Une plante de perdue, dix de rempotées ft. @Cygnus Bellâtre

Début de dixième année, la toute dernière et en entrant dans la salle de cours, qu’il a foulé de son pied un nombre incalculable de fois, il ressent un peu de nostalgie. Ce n’est certes pas le dernier jour du cours de botanique, mais elle marque le début d’une certaine fin. Qu’on ne se méprenne pas, Wyatt a plus que hâte de s’enfoncer dans le marché du travail, avec ses dragons. De vivre le danger chaque jour, d’en ressortir plus vivant et grandi. Mais l’ambiance étudiante va clairement lui manquer. Il espère au moins pouvoir garder son petit pied-à-terre à la coloc des licornes, pour garder un semblant de lien avec non seulement ses amis, mais aussi la réalité.

Il salue tout le monde sur son passage, comme s’il était là depuis une trentaine d’années et connu de tous. Ce qui n’est pas le cas, pas besoin d’entrer dans les détails. Cela l’amuse de voir les nouvelles petites têtes des jeunes adultes qui sortent de leur puberté, effrayés par le changement. Certains cachent leur malaise derrière un surplus de fausse confiance en soi, tandis que d’autres sont bien plus honnêtes et se font une petite place sur les bancs de manière réservée. Wyatt s’installe parmi eux, commençant déjà à discuter avec unetelle, tout en faisant du gringue à un autre. Pas très nouveau chez le sang-mêlé qui ne s’est jamais embarrassé des convenances. C’est ça, quand on est un bâtard ! Que voulez-vous. Il faut dire qu’il retrouve ses camarades de classe continuellement depuis neuf années maintenant. A force, on tisse des liens, on prend ses petites habitudes. Et puis, de se dire que c’est la dernière année… oui, ça fout un coup. On a envie de profiter de tout, tout de suite. De ne pas attendre. Quitte à faire un peu le souk en début de cours.
Mais ce n’est pas grave, n’est-ce pas ? Car quand ce dernier commence, Wyatt se plonge dans la botanique. Une matière qu’il apprécie, mais pour laquelle il n’est pas non plus excellent. Contrairement aux runes ou à la dragonologie, le Nightingal pêche un peu lorsqu’il s’agit des plantes et il lui faut toujours un peu plus longtemps que les autres pour tout imprégner dans sa tête. Il faut dire que cette dernière est remplie de dragons en tout genre et de garçons nus, donc…

Le cours ne se passe pas trop mal, en lui-même. Et directement, ils font un petit test pour évaluer le niveau de tout le monde, selon leur année d’étude, pour voir ce qu’ils ont retenu de ou des années précédentes, ainsi de suite. Et rien qu’en le faisant, Wyatt se doute que le résultat ne sera pas très probant. Pourtant, quand il s’agit de la pratique, il est bon avec les plantes. Il sait les repérer, leur utilité, la façon de s’en servir… c’est simplement que la théorie n’est clairement pas son fort. Et quand le cours prend fin et qu’il voit le tuteur de classe s’approcher de lui, il se doute que ça a à voir avec son résultat. Ou alors serait-ce à cause d’Erwin ? Car oui, il le sait, ce dernier sort avec nul autre que son ex. Mais il doute que le jeune homme ait une telle idée derrière la tête, ce serait pas très discret.

“Un souci ?” Demande-t-il nonchalamment tout en remettant correctement sa veste.

Une rentrée sans doute un peu particulière que celle ci. Parce que les horizons ont changé en deux ans, et si tu n’as eu rien à dire pendant de longues années à Hungcalf, maintenant que tu es sur le point de partir on te joue un affreux coup du sort. Comme si il fallait que tu ne retiennes pas de ses années que le dur labeur des cours, mais bien que quelque part, ici, tu as créé bien plus que ça. Tu as retrouvé une famille que tu pensais ne jamais voir, tu ne sais pas encore si c’est une bonne chose en réalité… Et pour couronner le tout, prévu ou pas, tu as tissé des liens avec d’autres. Ces mêmes autres là qui font ta vie du quotidien maintenant. Et si avant ces personnes pouvaient se compter sur les doigts d’une main, ton cercle c’est élargi de lui même au fil d’aventure imprévu. Si pendant longtemps tu ne voulais briller que par ton intellect au sein de cette brillante université, et bien tu t’es relativement fourvoyer. Même toi, tu n’as pas réussi à être suffisamment discret pour échapper aux différents commérages de la vie étudiante, pourtant on ne peut pas dire que tu te sois montré en public ni même lors de soirée… Mais les murs ont des oreilles comme on dit familièrement.

Parmi toutes les rumeurs sur toi, il y en a eu de vrais (celle notamment sur l'empoisonnement d’une Lufkin), des fausses, et d’autres qui ne te touchaient pas directement mais qui ont une impact. On notera notamment le fameux chineur de l’année dernière qui a fait exploser en éclat une partie de ta vie et ce pour de longs mois. Voilà qu’aujourd’hui la tendance est inversée, et même si le chineur ne semble rien savoir, tu as peut être plus de chose à cacher que jamais. Ironie du sort. C’est bien pour ça que tu as étudié l’occlumentie pour que tes secrets restent des secrets. Ton grand père t’a toujours dit que c’était la chose à préserver pour se préserver. En l’occurence tu es à peu près sûr que les personnes qui écrivent ce torchon là connaissent quelques rudiments en matière de lecture de pensées. Tu n’avais pas prévu dans arriver là.

