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Thèse et antithèse [Thomas]
Dim 14 Oct 2018 - 20:00
Je renvoyais un nouvel élève médiocre qui se contentait de faire le strict minimum dans mon cours. Comment est-ce que la jeunesse d'aujourd'hui arrivait à se contenter du minimum et non pas se donner à fond dans son cursus ? Ils jouaient leurs vies, en avaient-ils conscience ? La suffisance de ces jeunes allaient me donner une terrible migraine j'en avais bien peur. Pourtant, j'étais habituée à faire face à des enfants, mais je remarquais que c'était d'autant plus simple lorsque c'était les miens. Claquant la porte, comme j'avais l'habitude de le faire, je me retrouvais seule dans ma salle de cours. M'appuyant contre un bureau, je venais me masser les tempes en grommelant. Si peu de discipline… c'était… intolérable ! J'aurai aimé pouvoir donner des leçons bien senties à tous ces impertinents, mais ma mission en tant que professeur et directrice était bien plus importante que mes propres frustrations.
Alors que je me concentrais sur le doux frémissement de l'eau bouillante dans l'un de mes chaudrons, une préparation en cours, je sursautais lorsqu'un bruit de fracas immense raisonna dans tout le sous-sol. Ouvrant de grands yeux menaçants, prête à faire face à la moindre menace, je réalisais que mon seul ennemi n'était autre que la porte de la classe. Tant et si bien malmenée par mes soins à être ouverte et fermée sauvagement, les gonds n'avaient pas réussir à cet ultime élève. La voilà à terre et pesant bien son poids. Sans la moindre envie de faire un tout petit effort, j'appelais mon Augurey, Raviel. Docile, le volatil aux plumes noirs et aux reflets verts vint se poser sur mon épaule tandis que j'écrivais rapidement quelque mots sur un bout de parchemin. Je l'enroulais puis le tendais à l'oiseau qui prit le papier entre ses pattes avant de s'envoler par le trou laissé par la porte.
Cette réparation était digne d'un travail de concierge, pas d'une enseignante à fleur de peau ce soir comme moi. Retrouvant quelque peu mon calme, je jetais un œil à mon chaudron sur le feu avant de me souvenir que j'avais une étagère remplie de vieux dossiers que j'avais hérité de mon prédécesseur. Je n'avais pas souhaité m'en charger tout de suite, estimant que je n'étais pas assez intégrée à l'université pour juger de ce qui pouvait être utile ou non. À présent, l'eau avait coulé sous les ponts, et j'étais fatiguée d'avoir sans cesse du coin de l'œil cette paperasse.
Me saisissant alors d'une pile, je la posais sur mon bureau et prenait le premier dossier pour me plonger dans sa lecture en attendant la venue de l'homme que j'avais convoqué.
Alors que je me concentrais sur le doux frémissement de l'eau bouillante dans l'un de mes chaudrons, une préparation en cours, je sursautais lorsqu'un bruit de fracas immense raisonna dans tout le sous-sol. Ouvrant de grands yeux menaçants, prête à faire face à la moindre menace, je réalisais que mon seul ennemi n'était autre que la porte de la classe. Tant et si bien malmenée par mes soins à être ouverte et fermée sauvagement, les gonds n'avaient pas réussir à cet ultime élève. La voilà à terre et pesant bien son poids. Sans la moindre envie de faire un tout petit effort, j'appelais mon Augurey, Raviel. Docile, le volatil aux plumes noirs et aux reflets verts vint se poser sur mon épaule tandis que j'écrivais rapidement quelque mots sur un bout de parchemin. Je l'enroulais puis le tendais à l'oiseau qui prit le papier entre ses pattes avant de s'envoler par le trou laissé par la porte.
Cette réparation était digne d'un travail de concierge, pas d'une enseignante à fleur de peau ce soir comme moi. Retrouvant quelque peu mon calme, je jetais un œil à mon chaudron sur le feu avant de me souvenir que j'avais une étagère remplie de vieux dossiers que j'avais hérité de mon prédécesseur. Je n'avais pas souhaité m'en charger tout de suite, estimant que je n'étais pas assez intégrée à l'université pour juger de ce qui pouvait être utile ou non. À présent, l'eau avait coulé sous les ponts, et j'étais fatiguée d'avoir sans cesse du coin de l'œil cette paperasse.
Me saisissant alors d'une pile, je la posais sur mon bureau et prenait le premier dossier pour me plonger dans sa lecture en attendant la venue de l'homme que j'avais convoqué.
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Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Dim 14 Oct 2018 - 20:37
Depuis la rentrée, je retrouvais peu à peu mes petites habitudes. Un vent de nouveauté semblait avoir chassé les vielles rumeurs et le scandale de l'été. J'étais heureux de constater que la majorité de la masse estudiantine m'ignorait de nouveau comme naguère. Je pouvais recommencer à travailler sans sentir le poids du jugement peser sur mes épaules (le dernier numéro du Chineur m'y avait bien aidé, puisqu'une fois de plus, la lumière du scandale s'était trouvée dirigé sur d'autres que moi). Qui plus est, il semblait bien que mon passage en Roumanie ait largement contribué à renforcer ma propre estime personnelle : je vivais désormais plus sereinement les allusions autour de mon hybridation et ce qui me faisait autrefois bondir m'amusait désormais (tout du moins, tant que cela ne dépassait pas une certaine limite).
Enfin, tout ça pour dire que j'étais bien tranquille : ma soirée s'annonçait sans ombrage et j'en venais même à me dire que ça vaudrait peut-être le coup de prévenir Even, pour que l'on aille se boire un verre sur les remparts. Naturellement, le destin se chargea bien de contrarier mes plans (comme d'habitude, finalement). Au détour d'un couloir, je vis apparaître la silhouette inquiétante d'un volatile au plumage vert bouteille et qui tenait une missive entre les pattes. La chose (j'avais à peu près suivi les cours de soin aux créatures magiques) n'était autre qu'un Augurey : genre d'oiseau réputé pour annoncer la mort, alors qu'en fin de compte il n'est juste bon qu'à donner la météo. Alors, je ne connaissais pas en détail la ménagerie de tous les habitants du château, mais un Augurey était assez atypique pour en avoir entendu parler... Et c'était là où le sort devenait cruel avec moi, puisqu'il ne s'agissait ni plus, ni moins de la redouté madame Skinner.
Cette sorcière avait la réputation d'une véritable reine des glaces. Matriarche d'une grande famille de sang-pur, j'étais tenté de la comparer à Atalante Muller (sur la seule base de la réputation), encore que celle-ci avait une belle carrière à son actif. Plus qu'une simple pondeuse arrogante, Agrippa était réputée pour son talent et l'intransigeance avec laquelle elle dirigeait la maison Summerbee (je plaignais le pauvre Ayden).
Enfin... Tout cela pour dire que nous n'avions pas grand chose en commun et que c'était sans doute pour cela qu'on ne s'était jamais tellement adressé la parole (j'étais courtois et professionnel, mais pas masochiste au point d'entamer une conversation). Enfin bref, j'étais bien dubitatif en déroulant le bout de parchemin griffonné à la hâte. Madame Skinner expliquait brièvement avoir immédiatement besoin de mes compétences, mais sans entrer dans les précisions. En gros, j'étais prié de me pointer sans faire d'histoire, de préférence tout de suite.
Grimaçant légèrement, j'obtempérais sans tergiverser. Quelque part, la curiosité me piquait, car je voyais mal quel genre de contexte pouvait engendrer une telle requête. La maîtresse des potions avait peut-être fait explosé un de ses chaudrons ? Qui sait... J'imaginais sans mal que les tâches ingrates reviennent au petit personnel... Heh, dans le fond, c'était mon boulot et je ne m'en plaignais pas.
« Madame Skinner...
M'exclamais-je en arrivant devant la porte de sa classe... Tout du moins, ce qu'il en restait. L'imposant ouvrage de bois massif gisait piteusement au pied de l'encadrement.
« Vous permettez si j'entre sans frapper ?
Glissais-je alors, non sans esquisser un sourire profondément amusé (et peut-être un peu moqueur, car il fallait voir sa tête, derrière son grand bureau, avec la porte étendue par terre). Sans plus attendre, j'enjambais la masse afin de me retrouver à l'intérieur et me penchais ensuite au niveau des gonds.
« Dites, vous n'y êtes pas allé de main morte... C'est du meurtre à ce stade. Le château est classé, vous le saviez ?
Je laissais échapper un petit rire fort peu fin : l'adolescent insolent qui vivait en moi peinait à refréner l'envie d'assaisonner ce moment de quelques plaisanteries douteuses (surtout vu l'air exaspéré qu'elle arborait déjà)... Mais c'était vraiment trop tentant.
Enfin, tout ça pour dire que j'étais bien tranquille : ma soirée s'annonçait sans ombrage et j'en venais même à me dire que ça vaudrait peut-être le coup de prévenir Even, pour que l'on aille se boire un verre sur les remparts. Naturellement, le destin se chargea bien de contrarier mes plans (comme d'habitude, finalement). Au détour d'un couloir, je vis apparaître la silhouette inquiétante d'un volatile au plumage vert bouteille et qui tenait une missive entre les pattes. La chose (j'avais à peu près suivi les cours de soin aux créatures magiques) n'était autre qu'un Augurey : genre d'oiseau réputé pour annoncer la mort, alors qu'en fin de compte il n'est juste bon qu'à donner la météo. Alors, je ne connaissais pas en détail la ménagerie de tous les habitants du château, mais un Augurey était assez atypique pour en avoir entendu parler... Et c'était là où le sort devenait cruel avec moi, puisqu'il ne s'agissait ni plus, ni moins de la redouté madame Skinner.
