[terminé] the stars look very different today (aaron)

aaron // charlie

the stars look very different today.

Nerveuse. C’était sûrement le mot le plus approprié pour la décrire à cet instant précis. Les bals, ce n’était pas habituellement son truc, c’était sûrement pour ça qu’elle n’avait jamais assisté au bal de Yule durant les six précédentes années où elle avait étudié à Hungcalf. L’élégance était loin d’être son forte et se préparer avait été un véritable casse-tête. Elle avait opté pour une robe bien plus élégante que son style habituel, et avait délaissé ses habituelles basket et chaussures de marche pour passer des talons dans lesquels elle craignait de se casser une cheville à tout instant. Une fois la robe enfilée au prix de quelques contorsions, elle s’était attelée aux tâches qui lui paraissaient les plus difficiles : se coiffer et se maquiller. Aller à la rencontre de Grapcornes, lancer un poireau sur un kappa, tout ça n’était que pacotille à côté de l’utilisation des brosses et des palettes de fards. Elle fit plusieurs essais, infructueux, ses cheveux refusant de garder une forme cohérente, les couleurs jurant entre elles sur son visage. Tout ce qu’elle connaissait, c’était les peintures faciales des différents pays dans lesquels elle s’était rendue. Après tout, pourquoi pas. Aussi, elle avait consciencieusement étalé de l’argile blanche sur le haut de son visage avant de se regarder dans le miroir et de réaliser que non, ce n’était probablement pas approprié. Elle avait besoin d’aide. Elle avait passé une cape, fourré ses affaires dans son sac ainsi que la pochette qu’elle avait prévu d’utiliser pour mettre les choses importantes, et s’était rendue à toutes jambes chez Fauve. Celle ci, en la voyant surgir chez elle, avait lâché ce qu’elle avait dans les mains et était partie sur un fou rire qui avait duré plusieurs minutes. Finalement, grâce à elle, Charlie avait repris figure humaine. Elles avaient opté pour un maquillage que son amie avait qualifié de « nude mais élégant », et simplement piqué quelques branches de gypsophile dans ses cheveux, dont quelques mèches avaient été élégamment relevées en arrière pour ne pas lui tomber dans les yeux. Une fois la coiffure terminée, Charlie avait respiré un peu mieux. Seule, elle aurait pu continuer des heures comme ça sans jamais arriver à un résultat probant.

Elle avait remercié son amie, et s’était empressée de retourner à l’université, remplissant sa pochette de choses qu’elle jugeait utiles, au cas où, et de quelques autres choses, un peu moins utiles. Il y avait peu de chance qu’elle ait besoin d’armoise séchée ou de baume curatif, mais bon, on ne savait jamais. Débarrassée de sa cape, ses talons passés aux pieds (après une forte hésitation à porter malgré tout des baskets puisque la robe étant longue, personne ne remarquerait rien), elle arrangea ses cheveux dans le miroir, plus par besoin de faire quelque chose de ses mains que par réel besoin. Elle prit une grande inspiration, et se mit en marche vers la forêt. De nombreux jeunes gens et jeunes femmes suivaient le même parcours qu’elle, et elle sentait l’appréhension grandir dans sa poitrine. Elle avait accepté l’invitation d’Aaron, principalement parce qu’elle ne pouvait pas lui dire non. Bien sûr, elle avait déjà prévu d’aller au bal, mais entourée de ses amis elle aurait pu rire de sa maladresse, de son incapacité à suivre le rythme d’une musique. Le pire, c’était qu’elle était persuadée qu’Aaron ne la jugerait pas là dessus. Jusqu’alors, il avait fait preuve d’une indulgence exemplaire. Non, c’était elle qui se mettait la pression toute seule, comme une idiote. Sa démarche était mal assurée, mais elle parvint malgré tout à parcourir la distance qui la séparait de l’orée de la forêt. Aaron était déjà là, et Charlie supposa qu’elle était certainement en retard. Elle jeta un œil à son téléphone, puis le remis dans sa pochette. Bon, seulement quelques minutes. Elle s’avança vers lui d’un pas hésitant. « Désolée du retard. » Balbutia-t-elle, se retenant de raconter sa mésaventure. « C’est pas grave. » Répondit-il et la jeune femme prit un instant pour l’observer. Il portait un smoking moldu bien taillé, et Charlie pencha légèrement la tête sur le côté avec un sourire hésitant. « T’es, euh… Très élégant. » Elle sentit ses joues chauffer encore un peu plus. Bon dieu. Elle perdait tous ses moyens. Il fallait qu’elle se reprenne, là.

