J'arpentais encore les souterrains, à la recherche des animaux perdus du cirque les Animaux Fantastiques. Et si auparavant, nous le faisions à deux, Abi et moi, j'avais fini par la laisser aller avec d'autres afin de couvrir plus d'espace, à la seule condition de garder un contact. Il y avait encore après tout des créatures dangereuses, voir mortelles dans celles manquantes.

Plusieurs étudiants avaient rejoint les rangs des volontaires, certains parfaitement aptes à gérer ce genre de crises ou à faire face à des animaux même de catégorie quatre voir même cinq, et d'autres moins mais tout aussi désireux d'aider. Moi, j'étais capable, par la force des choses et par le choix de mes études. Je n'avais juste pas eu envie de me joindre au groupes des "chasseurs de dragons". J'aimais ces créatures, les étudier, en approcher était toujours une expérience unique, mais là, après mon agression, je savais que c'était une mauvaise idée. Tout comme de tomber sur une chimère d'ailleurs. Tout ça, très peu pour moi. Avec Abi, j'avais eu de la chance : un clabbert et un billiwig. De quoi être calme et serein.

J'arrivais à un croisement, et mes pas s'arrêtèrent avant d'y entrer réellement. Ma baguette se releva, alors que je pensais "Nox" dans ma tête, laissant la pénombre me recouvrir de son manteau. J'avais entendu de l'eau être effleuré, perturbée. Comme une flaque dans laquelle on venait de marcher.

Et lorsque l'instant d'après, je vis une forme humaine, je repensais à allumer la lumière de ma baguette, pour voir une étudiante. Seule. Que je ne connaissais pas. Le genre de situation qui ne me plaisait pas vraiment en l'état.

-"Perdue ?"

Au pire, je l'insulterais, mais je saurais la vérité. Moi j'étais seul parce que je savais y faire avec les bêtes, mais elle, savait-elle ? Son visage ne me disait rien, et la probabilité qu'une personne manquant peut-être d'expérience se perde ici était tout à fait envisageable au vu de la conjoncture actuelle.

Euphrasie était perdue dans ses pensée lorsqu'elle finit par se rendre compte qu'elle ne savait plus du tout où elle était. Elle jura, agacée de sa maladresse et regarda autour d'elle, se mordant la lèvre en constatant qu'elle n'avait absolument aucun point de repaire. Comme à son habitude, elle s'était faufilée dans les souterrains pour y entendre l'écho et y écrire, dans la semi pénombre, là où le silence fait plus de bruit que les chuchotements de l'environnement. Elle se glissait régulièrement par un trou que personne ne connaissait, transformée en oiseau, ce qui lui permettait d'être sûre d'être seule. Visiblement ça n'était pas une bonne idée aujourd'hui, elle avait été incapable de se concentrer sur la route pour se rendre au point d'eau où elle passait tant de temps. La jeune femme connaissait le chemin par coeur mais ses pieds en avaient visiblement
décidé autrement et voilà qu'elle n'était pas fichue de retrouver sa direction.

Euphrasie rebroussa chemin et observa autour d'elle, à la recherche d'une aspérité familière, d'un endroit reconnaissable. Elle marcha peu de temps avant d'entendre au loin plusieurs voix qui finirent par disparaître lorsqu'elle tourna à gauche. Cinq minutes plus tard, elle se stoppa net en entendant des pas -pourtant feutrés- briser le silence. La blonde tourna la tête, pour voir un homme qu'elle connaissait pour l'avoir vu à Hungcalf.
"Perdue ?" lui demanda-t-il avec tension ; elle nota qu'il chuchotait.
"Oui, c'est la première fois, j'ignore ce qui m'est arrivé, je me suis perdue dans mes pensées... -elle l'observa et fronça les sourcils en notant qu'il paraîssait inquiet- Tout va bien ? J'ai entendu beaucoup plus de bruits que d'habitude dans les souterrains et tu as l'air tendu."

"Oui, c'est la première fois, j'ignore ce qui m'est arrivé, je me suis perdue dans mes pensées..."