Pendant le cours de botanique cependant partager avec nombre d’élèves, dont exactement les deux qui par le hasard des choses ne devraient pas se retrouver dans le même cours. Sans doute une chance pour toi que malgré la proximité avec les deux, ils n’ont pas d’atome crochus, une chance pour toi. Mais tu n’as pas la conscience tranquille de ceux qui croient tout bonnement à ce qu’on leur dit. Et dans ce même cours il y a une troisième personne potentiellement dangereuse pour toi. Ta paranoïa te pousses à considérer toute personne comme telle en réalité. Mais tu n’es pas du genre à laisser une menace sans tenter de comprendre à quel point cela peut poser problème, pour tenter par la suite d’y remédier de quelque façon que ça soit. “Pas du tout. C’est mon rôle de venir te proposer mes services.” L’occasion était toute trouvée. En général chaque année tu le fais avec ceux de ton année et les plus jeunes, la chance pour toi que tu es en dernière année ainsi que tu peux tutoré tout le monde et choisir d’autant plus tes élèves. Wyatt a de la chance dans son malheur, il aurait pu tomber sur pire tuteur que toi. “Je voulais te rappeler que tu pouvais bénéficier du tutorat en botanique. Vu tes résultats tu n’aurais pas besoin de beaucoup d’heures pour remonter, tu as les connaissances tu as simplement besoin de méthode pour t’en rappeler.” Après tout tu es tuteur depuis plusieurs années, tu sais comment t’y prendre. Il ne faut pas oublié qu’apprendre est ta grande force, et que tu as ce don d’enseigner. Etrangement malgré ta suffisance et ta froideur, tu sais passer outre quand tu deviens l’enseignant, parfois même change de personnalité.

Une plante de perdue, dix de rempotées ft. @Cygnus Bellâtre

Wyatt a ce petit problème d’être un petit peu trop insolent et provocateur. Et malheureusement pour lui, ce trait de caractère n’est pas exclusif à une catégorie de personne. Même les professeurs peuvent avoir vision assez précise de son caractère. En voyant les autres partir, il s’apprête à faire de même, prêt à suivre Erwin, mais c’est sans compter Cygnus qui va intercepter sa course, c’est une évidence. Ce n’est pas la première fois qu’un tuteur vient lui prodiguer des conseils et astuces pour être plus performant en botanique - sauf que cette fois-ci est bien différente à ses yeux. On a beau dire ou croire, le fait qu’il se fasse son ex entre forcément en considération dans l’échange qui va suivre. Pourtant, cette fois, Wyatt ne la joue pas trop direct avec Cygnus.

Ce dernier affirme venir proposer ses “services”, tirant chez Wyatt un sourire qui en dit long sur ses pensées. Dans un autre contexte, cette phrase sonnerait tout autrement et serait bien plus charmante à son oreille, que le vrai sens qui lui est actuellement donné. Car Cygnus est un beau garçon et ses services doivent valoir le coup d’œil. Seulement, le Nightingal n’est pas assez bête pour croire qu’il y a volontairement un double sens à cette proposition et le laisse continuer sur sa lancée.

“Ouai, la méthode, c’est toujours ce qui me fait défaut.” Approuve-t-il, car il ne sert à rien de faire l’offusqué devant une pure vérité. La botanique n’est pas son fort, ni son point faible néanmoins. Il aurait bien besoin d’un coup de main, mais devrait-il accepter celui de Cygnus plus que celui d’un autre ? Wyatt se demande vraiment s’il n’y a pas une double volonté dans cet échange et il prend quelques secondes pour réellement réfléchir aux enjeux. Il doute qu’Erwin lui en veuille de profiter du tutorat de Cygnus, peut-être même pourra-t-il lui donner son avis sur lui ? Après tout, ils sont restés très proches malgré leur séparation, il y a de cela de nombreuses années. Il sait fort bien que son avis compte pour le botaniste, bien qu’il n’ait pas d’incidence réelle sur ses choix de vie.

“Pourquoi pas, ça ne peut pas me faire de mal.” Répond-il dans un premier temps en haussant les épaules, feignant une forme de j’m’en foutisme, plus pour se donner un peu d’air que par réelle indifférence. “Qu’est-ce que tu me proposes du coup ? En terme de volume horaire, de date…” Précise-t-il ensuite en calant certains de ses livres sous son bras, tandis qu’il joue de son autre main avec sa baguette. Les derniers élève sortent de la salle et ils finissent par n’être plus que tous les deux. Wyatt se farde d’un sourire enjoleur et étincelant, ne quittant pas son homologue des yeux.

Tu sais comment interagir avec les autres pour parvenir à tes fins, bien qu’ironiquement tu te complais dans le silence taciturne de ta personnalité. Non, ce n’est pas un dédoublement de personnalité, ou alors, elle s’appellerait Ambition. Pour quiconque te connait un peu cela va de soi. Ici, on ne peut pas dire que tu connaisses bien la personne en face de toi. Tu ne sais que ce qu’on t’en a dit, avec un avis déjà édulcoré et peut être biaisé de celui qui apprécie la compagnie de l’autre. Alors pour réellement savoir de quoi il en retourne, tu dois te faire seul ton opinion. Le meilleur, et le plus facile des stratagème s’offre à toi, comme posé sur un plateau d’argent.

Au moins quand tu pointes sa plus grande faiblesse ne s’offusque t’il pas. Faut dire que tu sais y mettre les formes, jamais tu ne dénigreras quiconque si tu veux obtenir quelque chose de lui. Il faut être logique. La fin justifie les moyens. Ton visage, habituellement fermé, est orné d’un sourire assez sûr de lui, plutôt engageant même. Il confirme, tu as le bon sens de ne pas en rajouter. Après tout, c’est toi qui a fait la proposition, c’est déjà bien suffisant. A lui ensuite de voir si oui ou non, il saisit l’opportunité qui s’offre à lui.
Tu laisses s’installer le silence sans gêne aucune… Jusqu’à ce qu’il acquiesce finalement, se rangeant à ton expertise pour décider de la forme que prendrait cet échange. “2h par semaine devrait amplement suffire dans un premier temps, ensuite on pourra réduire. On peut faire 2 sessions ou une, ça dépend de ta capacité à te concentrer, et de ta façon de travailler habituellement. ” Tu as toujours l’air engageant. “C’est le tuteur qui s’adapte à l’élève.” Après tout tu ne le dénigres pas en parlant de capacité de concentration. Tu veux juste être efficace, et ça passe surtout par là. On ne peut rien apprendre si on ne suis pas, qu’on écoute pas. Bien sûr il n’y a pas que ses motivations aussi honnêtes qui te poussent à agir, mais peu importe. En même tu démontres ainsi ta largeur et souplesse d’esprit. Après tout, tu voudrais, tu as besoin que Wyatt t’apprécie pour faire bonne impression, alors sans qu’il le sache ça serait un prêté pour un rendu. Pour une fois il y a une contrepartie pour toi.

