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L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même. Joséphine.
Lun 20 Déc 2010 - 22:00
CHAPITRE 3;
« Quelquefois, hasarder des réponses est seulement une manière d'éclaircir pour soi-même des questions. »
Muzicons.com
« Quelquefois, hasarder des réponses est seulement une manière d'éclaircir pour soi-même des questions. »
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- Ma main serre son bout de chair, inerte. Je l’empoigne, la serre, je cherche à transmettre un peu de chaleur dans son corps allongé sur ce lit. Je n’ai plus la force de pleurer, depuis quelques heures déjà. J’étais épuisé, physiquement, mentalement, émotionnellement. Je voulais juste m’endormir, mais l’alcool qui coulait encore dans mes veines m’empêchait de sombrer dans un sommeil sans rêve. J’étais à moitié conscient, je sombrais dans une anesthésie mentale alors que mon cœur battait si fort que je pouvais le sentir dans mes doigts, dans mes orteils. Il battait si fort, au fur et à mesure que ma migraine s’intensifiait. Elle voulait sortir de mon crane, elle frappait les parois de mon cerveau de ses mains d’enfant. Elle frappait, je combattais la douleur alors que ma main serrait un peu plus la main de Joséphine. Alors que mon regard se perdit dans l’obscurité de la chambre, je n’avais plus conscience de l’heure qu’il était. L’horloge accrochée sur le mur indiquait quatre heures, mais le tintement des aiguilles qui bougeaient me semblait lointain. Comme si j’étais pris entre deux réalités. Entre celle qui me crevait le cœur, à l’instant présent et entre celles qui m’était plus familière, la peur. Celle qui faisait battre mon cœur hors de ma poitrine. Mes pupilles se reposèrent contre Joséphine. Endormie, comateuse, allongée dans ce lit d’hôpital. Elle semblait si calme, si en paix à cet instant, mais je savais qu’à l’intérieur d’elle, ses démons la rongeaient. Ils étaient là, à lui faire voir des choses qu’elle ne veut pas. Des choses terribles. Des choses que je ne comprends pas. Je serre un peu sa main, lui dépose un baiser, dans l’espoir qu’elle me réponde, qu’elle bouge. Mais elle reste inerte. Cadavérique. J’étais passé par toute une gamme d’émotion. D’abord, la joie. Ce futile sentiment qui s’était vicieusement emparé de moi, lorsque j’avais décidé de laisser mon amoureuse pour une soirée, question d’aller fêter l’union de mon amie. Leah. C’était elle qui m’avait interrompu en pleine discussion, qui m’avait emmené à l’écart. J’avais déjà quelques verres dans le nez lorsqu’elle est venue me parler. J’avais laissé Joséphine seule, juste une soirée. J’avais été con. Tellement con de croire que cette fièvre naissante était due à notre escapade nocturne. J’étais con. Leah, elle avait parlé à Joséphine. Leah, elle m’agrippa le bras, elle voulait mon attention, mais moi, j’étais déjà saoul. « Joséphine ne va pas bien. Tu devrais aller la rejoindre. » Qu’elle me dit. Je n’étais pas en état. Je n’étais pas en état de gérer ce qui allait se passer. Je n’étais même pas en état de transplaner jusqu’à son appartement. « Allez, on y va. » Elle m’attrape le bras, je ferme les yeux. Je sens le froid piquer mon épiderme, le chatouiller, mais je ne le sens pas. J’ai chaud. J’ai trop bu, encore. Sauf que cette fois-ci, je n’allais pas me réveiller aux côtés de mon amoureuse. Je n’allais pas me réveiller du tout. Parce que je n’allais pas fermer les yeux. Parce que je n’allais pas sentir sa chaleur, demain matin. « Retourne à ta fête. » Leah, elle veut venir, elle veut être là, mais je ne veux pas qu’elle voit Joséphine dans cet état là. Je ne veux pas qu’elle assiste à l’une de ses crises. Elle insiste, moi je refuse. Lorsqu’elle fut partit, j’agrippe la poignée, j’ai peur de ce qui s’y trouve de l’autre côté. « Joséphine? » Je l’appelle, son nom que je prononce toujours avec cet accent écossais. Aucune réponse. Je réitère. Je l’appelle. Aucune réponse. J’ai peur qu’elle soit partit, comme ça, sans avoir conscience de la réalité qui l’entoure. Je me dis que c’est impossible, qu’elle doit être couchée dans son lit, à écouter un film. Je m’approche de la porte de sa chambre, elle est entre ouverte. Aucun son. Ce silence me terrifie sur place. « Joséphine? » Je quémande une réponse, mais je sais qu’elle ne viendra pas. J’ouvre la porte.
Son corps. Allongé sur le sol, recroquevillé sur lui-même. Je m’effondre, je me laisse tomber. Je colle son corps contre le mien. Ses yeux entre ouverts ne me voit pas, je le sais bien. D’une main nerveuse, j’écarte les cheveux de son visage. Depuis combien de temps. Depuis combien de temps elle gît sur ce sol froid, seule? La culpabilité, le troisième sentiment qui m’envahit. J’aurais du être là, bordel. J’aurais du resté avec elle. Je n’aurais pas du être un sale égoïste et j’aurais du rester à ses côtés. Je colle mon visage contre sa poitrine. Son cœur bat, lentement. Trop lentement. Elle est inconsciente. Je prends son corps froid entre mes bras. Je le serre. « Je suis là. » Vaine tentative. Tu n’étais pas là lorsqu’il le fallait. Lorsqu’elle avait besoin de toi. « Reste avec moi, Joséphine. » J’espère qu’elle m’entend, malgré toutes ses voix dans sa tête. J’espère qu’elle n’entend que la mienne. Je ne sais pas comment j’ai fais pour me rendre jusqu’à l’hôpital. Je n’ai pas transplaner, j’ai marché, trainant son corps inerte contre le mien. Ça ne me revient que quelques heures plus tard, cette vision là. Lorsque l’infirmière s’approche de moi. Elle pose une main sur mon épaule. Moi je suis perdu. Je me ronge les ongles, je tape du pied. Je fixe le mur beige devant moi. « Elle dort, mais vous pouvez allez la voir. » Je me lève, je n’ai pas vraiment conscience de ce qui se passe autour de moi. Je suis pétrifié par la peur. Je marche lentement, je suis l’infirmière jusqu’à la chambre. Contraste. La lumière vive du couloir laisse place aux ténèbres de la chambre.
Ma main, toujours contre la sienne. Mon front, appuyé contre le matelas. Je ne veux pas y croire. Je ne veux pas y croire que tout ça, c’est de ma faute. La colère. Je m’en veux. J’en veux à ses saloperies de monstres qui lui rongent l’âme. J’ai mal. Je voudrais les arracher ses démons, des parois de ton cœur. Il est trop tard. Ils te dévorent de l’intérieur. Tout ce que je peux faire, c’est être là, à contempler ta destruction, impuissant. Je serre encore un peu mes phalanges entre les siennes. J’y pose une nouvelle fois mes lèvres. Son corps frémit. Elle combat. Elle est froide, son corps est glacial. Alors je finis par me lever sur mes jambes fatiguées. J’occupe le peu d’espace qui reste sur le matelas une place. Je colle mon corps bouillant contre sa chair glacée. Je suis là. Il est trop tard, mais je suis là, avec toi. Je touche son front, la seule partie de son corps qui expulse de la chaleur. J’y pose une main délicate. Je pose mon bras contre son corps. Je me colle. Mon visage se perd dans sa chevelure. Mon souffle dans sa nuque. « Reste avec moi. S’il te plait. » Les larmes, elles coulent à nouveau. Elle s’emmêle dans tes cheveux. Mes larmes elles se perdent dans le silence. Elles se perdent dans mes murmures. Reste avec moi. Putain. Reste avec moi. Je suis là. S’il te plait. Le désespoir. Je le sens. Il s’accapare de moi. Je veux remplir mon vide de ses démons. Alors je me colle contre elle, un peu plus. Reste avec moi Joséphine. S’il te plait.
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Re: L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même. Joséphine.
Mar 21 Déc 2010 - 11:35
She's losing her mind.She's fallen behind.
She can't find her place.She's losing her faith.
She's fallen from grace. She's all over the place.
