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Quand le passé nous rattrape. Liam.
Ven 17 Déc 2010 - 12:00
(c) Hollow art & lisatte
On éteint : Mieux vaut fermer les yeux
S'agit d'apprendre à ne pas être heureux
Il nous faudra verser de l'eau sur le feu
Pour l'éteindre.
JOSEPHINE & LIAM. CHAPITRE 2.
Mon ordinateur émit un son, ce qui me força à relever la tête. Je venais de recevoir un message instantané de Leah. Leah qui voulait me parler. Leah que je connaissais plus ou moins. Elle était bien gentille, mais je n’aimais pas son univers, ni même ses potes. Je me souvenais de cette première fête où elle m’avait emmenée, sitôt arrivée. J’avais été au départ réticente, ne me sentant pas l’âme d’une fêtarde, et quelques instants plus tard les évènements m’avaient donné raison. Après avoir fait le tour, je m’étais juré que plus jamais je mettrai les pieds dans une telle fête. Depuis, je lui en voulais un peu et il m’arrivait encore d’être désagréable avec elle, quand bien même elle se plierait en quatre pour me permettre de m’intégrer. Je croisai les jambes, avant de boire une gorgée de café, sans m’ébouillanter cette fois-ci. Sourcils perplexe, j’examinais la requête de Leah, tendant au rétablissement au poste qu’elle occupait jusqu’alors. Quel était le rapport avec moi? Adam. Mon parrain. Son employeur, accessoirement. J’avais finalement promis que j’essaierai de faire quelque chose, sans toutefois garantir d’y parvenir, mes relations avec Adam n’étaient pas nécessairement bonnes. Je ne sais comment ni pourquoi, mais la conversation a fini par dévier. Liam. Le fait qu’il fallait qu’on discute car notre silence allait à long terme être malsain. Comparer son histoire avec Elia. Moi qui protestais parce qu’il ne fallait pas comparer ce qui n’est pas comparable. Liam n’avait en commun avec Elia que le même nombre de lettres dans le prénom. Rien d’autre. Je crois que j’ai fini par lui reprocher de traîner avec des gens pas très recommandables. Critiquer chacun de ses copains, assez sévèrement qui plus est. Leah qui a commencé à faire sa martyr et à me faire dire des choses que je n’ai pas dites. Me faisant passer pour une garce par la même occasion, quand bien même j’aurais voulu lui faire voir la réalité en face. Elle avait beau d’après ses dires être condamnée, elle ne devait pas tourner pour le dos à son enfant. Il avait besoin d’elle, de son amour. Il n’avait pas besoin de savoir que sa mère était une junkie qui avait baisé avec toute l’école. Je n’avais pas été nécessairement tendre avec Leah mais ce n’était pas non plus pour qu’elle me fasse une scène en retournant la scène à son avantage, me faisant passer pour la méchante. Je ne faisais que constater certains faits, avec toute l’objectivité que pouvait avoir un regard extérieur sur l’université qui serait le lieu de ma propre déchéance. Je crois que j’ai fini par réellement m’énerver, moi qui généralement savais me contrôler, rester calme et posée. Cette nouille avait réussi à me faire pleurer. J’avais fini par lui révéler l’existence de Jules, le calvaire que j’ai pu endurer.
Et à présent que Leah était partie, j’étais toujours en larmes, sur mon canapé. Les gens ne voyaient pas le mal-être qui m’habitait, mon cœur brisé, cette haine que j’ai toujours eue envers moi-même. A leurs yeux je n’avais aucune raison de me plaindre. J’avais une vie parfaite. J’étais riche, j’étais belle, j’étais intelligente et j’avais d’excellentes notes en classe. Ils n’imaginaient même pas les heures passées à trimer à la bibliothèque pour combler le retard que je prenais chaque jour. Non seulement je devais acquérir les notions de cours mais en même temps j’étudiais la langue. J’étais tiraillée entre mes obligations d’étudiante et de jeune mère. Je ne pouvais pas me permettre de tels excès. Alors oui, j’étais une sainte. Miss Perfection. Celle qui savait tout mieux que tout le monde, qui ne disait jamais un mot plus haut que l’autre, intello de surcroît, énervante avec ses manières de princesse et son romantisme à la con. Oui, j’étais emmerdante à toujours pleurnicher, à toujours mettre en avant ma vie irréprochable. À me croire mieux que tout le monde. Mais c’était faux tout ça. Au fond, j’étais fragile et vulnérable, timide et méfiante. J’essuyais rageusement une larme qui coulait le long de ma joue. Je n’en pouvais plus de pleurer, je l’avais trop fait aujourd’hui. À tout hasard, je levai la tête vers l’écran d’ordinateur. Mon cœur fit un bond quand je vis que Liam était connecté. Alors, prenant mon courage à deux mains, je lui envoyai un bref message. Il faut qu’on parle. Tu viens chez moi? J‘ai besoin de toi. Je n’avais plus qu’à attendre. Qu’il vienne. Et je priais pour qu’il soit là rapidement. J’avais besoin de lui, de sa présence rassurante. De son bon conseil. Je me pris le visage entre les mains, en soupirant profondément. Libérant quelques larmes supplémentaires. À mes côtés, cette fameuse lettre. Celle qui faisait ressurgir mon passé, s’ouvrir d’anciennes cicatrices. Mon père. Procès. Condamnation à mort. Révision. Réouverture du dossier. L’équation mortelle. Et à mesure que je revivais ce que mon sang maudit portait, une violente nausée me prit. J’étais à deux doigts de disjoncter. Alors, j’avais foncé dans la salle de bains, refermé la porte et je m’étais mise sous la douche glacée, toute habillée, recroquevillée dans un coin de la cabine. Je voulais me laver de ces évènements abjects, purifier ma conscience quand bien même je n'aurais pas commis ces crimes. L’eau avait eu beau couler sur ma peau, j’avais l’impression d’être toujours aussi sale, aussi poisseuse. J’avais l’impression d’avoir le sang de ses victimes sur mes doigts, sur mes vêtements. Alors, ma tête se posa contre le carrelage, au sol, tandis qu’un nouveau tourbillon de larmes s’échappait de mon regard d’acier, le cœur en lambeaux, épuisée par ma dispute avec Leah, anéantie par cette nouvelle. Même cinq ans après sa mort, Frédéric De Beaulieu revenait me hanter.
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Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Ven 17 Déc 2010 - 17:16
- C’était l’une de ses journées à resté à la maison, à partir un feu dans le foyer et à étudier tranquillement. C’était les plans que je m’étais fixé pour la journée, dans l’attendre de retrouver mon amie pour ensuite décorer le sapin de Noël qui siégeait vierge dans le salon. Je m’étais réveillé seul, allongé de tout mon long dans un lit trop grand pour une seule personne. J’effleurai instinctivement, les yeux encore clos, l’espace libre à mes côtés à la recherche d’un épiderme connu. Non. J’étais seul sur ce matelas trop grand pour moi. C’était un matin comme les autres, où ma routine s’était bien ancrée. Café, cigarette, douche et étude. Je me dirigeai vers la cuisine, alluma la cafetière d’un geste de la main, sortie une tasse de l’armoire et la déposa sur le comptoir. Mes cigarettes m’attendaient sagement sur la table. Cette foutue structure de bois, qui me rappelait maintenant de vifs souvenirs. J’avais passé les derniers jours à angoisser, à envoyer des messages à Leah, à discuter avec elle de tout ce qui s’était passé avec Joséphine. Leah, qui avait été une amie présente et réconfortante, qui avait écouté le névrosé que j’étais. Elle avait écouté mes doutes, comme j’avais écouté les siens. On ne se connaissait que depuis peu et notre rencontre n’avait rien de glorieux. Pourtant, lorsque j’étais entré dans le bureau du psy, ce jour-là, lorsque j’avais croisé son regard aussi détruit que le mien, je ne savais pas qu’en cette brunette je trouverais une amie, une confidente et ce, même si nous n’avions pas partagé les raisons de nos visites respectives. Je m’installai, une fois mon café dans la tasse, une fois ma clope allumée, devant mon ordinateur portable qui trainait sur la table basse du salon. Je m’affalai sur le canapé, observant un instant cet objet moldu devant moi. Cet appartement que me payaient désormais mes parents, depuis le départ de Sarah. Mes parents… Ma mère, surtout. J’entendais encore ses paroles. Il faut que tu te trouves une fille au sang noble, pas une de ses catins de bas étages… Ses catins qui étaient mes amis, qui avait été ma copine durant plusieurs années. Ses mots me crevaient le cœur, encore une fois. Ce cœur qui avait fait place aux beaux yeux de la jolie Joséphine. J’avais peur de tout ça, du jugement de mes parents sur elle, sur ma vie, sur mes études. Ils avaient toujours été un poids sur ma conscience et encore aujourd’hui, à dix-neuf ans, j’étais sous leur emprise. J’apportai la tasse de café à mes lèvres, fixant videment l’écran devant moi. Ma cigarette s’éteignant doucement entre mes doigts. Le son lointain d’un message privé advint à mes oreilles, je sorti de ma léthargie matinale pour toiser le message de Leah, qui voulait annuler aujourd’hui, elle ne se sentait pas bien. Je jetai un bref regard au sapin, avant de reposer sur un autre message, me disant que Joséphine aurait bien plus besoin de moi en ce moment. Largué et surtout inquiet, il ne fallu qu’une fraction de seconde pour que je reçoive le message de Joséphine. Il faut qu’on parle. Tu viens chez moi? J‘ai besoin de toi. Je répondis rapidement, écrasant ma cigarette dans le cendrier. J’enfilai rapidement un jean, un simple polo, que j’avais d’ailleurs porté la veille mais qui ne semblait pas en si mauvais état. Une fois vêtu de mon manteau et de mes bottes, je sortis de chez moi et toisa le froid glaciale de cette journée d’hiver.
J’étais inquiet. J’étais perdu. J’étais en route vers l’appartement de Joséphine, sans savoir pourquoi elle avait besoin de moi. Le froid s’agrippait à mes joues rougies. Je ne me posai plus la question, sachant que je devais me rendre le plus rapidement possible à la porte de son appartement. Je ne posai plus la question à savoir quelle était l’urgence. J’y fonçais droit. Il ne me fallu que quelques minutes pour me rendre à la porte. Je cognai quelques coups sur la masse de bois qui me séparait d’elle. Aucune réponse. Je cognai encore. Le même silence de l’autre côté. J’agrippai finalement la poigné froide, la tourna. La porte n’était pas barrée et lorsque je l’ouvris, elle donnait sur une pièce vide. Mon regard circula à travers la pièce. « Joséphine? » Demandais-je alors, sans avoir de réponse. Son ordinateur était là, un parchemin, son café encore brûlant sur la table basse, la cigarette à peine consumée dans le cendrier. Il me fallu plusieurs minutes avant d’intercepter le son de l’eau qui coulait dans la salle de bain. Mon cœur se serrait, je voulais rester calme, mais j’avais l’impression que les nouvelles ne seraient pas bonnes. J’enlevai manteau et bottes et me dirigea lentement vers la salle de bain. La porte était ouverte. J’apposai une main sur le cadre de la porte, avant de jeter un regard discret à la pièce. La vision de son corps vêtu, sous la douche. De ses larmes qui lui crevaient les yeux. Mon cœur voulait sortir de ma poitrine, tellement cette vision m’horrifiait. « Joséphine… » Dis-je alors, me dirigeant instinctivement vers elle. Son visage, je ne le voyais pas, il était contre le carrelage. Je le rejoignis, sous l’eau qui contrastait sur mon épiderme gelée. Ses bras entourant instinctivement son corps, son corps que je collais encore un peu plus contre le mien. « Je suis là. Je suis là. » Répétais-je, alors que l’eau coulait encore sur nous, nous enveloppant de ce désespoir qu’elle voulait crier. Je finis par tourner la poignée de la douche, l’eau s’arrêta. Mes mains s’aventurèrent dans sa chevelure, je voulais voir son visage. Je voulais qu’elle voie que j’étais là. Que je n’allais nulle part. « Parles moi. » Parles moi s’il te plait. Parles moi. Je suis là, je te tiens, tu ne tomberas pas. « Parles moi. » Dis-je, resserrant mon étreinte contre son corps.
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Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Ven 17 Déc 2010 - 19:41
J’avais fermé les yeux, comme si l’obscurité allait pouvoir effacer les images qui déferlaient en moi. C’étaient ces images qu’on ne voulait pas voir mais que l’on voyait quand même sans qu’on ne puisse contrôler quoi que ce soit. J’avais beau clore les paupières en l’espace d’un instant, je n’étais pas aveugle pour autant. Face contre terre, anéantie par les émotions diverses et contradictoires qui me submergeaient totalement, je tentais de lutter tant contre mes réminiscences que contre la violente nausée qui m’avait prise, et qui augmentait de façon exponentielle chaque minute qui passait. Je finis inévitablement par grelotter et claquer des dents, mes vêtements me collaient désagréablement à la peau et les larmes que j’avais pourtant cru taries d’avoir tant coulé traçaient des sillons brûlants sur mes joues, mon mascara avait coulé sur mon visage d’albâtre. Mes cheveux me tombaient devant le visage mais je ne cherchais pas à les en ôter, J’étais inerte, incapable de faire le moindre mouvement, complètement épuisée et bientôt paralysée par ce froid mordant. La fenêtre de la salle de bains était ouverte et le vent hivernal s’engouffrait à l’intérieur, me faisant frissonner des pieds à la tête. La serviette sur le radiateur froid me semblait inaccessible, quand bien même il aurait seulement fallu que je tende le bras. Mais tout geste me semblait surhumain à présent. Je n’avais pas entendu ces coups impatients sur ma porte, cette voix qui m’appelait. Je n’entendais plus rien, juste ces cris de désespoir dans ma tête qui auraient pu franchir mes lèvres si seulement j’avais pu crier. Je n’entendis pas la porte de la salle de bains s’ouvrir, j’avais juste vu cette silhouette s’approcher de moi. Mes dents claquèrent de plus belle tandis que je réprimais une nouvelle salve de frissons. J’avais froid. J’avais peur. J’étais épuisée d’avoir tant pleuré. Je voulais mourir, que tout cela s’arrête. Un sanglot remonta du fond de ma gorge, tandis que je semblais retrouver l’usage de la parole. J’avais voulu me relever, être forte, mais je n’y étais pas parvenue, les forces me manquaient. Je n’avais pu que m’effondrer à nouveau sur le carrelage, en gémissant faiblement, mes lèvres bleuies par le froid ambiant remuant faiblement.
« Joséphine… » Le son de cette voix, que je ne reconnaissais pas. Qui me paraissait tellement lointaine, comme étouffée par le bruit que faisait l’eau en ricochant sur le carrelage. Ma main qui instinctivement cherchait ce corps, cette personne qui m’appelait. Je le sentais si proche, et à la fois hors de portée. Je n’avais plus de sensations, j’étais incapable du moindre geste, mon esprit chaotique était prisonnier de mon corps inerte, peut-être même mort et je commençais à paniquer, à dérailler. Je sentis des bras m’enserrer, atténuant la sensation de froid. L’eau gelée qui coulait sur nos deux corps enlacés, tandis qu’un nouveau tourbillon de neige s’engouffrait dans la salle de bains, passant par la fenêtre qui venait de claquer brusquement contre le mur, volant en éclats. « Je suis là. Je suis là. » L’eau se coupa brusquement. J’écarquillai les yeux, toujours en veille. On n’entendait plus rien, si ce n’était que mes sanglots étouffés et mes gémissements plaintifs, conséquence directe de la douleur qui m’habitait et qui ne s’estompait pas. Sa main fureta dans ma chevelure trempée, tandis que je resserrais mes bras autour de moi, comme pour me retrancher dans une forteresse inviolable, là où on ne pourrait jamais m’atteindre. Je laissais s’échapper un énième sanglot alors que cette voix s’élevait de nouveau, à la fois ferme, tendre et rassurante. « Parles moi. » J’aurais voulu parler, crois moi. Mais j’en étais incapable. Ma voix ne répondait plus à mes pensées, j’étais devenue comme muette. Je savais ce que cela signifiait, mais tu ne le sais pas. C’était le prélude à une de ces crises dont j’avais le secret, où le monstre qui m’habitait s’exprimait, dans toute sa splendeur autodestructrice. Et je croyais qu’en ne parlant pas, je parviendrais à retarder ce moment où il surgirait des tréfonds de mon âme blessée. Ma main, finalement, s’était levée, et caressait cette joue. J’haletais, mes dents s’entrechoquant encore plus fort que tout à l’heure, le froid me transperçait de part en part. De nouvelles larmes s’échappèrent de mes yeux fermés tandis que je me blottissais dans ses bras. L’étreinte m’était familière, les mots aussi.