Une plante de perdue, dix de rempotées ft. @Cygnus Bellâtre

Ce n’est pas le tutorat en lui-même qui l’a tant fait hésiter, mais la question de savoir si, oui ou non, Cygnus allait retirer quelque chose de cet échange studieux. Certes, tout le monde ne propose pas son aide - surtout un tuteur - avec une idée derrière la tête. Certains le font par réel souci de l’autre. Mais Wyatt n’est pas non plus un grand naïf. Les opportunistes existent, il le sait… parce qu’il en fait partie. Donc une prochaine question se profile à l’horizon : que peut-il en retirer, lui ? À part bien sûr de meilleures notes mais ça, c’est le cadet de ses soucis. Sachant qui est Cygnus, quelle satisfaction ou élément peut-il soutirer au personnage, même à son insu ? Bien sûr, sa relation avec Erwin lui vient tout de suite en tête et il serait bête de ne pas en profiter pour savoir qui est la jolie pomme que son ex aime à croquer actuellement.

Il accepte donc et pendant que le tuteur lui explique ce qu’il envisage pour ces heures de tutorat, Wyatt se permet de faire un aller-retour du regard, suffisant pour lui tirer un sourire. S’il n’avait pas déjà été pris - surtout par son ex et ami - il aurait sûrement tenté quelque chose. Ou au moins flirtouillé un peu… Quoique la dernière option n’est pas si prohibée que cela ! Il peut toujours lui faire un peu de charme afin qu’il soit plus coulant avec lui. C’est toujours ainsi qu’il procède avec ses professeurs car celui ou celle qui vous a en grippe, c’est pour toute l’année…

“Le tuteur qui s’adapte hein…” Répond-il avec un autre sourire et des yeux pétillants, car il lui vient mille idées de façon dont Cygnus pourrait “s’adapter” avec lui. Mais c’est chasse interdite donc il se reprend bien assez vite. Sa petite dépravation personnelle n’est rien comparée à l’attachement qu’il a envers Erwin, et à la promesse qu’il lui a faite de ne jamais le blesser intentionnellement.

“Je préférerais avoir deux sessions d’une heure, dans ce cas. Non pas que je ne puisse pas me concentrer plus d’une heure hein, simplement avec l’emploi du temps que j’ai, il sera plus facile de caser chaque heure entre deux cours, plutôt que deux heures complètes dans une journée déjà tendue…” Il en profite pour regarder son carnet où il note les heures et notes de chaque cours, avant d’hocher de la tête et de le ranger dans ses affaires.

“Je suis dispo le lundi à 16 heures et le vendredi à 10 heures, est-ce que cela conviendrait ? Sinon je peux pousser un peu le soir, genre jeudi à 17h45. Comme tu le sens, prof !” Bien sûr, il le taquine en le nommant ainsi, ou peut-être est-ce simplement sa façon de lui montrer qu’il va le considérer et le respecter comme tel, bien qu’il n’en soit pas un. “Après, si t’as le temps, j’ai un peu plus de 45 minutes devant moi là.”

Tu devines dans les yeux de Wyatt qu’il n’est pas impressionné, mais curieux ça il n’y a pas de doute. Ton égo parlerait, il dirait sans doute qu’il se peut que tu intéresses autrement Wyatt, là n’est pas la question pour toi. Ton numéro de charme tu peux le lui faire pour parvenir à tes fins, qui en l'occurrence sont ici de le côtoyer davantage pour 1) jauger l’ami d’Erwin, et 2) pour se le mettre dans la poche dans le cas où il pourrait potentiellement poser problème. Bien sûr tu n’anticipe pas toujours que les autres peuvent avoir le même genre d’idée que toi. Sans doute la contrepartie de se prendre pour le plus intelligent en toute occasion.
Pour que tu t'intéresses à quelqu’un il faut qu’il ait de la valeur à tes yeux peu importe en quels termes. C’est comme ça que tu t’es fait prendre au piège par Erwin. Sans doute que le Lufkin n’aura pas agi intentionnellement, le résultat est le même cependant.  

Tu laisses Wyatt réfléchir sur ses préférences, ainsi que son emploi du temps. Tu n’as jamais été un grand bavard, et tu n’es pas du genre à faire des commentaires de toute façon. Patiemment tu reste près de lui, le laissant en venir au fait. Jusqu’à ce qu’il prenne une décision. Un rapide calcul dans ta tête te permet de lui donner une réponse. “Je préfère Jeudi soir.” Le vendredi à 10h tu as cours. Le fait qu’il t’appelle prof est plutôt bon signe dans ce cas là. Car encore une fois, il est toujours possible que quand on propose de donner des cours à quelqu’un il le prenne plutôt mal de se voir ainsi pointer une faiblesse. Ta stratégie cependant semble correctement fonctionner. Quand a commencé tout de suite… “J’ai du temps maintenant oui...” Ton visage se fend d'un sourire. Tu le laisses finir de ranger ses affaires.

