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A matter of time ㄨft. Ariadne
Mar 30 Juil 2019 - 20:25
Ça brûle dans ses veines, tout le temps. Ça fait déjà un peu plus une semaine qu'il est à l'hôpital, une semaine de sobriété aussi ; le manque fait trembler ses membres comme une feuille. Il a l'habitude de cette sensation désagréable ; après tout, il lui est déjà arrivé de devoir rester sobre, que ce soit par choix ou par manque de moyens financiers pour s'acheter ses doses. Cette fois-ci, cependant, il est un peu à bout de nerfs ; il n'a jamais vraiment aimé les hôpitaux, et se trouver ici dans cette chambre stérile le rend nerveux et empire la situation. Malgré cela, il s'est fait une raison : il sait bien qu'il n'est pas prêt de quitter ce genre d'établissement de sitôt. Sa tentative de suicide lui a enfin fait prendre conscience qu'il a sérieusement besoin d'aide, et qu'il ne peut pas lutter contre ses changements d'humeur violents tout seul. A son arrivée à l'hôpital, la préoccupation première était son overdose, puis son addiction. Enfin, Kiran a finit par évoquer, plutôt vaguement, que son overdose n'était pas vraiment accidentelle, et l'équipe médicale commence à se tourner vers sa santé mentale plus que vacillante. A la demande du Docteur Eberhart, il a eu un entretient avec un des psychomages de l'établissement, mais il y a de nombreuses choses que Kiran a été incapable de lui expliquer.
Pour l'instant, il attend les résultats de ses dernières analyses, afin de savoir s'il est définitivement remis de son overdose. Peut-être que les médicomages en auront également appris plus sur ce qu'il se passe dans son cerveau... Il tente d'oublier sa nervosité en traînant un peu sur Wizardgram, mais rien à faire : ses mains tremblent, l'angoisse le prend aux tripes. Il sait, il sait bon sang, qu'il va probablement passer le reste de ses vacances en cure de désintox, qu'il le veuille ou non ; il sait qu'il va devoir apprendre à se prendre en main, mais il ne sait pas s'il est prêt pour tout ça. S'il est prêt à faire face à ses problèmes. Il a des années de traumatismes sur le dos, et il n'a fait que les ignorer chacun leur tour ; entre son don, la mort de sa famille toute entière puis celle de sa soeur, les maltraitances infligées par ses parents adoptifs... Devoir affronter tous cela en même temps lui paraît impossible. Il est sorti de ses pensées par le grincement de la porte qui s'ouvre : Dr Eberhart entre dans la petite chambre stérile. « Quoi de neuf, docteur ? » demande-t-il, un petit rire fatigué dans la voix pour masquer sa nervosité.
- :
- J'espère que ça te convient, dis-moi tu veux que je modifie quoi que ce soit
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Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Mer 31 Juil 2019 - 18:13
Les cas difficiles, j'y étais habituée. Bien que j'ai une totale confiance en mon service et son efficacité, la preuve, ils avaient sauvé ce patient, il y avait certaine personne que je préférais voir moi-même afin de juger au mieux ce qui était le plus bénéfique pour eux et leur avenir. Mon cher patient aux yeux bridés Tamaharu était de ceux-là. En plus du fait qu'il ne voulait voir personne d'autre que moi, certes. Le cas présent que nous avions reçu il y a quelques jours était de ceux que j'appréciais traiter. Même si je n'étais pas psychomage, et que je n'avais aucune prédisposition à la psychomagie puisque ce n'était pas mon domaine et que ça ne m'intéressais pas, j'étais la première placée pour pouvoir rediriger les malades de mon service dans les suivants afin qu'ils soient convenablement pris en charge.
C'est à la réception, le chignon serré rassemblant mes cheveux de feu placé haut sur ma tête, vêtue de ma chemise verte bouteille que je prenais consciencieusement connaissance du dossier de monsieur Blackthorn. Même le résultat psychologique était un peu vague. Cela dit, je n'étais qu'à moitié étonnée, ce n'était pas une discipline médicale aisée. Souvent, le simple fait d'être face à un psychomage pouvait bloquer les patients. Fort heureusement, même si je n'étais pas bavarde, j'arrivais toujours à faire des tournures de phrases appropriées pour obtenir ce que je souhaitais. Et ce, sans étude de psychologie. Peut-être que je sois une personne un peu plus neutre pourrait aider ce jeune homme, et il le fallait, il en avait besoin, de l'aide.
Rangeant donc son dossier sous mon bras, je prenais la direction de la petite chambre qu'on lui avait attribuée, d'un pas rapide, sec et précis. Mes yeux couleur métal scrutant chaque recoin de mon service afin d'en juger de son efficacité et de mes équipes. Les employés des urgences savaient que j'étais quelqu'un de juste et de droit. Je savais féliciter et encourager lorsqu'il le fallait, mais il ne fallait pas abuser. Un écart de conduite et je sortais mes crochets empoisonnés pour menacer. Un hôpital, ce n'était pas une salle de jeu, encore moins dans le service des urgences.
C'est donc satisfaite par le travail des médicomages sous mes ordres que j'atteignais ma destination. Toquant doucement à la porte, je l'ouvrais avant de la refermer derrière moi. Je n'étais pas étonnée de voir le jeune homme réveillée, et encore moins de constater les soubresauts réguliers qui semblaient l'assaillir désagréablement. Au moins, je ne venais pas pour rien, même si je n'en doutais déjà pas à la base.
- Quoi de neuf ? Et bien j'ai mangé une pomme tout à l'heure et je pense m'acheter la dernière édition du magazine "Belle émoi". Il y a tout un chapitre dédié à l'art de se faire les ongles, je trouve ça d'un passionnant.
L'ironie et l'amusement était visible sur mon visage, le tout accentué par un sourire rieur. Bien sûr que ce n'était pas le but de la question du garçon, néanmoins, je n'avais pas pu m'empêcher de faire cette entrée théâtrale. Maintenant que je côtoyais davantage l'enseignant de musique d'Hungcalf, je retrouvais mes vieux réflexes désopilants. De plus, je savais mon patient non loin de la crise de nerf, je me devais donc d'instaurer rapidement une relation de confiance avec lui.
Après avoir déposé son dossier sur la petite table de chevet, écartée du lit, je m'approchais de lui pour lui attraper le poignet et vérifier ses constantes. Tranquillement, l'air détaché et détendu, mon regard ne portant absolument aucun jugement, je le regardais.
- Et vous, quoi de neuf ? La soupe au pois de midi était-elle bonne ? Vous avez le droit de dire non.
C'est à la réception, le chignon serré rassemblant mes cheveux de feu placé haut sur ma tête, vêtue de ma chemise verte bouteille que je prenais consciencieusement connaissance du dossier de monsieur Blackthorn. Même le résultat psychologique était un peu vague. Cela dit, je n'étais qu'à moitié étonnée, ce n'était pas une discipline médicale aisée. Souvent, le simple fait d'être face à un psychomage pouvait bloquer les patients. Fort heureusement, même si je n'étais pas bavarde, j'arrivais toujours à faire des tournures de phrases appropriées pour obtenir ce que je souhaitais. Et ce, sans étude de psychologie. Peut-être que je sois une personne un peu plus neutre pourrait aider ce jeune homme, et il le fallait, il en avait besoin, de l'aide.
Rangeant donc son dossier sous mon bras, je prenais la direction de la petite chambre qu'on lui avait attribuée, d'un pas rapide, sec et précis. Mes yeux couleur métal scrutant chaque recoin de mon service afin d'en juger de son efficacité et de mes équipes. Les employés des urgences savaient que j'étais quelqu'un de juste et de droit. Je savais féliciter et encourager lorsqu'il le fallait, mais il ne fallait pas abuser. Un écart de conduite et je sortais mes crochets empoisonnés pour menacer. Un hôpital, ce n'était pas une salle de jeu, encore moins dans le service des urgences.
C'est donc satisfaite par le travail des médicomages sous mes ordres que j'atteignais ma destination. Toquant doucement à la porte, je l'ouvrais avant de la refermer derrière moi. Je n'étais pas étonnée de voir le jeune homme réveillée, et encore moins de constater les soubresauts réguliers qui semblaient l'assaillir désagréablement. Au moins, je ne venais pas pour rien, même si je n'en doutais déjà pas à la base.
- Quoi de neuf ? Et bien j'ai mangé une pomme tout à l'heure et je pense m'acheter la dernière édition du magazine "Belle émoi". Il y a tout un chapitre dédié à l'art de se faire les ongles, je trouve ça d'un passionnant.
L'ironie et l'amusement était visible sur mon visage, le tout accentué par un sourire rieur. Bien sûr que ce n'était pas le but de la question du garçon, néanmoins, je n'avais pas pu m'empêcher de faire cette entrée théâtrale. Maintenant que je côtoyais davantage l'enseignant de musique d'Hungcalf, je retrouvais mes vieux réflexes désopilants. De plus, je savais mon patient non loin de la crise de nerf, je me devais donc d'instaurer rapidement une relation de confiance avec lui.
Après avoir déposé son dossier sur la petite table de chevet, écartée du lit, je m'approchais de lui pour lui attraper le poignet et vérifier ses constantes. Tranquillement, l'air détaché et détendu, mon regard ne portant absolument aucun jugement, je le regardais.
- Et vous, quoi de neuf ? La soupe au pois de midi était-elle bonne ? Vous avez le droit de dire non.
