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If you need help, just tell me [Abigail]
Jeu 20 Sep 2018 - 15:15
If you Need Help, Just Tell Me
Rosalba Di Lorenzi Ft. Abigail Dowell
Assise à son bureau, Rosalba Di Lorenzi corrigeait les copies du test matinal qu’elle avait fait passer à son groupe optionnel de sortilèges. Une fois que les copies furent toutes corrigées, elle prit celles qui l’avaient surprises pour les confrontés aux dossiers qu’elle avait consultés. Dans l’ensemble les étudiants de 8ème année montrait un niveau honnête bien qu’elle ait constaté des lacunes ici et là. Non, ce qui l’avait frappé c’était surtout le niveau de certains étudiants. Après avoir parcouru les dossiers pour se familiariser avec ses élèves, elle avait immédiatement repéré le je-m’en-foutiste et les pépites. Forcément, les cancres seraient pour elle un défi surtout parce qu’ils avaient choisi sa matière en pensant que ce serait une formalité et au contraire les pépites seraient pour elle une motivation et un moyen de partager son savoir. Aussi les résultats des tests pratiques et écrits se révélèrent surprenant lorsque l’une de ces « pépites » se révéla au contraire un simple morceau de charbon. Oui, Miss Dowell n’avait pas du tout montré les compétences qu’elle s’attendait à voir au vu des appréciations dithyrambiques de son dossier scolaire. Rosie se leva, repoussa sa chaise, prit sa baguette d’une main ferme et lança un sort informulé en direction de la fenêtre de son bureau. Le ciel qui jusqu’ici gris fut remplacé par une vue ensoleillée. Un caquètement ravi se fit entendre avant qu’un magnifique perroquet Aras ne se pose sur l’épaule de la jeune femme aux longs cheveux blond vénitien. « Te voilà Tesoro mon fidèle compagnon. » tendrement elle lissa les plumes de l’animal et lui donna une noix du brésil qu’il aimait tant. Faisant le tour de son bureau à la recherche d’un manuel qu’elle avait rangé à la hâte dans la bibliothèque. Quelques éléments de l’ancien professeur étaient encore accrochés au mur. Il faut dire que l’installation de Rosalba était toute récente et elle n’avait pas encore eu le loisir de décorer l’endroit à sa façon. Lorsqu’enfin elle trouva le livre « Précis de sortilèges : De l’importance des émotions du sorcier dans sa maîtrise de la magie », on frappa à la porte de son bureau. A l’aide de sa baguette elle ouvrit la porte et aperçut une jeune fille à l’air triste qu’elle reconnue immédiatement. Juste après les tests de la matinée, Rosalba avait convoqué son élève. Elle savait qu’il fallait réagir rapidement lorsqu’un élève se trouvait en difficulté dès le début de l’année. Son ancien professeur de potions le lui avait dit lorsqu’en 9ème année elle était devenue son assistante.
« Miss Dowell, je vous attendais. Pourriez-vous refermer la porte derrière-vous afin que nous puissions discuter sans être interrompues ? » C’est avec beaucoup de douceur que la jeune enseignante avait parlé à son étudiante. Lorsque l’élève s’approcha du bureau, Rosie l’invita d’un geste de la main à prendre place dans l’un des fauteuils clubs que la jeune femme avait ajouté au décor. « J’imagine que vous vous doutez du motif de votre convocation. » son regard essaya de trouver celui de la demoiselle de la maison d’Ethelred mais elle semblait fuir son regard, fuir qui elle était. Visiblement la discussion allait être difficile et mentalement Rosie se retroussa les manches car la robe empire bleu nuit qu’elle portait était à manches courtes. Sans plus attendre elle fit apparaître une théière et deux tasses où elle versa le liquide ambré et e proposa une à son élève qui ne broncha pas. « Depuis le début de l’année scolaire j’ai fait passé différents tests aux étudiants de 8ème année qui ont choisi ma matière en option afin de mesurer le niveau de chacun et de pouvoir mettre en place une pédagogie adaptée. » Sa voix chaleureuse et envoûtante déroulait ses explications à l’attention de la jeune brune. Rosalba ne voulait pas lui faire de remontrance, ni même se montrer trop rigide. C’était sa première année ici, c’était sa première convocation en tant que professeur et la jeune italienne n’avait pas envie de paraître trop dure. Essayant d’avoir l’attention de la jeune femme, elle poursuivit son discours. « Après études de chaque dossier et des évaluations des derniers examens j’ai pu constater que certains étudiants avaient… Comment dire cela… Avaient un dossier scolaire en contradiction avec le niveau que j’ai pu constater par moi-même en cours. Voyez-vous où je veux en venir ? » La descendante de la dynastie des Di Lorenzi essayait de tendre une perche à l’étudiante. Elle aurait préféré que cette dernière la comprenne, plutôt que de devoir en venir à la partie plus gênante de son intervention de sauvetage d’un étudiant. « Votre dossier dit, Je cite « Abigail est une étudiante brillante qui montre des compétences indéniables en DFCM, en et dans les sortilèges. » Votre professeur de sortilèges de l’année précédente ne tarissait pas d’éloges : «Abigail est douée pour les sortilèges formulés comme informulés. Elle réussit les sorts de protection magique avec une grande dextérité. Elle est de loin l’une des élèves les plus douée du groupe optionnel de sortilèges. » Le perroquet vint se poser sur l’accoudoir du fauteuil de Rosie afin de se faire caresser. Machinalement elle s’exécuta tout en observant son élève qui semblait ne pas savoir si elle devait pleurer ou s’en aller. « Je suis perplexe Miss Dowell car ce n’est pas du tout ma tasse de thé que de remettre en cause les dires de mes collègues. Pourriez-vous donc essayer de m’expliquer pourquoi votre niveau si élevé jusqu’ici et à présent digne d’un simple étudiant de Poudlard de 7ème année ? Et encore je pense être gentille en disant cela. » Lui révéla-t-elle avec autant de tact que possible. Elle savait combien des propos pouvaient vous marquer à vie, vous blesser et donc refermer quelqu’un dans sa coquille. « Ne croyez surtout pas que vous êtes ici pour je puisse vous fustiger. J’aimerai juste comprendre cette dégringolade, comprendre ce qui vous arrive. » Finit-elle par révéler à la jeune femme avec sollicitude.
Couleur de Rosalba color=#0099ff
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Re: If you need help, just tell me [Abigail]
Ven 21 Sep 2018 - 10:57
Le départ d'Adoración fut ce qui creusa ma tombe. Le visage de sa remplaçante fut ce qui m'y poussa. Sa lettre m'enterra. Pourquoi le sort s'acharnait-il à ce point sur moi ? Je n'avais rien fait pour mériter tant de haine de sa part. Moi qui avais été sans histoire durant des années, voilà que depuis le mois de juin, tout me tombait sur la figure sans la moindre délicatesse. Mon humeur et mes émotions faisaient les montagnes russes à tel point que je ne me reconnaissais plus lorsque je parlais des fois, ou que j'agissais. Avant, toute ma vie avait été carrée et droite, parce que je le voulais ainsi. Il n'y avait pas de remous, et j'étais tranquille, tout le monde me fichait la paix, et c'était très bien ainsi. Pourquoi est-ce que tout avait changé ?