Perdue dans ses pensées ? Ce n'était pas vraiment ce à quoi je songeais moi-même en posant la question, mais c'était une réponse correcte. L'ennui demeurait que la situation actuelle n'était pas la plus propice à ce genre d'égarement, surtout ici. Un détail qu'elle releva d'elle-même, alors que j'écartais la lumière de ma baguette pour ne pas me montrer grossier.

"Tout va bien ? J'ai entendu beaucoup plus de bruits que d'habitude dans les souterrains et tu as l'air tendu."

-"A tout le moins... Le cirque les Animaux Fantastiques. Ils ont eu une faille dans leur système de sécurité, et plusieurs créatures se sont échappées."

Bravo Gabriel. Incroyable concision que voila. Brillant résumé des faits. Si cette jeune fille n'était pas encore au courant, pas encore effrayée, elle pourrait l'être maintenant, pour peu qu'elle ait pris la peine de visiter le zoo depuis son installation.

-"Plusieurs élèves se joignent aux autorités compétentes pour tenter de ramener la situation à la normale. Et les souterrains ont été confinés."

Afin de s'assurer qu'aucune créatures ne s'en échappe, ce qui n'était pas une mince affaire.

-"Et..."

Mais mes mots s'interrompirent alors qu'un léger pouf se fit entendre au détour du bout du couloir, dans mon dos. Un bruit, trahissant le trait particulier de l'animal que je tentais de pister ces dernières minutes : un dirico. Ces animaux n'étaient pas facile à attraper, et pour cause : c'étaient des téléporteurs.

Euphrasie jura en français en entendant que les créatures s'étaient échappées. Elle ne se doutait absolument pas que l'agitation des lieux puisse être liée au zoo éphémère installé en ville. Elle n'avait pas pris soin au créatures magiques en option à Hungcalf, elle avait déjà trop de cours, mais elle avait toujours aimé s'occuper des plantes et des animaux lors de ses études en France. Elle pouvait toujours proposer son aide, même si elle doutait de son efficacité face à une créature réellement dangereuse. Dans tous les cas, elle était perdue, donc coincée là, dans les souterrains.
"Je vois... Je ne suis pas une experte, loin de là, mais j'ai du sang froid et j'adorais la magizoologie à Beaux-Bâtons... Si je peux aider."
Elle n'eut pas le temps d'entendre la réponse du jeune homme qui se coupa au milieu de sa phrase en entendant un bruit. Euphrasie se tut, observant les faits et gestes du garçon, pour essayer de comprendre ce qu'il faisait. Elle leva un sourcil interrogateur vers le sorcier, question silencieuse sur sa possibilité à agir.

J'avais haussais un sourcil lorsqu'Euphrasie jura en français. Il y en avait dans mes connaissances, des gens qui avaient cotoyés Beauxbatons, mais il ne fallait pas être polyglotte pour comprendre ce qu'elle venait de dire. Je me demandais ce qu'elle entendait par Pas une experte, mais la suite de sa réponse était limpide. Elle adorais la magizoologie dans son ancienne école. Excellent choix du temps, révélateur du fait qu'elle ne suivait plus aujourd'hui cette option. Une simple raison qui m'aurait fait lui dire sincèrement que sa place n'était alors pas ici.

Je ne voulais pas l'offenser, loin de là, mais si je pister un Dirico et qu'un sorcier qui aimait jadis l'approche d'animaux fantastique ne courrait aucun danger avec ce genre de défi, je n'arrivais pas à m'enlever de la tête ce qu'Abi m'avait appris lorsque je l'avais rejointe : certains animaux étaient beaucoup plus dangereux que d'autre. Et dans ce cas-là, que ferais-je avec elle, si d'aventure nous croisions la route d'une chimère par exemple ?

Quelques minutes suffirent à me déraidir. Je me devais d'être franc avec elle.

-"C'est bien de vouloir aider. Mais certaines de ces créatures sont réellement dangereuses. Pas juste un petit, et même pour des sorciers qui s'en occupe tout les jours alors..."

Mais à nouveau le bruit se fit entendre, attirant mon attention. J'étais partagé. Il était si proche, et ces créatures étaient vraiment merdiques à attraper à cause de cette faculté. Si je ramenais cette jeune fille à l'extérieur, tout serait à refaire. Et je n'avais vu aucune trace de créature de niveau trois ou quatre...

