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It hurts to set you free ― pv
Dim 24 Oct 2010 - 19:25
made by capulette
- Je ne cherche plus à comprendre la réalité. Obscure, sanglante, l’effigie de ma tourmente. Musique maestro. Ma chambre vide, carcasse nébuleuse de souvenirs enfouis. J’observe mon squelette en manque avec démence, alors que glisse les notes intemporelles d’une chanson des Doors. Je m’allume une clope, m’allonge sur mon lit, cherchant à recréer ses scènes qui m’étaient autrefois familières. Je serre les dents, voluptueuse envie de me shooter. Je ferme les yeux, me laisse emporter par le clavier psychédélique de Ray Manzarek. Je fonds dans mes draps, je ne me rends plus compte qu’autour de moi, c’est le chaos. Je suis enfermé dans mon monde, je cherche ses sensations connues, je peux presque les toucher, elles sont au bout de mes doigts. Elles m’échappent de justesse. J’ouvre les yeux, éblouit par une lucidité terrifiante. Ma cigarette fume, seule, elle se consume sans moi. Je l’agrippe, l’aspire de tous mes petits poumons salis. Mes jambes engourdies tentent de me tenir, la chambre tourne, j’esquisse un sourire. La musique s’éloigne, j’ai l’impression d’être complètement défoncé. Mon sourire s’agrandit, la musique s’estompe, je n’entends maintenant plus que sa voix. Celle qui me berçait lorsque j’étais encore un enfant. J’ai l’impression de sentir ses mains douces sur mes épaules. Elle est là, veille sur moi, me rassure. « Maman… » Je tente de la toucher, impossible. Elle s’éloigne, m’abandonne encore une fois. Ma sueur glissant sur mes yeux m’aveugle. Je dois sortir de la chambre, je ne me sens pas bien. J’ai froid, j’ai l’impression de mourir. Je claque la porte derrière moi. Je sais ce qui m’arrive. Le manque… Le manque de vie. Je m’éteins. Mes pas lourds et maladroit traversent le couloir. Je cherche des appuis dans ce labyrinthe. Je traverse le deuxième étage du château de peine et de misère. Je m’arrête devant les portes des waters. Respire un bon coup. Je ne contrôle plus mon corps. Le désespoir est roi et maître dans mon organisme. Il veut en finir, maintenant. J’ouvre la porte. Regarde à gauche, puis à droite. Vide. Je fais couler l’eau du robinet et observe cette charogne dans le miroir. Je ris. Mon reflet me fait pitié, ce n’est pas moi. Ils avaient fait de moi un fantôme, une ossature morbide. Je devais y mettre fin. Mes mains glissent sous l’eau froide et agrippent ma tignasse. Je dois y mettre fin. Maintenant. Je ne contrôle plus mon poing qui valse vers le miroir. Éclats de verre, du sang sur mes doigts. Je ris, dément, j’attrape un morceau de verre sur le sol. L’agrippe dans mes mains. Le sang coule de plus belle. Je veux en finir maintenant, me couper les veines pour faire sortir ce poison. Je m’installe sur la cuvette, j’observe l’arme rougie. Ma respiration accélère, j’ai un éclat de vie, qui ne dure qu’une seconde. Je suis prêt, je le sens. Un frisson me parcoure, j’emmerde tout le monde, je reprends contrôle de ma vie.
J’observe mes mains tremblantes et salies de mon sans sec. Mes veines toujours intactes. Je pleure et pour une fois, je ne retiens pas mes larmes. Elles coulent sur mes joues, elles déposent sur mes lèvres un gout alcalin. Je hurle, j’ai mal. Ma tête veut exploser. « T’es une salope! UNE PUTAIN DE SALOPE T’A COMPRIS? » Je crache à la vie toute cette rage qu’elle a enfouit en moi. Toute cette lâcheté. Je crache sur le sol. Je cherche mes clopes. Craquement d’allumette. Mes yeux rivés vers le plafond, je détourne mon regard sur la porte ouverte. Je ne me cache pas. Que quelqu’un me trouve ici, mort ou vivant, je m’en fous. Je ris, un rictus machiavélique, je commence à comprendre pourquoi les gens se suicident. La beauté de cet instant où tout est clair et limpide, cette fraction de seconde orgasmique que seule la drogue peut égaler. Je songe à recommencer, pour me donner cette sensation, une fois de plus. La porte des waters s’ouvre. « Strange days have found us, Strange days have tracked us down. They're going to destroy, Our casual joys » Je chante, ma clope au bec, je pose mon regard sur cette silhouette connue. Je tente de me lever, m’appuie contre les panneaux de la cuvette, lui esquisse un sourire. « J’en peux plus. » Je pose le regard sur mon tourment, vitres brisées, sang sur le sol, j’estime avec repris le contrôle durant un cours instant.