Pourquoi était-elle partie en se laissant remplacer par cette femme ?
Pourquoi ne m'avait-elle rien dit ?
Évidemment, au fond de moi, j'avais déjà toutes les réponses à mes questions, seulement, elles me faisaient trop mal pour que je les écoute réellement. Il m'était plus facile de chercher d'autres excuses… mais est-ce que ça ne me faisait pas souffrir d'autant plus ?
C'est donc comme une condamnée à mort qui montait sur l'échafaud que je frappais à la porte. Cette porte à laquelle j'avais tant frappé durant les mois de juillet et août.
La porte s'ouvrit devant moi et je voyais cette étrangère à sa place. Elle m'avait ouvert comme elle, la première fois que je m'étais rendue dans son bureau. Et lorsque le battant me permis de contempler l'intérieur, je me sentais défaillir. La décoration avait changé, il ne restait que les objets classiques. Elle avait tout emporté, comme si elle n'avait voulu laisser aucune trace d'elle. Qu'avait-il bien pu arriver pour qu'elle se décide ainsi à tout abandonner ? Est-ce que notre rupture avait-elle été si vaine que cela ? J'étais si habituée à la décoration d'Adoración que la sensation d'être dans un autre lieu me tenaillait le cœur. Pourtant non… c'était bien le même endroit.
Malgré son ton doux et avenant, j'avais l'impression d'entendre la plus maléfique des créatures, et présentement j'aurai préféré me retrouver au centre d'un nid de Magyar à pointes plutôt que d'être en sa compagnie. Pourtant, j'obéissais et refermais la porte derrière moi tout en m'approchant, comme je l'avais fait une centaine de fois avant ce jour.
Comme Adora avant elle, elle m'invitait à prendre place devant son bureau, et comme Adora avant elle, elle me fit les mêmes remarques.
Mal à l'aise, prise au dépourvu, retenant mes larmes, essayant d'avaler cette boule de feu au fond de ma gorge, je n'osais fixer l'enseignante, enfermée dans le mutisme le plus total. Ce qui nous avait rapprochées avec la professeure Castilla avait été presque pour les mêmes raisons : elle avait remarqué mes rêveries en classe et m'avait rappelé à l'ordre avec des cours privés. S'en était suivi ce qui devait arriver. J'avais l'impression de revivre cette histoire alors que j'entendais madame di Lorenzi me lire mon dossier.
Mais elle me mettait au supplice en lisant les notes qu'Adoración avait écrites sur moi. Je ne pouvais m'empêcher de détourner le regard et de baisser le menton. Tu avais écrit toutes ces choses sur moi sans me le dire réellement ? Tu le disais d'une autre manière…
Pourquoi t'es plus là ?
Je clignais plusieurs fois pour contenir mes larmes. N'avais-je pas assez pleuré notre rupture ? Devais-je vraiment à présent pleurer son départ ? N'était-ce pas une suite logique aux événements ? N'avais-je pas promis à Thomas qu'une fois mes D.E.F.I.S en poche, j'irai la retrouver ?
La tête dans les épaules, le dos voûté, je m'étais légèrement recroquevillée, ma timidité n'aidant pas ma tristesse par-dessus le marché. Les questionnements de l'enseignante étaient tout à fait normaux, mais je ne pouvais pas lui parler de ma relation avec son prédécesseur. Je me contentais donc de l'histoire classique, mais pas moins véritable, ayant retrouvé un peu de contenance en me remémorant ma promesse. Elle me donnait la force d'endurer les obstacles qui allaient se présenter à moi jusqu'à la fin de mon cursus universitaire.
Le ton de la femme était toujours aussi doux, mais je sentais un brin de reproches dans ses paroles, ça m'accablait, et sa comparaison à mon niveau retombé à Poudlard était particulièrement humiliante. Je n'avais pas besoin d'entendre ça pour guérir. Je choisissais de penser qu'elle n'avait pas fait exprès.
Très lentement, je me redressais un peu et réussissais à m'adosser contre le dossier de mon siège. Je relevais le menton mais préférais regarder un élément installé sur son bureau que de poser une seule fois mon regard brun sur elle alors je répondais d'une voix étranglée.
- Vous êtes blessante…
Ah, ça par contre ce n'était pas prévu, mes pensées m'avaient échappées… mais même si ce n'était qu'une maladresse, je disais la vérité. Je savais que j'avais du talent en Sortilèges et Enchantements, d'autant plus suite à mes nombreuses entrevues avec l'espagnole. Mais mon état était-il une raison pour me juger ?
Balayant mon regard autour de moi comme si je cherchais à fuir, je venais, étonnamment, planter mon regard foncé dans celui de celle qui me faisait face pour répondre avec une contenance particulièrement surprenante vu mon état paradoxal.
- Madame di Lorenzi, avez-vous passé un bon été ? Parce que vous voyez, moi non.
Mes yeux brillants par les larmes que je contenais, je réussissais enfin à avaler cette boule formée dans ma gorge pour continuer à expliquer. Après tout, elle avait le droit de savoir la vérité. Mais pas tout.
- À la fin de l'année scolaire, lors de la pleine lune du mois de juin, j'ai été attaquée par un loup-garou. Ça m'a laissée de graves séquelles aussi physiques que psychologiques. Le destin voulait que ma baguette contienne un poil de loup-garou en son cœur. Comprenez, ou non d'ailleurs, comme vous le souhaitez, qu'effectuer vos cours avec aisance ne m'est pour le moment plus possible.
Ma voix était restée fluette, comme l'apparence de mon corps, les deux s'étant arrêtés de grandir à mes seize ans. J'avais donc parlé doucement et calmement, sans la moindre animosité.
Là, c'était dit, ce n'était que la vérité pure et dure. Si elle voulait en voir plus, je pouvais tout à fait retirer la veste en jean que je portais sur mes épaules, le T-shirt en-dessous n'était pas enchanté pour cacher mes cicatrices. Au moins, elle avait eu une seconde explication : le pourquoi je m'habillais d'apparence si chaude alors que nous avions encore des températures agréables. L'autre version de l'histoire, elle n'en entendra jamais parler. Jamais.
Je pouvais en parler à mes amis, à ma famille… mais à d'autres enseignants d'Hungcalf, c'était tout simplement impensable. La difficulté de tenir ma baguette était bien sûr une réalité, mais si j'avais tant de peine dans ses cours, c'était par le manque de la femme de ma vie.