Cette sorcière avait la réputation d'une véritable reine des glaces. Matriarche d'une grande famille de sang-pur, j'étais tenté de la comparer à Atalante Muller (sur la seule base de la réputation), encore que celle-ci avait une belle carrière à son actif. Plus qu'une simple pondeuse arrogante, Agrippa était réputée pour son talent et l'intransigeance avec laquelle elle dirigeait la maison Summerbee (je plaignais le pauvre Ayden).
Enfin... Tout cela pour dire que nous n'avions pas grand chose en commun et que c'était sans doute pour cela qu'on ne s'était jamais tellement adressé la parole (j'étais courtois et professionnel, mais pas masochiste au point d'entamer une conversation). Enfin bref, j'étais bien dubitatif en déroulant le bout de parchemin griffonné à la hâte. Madame Skinner expliquait brièvement avoir immédiatement besoin de mes compétences, mais sans entrer dans les précisions. En gros, j'étais prié de me pointer sans faire d'histoire, de préférence tout de suite.
Grimaçant légèrement, j'obtempérais sans tergiverser. Quelque part, la curiosité me piquait, car je voyais mal quel genre de contexte pouvait engendrer une telle requête. La maîtresse des potions avait peut-être fait explosé un de ses chaudrons ? Qui sait... J'imaginais sans mal que les tâches ingrates reviennent au petit personnel... Heh, dans le fond, c'était mon boulot et je ne m'en plaignais pas.
« Madame Skinner...
M'exclamais-je en arrivant devant la porte de sa classe... Tout du moins, ce qu'il en restait. L'imposant ouvrage de bois massif gisait piteusement au pied de l'encadrement.
« Vous permettez si j'entre sans frapper ?
Glissais-je alors, non sans esquisser un sourire profondément amusé (et peut-être un peu moqueur, car il fallait voir sa tête, derrière son grand bureau, avec la porte étendue par terre). Sans plus attendre, j'enjambais la masse afin de me retrouver à l'intérieur et me penchais ensuite au niveau des gonds.
« Dites, vous n'y êtes pas allé de main morte... C'est du meurtre à ce stade. Le château est classé, vous le saviez ?
Je laissais échapper un petit rire fort peu fin : l'adolescent insolent qui vivait en moi peinait à refréner l'envie d'assaisonner ce moment de quelques plaisanteries douteuses (surtout vu l'air exaspéré qu'elle arborait déjà)... Mais c'était vraiment trop tentant.
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Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Lun 15 Oct 2018 - 13:49
Mes yeux froids azurés se levèrent du dossier que j'étais en train de parcourir lorsque j'entendais prononcer mon nom. Voyant le concierge dans l'encadrement de la porte, son regard critique sur ma porte morte à ses pieds ne m'échappa pas, pourtant, je ne fis aucun commentaire. Sans relever la tête, le front toujours pointé en direction de mon bureau, je lui fis un simple signe de la main pour l'inviter à entrer. Je n'étais pas spécialement d'humeur à plaisanter, car dans d'autres circonstances, j'aurai pu lui demander de frapper son petit poing de concierge sur le bois massif avant de poser ses pieds dans ma salle de cours.
Son sourire et son était moqueur me laissèrent de marbre. À croire qu'ici à Hungcalf, même les adultes prononcés étaient victimes de la même bêtise que les élèves. Il n'y en avait pas beaucoup pour relever le niveau hélas. Qu'avais-je fais pour mériter un tel traitement ?
J'étais certes une femme froide, distance, aux tendances sadiques, mais pourtant je savais rester droite et juste. Manquer de respect semblait être un concours à la mode dernièrement, et je me surprenais presque à bénir ceux que je rencontrais et qui avaient reçu une éducation quelque peu cadrée. De temps à autres, mes moments passés avec Tzvetelina me manquaient.
Me contentant de pousser un lent soupir à la dernière remarque du sous-fifre de l'université, je le fixais de mon air hautain et plein de froideur avant de rétorquer d'un ton presque monotone.
- Et bien dans ce cas, tâchez de réparer tout ceci pour que ce soit toujours classé.
Il me donnera un cours d'histoire un peu plus tard, lorsqu'il aura effectué son travail. J'adorais l'histoire, elle était le fondement de ce que nous étions, et nous avions tout à en apprendre. Mais pour l'heure, il y avait plus urgent et des préoccupations bien plus importantes.
En parlant de classement, je pliais mon premier dossier, l'ayant trouvé absolument inintéressant avant de le repousser de manière négligente sur un bord de mon bureau. Laissant l'homme à sa réparation et à son travail, car après tout je n'avais aucune raison de lui apporter des difficultés, l'état de la porte, des gonds et du mur s'en chargeaient déjà très bien à ma place, je poursuivais la lecture de mon second dossier.
D'abord inintéressée car distraite et las, le résumé de la thèse attira toute mon intention et enfin, je voyais que ma journée allait peut-être bien se termine. Silencieuse, je me redressais sur mon siège tout en m'adossant au dossier, relevant les papiers pour les lever devant moi. Non sans un regard au concierge pour tout de même surveiller qu'il ne détruise pas davantage qu'il ne réparait, je poursuivais ma lecture, les feuilles en lévitation devant moi.
Au fur et à mesure de ma lecture, mon regard se fit plus intense, plus perçant. Mes sourcils se froncèrent sensiblement alors que je m'accoudais, mon index de la main droite passant sur mes lèvres en un geste distrait par mon récit. Après avoir parcouru encore quelques lignes, je me permettais de reprendre la parole.
- Votre nom est bien Thomas Cioban n'est-ce pas ?
Son sourire et son était moqueur me laissèrent de marbre. À croire qu'ici à Hungcalf, même les adultes prononcés étaient victimes de la même bêtise que les élèves. Il n'y en avait pas beaucoup pour relever le niveau hélas. Qu'avais-je fais pour mériter un tel traitement ?
J'étais certes une femme froide, distance, aux tendances sadiques, mais pourtant je savais rester droite et juste. Manquer de respect semblait être un concours à la mode dernièrement, et je me surprenais presque à bénir ceux que je rencontrais et qui avaient reçu une éducation quelque peu cadrée. De temps à autres, mes moments passés avec Tzvetelina me manquaient.
Me contentant de pousser un lent soupir à la dernière remarque du sous-fifre de l'université, je le fixais de mon air hautain et plein de froideur avant de rétorquer d'un ton presque monotone.
- Et bien dans ce cas, tâchez de réparer tout ceci pour que ce soit toujours classé.
Il me donnera un cours d'histoire un peu plus tard, lorsqu'il aura effectué son travail. J'adorais l'histoire, elle était le fondement de ce que nous étions, et nous avions tout à en apprendre. Mais pour l'heure, il y avait plus urgent et des préoccupations bien plus importantes.
En parlant de classement, je pliais mon premier dossier, l'ayant trouvé absolument inintéressant avant de le repousser de manière négligente sur un bord de mon bureau. Laissant l'homme à sa réparation et à son travail, car après tout je n'avais aucune raison de lui apporter des difficultés, l'état de la porte, des gonds et du mur s'en chargeaient déjà très bien à ma place, je poursuivais la lecture de mon second dossier.
D'abord inintéressée car distraite et las, le résumé de la thèse attira toute mon intention et enfin, je voyais que ma journée allait peut-être bien se termine. Silencieuse, je me redressais sur mon siège tout en m'adossant au dossier, relevant les papiers pour les lever devant moi. Non sans un regard au concierge pour tout de même surveiller qu'il ne détruise pas davantage qu'il ne réparait, je poursuivais ma lecture, les feuilles en lévitation devant moi.
Au fur et à mesure de ma lecture, mon regard se fit plus intense, plus perçant. Mes sourcils se froncèrent sensiblement alors que je m'accoudais, mon index de la main droite passant sur mes lèvres en un geste distrait par mon récit. Après avoir parcouru encore quelques lignes, je me permettais de reprendre la parole.
- Votre nom est bien Thomas Cioban n'est-ce pas ?
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Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Mar 16 Oct 2018 - 20:07
N'attendant aucune autre sorte de réaction de la part de la directrice de la maison Summerbee, j'acquiesçais à sa réplique d'un signe de tête et avec toujours le même sourire malicieux fiché sur les lèvres.
« A vos ordres, Madame.
Glissais-je d'un ton enthousiaste, avant d'ôter la veste de mon costume et retrousser les manches de ma chemise. Ma petite inspection avait révélé deux choses : la première était une vis manquante au niveau des gonds (qui avait fragilisé toute la structure) et la seconde, une vilaine déformation de la gâche sur le dormant de la porte (sans doute provoqué par le poids du battant, au moment de la chute).
« Je reviens dans un instant : il me faut des pièces.
Informais-je succinctement avant de tourner les talons. Je me doutais bien que la réalité de ces réparations intéressaient fort peu Madame Skinner, mais bon : j'étais assez bien élevé pour expliquer (à minima) la raison de mes allées et venues. Cette dernière semblait d'ailleurs plongée dans son travail et même si j'étais d'humeur taquine, je ne souhaitais pas la déranger plus que cela (je n'étais pas certain qu'elle m'ait même entendu).
Enfin, je ne tardais pas à faire l'aller retour entre ma remise et la salle de classe. En effet, depuis dix ans que je travaillais à l'Université, j'avais pris soin de stocker un nombre incalculable de pièces et d'outils utiles aux réparations de ce type (le château obéissant à une architecture stricte, je me devais d'utiliser les matériaux et les pièces adaptées). A ce titre, le moindre clou était chargé d'énergie magique (voire d'enchantements), pouvant entraîner de terribles accidents... En définitive, une tâche aussi simple que la réparation d'une porte se résumait à tout sauf à un travail d'amateur.