Depuis qu’elle était rentré de son voyage avec Fauve, et même pendant le dit voyage, elle avait énormément pensé à lui. Maintenant qu’il était en face d’elle, elle n’était pas du tout sûre du comportement à adopter. Il semblait également un peu nerveux lorsqu’il lui retourna le compliment. « Merci. Euh… Toi aussi. » Sa main vint immédiatement tripoter un mèche de cheveux qui tombait sur son épaule pour se donner contenance alors qu’elle restait plantée là sans savoir quoi faire. « Alors, euh… » Elle laissa sa mèche tranquille pour aller lisser les plis de sa robe. « Hm… On y va ? » Elle réalisa qu’elle n’avait pas répondu quand il l’avait complimenté et décida de caser ses remerciements à cet instant précis. « Oh, euh, merci pour le compliment d’ailleurs, désolée… » C’était n’importe quoi. Elle aurait voulu s’attraper par les épaules et se secouer comme un prunier histoire de se remettre les idées en place. Il hocha la tête. « Oui, on y va. » Charlie jeta un regard autour d’eux, histoire d’avoir une idée de l’attitude à adopter. Elle se rapprocha légèrement d’Aaron et lui prit le bras, passant son coude dans le creux du sien, et ils se mirent en marche. Alors qu’ils avançaient sous quelques regards curieux, Charlie se pencha légèrement vers son ami. « Par contre, faut que je t’avoue un truc, » souffla-t-elle discrètement. « Je ne sais absolument pas danser. » Il valait sûrement mieux le mettre au courant avant de lui briser les orteils un à un en marchant dessus. Oui, c’était sûrement plus prudent.

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mentionnée: @"Fauve Vinter"

J’ai invité Charlie au bal de Yule en suivant le conseil d’Ayden de l’inviter à sortir. Mais à mesure que la date approchait, j’ai bien dû me rendre à l’évidence, je n’avais aucune idée de comment me comporter durant la soirée. J’ai donc à nouveau sollicité les lumières de mon meilleur ami et c’est sur ses conseils que j’ai fait l’acquisition d’un smoking. L’étape suivante selon lui, la faire danser. Jusque-là ça ne paraissait pas trop compliqué. J’ai appris à danser avec ma mère à l’âge douze ans, à l’occasion du mariage de Chochana. Je me suis même révélé plutôt doué à partir du moment où j’ai commencé à considérer la musique d’un point de vue mathématique. Et les fêtes de famille nécessitant de faire danser mes sœurs n’ont pas manqué depuis. En fait, là où la soirée semble devenir bien plus complexe, c’est lorsque Charlie m’annonce ne pas savoir danser. Pris au dépourvu, je marque un temps d’arrêt, stoppant notre marche vers le lieu de la fête.

- Tu veux dire que… enfin tu danses pas du tout ?

Elle a soudain l’air embarrassé.

- Euh. Je peux vaguement sauter en rythme en bougeant les bras.

La musique qui nous parvient du bal ne semble pas vraiment se prêter à sauter en rythme en ce début de soirée mais plutôt la valse et autres danses de salon plus classiques. Je m’imagine déjà planté debout en marge de la piste avec Charlie à mes côtés à attendre. Tu parles d’une réussite pour un premier rencard. Car c’est bien ainsi que je considère la soirée et c’est la principale raison de ma nervosité depuis que j’ai commencé à me préparer. Il me vient alors une idée.