Qui plus est, je n'avais pas honte de parler de mes traumatismes mentaux. Je faisais un travail intéressant là-dessus avec Levius, j'étais aussi suivie par Sainte-Mangouste depuis. Mon dossier était facile à trouver, l'enseignante en face de moi allait avoir tout le loisir de fouiller dans cette partie de ma vie sans la moindre peine. Je n'avais rien à cacher. Je devais faire face à mes démons pour les vaincre, et j'avais compris depuis, qu'en parler était la première étape de ma guérison. Que ça plaise, ou non.
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Re: If you need help, just tell me [Abigail]
Lun 24 Sep 2018 - 16:27
If You Need Help, Tell me
Rosalba Ft. Abigaïl
Par Merlin que cette étudiante est triste, elle me fit penser à moi.. Je me souvenais comme si de ma propre entrée à Hungcalf. Le cœur en berne à cause de ma rupture non digérée de l’homme que j’aimais, les hormones en ébullition à cause mon accouchement récent d’Eléanor, je n’en menais pas large. Chaque conversation, chaque plaisanterie rouvrait une mes blessures comme si l’on versait du sel dessus pour les rouvrir. C’est pourquoi en la voyant tout à coup au bord des larmes je compris sans difficultés que mes propos bien que véridiques avaient pu la blesser.
« Loin de moi l’idée d’avoir voulu vous blesser Miss Doyle. Comprenez bien que j’ai été désappointée après les éloges qui me sont parvenus. Je vous prie d’accepter mes sincères excuses si vous avez trouvé mes mots blessants. »
Pourtant quelque chose de l’ordre non pas de la haine mais de la franche inimitié fit place à la peine qui voilait le regard de la jeune étudiante. Les petits cheveux à la base de ma nuque se dressèrent comme à chaque fois que quelque chose de désagréable allait arriver. Cette sensation inconfortable me donna soif, je sentais ma bouche devenir pâteuse et cela me désarçonna. Quand la jeune Ethelred lança son missile verbal je fus comme assommée mentalement. Si juste avant j’avais blessé cette demoiselle sans aucune arrière-pensée, sans le vouloir, elle au contraire avait un ton pleins de reproches, de sous-entendus, de sarcasme lorsqu’elle s’adressa à moi. Sa façon de m’invectiver pour me faire comprendre que si moi j’avais eu un été de rêve, elle avait vécu l’enfer me laissa pantoise. D’un geste sec j’attrapais la tasse de thé qui était devant moi et j’en bus une gorgée. Le liquide chaud et ambrée me redonna un peu de force. Mon esprit tournait à plein régime. Comment devais-je répondre à cette demoiselle sans qu’elle ne le prenne mal, sans qu’elle se sente à nouveau blessée. Et puis par Merlin en quoi cela la regardait-elle la façon dont je passais l’été et en quoi pouvais-je bien être responsable de l’horreur du sien. J’avais beau être une femme de bientôt 37 ans, habituée aux situations critiques et aux paroles parfois sèches et dites dans l’urgence, je n’étais pourtant pas décidé à laisser ne serait-ce qu’un étudiant me parler de cette façon. Le respect je l’avais pour tout un chacun et j’entendais bien qu’il en aille de même à mon encontre.
« Miss Dowell, j’imagine que votre question n’est que pure rhétorique et que vous n’en avez que faire de la façon dont mes congés d’été ce sont déroulés. Je comprends que vous ayez pu passer un mauvais été mais ne soyez pas si prompt à penser que vous êtes seule à avoir eu des problèmes. Ne jugez pas trop vite un livre sur sa couverture. »
Ma voix n’était ni plus douce, ni plus abrupte. Non je contenais mon être par ma volonté de ne pas voire s’enfuir cette biche apeurée et tremblante. Elle enchaîna sur la façon dont la fin de sa 7ème année se déroula et la pauvre avait vraiment eu de quoi être perturbée. Il n’était pas étonnant qu’elle ne puisse pas travailler et s’exercer correctement.
« Mmh... je comprends mieux votre attitude de ces derniers jours... Si vos capacités physiques et psychiques sont réduites alors il est normal que vous ayez des difficultés à vous servir de vos pouvoirs. »
Pourtant quelque chose me chiffonnait, il y avait plus derrière ses yeux rougis, cette peau diaphane, cette voix fluette et surtout ce regard parfois à la limite de la haine lorsqu’elle pensait que je ne voyais pas qu’elle s’attardait sur les éléments de mon bureau ou sur d’anciens éléments du décor de la professeure que je remplaçais. Il me fallait malgré ma bienveillance prévenir la demoiselle.
« Toutefois, jeune dame, il aurait été peut-être préférable de me prévenir de votre état afin que je ne vous évalue pas comme tout le reste de la promotion. J’aurais pu de manière exceptionnelle, faire des évaluations spécifiques. Et surtout cela vous aurez évité de venir dans ce bureau que vous observait de long en large depuis votre arrivée. »
J’essayais en vain de lui adresser un sourire amical. Je tentais de puiser dans mes ressources, d’essayer de me remémorer ma propre peine, mes propres souffrances pour comprendre cette fille qui ressemblait plus à un être au bord de la noyade qu’à une personne ayant simplement perdu l’usage de ses pouvoirs. Elle avait plus à cacher que cela, elle n’avait pas envie, ni peut-être même la possibilité de parler. J’avais dû cacher à la plupart de mes amis que des fruits de mes amours avec S. était née une petite fille. A présent elle n’était plus un secret pour personne mais à cette période le scandale pour S. et sa famille aurait été inimaginable.
« Vous deviez être une habituée des lieux. Je n’ai pas encore eu le temps de changer le décor. Si vous souhaitez récupérer quelque chose avant que je ne demande au Directeur de renvoyé ses effets à votre ancien professeur, dites-le moi. »
J’avais offert cela comme un geste de paix, je ne sais pas comment la jeune femme le prit car elle resta un peu interdite devant ma proposition. Bien sûr que voir une élève me regarder avec cet air renfrogné ne me faisait pas plaisir mais que pouvais-je bien y faire. Aussi j’enchaînais sans plus attendre.