- :
- C'est parfait ! J'espère ne pas m'être trompée dans ma réponse, n'hésite pas à me signaler si quelque chose ne va pas
- InvitéInvité
Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Jeu 1 Aoû 2019 - 18:37
La main serrée en un point, il enfonce ses ongles dans sa chair dans l'espoir de regagner un peu de contrôle sur son propre corps. Il est addict, certes, mais il a toujours su garder les apparences. Mais là, conserver une once de contrôle semble impossible ; et puis, est-ce réellement utile ? Son regard se pose sur le docteur, droite dans sa blouse de travail vert bouteille : l'équipe médicale sait tout de lui, d'une part grâce à leurs analyses, et d'autre part grâce à ce que ses frangins ont pu leur dire sur ses habitudes de consommation. Ils savent, et pour être honnête le jeune homme appréhende un peu l'attitude du corps médical à son égard. Aussi est-il surpris quand le Docteur Eberhart engage une conversation d'apparence très banale avec lui ; il y a quelque chose dans sa façon un peu théâtrale de s'exprimer qui lui rappelle un peu le professeur Wakefield. Kiran ne l'a pas en cours, mais il a suffisamment squatté la salle de musique pour connaître le musicien. Il se détend un peu et sourit, amusé par le ton ironique de la médicomage. « Hm, je suis plus intéressé par le chapitre sur les lissages brésiliens, mais chacun ses préférences, » dit-il en passant une main nerveuse dans ses cheveux aux boucles aléatoires et aux nœuds bien trop nombreux. Faudrait qu'il coupe tout ça un jour, tient.
La médicomage s'approche pour examiner ses constantes ; son état s'est bien amélioré depuis son arrivé - déjà il n'est plus dans le coma, ce qui est une très bonne chose, et il se remet rapidement de son overdose. La force de l'habitude, peut-être ? Il a frôlé cet état de nombreuses fois par le passé. Eberhart pose sur lui un regard tranquille. « Et vous, quoi de neuf ? La soupe au pois de midi était-elle bonne ? Vous avez le droit de dire non. » Kiran laisse s'échapper un reniflement amusé : « Honnêtement c'était pas glorieux. Ils en servent souvent ? Parce que si c'est le cas je vous plains. Mais ça va, j'ai connu pire. » Un frisson de dégoût lui parcourt le corps au souvenir du ragoût qu'une de ses sœurs a cuisiné, un jour, quand ils étaient plus jeunes. Et en plus elle l'avait forcé à tout finir... l'horreur. « Sinon ça va, j'passe mon temps à dormir, trembler et espérer que mon frère accepte de me ramener un burger, donc c'est plutôt paisible. » Son frère n'acceptera jamais, mais c'est beau de rêver. Et puis honnêtement, il aurait plus besoin d'un shot que d'un burger, mais là encore, impossible évidemment.
- InvitéInvité
Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Dim 4 Aoû 2019 - 18:43
Au moins, le premier but à atteindre avec mon patient, à savoir celui de le détendre, était un succès. C'était déjà une bonne chose, et dans l'ensemble, j'en étais fort aise. Non pas que je puisse douter un seul instant de mes talents, mais c'était davantage car la situation me permettait de tirer un diagnostic assez rapide. Effectivement, une personne restant à se morfondre même dans une plaisanterie inattendue pouvait montrer des signes de troubles bien plus profonds qu'il ne pouvait paraître. Là, ça ne semblait pas être totalement le cas puisque le jeune homme s'était permis de me sourire et même de me répondre. Néanmoins, je n'étais pas dupe. Le garçon avait essayé de se suicider, il était profondément atteint d'un trouble que je ne comprendrais peut-être jamais totalement. Qui plus est, d'après mes faibles connaissances en psychomagie, c'était les personnes dont on s'y attend le moins qui peuvent faire les choses les plus surprenantes… comme essayer d'atteindre à sa propre vie, ou à celle d'autrui. "Ho mais il était si gentil" que disaient ses proches. "On aurait jamais soupçonné ça de lui", ou encore "il avait l'air si heureux". Ce n'était pas pour rien que dans la plupart des cas, ce genre d'événements peu anodins étaient une surprise et un effarement pour tout le monde… sauf pour le malade. Avec une œillade amusée pour le Blackthorn, je sautais sur l'occasion d'entamer une discussion.
- Le lissage brésilien ? Vraiment ? Savez-vous en faire vous-même ?
Les constantes prises, je faisais venir le dossier que j'avais posé préalablement jusqu'à moi avant de dégainer le stylo de la poche de mon chemisier vert bouteille. Là, je notais certaines remarques rapidement tout en ayant un coup d'œil pour le sorcier tandis qu'il me répondait, un fin sourire se dessinant sur mes lèvres. Il avait du répondant, il semblait bien éveillé et pouvait suivre la conversation. C'était parfait.
De plus, maintenant que je les avais sous les yeux, je ne pouvais que réaliser l'amélioration de son état puisque les résultats étaient en hausse. Restait encore à gérer ce problème de tremblement, hélas, je ne pouvais pas y faire grand-chose. Son corps répondait au choc, au besoin de cette substance dont il était devenu dépendant. Il n'y avait pas de miracle là contre, même dans le monde magique. Il fallait laisser le temps au corps de se détoxifier tout seul. Passage douloureux et obligé pour avoir voulu fuir cette réalité si difficile. Un brusque retour des choses, un rappel bien mesquin. Petit pouffement amusé à sa remarque, je rétorquais avec toujours ce même ton humoristique, le tout accentué par un léger roulement des yeux dans leurs orbites comme pour accentuer les faits.
- Grâce au ciel non ce n'en est pas toujours, mais la qualité n'est pas forcément au rendez-vous avec les autres plats également. Je le fixais un instant. Un burger mmh ? Et bien, si vous vous tenez sage, peut-être vais-je pouvoir accéder à votre requête. J'adore ça moi aussi. On pourrait se faire une bouffe ensemble un de ces quatre.
Lâchant le dossier qui retourna s'envoler jusqu'à la table, je rangeais mon stylo dans sa poche avant de garder mes bras le long de mon corps, l'air tranquille et sereine.
- Sinon pour répondre à votre véritable question initiale… Je suis contente si vous dormez régulièrement, c'est un signe que votre corps est en bonne rémission. Quant aux tremblements et bien… je peux essayer de vous donner une potion pour essayer de calmer les spasmes, cela dit, ce ne sera pas miraculeux. Votre corps ne fait qu'essayer de se défendre contre le manque, le mieux étant encore de le laisser s'exprimer. Mais je peux vous soulager pour les nuits si vous le souhaiter. Cela dit… je penchais légèrement la tête en avant pour accentuer un air étrangement autoritaire, mais mon visage restait ouvert et satisfait. Vos résultats sont en hausse, vous semblez en bonne voie de guérison. Maintenant… il vous faut savoir ce que vous voulez pour la suite.
Guérir réellement, avec la volonté et le soutien nécessaire, et se laisser aller. Croisant les bras devant moi, plus pour me soutenir convenablement le dos qu'autre chose, je souriais au jeune homme.
- Y a-t-il un lieu en particulier qui vous manque monsieur Blackthorn ? Un endroit où vous vous sentez apaisé ? En sécurité ?
- Le lissage brésilien ? Vraiment ? Savez-vous en faire vous-même ?
Les constantes prises, je faisais venir le dossier que j'avais posé préalablement jusqu'à moi avant de dégainer le stylo de la poche de mon chemisier vert bouteille. Là, je notais certaines remarques rapidement tout en ayant un coup d'œil pour le sorcier tandis qu'il me répondait, un fin sourire se dessinant sur mes lèvres. Il avait du répondant, il semblait bien éveillé et pouvait suivre la conversation. C'était parfait.
De plus, maintenant que je les avais sous les yeux, je ne pouvais que réaliser l'amélioration de son état puisque les résultats étaient en hausse. Restait encore à gérer ce problème de tremblement, hélas, je ne pouvais pas y faire grand-chose. Son corps répondait au choc, au besoin de cette substance dont il était devenu dépendant. Il n'y avait pas de miracle là contre, même dans le monde magique. Il fallait laisser le temps au corps de se détoxifier tout seul. Passage douloureux et obligé pour avoir voulu fuir cette réalité si difficile. Un brusque retour des choses, un rappel bien mesquin. Petit pouffement amusé à sa remarque, je rétorquais avec toujours ce même ton humoristique, le tout accentué par un léger roulement des yeux dans leurs orbites comme pour accentuer les faits.
- Grâce au ciel non ce n'en est pas toujours, mais la qualité n'est pas forcément au rendez-vous avec les autres plats également. Je le fixais un instant. Un burger mmh ? Et bien, si vous vous tenez sage, peut-être vais-je pouvoir accéder à votre requête. J'adore ça moi aussi. On pourrait se faire une bouffe ensemble un de ces quatre.
Lâchant le dossier qui retourna s'envoler jusqu'à la table, je rangeais mon stylo dans sa poche avant de garder mes bras le long de mon corps, l'air tranquille et sereine.
- Sinon pour répondre à votre véritable question initiale… Je suis contente si vous dormez régulièrement, c'est un signe que votre corps est en bonne rémission. Quant aux tremblements et bien… je peux essayer de vous donner une potion pour essayer de calmer les spasmes, cela dit, ce ne sera pas miraculeux. Votre corps ne fait qu'essayer de se défendre contre le manque, le mieux étant encore de le laisser s'exprimer. Mais je peux vous soulager pour les nuits si vous le souhaiter. Cela dit… je penchais légèrement la tête en avant pour accentuer un air étrangement autoritaire, mais mon visage restait ouvert et satisfait. Vos résultats sont en hausse, vous semblez en bonne voie de guérison. Maintenant… il vous faut savoir ce que vous voulez pour la suite.
Guérir réellement, avec la volonté et le soutien nécessaire, et se laisser aller. Croisant les bras devant moi, plus pour me soutenir convenablement le dos qu'autre chose, je souriais au jeune homme.
- Y a-t-il un lieu en particulier qui vous manque monsieur Blackthorn ? Un endroit où vous vous sentez apaisé ? En sécurité ?