"On peut aller à la bibliothèque si tu veux. Il y a toujours des box libres." Bien sur ce sont des cours qui ont une partie travaux pratiques qui s'agirait d'appliquer de temps en temps mais pour le début tu voudrais déjà faire un état de l'art du cerveau de ton nouvel élève.
Ainsi donc vous prenez le chemin si famillier pour toi de la grande bibliothèque de Hungcalf. Le chemin n'est pas forcément court pour aller jusque là, et tu laisses le silence s'installer. C'est un bon test pour jauger les gens que de les laisser dans un silence qui si il est très confortable pour toi peut facilement mettre mal à l'aise pour d'autre. Il est clair que Wyatt est plus bavard que toi.

Une plante de perdue, dix de rempotées ft. @Cygnus Bellâtre

Wyatt a beau faire le playboy excentrique, il a tout de même une certaine morale - qui lui dit, notamment, de ne pas chasser sur les terres d’un de ses ex. Quand bien même l’envie est prenante. Donc il se reprend vite et opte pour un ton plus “professionnel” - bien que simple - avec Cygnus. Même s’il garde dans un coin de son esprit que ce dernier n’est pas là par hasard. Il y a bien d’autres élèves qui ont du mal avec la méthodologie dans ce cours, bien plus de mal que lui même. Et il l’a choisi, lui, l’ex de son compagnon actuel. Il faudrait être stupide pour ne pas faire le rapprochement - ou alors doit-on vraiment mettre tout cela sur le dos de la coïncidence ? Pas avec Wyatt.

Sur un ton plus sérieux, il en vient à proposer au tuteur plusieurs horaires et créneaux qui pourraient correspondre avec des cours supplémentaires. Et c’est une fin de jeudi soir que ce dernier choisi. L’Ethelred se dit qu’il devra désormais prévenir ses colocataires qu’il ne mangera pas avec eux le jeudi soir, à moins que le tutorat ne se termine tôt, que ses colocs mangent tard ou que, tout simplement, il ait la foi pour ça. Parce qu’ils ne mangent pas toujours tous ensemble, il arrive régulièrement que chacun fasse ses trucs de son côté.

“Va pour jeudi dans ce cas.” Confirme-t-il une dernière fois, le notant dans son carnet en lettre capitales. Et sur un coup de tête, le britannique demande s’il est disponible dans l’heure qui suit. Parce que lui, oui, et ce serait dommage de ne pas en profiter. Au moins pour voir comment Cygnus compte s’y prendre pour le faire progresser en botanique ! Avec un sourire, il range ses affaires après que ce dernier lui ait donné son aval et lui ait proposé la bibliothèque comme lieu de travail. Simple, efficace. Wyatt hoche de la tête et ils se mettent tous deux en marche.
Cygnus s’avère être silencieux tout du long, mais c’est sans compter le Ethelred et sa grande gueule. Il fait la conversation tout seul, le long du chemin, mêlant ses cours de botanique à ceux de magizoologie, en passant par la nourriture d’Hungcalf et les sorts visant à exclure les moldus de leur univers. Bref, les conversations de Wyatt sont comme un serpent qui n’aurait ni queue ni tête. Il enchaîne les sujets sans réellement faire de transition, bien que tout soit claire dans sa tête à lui et ait un sens spécifique. Et comme Cygnus n’y répond pas, il se dit que ce dernier comprend totalement où il veut en venir. S’il va quelque part.

Enfin, les voilà à la bibliothèque et ils s’installent dans l’un des boxs disponibles. Wyatt pose son sac par terre, à ses pieds et décide de ne rien en sortir pour le moment. Pas tant que Cygnus lui aura expliqué comment il veut procéder avec lui pour ce tutorat. Et ce n’est pas son genre de prendre des notes si vite… Là est peut-être son problème d’ailleurs !

“Alors, tu veux commencer par quoi ? Je t’écoute prof.”

Tu peux statuer enfin sur le fait que Wyatt est un incommensurable bavard. L’inverse complet de toi qui te complait dans le silence taciturne de ton cerveau. Tu as toujours été comme ça, taiseux au possible. Tu trouves que savoir économiser ses mots pour ne dire finalement que ce qui est important, est un don. Ceux qui parlent pour ne rien dire, sont ceux qui ont peur de se retrouver en tête à tête avec eux même, de réfléchir. Parce que quand la langue fait une pause se sont les rouages du cerveau qui prennent le relais. Logique froide, implacable que tu uses à tort et à travers sur nombre de sujet. Cependant tu ne dis pas aux autres de se taire. Non tu écoutes les bavardages de Wyatt jusqu’au bout. Se rend il compte seulement que tu n’as prononcé mot depuis que vous avez quitté la salle de classe ?

Les minutes passent, et vous finissez par arriver jusqu’à la bibliothèque. Comme prévu trouver un box où vous pouvez vous installer n’est pas si difficile. Après tout c’est la rentrée, pour beaucoup les choses sérieuses n’ont pas encore commencé. Vous prenez place chacun à une chaise. Par quoi commencer. en voilà une bonne question non ?
« Tu me donnes ton test ? »
Celui là même dont tu as eut connaissance et dont tu as survolé les réponses. C’était un test de connaissance sur les différentes années du fait tu pourras globalement avoir un avis sur le niveau de Wyatt et sur comment tu pourrais l’aider à s’améliorer. Oubliant le reste, tu te concentres sur le cours.