Soupirant, j'ajoutais :

-"On chope ce dirico, et je te ramène à la sortie."

J'avais un appat, et il faudrait user d'un sortilège de confinement sur lui, afin de l'empêcher de se téléporter, mais c'était à notre portée à tout les deux. Et en même temps, je n'arrivais pas à m'enlever de la tête que l'emmener était un très mauvaise idée.

Euphrasie acquiesça en entendant les paroles du jeune homme, elle s'était retrouvée là par hasard et s'il y avait moyen de sortir, il vallait mieux, pour ne pas encombrer les gens compétents en la matière.
"Pas de soucis, c'est évident que je serais plus un poids qu'une aide pour vous." Dit-elle dans un sourire avant d'entendre à nouveau le bruit et de voir le sorcier hésiter. Il semblait partagé entre plusieurs possibilités et finit par se décider dans un soupir.

"On chope ce dirico, et je te ramène à la sortie." Elle hocha la tête.

Elle le vit placer quelque chose sur lui, sûrement un appat avant de se concentrer, signe qu'il s'apprêtait à attraper la créature.
Elle observa la scène qui se déroula sous ses yeux et sourit en voyant le sorcier lui faire un clin d'oeil en signe de victoire. Elle fronça les sourcils en entendant un bruit mais n'y prêta pas plus attention que ça, il était léger, et unique.

"Pas de soucis, c'est évident que je serais plus un poids qu'une aide pour vous."

Je n'avais pas dit ça non plus, mais l'heure n'était pas à la palabre. Doucement, je m'approchais de l'animal, me saississant de l'appat et je m'en servais pour l'attirer tout doucement. Je venais en jeter deux trois morceaux, tachant de rester un maximum dans l'ombre que m'offrait ces galeries souterraines, et lorsque le moment fut venu, que le dirico était assez proche, je lançais mon sortilège. Evident pour un élève de mon année, ce sort n'était pas le problème. Le souci, c'était l'éthique que je me renvoyais en en usant sur ce pauvre animal.

-"Là. On va rentrer sagement à la maison maintenant."

Je faisais un léger signe de tête à Euphrasie, afin de lui indiquer que c'était bon et en l'invitant à me rejoindre alors que je venais caresser l'animal. Mon but était uniquement de rassurer ce mâle, plus rien ne pouvait lui arriver. Plus rien du tout. Et du coup...

Et du coup, un bruit attira mon attention. Un bruit, mais pas que. Une ombre, une sensation, et alors que ma tête se relevait vers Euphrasie, mon souffle s'arrêta un instant. Et avec le souffle, j'eus l'impression que même le temps venait à se rompre. Ma réaction fut pourtant vive ! Rapidement, j'attrapais sa main, et venait la pousser de toute mes forces dans une autre galerie, perpendiculaire à la notre alors que l'épine d'un Noir des hébrides me frolait de beaucoup trop prêt à mon gout.

-"COURS !"

Mon cri fut sans appel, tant je ne cherchais même plus à me soucier du sort de confinement du Dirico et, attrapant à nouveau la main de la sorcière, vint la tirer avec moi. J'avais échappé à ces créatures alors que j'avais Abi avec moi, et voila que je me retrouvais face à face avec, mais sans Abi. Si l'animal, pour ce que j'en avais vu me semblait jeune, il n'en restait pas moins mortel.

Le problème ? Bah, c'est que nous étions devenus les proies.

Euphrasie n'eut pas le temps de réaliser ce qui se passait sous ses yeux que le sorcier lui attrapait la main avec force et la poussait dans une galerie adjacente après qu'elle ai aperçu l'épine de ce qui ressemblait à un Noir des hébrides s'approcher dangereusement du bras de son compagnon d'infortune.
Elle entendit celui-ci lui ordonner de courir avant de la tirer à travers les sous-terrains, maintenant un rythme que la jeune femme peinait à suivre ; la faute de la taille bien supérieur du garçon.
Elle continuait cependant de courir et poussée par la peur, elle ne ralentissait pas. Elle savait cependant ne pas tenir aussi longtemps que le jeune homme qui semblait sportif et ne voulait pas le retenir.
"Je vais pas pouvoir courir aussi longtemps que toi, je vais voler." Dit-elle dans un souffle, pour ne pas qu'il s'effraie de ne plus sentir sa main dans la sienne.
Elle trouva dans son esprit sa forme de rouge-gorge et voleta pour être à côté du sorcier, suivant ce dernier avec facilité désormais. Elle le regarda grimacer et se retourna pour juger de la position de la créature. Elle aurait sûrement pousser un beau juron si elle avait été capable de parler et se contenta de rester au niveau de son compagnon, inquiète.
Euphrasie avait eu raison en reconnaissant un Noir des hébrides à son épines ; elle avait aussi raison lorsqu'elle réalisa qu'ils étaient vraiment dans la merde.