Il faut que je parle à Leah, que je m’excuse de ne pas être venue à sa fête, mon état de santé actuelle ne me le permettant pas. Elle comprend. Elle s’inquiète. Elle veut venir. Tout plaquer quand bien même je n’aurais pas été franchement sympathique avec elle, ces derniers jours. Je refuse. C’est sa fête, elle se doit d’être là. Elle décide de m’envoyer Liam. Liam qui, bourré, risquait de ne pas m’être d’une grande aide. Je panique. Je ne sais plus quoi faire. J’ai envie de pleurer. Je refuse d’aller à l’hôpital, persuadée que je peux continuer à me soigner toute seule. Leah réussit à me faire capituler. Elle m’enverrait Liam. Ne restait plus qu’à attendre. Attendre en angoissant.
C’est la dernière chose dont je me souviens avant que le néant ne me frappe. Le noir, le plus absolu. Je n’ai plus mal. Je n’ai plus peur. Je suis inerte. Immunisée contre toute émotion. Je respire calmement. On pourrait croire que je dors. Mais j’entend tout ce qui se dit autour de moi. Je ne peux pas répondre. J’en suis incapable. J’aurais voulu appeler Liam, mais je ne sais pas où il est. Il m’a pourtant semblé entendre sa voix, au milieu d’autres. J’entend un bip par intermittence. Je suis reliée à des machines, dans une chambre d’hôpital. Je ne comprends pas ce qui m’est arrivé. Je voulais me dégager de tout ça mais je ne peux pas. Je reste sagement endormie. Je comate, je crois. C’Est-ce qu’a dit une voix de femme. « Elle est dans un léger coma. Elle devrait se réveiller dans plusieurs heures si tout va bien. » à qui s’adresse-t-elle? Et par Merlin, que se passe-t-il? Pourquoi je suis là? Je ne me souviens pas, je n’arrive pas à me souvenir. Je ne vois rien. J’entends juste ce qui se passe, à moitié consciente. Je discerne du mouvement autour de moi. Une présence qui parvient à se démarquer de toutes les autres. Une présence que je ressens, maintenant plus que jamais. « Reste avec moi. S’il te plait. » c’était sa voix, que je pourrais reconnaître entre mille. Je sais qu’il est là. Je me sens mieux. Je m’accroche à son aura. Je veux exaucer sa prière, aussi empreinte de désespoir fusse-t-elle. Je remue légèrement. Je crois que je me réveille, mais je ne saurais en jurer. Depuis combien de temps j’étais allongée dans ce lit d’hôpital? Depuis combien de temps était-il là, à veiller sur moi? Mais ouvrir les paupières m’était encore impossible. Je m’accroche à sa main, recouvrant peu à peu mes sensations. Mon âme n’était plus prisonnière de mon corps inerte, au contraire, ils avaient retrouvé leur harmonie originelle. J’ai juste l’impression de me réveiller simplement après une bonne nuit de sommeil. L’énième bip de la machine me fait sursauter. Je remue encore. Je lutte pour émerger, mais mon inconscient voulait me garder encore un peu dans les abysses. Je panique. J’ai l’impression d’être aveugle. Que mes yeux ne s’ouvriront plus jamais pour apprécier la lumière du jour. Je ne veux pas. Je veux pouvoir contempler encore le visage de Liam, voir mon fils rire. Je ne veux pas me retrouver prisonnière de l’obscurité à tout jamais, mes propres ténèbres étaient déjà bien envahissantes.
Enfin, j’ouvre les yeux, après quelques longues minutes de panique et de lutte intérieure. Le moniteur venait de s’affoler légèrement. Je cligne des yeux, mes prunelles mettent du temps à s’habituer à la pénombre de ma chambre. Je tourne légèrement la tête tandis que j’étudie les lieux. Je ne voulais pas aller à l’hôpital et pourtant j’y étais, mon mal devait, en conséquence, être suffisamment grave pour je m’y retrouve en dépit de ma volonté. J’aperçois finalement la silhouette de Liam, blotti contre moi. Ses yeux sont clos, sa main enserre la mienne avec force. Ses joues sont stigmatisées par les quelques larmes qu’il venait de verser. Son souffle est alcoolisé. Je fronce les sourcils, plongée dans l’incompréhension la plus totale. Puis, tout me revient en mémoire. Leah. La fête de son mariage. Ma solitude à l’appartement qui avait fini par m’oppresser. La fièvre qui m’avait transportée au bord du malaise. Je cligne des yeux, avant d’essayer de me redresser. Mais j’en suis incapable, je suis encore trop faible. Affaiblie par ce mal inconnu qui me ronge de l’intérieur. Ma malédiction. Je peste contre tous ces fils qui réduisent ma liberté de mouvement. Je me laisse retomber contre l’oreiller à l’odeur aseptisée, si impersonnelle. Je tourne la tête à nouveau, pour contempler le visage fatigué du Summerbee. J’en ai assez d’être ici, nous y sommes depuis trop longtemps. Je veux partir, retourner chez moi et me terrer dans les couvertures. Je me blottis contre lui, le désespoir s’étant emparé de mon cœur fragile. Je tremble entre ses bras. Je ne veux pas mourir, pas maintenant, pas quand la vie commence tout juste à me sourire. « Pourquoi je suis là? » je parviens à articuler faiblement, tandis qu’une lueur d’incompréhension passe dans mes prunelles argentées. « Où est Leah? » Il m’avait semblé l’entendre dans mon semi-coma. Qu’elle ne soit plus là me troublait légèrement. J’essaie de me redresser, encore une fois. Je tangue, je m’accroche à Liam comme un naufragé à une bouée de sauvetage. Mon bras s’allonge, tentant d’atteindre la bouteille d’eau sur la table de chevet mais cela m’est impossible. Je lève mon regard métallique vers lui, tandis que je marmonne, bouche pâteuse. « J’ai soif. Tu peux me passer l’eau s’il te plaît? » Je grimace tout en me replaçant normalement, mes muscles endoloris n’appréciant pas la manœuvre. La panique toujours en mon sein, je me rappelle à présent que ma grand-mère paternelle est morte d’une forte fièvre. Elle avait fini par en perdre l’esprit. Elle était jeune elle aussi, encore fringante. Sa mort avait été injuste. Une larme s’échappe de mes yeux immenses tandis que je me resserre contre lui. « Qu’est-ce que j’ai? Ils t’ont rien dit là-dessus? » Mes prunelles soucieuses le contemplent, anormalement brillantes. J’ai mal au crâne. Ma vue se brouille légèrement. Mes paupières papillonnent. Je plaque mes mains sur mes oreilles tant la douleur devient insupportable. Et quand je me risque à détacher mes doigts, ils sont rouge sang. Je hoquette de surprise. « Bon sang, c’est quoi ça? Il se passe quoi là? » En mon for intérieur, je savais ce qui se passait. Mes fichues visions, encore et toujours. Quand j’en avais, il n’était pas rare que je saigne du nez ou des oreilles. Je respire profondément, tentant de reprendre mon calme. Dans le fond, c’était normal que nul ne sache le mal dont j’étais atteinte. Le don de voyance était tellement rare. Ses effets secondaires étaient encore méconnus, les cas d’étude trop peu répandus et trop disparates pour qu’une étude concrète et sérieuse puisse être rendue. Mais je n’en pouvais plus de ce don. Il ne faisait que de m’attirer des problèmes. Je me tourne vers Liam. Je le supplie, complètement paniquée. « S’il te plaît Liam, appelle quelqu’un! » Je dois le lâcher. Le laisser partir. Alors, à contrecœur, je relâche mon étreinte. Fais vite s’il te plaît. Sinon je vais devenir folle.
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Re: L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même. Joséphine.