***

« On remet ça Jeudi alors ? »
Tu fermes le livre sur lequel tes yeux étaient posés encore quelques secondes auparavant. Tu reviens à la réalité progressivement oubliant le dur labeur. Tu es quelqu'un de sérieux, d'autant plus quand il s'agit d'enseignement. Sans doute une vocation que tu renies par manque de prestige notoire...
C’est aussi une question pour savoir si ça l’intéresse de continuer sur cette lancée là ou non. Tu prendras n’importe quel commentaire constructif qu’il voudra bien te donner. « Pas d’obligation. Est ce que ça te convient comme format ? » Tu mets tes notes dans ton sac. « Si on s’y prend en avance je peux demander un créneau pour faire un cours pratique aussi. Si tu as des sujets que tu voudrais approfondir tu peux aussi proposer. » Dévoué à tes élèves. Mais tu n’insisteras pas plus sur la prestation.
Maintenant il est sans doute temps de prendre une pause pour reposer ton cerveau avant de reprendre à la nuit tombée pour la journée de demain. Tu as un devoir à finir encore, mais tu peux voir ça plus tard.

Une plante de perdue, dix de rempotées ft. @Cygnus Bellâtre

Il se demande bien de quoi Erwin et Cygnus peuvent bien se parler si tous les deux ont cette fâcheuse tendance à n’avoir aucune conversation futile. Car même si elle l’est, elle peut être intéressante et utile dans certains cas. Rien que pour avoir l’impression de partager quelque chose avec une autre personne dans la journée… Alors oui, Wyatt parle beaucoup et souvent pour ne rien dire, parce qu’il a cette capacité naturelle à trouver tous les sujets pertinents, à leur manière. Il communique ainsi plus facilement avec ceux qui l’entourent et il n’est pas difficile d’apprendre à le connaître. Accessible, voilà ce qu’il est. On n’a pas peur de lui parler parce qu’il a tout sauf un visage renfrogné cachant mille secrets et déviances. Et de toute évidence, avec lui, c’est noir ou blanc. On l’aime ou on ne l’aime pas, il y a rarement de juste milieu. À la limite, on peut s'accommoder de ses quelques défauts…
Assis à la table dans leur box, il s’arrête enfin de parler après avoir posé une ultime question à son tuteur. Sous ses ordres - ou ce qui y ressemble pour lui - il ouvre sa sacoche pour en sortir son dernier test en date, du dernier cours. Il n’a pas honte de ce dernier mais il n’ira pas jusqu’à dire qu’il en est fier. C’est juste une évaluation de ses compétences et il est sensé accepter les choses. Ne reste qu’à lui d’améliorer ses performances pour faire la différence lors de la prochaine évaluation…

***

Le temps passé ensemble a été plutôt productif. Cygnus a mis le doigt sur les éléments de cette matière que Wyatt se doit de bosser davantage s’il veut obtenir sa dernière année de botanique. Malgré sa susceptibilité légendaire, le sorcier a su faire plus ou moins profil bas pendant tout le tutorat, acceptant sans broncher les remarques de son tuteur. Il a pris des notes, réévalué ses propres méthodes et en a appris ainsi une ou deux nouvelles - ce qui lui a donné une autre perspective sur le contenu des cours. Bref, on peut dire que cette heure n’a pas été vaine ou, du moins, il la perçoit ainsi.

“Oui, ça me convient parfaitement, on peut continuer comme ça.” Affirme-t-il, donnant ainsi son accord pour continuer le tutorat. Car même s’il garde dans un coin de sa tête que Cygnus fait sûrement tout ça dans un autre but, il se dit que ce serait dommage de ne pas profiter de ce qu’il a à lui apprendre. S’il était mitigé dans un premier temps, cette dernière heure lui a prouvé l’efficacité du jeune homme.

“Pourquoi pas, pour le cours pratique. Je préfère encore me concentrer sur la méthode pour le moment parce que la pratique, je gère pas trop mal je pense. Mais pourquoi pas oui, quand j’aurais totalement maîtrisé le côté théorique de la matière. Et si je devais me concentrer ensuite sur un sujet précis, je dirais que j’ai le plus de mal avec les propriétés de chaque champignon magique. J’ai du mal à intégrer chaque aspect, effet, conséquence… Quoique ça devrait peut-être aller un peu mieux niveau apprentissage avec la nouvelle méthode que tu viens de me donner.” Il termine également de ranger ses affaires, regardant rapidement l’heure pour voir s’il a encore un peu le temps de traîner ou pas.

“Merci en tout cas, pour la proposition. Je ne pensais pas avoir besoin de tutorat mais il faut croire qu’on ne sait jamais ce dont on a vraiment besoin !”

Le temps prévu fini par s’achever. Tu confirmes donc ce que tu pensais déjà, Wyatt a des bases, ce qui lui manque en réalité c’est une méthode de travail pour retenir. C’est peut être ce qui fait que autant d’étudiant ont des problèmes dans des matières comme la botanique: il s’agit d’apprendre par coeur des notions, ce n’est pas si facile comme d’utiliser son instinct comme pour un cours de sortilèges ou de DCFM. Tout le monde n’a pas envie d’apprendre par coeur des bouquins et des cours, ça peut se comprendre.

Cependant tu veux lui proposer un cours pratique pour mettre en action ce que vous venez de parcourir. Quand il s’agit de plante c’est plus simple souvent d’avoir les spécimens devant soi que d’étudier des dessins sur une feuille. Tu notes la problématique sur les champignons magiques dans ta tête, tu pourrais faire quelques sessions dédiées à cela les prochaines fois. « On pourra commencer par les champignons la prochaine fois. Je ramènerais les notes que j’ai tu pourras aussi faire des copies si tu veux. » Parfois croiser les notes permet d’avoir plus de détails. Au moins ça te donne une base de travail, et un thème à lui proposer. Encore une fois c’est bien toi qui doit t’adapter à ses besoins et non l’inverse. C’est le but du tutorat. Bien que ce n’était pas de manière tout à fait désintéressée que tu lui ais proposer. Tu voudrais qu’il te fasse confiance, peut être même qu’il t’apprécie. « Content que tu y trouves ton compte. »