- Tu veux que je t’apprenne ?

Charlie rougit assez violemment à ma suggestion.

- Quoi, ici ?

Craignant de l’avoir mise mal à l’aise, je tente de me rattraper.

- Enfin c’est si tu veux.

Je regarde rapidement autour de nous. Nous sommes assez avancés dans la forêt et proches du lieu de la fête pour entendre la musique de là où nous nous trouvons. Les enchantements permettant aux convives de ne pas avoir trop froid parviennent même jusqu’à nous. Mais nous sommes malgré tout encore assez isolés pour que Charlie n’ait pas à craindre de se ridiculiser. Enfin je crois. Je n’ai pas vraiment l’habitude de me préoccuper de ce genre de choses.

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À vrai dire, Charlie ne s’attendait pas à ce qu’Aaron sache danser. Elle avait vaguement envisagé qu’ils allaient s’asseoir, boire des verres, et parler des dernières recherches d’Aaron. Ça lui aurait été très bien. Mais lorsqu’il lui proposa de lui apprendre, elle se trouva prise au dépourvu. Déjà, parce qu’elle était assez impressionnée qu’il s’y connaisse assez pour lui apprendre. Ensuite, parce qu’elle ne s’était pas imaginé qu’il allait lui proposer, et encore moins ici au milieu de la forêt. Quelque part, le contexte était assez féérique. « Enfin c’est si tu veux, » reprit-il comme s’il craignait d’avoir dit une bêtise. Elle jeta un œil autour d’elle. Après tout, même s’il y avait des gens, elle s’en foutait un peu. Ou peut être pas. Elle n’était pas totalement sûre. Elle hocha la tête un peu maladroitement. « D’accord. Montre moi. » Elle n’était pas trop sûre de ce qu’il fallait faire, aussi elle resta les bras ballants, les pieds dans la neige. C’était d’ailleurs assez étrange de ne pas avoir froid dans un contexte comme celui là. Ça n’aurait pas dû l’étonner, mais pourtant c’était le cas. « Ok. Euh… » Il se plaça face à elle, prenant ses mains pour en positionner la gauche sur son épaule, et prenant l’autre dans sa main à lui. Elle se laissa faire au mieux, tâchant d’avoir une posture aussi élégante que possible. « D’abord tu te mets comme ça. » Elle hocha la tête, faisant de son mieux pour respirer normalement malgré la nervosité et la proximité entre eux. « D’accord. Et ensuite ? »

Elle n’était pas la seule à être nerveuse semblait-il, l’expression du jeune homme n’était pas particulièrement sereine non plus, encore moins depuis qu’il avait posé sa main droite juste au dessus de sa taille. « Ensuite tu comptes avec moi et tu te laisses guider. » Elle hocha la tête, et obéit, suivant les pas qu’il faisait du mieux qu’elle pouvait, craignant à tout instant de se prendre les pieds dans sa robe ou de s’emmêler les pinceaux. Ce manège dura peut être une minute ou deux avant qu’elle ne lui marche sur un pied. Elle s’était laissée distraire à jeter des coups d’œil vers lui pour tenter de déchiffrer son expression, ou la sensation qui grandissait au creux de son ventre. Son visage s’empourpra et elle baissa la tête. « Oh, désolée… » Elle fit une grimace embarrassée. Il secoua la tête. « C’est rien. » Elle tenta de se détendre, prenant une grande inspiration, se laissant guider du mieux qu’elle pouvait. Quelque part, heureusement que ce n’était pas à elle de mener, autrement elle n’aurait eu d’autre choix que de changer de pays et de prendre une nouvelle identité.