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Re: It hurts to set you free ― pv
Mer 27 Oct 2010 - 20:07
Allongée sur le dos, je ne prêtais attention aux gens qui m’entouraient qu’à moitié. Il y avait une petite quinzaine de Wright et Jessica m’avait forcée à être présente. Je n’étais pas d’humeur à faire la fête en ce moment mais d’après elle, se rendre à une soirée dans les jardins suspendus où les drogues passent de mains en mains et où l’alcool coule à flots est le meilleur des remèdes. En six mois, j’étais devenue l’ombre de moi-même. J’avais toujours eu des raisons d’être triste, comme tout le monde forcément, mais jamais ça n’avait été comme cela. Je méprisais tous les moments de ma vie où j’avais été triste sans raison suffisamment valable. Parce que jamais, jamais, je n’avais ressenti autant de souffrance qu’à présent... Paradoxalement, ce manque, ce vide, m’oppressait.
Je fixai le spectacle de junkies qui se déroulait devant moi et un long soupir souleva ma poitrine.
« Ça va chérie ? »
Je dévisageai avec dédain le brun qui était assis à ma droite une seconde ou deux, avant de reporter mon attention sur Jessica qui étendait son maigre bras pour se piquer, ses yeux hagards ne paraissant pas du tout concentrés sur ce qu’elle faisait. J’étouffai de ma main un bâillement et jetai un coup d’œil à ma montre. Vingt-trois heures, seulement !
« Fatiguée, mon cœur ? »
Je fronçai les sourcils tandis que le brun passait sa main dans mes cheveux. Je me redressai sur les coudes, le regardant droit dans les yeux.
« Arrête, ok ? Tu sais même pas comment je m’appelle et t’as beau être un Wright, je ne t’ai jamais vu avant. »
« Et alors, tu as peur des inconnus ? »
« Je voulais dire que… Si t’avais été attirant, je t’aurais remarqué. »
Vexé, il retira sa main de ma chevelure épaisse et finit d’une traite sa bouteille de tequila. Agacée, je me levai et remarquai que mes jambes tremblaient. Pourtant, j’étais certaine de ne pas avoir beaucoup bu. A moins que je ne m’en sois pas rendue compte, trop occupée avec mes sinistres tourments. J’adressai un signe de la main à Jess et partis dans les couloirs en direction de ma chambre. Mes pas habituellement pressés ne semblaient pas capables de me porter en toute sécurité… J’avais mal à la tête, j’avais chaud, je ne me sentais pas bien… Chancelante, je rasai les couloirs pour pouvoir me retenir en cas de chute. Ça devait être un mélange d’alcool et de fatigue, mais ce n’était pas un indésirable effet secondaire d’une drogue puisque je n’en avais pas pris ce soir. C’était curieux d’ailleurs, plus ça allait mal dans ma vie, moins j’en prenais. J’étais consciente que toutes ces choses me détruisaient, et c’était peut-être pour cela que je calmais ma dose. Noah n’avait pas eu la possibilité de guérir, il était condamné. Ma mère est la seule personne que je connais qui ne touche ni à l’alcool, ni à l’alcool ni même à autre chose capable de mettre sa santé en péril et pourtant, elle a un cancer. Par respect pour eux, j’essayais de considérer ma chance, de me rendre compte que j’étais jeune, en bonne santé, que la vie s’offrait à moi, et que je n’avais pas à la bousiller à cause de ma dépendance. Un sourire ironique s’afficha sur mon visage. J’essayais oui, mais c’était tellement difficile. Quand on prend de la drogue régulièrement depuis ses quinze ans, il est dur de se défaire de son emprise. Et pourtant, j’aimerais bien… je crois. Je ne sais pas... Les stupéfiants apportent tellement de bonheur que je ressens toujours la nécessité d’en reprendre. Je ne recherche pas la facilité, disons seulement que… bon, peut-être que si. Mais dans une vie faite de misères et d’agonies, il est bon d’avoir une roue de secours, une possibilité de s’évader quelques instants.