Genou à terre, j'entrepris donc de dévisser minutieusement la serrure du bâti. Une fois la partie extraite du mur, je m'appliquais à lui rendre sa forme originelle à la force d'un sortilège d'ajustement spécifique. Cette dernière avait subit de nombreux enchantements au cours des siècles (de l'ouverture forcée au verrouillage inviolable, on imaginait combien cela l'avait malmené). Je fis donc particulièrement attention, craignant de me prendre un retour de sort dans la figure. Entre temps, j'entendis la voix de la professeure s'élever.
« Huhun.
Répondais-je machinalement, ayant un tournevis en travers de la bouche qui m'empêchait d'articuler une réponse plus construite. Mon regard était rivé sur l'espace béant au niveau du bâti et je ne m'interrogeais pas davantage au sujet de cette curieuse question.
A dire vrai, j'essayais de savoir si le sortilège lié à la serrure se retrouvait dans l'ensemble de l’encadrement et donc s'il me fallait effectuer une synchronisation avant de revisser le tout ensemble. Dans la mesure où c'était généralement le cas pour les autres portes des salles de classes, je pris le parti de resynchroniser les pièces avant de les assembler (et à raison, visiblement). Maintenant que cette partie était réparée, il ne me restait plus qu'à inspecter les gonds.
« A vos ordres, Madame.
Glissais-je d'un ton enthousiaste, avant d'ôter la veste de mon costume et retrousser les manches de ma chemise. Ma petite inspection avait révélé deux choses : la première était une vis manquante au niveau des gonds (qui avait fragilisé toute la structure) et la seconde, une vilaine déformation de la gâche sur le dormant de la porte (sans doute provoqué par le poids du battant, au moment de la chute).
« Je reviens dans un instant : il me faut des pièces.
Informais-je succinctement avant de tourner les talons. Je me doutais bien que la réalité de ces réparations intéressaient fort peu Madame Skinner, mais bon : j'étais assez bien élevé pour expliquer (à minima) la raison de mes allées et venues. Cette dernière semblait d'ailleurs plongée dans son travail et même si j'étais d'humeur taquine, je ne souhaitais pas la déranger plus que cela (je n'étais pas certain qu'elle m'ait même entendu).
Enfin, je ne tardais pas à faire l'aller retour entre ma remise et la salle de classe. En effet, depuis dix ans que je travaillais à l'Université, j'avais pris soin de stocker un nombre incalculable de pièces et d'outils utiles aux réparations de ce type (le château obéissant à une architecture stricte, je me devais d'utiliser les matériaux et les pièces adaptées). A ce titre, le moindre clou était chargé d'énergie magique (voire d'enchantements), pouvant entraîner de terribles accidents... En définitive, une tâche aussi simple que la réparation d'une porte se résumait à tout sauf à un travail d'amateur.
Genou à terre, j'entrepris donc de dévisser minutieusement la serrure du bâti. Une fois la partie extraite du mur, je m'appliquais à lui rendre sa forme originelle à la force d'un sortilège d'ajustement spécifique. Cette dernière avait subit de nombreux enchantements au cours des siècles (de l'ouverture forcée au verrouillage inviolable, on imaginait combien cela l'avait malmené). Je fis donc particulièrement attention, craignant de me prendre un retour de sort dans la figure. Entre temps, j'entendis la voix de la professeure s'élever.
« Huhun.
Répondais-je machinalement, ayant un tournevis en travers de la bouche qui m'empêchait d'articuler une réponse plus construite. Mon regard était rivé sur l'espace béant au niveau du bâti et je ne m'interrogeais pas davantage au sujet de cette curieuse question.
A dire vrai, j'essayais de savoir si le sortilège lié à la serrure se retrouvait dans l'ensemble de l’encadrement et donc s'il me fallait effectuer une synchronisation avant de revisser le tout ensemble. Dans la mesure où c'était généralement le cas pour les autres portes des salles de classes, je pris le parti de resynchroniser les pièces avant de les assembler (et à raison, visiblement). Maintenant que cette partie était réparée, il ne me restait plus qu'à inspecter les gonds.
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Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Jeu 18 Oct 2018 - 19:46
Cet homme était aussi impertinent que mes élèves, et si ça ne tenait qu'à moi, je l'aurai changé Paresseux… car il avait cet air d'abruti que je reconnaissais sur cet animal moldu aussi moche que mou. Ainsi, je me contentais de me concentrer sur mes dossiers alors que je le laissais faire son travail. Aussi froide et brusque que je puisse être, je n'étais pas une charge lorsqu'un professionnel de confiance s'occupait de l'un de mes biens, car je le reconnaissais, cet homme faisait très bien son travail, malgré son air ahuri.
Voilà pourquoi lorsqu'il me signifiait revenir, je me contentais d'un geste de la main, l'invitant à faire ce qu'il devait faire, sans toutefois relever les yeux de mes papiers. Je pouvais être une femme compliquée sur bien des points, mais pas sur la manière de travailler de mes collègues. Chacun était à sa place et gardait son enclos, et les moutons seraient bien gardé. Quoique des fois, à l'observer et entendre des rumeurs sur lui, je me questionnais sur la place du concierge en question. Berger, ou mouton ?
Et alors que je l'entendais revenir, mon regard azuré se posa d'une lenteur extrême sur lui alors que je le voyais entamer ses réparations. Plissant très lentement les yeux, je les reposais sur mon dossier d'un air froid et mauvais tandis que mon visage démontrait ma réflexion profonde. Mes dossiers précédents étaient d'un ennui mortel. Celui-ci en revanche avait capté toute mon attention, au moins, le sujet avait ce mérite d'être original… et peut-être qu'il allait pouvoir me servir pour mes propres recherches. J'étais ce genre de femme à penser que le hasard n'existait pas vraiment. C'était ce soir que j'avais décidé de trier mes dossiers, que j'étais tombé sur celui que je tenais dans la main, et que ma proie était juste là, sous mon nez.
Alors, à sa confirmation, et toujours avec une lenteur mesurée, je me redressais du haut de mon corps élancé avant de le rejoindre de cette démarche autoritaire mais non pas moins gracieuse qui me personnifiait avant de lui tendre simplement le dossier que j'étais en train de lire. Je lui laissais le temps de parcourir les premières lignes avant de commenter, de manière très simple, mais aussi incisive.
- Sujet intéressant, n'est-il pas ?
Voilà pourquoi lorsqu'il me signifiait revenir, je me contentais d'un geste de la main, l'invitant à faire ce qu'il devait faire, sans toutefois relever les yeux de mes papiers. Je pouvais être une femme compliquée sur bien des points, mais pas sur la manière de travailler de mes collègues. Chacun était à sa place et gardait son enclos, et les moutons seraient bien gardé. Quoique des fois, à l'observer et entendre des rumeurs sur lui, je me questionnais sur la place du concierge en question. Berger, ou mouton ?
Et alors que je l'entendais revenir, mon regard azuré se posa d'une lenteur extrême sur lui alors que je le voyais entamer ses réparations. Plissant très lentement les yeux, je les reposais sur mon dossier d'un air froid et mauvais tandis que mon visage démontrait ma réflexion profonde. Mes dossiers précédents étaient d'un ennui mortel. Celui-ci en revanche avait capté toute mon attention, au moins, le sujet avait ce mérite d'être original… et peut-être qu'il allait pouvoir me servir pour mes propres recherches. J'étais ce genre de femme à penser que le hasard n'existait pas vraiment. C'était ce soir que j'avais décidé de trier mes dossiers, que j'étais tombé sur celui que je tenais dans la main, et que ma proie était juste là, sous mon nez.
Alors, à sa confirmation, et toujours avec une lenteur mesurée, je me redressais du haut de mon corps élancé avant de le rejoindre de cette démarche autoritaire mais non pas moins gracieuse qui me personnifiait avant de lui tendre simplement le dossier que j'étais en train de lire. Je lui laissais le temps de parcourir les premières lignes avant de commenter, de manière très simple, mais aussi incisive.
- Sujet intéressant, n'est-il pas ?
- InvitéInvité
Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Jeu 18 Oct 2018 - 20:49
Le mouvement de l'enseignante m'arracha à mes occupations et je relevais naturellement le regard en direction du dossier, au moment où elle me le tendit. Je devais bien admettre que de voir affiché sous mes yeux le titre de la thèse de Penny me fit un drôle d'effet : cela faisait bien longtemps que la jeune femme avait quitté l'Université pour poursuivre sa route ailleurs. J'avais eu le temps d'oublier toute cette histoire, mais à l'époque cela nous avait pas mal occupé.
« Le sujet de thèse de Penelope Blackwell.
Répliquais-je simplement en parcourant l'introduction. Pas besoin d'être un aigle pour comprendre pourquoi elle m'avait redemandé mon nom : j'étais le principal sujet dans cette étude. A ce titre, mon bilan sanguin devait encore s'y trouver... Curieux : je n'imaginais pas que l'on garde cela ici.
« Un projet qui n'aura jamais abouti.
Fis-je alors, rendant à l'enseignante son dossier. Mon regard sombre se ficha un instant dans les yeux froids de la directrice des Summerbees, comme je me prenais à sonder ses expressions. Elle avait eu cette manière curieuse de me mettre la thèse de Penny en évidence, comme si cela représentait quelque secret ou que sais-je... Je ne sais pas si elle s'attendait à ce que je réagisse comme un être tout juste découvert ou... Ou bien quoi ? Les manières de cette femme me laissaient perplexes, mais puisqu'il était évident qu'elle me méprisait par essence, je suppose qu'à ses yeux la courtoisie se situait au bon niveau. Dans tous les cas, je décidais d'assumer les choses.