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Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Dim 18 Aoû 2019 - 12:50
Kiran n'est pas stupide, il sait bien que la Médicomage cherche à le détendre afin qu'il soit plus ouvert ; c'est ce qu'ils essayent tous de faire, mettre le patient à l'aise pour pouvoir décortiquer son cerveau plus facilement. Jusque là, le Blackthorn ne s'est pas vraiment laissé faire, agacé par l'attitude trop douce, trop parentale, ou trop condescendante de certains membres du corps médical. Le Psychomage n'était pas mauvais, mais il était peut-être un peu trop calme, trop doux, et le pauvre est tombé sur un cas difficile puisque Kiran n'aime pas - mais alors pas du tout - parler de lui-même ou de ses problèmes. Surtout quand il a l'impression qu'on ressent de la pitié pour lui. Au fond il sait que ses soucis sont devenus trop important pour qu'il continue à faire l'autruche ; il va couler, s'il continue d'ignorer la situation. Il a déjà failli se noyé dans l'océan de ses problèmes. A présent ça le dépasse entièrement - plus qu'un petit souci, il est malade, et il va bien falloir qu'il l'admette. Peut-être est-ce pour cela qu'il se laisse approcher facilement par Eberhart, qu'il laisse son approche détendue le faire sourire. Peut-être est-ce pour lui un premier pas. « Nope, j'suis un coiffeur minable. Mais y a peut-être de bonnes adresses dans ce magazine, pour que j'confie ma crinière à quelqu'un de compétent, » dit-il. Les conversations banales, c'est facile. Ca lui permet d'ignorer encore quelques instants la vraie raison de la présence d'Eberhart dans sa chambre.
Il la voit prendre des notes tandis qu'ils discutent de tout et de rien, mais encore une fois c'est facile de faire comme si de rien n'était. Il tente d'ignorer la curiosité qui le ronge : à quoi pense-t-elle ? Qu'a-t-elle écrit sur lui ? Est-ce que c'est grave, docteur - quelle question, bien sûr que c'est grave. Faut que j'arrête. Oui, il faut qu'il cesse de se voiler la face, de se cacher, de jouer les ignorants. Il a un problème, il est certainement malade, est c'est grave au point qu'il ait essayé de... Non, il n'est pas encore capable de se l'admettre. Il se secoue mentalement et replonge dans la conversation simple avec la médicomage. « Oh oui pitié, épargnez-moi les plats de la cantine et ramenez-moi un burger, je serais sage promis ! C'est quand vous voulez, pour la bouffe, » sourit-il, plaisantant à moitié - il est assez désespéré pour accepter une bonne bouffe avec son docteur. Et puis il doute que la situation soit gênante avec Eberhart, elle a l'air de savoir bien rigoler.
Quand il la voit ranger son stylo et lâcher son dossier, qui s'envole jusqu'à la table de chevet, Kiran se tend à nouveau, sachant parfaitement que les choses sérieuses commence. L'attitude sereine de la médicomage l'empêche de se braquer entièrement ; il l'écoute attentivement, les yeux baissé sur ses propres mains parcourues de spasmes. Il est rassuré de savoir que son état s'est stabilisé et qu'il est en voie de rémission : heureusement pour lui, il n'y a pas de complications liées à son overdose. Malheureusement il n'y a rien de totalement permanent pour ses tremblements, mais il hoche la tête quand Eberhart suggère de le soulager pour les nuits au moins : il est parfois difficile de s'endormir quand son corps refuse de se détendre. L'air autoritaire qu'elle prend n'enlève rien à sa sérénité lorsqu'elle lui annonce que ses résultats son satisfaisant, mais qu'à présent il vous faut savoir ce que vous voulez pour la suite. Il se mord la lèvre, indécis ; la question qu'elle lui pose ensuite finit de le troubler. Un endroit qui l'apaise ? Certainement pas le manoir familial. Hungcalf non plus, trop scolaire - quoique, les jardins suspendus peut-être ? Mais seulement quand Pina y est. Ou alors la colocation... Le visage souriant d'Elena lui vient à l'esprit, et son coeur tressaute. Ses joues brûlent. « Un endroit, peut-être pas. Je crois que je suis jamais vraiment détendu nulle part, c'est pour ça que... » C'est pour ça qu'il fume, qu'il boit, qu'il avale des cachets à la pelle. « Mais il y a certaines personnes avec qui je suis bien. » Riley, Pina, Finn. Elena.
Il soupire, et se laisse aller un petit peu. Juste assez pour dire quelques mots de plus. « Je sais qu'il faut que j'arrête mes conneries. La drogue c'est mal, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé, tout ça. Mais c'est le seul échappatoire que j'ai trouvé. » Sa gorge se serre, incapable de préciser ce qu'il veut fuir (les visions, sa petite soeur, maman). Il se force à continuer, un peu. Il doit le faire. « Mais depuis quelques temps, y a quelque chose qui va pas là-dedans, » lâche-t-il en un rire jaune, tapotant sa tempe du bout des doigts. « Peut-être... Peut-être que j'ai un peu trop accumulé les problèmes. » Et peut-être qu'il devrait en parler. Même si ça paraît trop dur.
- InvitéInvité
Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Dim 25 Aoû 2019 - 12:34
Ma démarche était sûrement trop clichée pour que le jeune homme ne s'en rende pas compte. Après tout, je n'étais pas psychomage (et heureusement), mais ce qui m'importait, c'était surtout qu'il ne se braque pas à mes paroles. Il était toujours difficile de traiter avec les patients. Certains aimaient qu'on enrobe les mauvaises nouvelles dans du papier cadeau et les autres préféraient avoir rapidement la vérité pour être fixé. Je ne connaissais pas assez monsieur Blackthorn pour pouvoir me prononcer avec certitude sur ma manière d'agir. Je préférais donc prendre des pincettes pour le moment, même si dans tous les cas, j'allais finir par raconter la vérité. Après tout, c'était mon travail. De plus, ce n'était pas tant uniquement de mauvaises nouvelles, et ça, c'était plus facile à aborder. Annoncer un décès était bien moins plaisant qu'une amélioration d'un sujet face à son addiction à la drogue. Malgré la tentative d'attenter à sa vie, il était encore bel et bien vivant, et j'étais certaine que des gens l'entouraient. Il me semblait avoir pu constater certaines visites dans sa chambre ces derniers jours. C'était important de se sentir soutenu dans ces situations délicates. Moi, je n'étais qu'un intermédiaire qui sera bien vite oublié.
- Vous pourrez l'emporter avec vous si vous avez besoin des adresses.
Dis-je simplement à l'attention du jeune homme quant au magazine. Nous en avions bien assez pour que les gens puissent repartir avec un ou deux sous le bras lorsqu'un article les intéressait. Je n'en avais cure. Ce n'était pas ce genre de paperasse qui me préoccupait le plus dans mon service à dire vrai.
Mon regard métallique eut pourtant une lueur amusée alors que je l'entendais s'exprimer avec autant de spontanéité concernant les repas de l'hôpital et ce que je lui proposais. Dans le fond, je le comprenais si bien ! Déjà en pleine santé et en pleine possession de mes moyens, je n'appréciais que guère la nourriture de l'établissement, alors en étant en plus malade et potentiellement déprimé, je pouvais saisir sans la moindre difficulté que ça rendait les choses plus compliquées. Pour le coup, j'étais fort aise qu'un grand musicien aux cheveux roux et bouclés m'amène régulièrement de la nourritureet plus si affinité. Ça me permettait de mieux gérer mes heures et surtout mes repas. Avec la nourriture de l'hôpital j'étais à peu près certaine de passer l'arme à gauche à un moment donné. J'avais beau travailler dans ce genre d'endroit depuis des années, la nourriture faisait partie de ces choses dont on ne se faisait jamais vraiment totalement.
Une lueur taquine et provocatrice dans les yeux, je roulais un peu mes épaules avant de répondre, léger sourire aux commissures des lèvres.
- Rendez-vous dans votre chambre, demain soir, disons, 19 heures ? Évidemment je jouais la comédie et j'avais fait exprès pour que cela sonne comme un rancard. Mais moi, ça m'amusait. Les hamburgers, c'est la vie. Car oui à force de manger de la merde sur ma place de travail, j'étais aussi devenue gourmande.
Mais voilà le tempsdes cathédrales des choses sérieuses. Car mon métier était fait de ça, de rebondissements plus ou moins déplaisants. À un moment donné, il fallait bien y arriver et percer l'abcès. Et moi, j'étais du genre à percer des trucs, et pas uniquement des furoncles. Alors je préférais en venir aux faits avec mon patient, tout en continuant à le mettre à l'aise, car là était la chose la plus importante.
J'avais conscience du risque que je prenais en laissant au sorcier le choix de réponse lors de ma question. Que voulait-il pour la suite ? La plupart de mes collègues prétendraient que ce n'est pas une question à poser à un malade, qu'il était trop déséquilibré pour pouvoir répondre convenablement. Moi, je partais du principe que je voulais lui laisser son libre arbitre et prendre ses décisions. Il était adulte, et il fallait qu'il prenne ses responsabilités. Si son choix était de retourner dans la drogue, très bien, mais je ferais en sorte de plutôt l'aiguiller sur un chemin plus convenable. La conversation était ouverte pour ça. Ne pas l'influencer dans ses choix et ses décisions, mais plutôt le corriger. Ne pas lui retirer son libre arbitre sous prétexte qu'il était malade, mais qu'il prenne profondément conscience que ses actes avaient des conséquences.