Je m’agitai légèrement. Un murmure rauque s’éleva alors. « Paul? C’est toi? » Mon frère. Mon bien aimé frère. Lui qui était toujours là quand ça allait mal, qui m’avait serrée tant de fois dans ses bras pour sécher mes larmes. Il en avait passées des nuits blanches à essayer de me calmer, il n’avait jamais eu peur de mon esprit perturbé, il m’avait toujours acceptée comme j’étais, sans autre condition. « Paul, réponds moi, je suis là! C’est moi. Ta Deborah. » un sourire se dessina sur mes lèvres. Je délirais. Mais je me souvenais. Je me souvenais d’avoir sans cesse exigé que l’on m’appelle Deborah parce que je détestais mon prénom. Mon prénom porteur de tant de choses, mon prénom qui faisait trop petite fille sage. Nos parents m’appelaient encore Deborah. Mais ce n’était pas moi Deborah, c’était une étrangère, une substitution. Joséphine avait toujours été là et elle l’était toujours. Joséphine n’avait jamais aimé rester dans l’ombre de Deborah. Je l’avais toujours su qu’à force de se jouer à ce petit jeu pour tromper les gens j’allais finir par me brûler les ailes. Au point même que j’avais fini par me tromper moi-même. Je n’avais pas été plus intelligente qu’eux, j’étais même tombée allègrement dans le panneau. Sa Deborah. Mes larmes roulèrent davantage sur mes joues déjà meurtries par le coup que m’avait porté Elliot, l’autre fois. Mais Paul n’était pas là. Les bras qui m’enserraient n’étaient pas ceux de mon frère. Il n’était plus là Paul, Paul il était mort. Il était mort il y a presque dix ans, à deux ans près, tué alors qu‘il était en mission pour le Ministère. Un Auror de talent, qui avait fini par mordre la poussière. Et tandis que mon image idyllique se brisait, ayant cru apercevoir les cheveux bruns et les yeux clairs de mon frère tant aimé, mon cœur se tordit doublement, libérant des flots de sang. J’hoquetai bruyamment, tandis que mes poumons cherchaient une goulée d’air. J’avais l’impression de m’asphyxier sur place tant la douleur compressait ma poitrine. Mes bras enserraient ce corps inconnu de toutes leurs forces, comme si j’avais peur qu’il ne s’échappe. Mes mains remontaient le long de son dos, effleuraient sa nuque. Je m’aperçus alors que je connaissais le satin de cet épiderme. Je reconnaissais ces bras qui m’enlaçaient avec force. « Liam. » finis-je par murmurer en claquant des dents et en me pelotonnant contre son torse. « Tu es venu. » Je ne pus m’empêcher de fondre en larmes à nouveau, je n’avais jamais pu m’expier de cette peine qui m’empoisonnait à petit feu. « Il est pas venu Paul, il ne viendra pas. » avouai-je d’une voix morne, comme si j’annonçais une affreuse vérité. Et Dieu savait combien cette vérité était affreuse. « Il est mort Paul, il y a tellement longtemps. Mais il est là Liam, j’te jure. Mon frère est toujours là, même s’il est parti. Même qu’il est parti et qu’il ne reviendra jamais. Il m’a abandonnée, il n’a pas tenu sa promesse. Je suis toute seule. J’ai froid, j’ai peur et j’ai mal. J’en peux plus de les entendre me supplier. Je ne veux plus rien voir, plus rien entendre. » Je parlais, mais ce n’était pas moi. J’étais droite et intègre, parfaitement saine d’esprit. Je te jure Liam, ne sois pas effrayé par ce que tu vois, celle que tu tiens tout contre toi, ce n’est pas moi.
« Joséphine… » Le son de cette voix, que je ne reconnaissais pas. Qui me paraissait tellement lointaine, comme étouffée par le bruit que faisait l’eau en ricochant sur le carrelage. Ma main qui instinctivement cherchait ce corps, cette personne qui m’appelait. Je le sentais si proche, et à la fois hors de portée. Je n’avais plus de sensations, j’étais incapable du moindre geste, mon esprit chaotique était prisonnier de mon corps inerte, peut-être même mort et je commençais à paniquer, à dérailler. Je sentis des bras m’enserrer, atténuant la sensation de froid. L’eau gelée qui coulait sur nos deux corps enlacés, tandis qu’un nouveau tourbillon de neige s’engouffrait dans la salle de bains, passant par la fenêtre qui venait de claquer brusquement contre le mur, volant en éclats. « Je suis là. Je suis là. » L’eau se coupa brusquement. J’écarquillai les yeux, toujours en veille. On n’entendait plus rien, si ce n’était que mes sanglots étouffés et mes gémissements plaintifs, conséquence directe de la douleur qui m’habitait et qui ne s’estompait pas. Sa main fureta dans ma chevelure trempée, tandis que je resserrais mes bras autour de moi, comme pour me retrancher dans une forteresse inviolable, là où on ne pourrait jamais m’atteindre. Je laissais s’échapper un énième sanglot alors que cette voix s’élevait de nouveau, à la fois ferme, tendre et rassurante. « Parles moi. » J’aurais voulu parler, crois moi. Mais j’en étais incapable. Ma voix ne répondait plus à mes pensées, j’étais devenue comme muette. Je savais ce que cela signifiait, mais tu ne le sais pas. C’était le prélude à une de ces crises dont j’avais le secret, où le monstre qui m’habitait s’exprimait, dans toute sa splendeur autodestructrice. Et je croyais qu’en ne parlant pas, je parviendrais à retarder ce moment où il surgirait des tréfonds de mon âme blessée. Ma main, finalement, s’était levée, et caressait cette joue. J’haletais, mes dents s’entrechoquant encore plus fort que tout à l’heure, le froid me transperçait de part en part. De nouvelles larmes s’échappèrent de mes yeux fermés tandis que je me blottissais dans ses bras. L’étreinte m’était familière, les mots aussi.
Je m’agitai légèrement. Un murmure rauque s’éleva alors. « Paul? C’est toi? » Mon frère. Mon bien aimé frère. Lui qui était toujours là quand ça allait mal, qui m’avait serrée tant de fois dans ses bras pour sécher mes larmes. Il en avait passées des nuits blanches à essayer de me calmer, il n’avait jamais eu peur de mon esprit perturbé, il m’avait toujours acceptée comme j’étais, sans autre condition. « Paul, réponds moi, je suis là! C’est moi. Ta Deborah. » un sourire se dessina sur mes lèvres. Je délirais. Mais je me souvenais. Je me souvenais d’avoir sans cesse exigé que l’on m’appelle Deborah parce que je détestais mon prénom. Mon prénom porteur de tant de choses, mon prénom qui faisait trop petite fille sage. Nos parents m’appelaient encore Deborah. Mais ce n’était pas moi Deborah, c’était une étrangère, une substitution. Joséphine avait toujours été là et elle l’était toujours. Joséphine n’avait jamais aimé rester dans l’ombre de Deborah. Je l’avais toujours su qu’à force de se jouer à ce petit jeu pour tromper les gens j’allais finir par me brûler les ailes. Au point même que j’avais fini par me tromper moi-même. Je n’avais pas été plus intelligente qu’eux, j’étais même tombée allègrement dans le panneau. Sa Deborah. Mes larmes roulèrent davantage sur mes joues déjà meurtries par le coup que m’avait porté Elliot, l’autre fois. Mais Paul n’était pas là. Les bras qui m’enserraient n’étaient pas ceux de mon frère. Il n’était plus là Paul, Paul il était mort. Il était mort il y a presque dix ans, à deux ans près, tué alors qu‘il était en mission pour le Ministère. Un Auror de talent, qui avait fini par mordre la poussière. Et tandis que mon image idyllique se brisait, ayant cru apercevoir les cheveux bruns et les yeux clairs de mon frère tant aimé, mon cœur se tordit doublement, libérant des flots de sang. J’hoquetai bruyamment, tandis que mes poumons cherchaient une goulée d’air. J’avais l’impression de m’asphyxier sur place tant la douleur compressait ma poitrine. Mes bras enserraient ce corps inconnu de toutes leurs forces, comme si j’avais peur qu’il ne s’échappe. Mes mains remontaient le long de son dos, effleuraient sa nuque. Je m’aperçus alors que je connaissais le satin de cet épiderme. Je reconnaissais ces bras qui m’enlaçaient avec force. « Liam. » finis-je par murmurer en claquant des dents et en me pelotonnant contre son torse. « Tu es venu. » Je ne pus m’empêcher de fondre en larmes à nouveau, je n’avais jamais pu m’expier de cette peine qui m’empoisonnait à petit feu. « Il est pas venu Paul, il ne viendra pas. » avouai-je d’une voix morne, comme si j’annonçais une affreuse vérité. Et Dieu savait combien cette vérité était affreuse. « Il est mort Paul, il y a tellement longtemps. Mais il est là Liam, j’te jure. Mon frère est toujours là, même s’il est parti. Même qu’il est parti et qu’il ne reviendra jamais. Il m’a abandonnée, il n’a pas tenu sa promesse. Je suis toute seule. J’ai froid, j’ai peur et j’ai mal. J’en peux plus de les entendre me supplier. Je ne veux plus rien voir, plus rien entendre. » Je parlais, mais ce n’était pas moi. J’étais droite et intègre, parfaitement saine d’esprit. Je te jure Liam, ne sois pas effrayé par ce que tu vois, celle que tu tiens tout contre toi, ce n’est pas moi.
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Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Ven 17 Déc 2010 - 21:51
- « Paul? C’est toi? » M’arracher le cœur, pour ensuite le piétiner, aurait sûrement eut le même effet. Alors que c’était moi, Liam, qui tenait son corps frêle, elle prononçait le nom d’un autre. C’était moi qui tenais son cadavre inerte dans mes bras meurtris. Elle pensait à un autre, elle voulait qu’un autre que moi soit à ses côtés, à cet instant. « Paul, réponds moi, je suis là! C’est moi. Ta Deborah. » Je resserrai mon étreinte, cherchant à lui offrir le peu de chaleur qui me restais. Qui était ce Paul, qui était cette Deborah? Qui était cet individu qui voulait expulser ses démons en toi? Qui étais-tu, putain? Alors que je m’accroche au corps vidée de Joséphine, ma Joséphine, celle avec qui je voulais m’endormir le soir, celle qui me faisait sourire. Où était-elle, sous cet amas de chair immobile? Qui était-elle. La fenêtre laissait glisser cette vipère glaciale dans l’appartement, ce froid qui nous tuait lentement. J’avais envie de lui demander, d’exiger des réponses à ses questions, mais ma Joséphine n’était plus là, elle était partie, elle était loin. Alors, moi je m’accroche à son corps, je berce lentement cette carcasse que je reconnais, mais dont les mots qui sortent de sa bouche me sont étrangers. Je ne connaissais pas son histoire. Je ne connaissais pas toute cette noirceur qui la rongeait. Le silence s’était installé, perforant chaque pore de ma peau, je ne ressentais plus le froid. Anesthésie totale. Seuls mes bras bougeaient encore, serrant un peu plus la belle contre moi. J’avais vécu des crises, avec Sarah, j’avais passé des nuits à la rassurer, à serrer son corps contre le mien, dans l’espoir que ses démons s’apaiseraient pour la nuit. Je ne m’étais jamais habitué à sa tristesse, à sa peur et encore aujourd’hui, je n’avais aucune idée comment réagir face à la situation que se trouvait devant moi. Dans mes bras. Je sentais son corps tremblé, son corps impuissant et triste. Nos vêtements trempés collés sur notre peau. « Liam. » J’entends finalement sa voix, qui appelle mon nom, qui réalise que celui qui la tiens dans ses bras, ce n’est pas celui qu’elle espérait. « Tu es venu. » J’arque un sourcil. Évidemment que j’étais là. C’était mal me connaitre que de penser que je n’allais pas accourir pour toi. Que je n’allais tout mettre de côté pour te serrer dans mes bras, pour être avec toi. Je pose ma tête sur son épaule, mes lèvres près de ses oreilles. « Je suis là. » Répétais-je encore, dans l’espoir qu’elle m’entendrait, que tout ça n’était qu’un mauvais rêve. « Il est pas venu Paul, il ne viendra pas. » Je fronçai les sourcils alors qu’elle prononçait encore son nom, à lui. Je voulais savoir, mais j’appréhendais cette vérité, j’appréhendais son passé. « Il est mort Paul, il y a tellement longtemps. Mais il est là Liam, j’te jure. Mon frère est toujours là, même s’il est parti. Même qu’il est parti et qu’il ne reviendra jamais. Il m’a abandonnée, il n’a pas tenu sa promesse. Je suis toute seule. J’ai froid, j’ai peur et j’ai mal. J’en peux plus de les entendre me supplier. Je ne veux plus rien voir, plus rien entendre. » Et voilà que dans tout ce désespoir, toute cette peur qui te ronge. Je suis là, Joséphine. Avec toi. Je ne vais nulle part. Je défais cette douloureuse étreinte, j’agrippe la serviette que je pose près de moi. Je suis assis sur le carrelage froid de la salle de bain. Je prends Joséphine dans mes bras, petite poupée de chiffon. Je l’assoie sur moi, j’enlève ses vêtements qui lui collent à la poitrine. J’entoure la serviette contre son corps frêle et tremblant. « Tu n’es pas seule… Je suis là. Avec toi. Je suis là pour te réchauffer, je suis là pour apaiser tes peurs et ta douleur…» Je tente de me relever, de porter sur moi le corps de Joséphine. Elle se laisse faire, elle n’a pas la force de se débattre. J’apporte son corps jusqu’à sa chambre, enlève le reste des vêtements trempés sur son corps. Je ne ressens plus le froid, je ne ressens que la douleur à travers mes pores, je ressens sa douleur. Je remonte la couverture sur son corps presque nu, ce corps que je désirais tant. . « Qui te supplies? Qui est-ce que tu ne veux plus entendre, que tu ne veux plus voir? Qui t'as mis dans cet état là? » Tes démons, ceux qui te rongent de l’intérieur, qui sont-ils. Parles moi, s’il te plait. Je ne t’abandonnerai pas, mais parles moi. J’ai envie de prendre ses épaules dans mes mains, de secouer son corps pour les faires sortir, ses saletés de démons, mais son corps je le désire trop. Je le désire trop pour lui faire mal.
Mes habits humides me collaient à la peau. Mon cœur était épuisé, mon corps l’était d’autant plus. J’attrapai une cigarette sur la table de chevet, l’alluma avant de reposer mon regard sur les yeux vides de Joséphine. Ma main s’aventura dans sa chevelure mouillée, mon corps en contact contre le sien, toujours. Je ne vais nulle part, mais j’ai peur. J’ai foutrement peur de ce qui se passe, de ce qui t’as mis dans cet état là. Mais je reste silencieux, je reste fort, je reste digne. Je fume, je sens cette fumée qui ravage mes poumons, mais j’en avais besoin à cet instant. Je sentais son corps tremblé, je sentais son désespoir. J’étais vidé, moi aussi, j’étais vidé par la peur. La peur de ce qui allait arriver. Je ne pensais plus à Leah, je ne pensais plus à ce moment que Joséphine et moi avions partagé, ce moment qui contrastait avec celui que nous vivions présentement. C’était ça, l’amour? C’était voir l’autre dans un état de désespoir et rester à ses côtés. C’était de voir l’autre se tuer à petit feu et lui prendre la main. « Je suis là. » Murmurais-je pour une énième fois à son oreille. Ma main dans la sienne. Glaciale, lointaine.