J'avais beau avoir pris Dragonologie, je n'étais pas fan de la situation. Il pouvait être jeune, le représentant de la race reptilienne à nos trousses, il n'était pas ce que je revais de rencontrer un jour comme aujourd'hui. Et pas avec une autre personne.

"Je vais pas pouvoir courir aussi longtemps que toi, je vais voler."

Voler ? Elle était capable de voler ? J'étais surpris, mais en même temps, j'étais pas dans une école moldue, et les animagus étaient relativement courant ici. Puis, c'est pas comme si j'étais pas une aberration de la nature, avec mes tifs qui changeaient de couleur à toutes mes émotions. Bref, voler pouvait être une excellente chose.

Finalement je tournais dans un couloir, puis dans un autre, entraînant le petit oiseau avec moi et au bout du compte, elle revint se rappeler à moi, m'arrêtant en quelques foulées seulement. Cette douleur à ma poitrine, à l'endroit où la lame de ce moldu m'avait frappé il y a si peu. M'appuyant d'une main sur le mur, l'autre se posant là où se trouvait encore le pansement, j'entendais les conseils que je n'avais pas suivi des docteurs : Pas de sport, pas d'efforts, pas de stress,... J'étais clairement loin de tout ça.

-"Ne m'attends pas. Voles. Voles aussi vite que tu peux. Trouve une sortie. Va chercher de l'aide."

Et surtout, ne te retournes pas. Derrière nous, il y a la mort. La mort avec beaucoup de dents.

Euphrasie vole aussi vite qu'elle le peut, suit le sorcier qui tourne dans plusieurs galerie et panique en le voyant s'arrêter contre un mur, un main sur la poitrine, le souffle court, le front en sueur. Elle l'entent lui dire ces mots...
-"Ne m'attends pas. Voles. Voles aussi vite que tu peux. Trouve une sortie. Va chercher de l'aide."

...et redevient humaine, avant de chuchoter rapidement.
"Je ne te laisse pas ici, hors de question. On peut peut-être transplaner ? Ou envoyer un signal d'alerte ?" propose-t-elle en regardant autour d'elle, cherchant une échappatoire.
"On est ensemble dans cette merde c'est clair ?" ajoute-t-elle en le voyant secouer la tête face à son refus de le laisser seul.

-"Cette merde, c'est un dragon. Un putain de Dragon !"

Se rendait-elle compte ? Comprenait-elle que ce qui nous poursuivait, c'était l'un des pires prédateurs de notre monde ? Un reptile qui, comme ses congénères, était au sommet de sa chaine alimentaire et qui, même jeune comme il semblait l'être, était particulièrement dangereux. On était loin des petits spécimens, et même un petit n'était pas à prendre à la légère.

-"On peut pas transplaner..."

Mon ton se radoucissait légèrement, plus parce que j'avais mal à la poitrine qu'autre chose. Et mon cerveau n'arrivait pas à se concentrer plus, à cause de la douleur.

-"On est toujours dans l'enceinte de l'université, les contres-sorts fonctionnent donc. A moins de trouver un elfe ou de rattraper cette merde de Dirico, transplaner ne sera pas..."

Putain de merde. Je m'arrêtais alors que dit tout haut, ces mots faisaient tilt en moins, reconnectant les quelques neuronnes qui me restaient. Le dirico. Si on le retrouver, transplaner loin de cette saloperie pourrait être possible, envisageable. Bon, en vrai, c'était du suicide, et pas uniquement parce que cela nous ferait retourner dans la direction que nous venions de fuir.