Ma tête me faisant terriblement mal, je me laissai glisser contre le mur du couloir et encerclai mes jambes de mes frêles bras.
« Mademoiselle ! Mademoiselle Beansley ! Savez-vous l’heure qu’il est ? » Nonchalante, je me relevai et plantai mes iris lasses dans le regard furieux du concierge. « Vingt-trois heures trente-quatre ? » Il leva les yeux au ciel avant de me répondre d’une voix agacée ; « Le couvre-feu est à vingt-deux heures trente, je vous prie de regagner immédiatement votre chambre. Et ne croyez-pas que vous allez si bien vous en tirer ! J’en parlerai à Monsieur McArthur dès l’aube. » J’approuvai d’un léger coup de tête et fis tout ce qui était en mon pouvoir pour ne pas montrer au concierge mon malaise. S’il le discernait, il insisterait pour que j’aille à l’infirmerie, pensant que j’étais ivre et donc pas consciente de mes actes, où je passerai une nuit des plus atroces dans des draps aussi déprimants que ceux que côtoyaient ma mère au même moment.
« J’y vais. Désolée. » J’avançai un peu et dès qu’il disparut de mon champs de vision, j’entrai dans les waters et me laissai presqu’aussitôt retomber sur le sol. « T’es une salope! UNE PUTAIN DE SALOPE T’A COMPRIS? » Je sursautai. J’étais certaine d’être seule et voilà qu’un gars insultait sa copine, pour x ou y raisons. Comme si j’avais besoin d’entendre ça… Mon mal de tête ne me quittait pas, en plus.
« Strange days have found us, Strange days have tracked us down. They're going to destroy, Our casual joys. »
Mon front se plissa et c’est à ce moment-là que j’aperçus le miroir brisé en mille morceaux. Je me relevai et avançai à pas feutrés vers l’endroit d’où provenait la voix. J’avais une bonne mémoire visuelle et auditive et je serais prête à parier que l’auteur de cette voix était Noah. Noah, le Lufkin, pas Noah le Grymm, mon ami décédé, évidemment. « J’en peux plus. » Mes yeux éberlués constatèrent l’ampleur des dégâts en quelques fractions de seconde : sa main ensanglantée, son rictus désespéré, son visage condamné, les larmes séchées sur ses joues... Je ne comprenais pas. Depuis cet été, j’avais perdu contact avec lui. Il ne touchait plus aux drogues et semblait différent. J’avais jalousé son courage pour avoir arrêté les stupéfiants mais je voyais désormais qu’il ne s’en sortait pas mieux sans. Et au lieu de l’épauler comme on doit soutenir un ami, je m’étais éloignée, pensant qu’il s’était débarrassé de tous ses démons, qu’il n’était plus comme moi et que, par conséquent, on n’avait plus rien à faire ensemble. Je ne pensais pas qu’au contraire, ses démons s’étaient s’amplifiés à ce point là. « Noah… » Sous le choc, ma voix hoquetait et j’avais du mal à réfléchir. Pourtant il le fallait. «Qu’est-ce que tu fous ? » Je passai ma main dans mes cheveux bruns et pinçai mes lèvres, comme à chaque fois que je réfléchissais. « Tu… » Essaie encore, c’est presque ça, pensai-je, ironiquement.
J’attrapai fermement sa main et remarquai que la plaie paraissait profonde. « Pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ?... Pense aux gens qui meurent sans avoir le choix… T’es égoïste putain, Noah ! T’es égoïste et t’as…t’as pas le droit. » Je craquais. Mon ton montait, ma respiration était saccadée et je sentais le goût salé de mes larmes lorsqu’elles arrivaient aux commissures de mes lèvres. Je me laissai tomber par terre, les jambes en tailleur, ma vue brouillée dévisageant mon ami. Nous étions tous les deux dans un pitoyable état et partagions nos moments de faiblesses, d’égarements. Nous étions perdus..et le temps semblait suspendu.