« Aucune étude sérieuse sur le sang des dhampires, professeur Skinner : je ne vous apprend rien, je suppose.
Mon intonation n'était plus amusée, ni légère... Mais elle n'étais pas froide non plus, simplement neutre, conversationnelle (mais agrémentée peut-être d'une pointe incisive identique à celle qu'elle avait elle-même employé un peu plus tôt). Dans le même temps, mon regard la sondait toujours, attendant de voir si elle allait me faire insulte : je connaissait fort bien la mentalité des sang-purs et l'attendait au tournant. Leur aura de supériorité ne m'impressionnait pas.
« Penny avait eu l'occasion de faire quelques analyses à l'époque.
Poursuivais-je alors d'un air plus léger (bien que toujours sérieux), l'attention enfin reportée sur les gonds de la porte.
« Des résultats prometteurs.
Je n'en dis pas plus : elle n'aurait qu'à lire la fin du dossier pour les connaître. A l'époque, la jeune femme avait découvert que mon sang pouvait servir de substitut efficace au sang de vampire, en potion. Cependant, ma nature étant différente de celle d'un vampire ordinaire (sur de nombreux plans), toute la question était de savoir ce qu'il avait d'unique (et donc les nouvelles perspectives qu'il offrait).
Les propriétés régénératrices avaient (en outre) été mises en avant. En effet, étant incapable de dormir, mon organisme bénéficiait d'une remarquable capacité à se réparer sans repos. Qui plus est, j'étais à même de vivre sans me nourrir de sang et je tolérais (assez mal, mais tout de même) la lumière du jour. Autant de facultés qu'un scientifique chevronné trouverait intéressant et que ma propre mère (spécialiste de la question vampire) n'avait pas exploré. Hélas, Penelope s'en était allée et il semblait bien que toutes ces questions ne trouvent jamais de réponse.
« Le sujet de thèse de Penelope Blackwell.
Répliquais-je simplement en parcourant l'introduction. Pas besoin d'être un aigle pour comprendre pourquoi elle m'avait redemandé mon nom : j'étais le principal sujet dans cette étude. A ce titre, mon bilan sanguin devait encore s'y trouver... Curieux : je n'imaginais pas que l'on garde cela ici.
« Un projet qui n'aura jamais abouti.
Fis-je alors, rendant à l'enseignante son dossier. Mon regard sombre se ficha un instant dans les yeux froids de la directrice des Summerbees, comme je me prenais à sonder ses expressions. Elle avait eu cette manière curieuse de me mettre la thèse de Penny en évidence, comme si cela représentait quelque secret ou que sais-je... Je ne sais pas si elle s'attendait à ce que je réagisse comme un être tout juste découvert ou... Ou bien quoi ? Les manières de cette femme me laissaient perplexes, mais puisqu'il était évident qu'elle me méprisait par essence, je suppose qu'à ses yeux la courtoisie se situait au bon niveau. Dans tous les cas, je décidais d'assumer les choses.
« Aucune étude sérieuse sur le sang des dhampires, professeur Skinner : je ne vous apprend rien, je suppose.
Mon intonation n'était plus amusée, ni légère... Mais elle n'étais pas froide non plus, simplement neutre, conversationnelle (mais agrémentée peut-être d'une pointe incisive identique à celle qu'elle avait elle-même employé un peu plus tôt). Dans le même temps, mon regard la sondait toujours, attendant de voir si elle allait me faire insulte : je connaissait fort bien la mentalité des sang-purs et l'attendait au tournant. Leur aura de supériorité ne m'impressionnait pas.
« Penny avait eu l'occasion de faire quelques analyses à l'époque.
Poursuivais-je alors d'un air plus léger (bien que toujours sérieux), l'attention enfin reportée sur les gonds de la porte.
« Des résultats prometteurs.
Je n'en dis pas plus : elle n'aurait qu'à lire la fin du dossier pour les connaître. A l'époque, la jeune femme avait découvert que mon sang pouvait servir de substitut efficace au sang de vampire, en potion. Cependant, ma nature étant différente de celle d'un vampire ordinaire (sur de nombreux plans), toute la question était de savoir ce qu'il avait d'unique (et donc les nouvelles perspectives qu'il offrait).
Les propriétés régénératrices avaient (en outre) été mises en avant. En effet, étant incapable de dormir, mon organisme bénéficiait d'une remarquable capacité à se réparer sans repos. Qui plus est, j'étais à même de vivre sans me nourrir de sang et je tolérais (assez mal, mais tout de même) la lumière du jour. Autant de facultés qu'un scientifique chevronné trouverait intéressant et que ma propre mère (spécialiste de la question vampire) n'avait pas exploré. Hélas, Penelope s'en était allée et il semblait bien que toutes ces questions ne trouvent jamais de réponse.
- InvitéInvité
Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Ven 19 Oct 2018 - 14:00
Mon regard froid sonda le concierge alors qu'il commentait avec une simplicité presque déroutante ce dossier. L'étude de cette élève, médiocre s'il en est puisqu'elle avait quitté l'université, était pour le moins intéressantes, et aurait pu donner des résultats sans doute intéressants. Bien sûr, je n'étais pas de ceux qui encourageaient l'hybridation, bien au contraire. Il fallait savoir garder des souches pures, comme chez les Skinner, pour faire perdurer les traditions et le respect. Cette créature absurde qui se trouvait devant moi à réparer ma porte n'était qu'une erreur de la nature. Il n'a vu le jour uniquement à cause d'une pulsion sexuelle dégueulasse entre une création de la nuit et une simple sorcière, qui devrait à mon humble avis, brûler sur un bucher. Mais puisque je savais que ces traditions dataient quelque peu, je me gardais bien de toute commentaire, aussi verbaux que de mon expression faciale. Je semblais parfaitement imperturbable. Et c'était le cas.
Je récupérais alors tranquillement mon dossier lorsqu'il me le rendait, sans me lasser de constater cette neutralité qu'avait l'homme comme tout comportement. Est-ce que ce sujet le désintéressait à ce point, ou alors ne voulait-il pas me le montrer à moi ? Femme d'une grande famille de sang-pur reconnue ? Ho bien sûr j'avais eu vent des rumeurs concernant lui et sa prostituée de fiancée, toutefois, si les Muller appréciaient à salir leurs images, grand bien leur fasse. Mon intérêt ici allait bien au-delà des Muller, ou encore de la bonne tenue de ma propre famille.
Alors que l'intérêt du concierge retourna à l'attention de la porte, je ne pouvais m'empêcher de commenter tout simplement.
- Vous m'en direz tant…
Restant alors ainsi debout non loin de lui, j'ouvrais à nouveau ce dossier, qui avait apparemment réellement attiré mon attention, un air concentré et concerné sur le visage. Je lisais l'étendue des recherches de l'étudiante, tournant les pages avec une attention particulière, démontrant à quel point je pouvais être une femme redoutable, car il était certains qu'aucuns détails ne me manquaient. De plus, je n'avais pas perdu ma vigilance, prouvé par les quelques coups d'œil rapides que j'adressais de temps à autre à mon menuisier improvisé de ce soir.
Le sang de vampire avait des propriétés tout à fait intéressantes, et celui du dhampire l'était, par cette thèse que je tenais dans les mains, tout autant. Plissant les yeux, un bon nombre d'idées germa dans mon esprit qui tournait à présent à vive allure pour calculer les probabilités et les échecs. J'avais ainsi été éduquée pour mesurer le pour et le contre de mes actions avec une rapidité fulgurante, une rapidité de prédateur. Les propriétés de ce que j'avais sous la main, ou tout du moins, à côté de ma porte évanouie, allait sans l'ombre d'un doute allait m'être particulièrement précieux dans certaines concoctions de potions. Il y avait bon nombre de recettes personnelles que je n'avais pas pu mettre au point par manque de ressource.
Avec un haussement de sourcil, je pliais le dossier avec soin malgré un geste rapide.
- Monsieur Cioban, souhaiteriez-vous en apprendre plus ? En poursuivant ce travail et en le menant à bien ?
Je récupérais alors tranquillement mon dossier lorsqu'il me le rendait, sans me lasser de constater cette neutralité qu'avait l'homme comme tout comportement. Est-ce que ce sujet le désintéressait à ce point, ou alors ne voulait-il pas me le montrer à moi ? Femme d'une grande famille de sang-pur reconnue ? Ho bien sûr j'avais eu vent des rumeurs concernant lui et sa prostituée de fiancée, toutefois, si les Muller appréciaient à salir leurs images, grand bien leur fasse. Mon intérêt ici allait bien au-delà des Muller, ou encore de la bonne tenue de ma propre famille.
Alors que l'intérêt du concierge retourna à l'attention de la porte, je ne pouvais m'empêcher de commenter tout simplement.
- Vous m'en direz tant…
Restant alors ainsi debout non loin de lui, j'ouvrais à nouveau ce dossier, qui avait apparemment réellement attiré mon attention, un air concentré et concerné sur le visage. Je lisais l'étendue des recherches de l'étudiante, tournant les pages avec une attention particulière, démontrant à quel point je pouvais être une femme redoutable, car il était certains qu'aucuns détails ne me manquaient. De plus, je n'avais pas perdu ma vigilance, prouvé par les quelques coups d'œil rapides que j'adressais de temps à autre à mon menuisier improvisé de ce soir.
