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(fb) à l'ombre des satan's (aileas)
Mar 28 Mai 2019 - 21:35
— Les échos de ses pas martelèrent les murs en taule dégarnis. La gorge nouée alors qu’il ne savait plus où poser ses orbes. Car quoi qu’ils venaient à viser, ses entrailles se compressaient dans une lenteur lancinante. La solitude rampant le long de ses veines, avec cette sensation d’être misérable dans ce hangar dorénavant vide. Là où les tintements d’alliages, les injures fleuries mais amicales dédiées, et les ronronnements de moteurs étaient perpétuels, ne subsistait qu’un profond silence. Pire étant qu’à l’intérieur de ce motus résonnait en boucle la fatalité qui lui violentait l’endocarde : les Satan’s Wheels n’étaient plus. Cela faisait plus de deux semaines que ses cornes de diablotin avaient été amputées. Suite à une descente orchestrée pas des Aurors à la recherche des diverses contrebandes que les motards troquaient illégalement. Jusqu’ici ils n’avaient jamais eu affaire à ce type d’autorité, cloisonnés à la police moldue pour qui il ne suffisait que de quelques sorts de confusion pour s’en sortir. Cependant, l’élite policière sorcière était une toute autre paire de manche. Le pire étant que le rital eu vent par la suite que le gang avait été balancé aux autorités de leur vrai régime par des associés peu scrupuleux du vieux Reed. Ce dernier s’étant embourbé, envers les approbations de ses camarades, dans des magouilles délicates avec des individus encore moins intègres que lui. Par chance, l’éphèbe avait été en les lieux sûrs au moment du crime – ses devoirs estudiantins forçant sa présence en amphithéâtre. Il avait de ce fait débarqué plus tard ; ou trop tard. Accueilli dans son havre de la bécane et des mécanos par un affairement policier. Tous les outils, objets et même bécanes en cours de réparation mis sous scellées tandis qu’on alignait sa seconde famille revêche contre un mur. Tous menacés d’une baguette dirigée sur leurs cœurs. Sauf Chief, siégeant au sol, sous un immobilus alors que l’un des Aurors essuyait son nez ensanglanté. Ce tableau le marqua avec horreur. D’autant que les policiers ne tardèrent à l’interpeller dès qu’ils le perçurent. Tels des vautours rodant autour de leur prochaine proie avec vice. Le jeune apprenti d’Asclépios avait pu voir dans leurs pupilles brasiller une étincelle malsaine. Flambant tous à l’idée de lui passer les menottes. De vrais cabots de chasse prêts à lui foncer dessus. L’effarement et l’incompréhension du Belby durent transparaitre sur ses traits pendant un instant. Avant que ne retentisse la voix sauveuse. Profonde, et calme. Apaisante et familière. De mêlécasse mais qui lui parut d’une authentique douceur. « Laisse-le, c’est un client. Il avait un rendez-vous pour faire changer son extracteur aujourd’hui. Vous pouvez vérifier sur l’agenda si vous le voulez. » Le bistre de l’italien vogua instantanément jusqu’à son messie. Soulignant de sa lame la trogne bienveillante de Cherry. Tout en décelant au creux des pupilles du vieux motard l’ordre de ne pas démentir ses dires. « Vous êtes les gosses, Belby, vous êtes l’espoir : fini tes études, sors diplômé et fais des choses bien, lui avait-il souvent répété les jours où le pré-trentenaire hésitait à sécher plusieurs heures de cours pour bricoler un peu plus sur les bécanes en stock dans le garage. » Bien entendu, la mangouste s’était toujours pliée par respect aux demandes de ce mentor. Et ce jour-ci ne fut pas une exception. Hochant la trombine, comme dans un accord résigné, avant de reculer. Il avait vissé son casque sur son crâne, pour masquer sa peine, alors que dans son dos, on embarquait ses oncles bourrus comme de vulgaires criminels. La mâchoire serrée à en subir diverses crampes, il avait rossé la pédale de son destrier de métal. S’évadant, marqué d’amertume et de