Je fixai le spectacle de junkies qui se déroulait devant moi et un long soupir souleva ma poitrine.
« Ça va chérie ? »
Je dévisageai avec dédain le brun qui était assis à ma droite une seconde ou deux, avant de reporter mon attention sur Jessica qui étendait son maigre bras pour se piquer, ses yeux hagards ne paraissant pas du tout concentrés sur ce qu’elle faisait. J’étouffai de ma main un bâillement et jetai un coup d’œil à ma montre. Vingt-trois heures, seulement !
« Fatiguée, mon cœur ? »
Je fronçai les sourcils tandis que le brun passait sa main dans mes cheveux. Je me redressai sur les coudes, le regardant droit dans les yeux.
« Arrête, ok ? Tu sais même pas comment je m’appelle et t’as beau être un Wright, je ne t’ai jamais vu avant. »
« Et alors, tu as peur des inconnus ? »
« Je voulais dire que… Si t’avais été attirant, je t’aurais remarqué. »
Vexé, il retira sa main de ma chevelure épaisse et finit d’une traite sa bouteille de tequila. Agacée, je me levai et remarquai que mes jambes tremblaient. Pourtant, j’étais certaine de ne pas avoir beaucoup bu. A moins que je ne m’en sois pas rendue compte, trop occupée avec mes sinistres tourments. J’adressai un signe de la main à Jess et partis dans les couloirs en direction de ma chambre. Mes pas habituellement pressés ne semblaient pas capables de me porter en toute sécurité… J’avais mal à la tête, j’avais chaud, je ne me sentais pas bien… Chancelante, je rasai les couloirs pour pouvoir me retenir en cas de chute. Ça devait être un mélange d’alcool et de fatigue, mais ce n’était pas un indésirable effet secondaire d’une drogue puisque je n’en avais pas pris ce soir. C’était curieux d’ailleurs, plus ça allait mal dans ma vie, moins j’en prenais. J’étais consciente que toutes ces choses me détruisaient, et c’était peut-être pour cela que je calmais ma dose. Noah n’avait pas eu la possibilité de guérir, il était condamné. Ma mère est la seule personne que je connais qui ne touche ni à l’alcool, ni à l’alcool ni même à autre chose capable de mettre sa santé en péril et pourtant, elle a un cancer. Par respect pour eux, j’essayais de considérer ma chance, de me rendre compte que j’étais jeune, en bonne santé, que la vie s’offrait à moi, et que je n’avais pas à la bousiller à cause de ma dépendance. Un sourire ironique s’afficha sur mon visage. J’essayais oui, mais c’était tellement difficile. Quand on prend de la drogue régulièrement depuis ses quinze ans, il est dur de se défaire de son emprise. Et pourtant, j’aimerais bien… je crois. Je ne sais pas... Les stupéfiants apportent tellement de bonheur que je ressens toujours la nécessité d’en reprendre. Je ne recherche pas la facilité, disons seulement que… bon, peut-être que si. Mais dans une vie faite de misères et d’agonies, il est bon d’avoir une roue de secours, une possibilité de s’évader quelques instants.
Ma tête me faisant terriblement mal, je me laissai glisser contre le mur du couloir et encerclai mes jambes de mes frêles bras.
« Mademoiselle ! Mademoiselle Beansley ! Savez-vous l’heure qu’il est ? » Nonchalante, je me relevai et plantai mes iris lasses dans le regard furieux du concierge. « Vingt-trois heures trente-quatre ? » Il leva les yeux au ciel avant de me répondre d’une voix agacée ; « Le couvre-feu est à vingt-deux heures trente, je vous prie de regagner immédiatement votre chambre. Et ne croyez-pas que vous allez si bien vous en tirer ! J’en parlerai à Monsieur McArthur dès l’aube. » J’approuvai d’un léger coup de tête et fis tout ce qui était en mon pouvoir pour ne pas montrer au concierge mon malaise. S’il le discernait, il insisterait pour que j’aille à l’infirmerie, pensant que j’étais ivre et donc pas consciente de mes actes, où je passerai une nuit des plus atroces dans des draps aussi déprimants que ceux que côtoyaient ma mère au même moment.