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Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Sam 18 Déc 2010 - 0:46
Pardonne moi de te faire mal comme je le fais en ce moment. Pardonne moi de t’infliger ces quelques blessures supplémentaires, qui mettront tant de temps pour guérir. Pardonne moi de te confronter à l’horreur de ma personne, pardonne moi d’avoir brisé l’image idyllique que tu te faisais de moi. Pardonne moi d’être humaine, de ne pas être parfaite. Pardonne moi d’être hantée, peut-être à moitié dingue. Pardonne moi de pleurer dans tes bras en appelant un autre, pardonne moi d’avoir mal, pardonne moi d’être sa fille, de porter la croix de ses actes. J’aurais aimé être forte, tu le sais bien, mais je ne peux pas. Mon fardeau est trop lourd pour mes frêles épaules, je serais incapable de le porter toute seule. Je ne suis plus en mesure de combattre mes démons, ils ont pris le dessus depuis bien longtemps et n’attendent qu’une faiblesse de ma part pour surgir à nouveau, plus virulents que jamais. Ils rôdent mon amour, ils me rongent, ils m’anéantissent peu à peu. Vois ma douleur, aide moi à m’en expier, aide moi à sauver mon âme. Je suis perdue, j’ai besoin de toi mais tu t’imagines que je joue avec toi. Ce n’est pas moi, Liam, ce n’est pas moi que tu vois. Je sais bien que je suis hideuse, corrompue, pourrie de l’intérieur, et que c’est cette pourriture qui ressort en ce moment même. Je ne voulais pas te faire ça. Tu mérites d’être heureux tu sais? Tu en as bavé et je ne veux pas que tu en baves encore avec moi. Laisse moi, pars tant qu’il en est encore tant. J’aurais trop peur de te corrompre à ton tour, de ravir ton âme précieuse et rayonnante. Tu es bien trop chatoyant pour que je me permette de te ternir, tu n’es pas pour moi, je le sais et ça fait mal. Pourtant, je ne peux m’empêcher de t’aimer, de te désirer. De remercier chaque jour le ciel de t’avoir placé sur mon chemin. Tu m’as créé du rêve mais le tout est en train de devenir cauchemar. J’ai un talent incommensurable pour tout gâcher. J’étends mon autodestruction aux autres, je ne prends pas garde aux dommages collatéraux. Tu sais que je t’aime, que je suis égoïste, que je te veux rien que pour moi. Mais tu ne sais rien de moi, je suis une étrangère pour toi. Tu t’en rends compte et tu désillusionnes. Pardonne moi d’être moi.
« Je suis là. » Il était là, avec moi. Partout, tout le temps, inconditionnellement. Seigneur, méritais-je telles intentions? Et pourtant, je lui faisais mal, je le meurtrissais sans même le toucher, avec de simples mots qui devenaient aussi blessants que la plus affûtée des lames. Cette lame que remuais dans la plaie déjà béante en m’obstinant à appeler Paul quand bien même sa mort serait survenue des années auparavant. La plaie avait eu le temps de cicatriser, mais l’annonce de la réouverture de l’enquête concernant Frédéric l’avait rouverte, me rappelant qu’il avait été tué dans une embuscade par des mages noirs, ceux-là même dont mon père fait partie. Ou avait fait partie. Pardonne moi, mon amour. Pardonne moi de t’infliger tout ça, quand bien même j’aurais pu me débrouiller toute seule encore. Tu n’avais pas besoin de savoir tout ça, mais je ne peux pas t’induire en erreur, je ne peux pas te laisser te conforter dans une vision idéale de ma personne. Tu ne peux pas savoir combien ça me tue, de ne pas être assez bien pour toi. Et pourtant, j’étais dans ses bras, m’accrochant à lui comme pour quémander davantage de chaleur humaine, de sa chaleur. Je ne bougeais pas, toujours en état de choc mais j’avais cessé de pleurer. Je ne faisais que de grelotter et de claquer des dents, tandis que Liam me défaisait de mes vêtements mouillés. Ma tête ballotait de droite à gauche tandis qu’il m’enroulait dans cette serviette que je n’avais jamais réussi à atteindre par moi-même. Le voir s’occuper ainsi de moi me fendait le cœur, je ne trouverai jamais les mots pour le remercier. Le remercier d’être là, tout simplement. Je nichai ma tête au creux de son cou pour respirer son odeur. « Tu n’es pas seule… Je suis là. Avec toi. Je suis là pour te réchauffer, je suis là pour apaiser tes peurs et ta douleur…» il avait raison. Il ne mentait pas. Je me sentais déjà mieux, tandis qu’il frictionnait doucement mon dos. Mon cœur saignait toujours mais le pire était passé, je pouvais mourir tranquille. Je me laisse tomber mollement contre lui tandis qu’il tentait de nous relevait. Je m’accrochai à son cou, comme une naufragée. Je tremblais toujours quand il me déposa dans le lit, me contraignant à me détacher de sa nuque. Je protestai faiblement, mais je n’avais plus la force de me battre. Je voulais m’endormir d’un sommeil profond pour ne plus jamais m’en réveiller.
« Qui te supplies? Qui est-ce que tu ne veux plus entendre, que tu ne veux plus voir? » Mes lèvres tremblèrent. Justement, je n’en avais aucune idée. C’étaient des voix que j’entendais, qui me suppliaient de les épargner. Des voix que je connaissais, qui s’entremêlaient. Le tout était lointain, confus. Je battis des paupières. Je me sentais malade, fiévreuse. Les larmes venaient de recommencer à couler de mes prunelles d’acier. Je détestais mes visions. Quand ma fièvre montait, je n’en avais que quelques bribes, mon don, non, cette malédiction devrais-je dire avait tendance à se détraquer quelque peu. Je rivai mes prunelles d’acier dans son regard céruléen, suppliante. « Je ne sais pas qui ils sont. » Ma voix s’éleva en un murmure éthéré. Mes yeux se perdirent dans le néant. « Ce sont des hommes, des femmes. Peut-être même des enfants. Ils se souviennent. Ils ont peur. Je crois bien qu’ils ont mal. » Mes mots me brûlaient tandis que je les prononçais. « je suis perdue, je ne sais pas si je dois les écouter ou les laisser. Je dois les aider, Liam. » Il allait penser que j’étais folle. Je ne pouvais pas lui donner tort. Mais je n’en pouvais simplement plus, je ne voulais pas entendre ces cris de terreur, d’agonie. Je me redressai brusquement, écartant la couverture, faisant tomber la serviette qui m’enveloppait. « Je ne peux pas les laisser. Je dois aller avec eux, ils m'appellent je crois. Mais je ne sais pas où il sont. Je ne sais plus rien. » finis-je par murmurer, penaude, en me cachant le visage dans mes mains. « J’entends Papa. Il leur dit de se taire. Il faisait toujours ça quand j’étais petite. J’entends encore sa voix. Il emmènent Maman. Maman qui me ressemble tellement. Elle est en tutu et en ballerines. Mais ce n’est pas moi, je n’ai jamais su danser. Ils ont bien essayé de me faire tourner, mais je n’ai fait que de succomber au vertige qui s’emparait de moi. » Je me tus, le souffle coupé. Je venais de voir pour la première fois ma mère. Je ne connaissais son visage pour l’avoir déjà vu chez mes grands-parents. Mais je ne me souvenais plus d’avoir été un jour au courant pour la danse. « Papa la regarde. Mais je ne crois pas qu’il la trouve belle. Au contraire, il la regarde avec toute sa haine. Je vois un berceau derrière lui. Je crois que le bébé dedans, c’est moi mais je ne suis pas sûre. Je pleure. Mais personne ne m’écoute. Personne ne m’écoute jamais de toute façon, je ne suis pas assez importante. » Un sanglot s’échappa de ma gorge, tandis que je resserrais mes bras autour de moi, toujours lointaine. Sa main vint chercher la mienne pour la serrer fort. Ne me touches pas mon amour, tu ne connais pas encore le fin mot de l’histoire. Même moi je ne le connais pas. Et à mesure que la tragédie se déroulait sous mes yeux, je pleurais de plus belle. « Je…NON! Pitié. Laisse la. Elle ne mérite pas ça. Pas toi Papa, dis pas que c’est toi. » Je me laissais tomber sur le lit, roulée en boule. Mon cœur enflait, plus que jamais, tandis que l’odieuse réalité s’était imposée à moi, dans toute son intensité, dans toute son horreur. Je ne voyais plus Liam qui était avec moi et qui s’inquiétait. Je n’avais que la sensation de nausée qui persistait et allait même en augmentant, et mes sanglots déchirants, tandis que ma voix s’éleva, suppliante, sans savoir si je m’adressais à Liam où à mon père. « Je t’en supplie…Tue moi. Tu ne peux pas me laisser vivre alors que j’ai vu ça, alors que je m’en rappelle. Je ne peux pas vivre avec ça. »
« Je suis là. » Il était là, avec moi. Partout, tout le temps, inconditionnellement. Seigneur, méritais-je telles intentions? Et pourtant, je lui faisais mal, je le meurtrissais sans même le toucher, avec de simples mots qui devenaient aussi blessants que la plus affûtée des lames. Cette lame que remuais dans la plaie déjà béante en m’obstinant à appeler Paul quand bien même sa mort serait survenue des années auparavant. La plaie avait eu le temps de cicatriser, mais l’annonce de la réouverture de l’enquête concernant Frédéric l’avait rouverte, me rappelant qu’il avait été tué dans une embuscade par des mages noirs, ceux-là même dont mon père fait partie. Ou avait fait partie. Pardonne moi, mon amour. Pardonne moi de t’infliger tout ça, quand bien même j’aurais pu me débrouiller toute seule encore. Tu n’avais pas besoin de savoir tout ça, mais je ne peux pas t’induire en erreur, je ne peux pas te laisser te conforter dans une vision idéale de ma personne. Tu ne peux pas savoir combien ça me tue, de ne pas être assez bien pour toi. Et pourtant, j’étais dans ses bras, m’accrochant à lui comme pour quémander davantage de chaleur humaine, de sa chaleur. Je ne bougeais pas, toujours en état de choc mais j’avais cessé de pleurer. Je ne faisais que de grelotter et de claquer des dents, tandis que Liam me défaisait de mes vêtements mouillés. Ma tête ballotait de droite à gauche tandis qu’il m’enroulait dans cette serviette que je n’avais jamais réussi à atteindre par moi-même. Le voir s’occuper ainsi de moi me fendait le cœur, je ne trouverai jamais les mots pour le remercier. Le remercier d’être là, tout simplement. Je nichai ma tête au creux de son cou pour respirer son odeur. « Tu n’es pas seule… Je suis là. Avec toi. Je suis là pour te réchauffer, je suis là pour apaiser tes peurs et ta douleur…» il avait raison. Il ne mentait pas. Je me sentais déjà mieux, tandis qu’il frictionnait doucement mon dos. Mon cœur saignait toujours mais le pire était passé, je pouvais mourir tranquille. Je me laisse tomber mollement contre lui tandis qu’il tentait de nous relevait. Je m’accrochai à son cou, comme une naufragée. Je tremblais toujours quand il me déposa dans le lit, me contraignant à me détacher de sa nuque. Je protestai faiblement, mais je n’avais plus la force de me battre. Je voulais m’endormir d’un sommeil profond pour ne plus jamais m’en réveiller.
« Qui te supplies? Qui est-ce que tu ne veux plus entendre, que tu ne veux plus voir? » Mes lèvres tremblèrent. Justement, je n’en avais aucune idée. C’étaient des voix que j’entendais, qui me suppliaient de les épargner. Des voix que je connaissais, qui s’entremêlaient. Le tout était lointain, confus. Je battis des paupières. Je me sentais malade, fiévreuse. Les larmes venaient de recommencer à couler de mes prunelles d’acier. Je détestais mes visions. Quand ma fièvre montait, je n’en avais que quelques bribes, mon don, non, cette malédiction devrais-je dire avait tendance à se détraquer quelque peu. Je rivai mes prunelles d’acier dans son regard céruléen, suppliante. « Je ne sais pas qui ils sont. » Ma voix s’éleva en un murmure éthéré. Mes yeux se perdirent dans le néant. « Ce sont des hommes, des femmes. Peut-être même des enfants. Ils se souviennent. Ils ont peur. Je crois bien qu’ils ont mal. » Mes mots me brûlaient tandis que je les prononçais. « je suis perdue, je ne sais pas si je dois les écouter ou les laisser. Je dois les aider, Liam. » Il allait penser que j’étais folle. Je ne pouvais pas lui donner tort. Mais je n’en pouvais simplement plus, je ne voulais pas entendre ces cris de terreur, d’agonie. Je me redressai brusquement, écartant la couverture, faisant tomber la serviette qui m’enveloppait. « Je ne peux pas les laisser. Je dois aller avec eux, ils m'appellent je crois. Mais je ne sais pas où il sont. Je ne sais plus rien. » finis-je par murmurer, penaude, en me cachant le visage dans mes mains. « J’entends Papa. Il leur dit de se taire. Il faisait toujours ça quand j’étais petite. J’entends encore sa voix. Il emmènent Maman. Maman qui me ressemble tellement. Elle est en tutu et en ballerines. Mais ce n’est pas moi, je n’ai jamais su danser. Ils ont bien essayé de me faire tourner, mais je n’ai fait que de succomber au vertige qui s’emparait de moi. » Je me tus, le souffle coupé. Je venais de voir pour la première fois ma mère. Je ne connaissais son visage pour l’avoir déjà vu chez mes grands-parents. Mais je ne me souvenais plus d’avoir été un jour au courant pour la danse. « Papa la regarde. Mais je ne crois pas qu’il la trouve belle. Au contraire, il la regarde avec toute sa haine. Je vois un berceau derrière lui. Je crois que le bébé dedans, c’est moi mais je ne suis pas sûre. Je pleure. Mais personne ne m’écoute. Personne ne m’écoute jamais de toute façon, je ne suis pas assez importante. » Un sanglot s’échappa de ma gorge, tandis que je resserrais mes bras autour de moi, toujours lointaine. Sa main vint chercher la mienne pour la serrer fort. Ne me touches pas mon amour, tu ne connais pas encore le fin mot de l’histoire. Même moi je ne le connais pas. Et à mesure que la tragédie se déroulait sous mes yeux, je pleurais de plus belle. « Je…NON! Pitié. Laisse la. Elle ne mérite pas ça. Pas toi Papa, dis pas que c’est toi. » Je me laissais tomber sur le lit, roulée en boule. Mon cœur enflait, plus que jamais, tandis que l’odieuse réalité s’était imposée à moi, dans toute son intensité, dans toute son horreur. Je ne voyais plus Liam qui était avec moi et qui s’inquiétait. Je n’avais que la sensation de nausée qui persistait et allait même en augmentant, et mes sanglots déchirants, tandis que ma voix s’éleva, suppliante, sans savoir si je m’adressais à Liam où à mon père. « Je t’en supplie…Tue moi. Tu ne peux pas me laisser vivre alors que j’ai vu ça, alors que je m’en rappelle. Je ne peux pas vivre avec ça. »
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Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Sam 18 Déc 2010 - 3:41