Alors attentive, j'écoutais ce qu'il avait à me dire, sur ce qui l'apaisait. Car il était à mon sens impossible qu'il puisse prendre des décisions rationnelles tant qu'il ne se sentait pas à l'aise. Et comment l'être au plein milieu d'une chambre blanche d'hôpital ? Personne n'y était véritablement à l'aise (sauf moi). Je sentais dans ses paroles comme un élan de confidence, une envie profonde d'avancer et de vouloir mettre des mots sur ce qui n'allait pas. C'était une grande preuve de courage, moi-même n'ayant pas toujours la force d'y parvenir, et Merlin savait à quel point j'étais atteinte.
Dégainant une nouvelle fois ma baguette, je la dirigeais vers les murs. Là, ils semblaient se flouter, comme une mauvaise image de télévision, avant de prendre une nouvelle forme. Bientôt, nous voilà au plein centre d'une grande prairie à l'herbe verte émeraude. Le vent caressait tranquillement notre peau, et le lit sur lequel était allongé le jeune homme disparut, le laissant simplement là, sur le sol, au contact direct de la terre. Celle qui nous portait tous. Rangeant tranquillement ma baguette, je me raclais la gorge avant de reprendre d'un ton tranquille mon visage s'adoucissant un peu.
- Est-ce que vous auriez envie de me parler de ce quelque chose dans votre tête ? De l'accumulation de vos problèmes ? Pour me mettre à hauteur, je m'asseyais enfin à mon tour, en tailleur devant lui, les mains posées sur mes genoux. Je prenais le risque de me confier un peu afin qu'il ne se sente moins seul, afin que l'échange soit réel et pas uniquement de médecin à patient. Afin que ce soit constructif. À dire vrai, moi non plus, je ne suis pas entièrement sereine. J'ai moi aussi énormément d'élément en tête qui des fois me donnent l'impression que je vais déborder, perdre pied… mais il y a toujours une légère accroche qui pour le moment m'en empêche. Le tout est de savoir pour combien de temps encore. Evan…
- Vous pourrez l'emporter avec vous si vous avez besoin des adresses.
Dis-je simplement à l'attention du jeune homme quant au magazine. Nous en avions bien assez pour que les gens puissent repartir avec un ou deux sous le bras lorsqu'un article les intéressait. Je n'en avais cure. Ce n'était pas ce genre de paperasse qui me préoccupait le plus dans mon service à dire vrai.
Mon regard métallique eut pourtant une lueur amusée alors que je l'entendais s'exprimer avec autant de spontanéité concernant les repas de l'hôpital et ce que je lui proposais. Dans le fond, je le comprenais si bien ! Déjà en pleine santé et en pleine possession de mes moyens, je n'appréciais que guère la nourriture de l'établissement, alors en étant en plus malade et potentiellement déprimé, je pouvais saisir sans la moindre difficulté que ça rendait les choses plus compliquées. Pour le coup, j'étais fort aise qu'un grand musicien aux cheveux roux et bouclés m'amène régulièrement de la nourriture
Une lueur taquine et provocatrice dans les yeux, je roulais un peu mes épaules avant de répondre, léger sourire aux commissures des lèvres.
- Rendez-vous dans votre chambre, demain soir, disons, 19 heures ? Évidemment je jouais la comédie et j'avais fait exprès pour que cela sonne comme un rancard. Mais moi, ça m'amusait. Les hamburgers, c'est la vie. Car oui à force de manger de la merde sur ma place de travail, j'étais aussi devenue gourmande.
Mais voilà le temps
J'avais conscience du risque que je prenais en laissant au sorcier le choix de réponse lors de ma question. Que voulait-il pour la suite ? La plupart de mes collègues prétendraient que ce n'est pas une question à poser à un malade, qu'il était trop déséquilibré pour pouvoir répondre convenablement. Moi, je partais du principe que je voulais lui laisser son libre arbitre et prendre ses décisions. Il était adulte, et il fallait qu'il prenne ses responsabilités. Si son choix était de retourner dans la drogue, très bien, mais je ferais en sorte de plutôt l'aiguiller sur un chemin plus convenable. La conversation était ouverte pour ça. Ne pas l'influencer dans ses choix et ses décisions, mais plutôt le corriger. Ne pas lui retirer son libre arbitre sous prétexte qu'il était malade, mais qu'il prenne profondément conscience que ses actes avaient des conséquences.
Alors attentive, j'écoutais ce qu'il avait à me dire, sur ce qui l'apaisait. Car il était à mon sens impossible qu'il puisse prendre des décisions rationnelles tant qu'il ne se sentait pas à l'aise. Et comment l'être au plein milieu d'une chambre blanche d'hôpital ? Personne n'y était véritablement à l'aise (sauf moi). Je sentais dans ses paroles comme un élan de confidence, une envie profonde d'avancer et de vouloir mettre des mots sur ce qui n'allait pas. C'était une grande preuve de courage, moi-même n'ayant pas toujours la force d'y parvenir, et Merlin savait à quel point j'étais atteinte.
Dégainant une nouvelle fois ma baguette, je la dirigeais vers les murs. Là, ils semblaient se flouter, comme une mauvaise image de télévision, avant de prendre une nouvelle forme. Bientôt, nous voilà au plein centre d'une grande prairie à l'herbe verte émeraude. Le vent caressait tranquillement notre peau, et le lit sur lequel était allongé le jeune homme disparut, le laissant simplement là, sur le sol, au contact direct de la terre. Celle qui nous portait tous. Rangeant tranquillement ma baguette, je me raclais la gorge avant de reprendre d'un ton tranquille mon visage s'adoucissant un peu.
- Est-ce que vous auriez envie de me parler de ce quelque chose dans votre tête ? De l'accumulation de vos problèmes ? Pour me mettre à hauteur, je m'asseyais enfin à mon tour, en tailleur devant lui, les mains posées sur mes genoux. Je prenais le risque de me confier un peu afin qu'il ne se sente moins seul, afin que l'échange soit réel et pas uniquement de médecin à patient. Afin que ce soit constructif. À dire vrai, moi non plus, je ne suis pas entièrement sereine. J'ai moi aussi énormément d'élément en tête qui des fois me donnent l'impression que je vais déborder, perdre pied… mais il y a toujours une légère accroche qui pour le moment m'en empêche. Le tout est de savoir pour combien de temps encore. Evan…
- InvitéInvité
Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Mar 17 Sep 2019 - 12:33
C'est facile, pour l'instant, de faire comme si de rien n'était en discutant de choses banale comme les magasines et les hamburger. C'est facile de faire comme si Eberhart n'était pas en train d'essayer de paraître plus facilement approchable, et c'est encore plus facile pour Kiran de prétendre n'avoir aucun problème particulier. On discute, on plaisante, on saupoudre les propos d'une pincée d'ironie et de sarcasme, et on tourne autour du pot, comme ça, tout simplement. C'est presque trop facile pour l'instant, mais Kiran sait que les émotions l'attendent, tapies dans l'ombre, et ne font que patienter jusqu'à la parfaite occasion pour lui sauter à la gorge. Sauf que les émotions, c'est pas trop son délire, il s'en passerait volontiers parfois. Oh, l'euphorie, l'amusement, tout ça il peut gérer, il adore, il en est même accro. Mais la tristesse ? Le deuil ? La colère ? Très peu pour lui. C'est pas pour rien qu'il avale régulièrement quelques cachets d'ecstasy. On oublie les problèmes et on se jette dans le monde cotonneux de la drogue pour tout oublier. A partir d'aujourd'hui, ce n'est malheureusement plus une solution, parce qu'il semble que son esprit ait atteint son point de rupture. Bon sang, il a besoin d'un burger. "J'vais finir par prendre ça très au sérieux, vous savez," plaisante-t-il à son tour. "Venez, on mange un burger ensemble à votre prochaine pause repas. Un p'tit tête à tête dans une chambre d'hôpital, plutôt stylé non ?" ajoute-t-il en haussant les sourcils, parodie d'une expression séductrice. Faire le clown, c'est son truc. En y réfléchissant, y a pas plus triste qu'un clown, mais encore une fois il semble que l'image lui aille bien.