Mar 21 Déc 2010 - 22:40
- Je m’étais peut-être endormi. Mes yeux étaient clos, ma respiration avait retrouvé un rythme normal, mais j’étais encore conscient. Conscient que je n’étais pas allongé dans mon lit, conscient que cette nuit était loin d’être terminée. Pourtant, j’étais comateux, entre deux eaux. Je sentais le corps de Joséphine contre le mien, mes mains dans les siennes. C’était toujours la même scène que je voyais, lorsque mes paupières se fermaient. Je voyais Nell, désespérée, je voyais mon appartement. Ses lèvres contre les miennes, ce goût interdit. Cette même image qui revenait sans cesse dans ma mémoire. Cette image qui me hantait, à chaque baiser que j’offrais à Joséphine, cette image qui me rongeait de l’intérieur. J’ouvris vaguement les yeux, pour les posés sur la silhouette immobile de Joséphine. L’unique son constant de la machine reliée à elle me gardait dans la réalité. Mes démons à moi, ils ne sont pas dans ma tête. Ils sont bien réels. Ils ont la forme d’une femme. De deux femmes. Étais-je condamné à toujours commettre les mêmes erreurs? À toujours avoir à me battre contre mon passé? Elles qui furent une partie de ma vie, elles qui forgèrent mon histoire. Je m’en voulais terriblement de n’avoir rien dit à Joséphine pour le baiser alors que j’en avais eu maintes fois l’occasion. « Pourquoi je suis là? » Je sors du néant dans lequel je m’enfonçais. Je n’avais pas remarqué qu’elle s’était réveillée, ni même qu’elle avait bougé. J’étais trop fatigué, trop épuisé pour avoir conscience de mon propre corps. Mais sa voix, elle avait eu l’effet d’un poignard. J’ouvre les yeux, lèves légèrement la tête. « Où est Leah? » Je cligne quelques fois des yeux, pour m’habituer à nouveau à la noirceur de la chambre. « Tu étais inconsciente quand je suis arrivé. Leah est retournée à sa fête, je lui ai demandé. » Je me serre un peu contre elle, malgré tous les fils qui lui sont rattachés. « J’ai soif. Tu peux me passer l’eau s’il te plaît? » J’agrippe la bouteille du bout des doigts, je la laisse tomber dans ma main, j’enlève le bouchon pour tendre et dépose la bouteille entre ses mains. « Qu’est-ce que j’ai? Ils t’ont rien dit là-dessus? » L’infirmière était restée sommaire dans ses explications. Mais au fond, je savais bien qu’est-ce qui t’avais fait perdre conscience. Du moins, je croyais savoir. « Ils ont dit que c’était la fièvre qui t’avais fait perdre conscience… » Mais à peine eussé-je finis de parler, que la belle se recroqueville. Elle pose ses mains sur ses oreilles, tandis qu’il me faut quelques secondes pour comprendre la situation. Je me relève rapidement, assis sur le matelas. À travers les ténèbres, je crois voir un liquide sur les doigts de Joséphine. Ma main s’agrippe instinctivement à la sienne. « Bon sang, c’est quoi ça? Il se passe quoi là? » Je balbutie quelques mots inaudibles. Je ne sais pas ce qui se passe. J’observe ma main, rougie par le sang qui s’était échappé de l’oreille de Joséphine. Mon cœur avait reprit ses palpitations extrêmes.
« S’il te plaît Liam, appelle quelqu’un! » Je ne veux pas me détacher. Je ne veux pas la laisser seule encore une fois, dans cette obscurité morbide de l’hôpital. Il le fallait. Elle avait besoin d’aide et ce n’était pas moi qui pourrais y faire quelque chose. « Je vais chercher un médecin. Ne bouge pas. Tu es en sécurité ici. » Mes mots sonnaient faux, tant je n’y croyais pas. Tes démons, ils sont à l’intérieur de toi et même les murs de l’hôpital ne pourront te protéger. Alors, je me lève, je titube vers la porte. Le couloir est vide. La lumière me brule les yeux, je plisse légèrement les paupières pour m’habituer au contraste. Je tourne la tête violemment. Je marche d’un pas décidé à la rechercher de quelqu’un. Je vois l’infirmière de tout à l’heure, elle discute avec une collègue. Je marche, je me dirige vers elle, j’agrippe ses épaules. « Il faut un médecin, maintenant! » Je sens l’alcool, je pu le désespoir et elle, elle me regarde d’un drôle d’air. Je ne suis pas fou. Je suis désespéré et impatient. « Il faut un putain de médecin, maintenant! » Elle a peur, l’infirmière, mais moi je fixe toujours ses prunelles. Alors elle appelle. Elle l’appelle ce foutu médecin. Elle me regarde, elle est furieuse l’infirmière. « Mr. Phillips, veuillez rester dans la salle d’attente pendant qu’on s’occupe d’elle. » Je serre les poings, mes mains encore imprégner du sang de Joséphine. Je finis par me calmer un peu, je m’assois sur l’une des nombreuses chaises vides. Je soupire. J’ai mal aux poumons. Je me relève. Je sors dehors. Je sens le vent, le froid et je n’y prête pas attention. Je m’allume une clope. Mes mains tremblent. Je regarde par la fenêtre les gens aller et venir dans la chambre de Joséphine. Je suis inquiet, j’ai envie de vomir. À peine entamée, j’écrase ma clope dans la neige.
« Mr. Phillips. Nous avons quelques questions à vous poser. » Je n’ai pas envie d’être là. Je n’ai pas envie de rester encore plus longtemps dans cette saleté d’hôpital. Je n’aime pas ses endroits, j’en ai peur et pour être franc, j’essaie de m’y rendre le plus rarement possible. Les hôpitaux, celui-ci en particulier ne fait que me rappeler la mort de mon gamin. Du bébé que Sarah et moi attendions. Je serre les poings. « Combien de temps, elle devra rester ici? » Le médecin m’observe d’un air inquiet, il n’aime pas mon impatience. « Mr. Phillips, quelle est la nature de votre relation avec la patiente? » J’hausse un sourcil. C’est quoi cette putain de question? Il réitère. Son ton monocorde m’exaspère. « Je suis son copain. » Il m’observe encore. « Vous avez bu ce soir, Mr. Phillips? » J’ai envie de lui cracher au visage. Oui, j’ai bu et alors? Ce n’est pas moi qui l’a mise dans cet était-là. « Quand est-ce que je vais pouvoir la voir? » « Son état s’empire de minute en minute. Vous devriez attendre que ça se calme. » Attendre. Attendre pour quoi? Pour qu’elle s’enlise encore un peu plus dans les tréfonds de son âme? Il ne sait pas ce qui lui arrive. « Elle a besoin de moi. » « Elle a besoin de repos. » Il tourne les talons. S’en va. Je ne cherche pas à être subtile. Je marche vers la chambre de Joséphine. J’entre à nouveau dans l’obscurité. Le bip est encore là. Le tic de l’horloge aussi. Joséphine, elle tremble. Ils ne peuvent rien faire pour elle, pour ce qu’elle voit. « Je suis là. » C’est tout ce que j’arrive à formuler dans ses cas-là. C’est tout ce que j’arrive à lui dire. Je prends une grande inspiration et je me rassois sur cette chaise froide. « Ne les laisse pas faire. Ne les laisse pas t’envahir. » J’agrippe sa main froide. Je murmure encore. « Je suis là. »
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Re: L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même. Joséphine.
Mer 22 Déc 2010 - 1:02
Vouloir toujours cacher aux autres ses failles
Avoir l'envie que quelqu'un d'autre s'en aille
Avoir peur de revenir
Avoir peur de devenir
Je me laisse tomber sur l’oreiller mais je me crispe soudainement. Une douleur fulgurante me transperce le crâne et me contraint à me courber. Je plaque mes mains sur mes oreilles, tandis que le sang coule entre mes doigts. J’ai peur. Je suffoque, ma poitrine compressée sous l’effet de la panique. Je supplie Liam de m’appeler quelqu’un, tant tout s’accélère et je suis incapable de maîtriser. L’attente est longue, douloureuse. J’angoisse comme jamais. Je me vois en train de mourir, me vider de mon sang quand bien même je ne me serais jamais ouvert les veines. Jules allait être orphelin, j’allais laisser Liam alors qu’il se remettait à peine de tout ce bordel qu’était sa vie. Je déteste ce que je suis, maintenant plus que jamais. Je sens le sang qui coule de mon oreille, cela me révulse, la nausée me prend. Les draps sont tâchés, l’oreiller aussi, mais je n’ai pas le temps d’être désolée pour le matériel, je suis en train de me vider de ma substance vitale. Pourtant, cela n’allait jamais être une grosse hémorragie. Mais à présent j’ai peur, je sens ma vie me filer entre les doigts, je cherche à m’y raccrocher désespérément parce que maintenant j’ai une raison d’exister. L’intervention de l’équipe médicale coupe court à mes tergiversation morbides, mitigées au désespoir qui montait en moi, de façon exponentielle. Je me revois, dénudée et trempée, sur le carrelage de la salle de bains, silhouette perdue au milieu des éclats de verre. Mon corps tremble, torturé par la fièvre qui continuait de monter. Je me tords, je m’agite, je suis bientôt prise de convulsions. Le moniteur s’emballe, mon corps également. Je suis incapable de maîtriser. Le néant m’enveloppe encore une fois. Je lutte pour qu’il ne me prenne pas. Je suis trop jeune pour y plonger. Le froid m’envahit, m’effleurant de ses phalanges sinistres, tandis que je me perds chaque seconde un peu plus. Je panique parce que je ne ressens plus la présence de Liam. Son mirage s’est lui aussi évaporé dans mon esprit qui divague.