« Je peux comprendre que ma venue en remplacement de votre ancien professeur ne vous fasse pas plaisir. Ce n’est pas facile pour moi non plus de reprendre sa suite. Arrivée pour remplacer quelqu’un qui était très apprécié est une chose ardue et ne croyait surtout pas que je m’en réjouisse. J’exerçais mon métier de médicomage il y a encore semaines à Sainte-Mangouste, c’est le Directeur MacArthur qui m’a demander de lui rendre ce service. »
Je posais devant Abigaïl le livre que j’avais précédemment sorti de ma bibliothèque : Le « Précis de sortilèges : De l’importance des émotions du sorcier dans sa maîtrise de la magie » Cet ouvrage avait été écrit il y a presque 10 ans maintenant lorsque j’avais fait ma thèse à Hungcalf sous la coupe du Directeur MacArthur. J’avais beaucoup travaillé sur le sujet car à une certaine époque j’avais comme cette jeune femme en face de moi perdu tout ce qui faisait que j’étais une sorcière. La magie en moi était morte en même temps que l’amour de ma vie m’avait quitté. Je n’avais retrouvé ma magie qu’en mettant au monde ma fille. Le Directeur de Sainte-Mangouste qui avait assisté à ma thèse m’avait invité à rejoindre son établissement et avait souhaité que ma thèse soit publiée afin d’aider tous les sorciers. Je n’étais pas peu fière de ce livre et j’y avais expliqué bien des choses y compris mes propres problèmes, mes propres failles. C’est sous le nom de Médicomage Di-Lorenzi Bletchley que cela avait été publié. Ma grand-mère maternelle Laday Bletchley, une femme acariâtre et imbu d’elle-même, avait pour la première fois depuis ma naissance félicitez mes parents. Pour la première fois elle avait accepté que le nom de Bletchley, sa lignée de sang pur, soit associé au nom de Di Lorenzi, la lignée de mon père et donc moldu. Et oui, qu’elle famille de sorcier et surtout de sang pur aurait refusé de voir son nom entrer pour la postérité, même à la simple échelle d’un livre.
« J’ai pensé à toute fin utile et si vous acceptez bien entendu que je vous prête cet ouvrage, qu’il pourrait vous être utile. Il est possible que vous puissiez y trouver quelques réponses aux questions sur votre problème de pouvoirs»
Pendant que je lui avais adressé la parole, mon cher Tesoro s’était montré curieux à l’égard de la jeune Ethelred. Il se posa sur l’accoudoir du siège et comme il le faisait avec moi il tapota la main frêle de la demoiselle avec son bec. Il attendait de sa part un peu d’intérêt. C’était un animal tout à fait sociable et qui avait toujours eu un faible pour les enfants et pour les personnes qui semblaient à la dérive.
« Vous pouvez le lire ou me le rendre c’est à vous de choisir. Je ne suis pas votre ennemie. Je n’ai aucune intention de vous rendre la vie plus difficile qu’elle ne semble déjà l’être pour vous. »
En signe d’apaisement je fis apparaître une tablette de chocolat. Je coupais quelques morceaux et les mis sur l’assiette de ma tasse de thé maintenant qu’elle était vide. Le chocolat était connu pour ses vertus réconfortantes et apaisantes aussi comme le jeune demoiselle était à fleur de peau, si elle souhaitait en manger quelques carrés, elle pourrait le faire sans problème.
« Loin de moi l’idée d’avoir voulu vous blesser Miss Doyle. Comprenez bien que j’ai été désappointée après les éloges qui me sont parvenus. Je vous prie d’accepter mes sincères excuses si vous avez trouvé mes mots blessants. »
Pourtant quelque chose de l’ordre non pas de la haine mais de la franche inimitié fit place à la peine qui voilait le regard de la jeune étudiante. Les petits cheveux à la base de ma nuque se dressèrent comme à chaque fois que quelque chose de désagréable allait arriver. Cette sensation inconfortable me donna soif, je sentais ma bouche devenir pâteuse et cela me désarçonna. Quand la jeune Ethelred lança son missile verbal je fus comme assommée mentalement. Si juste avant j’avais blessé cette demoiselle sans aucune arrière-pensée, sans le vouloir, elle au contraire avait un ton pleins de reproches, de sous-entendus, de sarcasme lorsqu’elle s’adressa à moi. Sa façon de m’invectiver pour me faire comprendre que si moi j’avais eu un été de rêve, elle avait vécu l’enfer me laissa pantoise. D’un geste sec j’attrapais la tasse de thé qui était devant moi et j’en bus une gorgée. Le liquide chaud et ambrée me redonna un peu de force. Mon esprit tournait à plein régime. Comment devais-je répondre à cette demoiselle sans qu’elle ne le prenne mal, sans qu’elle se sente à nouveau blessée. Et puis par Merlin en quoi cela la regardait-elle la façon dont je passais l’été et en quoi pouvais-je bien être responsable de l’horreur du sien. J’avais beau être une femme de bientôt 37 ans, habituée aux situations critiques et aux paroles parfois sèches et dites dans l’urgence, je n’étais pourtant pas décidé à laisser ne serait-ce qu’un étudiant me parler de cette façon. Le respect je l’avais pour tout un chacun et j’entendais bien qu’il en aille de même à mon encontre.
« Miss Dowell, j’imagine que votre question n’est que pure rhétorique et que vous n’en avez que faire de la façon dont mes congés d’été ce sont déroulés. Je comprends que vous ayez pu passer un mauvais été mais ne soyez pas si prompt à penser que vous êtes seule à avoir eu des problèmes. Ne jugez pas trop vite un livre sur sa couverture. »
Ma voix n’était ni plus douce, ni plus abrupte. Non je contenais mon être par ma volonté de ne pas voire s’enfuir cette biche apeurée et tremblante. Elle enchaîna sur la façon dont la fin de sa 7ème année se déroula et la pauvre avait vraiment eu de quoi être perturbée. Il n’était pas étonnant qu’elle ne puisse pas travailler et s’exercer correctement.
« Mmh... je comprends mieux votre attitude de ces derniers jours... Si vos capacités physiques et psychiques sont réduites alors il est normal que vous ayez des difficultés à vous servir de vos pouvoirs. »
Pourtant quelque chose me chiffonnait, il y avait plus derrière ses yeux rougis, cette peau diaphane, cette voix fluette et surtout ce regard parfois à la limite de la haine lorsqu’elle pensait que je ne voyais pas qu’elle s’attardait sur les éléments de mon bureau ou sur d’anciens éléments du décor de la professeure que je remplaçais. Il me fallait malgré ma bienveillance prévenir la demoiselle.
« Toutefois, jeune dame, il aurait été peut-être préférable de me prévenir de votre état afin que je ne vous évalue pas comme tout le reste de la promotion. J’aurais pu de manière exceptionnelle, faire des évaluations spécifiques. Et surtout cela vous aurez évité de venir dans ce bureau que vous observait de long en large depuis votre arrivée. »
J’essayais en vain de lui adresser un sourire amical. Je tentais de puiser dans mes ressources, d’essayer de me remémorer ma propre peine, mes propres souffrances pour comprendre cette fille qui ressemblait plus à un être au bord de la noyade qu’à une personne ayant simplement perdu l’usage de ses pouvoirs. Elle avait plus à cacher que cela, elle n’avait pas envie, ni peut-être même la possibilité de parler. J’avais dû cacher à la plupart de mes amis que des fruits de mes amours avec S. était née une petite fille. A présent elle n’était plus un secret pour personne mais à cette période le scandale pour S. et sa famille aurait été inimaginable.
« Vous deviez être une habituée des lieux. Je n’ai pas encore eu le temps de changer le décor. Si vous souhaitez récupérer quelque chose avant que je ne demande au Directeur de renvoyé ses effets à votre ancien professeur, dites-le moi. »
J’avais offert cela comme un geste de paix, je ne sais pas comment la jeune femme le prit car elle resta un peu interdite devant ma proposition. Bien sûr que voir une élève me regarder avec cet air renfrogné ne me faisait pas plaisir mais que pouvais-je bien y faire. Aussi j’enchaînais sans plus attendre.