haine ; d’injustice. Ce même bouquet de sentiments qui déferlait en l’instant présent. Son regard inspecta avec dégout les environs. Apathique et fataliste. Et dire qu’il pouvait se souvenir encore du moindre objet présent en ces lieux. Allant de la vielle Headbanger Hollister ou encore l’Harley Softail qui trônaient sur les différents stands de travail. Des vieilles collections de bouteilles – trophées de nombreuses soirées de beuverie - et une palette hétéroclite d’affiches de marques de motocycles qui égayaient les murs. Tout leur avait été volé. Seule trace restant étant les tâches de cambouis et huile de vidange sur le sol. On avait profané ce temple sacré. Laissé à l’abandon les ruines et fantômes de sa gloire d’antan. Les orbes balayant circulairement la grande pièce vie, elles s’aventurèrent encore un peu plus loin. Au bord de l’entrée où le mur était encore marqué de la trace du meuble qui lui était adjacent autrefois. Le bureau du secrétariat. Sa poitrine crépita désagréablement. Aileas… A croire que les Dieux avaient maudit ce mois de Mars puisqu’il avait fallu que dans cette grande famille, on lui ôte aussi son semblant de petite-sœur. L’énergique Dowell ayant eu un accident peu de temps avant que le sinistre ne frappe les Satan’s. Elle avait dégringolée de sa propre moto, d’après ce que la grande sœur de cette dernière lui avait appris. Percutant l’asphalte tandis que sa moto se décharnait plus loin dans des fracas sur le goudron. Cette seconde nouvelle avait démuni le semi-angliche. Encore plus lorsqu’il reçut un beau soir la visite d’un corbeau, tenant dans son bec une missive signée par Joe Reed lui-même. Le vieux renard avait glissé sous quelques lignes l’injonction pour son protégé de venir plaider pour la cause de ses oncles motards emprisonnés et déchus. Visiblement une décision issue d’un vote unanime de la part des piliers du gang qui ne désiraient aucunement que leur jeune minou ne les rejoigne dans ce périple. Darius avait pour ordonnance de supprimer toute trace d’affiliation entre lui et les Satan’s, pour le protéger. L’informant le vers suivant de la prochaine route pour Azkaban de la petite troupe, le temps que le jugement ne soit fait. Parmi ce laïus écrit, était aussi glissé la demande qu’il tienne informée la jeune secrétaire du caduc garage automobile. En conservant bien entendu les discrétions adéquates, et évitant un certain temps après tout lien entre eux. Il était préférable d’attendre que les choses se tassent. Que les Aurors ne soient pas interpellés par une quelconque association les concernant. Alors docile, le motard avait attendu que s’éteignent une poignée de jours. Que ce cauchemar s’estompe. Pourtant, sans les Satan’s, les choses n’avaient plus la même saveur. Il n’arrivait même plus à phagocyter le bitume du même entrain. Tout avait un gout de fin, et de défaite. Sa seule occupation pendant ces aubes fut de s’évertuer à retrouver la bécane amochée de la blessée qui siégeait à Sainte-Marie. Et même s’il avait de lui-même constaté le piteux état de l’engin, il avait tenu à le rendre à sa propriétaire. Après tout, on ne tenait jamais un biker éloigné de sa compagne en ferrailles. C’est pourquoi, après son pèlerinage dans l’ancien local du garage, il prit la tangente pour l’hospice. Ne s’autorisant qu’un seul arrêt pour récupérer des fleurs pour la jeune femme. Avec l’espoir que cela rachète son absence des derniers jours. Et surtout la nouvelle qu’il allait devoir lui offrir. Dans sa tête le mauvais disque « Les Satan’s ne sont plus » crachotant en boucle. A l’en rendre malade. Cette même symphonie qui ne le quitta pas jusqu’au pas de la porte de la Dowell, où il toqua par politesse avant de rentrer. Pleinement peiné, mais en conservant un doux sourire tandis qu’il l’interpella : « Aileas ? » |
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