« J’y vais. Désolée. » J’avançai un peu et dès qu’il disparut de mon champs de vision, j’entrai dans les waters et me laissai presqu’aussitôt retomber sur le sol. « T’es une salope! UNE PUTAIN DE SALOPE T’A COMPRIS? » Je sursautai. J’étais certaine d’être seule et voilà qu’un gars insultait sa copine, pour x ou y raisons. Comme si j’avais besoin d’entendre ça… Mon mal de tête ne me quittait pas, en plus.
« Strange days have found us, Strange days have tracked us down. They're going to destroy, Our casual joys. »
Mon front se plissa et c’est à ce moment-là que j’aperçus le miroir brisé en mille morceaux. Je me relevai et avançai à pas feutrés vers l’endroit d’où provenait la voix. J’avais une bonne mémoire visuelle et auditive et je serais prête à parier que l’auteur de cette voix était Noah. Noah, le Lufkin, pas Noah le Grymm, mon ami décédé, évidemment. « J’en peux plus. » Mes yeux éberlués constatèrent l’ampleur des dégâts en quelques fractions de seconde : sa main ensanglantée, son rictus désespéré, son visage condamné, les larmes séchées sur ses joues... Je ne comprenais pas. Depuis cet été, j’avais perdu contact avec lui. Il ne touchait plus aux drogues et semblait différent. J’avais jalousé son courage pour avoir arrêté les stupéfiants mais je voyais désormais qu’il ne s’en sortait pas mieux sans. Et au lieu de l’épauler comme on doit soutenir un ami, je m’étais éloignée, pensant qu’il s’était débarrassé de tous ses démons, qu’il n’était plus comme moi et que, par conséquent, on n’avait plus rien à faire ensemble. Je ne pensais pas qu’au contraire, ses démons s’étaient s’amplifiés à ce point là. « Noah… » Sous le choc, ma voix hoquetait et j’avais du mal à réfléchir. Pourtant il le fallait. «Qu’est-ce que tu fous ? » Je passai ma main dans mes cheveux bruns et pinçai mes lèvres, comme à chaque fois que je réfléchissais. « Tu… » Essaie encore, c’est presque ça, pensai-je, ironiquement.
J’attrapai fermement sa main et remarquai que la plaie paraissait profonde. « Pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ?... Pense aux gens qui meurent sans avoir le choix… T’es égoïste putain, Noah ! T’es égoïste et t’as…t’as pas le droit. » Je craquais. Mon ton montait, ma respiration était saccadée et je sentais le goût salé de mes larmes lorsqu’elles arrivaient aux commissures de mes lèvres. Je me laissai tomber par terre, les jambes en tailleur, ma vue brouillée dévisageant mon ami. Nous étions tous les deux dans un pitoyable état et partagions nos moments de faiblesses, d’égarements. Nous étions perdus..et le temps semblait suspendu.
- InvitéInvité
Re: It hurts to set you free ― pv
Mer 27 Oct 2010 - 21:11
- Partage cet instant avec moi. Cet éclat où, durant un bref moment, la réalité te frappe. Comme un train et toi, tu es couché sur les rails. Passif. Tu attends qu’il te passe dessus, mais au fond, t’aimerais qu’il s’arrête et qu’il t’embarque avec lui. Je suis condamné à ces chaines, ce corps frêle qui supporte une âme trop lourde pour lui. Je souris, perdu, seul, j’observe mes mains sales et je ne ressens la douleur que par l’entremise de mon cerveau anesthésié. J’observe Ekstasy qui se tient alors devant moi, mais je suis encore à des miles de constater la portée de mes gestes, toujours soutenu par ce high que je viens de me procurer. Elle m’interpelle, me sort de mes abysses. « Qu’est-ce que tu fous? » Ma bouche se tord en un rictus maladroit, c’était une question à laquelle je ne pouvais répondre. J’approche ma cigarette contre mes lèvres bleutées, j’observe le chaos que j’ai créé et j’en suis fier. « Ce n’est pas ce que tu crois… » Il est déjà trop tard. Mes démons avaient reprit le contrôle. Je ne sais plus si j’avais réellement envie de mettre fin à mes jours ou simplement que mes démons voulaient me faire réaliser que, j’avais tort depuis le début.
