devait absolument trouver une solution pour lui échapper dans la seconde qui suivait. Or, aucune issue ne semblait possible ; il fallait donc affronter la bête.
« Oui, avec plaisir Romane. Je…Je venais travailler et je cherchais une table ça tombe bien » dit l’Australienne d’un ton faussement ravi.
Gardant ses livres contre sa poitrine, Bonnie vint prendre place à la table de sa correspondante, ne sachant que dire. Au bout d’un instant, la brune daigna ouvrir la bouche, consciente que cette conversation ne mènerait à rien.
« Tu te plais ici ? Enfin, ça va, c’est pas trop dur ? »
Peux mieux faire Bonnie, peux mieux faire.
- Spoiler:
- je trouve ton rp très bien écrit, Romane. :brille: Et désolée pour mon temps de réponse. Promis, la prochaine fois, je répondrais plus tôt. :grandsyeux:
- InvitéInvité
Re: BONNIE & ROMANE ▬ acte I scène I
Jeu 16 Déc 2010 - 0:11
- Spoiler:
- avoue, je bats tous les records de temps de réponse
Romane s’attarda un instant dans la contemplation des longues mèches brunes qui encadraient le visage de Bonnie, sur son corps élancé, sur son corps de femme, et ses habits, choisis avec goût, avec soin. Un nuage de tristesse passa dans ses yeux ambrés. Elle aurait pu envier cette fille, elle l’avait fait d’ailleurs, à une époque, elle aurait même pu chercher à gagner son amitié, malgré toutes leurs différences. Si elles s’étaient rencontrées plus tôt, dans d’autres circonstances, Romane aurait pu devenir l’une de ses groupies, ne cherchant plus qu’à passer ses vieux jours sous le soleil de l’aura de
Bonnie, lumineuse tentatrice. Mais il n’en était rien. La déception avait meurtri le cœur de la jeune française, et malgré tous ses espoirs, elle savait qu’il était probable que la Grymm et elle ne s’entendent jamais. Et qu’elles se passent à côté, tel deux fantômes, sans que la présence de l’une ne marque la vie de l’autre. Deux étrangères. C’était triste, bien trop triste, et courageusement, Romane fit un pas en avant pour essayer d’améliorer les choses. Le pathétisme de sa question avait laissé place à une infime lueur d’espoir, et d’angoisse. Car elle savait que la suite de l’histoire dépendrait énormément de la réponse de sa correspondante. Mais le sourire de la jeune brune la blessait. Elle le sentait forcé, car il n’était absolument pas de circonstance. Mais eu fond, elle comprenait. Au final, elle en aurait fait de même, si les rôles avaient été inversés. Après tout, Bonnie n’était pas un monstre sans cœur, elle possédait comme tout un chacun, sa part d’humanité. Disons simplement qu’elle était bien cachée. Et s’appuyant sur ce qu’elle savait d’elle, Romane commençait à lui trouver des excuses.
« oui, avec plaisir romane. je…je venais travailler et je cherchais une table ça tombe bien. »
Romane se décala pour laisser passer Bonnie, sans relever l’attitude enjouée de l’Hungcalfienne. Elle aurait pu se permettre de répondre un tout aussi enjoué « ça alors, quelle coïncidence. », mais elle savait qu’à la moindre tentative de mensonge, ou d’humour, choisissez ce que vous voulez, sa voix déraillerait en un croassement des plus inesthétiques. Et c’était bien son dernier désir que de donner une raison de plus à Bougrov de se moquer d’elle. Au lieu de cela, elle se tut et prit place à la table, en face de la jeune fille. Mutique, fuyant l’autre silhouette, ses yeux roulaient à la recherche de quelque chose de tangible auquel s’accrocher, tandis que ses doigts, malhabiles, tremblant, délassaient la natte qui retenait ses cheveux prisonniers. Il tombèrent en cascade sur ses épaules, et sa longue franche vint cacher une partie de son visage. Elle savait que cette manie en agaçait plus d’un, et Bonnie en ferait probablement partie, mais elle ne pouvait entamer la conversation qui allait suivre sans se préparer un minimum. Elle avait besoin de sa forteresse. Ses yeux s’accrochèrent à ceux de son interlocutrice, mais sous la table, ses ongles s’acharnaient sur la peau tendre de ses paumes. Le silence s’éternisait, les enveloppant, la prenant à la gorge. C’était comme si Bonnie se trouvait à des kilomètres. Elle tenta une approche, mais à peine la bouche ouverte, elle la referma. Que pouvait-elle dire en ce genre de circonstance ? Rien ne lui venait à l’esprit, et malgré le vide qui semblait flotter dans sa tête, celle-ci lui semblait incroyablement lourde. Alors elle croisait les doigts, intensément, pour que Bonnie parle la première. Incroyablement, ses vœux semblèrent exaucés.