Elle y arrivait un peu mieux, et ce fut sûrement cette impression qui fut à l’origine d’une nouvelle erreur, puisqu’elle fit un pas au mauvais moment, et trébucha, avant qu’il ne la rattrape, raffermissant sa prise sur sa taille et sur sa main pour l’empêcher de tomber. « Ça va ? » Elle poussa un couinement de frustration presque imperceptible, avant de hocher la tête. « Hm, oui. Je suis nulle, désolée… » « Un peu, mais c’est pas grave. » Charlie redressa la tête, levant les sourcils, et laissa échapper un rire. « Pfffrr, si c’est pas grave, alors… » Elle posa son regard sur le visage du jeune homme, tentant de déceler s’il plaisantait. Probablement pas. En même temps… Elle l’appréciait aussi pour son honnêteté. « Prête ? » Demanda-t-il, et elle hocha la tête, fronçant les sourcils d’un air déterminé. « Hm-Hm. » Ils reprirent donc leur danse, Charlie prêtant bien attention au rythme cette fois, et elle réussit à ne pas lui marcher de nouveau sur le pied, ou peut être une fois, mais pas trop fort, en tout cas pas assez pour qu’ils cessent de danser. Elle leva les yeux vers lui avec un sourire légèrement embarrassé. « Avec de la pratique je pourrais ne pas être trop mauvaise, qui sait. » Il lui sourit sans rien dire, continuant simplement de danser, et elle se laissa guider une fois de plus.

Ils continuèrent à danser comme ça pendant un moment, Charlie n’était pas sûre de combien de temps au juste, trop occupée qu’elle était à glisser un regard fasciné vers Aaron dès qu’elle en avait l’occasion pour le dévorer des yeux, et à faire de son mieux pour ne pas lui briser un ou deux orteils. Après un temps indéterminé, la musique changea, passant à quelque chose de moins classique. Ils s’immobilisèrent dans la neige, et elle fit un sourire en coin au lufkin. « Merci pour cette leçon particulière. Je suis assez impressionnée par tes talents de danseur, je dois dire. » Il lâcha sa taille comme à regret, restant simplement debout face à elle. « Sept sœurs, tu te souviens ? » Elle hocha la tête, souriant toujours. « Bien sûr. T’as de l’entraînement. » Non loin, la fête semblait battre son plein. Elle tira légèrement sa main qu’elle avait gardé dans la sienne, et l’entraîna vers le bal à proprement parler. Les lumières étaient éblouissantes et la majorité des gens était déjà occupée à gesticuler en rythme. Repérant Sakiko, Levi et Robin non loin, Charlie leur adressa un petit signe de la main et un sourire timide avant de se tourner de nouveau vers Aaron, la pression de ses doigts autour de la main du brun légèrement plus forte pendant un instant. « Tu prends un verre avec moi ? » Interrogea-t-elle d’un air innocent avant de jeter un œil autour d’elle pour repérer l’endroit le plus proche où on servait à boire. Ça l’aiderait certainement à se détendre un peu.

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mentionnés: @Sakiko Kaneko, @Levi Dalsgaard, @Robin Lowe

Docile, je laisse Charlie m’entrainer vers le cœur de la soirée. Même si, de mon côté, je n’aurais pas été contre rester en marge du lieu de la fête à garder mon amie dans mes bras. Mais après tout c’est pour le bal que nous sommes venus et je ne veux pas l’en priver. Je la vois faire signe à ses amis et je crains un instant qu’elle préfère aller se joindre à eux. Mais au lieu de ça, elle se tourne vers moi pour me proposer un verre. Incapable de refuser et n’en ayant de toute façon aucune envie, je lui emboîte le pas jusqu’à une table ou des verres remplis de boissons diverses et variées apparaissent à mesure que les convives se servent. Tandis que la jeune femme prend une coupe de champagne, je me contente d’un verre de jus d’orange – je ne bois jamais d’alcool. Je n’ai pas le temps de le terminer qu’elle a déjà reposé sa coupe vide et m’entraine vers la piste pour « sauter vaguement en rythme en bougeant les bras ». À vrai dire je la regarde plus faire que je ne danse réellement avec elle. Mais je suis heureux de la voir s’amuser. De temps en temps elle fait une pause pour retourner prendre une coupe de champagne tandis que j’en suis toujours à siroter mon premier verre de jus d’orange et je la suis imperturbable. Lorsqu’elle s’assoit quelques instants pour reposer ses pieds douloureux, je finis par troquer mon verre contre ses chaussures à talons dont je deviens le gardien pendant qu’elle retourne danser pieds nus. Quelques mèches de cheveux se sont échappées de sa coiffure et l’alcool a rendu ses yeux brillants et ses joues un peu rouges mais je la trouve magnifique. Ce n’est que vers le milieu de la nuit lorsque la soirée touche à sa fin que nous reprenons finalement le chemin du château. Je l’arrête alors juste avant de quitter le lieu de la fête.