Les gens me trouvent courageux, d’être allez en cure. Je les emmerdes, qu’ils aillent tous se faire foutre. Je n’ai jamais demandé quoique ce soit. Je n’ai jamais voulu arrêter et devenir ce cadavre ambulant. Je ne suis pas courageux, au contraire je suis un putain de lâche. J’ai abandonné les gens qui comptaient pour moi… Parce que je ne connais pas mes limites. Je ne les connais plus. Et sans limites, sans frontières, je peux tout faire. J’ai pu défier la mort, le désespoir, la luxure, j’ai pu voir la tristesse dans les yeux de ma mère et comprendre pourquoi elle ne s’était pas arrêtée, la nuit où elle se mit la corde au cou. Mon sourire disparu, voyant que mon petit jeu ne plaisait pas à la foule, que mon petit numéro ne faisait que renforcer mon désespoir chronique. Je tente alors de m’approcher, mais mes jambes semblent éprises d’un sortilège, elles sont lourdes et je n’arrive pas à faire un pas. J’étais pétrifié et malgré toute ma volonté, je restais stoïque devant le désarroi de la brunette. « Pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ?... Pense aux gens qui meurent sans avoir le choix… T’es égoïste putain, Noah ! T’es égoïste et t’as…t’as pas le droit. » Oui, j’étais égoïste. J’étais si seul dans mon petit univers, avec personne pour me prendre la main, pour me dire que tout allait bien. Cette solitude me rongeait et, personne ne pouvait comprendre. Personne. Les larmes qui perlaient sur son visage avaient l’effet de lame de rasoir dans ma gorge.
Au fond de moi, je savais qu’elle avait raison, que quelques parts, des gens tenaient à moi, que je n’avais pas le droit de jeter l’éponge comme ça. Pourtant, je n’arrivais pas à exprimer une quelconque émotion, affalé par le désespoir. « Je… » Moi, Noah, l’enfant perdu, je ne savais plus où j’en étais. J’observe Ekstasy se laisser tomber sur le sol, au milieu de mon monde. Elle était cette belle lumière qui surgissait de la noirceur. Elle était l’ordre dans le chaos. Je laisse ma cigarette tomber dans la cuvette après avoir aspirer une ultime bouffée. Je tombe à genoux, je rejoins cette déesse sur le plancher froid des waters. J’approche ma main blessée vers son visage. Mes pupilles s’emplissent de ce désespoir, je laisse couler les larmes sur mon visage. Il n’est plus nécessaire de les retenir à présent. Mes doigts touchent enfin son visage. Nos deux mondes en collisions, nous sommes faibles et pour l’une des rares fois, nous ne nions pas l’évidence. « Pardonnes-moi… » Sont les seuls mots qui sortirent de ma bouche à cet instant. « Je croyais que… Que j’aurais des réponses… » J’ancre mon regard dans le sien, ma bouée de sauvetage. « Je pensais être capable de ressentir quelque chose. » La seule que je ressentais, était le visage chaud d’Ekstasy contre ma main glaciale. Le silence déprimant, l’incertitude intrinsèque, le doute.
- InvitéInvité
Re: It hurts to set you free ― pv
Jeu 28 Oct 2010 - 0:05
« Ce n’est pas ce que tu crois… » Alors c’est quoi ? Bon sang, c’est quoi alors, Noah ?