-"Franchement, voler jusqu'à la sortie, c'est vraiment ce que tu as de mieux à faire. Parce que de l'autre coté, c'est la mort."

Moi, j'étais en dragonologie. J'avais peut-être une chance de plus. Je passais de 0.1% de chance de survie à 0.2% peut-être. Et qui sait, le fait d'être amie avec une tarée des dragons comme Abi, peut-être à 1%. Bref, moi c'était de mon devoir.

Le souffle coupé par la peur, Euphrasie écouta chacune des réflexions du sorcier et réfléchit un quart de seconde avant de reprendre la parole.

"Si on attrape ce Dirico, on peut y arriver pas vrai ?" Demanda-t-elle plus pour son raisonnement que pour une réelle réponse.

"En oiseau, je ne risque rien, je vole vite et je peux me cacher partout, c'est toi qui risques quelque chose. Ne cherche pas à me protéger, parce que c'est toi qui es en danger. Je ne te laisse pas, on va affronter ce truc ensemble, et j'envoie mon patronus pour prévenir ceux qui peuvent nous aider." Ajouta-t-elle d'une voix ferme.

Elle remercia intérieurement son père qui lui avait enseigné l'art des animagis pour qu'elle ai toujours une porte de sortie, et son esprit de lui avoir attribué la forme d'un petit rouge-gorge. Elle lança rapidement le sort du patronus, se concentrant sur une journée d'été passée avec toute sa famille, du temps où Emmanuelle était encore vivante et où elle passait les journées en famille à leur côté. Un instant passé sous le cerisier, sous la chaleur et le chant des cigales, Euphrasie entourée de tous ceux qui comptaient vraiment, chantant à tue-tête avec eux, le sourire aux lèvres. Le petit oiseau fait de brume argentée s'échappa avec force de sa baguette et suivit ses instructions qu'elle avait soufflées avant de le laisser aller.

Elle prit une longue respiration avant de se tourner vers le jeune homme.

"On y va ?" Demanda-t-elle la gorge sèche, observant le filament argenté parcourir la galerie à toute vitesse, avant de se transformer à nouveau, déterminée.

"Si on attrape ce Dirico, on peut y arriver pas vrai ?"

-"C'est possible..."

Ou pas impossible. J'ignorais la tournure la plus adaptée à ce genre de situation. Ordinairement, je n'avais pas peur des dragons. Quand on devait les étudier en cours, j'étais pas le dernier à vouloir m'en approcher. Mais là, le fait qu'il ne soit pas vraiment dressé -pour peu qu'on puisse imaginer réellement dressé cet animal- et que la cicatrice près de mon coeur hurle sa douleur ne me ravissait pas.

"En oiseau, je ne risque rien, je vole vite et je peux me cacher partout, c'est toi qui risques quelque chose. Ne cherche pas à me protéger, parce que c'est toi qui es en danger. Je ne te laisse pas, on va affronter ce truc ensemble, et j'envoie mon patronus pour prévenir ceux qui peuvent nous aider."

Mon regard se porta vers elle, une lueur d'inquiétude dans les yeux. Je n'oubliais pas les conseils des prof comme "n'oubliez pas la peur, parce que tant que vous avez peur, vous avez moins de chance de faire un truc stupide".

"On y va ?"

Aussitôt dit, elle se métamorphosa à nouveau en oiseau, et moi, je renonçais à lui faire entendre raison. Parce que j'avais peur, et donc, je savais pertinemment ce qu'il me restait à faire. J'acquiesçais de la tête, et rebroussais chemin, sachant pertinemment ce qui m'attendait au bout. Pour autant, j'essayais de feutrer mes pas le plus possible, de calmer ma respiration un maximum et de tendre l'oreille. Ce dragon était dangereux, mais j'en avais après tout déjà croisé. Seule différence : j'étais pas avec les mêmes personnes. Abi, où es-tu quand j'ai besoin de toi ?

Puis, au bout de plusieurs mètres, je m'arrêtais, me collant à la paroi et regardant le colibri de ma collègue du moment. Murmurant, je lui dis :

-"Trouve le Dirico. Moi, je vais attirer le dragon plus loin."