Le sang de vampire avait des propriétés tout à fait intéressantes, et celui du dhampire l'était, par cette thèse que je tenais dans les mains, tout autant. Plissant les yeux, un bon nombre d'idées germa dans mon esprit qui tournait à présent à vive allure pour calculer les probabilités et les échecs. J'avais ainsi été éduquée pour mesurer le pour et le contre de mes actions avec une rapidité fulgurante, une rapidité de prédateur. Les propriétés de ce que j'avais sous la main, ou tout du moins, à côté de ma porte évanouie, allait sans l'ombre d'un doute allait m'être particulièrement précieux dans certaines concoctions de potions. Il y avait bon nombre de recettes personnelles que je n'avais pas pu mettre au point par manque de ressource.
Avec un haussement de sourcil, je pliais le dossier avec soin malgré un geste rapide.
- Monsieur Cioban, souhaiteriez-vous en apprendre plus ? En poursuivant ce travail et en le menant à bien ?
- InvitéInvité
Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Ven 19 Oct 2018 - 23:07
Je n'ajoutais rien à la réplique du professeur Skinner, la nonchalance de son intonation me renseignant fort peu quand à son opinion. Il m'apparaissait néanmoins évident qu'elle me méprisait profondément. Évaluation subjective, peut-être... Mais l'expérience des ans me permettait désormais de détecter les préjugés sans avoir à forcer. Ce n'était pas tant dû à l'extraordinaire acuité de mes sens que la simple habitude d'avoir à composer avec des regards, des attitudes et des façons de m'adresser la parole. Je voyais le mépris comme on prend connaissance de la couleur du ciel : simplement en levant les yeux.
Quand à moi, je n'étais pas en reste non plus. Les milieux aisés et leurs valeurs suscitaient en moi une intolérance grandissante. Je perdais patience à force d'avoir à faire des concessions avec des gens qui ont déjà tout (mon quotidien avec Scylla en souffrait même parfois, même si c'était une mauvaise chose à dire). Les premières décennies de mon existences avaient été dédiées à me faire le plus petit possible, à ne jamais demander plus que ce que l'on voulait bien me donner... Mais cette façon d'être avait trop duré, je n'en voulais plus.
J'avais décidé de simplement assumer qui j'étais et ne plus courber l'échine. L'idée, c'était tout de même que ma fille puisse être fière de son père (et donc s'assumer elle-même). N'importe qui pouvait comprendre ça... Sauf (peut-être), ces foutus sang-purs et leur morale dont on excluait tous les marginaux. Enfin...
Le regard rivé sur les gonds de la porte, je murmurais des formules, ma baguette de sycomore pointée en direction des pièces métalliques. Concentré comme on peut l'être, je ne manquais malgré tout rien de la proposition (pas vraiment ouverte) de la maîtresse des potions. Tiens donc ? Voilà qui était intéressant.
« A l'époque, j'ai accepté de participer à cette étude pour rendre service à mademoiselle Blackwell.
Fis-je, sans décrocher les yeux de mon ouvrage. Comme j'en avais fini avec les gonds de la porte, je passais à ceux du mur.
« Une étudiante remarquable. Brillante, respectueuse... Ajoutais-je d'un ton (volontairement) dégagé. Difficile de refuser de collaborer dans ces conditions.
Cette remarque comportait naturellement une note personnelle à l'attention du professeur Skinner. Je sous-entendais (sans le dire ouvertement) qu'elle n'obtiendrait rien de moi tant que je sentirais du mépris émaner de chacun de ses pores.
« Puisqu'elle est partie, le sujet ne m'appartient plus. Voyez-vous, je suis concierge, pas chercheur. La curiosité scientifique, je la laisse à d'autres.
Concluais-je simplement (d'un ton tout à fait aimable, pour le coup). Je savais qu'elle me trouverait médiocre d'avoir dit cela, mais je n'avais pas envie d'afficher autre chose que l'image d'un homme parfaitement à l'aise avec sa condition sociale devant elle (qui me connaissait savait pourtant que la réalité était toute autre). Me relevant, j'attrapais la bordure de la porte et la soulevait simplement, de sorte à la redresser sur la tranche (ma force surhumaine me permettait de la manipuler en dépit de son poids considérable). J'y apposais ensuite un simple sortilège de lévitation, afin de pouvoir la replacer contre le mur en douceur.
« Voilà.
Lançais-je, me tournant enfin en direction de la directrice des Summerbees. Mes prunelles noires s'attardèrent alors sur elle pendant un moment. Difficile d'y refréner l'ombre du prédateur (celui qui jauge la bête qui se trouve en face de lui afin d'en déterminer la nature), car je demeurais méfiant en dépit de ma détente apparente. Tout ceci n'était jamais qu'un jeu de dupe : une montagne de faux semblants.
Quand à moi, je n'étais pas en reste non plus. Les milieux aisés et leurs valeurs suscitaient en moi une intolérance grandissante. Je perdais patience à force d'avoir à faire des concessions avec des gens qui ont déjà tout (mon quotidien avec Scylla en souffrait même parfois, même si c'était une mauvaise chose à dire). Les premières décennies de mon existences avaient été dédiées à me faire le plus petit possible, à ne jamais demander plus que ce que l'on voulait bien me donner... Mais cette façon d'être avait trop duré, je n'en voulais plus.
J'avais décidé de simplement assumer qui j'étais et ne plus courber l'échine. L'idée, c'était tout de même que ma fille puisse être fière de son père (et donc s'assumer elle-même). N'importe qui pouvait comprendre ça... Sauf (peut-être), ces foutus sang-purs et leur morale dont on excluait tous les marginaux. Enfin...
Le regard rivé sur les gonds de la porte, je murmurais des formules, ma baguette de sycomore pointée en direction des pièces métalliques. Concentré comme on peut l'être, je ne manquais malgré tout rien de la proposition (pas vraiment ouverte) de la maîtresse des potions. Tiens donc ? Voilà qui était intéressant.
« A l'époque, j'ai accepté de participer à cette étude pour rendre service à mademoiselle Blackwell.
Fis-je, sans décrocher les yeux de mon ouvrage. Comme j'en avais fini avec les gonds de la porte, je passais à ceux du mur.
« Une étudiante remarquable. Brillante, respectueuse... Ajoutais-je d'un ton (volontairement) dégagé. Difficile de refuser de collaborer dans ces conditions.
Cette remarque comportait naturellement une note personnelle à l'attention du professeur Skinner. Je sous-entendais (sans le dire ouvertement) qu'elle n'obtiendrait rien de moi tant que je sentirais du mépris émaner de chacun de ses pores.
« Puisqu'elle est partie, le sujet ne m'appartient plus. Voyez-vous, je suis concierge, pas chercheur. La curiosité scientifique, je la laisse à d'autres.
Concluais-je simplement (d'un ton tout à fait aimable, pour le coup). Je savais qu'elle me trouverait médiocre d'avoir dit cela, mais je n'avais pas envie d'afficher autre chose que l'image d'un homme parfaitement à l'aise avec sa condition sociale devant elle (qui me connaissait savait pourtant que la réalité était toute autre). Me relevant, j'attrapais la bordure de la porte et la soulevait simplement, de sorte à la redresser sur la tranche (ma force surhumaine me permettait de la manipuler en dépit de son poids considérable). J'y apposais ensuite un simple sortilège de lévitation, afin de pouvoir la replacer contre le mur en douceur.
« Voilà.
Lançais-je, me tournant enfin en direction de la directrice des Summerbees. Mes prunelles noires s'attardèrent alors sur elle pendant un moment. Difficile d'y refréner l'ombre du prédateur (celui qui jauge la bête qui se trouve en face de lui afin d'en déterminer la nature), car je demeurais méfiant en dépit de ma détente apparente. Tout ceci n'était jamais qu'un jeu de dupe : une montagne de faux semblants.
- InvitéInvité
Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Dim 21 Oct 2018 - 13:14
L'altruisme dont faisait preuve le dhampire devant moi en parlant des études de cette étudiante eut pour effet de me faire sourire intérieurement. "Pour rendre service". Et quoi encore ? Je n'étais guère certaine que c'était la véritable raison, et je me fichais totalement de la description de la jeune femme en question. Le simple fait qu'elle ait abandonné ses études, et qu'importe la raison, prouvait qu'elle n'était que la moitié de ce qu'il prétendait. À cela, le ton étrangement détaché du concierge rajoutait à mes doutes. Toutefois, je restais totalement de marbre en apparence, tout à fait maitresse de ce que j'exprimais et voulais montrer. Être sang-pur pouvait être enviable sur bien des points, mais ne pas savoir se contrôler pouvait être fatal, surtout pour une matriarche comme moi. Voilà pourquoi je m'enfermais dans cette allure hautaine et froide, car au moins, c'était une expression qui n'était pas surprenante de ma part, et elle était la plus simple à garder pour moi.
Quand bien même ressentais-je les remarques de l'homme, je ne m'y arrêtais pas. J'étais brillante, et je ne lui avais pas manqué de respect pour l'heure. Je faisais simplement preuve de ce détachement qui me personnalisait. C'était mal me connaître que de prétendre que cet aspect était irrespectueux. Encore une fois, je passais outre. La nature humaine avait ce réflexe défensif et agressif face aux situations méconnues.
- Quel dommage
Me contentais-je de rétorquer face à son refus. Je ne voyais pas très bien en quoi un sujet dans lequel il était mentionné, avec l'analyse de son sang de l'époque ne le concernait plus. Simplement parce que l'ingénue qui avait posé ces mots et ces analyses n'était plus présente entre les murs de l'université ?