Et puis la conversation prend une tournure plus professionnelle, plus sérieuse, puis plus déprimante aussi. Il se sent soudainement capable de se confier, difficilement et toujours plus ou moins à demi-mot, mais c'est un début. Les mots s'arrachent de sa gorge, il les force à sortir de ses lèvres ; une partie de lui a accepté qu'il doit, à tout prix, parler. S'il continue à se renfermer et à fuir le problème, il finira six pieds sous terre très rapidement. C'est bien beau de réussir à se l'admettre, mais il a toujours du mal à l'avaler. Il n'a pas envie de mourir, non. Il ne pourrait jamais faire ça à ses proches. Mais il sait, à présent, qu'il est incontrôlable lorsqu'il est dans cette sorte d'état second. Il avoue finalement ne pas avoir réussi à trier ses problèmes, qui se sont donc accumulés dans sa tête et ont causé le bordel là-dedans. La médicomage l'écoute attentivement, le regard neutre, sans le moindre jugement de sa part ; puis elle s'empare de sa baguette et, en un sort la chambre stérile et froide disparaît, laissant apparaître une étendue d'herbe verte. Kiran inspire, appréciant l'illusion d'être à l'extérieur pour la première fois depuis des jours. Il tourne son attention entière vers la médicomage lorsque celle-ci lui demande s'il désire parler un peu plus de cette fameuse accumulation de problème. Elle le surprend en se confiant à son tour, avouant avoir elle aussi l'impression d'être prête à perdre pied à tout moment. Kiran l'observe, assise en tailleur pour le regarder en face, et il ne ressent aucune appréhension. Son instinct lui dit même qu'il peut lui faire confiance. Soudainement, les mots semblent se bousculer pour sortir de sa gorge, à un tel point qu'il en reste muet pendant une seconde, incapable de décider par où commencer. "Je suis voyant," lâche-t-il soudainement. "C'est la source de presque tous mes problèmes." Wow, il ne l'a jamais dit à d'autres personnes qu'à ses frères et soeurs, ainsi qu'à ses amis d'enfance. Le nombre de personnes au courant tient sur ses dix doigts. Il pousse un soupire lourd pour se détendre, et tente de se livrer un peu plus. "J'ai prédit la mort de ma famille quand j'étais gosse, et quand c'est arrivé j'ai rien pu faire." Un clan entier partie en fumée. "Ensuite j'ai été adopté par les Blackthorn, de vrais connards. J'étais pas vraiment le chouchou de la famille." Understatement of the year. "Ensuite j'ai... J'ai rêvé de la mort de ma p'tite soeur, mais je suis arrivé trop tard." Sa voix déraille sur la fin de sa phrase. "Je sais que mon don est assez... virulent, on va dire. J'ai souvent des visions, mais à chaque fois qu'elles m'apparaissent j'angoisse, j'ai peur de devoir assister à la mort d'un proche encore une fois." L'angoisse le prend aux tripes, la panique l'étrangle et il a l'impression de mourir sur place au moindre symptôme de visions. "Un jour j'ai découvert que la drogue brouillait trop mon esprit pour me permettre d'avoir des visions - de toutes façons je suis trop à l'Ouest pour paniquer si j'en ai une pendant mon trip. Alors j'ai commencé à fumer, beaucoup, tout le temps. Dès que je m'arrêtais les visions reprenaient de plus belle, alors j'ai continué." Et maintenant le voilà à l'hôpital, malade mental, apparemment suicidaire et en manque terrible d'ecstasy. "Voilà, ça c'est le gros du problème." Parce qu'il y a tous les à côté aussi, plus discret mais tout aussi vicieux. Mais avoir abordé le problème en surface l'a déjà beaucoup aidé, d'une certaines façon. Il se sent un poil plus léger. Il n'a jamais parlé de tout ça à qui que ce soit avant.
- :
- Excuse-moi pour le retard, j'ai été submergée par la rentrée
- InvitéInvité
Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Ven 18 Oct 2019 - 18:09
Notre rencard hamburger convenu, je ne peux m'empêcher de sourire de toutes mes dents aux paroles de mon patient. La plaisanterie était agréable, et j'appréciais qu'il joue le jeu. C'était quelque chose qui rendait l'atmosphère légère, et il était bon pour moi de pouvoir être un peu moins sérieuse avec certains de mes patients, même si ceux-ci ont essayé d'attenter à leurs vies. Il y avait toujours des cas plus ou moins grave dans ma profession, mais je devais admettre que dès que je pouvais avoir le mot pour rire, cela faisait du bien à tout le monde. Aussi bien au malade qui avait besoin de se sortir un peu l'esprit de cet état de légume dans lequel il pouvait être plongé, et aussi bien moi, car même si j'avais l'habitude depuis les années, ce n'était jamais plaisant de voir un être humain en souffrance.
- Stylé oui, et en plus c'est original. Tout le monde ne pourra pas se vanter comme vous, et encore moins d'avoir mangé avec la cheffe du service des urgences.
Lui accordant un léger clin d'œil, il me fallait tout de même penser aux choses sérieuses à un moment donné. Voilà pourquoi je changeais le décor et j'essayais, encore une fois, de détendre le garçon en face de moi, pour que je puisse lui venir en aide de la meilleure façon qu'il soit. Même si je n'étais pas psychomage, pouvoir parler à quelqu'un de neutre comme moi pouvait lui être utile. De plus, je n'allais pas lui décortiquer l'esprit comme l'aurait fait l'un de mes collègues, ça avait un avantage pour le mettre à l'aise. Je savais mes limites, et je savais jusqu'où je pouvais pousser l'expérience et l'aide dont il avait besoin. Si tôt que ça sortirait de mes compétences, je le lui dirai. Pour l'heure, il ne s'agissait que de discuter.
Toutefois, je ne pensais pas que mes propres confidences viendraient à ouvrir à ce point l'esprit du jeune homme. À la première fatalité prononcée, je ne pouvais évidemment pas m'empêcher de froncer les sourcils, intriguée. Donner cette information comme ça c'était véritablement quelque chose que je vins immédiatement à admirer. Dans mon entourage, il n'y avait que ce qui me servait de géniteur et Evan qui le savaient. Peut-être en allait-il de même pour ce garçon, et que je n'étais qu'une personne de plus sur les doigts d'une main ? Quoiqu'il en soit, l'annoncer de cette manière forçait mon profond respect. La suite de ce qu'il me racontait et bien…. Je ne pouvais que le comprendre, profondément.
Si lui c'était perdu dans les substances illicites, moi, je m'étais perdue dans mon travail. Étudier d'arrache-pied puis travailler jusque tard le soir, au point de fonctionner à l'instinct tant la fatigue est présente, cela me permettait de mieux supporter mes visions. Les accidents que je voyais, le feu sur une chaire qui m'était si précieuse, des rapprochements intimes douloureux… des décès. Ressentir ce profond désarroi de savoir, mais de ne rien pouvoir faire, de ne pas être capable d'agir suivant comment. Car même si l'avenir est fait de chemins innombrables, les visions étaient rarement erronées, hélas. Alors oui, je comprenais profondément le garçon, et mon regard métallisé jusque-là si expressif de malice et de bienveillance, vint s'estomper, pour devenir presque vitreux, et ce, bien malgré moi. D'extérieur le jeune homme pourrait penser à une profonde empathie, et si c'était le cas pour le coup, il n'y avait pas que ça.
Je soupirais avant de répondre le plus calmement possible.
- Je pense que je comprends… vous avez un sentiment d'impuissance j'imagine, entre ce que vous voyez, et ce qui arrive. Rabattant une mèche de cheveux rousse derrière mon oreille, je plissais les paupières, signe de mes réflexions silencieuses, puis je reprenais. Disons que… vous perdre dans la drogue est une solution en soit, mais pas la bonne. Elle vous soulage, mais vous rend également dépendant, jusqu'au point de non-retour. J'ouvrais la paume de main, comme si ce que je disais-là était une évidence. Avez-vous songez à essayer une autre activité pour vous occuper l'esprit et essayer de moins souffrir de vos visions ? Le sport ? Un emploi ou un loisir quelconque peut-être ?
Pouvoir s'échanger des bottes secrètes dans nos deux cas similaires pouvait être bénéfique pour l'un comme pour l'autre.
- Personnellement, je me perds énormément dans mon travail. Beaucoup disent que c'est déraisonnable, mais c'est… c'est devenu ma drogue à moi. Plongée dans ce que je fais, dans d'autres préoccupations ça me permet d'éviter de penser à tout le reste. C'est une solution temporaire, le temps que je travaille évidemment, lorsque je rentre chez moi les soucis reviennent mais… mais au moins ma santé n'est pas mise en danger. Je souriais avec ironie. Pas trop.
Car oui, en venir à ne plus manger parce que trop prise dans mon métier, c'était aussi un événement à risque. Et j'étais devenue dépendante à mon activité professionnelle, ça, je ne me le cachais pas. Je voulais surtout éviter que cela puisse nuire à ma neuve vie de couple. Cependant, la drogue, même si ça semblait être une solution extrême, elle restait une solution. N'est-ce pas ?
- Stylé oui, et en plus c'est original. Tout le monde ne pourra pas se vanter comme vous, et encore moins d'avoir mangé avec la cheffe du service des urgences.
Lui accordant un léger clin d'œil, il me fallait tout de même penser aux choses sérieuses à un moment donné. Voilà pourquoi je changeais le décor et j'essayais, encore une fois, de détendre le garçon en face de moi, pour que je puisse lui venir en aide de la meilleure façon qu'il soit. Même si je n'étais pas psychomage, pouvoir parler à quelqu'un de neutre comme moi pouvait lui être utile. De plus, je n'allais pas lui décortiquer l'esprit comme l'aurait fait l'un de mes collègues, ça avait un avantage pour le mettre à l'aise. Je savais mes limites, et je savais jusqu'où je pouvais pousser l'expérience et l'aide dont il avait besoin. Si tôt que ça sortirait de mes compétences, je le lui dirai. Pour l'heure, il ne s'agissait que de discuter.
Toutefois, je ne pensais pas que mes propres confidences viendraient à ouvrir à ce point l'esprit du jeune homme. À la première fatalité prononcée, je ne pouvais évidemment pas m'empêcher de froncer les sourcils, intriguée. Donner cette information comme ça c'était véritablement quelque chose que je vins immédiatement à admirer. Dans mon entourage, il n'y avait que ce qui me servait de géniteur et Evan qui le savaient. Peut-être en allait-il de même pour ce garçon, et que je n'étais qu'une personne de plus sur les doigts d'une main ? Quoiqu'il en soit, l'annoncer de cette manière forçait mon profond respect. La suite de ce qu'il me racontait et bien…. Je ne pouvais que le comprendre, profondément.
Si lui c'était perdu dans les substances illicites, moi, je m'étais perdue dans mon travail. Étudier d'arrache-pied puis travailler jusque tard le soir, au point de fonctionner à l'instinct tant la fatigue est présente, cela me permettait de mieux supporter mes visions. Les accidents que je voyais, le feu sur une chaire qui m'était si précieuse, des rapprochements intimes douloureux… des décès. Ressentir ce profond désarroi de savoir, mais de ne rien pouvoir faire, de ne pas être capable d'agir suivant comment. Car même si l'avenir est fait de chemins innombrables, les visions étaient rarement erronées, hélas. Alors oui, je comprenais profondément le garçon, et mon regard métallisé jusque-là si expressif de malice et de bienveillance, vint s'estomper, pour devenir presque vitreux, et ce, bien malgré moi. D'extérieur le jeune homme pourrait penser à une profonde empathie, et si c'était le cas pour le coup, il n'y avait pas que ça.
