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Plus grande est la plante, plus bas elle s'incline
Ven 10 Juil 2020 - 15:14
Plus grande est la plante, plus bas elle s'incline
Serre n°1 | Mars 2020 | Discussion
feat @Selena Danilovna
feat @Selena Danilovna
Un stylo à la main, un cahier à reliure de cuir sur les genoux et une petite montagne de livre à ses côtés, voilà un spectacle plus que commun à la seule présence de l’Ethelred dans la serre. Il ne saurait dire combien de fois il était capable de reproduire ce petit rituel qui lui plaisait temps. Le cahier recouvert d’encre et les quelques tâches sur ses doigts montraient l’assiduité avec laquelle il était capable de prendre des notes sur toutes les plantes qu’il était à même de rencontrer. Il expérimentait dans sa chambre mais venait théoriser dans les serres de l’établissement. Il faut dire que le petit jardin botanique qui lui était offert ici, était plus que remarquable. Il ne pouvait passer à côté de son envie de l’explorer, plante par plante, centimètre de terreau par centimètre de terreau. Aujourd’hui toutefois il était concentré sur une plante qu’il ne connaissait que trop bien : l’Orchidée Mordeuse Asiatique. Il avait longtemps aidé monsieur Wang à commercialiser, élever et maintenir cette plante. Il en avait d’ailleurs un pied dans sa serre personnelle. Une variété qui variait toutefois de celle qu’il contemplait aujourd’hui. Rien de plus normal, la belle asiatique s’était vu reproduite et croisée un nombre incalculable de fois, si bien qu’elle ne ressemblait plus beaucoup à sa forme d’origine. Celle qu’il disposait était décrite comme étant une Black Velvet, caractérisé par ses pétales d’un noir sombre aux reflets violacés. Toutefois devant lui et grâce aux livres qui jonchaient encore le sol à moitiés ouverts, il pouvait décrire l’orchidée de cette serre comme proche de sa forme naturelle. Elle était jaune tacheté de rose et avait un caractère beaucoup moins docile que celle cultivé. Une abeille en avait d’ailleurs fait les frais quelques minutes auparavant. Il faut dire que le nombre de “dents” à l’intérieur du “sabot” de la plante était bien plus grand que pour la sienne. Sans doute que la régression de la taille de la dentition était une conséquence des croisements réguliers, rendant la plante plus “belle” et moins “dangereuse”.
S’il était parvenu seul à déduire beaucoup de chose, il lui restait encore beaucoup à apprendre. Pour l’heure tout n’était qu’observation. L’orchidée de la serre était rapide, vivace, à l’affût de tout ce qui pouvait passer dans le sabot caractéristique de son espèce qui faisait office de bouche. Il l’avait déjà surprise à essayer d’avaler des proies bien trop grosses et qu’elle n’était pas en mesure de “manger”. Elle lâchait presque son gibier à contrecoeur et ceux après plusieurs minutes à essayer tant bien que mal de la faire passer dans son gosier. Il avait tenté d’approcher son doigt une fois mais c’était vite ravisé en voyant la rapidité de la prédatrice. Aucun doute qu’elle aurait essayé de le croquer. Par chance cette espèce n’est pas venimeuse mais cela doit quand même être déplaisant, comme mettre son doigt dans un sac plein d’épine. Il ne fallait sans doute pas tenter l’expérience, même s’il était vrai que Koffi aurait apprécié la chance de pouvoir tester un répulsif. Il avait vu la plante réagir différemment en fonction de ses proies. On pourrait décrire certaines de ces réactions comme du dégoût, surtout quand cette dernière se mettait à dévorer des insectes venimeux. L’acidité du venin devait être compliqué dans la digestion de la plante bien qu’elle y parviennent sans réel souci. Il s'était donc demandé si l’alcool, au goût assez prononcé et déjà un excellent répulsif en cas de morsure de reptile, pouvait être suffisant pour faire lâcher l’orchidée. ll aurait bien l’occasion de tester son hypothèse dans les prochains jours. Pour l’heure il y avait encore quelques mécanismes à comprendre, il avait d’ailleurs sous la main une petite boîte pleine de sauterelles, vers et autres délices pour la jolie asiatique.
Une ombre vint soudain obscurcir sa journée. Une ombre d’environ deux mètres qui se figea devant sa belle. Impossible de voir à travers ce corps de chair qui semblait soudain s’extasier face à la beauté de l’orchidée. Le jeune homme poussa un soupir cessant de griffonner ses idées et boudant allègrement en posant sa tête contre la paume de sa main. Il allait falloir attendre que sa camarade veuille bien sortir de son champs de vision. L’imposante demoiselle ne devrait pas s’intéresser plus de quelques minutes à la plante, comme la plupart des autres étudiants. Il était drôle pour Koffi de constater que la majorité de ces camarades avaient une sorte d’aversion pour la botanique. Pour eux ce n’était que des ingrédients de potion, guère plus. Il y avait bien un groupuscule de botaniste désireux d’apprendre qui traînait ça et là dans les parcs de l’université, mais le jeune homme préférait les regarder de loin et ne pas s’intégrer au groupe. De toute façon il avait l’habitude de vivre seul, d’étudier seul et de sortir seul. Il était loin pour lui, le temps des histoires au coin du feu au beau milieu du bayou de Louisiane entouré par sa communauté.