Billevesées.
Baissant mon regard glacial et azuré sur le dossier une nouvelle fois, je m'attardais sur une fiche en particulier tandis que je le laissais redresser la porte et la remettre sur ses gonds. Ceci fait, je le regardais à sa remarque en souriant en coin, me donnant l'air mauvais.
- Merci beaucoup pour vos services rapides.
Car malgré cette supériorité qui émanait de moi, je savais reconnaître du travail bien fait, même lorsqu'il avait été fait par une créature inférieure, comme un dhampire. Qui plus est, il ne m'impressionnait pas plus que ça alors que je plongeais mon bleu dans son noir. S'il était un prédateur, je n'étais pas pour autant une proie. Je savais aussi me défendre, ceux qui s'étaient confrontés aux Skinner l'avaient souvent amèrement regretté.
Haussant les épaules d'un air détaché, je baissais à nouveau mes prunelles sur la fiche en question avec un sourire changeant du tout au tout, devenant clairement amusé, comme si monsieur Cioban venait de me faire la blague du siècle.
- C'est fort regrettable de penser ainsi voyez-vous car ce sujet vous appartient toujours tant que votre identité et votre sang s'y trouve… par ailleurs, les analyses sont intéressantes dites-moi… il y a beaucoup de substances illicites là-dedans… ça tuerait un cheval. Vous avez une résistance hors norme.
Refermant le dossier dans un petit claquement de page par mon geste sec, je plissais légèrement mes yeux en perdant mon visage amusé et jovial, reprenant cette autorité plus ordinaire.
- Fâcheux toutefois, car je doute que notre directeur soit enchanté s'il devait l'apprendre. À moins que vous lui en ayez déjà parlé ?
Croisant les bras devant moi, je plaçais le dossier vers mes hanches, en direction de mon dos, fixant le concierge d'un air véritablement intrigué. Mon ton n'avait pas été menaçant, il n'y avait même pas spécialement eu d'émotion tout simplement. Non pas que j'en sois dénuée, mais que renvoyer un collègue pour si peu ne m'enchantais guère, malgré les apparences. C'était à lui de décider, car j'étais certaine que les recherches de cette Blackwell étaient intéressantes, et les arrêter pour si peu était un véritable gâchis.
Quand bien même ressentais-je les remarques de l'homme, je ne m'y arrêtais pas. J'étais brillante, et je ne lui avais pas manqué de respect pour l'heure. Je faisais simplement preuve de ce détachement qui me personnalisait. C'était mal me connaître que de prétendre que cet aspect était irrespectueux. Encore une fois, je passais outre. La nature humaine avait ce réflexe défensif et agressif face aux situations méconnues.
- Quel dommage
Me contentais-je de rétorquer face à son refus. Je ne voyais pas très bien en quoi un sujet dans lequel il était mentionné, avec l'analyse de son sang de l'époque ne le concernait plus. Simplement parce que l'ingénue qui avait posé ces mots et ces analyses n'était plus présente entre les murs de l'université ?
Billevesées.
Baissant mon regard glacial et azuré sur le dossier une nouvelle fois, je m'attardais sur une fiche en particulier tandis que je le laissais redresser la porte et la remettre sur ses gonds. Ceci fait, je le regardais à sa remarque en souriant en coin, me donnant l'air mauvais.
- Merci beaucoup pour vos services rapides.
Car malgré cette supériorité qui émanait de moi, je savais reconnaître du travail bien fait, même lorsqu'il avait été fait par une créature inférieure, comme un dhampire. Qui plus est, il ne m'impressionnait pas plus que ça alors que je plongeais mon bleu dans son noir. S'il était un prédateur, je n'étais pas pour autant une proie. Je savais aussi me défendre, ceux qui s'étaient confrontés aux Skinner l'avaient souvent amèrement regretté.
Haussant les épaules d'un air détaché, je baissais à nouveau mes prunelles sur la fiche en question avec un sourire changeant du tout au tout, devenant clairement amusé, comme si monsieur Cioban venait de me faire la blague du siècle.
- C'est fort regrettable de penser ainsi voyez-vous car ce sujet vous appartient toujours tant que votre identité et votre sang s'y trouve… par ailleurs, les analyses sont intéressantes dites-moi… il y a beaucoup de substances illicites là-dedans… ça tuerait un cheval. Vous avez une résistance hors norme.
Refermant le dossier dans un petit claquement de page par mon geste sec, je plissais légèrement mes yeux en perdant mon visage amusé et jovial, reprenant cette autorité plus ordinaire.
- Fâcheux toutefois, car je doute que notre directeur soit enchanté s'il devait l'apprendre. À moins que vous lui en ayez déjà parlé ?
Croisant les bras devant moi, je plaçais le dossier vers mes hanches, en direction de mon dos, fixant le concierge d'un air véritablement intrigué. Mon ton n'avait pas été menaçant, il n'y avait même pas spécialement eu d'émotion tout simplement. Non pas que j'en sois dénuée, mais que renvoyer un collègue pour si peu ne m'enchantais guère, malgré les apparences. C'était à lui de décider, car j'étais certaine que les recherches de cette Blackwell étaient intéressantes, et les arrêter pour si peu était un véritable gâchis.
- InvitéInvité
Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Dim 21 Oct 2018 - 23:03
J'acquiesçais courtoisement après ses remerciements, satisfait d'avoir rapidement réglé le problème que l'on m'avait confié. De manière générale, j'avais à cœur de travailler efficacement et comme il faut. Mon travail avait beau manquer de prestige, j’étais toujours fier de m'y appliquer. Cela contribuait à mon sentiment de dignité, chose essentielle à tout homme (selon moi).
Néanmoins, il semblait bien qu'en dépit de son détachement apparent, Madame Skinner accorde beaucoup d'intérêt à ce fameux dossier. Je la voyais le manipuler et le feuilleter depuis mon arrivée ici et ses intentions (bien que fort peu exprimées) commençaient doucement à se dessiner. Ainsi, face à mon refus manifeste, elle ne se démonta pas et revint à la charge d'une manière des plus sournoises.
La réalité me frappa : j'avais oublié qu'en effet, à l'époque, mes analyses avaient révélé ma consommation excessive de stupéfiants (dont je me servais pour tester mes propres limites et éprouver la sensation du sommeil). Penelope avait laissé échapper quelque inquiétude à ce sujet, d'ailleurs. Mais c'était un tout autre temps... J'étais passé à autre chose depuis, au point que tout ceci me semblait appartenir au siècle dernier. Je crois que je m'attendais à tout, sauf à voir ressurgir cela maintenant. Une vraie douche froide.
Mon regard s'assombrit, tandis qu'elle s'exprimait avec amusement. Je n'aimais pas ce que j'entendais. Dans sa bouche, les constats relatifs à ma nature me donnaient l'impression d'être moins qu'un être humain. C'était à la fois humiliant et révoltant. A ce titre, je sentais une colère sourde enfler au fond de ma gorge. Le plus simple aurait été de simplement tourner les talons, mais je comprenais bien (à sa dernière insinuation) que j'étais coincé.
« Naturellement non, Madame Skinner. Répliquais-je d'un ton sombre. Ce sont des données confidentielles, comme vous le savez.
Mon regard se détacha d'elle un moment, comme je considérais la pièce, ses odeurs, ses détails. Le flot de mes réflexions s'était accéléré, tandis que je pesais le pour et le contre dans cette situation. Il n'y avait pas besoin d'être un aigle pour comprendre où tout cela nous menait.
« Je suppose que nous pouvons faire en sorte qu'il ne l'apprenne pas. Ma décision n'est peut-être pas définitive, qu'en pensez-vous ?
J'avais un ton agacé, mais résolu. Cette femme avait probablement une idée en tête, ou bien était-elle à ce point passionnée par son domaine que les considérations humaines passaient au second plan... Dans tous les cas, je comprenais qu'elle avait de l'intérêt pour ce sujet de thèse et si c'était à cela que tenait son silence, il ne me restait plus qu'à plier. La chose n'était pas plus compliquée que cela (malheureusement). Car je ne pouvais pas me permettre de perdre mon travail une seconde fois (Scylla et moi venions d'emprunter pour la maison)... Par conséquent, je ne pouvais pas non plus me payer le luxe de miser sur un bluff de sa part. Sans doute l'aurais-je fais à une époque, mais plus maintenant.
Néanmoins, il semblait bien qu'en dépit de son détachement apparent, Madame Skinner accorde beaucoup d'intérêt à ce fameux dossier. Je la voyais le manipuler et le feuilleter depuis mon arrivée ici et ses intentions (bien que fort peu exprimées) commençaient doucement à se dessiner. Ainsi, face à mon refus manifeste, elle ne se démonta pas et revint à la charge d'une manière des plus sournoises.
La réalité me frappa : j'avais oublié qu'en effet, à l'époque, mes analyses avaient révélé ma consommation excessive de stupéfiants (dont je me servais pour tester mes propres limites et éprouver la sensation du sommeil). Penelope avait laissé échapper quelque inquiétude à ce sujet, d'ailleurs. Mais c'était un tout autre temps... J'étais passé à autre chose depuis, au point que tout ceci me semblait appartenir au siècle dernier. Je crois que je m'attendais à tout, sauf à voir ressurgir cela maintenant. Une vraie douche froide.
Mon regard s'assombrit, tandis qu'elle s'exprimait avec amusement. Je n'aimais pas ce que j'entendais. Dans sa bouche, les constats relatifs à ma nature me donnaient l'impression d'être moins qu'un être humain. C'était à la fois humiliant et révoltant. A ce titre, je sentais une colère sourde enfler au fond de ma gorge. Le plus simple aurait été de simplement tourner les talons, mais je comprenais bien (à sa dernière insinuation) que j'étais coincé.