Je soupirais avant de répondre le plus calmement possible.
- Je pense que je comprends… vous avez un sentiment d'impuissance j'imagine, entre ce que vous voyez, et ce qui arrive. Rabattant une mèche de cheveux rousse derrière mon oreille, je plissais les paupières, signe de mes réflexions silencieuses, puis je reprenais. Disons que… vous perdre dans la drogue est une solution en soit, mais pas la bonne. Elle vous soulage, mais vous rend également dépendant, jusqu'au point de non-retour. J'ouvrais la paume de main, comme si ce que je disais-là était une évidence. Avez-vous songez à essayer une autre activité pour vous occuper l'esprit et essayer de moins souffrir de vos visions ? Le sport ? Un emploi ou un loisir quelconque peut-être ?
Pouvoir s'échanger des bottes secrètes dans nos deux cas similaires pouvait être bénéfique pour l'un comme pour l'autre.
- Personnellement, je me perds énormément dans mon travail. Beaucoup disent que c'est déraisonnable, mais c'est… c'est devenu ma drogue à moi. Plongée dans ce que je fais, dans d'autres préoccupations ça me permet d'éviter de penser à tout le reste. C'est une solution temporaire, le temps que je travaille évidemment, lorsque je rentre chez moi les soucis reviennent mais… mais au moins ma santé n'est pas mise en danger. Je souriais avec ironie. Pas trop.
Car oui, en venir à ne plus manger parce que trop prise dans mon métier, c'était aussi un événement à risque. Et j'étais devenue dépendante à mon activité professionnelle, ça, je ne me le cachais pas. Je voulais surtout éviter que cela puisse nuire à ma neuve vie de couple. Cependant, la drogue, même si ça semblait être une solution extrême, elle restait une solution. N'est-ce pas ?
- InvitéInvité
Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Dim 27 Oct 2019 - 9:27
Affronter les moments difficiles par la rigolade, c'est quelque chose que Kiran connait et pratique depuis très longtemps. Aussi est-ce rafraichissant de discuter avec le docteur Eberhart ; contrairement à sa famille, ses amis, certains autres docteurs, elle plaisante, toujours le mot pour rire. C'est une qualité que Kiran apprécie énormément chez autrui : la capacité de ne pas trop tout prendre au sérieux, ni les événements de la vie, ni les gens, ni soi-même. Il faut rire, bordel, c'est toujours mieux que de pleurer. Et puis une bonne plaisanterie fait toujours plaisir à tout le monde, que ce soit les patients ou les médicomages, qui doivent parfois être un peu plombé : le jeune homme imagine bien que travailler dans un hôpital, ce n'est pas toujours la joie - la preuve, il est là pour tentative de suicide, overdose de drogue, et visiblement pour maladie mentale. Il va être coincé ici un bon moment, alors autant sympathiser avec le corps médical tout de suite. "La cheffe des urgences en personne... J'avoue, ça pète la classe." Il semblerait qu'elle aussi ait bien besoin d'une pause, car quelques instants plus tard la chambre se retrouve transformée en un espace à ciel ouvert, à l'herbe verte et tendre sous ses doigts. La magie est tout de même assez incroyable. Elle se confie à lui, lui expliquant qu'elle aussi se sent parfois écrasée par le poids de ses problème. Quelque chose dans son témoignage parle à Kiran ; il la comprend.
Cela le surprend presque lui-même, quand il laisse un torrent de mot s'échapper de ses lèvres. Des aveux qu'il retient depuis longtemps, dont il a besoin de parler mais n'ose jamais ; ce n'était pas le bon moment, pas la bonne personne. Mais là, dans une chambre d'hôpital avec la cheffe des urgences après une tentative de suicide, Kiran n'a rien à perdre, tout à gagner en se confiant à elle. De toutes façons, ce n'est pas comme si elle allait le crier sur tout les toits, secret médical, tout ça. Et puis Kiran a un bon ressenti envers elle ; et son instinct se trompe rarement. Alors il crache le morceau sur son don, ce maudit don qui lui a ruiné la vie ; il raconte brièvement, pour sa famille biologique, mais n'entre pas dans les détails, toujours trop traumatisé par le feu, les cris, les morts. Puis il parle de sa soeur, pareil, brièvement, en deux mots. Sa disparition date d'il y a maintenant un bon nombre d'année, mais c'est toujours trop récent ; la plaie est encore à vif. Il évoque sa consommation de drogue en plus de détail, moins complexé par cela que par tout le reste. Un instant de silence flotte, avant que la médicomage ne pousse un soupir et réponde calmement. Elle comprend, elle aussi, un peu. "De temps en temps je fais du Quidditch avec mon frère. Sinon la plupart du temps..." quand il n'est pas complètement dans la stratosphère, il passe beaucoup de temps dans la salle de potion, à faire exploser des trucs. "Je fais pas mal d'expériences en potion. C'est logique, rationnel, précis. J'ai l'impression d'avoir réellement le contrôle de moi-même." Et ça lui permet de passer plus de temps avec Elena, donc c'est doublement génial. "Je devrais probablement faire plus de sport, par contre, c'est une bonne idée." Kiran se doute qu'on va le forcer à prendre une hygiène de vie plus saine, et après ce qu'il s'est passé, il est d'accord pour essayer de devenir quelqu'un de meilleur, plutôt qu'un désastre total. Pour une fois.
A son tour, elle se confie, ce qui dans un sens surprend un peu Kiran ; il ne s'attendait pas à ce que la médicomage lui parle de ses problèmes à elle, mais ça le réconforte, dans un sens, de pouvoir échanger ainsi avec elle. Elle se noie dans le travail pour oublier les soucis, tandis que Kiran se noyait dans la drogue. Chacun ses méthodes, mais dans les deux cas, ce n'est pas très sain. Elle lui rappelle Elena, qui s'enfonçait dans ses expériences scientifico-magiques pour oublier la mort de son père, oublier sa culpabilité. Kiran ne sait pas ce qu'Eberhart fuit, mais il sait qu'elle est loin d'être la seule à employer cette méthode. "Je peux comprendre. La drogue, ça me bute à petit feu, mais c'est la seule chose qui me permet vraiment de me détendre. Le problème, c'est que ça me pourrit la vie en même temps." Démotivation, fatigue, les descentes violentes et difficiles à supporter... "Je suis devenu totalement dépendant à l'ecstasy. En même temps, on me propose du bonheur intense en pilule contre seulement quelques gallions ; comment refuser ?" L'ecstasy. Une euphorie incroyablement belle et palpitante, une énergie qui vous submerge ; on voit tout positivement, tout va bien dans le meilleur des mondes, on veut voir ses amis, les prendre dans ses bras et leur faire des déclarations d'amour. La sensation est tout simplement incroyable. "Problème : ça a finit de me rendre complètement cinglé." La redescente est tout simplement insupportable : une tristesse incroyable envahi l'esprit, et il est presque impossible de ne pas sangloter. "Euphorie incroyable puis dépression intense. C'est un peu comme ce que j'ai eu, avant de... faire ce que j'ai fait. Sauf que cette fois-ci, j'avais rien pris."
- InvitéInvité
Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Mer 30 Oct 2019 - 19:32
Assit là, dans notre petit univers à nous, je le laisse aller à la confidence alors qu'il semblerait, ironiquement, que nous en ayons besoin tous les deux. Pas uniquement lui en tant que patient, mais moi aussi, en tant qu'être humain qui ne cesse d'accumuler les événements et de tout garder. Sensation étrange puisque je n'avais jamais ressenti ce besoin avant aujourd'hui auprès d'une autre personne qu'Evan. Peut-être que de savoir que nous étions tous les deux nés avec la même malédiction me le rendait plus sympathique ? Il fallait tout de même noter que ce garçon était le premier voyant que je rencontrais de toute ma vie, en dehors de moi. Alors, j'avais l'intime espoir qu'il pouvait mieux me comprendre que quiconque, même que mon amour écossais.
Quoiqu'il en soit, pour le moment, je taisais cette information, mon secret le mieux gardé. Depuis l'enfance, depuis que mes parents avaient essayé de me manipuler avec ça, j'avais mis un point d'honneur à n'en parler à personne. J'avais mis des années à le confier à Evan, car la folie m'atteignait. Je m'étais alors perdue corps et âme dans les études pour garder contenance, et le grand roux était mon phare dans la nuit. Or, en le perdant, j'avais aussi perdu ce repère. Alors lentement happée dans les profondeurs aquatiques et nébuleuses de mon esprit, j'étais devenue une âme errante. Travaillant uniquement parce qu'il fallait subvenir aux besoins les plus fondamentaux, comme manger. Tant bien que mal, j'essayais de garder la tête hors de l'eau.
Puis il était revenu, et la vie fut un peu plus douce… mais lorsque le poison a déjà atteint le cœur, il est difficile, voire impossible, d'en guérir totalement. Le mal est fait, et il restera toujours.
Mon regard métallique vint se poser sur le jeune homme, plein de compassion, tandis qu'un fin sourire étira ma fine bouche.
- Je vous conseille le sport mais à dire vrai, je n'ai jamais réussi à vraiment m'y mettre moi-même. Je cours de temps en temps mais ça reste rare… Instant de silence. Je me sers de mon travail comme excuse, encore une fois, pour prétendre que je n'ai pas le temps. Légère moue. Mon travail était mon excuse pour la globalité de mes fuites, des échecs de ma vie. Les potions sont un bon moyen de garder la tête froide et de rester concentrer, j'apprécie aussi énormément cet art. Être cheffe du service a ça d'avantageux, c'est que je dois constamment refaire les stocks. Regard entendu, étincelle amicale luisant dans l'iris grise, j'élargissais sensiblement mon sourire. Que faites-vous comme expériences avec les potions ? Après tout, cette information pouvait m'intéresser, et j'étais moi aussi une passionnée des potions. Puis, hésitante, je hasardais sur un point. Que diriez-vous d'essayer de s'encourager mutuellement ? Pour le sport.