Feniix
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Re: Plus grande est la plante, plus bas elle s'incline
Dim 12 Juil 2020 - 14:11
Selena Danilovna & @Koffi Diabaté Selena et les plantes, c'est une longue histoire d'amour, et probablement la plus compliquée des rares qu'elle a pu entreprendre au fil des ans. Elles sont belles. Elles poussent. Elles s'ornent des plus belles couleurs et des plus beaux parfums. Elles sont éphémères, et d'une cruelle fragilité: pendant des années, la demi-géante n'a pas osé les effleurer du bout de ses larges doigts, consciente qu'un mouvement de trop pouvait entraîner la chute fatale de ce qu'elle admire pourtant tant. Touche avec les yeux, lui souffle la voix de son père qui s'occupe de maintenir dans sa petite serre des énormes roses jaunes. Danilovna, n'abimez rien, gronde celle de son ancien professeur de botanique, celui de Durmstrang, qui refusait qu'elle manie autre chose que de gros ignames incassables. Fais attention à ce que tu fais, murmure la sienne lors de son premier cours de botanique à l'université, option prise pour compléter son doctorat, elle qui a encore peur de les briser en partageant le même air qu'elles.Elle trouve pourtant une certaine sérénité en rempotant les mandragores, admire les arbres magiques, et s'est prise d'une certaine passion pour les plantes grimpantes, qui grimpent encore plus haut qu'elle et qu'elle doit tailler en levant les bras. L'hybride n'y connaît pas grand-chose: après tout, elle démarre juste, et il lui manque beaucoup d'informations sur l'intégralité de la richesse de la flore magique. Mais, petit à petit, elle tombe amoureuse de chacun des petits bourgeons qui sortent de terre, de chacun des pétales qui se défroissent et de chacune des racines qui rampe dans la terre meuble. C'est pour ça qu'elle est dans la serre, aujourd'hui. Si elle a prétexté une étude de plantes nécessaire au calme du troll de sécurité, elle veut surtout se confronter une fois encore à l'infiniment petit et à l'infiniment délicat, et s'enivrer encore des senteurs douces de la serre numéro une. La jeune femme rentre le ventre pour se glisser entre les tables couvertes de pots dégueulant de couleurs et sentant le petrichor, saluant ça et là des nouvelles pousses qui se tendent vers les rayon de soleil baignant leurs feuilles naissantes. Elle connaît ce coin là, et ce n'est pas celui qui l'intéresse. le fond de la serre comprend d'autres plantes, qu'elle connaît mal, et qui ne poussent pas par chez elle. Des orchidées. Est-ce que c'est vraiment une fleur? avait demandé la petite Selena à son père, très perplexe de voir la forme complexe de la plante et les couleurs bariolées qui la caractérisaient. Vassili avait ri, et lui avait assuré que oui, et que c'était probablement les plus belles de toutes, dans toutes leurs différences. Il a raison, songe t'elle, concentrée et ignore de fait totalement inconsciemment Koffi qui travaille dans le calme. Elle se penche vers la fleur: elle est sublime. Elle ne doit pas la toucher. Surtout pas. Et pourtant, c'est tentant. Elle a la peau satin et un éclat brillant qui attrape l'oeil pour ne pas le relacher. Comme une petite chose précieuse, dans un écrin de terre, qui attendrait une bonne âme pour la capturer et la garder comme un trésor. Selena ne possède pas, mais la toucher, une fois, une seule? C'est un risque. Un gros risque. Une mauvaise idée - si elle l'abîme? Mais elle n'a plus douze ans. Elle se contrôle. La demi-géante approche la main, tremblante. Doucement. Ça va le faire. C'est juste pour voir si elle est aussi douce que ce qu'elle en a l'air. Le doigt se pose. La fleur se referme. "████████████████████████████████████ !!!!!!!!"¹ Douleur. Ça fait mal. Ça fait mal ça fait mal ça fait mal. Selena a une petite larme qui perle. Qu'est-ce que c'est que cette saloperie du démon? Et elle ne peut même pas secouer la main, sinon elle va tout arracher et il ne restera rien de la plante. Il lui faut de l'aide. Il lui faut de l'aide vite, alors qu'elle serre les dents pour ne pas se remettre à hurler à la mort. "Au secours...?" qu'elle murmure, écarlate, le doigt toujours coincé dans l'orchidée qui ne semble pas décidée à lâcher prise. C'était une erreur. Une terrible erreur. Selena regrette tout ce qu'elle a entrepris. ------------ 1: [Note de la traduction] Dans un mélange improbable et tout à fait impossible à retranscrire de russe, d'anglais et de géant, Selena injurie ici tout le monde et son chien, morts ou vivants, leurs capacités reproductives, la profession supposée de leurs aïeux sur quatre générations ainsi que toutes les forces divines qu'elle connaît, ainsi qu'une ou deux qu'elle ne connaît pas vraiment. A l'oreille, ça sonne comme un mec bourré qui imite un chat qui s'est coincé la queue dans la portière de ta twingo d'occase. “Some flowers do not belong where they were originally planted.” .(@G. de Sadeleer // Cowboy) belle plante |