« Naturellement non, Madame Skinner. Répliquais-je d'un ton sombre. Ce sont des données confidentielles, comme vous le savez.
Mon regard se détacha d'elle un moment, comme je considérais la pièce, ses odeurs, ses détails. Le flot de mes réflexions s'était accéléré, tandis que je pesais le pour et le contre dans cette situation. Il n'y avait pas besoin d'être un aigle pour comprendre où tout cela nous menait.
« Je suppose que nous pouvons faire en sorte qu'il ne l'apprenne pas. Ma décision n'est peut-être pas définitive, qu'en pensez-vous ?
J'avais un ton agacé, mais résolu. Cette femme avait probablement une idée en tête, ou bien était-elle à ce point passionnée par son domaine que les considérations humaines passaient au second plan... Dans tous les cas, je comprenais qu'elle avait de l'intérêt pour ce sujet de thèse et si c'était à cela que tenait son silence, il ne me restait plus qu'à plier. La chose n'était pas plus compliquée que cela (malheureusement). Car je ne pouvais pas me permettre de perdre mon travail une seconde fois (Scylla et moi venions d'emprunter pour la maison)... Par conséquent, je ne pouvais pas non plus me payer le luxe de miser sur un bluff de sa part. Sans doute l'aurais-je fais à une époque, mais plus maintenant.
- InvitéInvité
Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Sam 27 Oct 2018 - 7:47
Le regard noir que me jeta le dhampire ainsi que sa colère manifeste mais contenue acheva de me faire jubiler. À mon sens, les défis valaient la peine d'être relevés, même lorsque la condition n'était pas tout à fait honnête. À dire vrai, la bonne conduite n'était qu'une image fardée en ce qui me concernait. J'avais appris les ronds de jambe durant toute ma vie car j'y avais été obligée, mais je n'en étais pas moins une personne rustre de temps à autre. C'était un habile jeu de dits et de non-dits, et avec les années et l'expérience, j'étais devenue une redoutable adversaire. Ainsi, je ne ressentais aucune peine et aucun remord à prononcer ce chantage. La thèse et les études de cette jeune étudiante étaient intéressantes. Non pas que je veuille m'en servir contre le concierge ou ses semblables, mais simplement pour mes propres expériences en potions. Ne jamais arrêter d'apprendre dans son domaine, voilà ce qui était le plus appréciable dans sa discipline de prédilection. Le but des recherches de la jeune femme m'était égal, et je le trouvais même risible. Cela dit, les expériences pour y arriver apportaient un véritable intérêt pour moi.
Lorsqu'il m'apporta la confirmation que les données étaient confidentielles, je ne pus m'empêcher de sourire en coin, comme victorieuse de cette manche que je venais à l'évidence de remporter. Toutefois, comprenant la situation délicate dans laquelle je l'avais plongé, je lui faisais preuve de ma bonne foi en l'entendant abdiquer, ou presque. Serrant le dossier dans ma main, comme si je souhaitais le déchirer, il disparut, tout simplement. M'époussetant les mains, je laissais échapper un petit gloussement sourd et froid tout droit sorti du fond de ma gorge.
- J'en pense que votre décision est des plus sages, voilà pourquoi je viens de mettre ce dossier en sécurité.
D'un geste de la main un peu négligé, je refermais la porte qu'il venait de remettre en place pour la fermer, doucement, pour une fois. J'avais le respect du travail bien fait et rapidement exécuté. Encore une fois, j'avais beau être une femme manipulatrice, j'avais également un certain sens de l'honneur. Ainsi, si nous devions discuter de certaines modalités car des données étaient confidentielles, je préférais que ce soit en huit clos. Dans un dernier sourire, presque aimable celui-ci, ce qui donnait une dimension fort peu engageante de mon attitude, je retournais jusqu'à mon bureau pour y appuyer mon dos, croisant les bras pour faire face à mon invité.
- Il ne l'apprendra pas tant que nous respectons tous les deux la close que nous sommes sur le point de conclure. Comprenez bien monsieur Cioban que malgré nos différences de sang et de genre, mon but n'est pas de vous faire renvoyez.
Je laissais un instant de silence en suspend pour enchaîner d'un air un peu désinvolte.
- Ne doutez pas de ma bonne foi. Vous travaillez ici depuis de nombreuses années et vous êtes une personne efficace, la preuve. Je désignais la porte avant de continuer. Vous faire renvoyer signifierait devoir s'adapter à un nouveau genre, une nouvelle personne. Ce serait une perte regrettable de temps.
Et le pire, c'est que je parlais de manière sincère. Mon regard azuré se posa alors sur le semi-vampire tandis que je retrouvais mon attitude froide et distante, l'amusement s'effaçant de mon visage comme neige au soleil.
- Alors essayons de trouver un terrain d'entente courtois.
Lorsqu'il m'apporta la confirmation que les données étaient confidentielles, je ne pus m'empêcher de sourire en coin, comme victorieuse de cette manche que je venais à l'évidence de remporter. Toutefois, comprenant la situation délicate dans laquelle je l'avais plongé, je lui faisais preuve de ma bonne foi en l'entendant abdiquer, ou presque. Serrant le dossier dans ma main, comme si je souhaitais le déchirer, il disparut, tout simplement. M'époussetant les mains, je laissais échapper un petit gloussement sourd et froid tout droit sorti du fond de ma gorge.
- J'en pense que votre décision est des plus sages, voilà pourquoi je viens de mettre ce dossier en sécurité.
D'un geste de la main un peu négligé, je refermais la porte qu'il venait de remettre en place pour la fermer, doucement, pour une fois. J'avais le respect du travail bien fait et rapidement exécuté. Encore une fois, j'avais beau être une femme manipulatrice, j'avais également un certain sens de l'honneur. Ainsi, si nous devions discuter de certaines modalités car des données étaient confidentielles, je préférais que ce soit en huit clos. Dans un dernier sourire, presque aimable celui-ci, ce qui donnait une dimension fort peu engageante de mon attitude, je retournais jusqu'à mon bureau pour y appuyer mon dos, croisant les bras pour faire face à mon invité.
- Il ne l'apprendra pas tant que nous respectons tous les deux la close que nous sommes sur le point de conclure. Comprenez bien monsieur Cioban que malgré nos différences de sang et de genre, mon but n'est pas de vous faire renvoyez.
Je laissais un instant de silence en suspend pour enchaîner d'un air un peu désinvolte.
- Ne doutez pas de ma bonne foi. Vous travaillez ici depuis de nombreuses années et vous êtes une personne efficace, la preuve. Je désignais la porte avant de continuer. Vous faire renvoyer signifierait devoir s'adapter à un nouveau genre, une nouvelle personne. Ce serait une perte regrettable de temps.
Et le pire, c'est que je parlais de manière sincère. Mon regard azuré se posa alors sur le semi-vampire tandis que je retrouvais mon attitude froide et distante, l'amusement s'effaçant de mon visage comme neige au soleil.
- Alors essayons de trouver un terrain d'entente courtois.
- InvitéInvité
Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Sam 27 Oct 2018 - 11:46
J'étais pour le moins stupéfait de découvrir un air plus que satisfait apparaître sur le visage du professeur Skinner. Visiblement, cette femme n'éprouvait aucun scrupule à l'idée de faire chanter un pauvre type comme moi (qui n'avait rien demandé). Tout cela pour quoi ? Mener une recherche scientifique. Je concevais sans peine que le sujet puisse apparaître bien alléchant pour un spécialiste, mais de là à se passer du consentement du sujet... On entrait dans un véritable débat éthique. Tout ceci était d'une logique absolument perverse.
Résolument écœuré, je regardais donc la porte se refermer derrière moi, écoutant ses paroles en bouillonnant toujours intérieurement. En outre, il m'était très difficile de faire la part entre l'ironie et la sincérité dans son discours... Ou alors son système de valeur différait tellement du miens que cela me mettait dans l'incapacité de départager les deux. Soyons clair, rechigner à me faire renvoyer pour la seule raison que ce serait incommodant pour elle... Il y a de quoi se poser des questions. Les gens de son espèce étaient donc à ce point déconnecté de la réalité que l'idée de mettre un type au chômage ne représentait rien ? Non, non, madame Skinner voulait simplement éviter de perdre de temps à devoir s'adapter au petit personnel. Cette réflexion était triste à pleurer... D'autant plus consternante qu'elle sortait de la bouche d'une femme d'influence : le genre de personne qui décide de la vie des autres.
« Un terrain d'entente courtois...
Répétais-je à mi voix dans un soupir, croisant les bras. Voilà qui était risible encore... La présente situation n'était pas symétrique : elle avait l'ascendant et moi j'étais juste là pour faire ce qu'elle voulait. Ce serait donc une négociation, ni plus ni moins.
« Premièrement, je veux récupérer mes données à la fin. Commençais-je. Ensuite, je veux un engagement sur une durée, pas sur un résultat.
Il n'était pas question pour moi de me faire balader pendant des mois et des mois au prétexte que telle ou telle expérience n'avait pas apporté les résultats escomptés. Je me prêterais au jeu pour un temps défini à l'avance et pas un jour de plus. Pour le reste, elle se débrouillerait.
« Et bien entendu, personne ne devra être au courant... Quoi que vous décidiez de faire avec vos résultats, je ne veux voir mon nom nulle part.