« Je peux comprendre que ma venue en remplacement de votre ancien professeur ne vous fasse pas plaisir. Ce n’est pas facile pour moi non plus de reprendre sa suite. Arrivée pour remplacer quelqu’un qui était très apprécié est une chose ardue et ne croyait surtout pas que je m’en réjouisse. J’exerçais mon métier de médicomage il y a encore semaines à Sainte-Mangouste, c’est le Directeur MacArthur qui m’a demander de lui rendre ce service. »
Je posais devant Abigaïl le livre que j’avais précédemment sorti de ma bibliothèque : Le « Précis de sortilèges : De l’importance des émotions du sorcier dans sa maîtrise de la magie » Cet ouvrage avait été écrit il y a presque 10 ans maintenant lorsque j’avais fait ma thèse à Hungcalf sous la coupe du Directeur MacArthur. J’avais beaucoup travaillé sur le sujet car à une certaine époque j’avais comme cette jeune femme en face de moi perdu tout ce qui faisait que j’étais une sorcière. La magie en moi était morte en même temps que l’amour de ma vie m’avait quitté. Je n’avais retrouvé ma magie qu’en mettant au monde ma fille. Le Directeur de Sainte-Mangouste qui avait assisté à ma thèse m’avait invité à rejoindre son établissement et avait souhaité que ma thèse soit publiée afin d’aider tous les sorciers. Je n’étais pas peu fière de ce livre et j’y avais expliqué bien des choses y compris mes propres problèmes, mes propres failles. C’est sous le nom de Médicomage Di-Lorenzi Bletchley que cela avait été publié. Ma grand-mère maternelle Laday Bletchley, une femme acariâtre et imbu d’elle-même, avait pour la première fois depuis ma naissance félicitez mes parents. Pour la première fois elle avait accepté que le nom de Bletchley, sa lignée de sang pur, soit associé au nom de Di Lorenzi, la lignée de mon père et donc moldu. Et oui, qu’elle famille de sorcier et surtout de sang pur aurait refusé de voir son nom entrer pour la postérité, même à la simple échelle d’un livre.
« J’ai pensé à toute fin utile et si vous acceptez bien entendu que je vous prête cet ouvrage, qu’il pourrait vous être utile. Il est possible que vous puissiez y trouver quelques réponses aux questions sur votre problème de pouvoirs»
Pendant que je lui avais adressé la parole, mon cher Tesoro s’était montré curieux à l’égard de la jeune Ethelred. Il se posa sur l’accoudoir du siège et comme il le faisait avec moi il tapota la main frêle de la demoiselle avec son bec. Il attendait de sa part un peu d’intérêt. C’était un animal tout à fait sociable et qui avait toujours eu un faible pour les enfants et pour les personnes qui semblaient à la dérive.
« Vous pouvez le lire ou me le rendre c’est à vous de choisir. Je ne suis pas votre ennemie. Je n’ai aucune intention de vous rendre la vie plus difficile qu’elle ne semble déjà l’être pour vous. »
En signe d’apaisement je fis apparaître une tablette de chocolat. Je coupais quelques morceaux et les mis sur l’assiette de ma tasse de thé maintenant qu’elle était vide. Le chocolat était connu pour ses vertus réconfortantes et apaisantes aussi comme le jeune demoiselle était à fleur de peau, si elle souhaitait en manger quelques carrés, elle pourrait le faire sans problème.
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- InvitéInvité
Re: If you need help, just tell me [Abigail]
Lun 24 Sep 2018 - 18:55
Visiblement, nous n’étions pas sur la même longueur d’onde. Alors que j’avais voulu rester douce, mon regard avait dû me trahir et elle avait mal pris ma façon de parler. Fermant les yeux en baissant la tête et en l’enfonçant dans mes épaules, comme une tortue, j’avais néanmoins accueilli ses excuses de bon cœur. Elle ne semblait pas si mauvaise cette femme, et elle n’y pouvait rien si sa prédécesseur était partie. Je le savais. Je devais juste me faire à cette idée. Ça allait prendre le temps que ça prendrait, mais je me savais assez forte pour pouvoir faire face et y arriver d’une quelconque manière. Après tout, j’étais bien entourée. Ainsi, même si dans ma tête tout était confus car je n’avais pas eu envie de lui manquer de respect, j’osais rouvrir la bouche.
- Excusez-moi.
Inutile de partir plus loin dans les explications ou poser des mots sur l’injustice que je ressentais en moi. Ça passerait. C’était ça les relations humaines, et il fallait dire ce qui était, je n’étais pas à l’aise avec les relations humaines. Toujours timide et réservée, fluette et petite, j’étais passée championne dans l’art de me cacher et d’être invisible aux yeux du monde. Il avait toutefois été facile, dans mon comportement en classe, pour la femme en face de moi de m’avoir remarqué. Rien d’étonnant, et cette convocation ne l’avait pas été non plus.
Ainsi, je me contentais de hocher doucement la tête lorsqu’elle comprenait enfin mon traumatisme et mes difficultés. Néanmoins, je gardais le menton baissé, mes yeux à peine ouverts fixant mes mains posées sur mes cuisses. Je redoutais de devoir passer du temps avec elle, à l’instar que je l’avais fait avec Adora. C’était sans doute au-delà de mes forces.
Mais heureusement, le Fidelitas protégeait la relation que j’avais eue avec l’ancienne enseignante de Sortilèges. La femme en face de moi pouvait supposer que j’étais tombée amoureuse, elle pouvait deviner que j’avais vécu une rupture. En revanche, l’accès à l’information de quant à qui, ou, quand et comment lui était totalement inaccessible. Évidemment, il m’était hors de question de m’épancher sur ma vie privée auprès de cette femme. Il me semblait bien voir qu’elle souhaitait me venir en aide, mais j’avais un blocage évident et facile à comprendre. J’étais déjà bien entourée. Elle allait pouvoir m’aider pour guider à nouveau ma baguette, mais ça n’irait pas plus loin. Les personnes connaissant mes émois se comptaient sur les doigts de la main, et je ne voulais pas y rajouter quelqu’un, encore moins un professeur. Je l’avais fait une fois, pas deux. Gardant le regard baissé, je répondais d’une petite voix éteinte et timide, cette effervescence dont j’avais fait preuve tout à l’heure s’étant totalement évanoui, comme si j’avais été possédée.
- Mais je n’ai pas envie d’être traitée différemment des autres, ni bénéficier d’un traitement de faveur… Je ne suis pas handicapée ou infirme...
Détournant le regard, le laissant tout de même baissé, je continuais tranquillement mes explications. Me considérer différente n'allait pas aider ma guérison, je m'enfonçais déjà assez seule. Ce dont j'avais besoin, c'était de continuer comme si tout allait bien. Ce n'était pas une façon de fuir, mais justement de faire face et de lutter.