« tu te plais ici ? enfin, ça va, c’est pas trop dur ? »
Romane esquissa un sourire. Était-elle touchée, ou se demandait-elle si la réponse à la question intéresserait seulement celle qui l’avait posée ? Elle-même ne pouvait définir le sentiment qui l’emplissait désormais. Soudain, elle regrettait d’avoir incité Bonnie à s’asseoir avec elle. Non, en réalité, elle le regrettait dès l’instant où elle avait adressé la parole à la jeune fille, au détour de l’étagère, mais elle n’avait pas encore accepté l’évidence. Pourtant, pourtant, tout aurait été si simple si elles s’étaient contentées de se quitter, là, maintenant, en se promettant de ne plus s’adresser la parole jusqu’en juin, jusqu’au retour de Romane en France. Mais elle ne pouvait accepter cette fin. Romane n’était pas une battante, bien au contraire, c’était une jeune fille lâche et couarde, mais elle avait de l’espoir, et parfois, cette petite flamme d’espoir faisait toute la différence.
« oui … oui, j’aime beaucoup, c’est différent de ce que je connais, c’est exactement ce dont j’avais besoin, de changement … »
Romane s’arrêta un instant, lorgnant ses mains, à la recherche d’une inspiration, ou tentant tout du moins de remettre de l’ordre dans ses pensées. Mettre un mot après l’autre, former des phrases correctes, et surtout, compréhensibles.
« et toi ? est-ce que, est-ce que l’année a bien commencé pour toi aussi ? tu dois avoir beaucoup de travail, non ? »
« ça doit te changer les idées, non ? », faillit-elle ajouter l’air de rien. Non, Romane, non, ne t’aventure pas sur des terrains glissants, pas tout de suite, pas si tôt … Ca n’en vaut pas la peine.
Bonnie, lumineuse tentatrice. Mais il n’en était rien. La déception avait meurtri le cœur de la jeune française, et malgré tous ses espoirs, elle savait qu’il était probable que la Grymm et elle ne s’entendent jamais. Et qu’elles se passent à côté, tel deux fantômes, sans que la présence de l’une ne marque la vie de l’autre. Deux étrangères. C’était triste, bien trop triste, et courageusement, Romane fit un pas en avant pour essayer d’améliorer les choses. Le pathétisme de sa question avait laissé place à une infime lueur d’espoir, et d’angoisse. Car elle savait que la suite de l’histoire dépendrait énormément de la réponse de sa correspondante. Mais le sourire de la jeune brune la blessait. Elle le sentait forcé, car il n’était absolument pas de circonstance. Mais eu fond, elle comprenait. Au final, elle en aurait fait de même, si les rôles avaient été inversés. Après tout, Bonnie n’était pas un monstre sans cœur, elle possédait comme tout un chacun, sa part d’humanité. Disons simplement qu’elle était bien cachée. Et s’appuyant sur ce qu’elle savait d’elle, Romane commençait à lui trouver des excuses.
« oui, avec plaisir romane. je…je venais travailler et je cherchais une table ça tombe bien. »
Romane se décala pour laisser passer Bonnie, sans relever l’attitude enjouée de l’Hungcalfienne. Elle aurait pu se permettre de répondre un tout aussi enjoué « ça alors, quelle coïncidence. », mais elle savait qu’à la moindre tentative de mensonge, ou d’humour, choisissez ce que vous voulez, sa voix déraillerait en un croassement des plus inesthétiques. Et c’était bien son dernier désir que de donner une raison de plus à Bougrov de se moquer d’elle. Au lieu de cela, elle se tut et prit place à la table, en face de la jeune fille. Mutique, fuyant l’autre silhouette, ses yeux roulaient à la recherche de quelque chose de tangible auquel s’accrocher, tandis que ses doigts, malhabiles, tremblant, délassaient la natte qui retenait ses cheveux prisonniers. Il tombèrent en cascade sur ses épaules, et sa longue franche vint cacher une partie de son visage. Elle savait que cette manie en agaçait plus d’un, et Bonnie en ferait probablement partie, mais elle ne pouvait entamer la conversation qui allait suivre sans se préparer un minimum. Elle avait besoin de sa forteresse. Ses yeux s’accrochèrent à ceux de son interlocutrice, mais sous la table, ses ongles s’acharnaient sur la peau tendre de ses paumes. Le silence s’éternisait, les enveloppant, la prenant à la gorge. C’était comme si Bonnie se trouvait à des kilomètres. Elle tenta une approche, mais à peine la bouche ouverte, elle la referma. Que pouvait-elle dire en ce genre de circonstance ? Rien ne lui venait à l’esprit, et malgré le vide qui semblait flotter dans sa tête, celle-ci lui semblait incroyablement lourde. Alors elle croisait les doigts, intensément, pour que Bonnie parle la première. Incroyablement, ses vœux semblèrent exaucés.