- J’étais trop naïf, trop tolérant, trop amoureux. J’aurais pu partir, à cet instant. Retourner à mon appartement et mettre tout ça derrière moi. Mais j’en étais incapable. Cette envie d’envelopper sa chair de mes bras, cette envie, ce besoin d’être là. J’étais trop naïf. J’étais trop amoureux. J’allais me perdre dans ses beaux yeux sans savoir tout ce qui se cachait derrière. J’aurais pu partir. J’aurais peut-être dû partir. Elle deviendrait une fille comme les autres. Une fille que j’abandonne. Je ne pouvais pas, si je quittais cet appartement, je ne m’en sortirai pas vivant. Alors je reste. Je gèle de l’intérieur, je reprends contact avec la réalité lors qu’on atteint péniblement la chambre. Je sens de nouveau mes vêtements froids qui s’imprègnent dans ma peau. Je sens la douleur s’enliser en moi, dans mes veines, dans mon cœur qui tente de combattre ce désespoir. Elle n’était pas une fille comme les autres. Elle n’était ni Sarah, ni Nell. Voilà pourquoi j’étais encore à ses côtés. Mon amour, sommes nous donc liés par ces tourments qui nous rongent. Sommes-nous unis par cette fatalité. Je sens la terreur dans mes veines, je ressens mon sang courser jusqu’à mon cerveau, pour ensuite filer vers mon cœur qui bat trop vite. Toutes ses sensations qui me reviennent, me frappent de plein fouet. Ma respiration se bloque, pour ensuite injecter trop d’air dans mes poumons. Je fume cette cigarette nerveusement. Je passe en boucle la discussion que j’ai eue avec Nell. Lorsque je l’ai regardé dans les yeux, lorsque je lui ai dis que j’étais amoureux de Joséphine. Tu ne l’a connais pas, tu vois, c’est un monstre. Elle ne t’apportera rien de bon. Tu cours à ta perte en restant à ses côtés. Je veux faire taire cette voix. Celle de ma mère. On a tous ses démons, ceux de Joséphine étaient simplement plus présents que les miens. « Je ne sais pas qui ils sont. » Sa voix est lointaine. Son regard est perdu. Il fixe le vide. Je suis perdu aussi. C’était si intense, si indescriptible que je ne pouvais que m’accrocher à sa voix, la seule porte vers son âme. « Ce sont des hommes, des femmes. Peut-être même des enfants. Ils se souviennent. Ils ont peur. Je crois bien qu’ils ont mal. » Qui sont ses démons qui te hantent, que t’es-t-il arrivé pour que ses voix dans ta tête ne veulent plus s’éteindre. « Je suis perdue, je ne sais pas si je dois les écouter ou les laisser. Je dois les aider, Liam. » Mes doigts serrent la cigarette qui fument entre mes doigts alors qu’elle venait de retirer la couverture, bien décidée à sortir du lit, à moitié nue. Je ne savais pas quoi faire pour l’aider, je ne savais pas si je devais la conduire à l’hôpital ou si je devais simplement être à ses côtés, le temps que la tempête dans son âme se calme. J’optai pour la seconde option, j’écrasai la cigarette dans le cendrier alors qu’elle était droite, prête à quitter la chambre. « Je ne peux pas les laisser. Je dois aller avec eux, ils m'appellent je crois. Mais je ne sais pas où ils sont. Je ne sais plus rien. » J’ai peur de la toucher, cet épiderme. Celui que je désire tant, celui qui, quelques jours auparavant, m’attisait. Comment peut-on être amoureux d’une personne qu’on ne connait pas. Qu’on connait à peine. J’aime Joséphine, j’aime son corps, son sourire, ses larmes, mais je ne connais rien d’elle. Pourtant, à cet instant, lors de ce moment où elle n’avait plus aucun contact avec la réalité, je l’aimais encore plus. Et ça me brûlait de l’intérieur. Ça me consumait. Vas t’en. Sauves toi avant qu’elle te brûle. Qu’elle te consume. Je ferme les yeux, j’efface son image. Je pose mon regard sur Joséphine. « J’entends Papa. Il leur dit de se taire. Il faisait toujours ça quand j’étais petite. J’entends encore sa voix. Ils emmènent Maman. Maman qui me ressemble tellement. Elle est en tutu et en ballerines. Mais ce n’est pas moi, je n’ai jamais su danser. Ils ont bien essayé de me faire tourner, mais je n’ai fait que de succomber au vertige qui s’emparait de moi. »
J’écoute. Je reste silencieux. Ses démons sortent et ce qu’elle voit, en ce moment, l’enfant qu’elle est redevenue l’espace d’un instant. Elle est folle, fous le camp. Tu vois bien qu’elle n’en vaut pas la peine. Je continuais à m’acharner contre mes démons, ceux de mon passé. Ils n’étaient pas aussi dangereux, ils n’étaient pas aussi présents que ceux de Joséphine, mais ils étaient tout aussi vicieux. Je voulais la toucher, la prendre dans mes bras, mais j’en suis venu à la triste conclusion que ça ne servirait à rien. « Papa la regarde. Mais je ne crois pas qu’il la trouve belle. Au contraire, il la regarde avec toute sa haine. Je vois un berceau derrière lui. Je crois que le bébé dedans, c’est moi mais je ne suis pas sûre. Je pleure. Mais personne ne m’écoute. Personne ne m’écoute jamais de toute façon, je ne suis pas assez importante. » Regardes moi Joséphine. Putain, regardes moi. Tu peux arrêter ses images. S’il te plait, croise mon regard, fixe moi. Vois dans mon regard, l’amour que j’ai pour toi. Ferme les yeux un instant et ne regarde pas ton père, ne le regarde pas, s’il te plait. Regardes moi. « Je…NON! Pitié. Laisse-la. Elle ne mérite pas ça. Pas toi Papa, dis pas que c’est toi. » J’imagine que ce qu’elle voit lui fait mal, l’a détruit de l’intérieur. Je ne sais pas ce qu’elle voit. Je sais simplement que c’est terrible. Qu’elle souffre. Je veux la prendre dans mes bras, mais elle est bien loin ma belle Joséphine. Elle est loin et elle est perdue. Elle est retombée sur le lit, elle se recroqueville sur elle-même. Impuissante. Elle a mal et moi, je reste là, impuissant. Je veux partager sa douleur, je suis là, je n’ai pas bougé. Elle n’est pas une fille comme les autres. « Je t’en supplie…Tue moi. Tu ne peux pas me laisser vivre alors que j’ai vu ça, alors que je m’en rappelle. Je ne peux pas vivre avec ça. » Je reste figé devant la requête de Joséphine. Je ne comprends pas. Je ne veux pas comprendre. Je ne veux pas entendre ses mots qui sortent de sa bouche. Je m’approche d’elle, son corps toujours en boule sur le matelas. Je reste debout quelques instants, pétrifié par la demande. Je m’approche du lit, j’attrape son corps, je le retourne. Son corps est faible. Elle est maintenant sur le dos. Je ne vois pas son regard enseveli sous sa chevelure. Je m’abaisse, me laisse lentement tomber sur le lit. Mon corps est au dessus du sien. Immobile. Mes bras chaque côtés de son corps, tremblent tant que j’ai l’impression de ne plus pouvoir retenir le poids de mon corps. Je me laisse glisser, j’approche mon visage du sien. Je suis sérieux, je suis complètement perdu. Pauvre poupée immobile, pauvre poupée fragile. J’approche mes lèvres à ses oreilles. « Joséphine. » Je murmure son prénom, dans l’espoir de la retrouver quelques parts sous tous ses souvenirs. « Je ne peux pas. » Qu’as-tu vu de si terrible pour avoir envie d’en finir avec ta vie. « Tu ne peux pas me demander ça. » Je murmure toujours ses mots à son oreille. « Pense à Jules… Pense à nous. » Nous. Nous avions franchis cette barrière, mon corps vêtus de ses haillons humides était à présent collé contre le sien, à moitié nue. S’il te plaît, pense à nos baisers, reviens moi. Je suis là, accroches toi à moi.
Je suis trop naïf. Je suis trop amoureux.
- InvitéInvité
Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Sam 18 Déc 2010 - 11:52
Peu à peu, je sentais mes souvenirs s’éloigner, pour céder la place à la réalité, aussi atroce fusse-t-elle. Les voix dans ma tête devenaient peu à peu muettes, tandis que je reprenais le contrôle. Je me battais contre mes démons intérieurs, contre ces images qui me rongeaient. « Joséphine. » Cette voix…Elle s’imposa sur toutes les autres, avec ses accents à la fois doux et autoritaires. Je les entendais protester Où est Joséphine? La voix tonitruante de mon père. Elle me faisait mal. Joséphine! La voix d’une femme. Qui n’était pas ma mère. Je crois bien qu’elle était déjà morte, je ne saurais en jurer. Tout était tellement lointain. Je n’avais aucun souvenir du début de ma vie, mes premiers vrais souvenirs remontaient à mes sept ans, âge auquel j’avais été adoptée par mes parents adoptifs. Ma petite enfance restait un immense point d’interrogation, et après avoir entrouvert la boîte de Pandore, je n’avais plus envie de savoir. C’était sanglant, c’était morbide, c’était dérangeant, bien plus que je ne saurais supporter. Je n’étais pas comme eux moi, je ne cautionnais pas les horreurs qu’avait pu perpétrer Frédéric. Je n’étais que sa fille, la victime de la réputation de ma famille. Je n’avais rien demandé à personne, je n’aspirais qu’à une vie tranquille, une vie sans secrets, sans mensonges, sans drames. Je n’étais la fille et pourtant j’avais hérité du don de ma mère. Don que j’avais moi-même transmis à mon fils. Jules n’avaient pas encore manifesté ce talent particulier mais je savais en mon for intérieur que cela n’allait pas tarder. Je haïssais ma famille, ce que mon sang maudit portait. Et si certains prétendaient être les maîtres de leur destin, quand j’en parlais, ce n’était qu’un mensonge, un leurre destiné à me rassurer, à croire que je pouvais m’affranchir de ce que je suis, que je ne finirai pas comme les autres.
« Je ne peux pas. Tu ne peux pas me demander ça. » Je clignais des yeux, tandis que je reconnaissais le décor de mon appartement. Mon lit. Ma chambre. L’odeur de la cigarette me chatouilla l’odorat, me fit éternuer. Ma peau fut parcourue d’un frisson, tandis que je réalisais que je m’étais séparée d’une partie de mes vêtements. Je me souvenais juste du carrelage froid de la salle de bains. Le malaise qui m’avait prise alors. Ma crise d’hystérie. Mon regard croisa celui de Liam, qui me surplombait. Son expression alarmée. Ses yeux bouleversés quand bien même son visage serait resté impassible. Je ne disais plus rien. J’en étais incapable, j’étais bien trop atterrée. J’aurais voulu qu’il s’en aille, il en avait trop vu. Mais il était là. Avec moi. Sans conditions. Mon cœur se serra. « Pense à Jules… Pense à nous. » Il avait raison. Terriblement et cruellement raison. Je devais être forte. Ne pas me laisser abattre. Rester droite et digne. Mon père n’aurait sûrement pas toléré telle faiblesse. Mais j’en avais assez de faire semblant, de sourire quand tout allait mal. De feindre la solidité, l’inflexibilité quand tout s’effondrait à l’intérieur, quand tout ne devenait que chaos et désolation. Il avait raison. A part peut-être sur un point. Pense à nous. y avait-il seulement un nous? Aurais-je l’audace d’espérer qu’il en existe un après ça? J’aurais voulu effleurer encore une fois sa peau. Caresser son visage, ébouriffer ses cheveux. Retrouver le moment que nous avions vécu l’autre jour, quand tout allait à peu près bien. Mais je n’avais pas le droit. Je n’avais pas le droit de le désirer alors qu’il allait partir, qu’il allait me laisser. Je ne t’en voudrai pas-tu sais? Pense à nous. « Existe-t-il seulement un nous? » demandais-je d’une voix mourante, le visage impassible, indifférent. Comment peux-tu m’aimer alors que tu en as aimé une autre juste avant moi? Qui me dit que tu ne retourneras pas avec elle, que tu me laisseras toi aussi? Elle avait l’air parfaite, ta Sarah. Bien plus que je ne peux l’être. Et si ce n’est pas Sarah, ce sera Nell. Ta meilleure amie. Ta meilleure amie ou ton premier amour. Je suis prise entre les deux, je ne sais pas ce que je suis à tes yeux. « Réponds moi Liam. Dis moi qui je suis pour toi. » Mes mots s’éteignirent dans un souffle douloureux. Je voulais qu’il me le dise, qu’il me rassure, ou qu’au contraire il me brise une fois encore. Mais je ne voulais plus rester dans le doute. Me surprendre à espérer alors que je ne devais pas m’attendre à quoi que ce soit. Leah avait beau être agaçante à toujours se mêler de ce qui ne la regardait pas, elle avait raison sur un point. Ce silence allait finir par me tuer.
Mon regard se fit absent, une fois encore. Mais ne t’en fais pas. Le cauchemar est terminé. Pour le moment. welcome back to the reality comme dirait l’autre. « Il l’aimait, Liam. » Je parlais de ma mère. De mon père. De leur histoire maudite, destinée à échouer dès le départ ne serait-ce qu’à cause de cette histoire de sang. « Il l’aimait mais elle n’était pas pour lui. Ils n’avaient pas le droit. » Mon cœur se serra. L’image de Lolita se fit davantage présente dans mon esprit torturé. Ma mère qui me ressemblait tant. A moins que ça ne soit moi qui ressemblais à ma mère. « Je lui ressemble. » déclarai-je solennellement. Lui aussi ne voyait pas Joséphine. Il voyait ma mère, son amour, à travers moi. « Je lui ressemble et c’est ça qui lui fait mal. Il me l’a dit la dernière fois que je l’ai vu. » Je n’étais rien, je n’étais personne. La réincarnation d’autres. Je n’étais même pas une personne à part entière. Joséphine n’existait pas. Ce n’était qu’une âme perdue parmi des millions d’autres, une de ces âmes tourmentées qui ne trouveront jamais le repos. Qui ne pourront jamais être aimées à part entière. « J’en ai assez . » finis-je par murmurer avec lassitude. J’étais triste, mais je n’avais même plus la force de pleurer. J’étais redevenue distante, inerte. Oui, j’en avais assez. De tout. De vivre. De porter tant de fardeaux. D’être seule. De ce bonheur fugace, qui fuyait sitôt aperçu. De trop de choses. « J’ai rien demandé moi. Je veux juste être moi. Exister pour quelqu’un. Etre importante. Qu’on m’aime pour ce que je suis. C’est trop demander? » demandai-je, d’une toute petite voix, le regard vide. Je vois ton regard. L’amour que tu me portes. Cet amour qui me fait peur, tant je ne sais pas s’il est réellement pour moi, tant j’ai peur de ne pas assez t’aimer, t’aimer comme tu le mérites. Et pourtant, il bat mon cœur, il bat à m’en faire mal, il tressaute, il saigne parfois même. Te rends-tu compte que c’est toi qui me fais tout ça, que tu m’as complètement chamboulée? Je t’appartiens corps et âme et c’est probablement ce qui m’effraie le plus. Détruis moi si tu le souhaites, mais fais le vite. Je n’en peux plus d’agoniser.
« Je ne peux pas. Tu ne peux pas me demander ça. » Je clignais des yeux, tandis que je reconnaissais le décor de mon appartement. Mon lit. Ma chambre. L’odeur de la cigarette me chatouilla l’odorat, me fit éternuer. Ma peau fut parcourue d’un frisson, tandis que je réalisais que je m’étais séparée d’une partie de mes vêtements. Je me souvenais juste du carrelage froid de la salle de bains. Le malaise qui m’avait prise alors. Ma crise d’hystérie. Mon regard croisa celui de Liam, qui me surplombait. Son expression alarmée. Ses yeux bouleversés quand bien même son visage serait resté impassible. Je ne disais plus rien. J’en étais incapable, j’étais bien trop atterrée. J’aurais voulu qu’il s’en aille, il en avait trop vu. Mais il était là. Avec moi. Sans conditions. Mon cœur se serra. « Pense à Jules… Pense à nous. » Il avait raison. Terriblement et cruellement raison. Je devais être forte. Ne pas me laisser abattre. Rester droite et digne. Mon père n’aurait sûrement pas toléré telle faiblesse. Mais j’en avais assez de faire semblant, de sourire quand tout allait mal. De feindre la solidité, l’inflexibilité quand tout s’effondrait à l’intérieur, quand tout ne devenait que chaos et désolation. Il avait raison. A part peut-être sur un point. Pense à nous. y avait-il seulement un nous? Aurais-je l’audace d’espérer qu’il en existe un après ça? J’aurais voulu effleurer encore une fois sa peau. Caresser son visage, ébouriffer ses cheveux. Retrouver le moment que nous avions vécu l’autre jour, quand tout allait à peu près bien. Mais je n’avais pas le droit. Je n’avais pas le droit de le désirer alors qu’il allait partir, qu’il allait me laisser. Je ne t’en voudrai pas-tu sais? Pense à nous. « Existe-t-il seulement un nous? » demandais-je d’une voix mourante, le visage impassible, indifférent. Comment peux-tu m’aimer alors que tu en as aimé une autre juste avant moi? Qui me dit que tu ne retourneras pas avec elle, que tu me laisseras toi aussi? Elle avait l’air parfaite, ta Sarah. Bien plus que je ne peux l’être. Et si ce n’est pas Sarah, ce sera Nell. Ta meilleure amie. Ta meilleure amie ou ton premier amour. Je suis prise entre les deux, je ne sais pas ce que je suis à tes yeux. « Réponds moi Liam. Dis moi qui je suis pour toi. » Mes mots s’éteignirent dans un souffle douloureux. Je voulais qu’il me le dise, qu’il me rassure, ou qu’au contraire il me brise une fois encore. Mais je ne voulais plus rester dans le doute. Me surprendre à espérer alors que je ne devais pas m’attendre à quoi que ce soit. Leah avait beau être agaçante à toujours se mêler de ce qui ne la regardait pas, elle avait raison sur un point. Ce silence allait finir par me tuer.