Effectivement, on ne pense pas forcément avoir besoin d’aide, et parfois un coup de pouce peut s’avérer plus que bénéfique. Tu as bien remarqué que ce n’était pas l’idiot du quartier. « C’est pour ça que les tuteurs sont là, en général on sait comment faire. Parfois il suffit de pas grand chose pour que ça se débloque. » Ca pourrait développer chez toi un déclic et finalement tu pourrais être prof dans quelques années, mais tes ambitions sont plus gardes que de former de jeunes cerveaux.
Comme lui tes affaires sont rangées, et vos chemins devraient normalement se séparer ici. « C’est drôle qu’on ne se soit jamais vraiment parlé avant... » Vis à vis d’Erwin bien entendu. Tu amènes le sujet l’air de rien. Comme ça en passant Et puis ça fait des années que vous vous passez à côté sans doute sans réellement vous voir, mais il y a tellement d’élève ici et le fait que tu sois si taciturne n’aide réellement pas. Tu laisses cette phrase en suspend quelques secondes. « Enfin… J’imagine qu’on se revoit donc lundi ? »

Une plante de perdue, dix de rempotées ft. @Cygnus Bellâtre

L’espace d’un instant, Wyatt s’est mis à douter. Il a pu constater pendant cette heure de tutorat que Cygnus semblait réellement avoir de l’intérêt dans le fait de le voir réussir ses études. Comme un bon professeur le ferait. Ce qui a inévitablement soulevé des questions dans l’esprit du britannique sur ses intentions réelles et cachées. Peut-être ne sont-elles pas si opposées qu’il semblait le penser il y a une heure de cela. Peut-être que tout ceci n’a rien à voir avec Erwin ? Il se serait donc fait des idées et aurait presque jugé injustement le jeune homme en lui donnant un comportement suspicieux.
Finalement, il laisse savoir le sujet sur lequel il aimerait travailler un peu plus les prochaines fois, sous réserve que Cygnus accepte cela dit. “C’est super, merci.” Il accompagne son remerciement d’un sourire réellement reconnaissant car même s’il a l’air d’un jeune chien fou, Wyatt n’en reste pas moins un homme avec un peu de contenu dans le citron. Cette énergie qui déborde constamment le dessert souvent, laissant penser à ses interlocuteurs qu’il a non seulement l’attention d’un petit pois, mais aussi le cerveau qui va avec.

“Oui, j’ai remarqué ça du coup. Je t’avoue que je n’avais pas encore eu connaissance de tous les bienfaits d’un tutorat mais maintenant que c’est fait, je vais faire un peu de pub afin que d’autres élèves en difficulté - ou souhaitant juste bosser un peu plus - en profitent au maximum. Quitte à ce que ça existe, autant en profiter.” Rajoute-t-il dans un petit rire en passant la lanière de son sac sur son épaule. Il pourrait partir tout aussi sec mais quelque chose dans le regard de Cygnus le fait rester sur place et le dévisager. Non, pas de la séduction bien sûr. Comme s’il y avait quelque chose en suspens. Serait-il possible… ?
Le britannique se mordille la lèvre pour s’empêcher de rire à la réflexion de son tuteur. Il ne voudrait pas le vexer par sa réaction, qui est loin d’être insultante en réalité. Il en revient simplement juste à l’idée que dernière l’invitation de tutorat de Cygnus, il y a bien une intention cachée. Peu importe laquelle est-ce, elle existe belle et bien et c’est tout ce qui compte présentement. Sauf qu’il ne va pas le rabrouer comme ça, ce serait mal élevé et lui aussi veut en savoir plus à son sujet.

“Ouai, c’est drôle. Mais Hungcalf est plutôt grande et on est des milliers donc ceci explique cela.” Dit-il dans un premier temps, finalement surpris par la question du jeune homme. Peut-être ne verra-t-il aucun inconvénient à ce qu’il lui propose autre chose ? Sachant qu’il est libre de refuser s’il le souhaite. Jusqu’à preuve du contraire, Wyatt n’a jamais forcé personne à le suivre…

“Après, si tu veux, on peut toujours aller se boire un verre ? Un truc simple. Étant donné qu’on ne s’est jamais parlé avant, comme tu l’as fait remarquer, ce serait l’occasion. Je crois d’ailleurs que nous avons une connaissance commune. Même plus qu’une connaissance, si j’ose dire.” Il fixe Cygnus du regard, guettant sa réaction. C’est qu’il est un peu rentre-dans-l’tas, Wyatt...

Il te propose de te faire de la pub, c’est mignon. L’intention est louable, mais tu n’en as pas forcément besoin, tu as déjà plusieurs élèves, pas assez pour être déborder cependant, le but de tout cela n’est pas de ne plus vivre à côté. On ne peut pas dire que tu ais un grand nombre d’activités extrascolaires mais étudier prend déjà suffisamment de temps. Après tout tu es aussi tuteur de gens de ton niveau, et souvent ce sont les élèves les plus dur à tutorer, car tu dois avoir un temps d’avance, donc toujours rester à niveau. Après tout les gens qui arrivent haut dans les études ont des dispositions, ils ne sont pas là par hasard. Il n’y a pas d’idiots finis qui arrivent à Hungcalf. Heureusement. « Hésite pas si tu veux faire des banderoles tout ça, ne te gêne pas. » Oui tu te permets une touche d’humour, c’est acide, mais pas réellement méchant. Bien sûr tu ne le connais pas bien, mais quelque chose te dit qu’il ne le prendra pas forcément mal.