Retour à la case départ. Je suis de nouveau dans mon coma. J’entends tout mais je suis incapable de réagir. Mon esprit s’est muré dans sa forteresse, mes cheveux se collent du sang poisseux qui macule l’oreiller, j’ai perdu toute dignité. « Je suis là. » Mon cœur tressaute dans sa poitrine au son de sa voix. Mes yeux sont clos, on dirait que je dors. Que je suis paisible. Mais mon mal continue de me ronger. J’ai envie qu’il appelle ma mère. Mon père le cas échéant. Je veux exiger qu’on me ramène Jules mais je suis incapable de formuler ne serait-ce qu’une seule requête. À quoi bon de toute manière, puisque je suis à moitié morte? Je suis fatiguée de me battre, je veux que cela cesse. Je ne veux plus souffrir, je ne veux plus rien voir qui n’émanerait pas de mes yeux, je ne veux plus les entendre. Je veux juste entendre cette voix que j’aime tant, me concentrer uniquement sur lui, sur son accent écossais, sur son timbre si particulier qui me faisait tant frissonner. « Ne les laisse pas faire. Ne les laisse pas t’envahir. » Il ne sait pas de quoi il parle. Il ne connaît pas toutes ces personnes qui me hantent, qui m’incitent à venir les rejoindre. Il ne sait rien de tout ça et ça me tue. J’ai envie de me battre mon amour, crois moi. Je n’ai plus envie qu’ils me possèdent, j’ai envie de refermer la plaie béante de mon cœur, enfermer tout le monde à l’intérieur de façon à ce qu’ils ne puissent plus s’en échapper pour me meurtrir une fois encore. Je veux les enterrer, les anéantir, les oublier, mais toute seule je n’y arrive pas, c’est bien trop dur. Sais-tu pourquoi Deborah était là, Liam? Deborah déteste Joséphine parce qu’elle est trop faible, trop fragile. Joséphine est hantée, elle est amoureuse et perturbée. Elle est bien trop à fleur de peau pour son propre bien, désireuse de croire au genre humain en bonne naïve qu’elle est. Et Deborah la déteste pour tout cela. Deborah me maudit de t’aimer, de t’avoir laissé entrer dans mon cœur et d’avoir pris toute la place. Deborah, c’est mon côté sombre, celle qui détruit un à un les espoirs qui m’habitent par intermittence pour se blinder davantage. Deborah a été anéantie. Et elle ne me l’a jamais pardonnée. « Je suis là. » Sa main serre la mienne. Mes doigts se crispent un peu plus autour des siens, quémandant son contact. Je sais mon amour. Je sais que tu es là. Je veux serrer ta main et ne plus la lâcher. Mais j’en suis simplement incapable.
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Re: L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même. Joséphine.
Mer 22 Déc 2010 - 4:20
- Cette frayeur m’enveloppe. Elle me couvre. Elle est présente dans tous les pores de ma peau. Elle s’imprime dans ma chair. Elle est présente. Je la sens. C’est tout ce que je ressens à l’instant. Cette panique, cette terreur qui s’amuse à mes dépens. Mes poumons s’essoufflent. Je cherche l’air dans la pièce, je n’y arrive pas. Je suis en apnée, combattant ce triste vertige qui m’empêche de respirer. J’aurais voulu qu’elle m’explique d’où viennent ses crises. D’où viennent les démons qui la hantent. Je ne sais rien. Je ne sais rien d’elle, de son passé, de ses tourments. Pourtant, le naïf que je suis veut y croire. Je veux croire qu’elle aura, après tout ça, le courage de me parler de ce qui la rend fiévreuse. J’ai tellement peur qu’elle ne se réveille pas. Qu’elle reste dans cet état-là, sans que j’aie pu lui dire tout ce qui me hantait. Mon amour, réveilles toi. Reviens-moi. Notre histoire ne peut pas se terminer comme ça, tu n peux pas mourir. Cette scène m’était étrangement familière. Je voyais Sarah, allongée dans un lit similaire. Elle avait mal, elle souffrait. Son regard dévasté se posa sur moi. C’était la fin. « Nous n’avons pas dit notre dernier mot. » Tu te souviens ces mots que tu m’avais dis, lors de nos premiers baisers? Tu te souviens mon amour? Non. Je ne vais pas t’abandonner, je ne vais pas abandonner. Je t’aime, je suis là, je reste avec toi. Je ne sais pas si tu m’entends, mais je vais continuer à parler. Je vais continuer à serrer ta main, je vais continuer à flatter tes cheveux. Mais je panique, je ne sais pas comment réagir, quoi dire ou quoi faire. Alors, je me lève, je sors discrètement de la chambre, vais me chercher un café et reviens près de toi. Je voudrais que tes yeux s’ouvrent, que tu me parles, que tu me dises que tout ça, ce n’est qu’un mauvais rêve. « Joséphine. » J’apporte le café brûlant à mes lèvres, tandis que ma main libre s’accroche à la sienne. « Je déteste les hôpitaux, tu sais, je suis là, parce que je t’aime. » Mes paroles sont vaines. Son corps reste immobile. « Tu sais, quand j’étais petit, j’avais toujours de la difficulté à dormir alors ma mère me chantais une berceuse. » Je bois une autre gorgée de mon café. Il n’est pas spécialement bon, mais dans la situation présente, c’était mieux que rien. Je posai finalement mon regard sur la porte. Je détestais les hôpitaux. Ces endroits me donnent la chair de poule. Je dépose mon café sur la table basse près de ma chaise. Je m’approche de son visage, inconscient. « Hush-a-ba, babby, lie still, lie still; Your mammie's away to the mill, the mill; Babby is greeting for want of good keeping, Hush-a-ba, babby, lie still, lie still. » Je lui murmure cette vieille berceuse. Celle que ma mère avait l’habitude de me chanter, les soirs où j’étais incapable de dormir. J’espérais qu’elle m’entende, que ma voix la réconforte un peu, parmi tous les démons dans sa tête. Je pose mes lèvres contre son front bouillant. Je l’embrasse doucement. La porte s’ouvre, laissant entrer un mince filet de lumière dans la pièce. « M. Phillips? » L’infirmière m’interpella. Sa voix était plus douce que précédemment. Je tourne la tête, je marmonne quelques mots et lâche à contre cœur la main de Joséphine. Je sors de la chambre, attrapant mon café au passage. « Oui? » « Vous devriez rentrer chez vous, il est tard et je ne crois pas qu’elle va se réveiller cette nuit. » Je cherche mon paquet de cigarette, le trouve finalement. « Non, je vais rester ici cette nuit. Elle a besoin de moi. » L’infirmière sourit, elle marche à mes côtés tandis que je me dirige vers la porte. « Je vous accompagne. » Elle s’allume une clope. Me tend son briquet. « Merci. » J’apporte la cigarette à ma bouche. Je fume, j’inspire la fumée dans mes poumons. J’ai encore la tête sous l’eau. « Vous savez ce qui s’est passé? » La jeune femme effleure le sol du regard, avant de le reposer sur moi. « La fièvre semble lui donné des hallucinations. Elle n’est pas cohérente. » J’acquiesce d’un signe de tête, je porte la tasse en carton à mes lèvres. « Ce n’est pas la première fois. » J’écrase ma cigarette sur le sol, tandis qu’elle continue à fumer. « Je vais aller la rejoindre. » J’appose ma main sur la poignée. « C’est beau ce que vous faite pour elle. »
Les heures s’écoulent, le décor reste le même. Je continue à faire des allers-retours entre la chambre de Joséphine et l’extérieur. Je suis épuisé, complètement détruit. Je veux dormir, mais j’en suis incapable. J’erre dans l’hôpital comme un fantôme. Je reviens vers la chambre, je dépose mon café sur la table. L’obscurité laisse place à un mince filon de lumière, le soleil se lève tranquillement sur Norwich. Je soupire, me laisse tomber sur le matelas, je colle mon corps contre Joséphine. Elle est froide, presque glaciale. Ce n’est plus une sensation nouvelle. J’ai l’habitude de son corps aux extrêmes. Depuis quelques heures, il était glacial. Je me colle contre elle, un peu plus. Je suis épuisé, mais je n’arrive pas à dormir. « Je suis désolé, Joséphine. » Je ne sais pas si tu m’entends mon amour et ce que je vais te dire ne va sûrement pas améliorer ton état, mais je dois te le dire, si jamais tu ne te réveilles pas. « Je suis désolé mon amour. J’aurais dû t’en parler, je n’aurais pas du te le cacher. » J’inspire, j’expire. « J’ai fais une erreur. Mon amour. J’ai fais une terrible erreur. » Ce n’est plus moi qui parle, c’est mon désespoir. « Je n’aurais pas du laisser Nell m’embrasser. J’aurais du refuser son baiser, mais je ne l’ai pas fait… » Je m’agrippe à son corps, je veux qu’elle m’écoute, qu’elle entende mes paroles. Les larmes, elles coulent à nouveau, parce que je me sens coupable. Parce que j’ai peur qu’elle ne se réveille plus jamais. « Pardonnes moi mon amour. Pardonnes moi de ne pas être assez courageux pour te le dire… Pardonnes moi. » J’enfouie mon visage dans sa chevelure. Je veux juste m’endormir, juste dormir un peu pour ne pas me sentir aussi médiocre. Je suis là, mais je ne suis pas avec elle. Son combat, il n’y a qu’elle qui peut le vaincre. Alors, j’attends. Je ferme les yeux. Je sombre dans un sommeil sans rêve.