Mon regard se fit absent, une fois encore. Mais ne t’en fais pas. Le cauchemar est terminé. Pour le moment. welcome back to the reality comme dirait l’autre. « Il l’aimait, Liam. » Je parlais de ma mère. De mon père. De leur histoire maudite, destinée à échouer dès le départ ne serait-ce qu’à cause de cette histoire de sang. « Il l’aimait mais elle n’était pas pour lui. Ils n’avaient pas le droit. » Mon cœur se serra. L’image de Lolita se fit davantage présente dans mon esprit torturé. Ma mère qui me ressemblait tant. A moins que ça ne soit moi qui ressemblais à ma mère. « Je lui ressemble. » déclarai-je solennellement. Lui aussi ne voyait pas Joséphine. Il voyait ma mère, son amour, à travers moi. « Je lui ressemble et c’est ça qui lui fait mal. Il me l’a dit la dernière fois que je l’ai vu. » Je n’étais rien, je n’étais personne. La réincarnation d’autres. Je n’étais même pas une personne à part entière. Joséphine n’existait pas. Ce n’était qu’une âme perdue parmi des millions d’autres, une de ces âmes tourmentées qui ne trouveront jamais le repos. Qui ne pourront jamais être aimées à part entière. « J’en ai assez . » finis-je par murmurer avec lassitude. J’étais triste, mais je n’avais même plus la force de pleurer. J’étais redevenue distante, inerte. Oui, j’en avais assez. De tout. De vivre. De porter tant de fardeaux. D’être seule. De ce bonheur fugace, qui fuyait sitôt aperçu. De trop de choses. « J’ai rien demandé moi. Je veux juste être moi. Exister pour quelqu’un. Etre importante. Qu’on m’aime pour ce que je suis. C’est trop demander? » demandai-je, d’une toute petite voix, le regard vide. Je vois ton regard. L’amour que tu me portes. Cet amour qui me fait peur, tant je ne sais pas s’il est réellement pour moi, tant j’ai peur de ne pas assez t’aimer, t’aimer comme tu le mérites. Et pourtant, il bat mon cœur, il bat à m’en faire mal, il tressaute, il saigne parfois même. Te rends-tu compte que c’est toi qui me fais tout ça, que tu m’as complètement chamboulée? Je t’appartiens corps et âme et c’est probablement ce qui m’effraie le plus. Détruis moi si tu le souhaites, mais fais le vite. Je n’en peux plus d’agoniser.
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Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Dim 19 Déc 2010 - 1:06
- La tempête ne s’éteint pas. Elle s’apaise. Elle se calme. Mais elle ne meure jamais vraiment. Elle reste là, elle bouillonne à l’intérieur et tu sais qu’au final, tu vas perdre contre elle. Contre la peur qui t’envenime, tu vas y laisser ta peau. Mais tu restes là, à ses côtés. Tu tentes d’apaiser son malaise. Tu voudrais bien jouer le héro, n’est-ce pas Liam? Tu voudrais bien être celui dont elle a besoin, tu voudrais que se soit ton prénom qu’elle ait appelé, quelques instants auparavant. Mais ce n’est pas toi. Toi, tu es un lâche Liam, ton destin, il est lié à Sarah. C’est ce que tout le monde te dit. Qu’est-ce que tu es toi, sans Sarah? Ces voix, tu les entends, dans les couloirs de l’école. Ses voix. Celles qui t’ont brûlés, qui t’ont détruit plus que le départ de Sarah. Pourtant, tu es encore là, à ses côtés, alors que tu aurais pu partir, être comme l’un de ses gars, qui s’enfuie. Tu n’es pas comme ceux-là, Liam. Tu es différent. Tu es naïf, tu veux y croire, à cette histoire. Tu veux te croire capable d’affronter ça avec elle. Mais tu ne le sais pas. Tu ne sais rien Liam. Tu ne sais pas ce qui lui arrive à Joséphine, tu ne sais pas quoi faire. T’es qu’un gamin, Liam. Tu ne sais rien de la vie. « Existe-t-il seulement un nous? » Tu ne peux même pas répondre à cette question, car tu ignores la réponse. Tu voudrais bien. Tu voudrais y croire. Ça te fait mal. Ça te fait tellement mal que tu voudrais t’arracher le cœur pour qu’elle y croie, elle aussi. Tu reste silencieux. Ton corps ne bouge pas, il reste paralyser. Tu ne peux pas répondre à cette question, malgré tout l’effort que tu y mets. Elle le voit bien, Joséphine. Elle le voit bien dans ton regard que tu hésites, que tu es perdu comme elle, et ça lui fait peur, ça l’impatiente. « Réponds moi Liam. Dis moi qui je suis pour toi. » Ses mots te font mal, tellement la peur t’envahie. Tellement tu voudrais lui dire que tu l’aimes. Que tu veux être à ses côtés, jour et nuit. Mais t’as peur. T’as tellement peur de te faire briser le cœur à nouveau. T’as tellement peur du doute qui te ronge, cette angoisse qui fait battre ton cœur. T’as peur de tout ça, pourtant, tu es encore là et bien décidé à n’aller nulle part. Joséphine te regarde, mais toi, tu reste calme. Il est posé Liam. Liam il n’est jamais en colère. Liam il est doux comme un agneau. C’est ce qu’ils disent. « Je… » Tes mots s’accrochent à tes lèvres, ils n’arrivent pas à sortir. Ils brûlent tes lèvres, mais tu n’y arrives pas. « Tu es… » Tu sais au fond de toi, ce qu’elle est pour toi, elle doit savoir. Après tout ça, tu ne peux pas rester muet. Tu n’as pas le droit. « Tu es Joséphine, pas Sarah, ni Nell, simplement toi, à part entière. » Elle s’était glissée dans ton cœur. Lentement, elle y avait prit toute la place. Et tu n’avais jamais vécu ça avant, ce vertige, cette peur d’être avec l’autre. Et tu ne sais pas si tu es prêt pour une autre relation, pour vivre encore ça… En si peu de temps. Mais Joséphine a changé ta vision des choses, Joséphine en vaut la peine. Elle vaut que tu te brûle les lèvres à lui avouer ton amour. Ce silence s’impose encore à vous. Tu as envie d’embrasser ses lèvres, de serrer son corps contre le tiens, de jurer de toujours être là pour elle. Tu ne bouge pas, mais tu sens cette sensation indescriptible montée en toi, comme si elle s’injectait dans tous les pores de ta peau. Tu as froid, tu n’arrive plus à supporter ses haillons humides sur ton corps. Tu trembles, parce que tu as peur, parce que tu as froid, parce que tu ignore où tu t’en vas.
« Il l’aimait, Liam. » Il ne l’aimait pas comme moi je t’aime. Regarde-moi, regarde mes yeux qui ne demandent que tes lèvres, que ton amour. « Il l’aimait mais elle n’était pas pour lui. Ils n’avaient pas le droit. » Et nous, est-ce qu’on a le droit? Est-ce qu’on peut passer par-dessus notre passé, afin d’y construire un présent? Son désespoir s’empare de moi, alors qu’elle glisse ses mots dans un soupir. Et je reste là, à écouter en silence. « Je lui ressemble et c’est ça qui lui fait mal. Il me l’a dit la dernière fois que je l’ai vu. » À qui ressembles-tu, mon amour? Quel est ce reflet que tu vois, quel est ce fantôme qui te pourrie l’âme. Tant de question auquel je ne cherchais pas vraiment les réponses. Toujours accroché à son épiderme, ma main glacée sur son front bouillant. « J’en ai assez. » Mon regard s’imbrique au sien, il cherche à retrouver cette étincelle que jamais tant. Son regard était vide, le mien était sec. J’avais envie de pleurer, de tout lui dire, là et maintenant. Mais je ne pleurais qu’en de rares occasions, j’étais trop fort. Je voulais toujours être le plus fort, le rocher auquel on s’accroche. J’allais finir par me noyer. « J’ai rien demandé moi. Je veux juste être moi. Exister pour quelqu’un. Être importante. Qu’on m’aime pour ce que je suis. C’est trop demander? » J’aurais voulu m’arracher le cœur, lui tendre. Elle ne pouvait pas dire ça, pas après tout ce qui s’était passé. Mes mains agrippent les draps, elles les serrent, tellement fort. Parce que j’ai mal de t’entendre dire ça. J’ai mal parce que tu ne penses pas être importante pour moi, tu penses que je ne t’aime pas pour ce que tu es. Je ne lâche pas les draps, mon regard toujours plongé dans celui de Joséphine. J’ai envie de crier, de lui crier mon amour. Rien ne sort, pas un son. Alors j’agrippe ses lèvres, avec ferveur. Mes lèvres collées aux siennes dans un ultime effort de lui faire comprendre. De lui faire sentir l’amour que j’ai pour elle. Mes lèvres tremblent, mes lèvres souffrent. Alors qu’elles se séparent de Joséphine. Les larmes montent, elles font mal, tellement je n’ai plus l’habitude de pleurer. « Je t’aime, moi. » Les mots se déversent, comme mes larmes. « Tu es importante pour moi. » Alors je m’abandonne dans ses mots, qui deviennent de plus en plus fort, ma voix de plus en plus ferme. « Regardes dans mes yeux, regardes moi. Je suis là, je ne suis pas parti, je ne vais nulle part. Tu ne peux pas dire ça, tu ne peux pas me dire ça. Pas après tout ça. Parce que ça fais mal. Ça fait mal d’être amoureux de toi. Parce que ce silence me tue. »
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Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Dim 19 Déc 2010 - 16:26
Je me calmais, lentement mais sûrement. Le calme avant que la tempête ne se déchaîne, plus puissante que jamais. Je voyais son visage, son regard. Une bouée de sauvetage inespérée pour que je ne coule pas, pour que je reste arrimée à cette réalité qui est la notre. Liam n’existait pas dans ce monde où j’avais été enfermée, en tête à tête avec mes démons intérieurs, et c’était probablement ce qui m’avait le plus effrayée. J’avais tout simplement craint ne plus le retrouver, à m’égarer ainsi. Maintenant qu’il était là, au dessus de moi, je n’avais plus peur, même si la douleur, elle, était restée. Il était là, avec moi, et il ne pouvait plus rien m’arriver. Je ne savais pas comment j’aurais fait s’il était parti, s’il m’avait laissée comme je voulais lui demander de faire. Je ne m’en serais probablement pas remise. A présent, j’avais compris. Et on avait beau nier l’évidence, elle finissait toujours par s’imposer un jour ou l’autre. J’avais besoin de lui, de son regard qui me valorisait tant, de son sourire bienveillant, qui ravivait cette petite étincelle au fond de mon cœur que je croyais avoir perdue à tout jamais. Je me souviens avoir été réticente à le laisser entrer dans ma vie, effrayée par l’idée que je puisse m’attacher à lui plus qu’il n’était raisonnable, et à présent que le mal était fait, je ne voulais plus revenir en arrière. Et pourtant, je voulais savoir, ce que j’étais pour lui, si je pouvais avoir l’audace de croire que les sentiments que j’éprouvais pour lui étaient réciproques. Ce serait la seule façon de m’exorciser de ma douleur, de mes doutes. Je serais au moins animée de cette certitude inébranlable quand bien même le reste de notre histoire ne serait qu’une série de points d’interrogations. « Je… » Il hésite. Je le vois dans son regard et ça fait mal. Je n’avais même pas idée du combat intérieur qui se déroulait en ce moment même. Sarah. Nell. Deux filles qui avaient eu leur importance dans sa vie et auxquelles je n’arriverais jamais à la cheville. « Tu es… » Mes yeux suppliants se lèvent, et contemplent son beau visage. Yeux emplis de larmes que je ne parvenais pas à verser. Je ne pouvais plus contempler ses prunelles céruléennes, le regard qu’il me lançait alors était bien trop douloureux, il me brûlait de l’intérieur, prolongeant ma lente agonie. « Tu es Joséphine, pas Sarah, ni Nell, simplement toi, à part entière. » Mon cœur se tord, un peu plus de sang en coule. Je n’y croyais pas, je ne voulais pas y croire. J’avais peur de me faire encore plus mal en me murant dans autant d’illusions. Et pourtant, mon cœur, ce traître, manqua de défaillir à ces mots, tant j’avais rêvé qu’il me les dise, tant j’avais voulu exister à ses yeux. Que ce moment soit enfin arrivé me paraissait tout simplement irréel.
Je sens ses doigts collés à mon front fiévreux, sa peau froide contrastant avec ma peau brûlante. Son regard cherche le mien, tandis que moi, je le fuis. Pourquoi fallait-il que ce soit si compliqué entre nous alors que tout pourrait être si simple? Je l’aime, il m’aime, enfin je crois, que demande le peuple? Nous sommes maudits, mon amour, tout comme l’étaient mon père et ma mère. L’âme de Frédéric brûle au fond de moi, flamme immortelle et dévorante, tandis que tu ressembles tellement à Lolita. Cette même bonté de cœur, cette façon que tu as de te mettre en quatre pour aider ceux que tu aimes. Tu sais comment l’histoire a fini pour eux, il en sera forcément de même pour nous. Si ce n’est pas l’amour que l’on se porte qui nous tue avant, ce sera l’un ou l’autre. Le destin est cruel, il s’amuse à nos dépends. J’en ai peur, mais je veux en passer outre, continuer à croire que nous ne sommes pas liés par la force du précédent, que nous pouvons encore nous en affranchir. Ce mal inconnu continue de me ronger de l’intérieur, de m’empoisonner à petit feu. J’ai mal, mais tu ne peux rien faire contre cette douleur, même tes mots d’amour n’y suffiront pas. Ce mal est physique, bien trop puissant. Il se calme pour mieux renaître. Sens-tu la chaleur qui se dégage de mon corps, vois-tu mes yeux vitreux, la moiteur de ma peau. J’ai besoin de toi mon amour, de tes bras, de tes paroles rassurantes. Mais y ai-je vraiment le droit? Tu me dis que oui, tu viens de poser tes lèvres sur les miennes. Encore une fois, comme l’autre jour. Je me serre contre toi, endolorie, fiévreuse. Il n’y a que toi qui sois capable de me garder dans la réalité, de m’empêcher de délirer comme j’ai pu le faire quelques instants auparavant. Il n’y a que toi qui puisse soulager mon âme, ramener ma paix intérieure si chèrement gagnée. Tes lèvres sont brûlantes mais tu as froid. La faute aux vêtements mouillés qui te collent au corps. Je t’attire contre moi, espérant te donner un peu de ma chaleur de la sorte. « Je t’aime, moi. » Deux mots, et qui pourtant suffisent à provoquer en moi un tourbillon d’émotions disparates. Mon souffle vient à manquer. Mon regard se rive enfin sur son visage. Ses yeux d’où coulent quelques larmes scélérates. Ma main se lève, tout en douceur. Mes doigts glacés effleurent sa joue brûlante, en essuie quelques unes. Je m’en veux de lui avoir fait tant de mal. Cela se voit à mes yeux désolés.
« Tu es importante pour moi. » Mon regard tremble. Un frisson parcourt ma peau. Mes bras s’accrochent à son cou. Je n’y crois pas et pourtant j’ai envie d’y croire, j’ai envie de m’illusionner encore un peu. Je n’ai pas envie d’avoir mal tout de suite, je veux juste me sentir bien. Qu’on ne fasse qu’un. « Regardes dans mes yeux, regardes moi. Je suis là, je ne suis pas parti, je ne vais nulle part. Tu ne peux pas dire ça, tu ne peux pas me dire ça. Pas après tout ça. Parce que ça fais mal. Ça fait mal d’être amoureux de toi. Parce que ce silence me tue. » Oui je le vois. Je sais que tu es là, je sens ta présence et maintenant plus que jamais. Mais je ne comprends pas, pourquoi je ne peux pas lui dire tout ça. Mes plaintes n’ont beau être qu’un tissu de bêtises, ce tissu de bêtises faisait mal, étouffait mon être. Lui aussi a mal, mais c’est parce qu’il m’aime. Je le regarde, stoïque, sans aucune réaction. Toujours impassible, je défais le chandail trempé dans lequel il était emmitouflé pour nous envelopper tous les deux dans la couverture, non sans le serrer de mes bras frêles. Je niche ma tête dans son épaule nue, tandis que je caresse sa nuque du bout des doigts. Mes lèvres se posent contre son cou. Je veux le rassurer à mon tour, sécher ces larmes de désespoir. Je ne disais rien parce que j’en étais incapable. Si d’aventure je parlais, alors mes larmes s’échapperaient à leur tour. Je prends finalement son visage entre mes mains froides et lui caresse les joues avec douceur. J’appuie mon front contre le sien. « Je suis désolée. » Je m’excuse, tout simplement. Pardon de t’avoir blessé. Pardon de ne pas te répondre. Mes lèvres tremblent légèrement, mais il ne le voit pas. Mon corps réprime un frisson. « Je suis désolée de te faire subir tout ça. Tu n’étais pas obligé de faire tout ça, même si tu m’aimes. Même si je t’aime. » Je veux bien admettre que l’amour qu’on porte à une personne peut avoir des limites. Après tout, chacun avait sa propre moralité. « Je suis désolée d’avoir pété un plomb pour une fichue lettre. » Cette lettre. Il fallait que l’on en parle. Mais pas maintenant. Alors, égoïstement, je pose mes lèvres sur les siennes, doucement. Un baiser à la fois tendre et chaste, tandis que mes mains s’aventurent sur son torse. Et pourtant Joséphine, tu sais très bien qu’un jour où l’autre tout s’arrêtera. Tu le sais, mais seulement tu ne veux pas l’admettre. Tu te meurtriras encore une fois ma fille, et cette fois il sera trop tard.