Vos affaires sont à présent rangées. Vous pourriez vous quitter ainsi. Mais à défaut de simplement lui dire au revoir, tu as lancé une bouteille à la mer. Une possibilité d’aller plus loin. De connaître l’ami d’Erwin. Après tout c’est quelque chose de rationnel et logique. Tu voudrais qu’il t’apprécie, ça vaudrait mieux pour faciliter les choses.
Wyatt semble arriver à la même conclusion que toi, ou peut être comprend il juste ou tu veux en venir en énonçant à haute vois que vous vous connaissez peu malgré la situation. Tu lui accordes un sourire en coin au moment où il parle d’une “connaissance”. « Sans doute. » Tu n’as pas forcément d’endroit à proposé pour aller prendre un verre, pas même quelque chose de “simple”. Faut dire que tu ne sors pas vraiment dans les bars, voire même pas du tout. Tu connais bien sûr quelques endroits en ville, tu n’es pas non plus un ermite, mais tu n’as jamais été du genre à faire la fête. Alors tu n’as aucun doute que Wyatt doit avoir plus de connaissance dans le domaine que toi, et tu ne lui envies pas ce genre de savoirs. « Tu as un endroit en tête ?  » Est ce que Wyatt a conscience que de vous deux c’est sans doute lui qui va déballer son sac ? Tu pourrais devenir très bavard d’un coup, mettre des mots bout à bout pour faire des phrases, pour en savoir plus. « Je te suis.  » Vous prenez finalement le chemin de la sortie Wyatt légèrement devant et toi sur ses talons.

Tu sens par avance que Wyatt n’est pas totalement réfractaire à ta personne. T’as bien compris qu’il n’était pas idiot, et qu’il valait mieux être du bon côté avec lui. Il a l’air impulsif, plus que toi, mais ça ce n’est pas bien compliqué bien sûr. Tu ne fais rien sans réfléchir.

Une plante de perdue, dix de rempotées ft. @Cygnus Bellâtre

Wyatt prend cela sur le ton de la rigolade car il ne voit pas pourquoi, maintenant, Cygnus s’amuserait à avoir des propos blessants envers lui ! Pour quelqu’un qui sort avec son ex petit-ami dont il est toujours très proche, ce serait une très mauvaise idée de la jouer à l’envers. Il se demande d’ailleurs s’il en parlera un jour, quand finalement le tuteur amorce la conversation vers ce sujet. Il n’est pas dupe, cette histoire de se “connaître” n’a qu’un seul vrai but et il n’est pas contre ça. S’il peut en savoir un peu plus sur la personne qu’Erwin fréquente, ce n’est pas plus mal. Mieux vaut prévenir que guérir, dit-on. Le britannique met par ailleurs les pieds dans le plat, mentionnant sans vraiment dire son prénom le petit-ami en question.

Cygnus accepte tacitement d’aller boire un verre et il ne voit pas pourquoi il ne le ferait pas. Il est sûrement celui des deux qui a le plus à gagner de cette conversation. “Oui, un coin tranquille t’en fais pas.” Lui assure-t-il en ayant précisément une adresse en tête qui ne se situe qu’à quelques centaines de mètres de l’université. Ils ne risquent normalement pas d’y être dérangés sauf si, par malheur, l’une de leurs connaissances venaient à les reconnaître bien sûr. Ils se mettent donc en marche, Cygnus sur les talons. La situation ressemble étrangement à celle d’il y a un peu plus d’une heure et Wyatt se doute qu’il sera celui des deux qui parlera le plus pendant le trajet. Il espère néanmoins que la tendance s’inversera une fois sur place, où son tuteur prendra la parole à son tour.

Il ne suffit que de quelques longues minutes pour qu’ils arrivent à destination et le britannique s’installe aussitôt à une table, faisant signe au serveur de leur apporter la carte des boissons. Il prendra bien un petit quelque chose pour accompagner cette discussion qui, selon son contenu, pourrait s’avérer difficile. Pour l’un comme pour l’autre, d’ailleurs. Une fois l’étape des commandes dépassée, qui ne prend qu’à peine une petite minute, il se tourne vers Cygnus avec un air un peu plus sérieux qui devrait pouvoir lui permettre de se confier un peu plus facilement à lui. Mieux vaut ça que de faire face à un clown qui ne prend rien au sérieux…

“Bon, je vais te parler assez directement, je pense. Je ne sais pas ce que tu sais, ce qu’il t’a déjà dit sur moi, sur lui, sur nous… mais on est sorti un petit moment ensemble, quasiment un an je crois. C’est moi qui ai rompu, c’est vrai, mais on est restés très proches depuis. Erwin compte beaucoup pour moi, je ne vais certainement pas te cacher cette information ! Donc je sais pas… si tu as des questions, si tu veux me parler un peu de toi ? Hormis l’aspect tuteur, que je connais déjà du coup.” Rajoute-t-il dans un sourire car, bon, le but n’est pas de le stresser ou lui mettre la pression avec cette discussion.

Les bars. C’est clairement pas le genre d’endroit où on peut habituellement te trouver. T’es pas du genre à faire la fête, à traîner, ni même à aimer travailler dans des endroits bondés. Se mélanger avec les autres, très peu pour toi. Tu préfères largement les endroits plus paisibles, plus intimistes. Avec une audience triée sur le lot. Parce que tu es tout simplement comme ça, pas du genre à parler à n’importe qui, juste pour parler. T’as jamais été loquace, ou du genre bavard. Y’a rien de pire à tes yeux que de parler de la pluie et du beau temps. Une perte de temps quand on peut l’utiliser à bien meilleur escient. Hélas pour toi, tout le monde n’est pas du même avis. Ainsi il arrive, des jours comme aujourd’hui, que tu doives souffrir ce genre de désagréments, hocher la tête, comme si tu écoutais. Le silence ne te dérange pas, au contraire c’est un vieil ami. Ne pas avoir le moindre bruit autour de toi, te permet de t'enfermer dans une bulle qui ne concerne que toi. Ainsi l’imaginaire peut se développer, ainsi tu peux te concentrer, avancer, faire le vide. Les émotions extérieures te perturbent, souvent tu ne les comprends pas. Souvent tu les retournes contre les autres pour leur montrer qu’ils sont faibles de ressentir. Parfois c’est toi qui te prends le boomerang en pleine face. Là c’est la tempête, le drame que tu ne sais pas gérer. Si les émotions des autres glissent sur ta peau, les tiennes font rages, te déchirent de l’intérieur. Les apaiser demande un effort considérable que parfois tu n’es pas apte à faire à temps. Alors il y a des dommages collatéraux, de la casse.