- Je n’ai pas perdu mes pouvoirs madame. Je n’ai aucune difficulté à l’utiliser, le problème réside uniquement en ma baguette. Nulle part ailleurs.
C’était saisir l’objet et le manipuler qui m’était difficile. Mes pouvoirs étaient toujours brûlants en moi, comme cette sorcière douée que j’avais toujours été. Mais sans mon instrument, j’étais comme… désaccordée. Tenir ma baguette alors qu’il y résidait un poil de loup-garou en son corps, alors que j’avais été sévèrement touchée par l’un d’eux, c’était une peur irrationnelle. J’en avais conscience, je le savais. J’avais tant bien que mal essayé de réutiliser ma baguette, mais les sortilèges avaient toujours été surprenants et particulièrement puissants, comme si je manipulais la baguette de quelqu’un d’autre. Puisque j’aimais les défis malgré moi, et que j’appréciais particulièrement la relation que j’avais avec ce petit bout de bois, je ne voulais pas en racheter une. Faire face c’était bien moins compliqué, mais ça allait me permettre de bien mieux avancer.
À sa suggestion d’emporter un objet, je secouais légèrement la tête en signe de négation. Quelle horreur, j’avais l’impression que nous parlions d’une morte. Et il était hors de question que j’emporte quoique ce soit, tout lui revenait. J’avais déjà chez moi ce qu’il me fallait, et il était impensable que je trahisse Adoración.
Encore une fois, j’écoutais ce qu’elle avait à me dire vis-à-vis de son poste en tant qu’enseignante. À dire vrai, ça m’était égal ce qu’elle faisait ici, ça m’était égal qu’elle la remplaçait elle. J’ignorais simplement ce qui s’était passé, et j’étais choquée. J’allais m’y faire, il me fallait simplement du temps, encore une fois. Et c’est pourquoi que je ne lui répondais pas. Je n’avais rien à dire en réalité alors je me contentais d’un simple hochement de tête. Elle était là. Adoración était partie. C’était fait. Point. Il n’y avait pas à revenir sur la décision de l’espagnole. Pas avec madame Di Lorenzi en tout cas.
Lorsqu’elle me tendit le livre, je relevais enfin les yeux pour lire rapidement le titre qui, je devais l’admettre, m’interpela quelque peu. C’était un sujet que j’avais sensiblement abordé avec Adoración mais sans vraiment m’arrêter dessus. J’étais persuadée que ça allait pouvoir m’être utile, et pas uniquement pour moi. Je pensais à mon cercle proche.
Timide, avec des gestes lents et mesurés, comme si je craignais le retour du bâton, j’attrapais le livre, l’ouvrais et le feuilletais avec curiosité. J’aimais les livres, j’aimais le savoir que je pouvais y trouver, j’avais une curiosité exacerbée, ce qui faisait que j’étais une sorcière plutôt douée, sans pour autant être talentueuse. Sans quitter les pages des yeux, je répondais.
- Merci… C’est intéressant en effet… est-ce vous qui l’avez écrit ?
Après tout, j’avais déjà lu des livres composés par des amis, ou des proches d’amis, alors, un de plus, ça ne m’étonnerait pas.
- Excusez-moi.
Inutile de partir plus loin dans les explications ou poser des mots sur l’injustice que je ressentais en moi. Ça passerait. C’était ça les relations humaines, et il fallait dire ce qui était, je n’étais pas à l’aise avec les relations humaines. Toujours timide et réservée, fluette et petite, j’étais passée championne dans l’art de me cacher et d’être invisible aux yeux du monde. Il avait toutefois été facile, dans mon comportement en classe, pour la femme en face de moi de m’avoir remarqué. Rien d’étonnant, et cette convocation ne l’avait pas été non plus.
Ainsi, je me contentais de hocher doucement la tête lorsqu’elle comprenait enfin mon traumatisme et mes difficultés. Néanmoins, je gardais le menton baissé, mes yeux à peine ouverts fixant mes mains posées sur mes cuisses. Je redoutais de devoir passer du temps avec elle, à l’instar que je l’avais fait avec Adora. C’était sans doute au-delà de mes forces.
Mais heureusement, le Fidelitas protégeait la relation que j’avais eue avec l’ancienne enseignante de Sortilèges. La femme en face de moi pouvait supposer que j’étais tombée amoureuse, elle pouvait deviner que j’avais vécu une rupture. En revanche, l’accès à l’information de quant à qui, ou, quand et comment lui était totalement inaccessible. Évidemment, il m’était hors de question de m’épancher sur ma vie privée auprès de cette femme. Il me semblait bien voir qu’elle souhaitait me venir en aide, mais j’avais un blocage évident et facile à comprendre. J’étais déjà bien entourée. Elle allait pouvoir m’aider pour guider à nouveau ma baguette, mais ça n’irait pas plus loin. Les personnes connaissant mes émois se comptaient sur les doigts de la main, et je ne voulais pas y rajouter quelqu’un, encore moins un professeur. Je l’avais fait une fois, pas deux. Gardant le regard baissé, je répondais d’une petite voix éteinte et timide, cette effervescence dont j’avais fait preuve tout à l’heure s’étant totalement évanoui, comme si j’avais été possédée.
- Mais je n’ai pas envie d’être traitée différemment des autres, ni bénéficier d’un traitement de faveur… Je ne suis pas handicapée ou infirme...
Détournant le regard, le laissant tout de même baissé, je continuais tranquillement mes explications. Me considérer différente n'allait pas aider ma guérison, je m'enfonçais déjà assez seule. Ce dont j'avais besoin, c'était de continuer comme si tout allait bien. Ce n'était pas une façon de fuir, mais justement de faire face et de lutter.
- Je n’ai pas perdu mes pouvoirs madame. Je n’ai aucune difficulté à l’utiliser, le problème réside uniquement en ma baguette. Nulle part ailleurs.
C’était saisir l’objet et le manipuler qui m’était difficile. Mes pouvoirs étaient toujours brûlants en moi, comme cette sorcière douée que j’avais toujours été. Mais sans mon instrument, j’étais comme… désaccordée. Tenir ma baguette alors qu’il y résidait un poil de loup-garou en son corps, alors que j’avais été sévèrement touchée par l’un d’eux, c’était une peur irrationnelle. J’en avais conscience, je le savais. J’avais tant bien que mal essayé de réutiliser ma baguette, mais les sortilèges avaient toujours été surprenants et particulièrement puissants, comme si je manipulais la baguette de quelqu’un d’autre. Puisque j’aimais les défis malgré moi, et que j’appréciais particulièrement la relation que j’avais avec ce petit bout de bois, je ne voulais pas en racheter une. Faire face c’était bien moins compliqué, mais ça allait me permettre de bien mieux avancer.