« tu te plais ici ? enfin, ça va, c’est pas trop dur ? »
Romane esquissa un sourire. Était-elle touchée, ou se demandait-elle si la réponse à la question intéresserait seulement celle qui l’avait posée ? Elle-même ne pouvait définir le sentiment qui l’emplissait désormais. Soudain, elle regrettait d’avoir incité Bonnie à s’asseoir avec elle. Non, en réalité, elle le regrettait dès l’instant où elle avait adressé la parole à la jeune fille, au détour de l’étagère, mais elle n’avait pas encore accepté l’évidence. Pourtant, pourtant, tout aurait été si simple si elles s’étaient contentées de se quitter, là, maintenant, en se promettant de ne plus s’adresser la parole jusqu’en juin, jusqu’au retour de Romane en France. Mais elle ne pouvait accepter cette fin. Romane n’était pas une battante, bien au contraire, c’était une jeune fille lâche et couarde, mais elle avait de l’espoir, et parfois, cette petite flamme d’espoir faisait toute la différence.
« oui … oui, j’aime beaucoup, c’est différent de ce que je connais, c’est exactement ce dont j’avais besoin, de changement … »
Romane s’arrêta un instant, lorgnant ses mains, à la recherche d’une inspiration, ou tentant tout du moins de remettre de l’ordre dans ses pensées. Mettre un mot après l’autre, former des phrases correctes, et surtout, compréhensibles.
« et toi ? est-ce que, est-ce que l’année a bien commencé pour toi aussi ? tu dois avoir beaucoup de travail, non ? »
« ça doit te changer les idées, non ? », faillit-elle ajouter l’air de rien. Non, Romane, non, ne t’aventure pas sur des terrains glissants, pas tout de suite, pas si tôt … Ca n’en vaut pas la peine.
- InvitéInvité
Re: BONNIE & ROMANE ▬ acte I scène I
Mer 29 Déc 2010 - 21:48
Les yeux de Bonnie se perdaient, s'égaraient sur les nombreuses étagères qui se dressaient derrière son interlocutrice. Romane lui inspirait une indifférence des plus totales. C'était cruel, certes mais c'était ainsi ; la jeune Française ne serait jamais o grand jamais amie avec la Grymm, cela semblait impossible. Pourtant, leur correspondance démontrait le contraire ; pour la première fois de sa vie, Bonnie s'était confiée à une jeune femme qu'elle ne connaissait qu'à travers de simples lettres, et cela pendant un certain temps. Oh, cela aurait du rester comme ça, sans aucun changement. Les deux jeunes femmes auraient eu une vision erronée de l'autre mais qu'importait ; au moins, elles n'auraient pas perdu leur temps à s'adresser de grands sourires hypocrites comme maintenant. L'Australienne gardait cependant un visage impassible même si le cœur n'y était pas. Elle avait essayé de briser ce silence pesant qui s'était progressivement installé entre les jeunes étudiantes et fort heureusement, sa correspondante s'était elle aussi efforcée de jouer le jeu en répondant à ses questions.
« oui … oui, j’aime beaucoup, c’est différent de ce que je connais, c’est exactement ce dont j’avais besoin, de changement … »
Génial, tant mieux pour toi, songea intérieurement la jeune Bougrov, un maigre sourire encore présent sur son visage, presque attendrie par les manières de son interlocutrice tandis qu'elle hochait la tête, preuve que l'Australienne l'écoutait. Romane n'était qu'une gamine, à première vue. Une natte qu'elle venait de défaire, une épaisse frange, rien ne lui inspirait une quelconque preuve de maturité, voire de féminité. Si Bonnie avait adopté l'allure d'une jeune femme très tôt, quatorze ans à peine, Romane quant à elle ne semblait jamais avoir été touchée par ce phénomène. Pire, elle était banale. Vous savez, le genre de fille impossible à remarquer au détour d'un couloir bondé de monde. C’était même à se demander si sa correspondante avait déjà fini dans le lit de quelqu'un. Mais l'Australienne se mordit la lèvre inférieure. Allons, il ne fallait pas traiter cette jeune fille de la sorte, elle ne le méritait pas. Elle devait certainement avoir quelques qualités bien enfouies au fond d'elle, non ?
