La brune retient un reniflement dédaigneux lorsque Sasha évoque le fait que tout allait bien et se contente de serrer un peu plus la main sur le pied de son verre de vin pour contenir sa frustration. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il éludait la question et le sujet, mais elle ne comptait pas  lancer les hostilités. Pas pour le moment du moins, après tout elle n’avait pas, plus, la légitimité de faire quelconque remarque. Il y a peu elle ne se serait néanmoins pas gênée mais elle avait plus important à faire. Il n’y avait que le retour de sa Héloïse qui lui importait. La vengeance pour avoir été remplacée si vite viendrait ensuite, et malgré elle, son esprit malsain imaginait déjà mille façons de lui faire regretter ce geste. Mais son visage restait impassible : elle avait gagné en contrôle d’elle-même, elle se retrouvait enfin, reine des glaces. Débouchant la bouteille avec application elle servit le verre de Sasha, celui de Nicola avant de servir un fond. Portant le verre à ses lèvres elle acquiesça doucement : « Certains jours sont plus compliqués que d’autres, mais j’ai adapté mon emploi du temps pour me permettre de me reposer. » Elle avait passé le stade de la fierté, elle allait mieux mais elle se savait fragilisée et il aurait bien vite fait de remarquer qu’elle n’était pas tous les jours à l’université.

Finalement le sujet principal de leur diner fut abordé : « Vous avez eu d’autres informations concernant cette adoption ? » Demanda Sasha. Nevaeh esquissa un sourire satisfait : Il envisageait sérieusement que ce qu’elle lui avait annoncé pouvait être vrai. « Nicola, tu veux bien ? » Demanda doucement la brune en indiquant le dossier qui était sur le guéridon à côté de lui. S’étirant il attrapa le feuillet soigneusement empaqueté et le tendit à Sasha tout en le jaugeant d’un regard qui ne laissait que peu de place à l’imagination. Malgré son naturel calme et affable, Nicola ne convenait Sasha que comme celui qui avait gâché la vie de sa soeur et l’avait menée sur la pente de la folie. Il ne l’avouerait jamais à cette dernière, conscient que cela ne ferait que déclencher de la colère mais il restait persuadé que tout aurait été plus facile si Héloïse n’avait jamais existé. Néanmoins, dans l’impossibilité de la faire réellement disparaitre, de l’esprit de sa soeur du moins, il avait compris, contrairement à leurs parents, que la meilleure solution était de tout faire pour réunir mère et fille.

« Nous avons travaillé à tenter de reproduire le document que Nicola a découvert dans le bureau de notre père. » Commença la sorcière en ouvrant le dossier d’un coup de baguette, laissant Sasha observer la retranscription. « Bien sûr il manque encore des informations mais nous avons pu déterminer quel hôpital avait accueillis l’enfant en attendant l’adoption. » Nicola avait toujours du mal à l’appeler Héloïse. Sa nièce, il ne l’avait quasiment pas connue et il lui faudrait certainement un peu de temps pour s’habituer à son retour. « Mes parents l’ont fait voir à Londres, certainement ont-ils pensé que cela serait plus sûr que la Suisse. » Après tout, elle se souvient qu’ils avaient tiqué lorsqu’elle avait partagé son envie de retourner à Inverness. « Cela veut certainement dire que la famille d’adoption est londonienne. » Ils se partageait les faits avec naturel, Nicola ne cessait néanmoins de jeter des regards à sa soeur comme inquiet que le sujet puisse la toucher plus que de mesure. Mais elle restait calme et particulièrement détachée. « De plus, je ne pense pas que cela soit un jeune couple éprouvant des difficultés à enfanter. » Sans même s’en rendre réellement compte, elle se sentait soulagée que les faits mènent dans cette direction : « Le contrat impliquait une compensation financière : cela évoque plus des difficultés financières, voire une certaine urgence dans leur situation. » Continua-t’elle. « C’est plutôt positif, cela veut dire qu’ils ne retiendraient peut-être pas Héloïse si on leur proposait de les payer. » Si le discours de la sorcière était resté particulièrement stoïque et factuel jusqu’à présent, lorsqu’elle prononça le prénom de sa fille une légère pointe de tendresse apparu dans sa voix. Elle ne rêvait que de pouvoir la prendre à nouveau dans ses bras sans même s’imaginer que la petite pouvait mériter mieux qu’un mère à la sortie de l’hôpital et un père déjà engagé avec une autre.