C'était toujours plus facile à deux que tout seul n'est-ce pas ? Et si je pouvais garder un œil sur mon patient, je ferai une pierre deux coups (si ce n'était pas plus). Comme de fait, mon travail me hantait sans cesse, même lorsque je faisais des tentatives pour penser à autre chose et me sortir de ma folie à venir.
J'en venais même à parler de cette drogue qu'était mon travail par celle qui était à mon patient. Défaut commun même s'il n'avait pas le même visage, il en avait les mêmes racines. La même intention. Celui de ne pas nous faire sombrer dans la folie. D'occuper assez nos esprits pour qu'ils n'en viennent pas à s'engouffrer dans les images du futur qui nous étaient données de voir. Ne pas trop réfléchir. Essayer d'accepter ce qui était pour pouvoir continuer à vivre. Mais oublier c'était mieux. Le souci étant que l'oubli n'était que passager. Que ce soit après une longue et difficile journée de travail, ou après une dose d'ecstasy.
- Oui je comprends… et j'imagine que chaque dose augmentait car la précédente ne suffisait plus assez. Avez-vous déjà fait des overdoses ? Sans chercher à attenter à votre vie ? Je réfléchissais, toujours sans jugement, sentant que mon esprit était alors lui aussi attiré par cette chose malsaine qui ruinait la vie de mon patient. Ça aurait dû faire l'effet inverse, me rebuter, moi qui était la femme si parfaite. Peut-être trop parfaite justement. Le but était que je l'aide lui. Pas moi. Tout le moins, pas tout à fait. Les sourcils légèrement froncés, je reprenais. Votre solution pour ne pas devenir cinglé vous a rendu cinglé. Je souriais en coin. Quelle ironie. Puis je redevenais sérieuse, car la conclusion était là. Essayer de ne plus être. Disparaître. Persuadé par notre malédiction que nous ne manquerions à personne tant le mal être est puissant, tant l'esprit veut s'échapper du corps. Vous étiez donc en pleine possession de vos moyens lorsque c'est arrivé ? Je veux dire, vous n'étiez pas sous l'influence de la drogue ? Ou alors était-ce justement l'un de ces passages sombres de dépression à la suite d'une prise ? Ou encore, une vision trop intense et violente pour pouvoir la supporter même avec l'ecstasy ?
Quoiqu'il en soit, pour le moment, je taisais cette information, mon secret le mieux gardé. Depuis l'enfance, depuis que mes parents avaient essayé de me manipuler avec ça, j'avais mis un point d'honneur à n'en parler à personne. J'avais mis des années à le confier à Evan, car la folie m'atteignait. Je m'étais alors perdue corps et âme dans les études pour garder contenance, et le grand roux était mon phare dans la nuit. Or, en le perdant, j'avais aussi perdu ce repère. Alors lentement happée dans les profondeurs aquatiques et nébuleuses de mon esprit, j'étais devenue une âme errante. Travaillant uniquement parce qu'il fallait subvenir aux besoins les plus fondamentaux, comme manger. Tant bien que mal, j'essayais de garder la tête hors de l'eau.
Puis il était revenu, et la vie fut un peu plus douce… mais lorsque le poison a déjà atteint le cœur, il est difficile, voire impossible, d'en guérir totalement. Le mal est fait, et il restera toujours.
Mon regard métallique vint se poser sur le jeune homme, plein de compassion, tandis qu'un fin sourire étira ma fine bouche.
- Je vous conseille le sport mais à dire vrai, je n'ai jamais réussi à vraiment m'y mettre moi-même. Je cours de temps en temps mais ça reste rare… Instant de silence. Je me sers de mon travail comme excuse, encore une fois, pour prétendre que je n'ai pas le temps. Légère moue. Mon travail était mon excuse pour la globalité de mes fuites, des échecs de ma vie. Les potions sont un bon moyen de garder la tête froide et de rester concentrer, j'apprécie aussi énormément cet art. Être cheffe du service a ça d'avantageux, c'est que je dois constamment refaire les stocks. Regard entendu, étincelle amicale luisant dans l'iris grise, j'élargissais sensiblement mon sourire. Que faites-vous comme expériences avec les potions ? Après tout, cette information pouvait m'intéresser, et j'étais moi aussi une passionnée des potions. Puis, hésitante, je hasardais sur un point. Que diriez-vous d'essayer de s'encourager mutuellement ? Pour le sport.
C'était toujours plus facile à deux que tout seul n'est-ce pas ? Et si je pouvais garder un œil sur mon patient, je ferai une pierre deux coups (si ce n'était pas plus). Comme de fait, mon travail me hantait sans cesse, même lorsque je faisais des tentatives pour penser à autre chose et me sortir de ma folie à venir.
J'en venais même à parler de cette drogue qu'était mon travail par celle qui était à mon patient. Défaut commun même s'il n'avait pas le même visage, il en avait les mêmes racines. La même intention. Celui de ne pas nous faire sombrer dans la folie. D'occuper assez nos esprits pour qu'ils n'en viennent pas à s'engouffrer dans les images du futur qui nous étaient données de voir. Ne pas trop réfléchir. Essayer d'accepter ce qui était pour pouvoir continuer à vivre. Mais oublier c'était mieux. Le souci étant que l'oubli n'était que passager. Que ce soit après une longue et difficile journée de travail, ou après une dose d'ecstasy.
- Oui je comprends… et j'imagine que chaque dose augmentait car la précédente ne suffisait plus assez. Avez-vous déjà fait des overdoses ? Sans chercher à attenter à votre vie ? Je réfléchissais, toujours sans jugement, sentant que mon esprit était alors lui aussi attiré par cette chose malsaine qui ruinait la vie de mon patient. Ça aurait dû faire l'effet inverse, me rebuter, moi qui était la femme si parfaite. Peut-être trop parfaite justement. Le but était que je l'aide lui. Pas moi. Tout le moins, pas tout à fait. Les sourcils légèrement froncés, je reprenais. Votre solution pour ne pas devenir cinglé vous a rendu cinglé. Je souriais en coin. Quelle ironie. Puis je redevenais sérieuse, car la conclusion était là. Essayer de ne plus être. Disparaître. Persuadé par notre malédiction que nous ne manquerions à personne tant le mal être est puissant, tant l'esprit veut s'échapper du corps. Vous étiez donc en pleine possession de vos moyens lorsque c'est arrivé ? Je veux dire, vous n'étiez pas sous l'influence de la drogue ? Ou alors était-ce justement l'un de ces passages sombres de dépression à la suite d'une prise ? Ou encore, une vision trop intense et violente pour pouvoir la supporter même avec l'ecstasy ?
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Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Sam 23 Nov 2019 - 16:01
Petite bulle de calme et de paix qui se constitue autour d'eux ; Kiran parvient à oublier qu'il est dans une chambre d'hôpital, pendant un instant, et il peut faire semblant qu'il a juste une simple conversation avec quelqu'un ; c'est un meilleur état d'esprit que celui dans lequel il a été ces derniers jours. Croulant sous la culpabilité, quelque part un peu déçu de ne pas avoir réussi, aussi, ce qui ne fait qu'amplifier la culpabilité qu'il ressent. Il a toujours eu un comportement auto-destructeur, depuis la mort de sa soeur ; il s'est toujours senti responsable. Il l'a vu arriver, il aurait dû faire plus, arriver plus vite, ne pas demander l'autorisation de partir avant de quitter Poudlard, il aurait dû foncer tête baissée chez lui pour sauver sa petite soeur, mais non. Il l'a vu arriver, et il n'a rien pu faire pour arrêter cela. Poids de la culpabilité qui s'écroule sur lui, petit Atlas aux bras trop frêles pour tout tenir. Il s'est jeté dans la drogue en y voyant là la solution à tous ses problèmes, mais cela n'a fait que lui en créer plus. Le voilà maintenant avec une santé physique assez pourrie, et une santé mentale défaillante. Il est dans de beaux draps. La médicomage lui conseille le sport, mais lui avoue ne jamais avoir vraiment réussi à s'y mettre, utilisant le prétexte de son travail pour faire comme si elle n'avait pas le temps ; la procrastination est la pire ennemie de l'homme. La preuve : il a fallut qu'il en arrive au plus bas pour finalement décider de se prendre en main. Elle partage son intérêt pour les potions et est du même avis que lui, assurant que cela lui permet de rester concentrée. Quand elle lui demande quel genre d'expérience en potion il fait, un sourire enfantin apparaît sur le visage du jeune homme : "J'aime beaucoup faire exploser des trucs, et comprendre pourquoi ça a explosé. Déjà parce que les explosions c'est drôle, et ensuite parce que ça me fait apprendre plus de choses sur la façon dont les ingrédients interagissent entre eux." Fascination pour la destruction qui entre encore une fois en jeu. "Sinon, j'étudie les moyens de remplacer certains ingrédients par d'autres, tout en gardant les mêmes propriétés de la potion. C'est utile pour les gens qui ont des allergies." Petite Eleanor, allergique à certains ingrédients de potion, lui a inspiré l'idée. Un peu plus hésitante cette fois-ci, la médicomage lui demande s'il serait partant pour s'entre-aider pour le sport ; l'idée surprend Kiran, mais est loin de le rebuter. "Pourquoi pas ? Je m'y mettrai jamais tout seul non plus, autant se soutenir, ça éloignera un peu la flemme et la procrastination." Et puis, il imagine que les encouragements d'un médicomage sympathique sont plutôt motivant. Il a un bon pressentiment envers le docteur Eberhart.