- Attends, je vais te porter sur mon dos. Tu vas pas marcher pieds nus dans la neige.

Elle me regarde interloquée.

- Ben non, donne-moi mes chaussures, tu vas pas me porter.

Je hausse les épaules.

- Ça me dérange pas si t’as mal aux pieds.

Elle lui fait un grand sourire.

- T'es adorable. Mais je peux encore me déplacer sur mes jambes.

Le compliment me fait une drôle de sensation dans la poitrine et je me surprends à bafouiller une réponse pourtant simple alors que je lui rends ses chaussures.

- Euh… ok.

Elle se rechausse avant de me prendre la main pour m’entrainer vers la forêt. La soirée ne semble en rien avoir entamé son énergie et elle marche d’un bon pas à travers les arbres. Serrant doucement sa main dans la mienne, je la suis en silence. Au bout de quelques minutes, je finis par me décider à aborder la question qui me trotte en tête depuis un petit moment. Depuis que j’en ai discuté avec Abigail en fait. Je romps alors le silence.

- Charlie ?

Elle s’arrête pour me regarder.

- Hmm ?

Je me sens plus nerveux encore qu’en début de soirée. Sans lâcher sa main, je regarde mes pieds, un peu mal à l’aise. Reprenant alors mot pour mot la formulation que m’a suggérée Abigail, je demande d’une traite.

- Je ressens quelque chose pour toi, est-ce que c'est aussi ton cas ?

Dernière édition par Charlie Rice le Sam 5 Jan 2019 - 2:32, édité 1 fois

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N’étant pas habituée à porter des talons, Charlie avait rapidement eut mal aux pieds, et avait fini par s’asseoir pour retirer ses chaussures. Aaron avait eu la gentillesse de les lui garder et régulièrement, alors qu’elle était en pleine gesticulation, elle glissait un coup d’œil vers lui, cette sensation de chaleur toujours aussi présente dans sa poitrine. Peut être que c’était l’alcool. Effectivement, ça grandissait au fur et à mesure qu’elle enchaînait les coupes de champagne. Elle remarquait d’ailleurs qu’Aaron ne buvait pas, enfin, pas d’alcool. Ils n’avaient jamais abordé ce sujet, et elle se garda bien de l’interroger. De toute façon, elle était britannique. C’était dans sa culture de boire beaucoup, vite, sans se poser de questions. Elle tenait encore parfaitement sur ses jambes, alors elle ne s’inquiétait pas vraiment, d’autant qu’il n’y avait pas de vitrine à briser dans les environs. Alors que la fête touchait à sa fin, elle se rapprocha de nouveau du jeune homme, un peu essoufflée. Il proposa de la porter et elle ne put qu’être surprise, et refuser son offre généreuse, un compliment sincère échappant d’entre ses lèvres qui sembla le déstabiliser légèrement. Quelque part elle était contente de son petit effet.