Je sens ses doigts collés à mon front fiévreux, sa peau froide contrastant avec ma peau brûlante. Son regard cherche le mien, tandis que moi, je le fuis. Pourquoi fallait-il que ce soit si compliqué entre nous alors que tout pourrait être si simple? Je l’aime, il m’aime, enfin je crois, que demande le peuple? Nous sommes maudits, mon amour, tout comme l’étaient mon père et ma mère. L’âme de Frédéric brûle au fond de moi, flamme immortelle et dévorante, tandis que tu ressembles tellement à Lolita. Cette même bonté de cœur, cette façon que tu as de te mettre en quatre pour aider ceux que tu aimes. Tu sais comment l’histoire a fini pour eux, il en sera forcément de même pour nous. Si ce n’est pas l’amour que l’on se porte qui nous tue avant, ce sera l’un ou l’autre. Le destin est cruel, il s’amuse à nos dépends. J’en ai peur, mais je veux en passer outre, continuer à croire que nous ne sommes pas liés par la force du précédent, que nous pouvons encore nous en affranchir. Ce mal inconnu continue de me ronger de l’intérieur, de m’empoisonner à petit feu. J’ai mal, mais tu ne peux rien faire contre cette douleur, même tes mots d’amour n’y suffiront pas. Ce mal est physique, bien trop puissant. Il se calme pour mieux renaître. Sens-tu la chaleur qui se dégage de mon corps, vois-tu mes yeux vitreux, la moiteur de ma peau. J’ai besoin de toi mon amour, de tes bras, de tes paroles rassurantes. Mais y ai-je vraiment le droit? Tu me dis que oui, tu viens de poser tes lèvres sur les miennes. Encore une fois, comme l’autre jour. Je me serre contre toi, endolorie, fiévreuse. Il n’y a que toi qui sois capable de me garder dans la réalité, de m’empêcher de délirer comme j’ai pu le faire quelques instants auparavant. Il n’y a que toi qui puisse soulager mon âme, ramener ma paix intérieure si chèrement gagnée. Tes lèvres sont brûlantes mais tu as froid. La faute aux vêtements mouillés qui te collent au corps. Je t’attire contre moi, espérant te donner un peu de ma chaleur de la sorte. « Je t’aime, moi. » Deux mots, et qui pourtant suffisent à provoquer en moi un tourbillon d’émotions disparates. Mon souffle vient à manquer. Mon regard se rive enfin sur son visage. Ses yeux d’où coulent quelques larmes scélérates. Ma main se lève, tout en douceur. Mes doigts glacés effleurent sa joue brûlante, en essuie quelques unes. Je m’en veux de lui avoir fait tant de mal. Cela se voit à mes yeux désolés.
« Tu es importante pour moi. » Mon regard tremble. Un frisson parcourt ma peau. Mes bras s’accrochent à son cou. Je n’y crois pas et pourtant j’ai envie d’y croire, j’ai envie de m’illusionner encore un peu. Je n’ai pas envie d’avoir mal tout de suite, je veux juste me sentir bien. Qu’on ne fasse qu’un. « Regardes dans mes yeux, regardes moi. Je suis là, je ne suis pas parti, je ne vais nulle part. Tu ne peux pas dire ça, tu ne peux pas me dire ça. Pas après tout ça. Parce que ça fais mal. Ça fait mal d’être amoureux de toi. Parce que ce silence me tue. » Oui je le vois. Je sais que tu es là, je sens ta présence et maintenant plus que jamais. Mais je ne comprends pas, pourquoi je ne peux pas lui dire tout ça. Mes plaintes n’ont beau être qu’un tissu de bêtises, ce tissu de bêtises faisait mal, étouffait mon être. Lui aussi a mal, mais c’est parce qu’il m’aime. Je le regarde, stoïque, sans aucune réaction. Toujours impassible, je défais le chandail trempé dans lequel il était emmitouflé pour nous envelopper tous les deux dans la couverture, non sans le serrer de mes bras frêles. Je niche ma tête dans son épaule nue, tandis que je caresse sa nuque du bout des doigts. Mes lèvres se posent contre son cou. Je veux le rassurer à mon tour, sécher ces larmes de désespoir. Je ne disais rien parce que j’en étais incapable. Si d’aventure je parlais, alors mes larmes s’échapperaient à leur tour. Je prends finalement son visage entre mes mains froides et lui caresse les joues avec douceur. J’appuie mon front contre le sien. « Je suis désolée. » Je m’excuse, tout simplement. Pardon de t’avoir blessé. Pardon de ne pas te répondre. Mes lèvres tremblent légèrement, mais il ne le voit pas. Mon corps réprime un frisson. « Je suis désolée de te faire subir tout ça. Tu n’étais pas obligé de faire tout ça, même si tu m’aimes. Même si je t’aime. » Je veux bien admettre que l’amour qu’on porte à une personne peut avoir des limites. Après tout, chacun avait sa propre moralité. « Je suis désolée d’avoir pété un plomb pour une fichue lettre. » Cette lettre. Il fallait que l’on en parle. Mais pas maintenant. Alors, égoïstement, je pose mes lèvres sur les siennes, doucement. Un baiser à la fois tendre et chaste, tandis que mes mains s’aventurent sur son torse. Et pourtant Joséphine, tu sais très bien qu’un jour où l’autre tout s’arrêtera. Tu le sais, mais seulement tu ne veux pas l’admettre. Tu te meurtriras encore une fois ma fille, et cette fois il sera trop tard.
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Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Dim 19 Déc 2010 - 19:01
- Il était impossible de faire marche arrière, à présent. Même si j’avais peur, même si le silence qui s’était installé après les larmes, il était trop tard pour reculer. Nous avions franchis un point de non retour. Ce silence qui me détruisait lentement, qui s’incrustait dans mon âme. Le doute. Le putain de doute. Tu ne peux pas resté silencieuse, Joséphine. Pas après que mes mots aient écorchés mes lèvres, qu’ils m’aient fait si mal. Parles moi. Dis quelque chose, je t’en supplie. Je n’en peux plus de ce silence qui me ronge. De ce silence qui nous habitent. « Je suis désolée. » Je n’ai jamais eu autant envie de mourir. À cet instant. Ses mots. Ceux qui font mal. Je voulais qu’elle parle, qu’elle brise le silence, mais je ne voulais pas entendre ses mots. Je ne voulais pas. Je voulais y croire. Je voulais croire qu’on pourrait être heureux, qu’on pourrait être ensemble. Pour traverser cette foutue tempête. Tu ne peux pas être désolée. Tu ne peux pas. C’était mon choix, de rester à tes côtés, c’était ma décision. Si je l’ai fais, si je suis resté là, à chercher à comprendre le mal qui t’habitait, c’était par amour. Par amour. Je n’étais pas vraiment conscient des larmes qui coulaient sur mon visage, tant elles n’apparaissent que rarement. Alors que nos lèvres celées l’une contre l’autre, dans un ultime besoin de réconfort, ce besoin de croire que nous sommes fait l’un pour l’autre. Le froid s’impose sur mon torse désormais nu, je ne sens que le corps bouillant de Joséphine contre le mien. Je ne veux pas que nos lèvres se séparent. J’ai besoin d’y croire. Besoin de croire que je n’ai pas mal pour rien. « Je suis désolée de te faire subir tout ça. Tu n’étais pas obligé de faire tout ça, même si tu m’aimes. Même si je t’aime. » Alors qu’on se rabat sous la couverture dans l’espoir que plus rien nous touches, qu’on serait à l’abri de la tempête, ici. Oui, Joséphine, j’étais obligé de faire tout ça, j’avais besoin de le faire. Mon cœur ne se serait pas relevé si j’étais parti. Si je t’avais abandonné comme je l’ai fais auparavant. Je ne peux pas partir. Même si tu me supplies, même si tu me frappes, que tu me cris de m’en aller, j’en aurais été incapable. « Je suis désolée d’avoir pété un plomb pour une fichue lettre. » Ne le sois pas. S’il te plait. Ne te sens pas coupable de me faire subir tout ça. J’ai choisis. Je t’ai choisis, je te donne mon cœur, mon corps et mon âme, ne t’en sens pas coupable. Alors que ses mains douces se perdent sur mon épiderme, les miennes s’aventurent sur son visage, frôle ses lèvres, ses joues fatigués par les larmes, son front bouillant. Je veux l’a touché. Je veux la sentir, sentir que c’est réel. Sentir que ses mots qu’elle vient de prononcer sont vrais. Après tout, j’avais l’audace de croire qu’on serait heureux. « Ne le sois pas. » Nos voix ne sont que murmures, nos paroles que pour l’autre. Alors, on s’abandonne à un nouveau baiser, à de nouvelles caresses, comme si nos corps ne s’étaient jamais touchés. « Quand on aime quelqu’un, on est là pour elle… » Nos corps épuisés ne font qu’un, séparés par ce qu’il reste de nos vêtements. Envelopper dans cette couverture, on ose croire au bonheur. Mais ce bonheur nous fais mal, tant il nous est inconnu. Ce cocon, il nous sera fatal. Nous sommes condamnés, nous le savons, mais le destin n’arrête pas nos étreintes. « On en parlera, quand tu sera prête. » On parlera de ton passé, on parlera du mien si tu veux. Nous ne sommes pas pressés, prenons notre temps. Prenons le temps de sentir la braise sous nos pieds, de sentir cette douleur dans notre cœur, tant l’autre y prend de la place. Tant cet amour nos consume. Alors que mes mains s’abandonnent naïvement sur son corps, sur son ventre, sur ses cuisses, mon regard se plonge dans ses yeux métalliques. Mes lèvres cherchent les siennes, je ne veux pas partir, je ne veux plus quitter ce nid, aussi malsain soit-il. Je te veux toi, toute entière. Je ne veux que toi. J’esquisse un mince sourire, j’ose croire qu’il apaiserait tes doutes. J’ose croire en nous. J’ose lancer les dés et m’abandonner dans ton regard anthracite. « Je veux être avec toi. » Malgré ta peur, malgré la mienne. Malgré tout. Je veux être avec toi. Finis-je par murmurer, à son oreille. Je veux bien des choses, mais la vie est parfois cruelle. Ses mots, qui maintenant sortent naturellement de ma bouche. Mes larmes se sont apaisées, laissant place à cette lumière dans mon regard. L’espoir.
« Je veux me réveiller à tes côtés, je veux pouvoir gouter tes lèvres quand je veux et où je veux… Je veux partager ta vie, Joséphine. Malgré tous ce que tu as vécus, malgré tous tes fantômes… Je veux être avec toi. J’ai besoin de toi. » J’accroche mes doigts dans son épiderme, sur sa taille fine. Je veux qu’elle sente l’urgence, mon besoin. Arrêtons ne penser à la fatalité des choses, ne pensons pas à la fin de notre histoire, il est trop tôt. Il est trop tôt pour s’encombrer de ses peurs. Nous avons déjà peur de ce qui se passe en nous, à cet instant. Cette peur suffit. Elle nous ronge déjà assez comme ça. J’agrippe son corps, avec toute la détresse du monde, avec toute la passion qui me consume. Je sens mon cœur battre dans ton mon corps, tellement l’envie est cinglante. Mon corps toujours sur le sien, mon cœur contre le sien. Sens le, Joséphine, à quel point il bat fort, à quel point il bat pour toi. À quel point l’envie le brûle de te faire l’amour. Et je sais qu’on doit prendre notre temps. Je suis le premier à le clamer haut et fort, mais mon corps en est incapable, pas lorsqu’il est fusionner dans le tiens. Pas quand nos épidermes connectent. Malgré la fatigue, la terreur qui nous habite, je veux ton corps. Arrêtes moi, maintenant. Stoppe mes mains sur ton corps, avant qu’il ne soit trop tard, avant que la torture soit trop délicieuse pour l’arrêter.
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Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Dim 19 Déc 2010 - 20:10
Je ne pouvais pas parler, je restais muette quand bien même j’avais tant de choses à lui dire, à murmurer à son oreille. Mais aucun son ne s’éclipsait de mes lèvres pincées, aucun indice ne se reflétait sur mon visage inexpressif et stoïque. J’étais incapable de m’exprimer, de dire ce que je ressens. J’aurais voulu répondre à tes mots, Liam, crois moi. Ce n’est pas contre toi, ce n’est pas parce que je ne t’aime pas, bien au contraire. C’est contre moi que je suis en colère, contre moi et moi seule. Je n’en peux plus de mon incapacité chronique à gérer mes émotions. Je savais bien pleurer sur mon sort, mais quand il s’agissait d’avouer ses sentiments à l’homme que l’on aime ce n’était plus la même chanson. Je m’en voulais de mon silence, je m’en voulais de le meurtrir. Mais était-ce là une condition nécessaire à notre bonheur futur? Devait-on souffrir maintenant pour avoir le droit d’être heureux plus tard? Mes pupilles argentées fixaient son visage opalin, incertaines. Je n’aimais pas ce regard que tu me lances, la détresse qui agitait tes prunelles céruléennes. Arrêtes de souffrir Liam, je t’en supplie, je ressens ta souffrance là où tu es. Je sens ton cœur écartelé, en mille morceaux, je le sens saigner et ça me fait mal. Tu n’es pas un martyr Liam, je t’aime mais je ne suis incapable de te le dire. Entends moi, par Merlin, entends moi, ne me laisse pas crier dans le vide. Regarde moi mon amour, tandis que je prends ton visage entre mes mains livide. Une morte en ce moment même serait davantage fringante que la pauvre carcasse que j’étais. Mes démons intérieurs me maintenaient certes en vie, mais je ne les entends plus quand tu es là. Tu sais, j’ai l’impression que tu les a absorbés ces démons, et ça me fait peur. J’aurais tant voulu te les reprendre si cela pouvait t’empêcher de souffrir. Prendre ta douleur du même geste. Alors c’est ça l’amour? Aimer, c’est souffrir en adéquation avec l’autre, apaiser ses tourments, fusse-t-ils si violents? Alors si c’est ça l’amour, je serais prête à souffrir mille morts si cela pouvait t’empêcher d’agoniser de la sorte. Je veux te voir sourire, je veux voir cette foutue étincelle dans ton regard. Je ne veux pas que tu tombes avec moi. Je veux panser ton âme écorchée vive, éteindre ce brasier qui te consumait, le remplacer par la flamme du désir que tu éprouves pour moi. Juste le désir, pas la douleur. Tu n’as pas le droit de souffrir Liam, pas quand je suis là.
Tes doigts sur mon visage me brûlent. Ardente tentation. « Ne le sois pas. » Une larme s’échappe de l’océan d’acier, que je ne cherche même pas à retenir. Je me serre davantage contre toi, ton corps froid. Je m’affole de ne pas te sentir te réchauffer, je m’affole de t’avoir donné mon mal sans prendre le tien en retour. Mais sans crainte aucune, tu dévores ma bouche d’un nouveau baiser, auquel je réponds avec ferveur. Je sens mon cœur battre dans ma poitrine, comme s’il allait s’en extraire de lui-même. Je perds le contrôle de mes émotions, de mon corps, tant il épousait le tien. Mais je ne peux pas, je ne m’en sens pas capable, pas maintenant. C’était trop rapide, trop soudain, trop intense pour que je puisse y survivre. Mais si je ne faisais rien, je risquais de brûler de l’intérieur, au point d’en finir carbonisée. Mon amour, pourquoi faut-il que nous soyons aussi extrêmes? « Quand on aime quelqu’un, on est là pour elle… » Mes paupières se ferment tandis que je savourais ces mots. Mots que j’avais entendus si rarement, étant de celles qu’on abandonne tout le temps. Ces mots qui sonnent si bien à mes oreilles. J’en voulais encore et pourtant je me serre davantage contre toi, avide de ton toucher, de tes caresses. « On en parlera, quand tu sera prête. » J’hoche faiblement la tête, dépourvue de toute volonté. Je n’ai plus la force. Je ne veux pas qu’ils reviennent. Je veux rester avec toi, je veux me sentir humaine et non comme le monstre de démence que j’étais tout à l’heure. Je veux laisser Frédéric croupir là où il est, il saura attendre quelques heures de plus. Je cherche à présent à grappiller quelques précieuses minutes, désireuse d’explorer ton corps du bout des doigts, de te découvrir dans toute sa splendeur. J’ignore ma raison qui proteste, je te veux toi et rien d’autre. Mes souvenirs retournent dans la noirceur de ma mémoire, dans les ténèbres de mon passé. La lumière tente de se frayer un chemin dans mon esprit obscur mais elle n’émane que d’une vieille ampoule usée, sur le point de claquer. Je n’ai plus qu’un faible filament incandescent, minimum syndical pour ne pas m’égarer une fois encore. « Je veux être avec toi. » Il ne suffit pas de vouloir, tu sais? Mais pour une fois, j’étais prête à croire à l’absurdité d’une expression bien de chez nous, quand on veut on peut.