Je lui faisais confiance, autant pour trouver l'autre animal que pour me retrouver après. Et dans le pire des cas pour moi, j'espérais éloigner assez le reptile de cette fille. Mais ça, je n'allais pas lui dire. Comme je ne comptais pas lui laisser le temps de répondre. L'instant d'après je sortais de ma cachette, baguette parée ; lancais un sortilège de stupéfixion qui toucha les écailles du lézard que je voulais le plus éviter dans ces recherches et finalement prenait mes jambes à mon cou, répétant de temps en temps la manoeuvre.

"Trouve le Dirico. Moi, je vais attirer le dragon plus loin." Murmura le sorcier sans laisser au rouge-gorge le temps de répliquer -quoiqu'Euphrasie n'aurait pu que pépier, ce qui n'était ni compréhensible ni discret- et sortit de sa cachette pour confronter le lézard.

La jeune femme ne réfléchit pas plus longtemps et vola dans le sens opposé, concentrée sur les signes de la présence du Dirico et les points de repère qu'elle pouvait prendre pour retrouver le sorcier. Elle continua de suivre les galeries, ombre discrète frôlant les murs rapidement. Elle espérait que sa forme d'oiseau et la nature passive du Dirico l'aide dans ce qu'elle s'apprêtait à accomplir. Elle n'avait pas d'appâts et retourner là où se trouvait le sorcier sous sa forme humaine avec un Dirico confiné, était une tâche presque impossible. Elle allait tenter quelque chose, qui n'allait probablement pas marcher, elle le savait, mais qui était sa seule solution. La première difficulté était de trouver le gros oiseau.

Elle continua son chemin, une peur sourde dans sa poitrine de petit rouge-gorge, attentive à chaque détail. Elle tourna dans une galerie lorsqu'elle entendit le même bruit que tout à l'heure. Si elle n'était pas un oiseau, elle aurait sûrement souri, mais elle se contenta de suivre la source de bruit, jusqu'à apercevoir le Dirico, penché sur une flaque d'eau. Elle sautilla jusqu'à lui, tout doucement, pour ne pas l'effrayer de sa présence. Elle atteint son niveau, regardant ce gros oiseau, observant son petit congénère. Alors elle pépia doucement, pour demander de l'aide, timidement. Il y eu un silence, avant que le Dirico se rapproche et penche sa tête sur le côté pour l'interroger. Elle demanda avec difficulté à la créature de la téléporter là où se trouvait un ami à elle qui était en très grand danger, puis de le sauver, avec elle. Il y eu un nouveau silence, et elle cru un instant que le Dirico allait refuser sa requête, ce qui était assez logique finalement ; enfin, quelle idée elle avait eu ! Mais l'oiseau bougea sa tête de haut en bas en ce qui semblait être un signe d'acquiescement. Elle ouvrit alors ses yeux en grand et le remercia d'un pépiement. Il l'enveloppa de sa grande aile et ils disparurent, pour réapparaître entre un dragon et un sorcier visiblement épuisé de lutter. Euphrasie se tourna vers son compagnon, l'air effaré.

Il y a des jours comme ça, où vous décidez de faire des choses stupides. Sortir alors que vous êtes malades, tenir tête à un professeur qui en sait tout de même plus long que vous sur le sujet, décider d'affronter seul un dragon qui même jeune, est furieux d'être ainsi confiné et a pour particularité d'être relativement territorial. Et être en dragonologie n'est pas une assurance de s'en sortir dans ce genre de situation, loin de là. C'est même plutôt la promesse de tout le contraire. Vous savez du coup comment l'animal qui vous pourchasse aime sa viande : cru, cuite, carbonisé...

Je me rappelais les paroles d'Abi alors qu'on entrait la première fois dans ce souterrain. Elle, bien sur, elle était ravie à l'idée de rencontrer ce genre d'animal. Moi, moins. Beaucoup moins en l'état. Et ma récente blessure à la poitrine ne m'aidait pas à fuir l'animal. Je n'arrivais en plus de ça même pas à viser, si bien que chacun de mes sorts s'écrasaient lamentablement sur ses écailles, s'ils ne rebondissaient pas dessus.