Je m’étais déjà dit que tout serait plus simple si je n’existais pas. J’avais déjà eu des pensées aussi sombres, pensées que ma mère m’avait fait ravaler d’une gifle lorsqu’elle les avait devinées. Mais jamais je n’avais pu aller au bout de ces pensées. Je respectais l’existence. Je respectais la chance que j’avais d’être sur Terre, peu importe le fait que la vie soit une salope à temps partiel. Presqu’à temps complet d’ailleurs. C’est pourquoi je n’avais jamais tenté d’exécuter les idées funestes qui m’ont déjà habitée... Néanmoins, je me détruisais d’une autre manière, bien moins directe. Je savais que les drogues étaient mauvaises mais ça aidait tellement…A chaque fois que j'en prenais, je me sentais bien, sereine. Être adolescent, être jeune, ça a un lot de problèmes important bien que les adultes aiment nous traiter de chanceux qui ne connaissent encore rien des aléas de la vie. Ils doivent oublier leurs propres passés pour dire des choses pareilles... C’est pendant cette période qu’on inaugure un tas de choses et surtout, c’est à cette période que l’on découvre que l’innocence enfantine nous a quittés pour de bon. Et ça, c’est vraiment très dur à accepter. Mes yeux embués fixaient Noah alors qu'il vint s’asseoir à mes côtés en soufflant : « Pardonnes-moi… »
Je n’ai plus de forces. J’ai l’impression que mes membres continueront de trembler quoique je fasse et je n’arrivais plus à empêcher les larmes de couler. Pourquoi avait-il voulu mettre fin à ses jours ? Un sourire sarcastique s’afficha sur mon visage tandis que je réalisais le mauvais effet que j’avais sur mes proches. Ils venaient tous à s’éloigner ou à mourir. Moi, je restais présente, mais je n’allais plus à la même vitesse que tous les autres. J’allais au ralenti, j’essayais de modifier les choses alors que tout avançait bien trop vite pour moi, je n’arrivais pas à suivre, je n’arrivais pas à combattre... malgré tous mes efforts, tous mes souhaits. « Je croyais que… Que j’aurais des réponses… Je pensais être capable de ressentir quelque chose. »
La seule chose qui me rendait vivante, en cette sinistre soirée d’octobre où Noah et moi étions assis sur le sol des waters comme des misérables, était sa main gelée sur mon visage. Je le fixai de mes yeux clairs, il soutenait mon regard. Pardonne-moi, aurais-je aimé lui dire. Pardonne-moi de t’avoir délaissé au moment où à priori, tu avais le plus besoin de quelqu’un. Pardonne-moi d’avoir jalousé ta nouvelle indépendance. Pardonne-moi d’avoir cru que nous n’avions plus rien en commun alors que nous ressentions toujours les mêmes affres de la vie… Mais je ne dis rien. Pendant un long moment, je ne répondis rien, laissant planer ce silence voluptueux au-dessus de nos pauvres silhouettes, et gardant comme seuls contacts sa main sur ma joue et nos regards liés. All we can do is keep breathing…
Une fois que j'étais plus ou moins remise de mes émotions, je parvins à articuler ; « Et ? Tu as ressenti quelque chose ? »
J’avais envie de lui poser un tas de questions. D’où venait ce soudain changement, qu’est-ce qui avait pu le pousser à faire -mes prunelles quittèrent les siennes pour se poser sur sa main tristement amochée- ça… mais je n’en fis rien. Je n’osai pas. Je portai un ongle verni à la bouche et commençai à le gratter de mes dents, écaillant ainsi le vernis rose pâle.
« Je… je t’interdis de … enfin, tu vois. » De t'anéantir.
J’avais toujours entretenu une relation particulière avec Noah. On avait tous les deux la passion des stupéfiants, on s’entendait assez bien et on avait toujours ressenti le besoin d'avoir une emprise sur l’autre. C’est pourquoi j’avais été agacée de le voir sortir de sa cure clean et de rien pouvoir y faire. Je ne pouvais pas le forcer à replonger, je n’étais pas assez mauvaise pour lui voler quelque chose que j’enviais, je ne pouvais que continuer à convoiter, impuissante. J’attrapai de nouveau sa main blessée et, sans le prévenir, j’enlevai les morceaux de verres les plus imposants entaillés dans sa chaire. « Il faut que t’ailles voir l’infirmière. » Maintenant que j’avais plus ou moins repris mon calme, ou du moins que je parvenais à me cacher derrière de faux semblants, ma voix était redevenue plus assurée. Une fois les quelques morceaux enlevés, je les posai à nos côtés et fixai de nouveau Noah. Je m'aperçus rapidement que mon aplomb était déjà retombé lorsque, hésitante, je lui posai finalement la question qui me brûlait les lèvres depuis le tout début ; « Qu’est-ce qui s’est passé cet été, Noah ? »
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