« Je veux me réveiller à tes côtés, je veux pouvoir gouter tes lèvres quand je veux et où je veux… Je veux partager ta vie, Joséphine. Malgré tous ce que tu as vécus, malgré tous tes fantômes… Je veux être avec toi. J’ai besoin de toi. » Je veux tout ça également. Tu le sais n’est-ce pas? Je veux toutes ces choses là, me donner à toi. Mais quelque chose me freine encore. Je sais que je suis capable de te faire du mal, Liam. Physiquement, cela s’entend. Regarde comme j’ai pu être dangereuse, comme possédée. Je ne veux pas t’abîmer, plus que tu ne l’es déjà. Et pourtant, je suis égoïste, cela m’est égal de te préserver comme ma raison le commandait. Si tu es lâche, je suis égoïste, tu vois, chacun à ses travers. Et comme pour m’enfoncer dans mon égoïsme, ma volonté coupable de te garder rien que pour moi, je m’empare à nouveau de tes lèvres. Je veux les goûter une fois encore avant qu’elles ne me soient interdites à nouveau. Ton poison se distille en moi, dévastateur, mortel. Mes doigts se régalent de ton épiderme, tes mains ravissent mon corps en ébullition. J’ai moi aussi cette envie, de ne faire qu’un avec toi. Je ne suis pas raisonnable, je n’ai pas envie de l’être. Où est le mal, quand on s’aime? Alors aime moi Liam, aime moi encore un peu. Aime moi avant que l’on ne puisse pas. Mes lèvres explorent son cou, tandis que mon corps tremble. J’ai peur Liam, mais c’est une toute autre frayeur qui s’était glissée en moi, insidieuse. Celle de l’inexpérience, des habitudes perdues. Le dernier avait été Etienne, il avait d’ailleurs été le seul. Je réfléchis, peut-être un peu trop. Le doute revient. Mes mains hésitent sur ton corps que j’ai pourtant l’impression de connaître. Mes caresses se font craintives. « Liam, je… » Je m’interromps, ne sachant pas quoi dire d’autre. J’en suis tout autant incapable. Je soupire. Je t’embrasse à nouveau. « Non, rien, oublie. » je veux m’affranchir de cette peur viscérale, de ces doutes qui me rongent. Quitte à ne pas épargner mon cœur qui a souffert tant de fois. Cela faisait partie du jeu, de découvrir l’autre, sous tous ses aspects. Et je voulais jouer, maintenant. J’en étais sûre.
Tes doigts sur mon visage me brûlent. Ardente tentation. « Ne le sois pas. » Une larme s’échappe de l’océan d’acier, que je ne cherche même pas à retenir. Je me serre davantage contre toi, ton corps froid. Je m’affole de ne pas te sentir te réchauffer, je m’affole de t’avoir donné mon mal sans prendre le tien en retour. Mais sans crainte aucune, tu dévores ma bouche d’un nouveau baiser, auquel je réponds avec ferveur. Je sens mon cœur battre dans ma poitrine, comme s’il allait s’en extraire de lui-même. Je perds le contrôle de mes émotions, de mon corps, tant il épousait le tien. Mais je ne peux pas, je ne m’en sens pas capable, pas maintenant. C’était trop rapide, trop soudain, trop intense pour que je puisse y survivre. Mais si je ne faisais rien, je risquais de brûler de l’intérieur, au point d’en finir carbonisée. Mon amour, pourquoi faut-il que nous soyons aussi extrêmes? « Quand on aime quelqu’un, on est là pour elle… » Mes paupières se ferment tandis que je savourais ces mots. Mots que j’avais entendus si rarement, étant de celles qu’on abandonne tout le temps. Ces mots qui sonnent si bien à mes oreilles. J’en voulais encore et pourtant je me serre davantage contre toi, avide de ton toucher, de tes caresses. « On en parlera, quand tu sera prête. » J’hoche faiblement la tête, dépourvue de toute volonté. Je n’ai plus la force. Je ne veux pas qu’ils reviennent. Je veux rester avec toi, je veux me sentir humaine et non comme le monstre de démence que j’étais tout à l’heure. Je veux laisser Frédéric croupir là où il est, il saura attendre quelques heures de plus. Je cherche à présent à grappiller quelques précieuses minutes, désireuse d’explorer ton corps du bout des doigts, de te découvrir dans toute sa splendeur. J’ignore ma raison qui proteste, je te veux toi et rien d’autre. Mes souvenirs retournent dans la noirceur de ma mémoire, dans les ténèbres de mon passé. La lumière tente de se frayer un chemin dans mon esprit obscur mais elle n’émane que d’une vieille ampoule usée, sur le point de claquer. Je n’ai plus qu’un faible filament incandescent, minimum syndical pour ne pas m’égarer une fois encore. « Je veux être avec toi. » Il ne suffit pas de vouloir, tu sais? Mais pour une fois, j’étais prête à croire à l’absurdité d’une expression bien de chez nous, quand on veut on peut.
« Je veux me réveiller à tes côtés, je veux pouvoir gouter tes lèvres quand je veux et où je veux… Je veux partager ta vie, Joséphine. Malgré tous ce que tu as vécus, malgré tous tes fantômes… Je veux être avec toi. J’ai besoin de toi. » Je veux tout ça également. Tu le sais n’est-ce pas? Je veux toutes ces choses là, me donner à toi. Mais quelque chose me freine encore. Je sais que je suis capable de te faire du mal, Liam. Physiquement, cela s’entend. Regarde comme j’ai pu être dangereuse, comme possédée. Je ne veux pas t’abîmer, plus que tu ne l’es déjà. Et pourtant, je suis égoïste, cela m’est égal de te préserver comme ma raison le commandait. Si tu es lâche, je suis égoïste, tu vois, chacun à ses travers. Et comme pour m’enfoncer dans mon égoïsme, ma volonté coupable de te garder rien que pour moi, je m’empare à nouveau de tes lèvres. Je veux les goûter une fois encore avant qu’elles ne me soient interdites à nouveau. Ton poison se distille en moi, dévastateur, mortel. Mes doigts se régalent de ton épiderme, tes mains ravissent mon corps en ébullition. J’ai moi aussi cette envie, de ne faire qu’un avec toi. Je ne suis pas raisonnable, je n’ai pas envie de l’être. Où est le mal, quand on s’aime? Alors aime moi Liam, aime moi encore un peu. Aime moi avant que l’on ne puisse pas. Mes lèvres explorent son cou, tandis que mon corps tremble. J’ai peur Liam, mais c’est une toute autre frayeur qui s’était glissée en moi, insidieuse. Celle de l’inexpérience, des habitudes perdues. Le dernier avait été Etienne, il avait d’ailleurs été le seul. Je réfléchis, peut-être un peu trop. Le doute revient. Mes mains hésitent sur ton corps que j’ai pourtant l’impression de connaître. Mes caresses se font craintives. « Liam, je… » Je m’interromps, ne sachant pas quoi dire d’autre. J’en suis tout autant incapable. Je soupire. Je t’embrasse à nouveau. « Non, rien, oublie. » je veux m’affranchir de cette peur viscérale, de ces doutes qui me rongent. Quitte à ne pas épargner mon cœur qui a souffert tant de fois. Cela faisait partie du jeu, de découvrir l’autre, sous tous ses aspects. Et je voulais jouer, maintenant. J’en étais sûre.
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Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Dim 19 Déc 2010 - 21:57
- Cet instant me fait peur, nous avions franchis une limite, nous étions sur le point d’en franchir une autre. J’avais peur, j’étais terrorisé même. Pourtant, mon corps n’écoutait plus ma tête. Mes mains s’accrochait à toi, avec toujours un peu plus de passion, d’urgence. Alors pourquoi est-ce que je doutais. Pourquoi est-ce que mon cerveau voulait freiner cette envie de consumer cette passion qui nous dévore? Au fond de moi, je connaissais bien la raison. Je savais que si je laissais mes doigts glissés sur sa peau, alors que mes lèvres avaient effleuré celle d’une autre. Tant bien que j’essayais d’efface ce souvenir, de l’enfouir le plus loin possible dans ma mémoire, il était là, comme un mauvais rêve, à planer au dessus de ma tête. Tandis que mes mains parcouraient le corps de Joséphine, ce corps que je désirais tant et ce, malgré la tempête qui venait de nous écorcher. Je n’arrêtais pas, je ne voulais pas m’arrêter. Mais il le fallait bien. Il fallait bien s’arrêter avant de se brûler les ailes, mon amour. Crois moi, je le veux, je veux ne faire qu’un avec toi. Chaque pore de ma peau hurle mon désir. Chaque cellule de mon corps veut s’accrocher aux tiennes. Mais mes mains voyagent encore sur ton corps. Elles ne veulent pas s’arrêter. Parce que la douceur de ton épiderme est si délicieuse. Parce que j’en ai envie, cette envie me brûle de l’intérieur et je dois l’apaiser. Et toi, tu poses tes lèvres dans mon cou, tu m’attires, avec tes lèvres, dans ce jeu qui nous perdra. Je frissonne, non parce que j’ai froid, mais parce que mon corps tout entier te désire. Il n’y a que nos minces vêtements qui nous séparent, nos corps collés l’un contre l’autre. Cette chaleur qui s’intensifie. Cette chaleur qui me fait perdre la tête. Nos lèvres se séparent uniquement que pour remplir nos poumons, pour ensuite renouveler cette fusion, cette passion dévorante. Arrêtes moi. S’il te plait. Mon corps n’en peut plus. Il brûle, tu le sens, n’est-ce pas? Mais tu n’arrêtes pas. « Liam, je… » Alors, l’espace de quelques secondes, nous stoppons notre étreinte avant que tu recolles nos lèvres. « Non, rien, oublie. » Tu doutes aussi, mon amour. Tu doutes de cet acte qui nous unirait ultimement. Tu le redoute comme moi. Parce que ça deviendrait trop réel. Je sais que je devrais arrêter, que je devrais défaire cette étreinte devenue trop charnel. Je n’y arrive pas. J’ai trop envie de plonger avec toi. Je tremble de nouveau, alors que mes lèvres s’aventurent dans son cou, sur ton épaule découverte. Je voudrais t’arracher ce qui te restait de vêtements, aussi fins et délicats soit-il. J’en voulais toujours plus. Toujours. Pourtant, à chaque caresse, mes mains se font de plus en plus tremblantes. « J’ai envie de toi… » J’arrive à articuler péniblement, à son oreille, mon souffle s’entremêle au tiens, je me sens déraper. Je perds le contrôle, mais c’est si bon, tes lèvres son délicieuses, ton corps m’appelle. J’ai envie de me perdre dans l’acier de ton regard, complètement. Nos mouvements sont maladroits, nous mouvements trahissent le manque d’expérience. Ce manque qui me terrorise, car je ne connais pas le nombre d’hommes qui ont touchés ton corps, j’ai peur de ses amants qui ont découvert ton corps, avant moi. Je ne veux pas y penser, je ne veux pas savoir. Je préfère l’ignorer, je préfère croire qu’il n’y a que moi, qu’il n’y aura que moi qui toucherai ton corps ainsi. Alors, je m’arrête un instant, j’ancre mon regard dans ta prunelle, je vois le doute que nous partagions. Alors je calme le feu, je tente du moins. Mon souffle s’était activé, mes poumons avaient peine à tenir le rythme de la passion, tellement je l’a croyais disparue. « On est pas obligé, tu sais… »
Je tente de la rassurer, je tente de me rassurer aussi. Je passe une main dans ses cheveux. Il ne faut pas se brûler trop vite, je me répète ça sans cesse. Pourtant, avec Sarah ont voulait prendre notre temps et tu vois ce qui est arrivé. Tu l’as trompé avant même d’avoir gouté à sa peau. Tu veux prendre ton temps, tu veux savourer chaque instant, mais si demain tout ça était terminé. Si demain, vos lèvres étaient séparées à jamais. Mon regard est timide, incertain, mais heureux, désireux de ce corps que je tenais entre mes mains. J’appose mes lèvres contre son front, un baiser innocent, qui contraste avec toute l’envie qui me porte. Qui m’emporte. J’avais besoin d’elle, de son âme plus que de son corps. Je pouvais attendre, même si je n’en avais pas envie. « On est pas obligé… » Je réitère, comme pour me convaincre que c’est la bonne chose à faire. Pourtant, je sens encore en moi ce désir immuable. Ce sentiment qui me ronge. Je veux l’expulser, je veux bien des choses contradictoires en ce moment. Ce qui semblait si simple aux yeux de certains, ne l’était pas pour nous.
- InvitéInvité
Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Lun 20 Déc 2010 - 0:46
La réunion de deux âmes en une seule n’était pas une fatalité. Elle en devenait même inévitable dans toute relation saine qui se respecte. Nul ne pouvait se satisfaire totalement d’une relation purement platonique. L’amour était un sentiment puissant, dévastateur, qui s’accompagnait systématiquement du désir physique, désir qui ne demandait qu’à être assouvi. il arriverait bien un moment où nous devrions franchir le pas. Je savais ce moment inéluctable, la tension entre nous était à son paroxysme. Le feu qui roulait dans mes veines n’était pas désagréable, bien au contraire, j’aimais ces moments où j’étais presque en train de sombrer, de perdre la tête. Cette folie là ne me faisait pas peur, bien au contraire, que l’on soit capables de s’emmener dans des contrées aussi hasardeuses était bon signe. Je le sentais soucieux, distant. C’était comme si il était en même temps avec moi et ailleurs. Du bout des doigts, j’effleure sa joue, comme pour quémander son attention. Regarde-moi mon amour, dis moi ce qui te tourmente encore, ne me laisse pas sans réponses. Ne me laisse pas dans l’angoisse de ne pas savoir. Je sentais ses mains voguer sur mon corps pudique, à la pureté presque intacte. Il n’avait qu’été stigmatisé par ma grossesse. Je n’aimais pas mon corps, il n’était que le témoin de trop de laisser aller, et voir le désir dans les yeux de Liam me paraissait tellement étrange. Je ne me souvenais pas d’avoir vu tel désir dans le regard d’Etienne lorsque nous en fûmes arrivés là, lors de cette fameuse fête de village. Je ne me souvenais pas vraiment de ce moment, il n’avait pas été spécialement transcendant. Je me souvenais juste de la douleur propre aux premières fois. Rien d’autre. Je n’avais pas ressenti ce feu qui me consumait de l’intérieur, cette urgence était tout à fait nouvelle pour moi. Je n’avais qu’une seule envie, me perdre entre les bras de Liam et ne plus jamais en revenir. Qu’il me fasse sienne à tout jamais, je lui appartenais d’ores et déjà corps et âme.