« et toi ? est-ce que, est-ce que l’année a bien commencé pour toi aussi ? tu dois avoir beaucoup de travail, non ? »
Pardon ? Un instant, Bonnie crut très mal comprendre la question posée. L'année ne commençait pas bien pour elle, Romane aurait du le savoir. Un mari qui se baladait dans la nature, un enfant mort prématurément, à part ça, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Quelle garce, pensa intérieurement la Grymm. Comment pouvait-elle se permettre de dire quelque chose de semblable ? Rah. Ce comportement l'énervait. Encore une qui prenait un malin plaisir à démonter Bonnie qui se contenta, pour toute réaction, d'une légère grimace avant de reprendre son petit sourire hypocrite immédiatement après.
« Oui, très bon début d'année, se força à répondre Bonnie, c'est si rare d'avoir une vie aussi agitée. Et toi, je présume que ça doit te faire bizarre de quitter le cocon familial ? »
Bien sur, ces paroles étaient sorties sur un ton ironique et voulaient certainement signifier à la jeune française que ce genre de question n'était pas faite pour être posée, comme ça, sur le ton de la discussion, sans connaitre préalablement la situation de la personne avec qui on s'entretenait. Encore une chose dont Bonnie avait en horreur. Romane devait apprendre à se taire par moments. Se redressant le plus gracieusement du monde, Bonnie s'empara d'un parchemin et de quoi écrire afin de faire comprendre à la jeune Française qu'elle s'en allait chercher quelques livres susceptibles de l'intéresser pour son devoir. Encore une bonne raison pour quitter cette table, pensa à nouveau Bonnie. Mais d'un autre coté, elle pourrait la voir se débrouiller seule, lâchée en pleine jungle Hungcalfienne. Bien sur, en cas de problème majeur, Bonnie interviendrait, cela allait de soi.
« oui … oui, j’aime beaucoup, c’est différent de ce que je connais, c’est exactement ce dont j’avais besoin, de changement … »
Génial, tant mieux pour toi, songea intérieurement la jeune Bougrov, un maigre sourire encore présent sur son visage, presque attendrie par les manières de son interlocutrice tandis qu'elle hochait la tête, preuve que l'Australienne l'écoutait. Romane n'était qu'une gamine, à première vue. Une natte qu'elle venait de défaire, une épaisse frange, rien ne lui inspirait une quelconque preuve de maturité, voire de féminité. Si Bonnie avait adopté l'allure d'une jeune femme très tôt, quatorze ans à peine, Romane quant à elle ne semblait jamais avoir été touchée par ce phénomène. Pire, elle était banale. Vous savez, le genre de fille impossible à remarquer au détour d'un couloir bondé de monde. C’était même à se demander si sa correspondante avait déjà fini dans le lit de quelqu'un. Mais l'Australienne se mordit la lèvre inférieure. Allons, il ne fallait pas traiter cette jeune fille de la sorte, elle ne le méritait pas. Elle devait certainement avoir quelques qualités bien enfouies au fond d'elle, non ?
« et toi ? est-ce que, est-ce que l’année a bien commencé pour toi aussi ? tu dois avoir beaucoup de travail, non ? »
Pardon ? Un instant, Bonnie crut très mal comprendre la question posée. L'année ne commençait pas bien pour elle, Romane aurait du le savoir. Un mari qui se baladait dans la nature, un enfant mort prématurément, à part ça, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Quelle garce, pensa intérieurement la Grymm. Comment pouvait-elle se permettre de dire quelque chose de semblable ? Rah. Ce comportement l'énervait. Encore une qui prenait un malin plaisir à démonter Bonnie qui se contenta, pour toute réaction, d'une légère grimace avant de reprendre son petit sourire hypocrite immédiatement après.
« Oui, très bon début d'année, se força à répondre Bonnie, c'est si rare d'avoir une vie aussi agitée. Et toi, je présume que ça doit te faire bizarre de quitter le cocon familial ? »
Bien sur, ces paroles étaient sorties sur un ton ironique et voulaient certainement signifier à la jeune française que ce genre de question n'était pas faite pour être posée, comme ça, sur le ton de la discussion, sans connaitre préalablement la situation de la personne avec qui on s'entretenait. Encore une chose dont Bonnie avait en horreur. Romane devait apprendre à se taire par moments. Se redressant le plus gracieusement du monde, Bonnie s'empara d'un parchemin et de quoi écrire afin de faire comprendre à la jeune Française qu'elle s'en allait chercher quelques livres susceptibles de l'intéresser pour son devoir. Encore une bonne raison pour quitter cette table, pensa à nouveau Bonnie. Mais d'un autre coté, elle pourrait la voir se débrouiller seule, lâchée en pleine jungle Hungcalfienne. Bien sur, en cas de problème majeur, Bonnie interviendrait, cela allait de soi.
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