Une fois ses chaussures remises, elle lui prit la main et l’entraîna dans la forêt, sur un chemin un peu en biais par rapport à la direction du château. Ils n’étaient pas particulièrement loin mais pas vraiment sur le chemin non plus. Charlie n’était pas sûre de ce qu’elle comptait faire. Le plaquer contre un arbre, se serrer contre lui, poser ses lèvres sur les siennes, peut être ? Ou alors hésiter comme une idiote, bafouiller, et ne pas aller plus loin. Elle ne savait pas vraiment sur quel pied danser. Néanmoins, après quelques minutes de marche dynamique et légèrement erratique dans la forêt, Aaron l’avait interpellée. « Charlie ? » Elle arrêta sa course folle, se retournant vers lui. « Hmm ? » Sa paume toujours dans celle du brun, elle le regarda chercher ses mots, baisser la tête, et fronça les sourcils. Elle commençait à s’inquiéter. « Je ressens quelque chose pour toi, est-ce que c’est aussi ton cas ? » Interrogea-t-il, et ce fut comme si le cerveau de la jeune femme avait planté. Elle le regarda sans répondre pendant une bonne minute, décortiquant la phrase dans sa tête pour en étudier tous les composants. Quelque chose, c’était vague. Est-ce qu’elle ressentait quelque chose ? Oui, ça lui paraissait évident. Quelque chose d’inconnu, qui n’était pas seulement du désir mais aussi une foule d’autres émotions tumultueuses. « Euh… Je… » Elle n’était plus sûre de savoir comment respirer. « Ben… » Pour mettre des mots sur des émotions, la summerbee était loin d’être une experte. Elle était même plutôt en terrain inconnu.

La confusion et la panique la gagnaient, et elle cherchait quelque chose à répondre qui soit honnête, mais pas trop compliqué. Il leva légèrement les yeux vers elle, un air anxieux sur son visage. Elle bougea un peu les lèvres en silence avant de réussir à prononcer des mots cohérents. « Fin… Quelque chose… Oui. Oui, je ressens quelque chose. » Mais de là à dire quoi, c’était une toute autre paire de manche, et elle priait pour qu’il ne lui demande pas d’être plus précise. « Et… Euh… » Il baissa de nouveau la tête pour regarder ses pieds. « Tu ressens quoi ? » Elle resta de nouveau silencieuse pendant un moment qui lui parut durer l’éternité, et à peine quelques secondes en même temps. « Euh… bah… Je… » Comment est-ce qu’elle pouvait l’expliquer avec des mots alors qu’elle même ne savait pas de quoi elle parlait ? « Je… Je saurais pas l’expliquer exactement. » Elle rougissait. « Quelque chose que j’avais jamais ressenti avant. » Si elle ne se trompait pas, c’était même quelque chose qu’elle se pensait incapable de ressentir. Tous les signes indiquaient qu’elle était amoureuse, si tout ce qu’elle avait lu s’avérait exact, et son cerveau avait du mal à appréhender cette nouvelle information alors qu’elle avait passé les 25 premières années de sa vie à papillonner sans s’attacher à qui que ce soit au delà de l’amitié. Il releva à nouveau les yeux vers elle, et leurs regards se rencontrèrent. « Charlie tu veux bien être ma petite amie ? » Une sensation d’angoisse envahissait la jeune femme. Non. Elle allait le blesser. C’était pour ça qu’elle n’avait jamais de relation sérieuse. Elle voyait bien que ça finissait toujours mal. Elle allait le décevoir. Elle ne pouvait pas lui faire ça. Elle allait tout faire foirer, il serait malheureux par sa faute. En même temps… En même temps tout indiquait qu’elle était amoureuse de lui. Mais elle n’avait aucune idée de comment s’y prendre. Elle n’avait aucune confiance en sa capacité à prendre soin des gens. « Je… » Elle se força à respirer. « J’aurais besoin d’un peu de temps. Je pense. Avant de prendre une décision, je veux dire. » Pourquoi est-ce qu’elle ne pouvait pas gérer ça simplement ? Juste dire oui. C’était certainement quelque chose qu’elle voulait, après tout. Mais tout ça lui foutait une trouille bleue. « J’ai envie de dire oui, mais je sais pas si je serais capable de… » Pourquoi elle ne lui disait pas la vérité ? Qu’elle avait l’impression qu’elle allait tout détruire sans même le faire exprès, juste en étant elle même ? « Laisse moi un peu de temps, s'il te plaît. » Elle baissait les yeux, honteuse. Elle avait juste envie de se blottir contre lui, mais elle se contenta de serrer sa main dans la sienne et de se mordre la lèvre inférieure un peu trop fort.