Et puis, au détour d'un couloir, sa queue me faucha. Heureusement pour moi, pas avec le coté tranchant de son épine, mais le choc fut à couper le souffle, et m'envoya à terre, quelques mètres plus loin. Désolé Abi de ne pas t'avoir prévenu, Désolé Holly parce que j'ai encore déconné, Désolé Rose parce que cette fois, je ne pense pas que je m'en sortirais dans un lit d'hopital...

*pouf*

Mes yeux s'écarquillèrent au bruit, et regardant son orgine, je vis ce fichu colibri. Elle était revenue. Revenue putain ! Avec ce con de volatile ! Mais notre ami à écailles ne semblait pas apprécier la viandre crue finalement, et le voyant ouvrir sa gueule, je réagis. Comment ? Je ne sais pas. Je vous répondrais juste que quand il faut, il faut ! Serrant ma baguette, je lançais un Protego Totallum autour de nous, et une bulle nous enveloppa alors que des flammes venaient inonder le lieu.

-"T'es folle d'être revenue..."

Drole de façon de la remercier ? Certes oui, mais j'étais sincère en disant cela. Il fallait qu'elle sauve sa peau.

-"T'es folle d'être revenue..."

Euphrasie ignora la remarque du sorcier, voletant jusqu'à lui, la queue du dragon frôlant ses plumes, la faisant pépier de peur. Elle n'avait jamais été aussi terrifiée qu'aujourd'hui, mais ils allaient s'en sortir, ils le devaient. Elle regarda le Dirico, pour s'assurer qu'il savait ce qui allait se dérouler. Il avait l'air un peu perdu, mais prêt, et puis de toute façon, ils n'avaient plus le temps, le frêle rouge-gorge ferma les yeux en voyant le Noir des Hébrides ouvrir sa gueule, persuadée que s'en était fini d'eux.

Il ne se passa rien, et elle distingua un sortilège puissant, mais qu'elle savait très court les envelopper, faisant rebondir les flammes contre sa paroi, à deux centimètres d'Euphrasie. Elle vola à toute vitesse vers le garçon, se métamorphosa à nouveau, attrapa sa main et fit un signe au Dirico à l'air dérouté.

L'air se brouilla, et Euphrasie retint sa respiration.

On avait eu chaud, dans tous les sens du terme. Mais on était en vie et je le devais à cette fille. Je me moquais bien maintenant que le dirico s'échappe encore une fois, l'important n'était pas là.

Alors que je m'asseyais pour reprendre mon souffle, je regardais la Pokeby et vint finalement sourire, mes cheveux changeant de couleur pour prendre une teinte plus violacée. J'étais heureux pour moi, pour elle, pour ce crétin de presque poulet qui n'avait pas fini de vivre...

-"Merci d'être revenue..."

La frayeur de la voir mourir ou même d'être responsable de sa mort était passée. Je pouvais dés lors lui exprimer ma gratitude pour ce qu'elle avait fait, les risques qu'elle avait pris. Ce n'était pas rien : sachant ce qu'elle risquait, elle était revenue. Rien ne l'y obligeait, pourtant, elle l'avait fait. Un merci était alors bien peu de choses.

-"Il faut prévenir les autres. Des experts pourront se charger de lui."

Du dragon j'entendais. Ceux qui le traquait allait pouvoir reprendre sa piste et le rendre de nouveau innoffensif pour quiconque. Pauvre créature qui ne suit finalement que ses instincts.

Spoiler:

C'est épuisée qu'Euphrasie se tourna vers le sorcier pour apprécier son remerciement. Il la racompagna, pour l'aider à trouver la sortie, puis prévenir ses collègues. C'est avant de sortir qu'elle se rendit compte qu'elle ne connaissait pas son nom ; pour quelqu'un avec qui elle avait cotoyé la mort, c'était ironique.
Elle se tourna vers lui, et tendit sa toute petite main, pour se présenter.

"Sinon, moi c'est Euphrasie. J'espère qu'on aura l'occasion de discuter sans se faire tuer." Lui dit-elle de sa voix douce, avec un sourire.

Elle s'éloigna le pas encore tremblant, mais amusée désormais de cette aventure impropable. Ce qui était sûr, c'est qu'elle allait bien dormir ce soir !

Spoiler: