- InvitéInvité
one of the invisibles (victor)
Mer 20 Fév 2019 - 21:41
Assise les jambes croisées sur une chaise dans la remise, Berenice lance un coup d’œil à sa montre, s'y reprend plusieurs fois en se rendant compte qu'elle n'a pas lu l'heure. Ah. Encore deux. Il est dix-sept heures dix, et Berenice a tout juste eu le temps de transplaner devant la boutique après son cours de soins aux créatures magiques. Ses mains gelées par le froid se sont réchauffées en rangeant des articles divers sur les étagères, ou en manipulant sa baguette pour déplacer les objets trop haut perchés. Elle a ensuite rejoint l'arrière-boutique pour faire l'inventaire du stock. C'est vraiment bête comme tâche ; elle reste plantée devant les rayons et énonce ce qu'elle voit, sa plume à papote retranscrivant tout ce qu'elle dit. De temps en temps, elle doit vérifier que la plume n'écrit pas n'importe quoi, parce qu'elle est parfois capricieuse, et a tendance à grossir les chiffres. Mais même Berenice a du mal à compter. Un ras-le-bol, en fait. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle est assise à présent : elle teste les limites de l'autonomie de la plume. Branleuse ou grande scientifique ? Le doute demeure.
Elle a brièvement croisé Victor à son arrivée, alors qu'elle était encore tout emmitouflée dans ses quatre couches de vêtements, et après un vague bonjour, il lui a tout de suite énoncé les différentes tâches à accomplir. Bizarrement, elle se retrouve souvent à faire la même chose. Ce qu'on lui demande de faire est simple, certes, mais très peu enrichissant, et donc vite ennuyeux. En fait, depuis quelques semaines, l'étudiante se rend compte qu'elle se plaît de moins en moins dans son travail. Le regard de Victor lui pèse, elle se sent dévalorisée et ça, elle n'arrive pas à le supporter trop longtemps. C'est vrai qu'elle a fait quelques gaffes, et qu'il lui est parfois arrivé d'être un poids au lieu d'une aide : mais tout le monde ne fait-il pas des erreurs ? En soi, elle aurait pu se dégoter un job en rapport avec ses études de médicomagie, mais alors qu'elle cherchait un emploi à son arrivée à Hungcalf, la paie avait été plus généreuse chez Victor, et elle avait privilégié les besoins de sa famille plutôt que ses préférences personnelles. Au début, toutefois, ça s'est bien passé. Elle se souvient qu'elle trouvait en la personne de Victor un homme cultivé, fort intéressant, et dont la compagnie était agréable. Au fil du temps, pourtant, elle a eu l'impression que leur complicité, autrefois très correcte, s'effilochait, et que les airs intellos qu'elle admirait auparavant chez son patron se mutaient en dédain. Ils discutaient souvent, avant ; mais ces jours-ci, les sourires se font rares. Pas que s'entendre avec son boss soit primordial pour apprécier le job. Mais dans le cas de Berenice, elle qui ne trouve pas d'intérêt particulier à son travail, une bonne entente avec Victor permettrait peut-être au temps de passer plus vite.
Cela fait quelques secondes que la plume est immobile, ne sachant apparemment plus quoi écrire, mais la sorcière ne l'a pas encore remarqué : elle s'accorde une petite pause, toujours assise sur la même chaise, et grignote un biscuit trouvé dans une boîte qui traînait là. La porte de la remise qui s'ouvre brusquement la tire instantanément de ses rêveries.
---------------------------------
@Victor Aldernmann voilà voilà, n'hésite pas si tu penses qu'il y a des retouches à faire
Elle a brièvement croisé Victor à son arrivée, alors qu'elle était encore tout emmitouflée dans ses quatre couches de vêtements, et après un vague bonjour, il lui a tout de suite énoncé les différentes tâches à accomplir. Bizarrement, elle se retrouve souvent à faire la même chose. Ce qu'on lui demande de faire est simple, certes, mais très peu enrichissant, et donc vite ennuyeux. En fait, depuis quelques semaines, l'étudiante se rend compte qu'elle se plaît de moins en moins dans son travail. Le regard de Victor lui pèse, elle se sent dévalorisée et ça, elle n'arrive pas à le supporter trop longtemps. C'est vrai qu'elle a fait quelques gaffes, et qu'il lui est parfois arrivé d'être un poids au lieu d'une aide : mais tout le monde ne fait-il pas des erreurs ? En soi, elle aurait pu se dégoter un job en rapport avec ses études de médicomagie, mais alors qu'elle cherchait un emploi à son arrivée à Hungcalf, la paie avait été plus généreuse chez Victor, et elle avait privilégié les besoins de sa famille plutôt que ses préférences personnelles. Au début, toutefois, ça s'est bien passé. Elle se souvient qu'elle trouvait en la personne de Victor un homme cultivé, fort intéressant, et dont la compagnie était agréable. Au fil du temps, pourtant, elle a eu l'impression que leur complicité, autrefois très correcte, s'effilochait, et que les airs intellos qu'elle admirait auparavant chez son patron se mutaient en dédain. Ils discutaient souvent, avant ; mais ces jours-ci, les sourires se font rares. Pas que s'entendre avec son boss soit primordial pour apprécier le job. Mais dans le cas de Berenice, elle qui ne trouve pas d'intérêt particulier à son travail, une bonne entente avec Victor permettrait peut-être au temps de passer plus vite.
Cela fait quelques secondes que la plume est immobile, ne sachant apparemment plus quoi écrire, mais la sorcière ne l'a pas encore remarqué : elle s'accorde une petite pause, toujours assise sur la même chaise, et grignote un biscuit trouvé dans une boîte qui traînait là. La porte de la remise qui s'ouvre brusquement la tire instantanément de ses rêveries.
---------------------------------
@Victor Aldernmann voilà voilà, n'hésite pas si tu penses qu'il y a des retouches à faire
- InvitéInvité
Re: one of the invisibles (victor)
Lun 25 Fév 2019 - 12:50
one of the invisibles
Berenice & Victor
L'orage avant la tempête.
Il était d’humeur exécrable. Peut-être était-ce à cause de la chemise qu’il avait brûlé avec un mégot, à cause du café tiède que la serveuse lui avait amené, ou les toujours aussi mauvaises nouvelles du canard quotidien, peut-être était-ce à cause du hibou de son fils, celui-là même qui annonçait que Lukas venait de perdre son travail. Ou peut-être était-ce un tout, une accumulation de faits pas si terribles, mais qui réunis le rendait plus hargneux qu’à son habitude. Ses collaborateurs s’en étaient aperçus, et il avait dû décaler leur rendez-vous, après avoir insulté leur travail. À posteriori, peut-être qu’ils ne se donneraient pas la peine de venir la prochaine fois, et à cette pensée Victor se renfrogna encore plus.
Sa matinée, il l’avait passée à ruminer tout bas dans son bureau, à répondre à Lukas, à appeler Gringotts pour transférer de l’argent sur le compte de son fils, à tenter de corriger ses conneries lors de la réunion et à pester contre la commande des dernières nouveautés littéraires non-arrivée, ainsi qu’à répondre à la PUS (presse universitaire sorcière) qui avait encore refusé ses recherches à l’édition.
C’est dans cette atmosphère que Victor avait accueilli Berenice. La commande des nouveaux ouvrages n’étant pas arrivée, les clients ne se bousculant pas, et lui-même occupé à nettoyer les étagères déjà immaculées – tâche qui le détendait habituellement, c’est tout naturellement qu’il l’avait envoyé vers l’inventaire. Il n’allait quand même pas la payer à ne rien faire, ou la renvoyer chez elle. Il la regarda traîner des pieds pour gagner la réserve et s’autorisa un soupire avant de reprendre son nettoyage.
Sa jeune employée à mi-temps était une femme pleine de vie, mais un peu maladroite sur les bords, cela lui avait coûté plusieurs parchemins précieux. C’était une bonne recrue, une des premières, mais elle n’avait décidément pas la patience et l’habilité facile. Le mieux s’était encore lorsqu’elle s’occupait des clients, elle les guidait bien mieux que lui ne le pourrait. Cependant, aujourd’hui, Victor ne pouvait décidément pas la laisser dans la boutique, sa journée était suffisamment malchanceuse pour ça.
Avec un œil sévère, il observa une jeune fille aux cheveux noirs s’approcher de lui pour lui demander le dernier ouvrage sur les potions mortifères, aux éditions Prométhée. Victor leva les yeux au ciel voyant que la mise en rayon des étagères de potions n’avait pas été faite et demanda à la cliente de patienter.
La tâche répétitive de nettoyage l’avait certes détendu, mais en entrant dans la réserve, sa mauvaise humeur revint au galop. « Qu’est-ce que… » Berenice, loin d’être occupée à la tâche qu’il lui avait confié était assise mollement et grignotait. Un ras de marée d’irritation et de colère s’empara de lui, inondant chacune des parcelles de calme, de patience et de tolérance qu’il avait construite. Pourtant, sa voix était étonnamment froide et placide lorsque sa stupéfaction première fut passée.
« C’est à ça que je vous paie ? Regarder le temps filer sans rien faire ? Ce n’est pas pour ça que je vous ai engagée jeune fille ! » Un doigt accusateur s’agitait, rythmant aléatoirement les mots glacés sortant lentement de sa bouche.
Gasmask