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Je ne sais pas trop ce que je dois comprendre de la réponse de Charlie. En fait je ne comprends rien si ce n’est que ma question l’a mise mal à l’aise. Ayden m’avait dit d’attendre avant de lui demander de sortir avec moi. Je suppose que je n’ai pas attendu assez longtemps. J’aurais sans doute mieux fait de me taire et d’aller chercher à nouveau ses conseils avant de tenter de me jeter à l’eau tout seul. Mais d’un autre côté, Charlie n’a pas tout à fait dit non. Et elle n’a pas lâché ma main même si j’ignore si c’est un bon signe ou non. Je tente tant bien que mal de chasser le sentiment douloureux et la crainte du rejet que sa réponse a fait naître en moi pour essayer de la réconforter.

- Ok, c’est pas grave. Il te faut combien de temps ?

Elle lève les yeux vers moi.

- Je sais pas. Euh...

Elle inspire profondément, et même moi, je peux lire l’incertitude dans son regard lorsqu’elle ajoute.

- Un mois ?

Elle semble avoir dit ça au hasard et s’excuse aussitôt sans que je comprenne trop pourquoi.

- Désolée, j'aimerais être plus... j'aimerais pouvoir être ce que tu attends de moi.

Je la regarde sans comprendre. Je n’attends rien de particulier d’elle. J’ai juste envie d’être avec elle. Souvent. Et de partager mes expériences avec elle, de pouvoir la prendre dans mes bras, d’écouter ses aventures, de l’embrasser…

- Comment ça ?

Elle hausse les épaules et sa main se ramollit un peu dans la mienne.

- J'aimerais être plus courageuse.

Je ne parviens toujours pas à saisir ce qu’elle veut dire. Je ne sais pas quoi répondre. Sa main finit par m’échapper et faute de savoir quoi faire de la mienne, je finis par mettre les deux dans mes poches. Je me retrouve soudain absorbé dans la contemplation du caillou avec lequel je joue du bout de ma chaussure. Après quelques instants de silence, je finis par demander comme si de rien n’était.

- Tu veux rentrer ?

Elle reste silencieuse pendant un bon moment, semblant hésiter. Puis elle finit par s'avancer vers moi et se blottir contre moi, m'entourant de ses bras. Je relève les yeux, surpris tandis que son visage reste caché contre moi et que ses doigts agrippent le tissu de ma veste.

- Je suis désolée d'être comme ça.

D’abord interdit, je finis par sortir lentement mes mains de mes poches pour venir entourer doucement ses épaules. Je penche la tête pour déposer un baiser discret dans ses cheveux en murmurant.

- C’est pas grave. Moi je t’aime comme ça.

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L’inconnu n’était pas, normalement, quelque chose qui faisait peur à la jeune femme. Elle allait au devant de dangers mortels, prenant des risques insensés, appréciant l’adrénaline qui montait en elle par vagues. Mais là, c’était autre chose. Elle était terrifiée. Bien sûr, elle avait envie d’être avec lui. Bien sûr, il lui manquait quand ils n’étaient pas ensemble. Mais elle avait peur. Elle donnait une durée au hasard, sans savoir si ça serait trop ou pas assez pour réfléchir. À vrai dire, elle avait déjà une idée de la décision finale. Mais elle avait besoin de prendre de l’élan avant de sauter dans le vide. Elle se détestait d’être lâche à ce point. Elle regrettait déjà ses paroles, s’excusant de sa lâcheté paradoxale. Ils restaient tous les deux là en silence, et Charlie ne pouvait s’empêcher de penser que peut être, déjà, elle avait tout gâché. Il finit par proposer de rentrer. Elle voulait dire non, mais elle était comme incapable de prononcer quoi que ce soit, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Elle ne pouvait pas laisser les choses comme ça. Alors, elle fit la première chose qui lui venait en tête, se blottissant contre Aaron, son visage enfoui contre lui, ses bras l’agrippant. Elle marmonnait de nouvelles excuses, la tête cachée dans sa chemise.