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Re: L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même. Joséphine.
Mer 22 Déc 2010 - 14:15
« Joséphine. » Mon prénom roule de ses lèvres rosées, encore une fois. Je t’entends, je t’écoute mais je ne peux pas te voir, je ne peux pas te répondre. Je tressaute légèrement. Mais je suis toujours inerte, dans un autre monde. Mon corps était proche du tien, mais mentalement, j’étais loin. Trop loin pour que tu puisses accéder à moi. « Je déteste les hôpitaux, tu sais, je suis là, parce que je t’aime. » Cette attention me touche tu sais? Tu sais combien je les déteste aussi. Crois-tu pourquoi j’ai essayé de convaincre Leah de ne pas m’y emmener, que j’étais capable de me débrouiller toute seule? J’ai un secret à protéger, Liam. Je ne veux pas qu’ils m’internent parce qu’ils pensent que je suis folle. Je repense à cette grand-mère qui en a perdu l’esprit. Je ne veux pas finir comme elle. Je ne veux pas qu’ils croient que j’ai des hallucinations en raison de mes antécédents psychiatriques, je veux qu’ils s’en tiennent à l’hypothèse de la fièvre. Seulement la fièvre, qui fait délirer comme n’importe quelle drogue. « Tu sais, quand j’étais petit, j’avais toujours de la difficulté à dormir alors ma mère me chantais une berceuse. » J’aurais voulu sourire, pour lui indiquais que je trouvais cette anecdote mignonne. Parce que je chante aussi une berceuse à Jules pour qu’il s’endorme. Tu l’as déjà entendue, cette berceuse. Une vieille chanson française, une chanson d’Edith Piaf. Quand il me prend dans ses bras, il me parle tout bas, alors je vois la vie en rose. Il me dit des mots d’amour, des mots de tous les jours, et ça fait quelque chose. Tu ne la connaissais pas avant que je la chante, puis tu as voulu la réentendre. Tu te souviens, Liam? Ces notes résonnent dans ma tête, elles chassent les démons. Pour un peu, je verrais presque la vie en rose si mon monde n’était pas aussi obscur. « Hush-a-ba, babby, lie still, lie still; Your mammie's away to the mill, the mill; Babby is greeting for want of good keeping, Hush-a-ba, babby, lie still, lie still. » Je t’entends chanter. Cela m’apaise. Je m’accroche à cette voix que j’aimais tant. La berceuse me fait rire. Je ne comprends pas les paroles. Tu me l’expliqueras, n’est-ce pas, quand tout sera fini? Ses lèvres douces se posent sur mon front. La porte s’ouvre. La magie est rompue.
Je retourne à mes démons, à la pourriture qui m’habite. J’entends les voix de Liam et de l’infirmière. Je ne comprends pas ce qu’ils racontent. Tout du moins, je ne veux pas comprendre. L’infirmière tente de renvoyer Liam chez lui mais il refuse. Il s’accroche. J’entends parler d’hallucinations. D’incohérence. Que je ne me réveillerai pas tout de suite. Et je proteste. Je ne veux pas qu’il parte. Je ne veux pas qu’il me laisse seule. J’ai besoin de sa présence. Je n’y arriverai pas toute seule. La machine s’emballe en même temps que mon rythme cardiaque devenu trop soutenu sous l’effet de la colère et du désespoir. Mais il reste. Il insiste. Je m’apaise. Mon rythme cardiaque redevient normal. Ils partent. Et ils reviennent. Toujours pour poser des questions à Liam, des questions auxquelles il ne peut pas répondre parce qu’il ne sait rien de ma vie, de mon passé. Des démons qui me hantent. « Sais-tu pourquoi tu es là, Joséphine? » Le psychiatre rajuste ses lunettes. Il me toise, tandis que je me renferme sur moi-même. Je ne voulais pas parler. Il pouvait toujours se faire foutre pour que je parle. « Nous sommes là pour te guérir. » Je ne suis pas malade. Je n’ai pas besoin d’être guérie. Je veux rentrer chez moi et me terrer sous les couvertures. Je ne veux plus en entendre parler. « On t’a diagnostiqué des troubles de la personnalité, tu le sais, ça? » Comment je peux ne pas le savoir? Je suis schizophrène, c’est ça qu’il insinue? Non. Pas schizophrénie. Dédoublement de la personnalité tout au mieux. Ce n’était pas la même chose. Je ne méritais pas qu’on m’explose la cervelle à coups d’électrochocs. Je ne veux pas finir comme ça. Je veux rester digne. Le souvenir s’évanouit aussi vite qu’il était apparu. Je suis à nouveau dans cette chambre d’hôpital, mon esprit n’ayant fait que voguer d’un souvenir à l’autre. Depuis combien de temps j’étais là, je n’en avais pas la moindre espèce d’idée. Je m’éloigne encore. Je pars en ayant peur de ne plus jamais revenir.
« Je suis désolé, Joséphine. » Retour à la réalité. Pourquoi es-tu désolé, mon amour? Que cherches-tu à me dire et qui te met dans cet état là? Tu es désolé d’être allé à la fête de Leah, de m’avoir laissé toute seule? Ce n’est pas de ta faute, tu le sais, c’est moi qui ai insisté pour que tu y ailles. Tu n’as pas à me demander pardon. « Je suis désolé mon amour. J’aurais dû t’en parler, je n’aurais pas du te le cacher. » Que m’as-tu caché alors? Qu’est-ce que je dois savoir et que je ne sais pas? Au son de ta voix, je devine qu’il serait peut-être mieux que je ne le sache pas. Mais c’est plus fort que moi, je suis bien trop curieuse et ma curiosité me perdra. « J’ai fais une erreur. Mon amour. J’ai fais une terrible erreur. » Tout le monde fait des erreurs, Liam. Moi la première. Mais je m’en fiche moi, des erreurs que tu as pu commettre dans le passé. Cela ne changera rien à l’amour que je te porte. Tu peux te vanter de t’être arrogé mon amour total et inconditionnel. Et pourtant, j’ai peur. J’ai peur de ce que tu vas me dire. J’ai peur de te détester toi aussi, comme j’ai pu détester Etienne. « Je n’aurais pas du laisser Nell m’embrasser. J’aurais du refuser son baiser, mais je ne l’ai pas fait… » La bombe explose. Elle meurtrit mon cœur. J’avais voulu te croire, quand tu disais qu’il n’y avait que moi. Mais apparemment, je m’étais fourvoyée. Il n’y avait pas que moi. Il y avait Nell aussi. Et Sarah, quelque part au fond de toi. Quoique tu en dises, quoi que tu essaies de me faire croire. Tu m’as trompée, Liam. Tu m’as trompée et j’ai mal. Leah avait raison de me contredire quand je disais que je ne pouvais pas tomber deux fois de suite sur un salaud. Je ne veux pas y croire. Ce mot, ce n’est pas toi. Et pourtant tu as agi comme tel. Pourquoi Liam, pourquoi? Pourquoi alors que ça va plus ou moins bien entre nous? Tu m’en veux parce que je ne me suis pas donnée à toi? Parce que je veux prendre mon temps? Combien de fois devrais-je donc veiller à ce que tu ne me files pas entre les doigts? Je t’entends pleurer. Tes larmes me meurtrissent encore plus que tes mots. Tu ne peux pas me faire ça. Tu ne peux pas frapper une femme déjà à terre. « Pardonnes moi mon amour. Pardonnes moi de ne pas être assez courageux pour te le dire… Pardonnes moi. » Tu es désolé. Sincèrement désolé. Je le sais mon amour, mais cela ne réparera pas la plaie béante que tu viens de faire dans mon cœur. Cela n’effacera en rien ton geste. Pourquoi tu me le dis maintenant, Liam? Tu as peur de ne pas avoir le temps? Qu’est-ce que tu ferais si je mourrais, hein, qu’est-ce que tu ferais?
Je retourne à mes démons, à la pourriture qui m’habite. J’entends les voix de Liam et de l’infirmière. Je ne comprends pas ce qu’ils racontent. Tout du moins, je ne veux pas comprendre. L’infirmière tente de renvoyer Liam chez lui mais il refuse. Il s’accroche. J’entends parler d’hallucinations. D’incohérence. Que je ne me réveillerai pas tout de suite. Et je proteste. Je ne veux pas qu’il parte. Je ne veux pas qu’il me laisse seule. J’ai besoin de sa présence. Je n’y arriverai pas toute seule. La machine s’emballe en même temps que mon rythme cardiaque devenu trop soutenu sous l’effet de la colère et du désespoir. Mais il reste. Il insiste. Je m’apaise. Mon rythme cardiaque redevient normal. Ils partent. Et ils reviennent. Toujours pour poser des questions à Liam, des questions auxquelles il ne peut pas répondre parce qu’il ne sait rien de ma vie, de mon passé. Des démons qui me hantent. « Sais-tu pourquoi tu es là, Joséphine? » Le psychiatre rajuste ses lunettes. Il me toise, tandis que je me renferme sur moi-même. Je ne voulais pas parler. Il pouvait toujours se faire foutre pour que je parle. « Nous sommes là pour te guérir. » Je ne suis pas malade. Je n’ai pas besoin d’être guérie. Je veux rentrer chez moi et me terrer sous les couvertures. Je ne veux plus en entendre parler. « On t’a diagnostiqué des troubles de la personnalité, tu le sais, ça? » Comment je peux ne pas le savoir? Je suis schizophrène, c’est ça qu’il insinue? Non. Pas schizophrénie. Dédoublement de la personnalité tout au mieux. Ce n’était pas la même chose. Je ne méritais pas qu’on m’explose la cervelle à coups d’électrochocs. Je ne veux pas finir comme ça. Je veux rester digne. Le souvenir s’évanouit aussi vite qu’il était apparu. Je suis à nouveau dans cette chambre d’hôpital, mon esprit n’ayant fait que voguer d’un souvenir à l’autre. Depuis combien de temps j’étais là, je n’en avais pas la moindre espèce d’idée. Je m’éloigne encore. Je pars en ayant peur de ne plus jamais revenir.
« Je suis désolé, Joséphine. » Retour à la réalité. Pourquoi es-tu désolé, mon amour? Que cherches-tu à me dire et qui te met dans cet état là? Tu es désolé d’être allé à la fête de Leah, de m’avoir laissé toute seule? Ce n’est pas de ta faute, tu le sais, c’est moi qui ai insisté pour que tu y ailles. Tu n’as pas à me demander pardon. « Je suis désolé mon amour. J’aurais dû t’en parler, je n’aurais pas du te le cacher. » Que m’as-tu caché alors? Qu’est-ce que je dois savoir et que je ne sais pas? Au son de ta voix, je devine qu’il serait peut-être mieux que je ne le sache pas. Mais c’est plus fort que moi, je suis bien trop curieuse et ma curiosité me perdra. « J’ai fais une erreur. Mon amour. J’ai fais une terrible erreur. » Tout le monde fait des erreurs, Liam. Moi la première. Mais je m’en fiche moi, des erreurs que tu as pu commettre dans le passé. Cela ne changera rien à l’amour que je te porte. Tu peux te vanter de t’être arrogé mon amour total et inconditionnel. Et pourtant, j’ai peur. J’ai peur de ce que tu vas me dire. J’ai peur de te détester toi aussi, comme j’ai pu détester Etienne. « Je n’aurais pas du laisser Nell m’embrasser. J’aurais du refuser son baiser, mais je ne l’ai pas fait… » La bombe explose. Elle meurtrit mon cœur. J’avais voulu te croire, quand tu disais qu’il n’y avait que moi. Mais apparemment, je m’étais fourvoyée. Il n’y avait pas que moi. Il y avait Nell aussi. Et Sarah, quelque part au fond de toi. Quoique tu en dises, quoi que tu essaies de me faire croire. Tu m’as trompée, Liam. Tu m’as trompée et j’ai mal. Leah avait raison de me contredire quand je disais que je ne pouvais pas tomber deux fois de suite sur un salaud. Je ne veux pas y croire. Ce mot, ce n’est pas toi. Et pourtant tu as agi comme tel. Pourquoi Liam, pourquoi? Pourquoi alors que ça va plus ou moins bien entre nous? Tu m’en veux parce que je ne me suis pas donnée à toi? Parce que je veux prendre mon temps? Combien de fois devrais-je donc veiller à ce que tu ne me files pas entre les doigts? Je t’entends pleurer. Tes larmes me meurtrissent encore plus que tes mots. Tu ne peux pas me faire ça. Tu ne peux pas frapper une femme déjà à terre. « Pardonnes moi mon amour. Pardonnes moi de ne pas être assez courageux pour te le dire… Pardonnes moi. » Tu es désolé. Sincèrement désolé. Je le sais mon amour, mais cela ne réparera pas la plaie béante que tu viens de faire dans mon cœur. Cela n’effacera en rien ton geste. Pourquoi tu me le dis maintenant, Liam? Tu as peur de ne pas avoir le temps? Qu’est-ce que tu ferais si je mourrais, hein, qu’est-ce que tu ferais?
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Re: L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même. Joséphine.
Dim 26 Déc 2010 - 19:05
- Mon estomac se contracte. L’alcool. Ou peut-être la culpabilité, ou un divin mélange des deux. Enfin, dès l’instant où ses mots étaient sortit de ma bouche, je m’étais sentis coupable. Coupable de ne pas avoir le courage de lui dire lorsqu’elle était réveillé, coupable de ne pas être aussi fort que je le prétendais. Mon amour, j’aurais aimé que tout ça ne soit qu’un mauvais rêve, qu’on se réveille dans mon lit, qu’on prenne un café, comme un couple normal. Mais entre nous, il n’y avait rien de simple, rien ne le serait. J’étais lâche, tellement que je t’avais mentis pour éviter de crever notre petite bulle. Est-ce que méritais vraiment de te tenir la main, à cet instant de ta vie où tout s’écroule? Je ne crois pas. Je suis désolé Joséphine, je suis désolé de ne pas être celui que tu aimes. Je voudrais tellement que rien de tout ça ne soit arrivé, que tu ne sois pas sur ce lit d’hôpital par ma faute. Tu ne me le dis pas, mais j’ai l’impression que tes crises, c’est moi qui les déclenchent. Je ne sais pas pourquoi, ni comment, mais j’ai cette certitude que je ne suis pas bien pour toi, cette angoisse qui me ronge depuis plusieurs heures. Tu vois, même le médecin se méfie. Suis-je condamné à blesser les gens que j’aime? J’aimerais te dire que je t’aime, que je suis désolé pour le baiser, qu’il ne signifie rien, que mon cœur t’appartient et que tu peux en disposer comme bon te semble. Pourtant, je reste silencieux, incapable de formuler quoique ce soit. Je m’en veux, d’être incapable de faire ce qu’il faut. Encore à l’instant, alors que je viens de déballer tout ce qui s’était passé avec Nell, je suis incapable de faire face à la musique. Je suis incapable d’agir en adulte, parce que je suis encore un gamin. Un gamin qui ne réalise pas les conséquences de ses actes. Je finis par me relever, je fais les cent pas dans la chambre, je ronge mes ongles jusqu’au sang. Je voudrais qu’elle se réveille, qu’elle me dise que tout est parfait, qu’elle m’aime, qu’elle veuille être avec moi. Mais non, le médecin dit que si elle ne se réveille pas dans les heures qui suivent les chances s’amincissent dramatiquement. Alors, je tourne en rond, j’observe le soleil se lever lentement, je serre les poings. J’ai toujours été impatient, j’ai toujours voulu avoir tout, tout de suite. Mes parents m’avaient élevé en m’offrant tout ce dont j’avais besoin, tout ce que je voulais. Alors cette attente, elle devenait insupportable. Elle pesait sur mes épaules, que s’en était devenu douloureux. Et j’étais seul. Seul à vivre cette épreuve. C’était trop, trop pour ce que je pouvais supporter. Cet endroit me rendait fou, j’avais non seulement l’impression que j’y laisserai ma tête, mais aussi mon cœur. Je commençais à devenir agressif, j’avais envie de prendre Joséphine dans mes bras, de lui hurler, la supplier qu’elle se réveille. Je ne fais rien, je me contente de fixer la ligne tracé dans le ciel, la ligne qui sépare le jour de la nuit. Mes mains tremblent, je craque mes phalanges. J’ai besoin de sortir de la chambre, prendre un peu d’air, mais j’ai peur que si je sors, je ne reviendrai pas. J’y vais quand même, j’ai encore besoin de fumer. J’ouvre mon paquet, sors l’une des dernières cigarettes de mon paquet et sors finalement de la chambre. Je fais le trajet qui me semble beaucoup trop commun. Je sors dehors, m’allume une clope. Et là, j’explose. C’était trop. Juste trop. Je me laisse tomber dans la neige, mes poings frappent le sol. Encore et encore. « Pourquoi? » Je lève les yeux au ciel, demandant une réponse à un Dieu dans lequel je n’ai pas foi. « Pourquoi moi? Pourquoi elle? Elle ne mérite pas ça! T’as pas le droit de la faire souffrir comme ça! » Je l’emmerde, ce putain de dieu. Mes mains frappent le sol, le sang séché de Joséphine sur ma main s’évapore dans la neige, mes jointures sont rougies par le froid. J’ai mal, j’ai peur, j’ai froid, je suis perdu.
Je suis resté quelques temps dehors, à sentir le froid sur mes joues humides. À sentir la douleur qui m’envenime. Pourquoi est-ce que je suis devenu ainsi? Aussi lâche, aussi faible, aussi peureux. Je m’en veux, de ne pas être celui qu’on attend. Je pense à Charles, au fait qu’il a toujours été plus solide que moi, dans ce genre de situation. J’étais faible. Joséphine n’avait pas besoin de quelqu’un comme moi dans sa vie, je ne ferai que la blesser. Je l’ai déjà fait. J’ai donné raison à Sarah, en embrassant de nouveau mon amie. J’ai donné raison à ses peurs, comme aux peurs de Joséphine. Je n’avais pas envie de rentrer, alors je faisais des allez retour sur la petite route qui menait à l’entrée. Il n’y avait personne dehors, sauf une dame qui venait en ma direction. Je croise vaguement son regard, elle le pose sur moi. J’ai l’air déchu, n’est-ce pas? J’ai l’air d’un amoureux perdu, parce que sa copine est dans le coma. Regardez-moi, madame, regardez le piètre amoureux que je fais. Elle passe son chemin et entre dans l’hôpital. Je reste figé devant le magnifique lever de soleil, sur la neige pure, sur la neige salie de mon sang, du sang de Joséphine. Les larmes ne veulent plus couler. Je suis trop fatigué pour ça. Trop vidé. Après avoir hésité, je finis par entrer de nouveau dans mon cauchemar. Je vais me chercher un autre café, l’autre étant devenu trop froid. Alors que je reviens vers la chambre de Joséphine, la porte est entre ouverte. Mon cœur s’arrête. Je fige sur place. A-t-elle recommencé l’une de ses crises, est-elle en train de mourir et moi, trop lâche, je n’arrive pas à bouger. Alors, je finis par mettre un pied devant l’autre, je marche vers la chambre. Je n’entends pas la panique de l’équipe médicale, au contraire, toujours ce même silence terrifiant. J’ouvre la porte. La lumière du couloir éclaire une silhouette féminine. La femme que j’ai croisée quelques instants plus tôt à l’extérieur. Je pose mon café sur la table basse. Elle se tourne vers moi, elle m’observe. L’amoureux déchu. « Qui êtes-vous? » Elle s’adresse à moi en Français, j’en conclu rapidement que la dame fait partie de la famille de Joséphine. Je reste silencieux pendant un instant, ma main frôlant le bord de la table basse. « Liam. » Je pose finalement mon regard sur la femme et dans le meilleur Français possible, je tente de m’exprimer. « Je suis un ami de Joséphine, son copain en fait. C’est moi qui l’ai trouvé dans cet état… » La femme se retourne vers le corps inerte de la belle, alors que j’agrippe nerveusement ma tasse de café. Tout ça s’en allait dans une étrange direction.
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Re: L'habitude du désespoir est plus terrible que le désespoir lui-même. Joséphine.
Dim 26 Déc 2010 - 22:48
we’ve never be so many, and we’ve never be so alone Les ombres tournoyaient autour de mon corps inertes, prêtes à l’emmener dans leurs ténèbres. J’entendais toutes ces personnes parler, mais j’étais incapable de déterminer qui disait quoi. Seule la voix de Liam se détachait de toutes les autres, mais j’avais le sentiment qu’elle s’éloigner. Je suis dans le noir, comme une aveugle. Je suis seule. Je suis perdue. Et chaque heure qui passe, dit le médecin, je me perds un peu plus, amenuisant mes chances de retrouver la lumière. J’entends la porte grincer. Des pas fureter autour de moi. Je ne reconnais personne. Je crois que j’ai peur. Une peur viscérale, née de mes entrailles. J’ai peur. J’ai peur de m’éteindre avant mon vingt-toisième anniversaire, j’ai peur de ne pas vivre assez vieille pour voir Jules grandir, j’ai peur de laisser Liam, j’ai peur de ne plus exister, j’ai peur de ne jamais avoir eu la possibilité d’accomplir quoi que ce soit dans ma vie. You say we’re not responsible but we are. We are. Je t’en veux d’avoir embrassé Nell tu sais? J’ai mal de t’imaginer dans ses bras à elle, mais j’ai mal parce que je tiens à toi, parce que je ne veux pas que tu m’échappes. J’imagine qu’avec le temps je finirai par te pardonner, par me dire que ce n’était qu’une méprise, que c’est moi que tu aimes mais même cela sonne faux à mes oreilles, je n’y crois pas. Parce que le destin n’en a pas fini avec nous, Liam. Le destin venait d’entrer dans la chambre exigüe et plongée dans la pénombre. Il a le visage d’une femme frêle et fatiguée, aux cheveux d’un noir de geais et à la peau grisâtre. Je ressens la présence de Sophie. Son aura hostile me blesse. Elle, ici? Par quelque miracle cela était-ce possible? PERSONNE A CONTACTER EN CAS D’URGENCE. Les caractères d’imprimerie me revinrent en mémoire. J’avais indiqué le nom et l’adresse de mes parents au cas où. L’équipe médicale avait dû les contacter. Mais comment se fait-il que je ne ressentais pas la présence d’Allan? Il devait être occupé au Ministère, une fois encore. Forcément. Son boulot était plus important que sa fille adoptive qui était en train de crever sur son lit d’hôpital. Tu vois mon amour. Je n’ai rien pour être heureuse. Linning up for the grand illusion. No answers for no questions asked.