À sa suggestion d’emporter un objet, je secouais légèrement la tête en signe de négation. Quelle horreur, j’avais l’impression que nous parlions d’une morte. Et il était hors de question que j’emporte quoique ce soit, tout lui revenait. J’avais déjà chez moi ce qu’il me fallait, et il était impensable que je trahisse Adoración.
Encore une fois, j’écoutais ce qu’elle avait à me dire vis-à-vis de son poste en tant qu’enseignante. À dire vrai, ça m’était égal ce qu’elle faisait ici, ça m’était égal qu’elle la remplaçait elle. J’ignorais simplement ce qui s’était passé, et j’étais choquée. J’allais m’y faire, il me fallait simplement du temps, encore une fois. Et c’est pourquoi que je ne lui répondais pas. Je n’avais rien à dire en réalité alors je me contentais d’un simple hochement de tête. Elle était là. Adoración était partie. C’était fait. Point. Il n’y avait pas à revenir sur la décision de l’espagnole. Pas avec madame Di Lorenzi en tout cas.
Lorsqu’elle me tendit le livre, je relevais enfin les yeux pour lire rapidement le titre qui, je devais l’admettre, m’interpela quelque peu. C’était un sujet que j’avais sensiblement abordé avec Adoración mais sans vraiment m’arrêter dessus. J’étais persuadée que ça allait pouvoir m’être utile, et pas uniquement pour moi. Je pensais à mon cercle proche.
Timide, avec des gestes lents et mesurés, comme si je craignais le retour du bâton, j’attrapais le livre, l’ouvrais et le feuilletais avec curiosité. J’aimais les livres, j’aimais le savoir que je pouvais y trouver, j’avais une curiosité exacerbée, ce qui faisait que j’étais une sorcière plutôt douée, sans pour autant être talentueuse. Sans quitter les pages des yeux, je répondais.
- Merci… C’est intéressant en effet… est-ce vous qui l’avez écrit ?
Après tout, j’avais déjà lu des livres composés par des amis, ou des proches d’amis, alors, un de plus, ça ne m’étonnerait pas.
- InvitéInvité
Re: If you need help, just tell me [Abigail]
Mer 26 Sep 2018 - 12:04
Je restais interdite en entendant la jeune femme déclarer qu’elle n’était ni infirme, ni handicapée... Mais bon sang, il fallait vraiment que cette demoiselle apprenne à écouter les autres plutôt que de faire abstraction de ce qu’ils disaient. Où avait-elle entendu que je la traitais d’infirme ?? Je n’avais fait que lui dire que je pouvais repousser les examens ou les lui faire passer sans la présence de ces camarades. Et voilà maintenant qu’elle déclare comme si elle me l’avait expliqué auparavant que non ce n’est pas ses pouvoirs qui son en cause mais sa baguette... C’était pourtant bien elle qui 5 minutes plus tôt m’avait dit qu’elle avait des problèmes physiques et psychologiques et qu’elle subissait les conséquences en pratiquant sa magie ! Mon fort intérieur hurlait Achète une autre baguette voilà qui aurait été du bon sens mais pour rien au monde je n’en parlerais à cette demoiselle qui semblait s’effaroucher à chacune de mes paroles. A ma place qu’auriez-vous fait ? Je me sentais totalement désarmée face à elle et pourtant j’en avais vu des cas difficile pendant ma carrière de médicomages. J’espérais secrètement qu’elle avait quand même eu l’intelligence d’aller voir un psychomage pour l’aider car visiblement elle en avait grandement besoin.
Quand j’avais osé émettre l’idée qu’elle puisse prendre l’un des effets de son ancien professeur je ressentis totalement son indignation, sa haine envers ce que je venais de dire. Et voilà une fois de plus un faux comme pas comme si je venais de commettre moi-même un meurtre. Cela devenait très éprouvant pour moi d’être dans la même pièce que cette étudiante. J’avais beau être habituée à gérer des situations difficiles dans mon métier, dans ma vie personnelle et surtout dans ma vie de maman. Visiblement Miss Dowell souhaitait continuer de s’enfermer dans son drame personnel sans accepter que quelqu’un de totalement désintéressé puisse lui venir en aide. Puisqu’il en était ainsi je n’allais pas faire durer ce rendez-vous plus longtemps. Après tout j’avais d’autres étudiants qui eux avaient répondu de manière positive à ma proposition de les aider à surmonter leurs difficultés. Je ne me souvenais d’avoir été aussi revêche et aussi peu amène avec mes enseignants. Même à Poudlard lorsque ma magie m’avait abandonné, je n’avais pas envoyé les mains tendues sur les roses. L’indifférence que la jeune Ethelred me montrait était d’une violence incroyable. Si la jeune fille avait baillé cela l’aurait choqué tout autant mais elle fit preuve de beaucoup de sang froid et demeura totalement impassible. De même lorsqu’elle ignora totalement mon pauvre perroquet, mon pauvre Tesoro, je n’en revins pas. Elle n’avait eu aucune réaction pas même un étonnement, un mouvement de recul ou un battement de cil. Cette jeune fille était tellement auto-centrée qu’elle ne faisait pas attention aux autres êtres qui l’entouraient. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti autant d’animosité pour un être humain.
La seule chose qui sembla percuter son monde, sa bulle fut le livre que j’avais poussé devant elle. Autant dire qu’à la vue de tout le reste de ce rendez-vous je m’attendais presque à ce qu’elle me le jette à la figure, qu’elle l’ignore ou qu’elle parte. Mais non, il trouva grâce à ces yeux et elle en vint même à me demander si j’en étais l’auteur. Ses gestes très calculés comme si elle craignait que je ne lui fasse du mal ou que j’annule mon offre m’agaça. Cette jeune femme avait beau être en huitième année, son comportement était vraiment celui d’une petite fille prise en faute.
« Oui, il s’agit de la thèse que j’ai écrite et sur laquelle j’ai travaillé à Hungcalf pendant mes trois dernières années. Vous pouvez le garder si vous le souhaitez, je ne vais pas vous le reprendre. »
Afin de faire remonter un peu mon moral qui baissait à mesure que je parlais avec cette étudiante, ma main délicate se retrouva à prendre deux carrés de chocolat. Je n’étais pas un bec sucrée habituellement mais une fois n’était pas coutume et j’avais besoin de me sentir réconforté.
« Ecoutez Miss Dowell, je pense que nous avons fait le tour de la question. Visiblement votre problème semble très personnel et je ne semble pas être la personne de confiance qu’il vous faut. »
D’un mouvement élégant je me levais du fauteuil qui avait été celui de tous les prédécesseurs à ce poste de Professeur de Sortilèges. J’admirais les portraits de mes éminents collègues, me rappelant ici et là les histoires et les légendes que mon mentor m’avait conté à leurs sujets. Il était dommage de voir une jeune femme gâché son potentiel mais elle ne semblait pas être réceptive à la bienveillance, à la sollicitude ou même à une forme plus dure d’interventions. Peut-être qu’un autre enseignant sera plus enclin à l’aider et qu’elle sera plus réceptive à cette personne. Pour ma part je n’allais pas m’évertuer à nager contre le courant et à laisser une étudiante rabrouer ou ignorer chacune de mes interventions.