Il se passait un instant avant qu’il ne lui rende son étreinte. Il lui embrassait les cheveux, elle fermait les yeux, serrant ses paupières le plus fort possible. « C’est pas grave, » murmurait-il, « moi je t’aime comme ça. » Son cœur ratait un battement. Son étreinte se faisait plus étroite encore alors que la peur perdait du terrain face à l’évidence de ce qu’elle ressentait. Elle réalisait qu’elle avait oublié de respirer et reprenait son souffle brutalement. Elle rouvrait les yeux qu’elle avait gardé étroitement fermés. « Moi aussi. Moi aussi, je t’aime. » Ses lèvres s’entrouvraient et laissaient échapper des mots qu’elle avait redouté de prononcer toute sa vie jusqu’à maintenant. C’était un souffle, à peine un murmure, comme si le dire à voix basse rendait la chose moins effrayante. Il garda ses bras autour d’elle et elle ferma de nouveau les yeux. Dans sa cage thoracique c’était toujours l’anarchie, mais un poids s’était comme envolé de sa poitrine. C’était libérateur, de prononcer ces mots qu’elle s’était interdit de dire jusqu’alors, qu’elle n’avait jamais vraiment eu envie de dire jusqu’alors.

La musique provenant de la fête s’était totalement évanouie à présent, il n’y avait plus aucun bruit à part leurs deux respirations entremêlées et le vent dans les arbres. Lorsqu’elle finit par se redresser légèrement, la jeune femme n’avait aucune idée de combien de temps avait passé. Elle leva les yeux vers Aaron, le dévisageant. Son visage était éclairé d’un léger sourire. Elle aimait le voir sourire. Si elle ne faisait pas tout foirer, elle pouvait le faire sourire de nouveau. La balle était dans son camp, et à vrai dire, c’était terrifiant. Elle lui rendit timidement son sourire. Elle essayait de réfléchir à ce qu’elle pourrait faire pour savoir comment le rendre heureux. Quelque part, au fond d’elle, elle savait déjà quelle décision elle allait prendre. Mais le problème, c’était surtout de mettre ce qu’il fallait en œuvre pour ne pas avoir à regretter cette décision. Elle avait tendance à blesser les gens sans le vouloir, et il ne fallait surtout pas que ça arrive avec lui. Il fallait l’éviter à tout prix. Mais comment ? Elle n’avait jamais eu l’occasion de pratiquer ce genre de relation. Elle allait tâtonner et, sûrement, faire des erreurs. Mais elle voulait en faire le moins possible. Parce que ce qu’elle pourrait avoir avec Aaron était beaucoup trop précieux pour prendre des risques. Elle sentit de nouveau la frayeur grandir en elle. Et si malgré tous ses efforts, elle le blessait quand même ? Et si ça se passait mal ? Elle cligna des yeux pour essayer de chasser toutes ces pensées qui se bousculaient dans sa tête. Il était toujours là, en face d’elle. Ce n’était pas une hallucination, ce n’était pas un rêve. Elle reprit sa main dans la sienne, l’autre se plaçant sur la joue du jeune homme, et elle se haussa sur la pointe des pieds, allant poser ses lèvres sur les siennes dans un baiser plein de tendresse. Après quoi, elle s’éloigna d’un pas, une expression farouche sur son visage. « Bientôt. Promis, je te donnerai une réponse bientôt. » Elle se rapprocha une fois encore pour l’embrasser de nouveau, puis se détourna pour s’éloigner dans une direction qui n’était ni celle de la fête ni celle du château, marchant au hasard entre les arbres, respirant l’air glacial à pleins poumons sans prêter attention à la morsure du froid sur sa peau pendant un long moment, avant de finalement prendre le chemin du retour.

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