Ces différents point posés, j'approchais de quelques pas de son bureau, la détaillant d'en haut. Courtoise, mon attitude et mon intonation l'était... Cependant, il allait sans dire qu'au fond de moi, j'étais en rogne. Cela faisait des mois que je bataillais contre les parents Muller et leurs idées venues d'un autre temps. A présent, je me retrouvais à frayer avec la matriarche Skinner et ses ambitions illimitées. Il allait sans dire que mon opinion concernant les grandes familles de sang-pur ne s'améliorait pas d'un pouce.
« Maintenant que c'est posé, trouvons un terrain d'entente courtois, je vous en prie.
Résolument écœuré, je regardais donc la porte se refermer derrière moi, écoutant ses paroles en bouillonnant toujours intérieurement. En outre, il m'était très difficile de faire la part entre l'ironie et la sincérité dans son discours... Ou alors son système de valeur différait tellement du miens que cela me mettait dans l'incapacité de départager les deux. Soyons clair, rechigner à me faire renvoyer pour la seule raison que ce serait incommodant pour elle... Il y a de quoi se poser des questions. Les gens de son espèce étaient donc à ce point déconnecté de la réalité que l'idée de mettre un type au chômage ne représentait rien ? Non, non, madame Skinner voulait simplement éviter de perdre de temps à devoir s'adapter au petit personnel. Cette réflexion était triste à pleurer... D'autant plus consternante qu'elle sortait de la bouche d'une femme d'influence : le genre de personne qui décide de la vie des autres.
« Un terrain d'entente courtois...
Répétais-je à mi voix dans un soupir, croisant les bras. Voilà qui était risible encore... La présente situation n'était pas symétrique : elle avait l'ascendant et moi j'étais juste là pour faire ce qu'elle voulait. Ce serait donc une négociation, ni plus ni moins.
« Premièrement, je veux récupérer mes données à la fin. Commençais-je. Ensuite, je veux un engagement sur une durée, pas sur un résultat.
Il n'était pas question pour moi de me faire balader pendant des mois et des mois au prétexte que telle ou telle expérience n'avait pas apporté les résultats escomptés. Je me prêterais au jeu pour un temps défini à l'avance et pas un jour de plus. Pour le reste, elle se débrouillerait.
« Et bien entendu, personne ne devra être au courant... Quoi que vous décidiez de faire avec vos résultats, je ne veux voir mon nom nulle part.
Ces différents point posés, j'approchais de quelques pas de son bureau, la détaillant d'en haut. Courtoise, mon attitude et mon intonation l'était... Cependant, il allait sans dire qu'au fond de moi, j'étais en rogne. Cela faisait des mois que je bataillais contre les parents Muller et leurs idées venues d'un autre temps. A présent, je me retrouvais à frayer avec la matriarche Skinner et ses ambitions illimitées. Il allait sans dire que mon opinion concernant les grandes familles de sang-pur ne s'améliorait pas d'un pouce.
« Maintenant que c'est posé, trouvons un terrain d'entente courtois, je vous en prie.
- InvitéInvité
Re: Thèse et antithèse [Thomas]
Lun 29 Oct 2018 - 16:24
Je pouvais voir les méninges du concierge tourner à l’instar du magnifique mécanisme d’une horloger, absolument bien réglée. Je comprenais parfaitement son attitude et aussi la colère qu’il pouvait ressentir envers moi. Le problème, pour lui, c’était que je n’en avais cure. J’avais bien plus d’amis que d’ennemis, et je m’en fichais totalement, car je n’étais pas la gentille fifille qui rend des services. Tout du moins, pas gratuitement et de manière désintéressée dès le premier soir. Ça non. Je pouvais en être, comme pour mes élèves par exemple, mais entre adulte, il fallait le mériter. Je n’étais pas dupe, et on m’avait déjà bien trop marché dessus pour que je ne me laisse faire encore.
Ainsi, nous étions deux prédateurs à se fixer et se jauger, observant la moindre faille chez l’autre. C’était un jeu que j’appréciais tout particulièrement jouer. Déjà, je ne risquais pas ma vie ou celle de mes enfants, ni même le nom de ma famille, et j’aimais recevoir du défi. Bien qu’il m’était appréciable de ressentir mon pouvoir sur les autres, j’appréciais aussi lorsqu’on pouvait me résister et ce, de manière subtile, comme le faisait là l’homme qui m’avait rendu service de par son travail.
Ainsi attentive, j’écoutais ses conditions en gardant mon fin sourire en coin, amusé et hautain. Tout ce qu’il disait là me paraissait bien logique, il n’y avait qu’un détail qui me dérangeait, et mon sourire ne fit que s’élargir alors qu’il me semblait deviner qu’il pensait m’ennuyer avec ses demandes. Au contraire, je les appréciais. Pire, je les comprenais, et je n’avais pas à les discuter. Ou presque.
- Un engagement sur la durée et non pas sur un résultat…
Répétais-je en détournant un instant le regard sur mon chaudron sur le feu, entendant son contenu bouillir. Toutefois, je ne me redressais pas pour aller le chercher, continuant de réfléchir en laissant mes paroles en suspens.
- Quelle regrettable condition, et ce, de bien des manières. Non seulement pour faire avancer la science, si le mot science ici est approprié… mais aussi pour vous-même. Bien que j’imagine que ne pas pouvoir accéder au sommeil doit être devenu un quotidien chez vous, je crois deviner que ces recherches étaient intéressées pour vous. Mais c’était à ce temps, sans doute la situation a-t-elle changée depuis…
Je réfléchissais à voix haute, et je me fichais totalement de me ridiculiser. Mon but ici n’était pas de faire attention à mon image, j’avais bien deviné que le concierge ne s’arrêtait pas à cela. Je plissais les yeux, les rendant alors davantage froid et lointain. Je me remémorais alors les lignes que j’avais lues dans le dossier de la jeune femme.
- Disons un an, pour des rendez-vous réguliers, disons… deux ou trois fois par mois ? Et nous rediscuterons à l’échéance.
Mon ton n’était pas menaçant, ni même à vouloir me rendre supérieur. J’avais suggéré de trouver une entente courtoise, ce que je faisais. J’étais peut-être une femme méprisable sur bien des points, mais j’étais une femme de parole. Tout bien réfléchi, me mettre une date limite ajoutait du piment aux recherches que j’allais devoir effectuer. L’échéance était une magnifique motivation, et voilà pourquoi je ne la discutais pas davantage. J’allais de toute façon obtenir un résultat, même si ça n’allait pas être l’escompté, parce que j’avais une confiance aveugle en mes capacités. Rajouter une règle allant à l’encontre de mon confort n’était que plus excitant, et je devais avouer que je me réjouissais. Au moins, j’allais pouvoir occuper mon esprit autrement que par les corrections souvent ennuyantes de mes élèves.
Ainsi, nous étions deux prédateurs à se fixer et se jauger, observant la moindre faille chez l’autre. C’était un jeu que j’appréciais tout particulièrement jouer. Déjà, je ne risquais pas ma vie ou celle de mes enfants, ni même le nom de ma famille, et j’aimais recevoir du défi. Bien qu’il m’était appréciable de ressentir mon pouvoir sur les autres, j’appréciais aussi lorsqu’on pouvait me résister et ce, de manière subtile, comme le faisait là l’homme qui m’avait rendu service de par son travail.
Ainsi attentive, j’écoutais ses conditions en gardant mon fin sourire en coin, amusé et hautain. Tout ce qu’il disait là me paraissait bien logique, il n’y avait qu’un détail qui me dérangeait, et mon sourire ne fit que s’élargir alors qu’il me semblait deviner qu’il pensait m’ennuyer avec ses demandes. Au contraire, je les appréciais. Pire, je les comprenais, et je n’avais pas à les discuter. Ou presque.
- Un engagement sur la durée et non pas sur un résultat…
Répétais-je en détournant un instant le regard sur mon chaudron sur le feu, entendant son contenu bouillir. Toutefois, je ne me redressais pas pour aller le chercher, continuant de réfléchir en laissant mes paroles en suspens.
- Quelle regrettable condition, et ce, de bien des manières. Non seulement pour faire avancer la science, si le mot science ici est approprié… mais aussi pour vous-même. Bien que j’imagine que ne pas pouvoir accéder au sommeil doit être devenu un quotidien chez vous, je crois deviner que ces recherches étaient intéressées pour vous. Mais c’était à ce temps, sans doute la situation a-t-elle changée depuis…
Je réfléchissais à voix haute, et je me fichais totalement de me ridiculiser. Mon but ici n’était pas de faire attention à mon image, j’avais bien deviné que le concierge ne s’arrêtait pas à cela. Je plissais les yeux, les rendant alors davantage froid et lointain. Je me remémorais alors les lignes que j’avais lues dans le dossier de la jeune femme.
- Disons un an, pour des rendez-vous réguliers, disons… deux ou trois fois par mois ? Et nous rediscuterons à l’échéance.
Mon ton n’était pas menaçant, ni même à vouloir me rendre supérieur. J’avais suggéré de trouver une entente courtoise, ce que je faisais. J’étais peut-être une femme méprisable sur bien des points, mais j’étais une femme de parole. Tout bien réfléchi, me mettre une date limite ajoutait du piment aux recherches que j’allais devoir effectuer. L’échéance était une magnifique motivation, et voilà pourquoi je ne la discutais pas davantage. J’allais de toute façon obtenir un résultat, même si ça n’allait pas être l’escompté, parce que j’avais une confiance aveugle en mes capacités. Rajouter une règle allant à l’encontre de mon confort n’était que plus excitant, et je devais avouer que je me réjouissais. Au moins, j’allais pouvoir occuper mon esprit autrement que par les corrections souvent ennuyantes de mes élèves.
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