Wyatt, sans doute sans le savoir, te sort de ta zone de confort. En tant que tuteur c’est toi qui à l’ascendant, le pouvoir, si on te demande juste d’agir comme un jeune de ton âge, tu te sens singe parmi la foule. Devoir recopier ce que font les autres, pour leur paraître “normal”, et inoffensif. Ce que tu n’es pas.
Mais il n’y a pas que de t’avoir traîné jusque là qui te demande un effort important. Les choses qu’il t’apprend menacent de libérer la tornade dans ton esprit. Tu ne savais pas. Tu ne supportes pas de ne pas savoir. Une ombre passe sur ton visage. Le masque revient, ton expression pourrait presque paraître affable. Est ce que c’est de la provocation ? En tout cas un mensonge clair de la part d’Erwin. Un affront presque à ce niveau là. Comme si il n’était pas suffisant de tous ces problèmes de confiance que tu peux rencontrer, il faut rajouter sur le lot des mensonges.

Cette proposition de parler de toi sonne comme une vaste arnaque. Parler de toi. Même si tu voulais lui servir un tableau sincère, tu ne saurais sans doute pas par où commencer. Oui, tu sais très bien jouer les charmeurs, donner aux autres la réponse qu’ils ont envie d’entendre. Cependant la jalousie que tu ressens est assez forte pour brouiller tes aptitudes. La traîtresse jalousie que tu ne peux faire taire à la différence de bien d’autres sentiments. Dans un autre contexte tu aurais pu apprécier la franchise de Wyatt, maintenant tu as envie de lui refaire le portrait avec. Pourquoi t’a il demandé de venir ici boire un verre. Tu ne comprends pas. « Il n’y a pas grand chose à dire sur moi. » Rien que tu n’aurais envie de partager. « Pourquoi tu as commencé par me dire ça ? C’est une menace ? » Toi aussi tu peux être direct. La serveuse arrive sur ses entrefaits. Tu n’es pas sûr de vouloir commander quoique ce soit maintenant. Mais puisqu’elle attend tu demandes une pinte de pression blonde.

Une plante de perdue, dix de rempotées ft. @Cygnus Bellâtre

Il a cette franchise qui dérange. Cette capacité de lancer des informations sensibles sans voir leur aspect fragile et il est vrai qu’il n’est pas toujours perspicace vis-à-vis des sentiments de ses interlocuteurs. Wyatt est bon pour s’adapter à eux, mais pas l’inverse. Pas toujours, en tout cas. Pas maintenant. Son petit paragraphe sur Erwin lui vient sans même qu’il n’y réfléchisse, persuadé que de toute façon, Cygnus est au courant de leur liaison passée. Comment pourrait-il en être autrement ? Presque tout Hungcalf - ou ceux qui ont à peu près leur âge, le savent parfaitement. Certains en ont même été témoins. Donc pas une seconde il ne s’imagine que cela puisse être une nouvelle pour le tuteur. Il aurait peut-être dû envisager cette alternative… qui risque de créer une conversation un peu plus tendue. Il le perçoit soudainement dans le regard de Cygnus, qui se modifie sensiblement. Son ton termine de faire le travail et convainc Wyatt qu’il vient de faire une bourde. Mais Erwin ne lui a jamais dit qu’il avait omis de mentionner cette relation… Enfin, peut-être se fait-il des idées ? Il est en train de s'imaginer que tout ceci résulte de l’ignorance du Grymm au sujet de leur liaison alors que cela pourrait être tout autre chose.

“Une menace ?” Le mot lui paraît tellement exagéré qu’il en fronce les sourcils d’incompréhension. A-t-il vraiment ressenti ses propos comme une menace ? Car ce n’était pas là son intention. Il trouvait juste adéquat de lui préciser les tenants et aboutissants de sa relation avec Erwin pour qu’il ne se sente pas mal à l’aise de les évoquer lui-même. Sûrement aurait-il dû s’abstenir avant de prendre conscience des connaissances de Cygnus. La prochaine fois, il tiendra sa langue…

“Pas du tout. Je ne vais pas m’amuser à te menacer donc on peut se détendre, okay ? Je me suis juste dit que quitte à en parler, autant ne pas tourner autour du pot. Et je me suis également imaginé - peut-être à tort - que rien de tout cela ne t’était étranger… Mais je me suis peut-être trompé. Tu savais que j’étais sorti avec lui non ? C’est bien pour ça que tu m’as abordé à l’origine ?” Son regard océan se fixe sur celui de son interlocuteur et il n’affiche ostensiblement aucun comportement menaçant à son égard. À quoi cela servirait-il ? Se mettre le petit-ami d’Erwin à dos ? À part si ce dernier est vraiment un désastre pour son ex, il n’a aucun intérêt à cela. Et c’est ce qu’il veut faire comprendre à Cygnus, qu’il n’est pas forcément son ennemi s’il le souhaite. Quant à cette révélation, eh bien… il ne pouvait pas savoir qu’Erwin ne lui a rien dit à leur sujet et même si c’est un peu vexant, il ne faut pas s’en formaliser. Ou du moins, essayer de ne pas le faire. Il a forcément ses raisons… c’est Erwin. En attendant, il peut comprendre que cela dérange Cygnus. La rétention d’information n’est jamais agréable.

“Je n’ai pas envie que ça se passe mal.”