« Qui êtes-vous? » Elle a repéré Liam. Par Merlin, elle va le détester sans même le connaître. Comme elle a détesté Etienne. Comme elle déteste l’idée qu’il puisse y avoir un homme dans ma vie. Je suis tellement irresponsable, tellement fragile. Tellement, que je peux me briser en une parole. Inapte à entretenir une relation saine et durable. They suck us dry til there’s nothing left. « Je suis un ami de Joséphine, son copain en fait. C’est moi qui l’ai trouvé dans cet état… » Je tressaute, dans mon lit d’hôpital. Par Merlin, il n’aurait pas dû dire qu’il est mon copain. Sophie ne sait pas. Je n’ai pas pris la peine de lui dire. Parce que je ne l’intéresse pas. Je devine son regard froid se poser sur ma carcasse livide. Je ressentais sa désolation, sa pitié, et cela me meurtrissait davantage que les mots de Liam à propos de Nell. Je sens l’atmosphère tendue qui règne dans la pièce. Cela me perturbe. « Pour ça oui, elle est spéciale Joséphine. » J’entends sa voix lasse et désolée. J’entends les talons de ma mère claquer sur le carrelage. « Alors euh…Liam. Tu sais ce qu’elle a n’est-ce pas? » Je suis en train de la maudire. La maudire de mépriser autant le Summerbee. De ce qu’elle s’apprêtait à dire. « Telle que je connais ma fille elle ne t’en a sans doute pas parlé, persuadée qu’elle est capable de tout gérer toute seule. » Elle soupire de lassitude. Elle s’assit sur la chaise qu’occupait Liam jusqu’alors. Je sens une fois encore son regard sur moi. Implacable. Indifférent. « Elle est brillante, ça oui. Incroyablement brillante. Elle n’avait qu’une obsession. Etre la meilleure, pour tout. Et elle l’était, et personne n’a jamais cherché à contredire ce point. Pendant toute sa scolarité à Beauxbâtons elle a été la tête de promo, et elle les dépassait tous de loin à force de travail. Elle est restée imbattue tout ce temps. » Pourquoi tu lui racontes ça, Sophie? En quoi cela peut-il l’intéresser? Une ride soucieuse apparaît sur mon front. Je tressaute légèrement, avant de retourner dans ma torpeur. « Elle était brillante, oui. Mais sa chute a été aussi rapide que son ascension a été longue. Elle ne s’est plus jamais relevée. Elle s’est tout simplement surmenée. Elle n’a plus supporté la pression qu’elle s’infligeait. Elle avait une peur terrible de l’échec. Je savais bien que reprendre ses études après tant d’années d’interruption n’allait pas être bon. » Sa voix tremble sur ces derniers mots. Je me souviens de tout ça moi aussi. Simplement parce que je l’ai vécu. J’étais en ligne de mire, la balle a atteint sa cible. Touchée, coulée.
« Il n’y a pas que cela qui fait d’elle un être exceptionnelle. Si seulement. » Un léger ricanement cynique s’échappe de ses lèvres ridées tandis qu’elle renifle. Serait-ce qu’elle était en train de pleurer? C’était plus que probable. Était-ce moi ou sa voix, par la suite, était davantage enrouée, presque éteinte? Take control. Breaking the rule. Breaking the soul. « Elle a en elle ce mal qui la ronge. Petite, elle faisait toujours des cauchemars. Il n’était pas rare qu’elle finisse par dormir avec nous pour le reste de la nuit. » Nous. Allan et Sophie. Enfin. Quand Allan était là, cela allait de soi. Sa carrière au ministère l’abrutissait, j’étais persuadée que bientôt il allait épouser son bureau et sa secrétaire. Secrétaire qui était vraiment conne, cela dit en passant. « Nous pensions qu’il s’agissait de simples troubles du sommeil. Que ses cauchemars allaient passer. Mais c’était bien plus que des cauchemars. » Oui Sophie, ce n’est pas grave ce que j’ai. Des simples troubles du sommeil qui me font tomber dans le coma. Qui me font saigner du nez et des oreilles. Dis le Maman! Dis-le ce que tu brûles de lui dire! Vas-y Maman, je veux l’entendre de ta propre bouche! Dis lui que je suis folle! « Joséphine voit des choses, Liam. Elle voit des choses plus ou moins graves, qui se sont passées, qui vont se passer. Elle a vu Paul partir. Pour la plupart des sorciers qui l’ont, ce don est une bénédiction, un cadeau du ciel. Mais pour elle, avoir le troisième œil était une tare. Elle ne l’a jamais accepté et je crois qu’elle ne l’acceptera jamais. » Sa voix s’éteint dans un souffle. J’ai envie de hurler, de crier de désespoir. Il ne pouvait pas m’aider, même s’il était dans le secret désormais. Ce combat que je menais à l’intérieur, il n’y a que moi qui pouvait le gagner. Il n’y avait que moi qui étais en mesure de guérir. They suck us dry til there’s nothing left. My oh my. My oh my.
« Qui êtes-vous? » Elle a repéré Liam. Par Merlin, elle va le détester sans même le connaître. Comme elle a détesté Etienne. Comme elle déteste l’idée qu’il puisse y avoir un homme dans ma vie. Je suis tellement irresponsable, tellement fragile. Tellement, que je peux me briser en une parole. Inapte à entretenir une relation saine et durable. They suck us dry til there’s nothing left. « Je suis un ami de Joséphine, son copain en fait. C’est moi qui l’ai trouvé dans cet état… » Je tressaute, dans mon lit d’hôpital. Par Merlin, il n’aurait pas dû dire qu’il est mon copain. Sophie ne sait pas. Je n’ai pas pris la peine de lui dire. Parce que je ne l’intéresse pas. Je devine son regard froid se poser sur ma carcasse livide. Je ressentais sa désolation, sa pitié, et cela me meurtrissait davantage que les mots de Liam à propos de Nell. Je sens l’atmosphère tendue qui règne dans la pièce. Cela me perturbe. « Pour ça oui, elle est spéciale Joséphine. » J’entends sa voix lasse et désolée. J’entends les talons de ma mère claquer sur le carrelage. « Alors euh…Liam. Tu sais ce qu’elle a n’est-ce pas? » Je suis en train de la maudire. La maudire de mépriser autant le Summerbee. De ce qu’elle s’apprêtait à dire. « Telle que je connais ma fille elle ne t’en a sans doute pas parlé, persuadée qu’elle est capable de tout gérer toute seule. » Elle soupire de lassitude. Elle s’assit sur la chaise qu’occupait Liam jusqu’alors. Je sens une fois encore son regard sur moi. Implacable. Indifférent. « Elle est brillante, ça oui. Incroyablement brillante. Elle n’avait qu’une obsession. Etre la meilleure, pour tout. Et elle l’était, et personne n’a jamais cherché à contredire ce point. Pendant toute sa scolarité à Beauxbâtons elle a été la tête de promo, et elle les dépassait tous de loin à force de travail. Elle est restée imbattue tout ce temps. » Pourquoi tu lui racontes ça, Sophie? En quoi cela peut-il l’intéresser? Une ride soucieuse apparaît sur mon front. Je tressaute légèrement, avant de retourner dans ma torpeur. « Elle était brillante, oui. Mais sa chute a été aussi rapide que son ascension a été longue. Elle ne s’est plus jamais relevée. Elle s’est tout simplement surmenée. Elle n’a plus supporté la pression qu’elle s’infligeait. Elle avait une peur terrible de l’échec. Je savais bien que reprendre ses études après tant d’années d’interruption n’allait pas être bon. » Sa voix tremble sur ces derniers mots. Je me souviens de tout ça moi aussi. Simplement parce que je l’ai vécu. J’étais en ligne de mire, la balle a atteint sa cible. Touchée, coulée.
« Il n’y a pas que cela qui fait d’elle un être exceptionnelle. Si seulement. » Un léger ricanement cynique s’échappe de ses lèvres ridées tandis qu’elle renifle. Serait-ce qu’elle était en train de pleurer? C’était plus que probable. Était-ce moi ou sa voix, par la suite, était davantage enrouée, presque éteinte? Take control. Breaking the rule. Breaking the soul. « Elle a en elle ce mal qui la ronge. Petite, elle faisait toujours des cauchemars. Il n’était pas rare qu’elle finisse par dormir avec nous pour le reste de la nuit. » Nous. Allan et Sophie. Enfin. Quand Allan était là, cela allait de soi. Sa carrière au ministère l’abrutissait, j’étais persuadée que bientôt il allait épouser son bureau et sa secrétaire. Secrétaire qui était vraiment conne, cela dit en passant. « Nous pensions qu’il s’agissait de simples troubles du sommeil. Que ses cauchemars allaient passer. Mais c’était bien plus que des cauchemars. » Oui Sophie, ce n’est pas grave ce que j’ai. Des simples troubles du sommeil qui me font tomber dans le coma. Qui me font saigner du nez et des oreilles. Dis le Maman! Dis-le ce que tu brûles de lui dire! Vas-y Maman, je veux l’entendre de ta propre bouche! Dis lui que je suis folle! « Joséphine voit des choses, Liam. Elle voit des choses plus ou moins graves, qui se sont passées, qui vont se passer. Elle a vu Paul partir. Pour la plupart des sorciers qui l’ont, ce don est une bénédiction, un cadeau du ciel. Mais pour elle, avoir le troisième œil était une tare. Elle ne l’a jamais accepté et je crois qu’elle ne l’acceptera jamais. » Sa voix s’éteint dans un souffle. J’ai envie de hurler, de crier de désespoir. Il ne pouvait pas m’aider, même s’il était dans le secret désormais. Ce combat que je menais à l’intérieur, il n’y a que moi qui pouvait le gagner. Il n’y avait que moi qui étais en mesure de guérir. They suck us dry til there’s nothing left. My oh my. My oh my.
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