Corps et âme. Cette pensée me fit frissonner, tandis que ses mains promettaient encore d’autres merveilles. Mon corps tremblait, se cambrait sous ses caresses. J’étais prête à m’abandonner, mettre la raison au placard pour un temps. Mes mains timides parcouraient son dos, tandis que mes lèvres parcouraient l’arrondi que formait son épaule. Mon cœur battait à folle allure, je rapprochais mon corps frêle du sien. Chaque minute qui passait, mes gestes devenaient plus assurés, j’étais comme hypnotisée par ses prunelles céruléennes qui me fixaient avec désir. Et pourtant, Merlin savait combien je redoutais ce moment. Trop de questions se bousculaient dans mon esprit, trop de questions sans queue ni tête. J’avais peur du regard critique qu’il pouvait porter sur moi, qu’il ne me trouve plus à son goût. De le décevoir parce que je n’y connaissais rien. J’avais peur de succomber à un trop plein d’émotions, de ne pas savoir les gérer le moment venu. De me mettre à pleurer comme une madeleine parce que je n’avais aucune espèce d’idée du nombre de femmes qu’il avait eu l’occasion d’inviter entre ses draps. Si mon angoisse s’était envolée en l’espace d’un instant, elle était revenue, plus forte que jamais, et à présent elle m’étreignait le ventre. Mes prunelles métalliques se rivèrent dans les siennes. Finalement, je n’étais peut-être pas encore prête pour me donner à lui de cette façon, quand bien même je serais bouillonnante de désir. Chaque chose en son temps, il était inutile de brûler les étapes. Je savais comment cela avait fini la dernière fois où je m’étais laissée aller à de tels excès. J’ai très mal vécu la naissance de Jules les premiers mois, et j’avais fini par m’y faire, quand bien même ma jeunesse aurait été gâchée par cet imprévu. Ceci dit, si tout était à refaire, sûrement aurais-je retenté l’expérience. L’arrivée de Jules dans ma vie n’avait pas eu qu’un impact négatif sur ma personne. J’avais mûri, j’avais appris à être calme et posée, à considérer les choses d’un autre œil. Mon œil de mère. « J’ai envie de toi… » Mes yeux se levèrent vers lui, interrogateurs. Moi aussi j’ai envie de toi, bien plus que tu ne le pense. Un peu plus et j’allais franchir la barrière qui nous séparait, allègrement qui plus est. Mais je ne peux pas, non parce que je ne te désire pas mais parce que j’ai peur. Cela peut paraître stupide mais j’ai peur de ce que tu pourrais penser de moi si tu me connaissais dans ma plus stricte intimité. Je ne veux pas brûler les étapes, je veux qu’on prenne notre temps.
Mes doigts caressèrent doucement son visage, traçant le contour de ses lèvres délicieuses et rosées. « Moi aussi j’ai envie de toi. » Ma voix se voulait ferme et assurée, mais en réalité, je tremblais comme une feuille, livide. J’étais épuisée, la journée d’aujourd’hui avait été éprouvante. Pour lui comme pour moi. Mon cœur n’allait pas supporter une nouvelle décharge émotionnelle. Et pourtant, je venais de prononcer les mots défendus. Juste pour le rassurer. Juste pour lui dire que ce n’était pas contre lui si au dernier moment je décidais de tout arrêter. Mes lèvres se perdirent encore une fois contre les siennes, mes mains se pendent à son cou à la fois gracile et robuste. Ses traits ont encore quelque chose d’enfantin, mais il a tout d’un homme. Il n’était pas qu’un homme. Mon homme? Cela se pourrait. Ma main ébouriffe ses cheveux avec tendresse, tandis que mes bras l’accueillent encore une fois, l’une de mes jambes remontant contre son flanc. Je me cambrais un peu plus, pour épouser son corps encore une fois. « On est pas obligé, tu sais… » Sa voix douce me parvenait aux oreilles, me faisant frissonner. Mes mains affirment leur prise sur sa nuque. Maintenant qu’il me proposait de tout arrêter, je m’accrochais à lui comme une désespérée, comme si j’étais persuadée qu’il allait m’échapper une fois que je me serai séparée de lui. Physiquement, cela s’entend, puisque nous étions liés psychiquement. Ses doigts effleurèrent mes cheveux avant que ses lèvres ne viennent embrasser mon front, ce qui me fit immédiatement fermer les yeux. « On est pas obligé… » Mes prunelles argentées se rivent dans les siennes. Je voulus dire quelque chose mais aucun son ne franchit mes lèvres. Je voulus protester mais je savais qu’il avait raison. Il serait plus sage que l’on s’arrête là, parce qu’on risquait de regretter, plus tard, d’être allés trop vite. Nous aurions encore le temps de nous découvrir, de nous désirer, de nous aimer, encore et encore. Mes lèvres se posèrent doucement au coin de ses lèvres. « Je ne sais pas. » fut la seule réponse correcte que je parvins à formuler. « Je ne sais pas, Liam. » Je ne sais pas, je ne sais plus. Je suis perdue, comme au premier jour, celui où on s’est réveillés dans le même lit, dans la crainte qu’il se soit passé quelque chose de répréhensible entre nous. Tu t’en souviens mon amour, tu t’en souviens de tout ce qu’on a pu échanger ce jour là? Baisers et caresses, comme aujourd’hui, passion entrecoupée de mots d’amour. Nous avions résisté à la tentation. Une moue boudeuse s’invita sur mes lèvres pincées. « Je ne sais pas parce que j’en avais terriblement envie. Mais pas maintenant. C’est trop tôt. » Vaine tentative pour me dégager de son étreinte. Mais j’avais de moi-même renoncé à partir, m’y trouvant trop bien. Mon cœur a retrouvé son allure normale, je respirais mieux. J’espère que tu ne m’en veux pas, mon amour. Il sera bien une époque où je serai toute à toi. Bientôt mon amour, bientôt. Je te le promets. « Ceci dit… » Le mystère plane au dessus de nous un instant, tandis que je souriais. « Attendre risque d’être difficile. J’ai peur de ne pas être capable de résister à la tentation. » Et pour la première fois depuis le début, un rire franc s’échappa de mes lèvres. Si je me mettais à rire de ma propre bêtise, c’était tant mieux. C’était signe que je recommençais à aller bien. J’avais vaincu mes démons et la terreur qu’ils engendraient, pour un temps.
Corps et âme. Cette pensée me fit frissonner, tandis que ses mains promettaient encore d’autres merveilles. Mon corps tremblait, se cambrait sous ses caresses. J’étais prête à m’abandonner, mettre la raison au placard pour un temps. Mes mains timides parcouraient son dos, tandis que mes lèvres parcouraient l’arrondi que formait son épaule. Mon cœur battait à folle allure, je rapprochais mon corps frêle du sien. Chaque minute qui passait, mes gestes devenaient plus assurés, j’étais comme hypnotisée par ses prunelles céruléennes qui me fixaient avec désir. Et pourtant, Merlin savait combien je redoutais ce moment. Trop de questions se bousculaient dans mon esprit, trop de questions sans queue ni tête. J’avais peur du regard critique qu’il pouvait porter sur moi, qu’il ne me trouve plus à son goût. De le décevoir parce que je n’y connaissais rien. J’avais peur de succomber à un trop plein d’émotions, de ne pas savoir les gérer le moment venu. De me mettre à pleurer comme une madeleine parce que je n’avais aucune espèce d’idée du nombre de femmes qu’il avait eu l’occasion d’inviter entre ses draps. Si mon angoisse s’était envolée en l’espace d’un instant, elle était revenue, plus forte que jamais, et à présent elle m’étreignait le ventre. Mes prunelles métalliques se rivèrent dans les siennes. Finalement, je n’étais peut-être pas encore prête pour me donner à lui de cette façon, quand bien même je serais bouillonnante de désir. Chaque chose en son temps, il était inutile de brûler les étapes. Je savais comment cela avait fini la dernière fois où je m’étais laissée aller à de tels excès. J’ai très mal vécu la naissance de Jules les premiers mois, et j’avais fini par m’y faire, quand bien même ma jeunesse aurait été gâchée par cet imprévu. Ceci dit, si tout était à refaire, sûrement aurais-je retenté l’expérience. L’arrivée de Jules dans ma vie n’avait pas eu qu’un impact négatif sur ma personne. J’avais mûri, j’avais appris à être calme et posée, à considérer les choses d’un autre œil. Mon œil de mère. « J’ai envie de toi… » Mes yeux se levèrent vers lui, interrogateurs. Moi aussi j’ai envie de toi, bien plus que tu ne le pense. Un peu plus et j’allais franchir la barrière qui nous séparait, allègrement qui plus est. Mais je ne peux pas, non parce que je ne te désire pas mais parce que j’ai peur. Cela peut paraître stupide mais j’ai peur de ce que tu pourrais penser de moi si tu me connaissais dans ma plus stricte intimité. Je ne veux pas brûler les étapes, je veux qu’on prenne notre temps.
Mes doigts caressèrent doucement son visage, traçant le contour de ses lèvres délicieuses et rosées. « Moi aussi j’ai envie de toi. » Ma voix se voulait ferme et assurée, mais en réalité, je tremblais comme une feuille, livide. J’étais épuisée, la journée d’aujourd’hui avait été éprouvante. Pour lui comme pour moi. Mon cœur n’allait pas supporter une nouvelle décharge émotionnelle. Et pourtant, je venais de prononcer les mots défendus. Juste pour le rassurer. Juste pour lui dire que ce n’était pas contre lui si au dernier moment je décidais de tout arrêter. Mes lèvres se perdirent encore une fois contre les siennes, mes mains se pendent à son cou à la fois gracile et robuste. Ses traits ont encore quelque chose d’enfantin, mais il a tout d’un homme. Il n’était pas qu’un homme. Mon homme? Cela se pourrait. Ma main ébouriffe ses cheveux avec tendresse, tandis que mes bras l’accueillent encore une fois, l’une de mes jambes remontant contre son flanc. Je me cambrais un peu plus, pour épouser son corps encore une fois. « On est pas obligé, tu sais… » Sa voix douce me parvenait aux oreilles, me faisant frissonner. Mes mains affirment leur prise sur sa nuque. Maintenant qu’il me proposait de tout arrêter, je m’accrochais à lui comme une désespérée, comme si j’étais persuadée qu’il allait m’échapper une fois que je me serai séparée de lui. Physiquement, cela s’entend, puisque nous étions liés psychiquement. Ses doigts effleurèrent mes cheveux avant que ses lèvres ne viennent embrasser mon front, ce qui me fit immédiatement fermer les yeux. « On est pas obligé… » Mes prunelles argentées se rivent dans les siennes. Je voulus dire quelque chose mais aucun son ne franchit mes lèvres. Je voulus protester mais je savais qu’il avait raison. Il serait plus sage que l’on s’arrête là, parce qu’on risquait de regretter, plus tard, d’être allés trop vite. Nous aurions encore le temps de nous découvrir, de nous désirer, de nous aimer, encore et encore. Mes lèvres se posèrent doucement au coin de ses lèvres. « Je ne sais pas. » fut la seule réponse correcte que je parvins à formuler. « Je ne sais pas, Liam. » Je ne sais pas, je ne sais plus. Je suis perdue, comme au premier jour, celui où on s’est réveillés dans le même lit, dans la crainte qu’il se soit passé quelque chose de répréhensible entre nous. Tu t’en souviens mon amour, tu t’en souviens de tout ce qu’on a pu échanger ce jour là? Baisers et caresses, comme aujourd’hui, passion entrecoupée de mots d’amour. Nous avions résisté à la tentation. Une moue boudeuse s’invita sur mes lèvres pincées. « Je ne sais pas parce que j’en avais terriblement envie. Mais pas maintenant. C’est trop tôt. » Vaine tentative pour me dégager de son étreinte. Mais j’avais de moi-même renoncé à partir, m’y trouvant trop bien. Mon cœur a retrouvé son allure normale, je respirais mieux. J’espère que tu ne m’en veux pas, mon amour. Il sera bien une époque où je serai toute à toi. Bientôt mon amour, bientôt. Je te le promets. « Ceci dit… » Le mystère plane au dessus de nous un instant, tandis que je souriais. « Attendre risque d’être difficile. J’ai peur de ne pas être capable de résister à la tentation. » Et pour la première fois depuis le début, un rire franc s’échappa de mes lèvres. Si je me mettais à rire de ma propre bêtise, c’était tant mieux. C’était signe que je recommençais à aller bien. J’avais vaincu mes démons et la terreur qu’ils engendraient, pour un temps.
- InvitéInvité
Re: Quand le passé nous rattrape. Liam.
Lun 20 Déc 2010 - 20:57
- Tu n’as pas envie que ça s’arrête. Quand ce tourment s’empare de toi, toutes ses sensations qui te sont nouvelles, ou du moins exponentielles. Non. Je ne voulais pas que ça s’arrête. Je voulais rester accrocher à ses lèvres, je voulais enraciner ton épiderme dans la sienne, dans cet ultime acte d’amour. Il était trop tôt, je le savais bien. Nous n’étions que des enfants perdus, blessés par l’amour que nous avions jadis porté à d’autre. Et malgré tout, il nous était impossible de se défaire l’un de l’autre. Comme deux morceaux de casse-tête, étions-nous à ce point fait l’un pour l’autre? Tu le vois dans mon regard, cette peur qui m’envahie, n’est-ce pas Joséphine? Alors que tu poses une main douce sur mon visage, pour attirer mon attention vers ton regard d’ardoise. Je souhaiterais que tu n’y voies que de l’amour, que cette envie qui me calcine, dans mon regard. Mes lèvres libérées de ton emprise, esquissent un sourire l’espace d’un instant, avant de reprendre leur place contre les tiennes. Je te trouve si belle, que ça en fait mal. Ton corps, il est magnifique. Les cicatrices de tes autres amants, laisses moi les guérir, afin que les brûlures sur ton corps ne soit dû qu’à l’amour que je te porte. Laisses moi naviguer sur ton corps, le découvrir petit à petit, il ne faut pas avoir peur. « Moi aussi j’ai envie de toi. » Et malgré tous ses mots que l’on s’échange, dans nos murmures, nous avons peur de plonger. T’as voix, mon amour, elle est incertaine, mais tes mains s’agrippe à moi avec le désespoir de l’abdication. Je ne vais nulle part mon amour, je suis trop bien, trop heureux malgré cette étrange journée, pour m’en aller. Et je sais que tu as envie de moi, le cambrement de tes hanches ne ment pas. Ton corps, comme le mien n’arrive pas à répondre à la raison qui hurle. Alors que s’échappaient de mes lèvres, ses quelques mots discrets pour tenter de calmer la tempête qui s’abattait sur nous, les mains de ma douce s’accrochèrent à moi. « Je ne sais pas. » Toi aussi, mon bel amour, tu es tiraillée par cette passion, cette chaleur qui te dévore? Je comprends ce doute, cette guerre interne entre la raison et la passion. Nous avons tout notre temps, faisons durer encore cette délicieuse torture encore un peu. Juste pour apprécier encore plus le moment qui nous unira charnellement. « Je ne sais pas parce que j’en avais terriblement envie. Mais pas maintenant. C’est trop tôt. » J’esquisse un mince sourire. Le froid qui nous glaçait quelques instants plus tôt avait laissée place à une chaleur presque insupportable. Mon visage trouve refuge près de ta nuque, dans laquelle j’y niche quelques baisers. Trop tôt. Trop intense. Trop nouveau, trop viscéral. La passion se calme un peu, elle s’apaise, elle n’attend qu’un faux pas pour nous faire tomber dans la luxure. « On a tout notre temps. » Ma main s’aventure sur ta cuisse, alors que mes mots contredisent mes actes. Nous avons tout notre temps, mais est-ce que nous avons envie d’attendre tout ce temps? Ma tête, désormais appuyée contre sa frêle épaule, sur laquelle j’y dépose quelques baisers. « Je suis bien, comme ça… J’ai uniquement besoin de ton corps contre le mien, nu ou pas… » Voilà que je m’éprenais à être volage, à blaguer, comme si tout le drame était désormais derrière nous. Et l’espace d’un instant, on oublie cette matinée horrible, on le sait pourtant. On le sait que ça va revenir, encore plus fort qu’aujourd’hui. Mais là, à ce moment précis, on profite simplement du calme. « Ceci dit… » Je relève lentement la tête, depuis tantôt enfouie dans le creux de l’épaule de Joséphine. Elle sourit. Son sourire adoucie les plaies sur mon cœur, sur mon âme, elle apaise cette peur qui m’envahissait depuis que j’avais mis le pied dans l’appartement.
« Attendre risque d’être difficile. J’ai peur de ne pas être capable de résister à la tentation. » Oui, attendre risque d’être difficile. L’attente va me faire perdre la tête, mais je ne referai pas les mêmes erreurs, plus maintenant. Je vais attendre, parce que l’attente en vaudra la peine. Parce que j’avais envie d’être avec toi. Je suis naïf, mais j’ai envie d’y croire, qu’on sera capable d’attendre. Joséphine se mit à rire, un rire que j’avais pensé ne plus revoir, du moins, pas aujourd’hui. Pas après cette crise. Ma main effleura ses joues, à présent sèches. On a tout notre temps, continuais-je à me répété, comme si j’avais peur qu’elle m’échappe. Qu’elle me glisse entre les mains. Je voulais combattre cette urgence, cette envie de tout faire trop vite, de nous brûler en cours de route. Alors je repose ma tête contre son épaule, dans un geste qui nous deviendrait familier. Après tout ça, on ne pouvait nier l’existence d’un nous.
- THE END.