« J’espère que votre entourage familial, amical et médical est proche de vous afin que vous puissiez vous en sortir. »
Le dos crispé, la nuque un peu raide, je m’avançais lentement vers la porte, montrant à l'étudiante qu'il était temps de partir. Je n’avais pas envie qu’elle se sente rejetée par moi mais que voulez-vous je ne suis pas une sainte et les causes perdues j’en ai eu mon lot à Sainte-Mangouste. Ici il y avait des personnes et des étudiants qui voulaient ma présence et force était de constater que ce n’était pas le cas de Miss Doyle.
« Je vous souhaite vraiment de réussir à vous remettre de tout ce qui vous perturbe. Sachez que si un jour vous avez besoin de mes lumières, je serais là pour vous aider. Mais je doute que vous fassiez la démarche... Je vous libère de ce qui semble avoir été pour vous une séance de torture. »
J’ouvris la porte avec douceur, les gestes brusques n’étaient pas mon apanage mais surtout je n’avais pas envie de continuer un entretien qui semblait être une telle souffrance pour cette étudiante. Je n’avais pas l’âme d’une tortionnaire mais cette fille m’avait fait ressentir un tel niveau de souffrance que je me sentais anéantie moralement. J’allais avoir rapidement besoin d’un verre ou d’une soirée en forme de sas de décompression pour m’en remettre. La jeune étudiante passa devant moi sans mot dire. Parfois il était des situations qui ne pouvaient pas être résolus malgré toute la bonne volonté du monde.
Quand j’avais osé émettre l’idée qu’elle puisse prendre l’un des effets de son ancien professeur je ressentis totalement son indignation, sa haine envers ce que je venais de dire. Et voilà une fois de plus un faux comme pas comme si je venais de commettre moi-même un meurtre. Cela devenait très éprouvant pour moi d’être dans la même pièce que cette étudiante. J’avais beau être habituée à gérer des situations difficiles dans mon métier, dans ma vie personnelle et surtout dans ma vie de maman. Visiblement Miss Dowell souhaitait continuer de s’enfermer dans son drame personnel sans accepter que quelqu’un de totalement désintéressé puisse lui venir en aide. Puisqu’il en était ainsi je n’allais pas faire durer ce rendez-vous plus longtemps. Après tout j’avais d’autres étudiants qui eux avaient répondu de manière positive à ma proposition de les aider à surmonter leurs difficultés. Je ne me souvenais d’avoir été aussi revêche et aussi peu amène avec mes enseignants. Même à Poudlard lorsque ma magie m’avait abandonné, je n’avais pas envoyé les mains tendues sur les roses. L’indifférence que la jeune Ethelred me montrait était d’une violence incroyable. Si la jeune fille avait baillé cela l’aurait choqué tout autant mais elle fit preuve de beaucoup de sang froid et demeura totalement impassible. De même lorsqu’elle ignora totalement mon pauvre perroquet, mon pauvre Tesoro, je n’en revins pas. Elle n’avait eu aucune réaction pas même un étonnement, un mouvement de recul ou un battement de cil. Cette jeune fille était tellement auto-centrée qu’elle ne faisait pas attention aux autres êtres qui l’entouraient. Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti autant d’animosité pour un être humain.
La seule chose qui sembla percuter son monde, sa bulle fut le livre que j’avais poussé devant elle. Autant dire qu’à la vue de tout le reste de ce rendez-vous je m’attendais presque à ce qu’elle me le jette à la figure, qu’elle l’ignore ou qu’elle parte. Mais non, il trouva grâce à ces yeux et elle en vint même à me demander si j’en étais l’auteur. Ses gestes très calculés comme si elle craignait que je ne lui fasse du mal ou que j’annule mon offre m’agaça. Cette jeune femme avait beau être en huitième année, son comportement était vraiment celui d’une petite fille prise en faute.
« Oui, il s’agit de la thèse que j’ai écrite et sur laquelle j’ai travaillé à Hungcalf pendant mes trois dernières années. Vous pouvez le garder si vous le souhaitez, je ne vais pas vous le reprendre. »
Afin de faire remonter un peu mon moral qui baissait à mesure que je parlais avec cette étudiante, ma main délicate se retrouva à prendre deux carrés de chocolat. Je n’étais pas un bec sucrée habituellement mais une fois n’était pas coutume et j’avais besoin de me sentir réconforté.
« Ecoutez Miss Dowell, je pense que nous avons fait le tour de la question. Visiblement votre problème semble très personnel et je ne semble pas être la personne de confiance qu’il vous faut. »
D’un mouvement élégant je me levais du fauteuil qui avait été celui de tous les prédécesseurs à ce poste de Professeur de Sortilèges. J’admirais les portraits de mes éminents collègues, me rappelant ici et là les histoires et les légendes que mon mentor m’avait conté à leurs sujets. Il était dommage de voir une jeune femme gâché son potentiel mais elle ne semblait pas être réceptive à la bienveillance, à la sollicitude ou même à une forme plus dure d’interventions. Peut-être qu’un autre enseignant sera plus enclin à l’aider et qu’elle sera plus réceptive à cette personne. Pour ma part je n’allais pas m’évertuer à nager contre le courant et à laisser une étudiante rabrouer ou ignorer chacune de mes interventions.
« J’espère que votre entourage familial, amical et médical est proche de vous afin que vous puissiez vous en sortir. »
Le dos crispé, la nuque un peu raide, je m’avançais lentement vers la porte, montrant à l'étudiante qu'il était temps de partir. Je n’avais pas envie qu’elle se sente rejetée par moi mais que voulez-vous je ne suis pas une sainte et les causes perdues j’en ai eu mon lot à Sainte-Mangouste. Ici il y avait des personnes et des étudiants qui voulaient ma présence et force était de constater que ce n’était pas le cas de Miss Doyle.
« Je vous souhaite vraiment de réussir à vous remettre de tout ce qui vous perturbe. Sachez que si un jour vous avez besoin de mes lumières, je serais là pour vous aider. Mais je doute que vous fassiez la démarche... Je vous libère de ce qui semble avoir été pour vous une séance de torture. »
J’ouvris la porte avec douceur, les gestes brusques n’étaient pas mon apanage mais surtout je n’avais pas envie de continuer un entretien qui semblait être une telle souffrance pour cette étudiante. Je n’avais pas l’âme d’une tortionnaire mais cette fille m’avait fait ressentir un tel niveau de souffrance que je me sentais anéantie moralement. J’allais avoir rapidement besoin d’un verre ou d’une soirée en forme de sas de décompression pour m’en remettre. La jeune étudiante passa devant moi sans mot dire. Parfois il était des situations qui ne pouvaient pas être résolus malgré toute la bonne volonté du monde.
FIN DU RP
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