Quand Kiran évoque ses problèmes de consommation d'ecstasy, la médicomage l'écoute avec attention, sans le moindre jugement dans son regard. Au contraire, il a le sentiment qu'elle comprend pourquoi et comment il en est arrivé là, et la sensation est tellement agréable, tellement différente de celle que d'autres peuvent avoir. Elle le questionne sur les overdoses, voulant savoir s'il en a déjà faite par le passé. Peu fier, il baisse les yeux. "J'ai déjà frôlé l'overdose plusieurs fois, mais jamais au point de finir à l'hôpital. J'en voulais toujours plus, alors je jouais avec la limite," souffle-t-il. Oh, il a déjà dû se forcer à vomir, il en a déjà pleuré, crié, il en a pété des plombs en frôlant ces overdoses, mais jamais ça ne l'a dégouté de la drogue, parce que c'était la seule solution qu'il lui restait, à ses yeux. La drogue est vicieuse ; défonce incroyablement agréable, mais redescentes et effets violents et douloureuses. Quand elle l'interroge sur son état d'esprit lors de son overdose et qu'elle émet des hypothèses, Kiran secoue la tête négativement. "Non, c'était rien de tout ça. Ca s'est passé par étapes. J'avais déjà commencé à réduire ma consommation depuis quelques semaines, et soudainement il y a eu une semaine où j'étais... agité. Surexcité, irresponsable, inconscient de ce que je faisais vraiment. Comme si j'étais sous ecsta, alors que j'avais rien pris d'autre que de la weed pour une fois. Après ça, c'est retombé, et d'un coup j'étais - et je suis encore un peu - déprimé au possible. Je suis quasiment pas sorti du lit pendant une semaine." Désespoir, tristesse profonde, manque d'énergie, il se sentait vide. Encore, un peu. "Un ami m'a poussé à sortir, à aller en soirée, c'est ce que j'ai fait, mais je suis parti tôt. En sortant, j'ai acheté une plus grosse dose que d'habitude, et c'est là que j'ai eu... envie d'en finir." Ce sentiment... Il voudrait ne plus jamais le ressentir. Cette profonde, horrible envie de disparaître. "Le plus étrange, c'est que cette idée m'étais jamais venue à l'esprit, dans mon état normal."
- InvitéInvité
Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Mar 26 Nov 2019 - 16:39
Le témoignage du garçon me touchait réellement, et là, au milieu de cette chambre d'hôpital que j'avais eu l'audace de soumettre à une illusion, j'avais, pour la première fois de ma vie, la sensation d'avoir trouvé mon reflet. Quelqu'un qui pouvait comprendre réellement ce que je vivais, ce que j'endurais au quotidien à cause des visions. Pour le moment, le jeu était inégal, car j'avais connaissance de son don de voyance alors que lui ignorait tout du mien. Toutefois trop habituée à me méfier, trop paranoïaque sur ce sujet, j'avais décidé de le taire au monde entier. Seul un être connaissait la vérité, une entité que je chérissais plus que tout au monde, et encore aujourd'hui. Ce phare dans ma nuit constante qui me permettait de ne pas me perdre. Car en son absence, j'avais erré. Hurlé. Crié. Pleuré. Je m'étais totalement abandonnée, au point qu'aujourd'hui, là, face à cet étudiant, assise dans les hautes herbes qui n'étaient pas réellement présentes, j'étais l'ombre de moi-même. Seulement trop perfectionniste, trop habile, je le cachais aux yeux du monde entier, surtout dans mon milieu professionnel. Qui voudrait d'une cheffe instable dans un des services les plus importants de l'établissement ? C'était pure folie.
Tout ce que je Blackthorn me disait, tout ce qu'il avait vécu, je l'absorbais, comme si je l'avais vécu moi-même. Mais le plus ironique dans cette situation était qu'en le hissant pour l'aider à sortir de son trou, je glissais dans le mien, de ravin.
Maitresse dans l'art de dissimulé ce que je pensais vraiment, je laissais un sourire amusé, et sincère, se dessiner sur mon visage.
- Tiens donc, c'est une passion que je connais à bien des personnes, de s'essayer à l'explosion des matières, surtout en potion. Connaissez-vous la pyrotechnie moldue ? Ils sont capables de produire de merveilleuses lumières, appelés feux d'artifice, avec certains composant. J'ai toujours trouvé cela fascinant. Et beau. Les feux d'artifice n'était pas quelque chose de méconnus chez les sorciers, toutefois je gardais un souvenir très marquant des premiers qu'il m'avait été donné de voir. Sans doute l'avais-je comparé à mes visions. Rapides, colorées, bruyantes, peu précises, puis disparaissant dans la nuit comme une trainée de poudre sans me laisser tout à fait indemne. Dans le fond, je suis certaine qu'avec des potions, il est possible d'avoir un rendu tout aussi notable, qu'en pensez-vous ? Fin sourire amusé, révélant ce côté taquin et joueur que je possédais en temps normal. Puis, le sérieux revint. Remplacer des éléments pour éviter des allergies est un art extrêmement exigeant. Je vous félicite de faire vos expériences là-dedans, je suis certaine que vous devez avoir des résultats tout à fait fascinant. Un jour peut-être, pourrais-je vous apprendre quelques clés à ce sujet. En bonne médicomage que j'étais, j'avais énormément étudié le sujet des allergies, et c'était quelque chose que je ne pouvais jamais négliger lors de l'exercice de mes fonctions. Concocter une potion avec un nouvel ingrédient pour avoir un résultat similaire relevait régulièrement de l'exploit. Cela demandait un doigté tout à fait habile, et peu de sorciers étaient capables d'y parvenir. Décidément, ce garçon me plaisait de plus en plus. Adoptant cette fois un air de défi, je vins lui tendre la main, attendant qu'il me la serre. Dans ce cas, faisons nous cette promesse de nous encourager une fois que vous serez remis.
Car il serait remis, foi d'Ariadne. Je n'allais pas laisser ce jeune patient à mal. Maintenant que j'avais fait davantage connaissance avec lui, ce qui en soit était une erreur, je ne pouvais plus rien négliger ni mettre de côté. J'allais consacrer tout le reste de mon temps libre à sa guérison et à sa remise en forme. Hors de question qu'il attente une nouvelle fois à sa vie. J'avais beaucoup trop d'intérêt personnel à le garder en forme, et surtout, de garder contact avec lui. J'avais l'étrange sensation que ce serait important aussi bien pour lui que pour moi.
Ainsi, le reste de son récit ne manqua pas de me toucher davantage. Cet état de déprime qu'il avait traversé, je l'avais moi aussi vécu, il y a des années de cela. Ayant mal supporté la vision de mon âme sœur dans les flammes, ne sachant plus si je me devais d'agir ou non, entre autre au risque de paraître pour folle, je m'étais simplement roulée en boule et je n'avais plus bougé. Essayant d'oublier ce que je venais de voir, la chaire brûlée et malmenée de son dos. Le fait qu'il avait failli mourir. Le fait qu'il avait été tout seul dans un hôpital moldu plutôt que sorcier. Aujourd'hui, je devais vivre avec les remords de n'avoir rien fait pour l'aider. J'étais obligée de contempler les traces dans son dos pour me rappeler maintes et maintes fois à quel point j'avais été en dessous de tout. À quel point j'avais fauté. À quel point j'étais inutile et mauvaise à sa vie.
Regard de métal soudainement voilé par mes pensées, par les regrets et ma profonde déception, je hochais lentement du menton tout en soupirant. Encore une fois, je comprenais si bien le garçon.
- Y avait-il une raison pour que ce jour-ci vous étiez dans cet état d'excitation ? Pourquoi l'envie d'en finir vous à traverser l'esprit à ce moment là ? Le fixant, toujours de mon regard devenu terne, j'esquissais un sourire un peu maladroit avant de continuer. Pardonnez-moi ces questions qui peuvent paraître indiscrètes et quelque peu brutales mais j'ai besoin de certaines réponses pour pouvoir vous guérir au mieux. Et pour comprendre ce qui se passait dans ma propre tête. Voyez-vous, cet état d'esprit, de dépression profonde je veux dire, puis l'envie de vouloir disparaître, en finir, se sentir inutile, voire de trop… ce sont des sentiments auxquels je dois faire face moi aussi, pour ainsi dire presque tous les jours. Je laissais échapper un petit rire ironique. C'est peut-être pour ça que je me suis tournée vers la médicomagie. Au moins ici, je me sens utile. Et les visions étaient si pratiques lorsque je voyais un blessé avant même qu'il n'arrive dans mon service. Seuls instants où j'appréciais cette malédiction considérée comme un don.
Tout ce que je Blackthorn me disait, tout ce qu'il avait vécu, je l'absorbais, comme si je l'avais vécu moi-même. Mais le plus ironique dans cette situation était qu'en le hissant pour l'aider à sortir de son trou, je glissais dans le mien, de ravin.
Maitresse dans l'art de dissimulé ce que je pensais vraiment, je laissais un sourire amusé, et sincère, se dessiner sur mon visage.
- Tiens donc, c'est une passion que je connais à bien des personnes, de s'essayer à l'explosion des matières, surtout en potion. Connaissez-vous la pyrotechnie moldue ? Ils sont capables de produire de merveilleuses lumières, appelés feux d'artifice, avec certains composant. J'ai toujours trouvé cela fascinant. Et beau. Les feux d'artifice n'était pas quelque chose de méconnus chez les sorciers, toutefois je gardais un souvenir très marquant des premiers qu'il m'avait été donné de voir. Sans doute l'avais-je comparé à mes visions. Rapides, colorées, bruyantes, peu précises, puis disparaissant dans la nuit comme une trainée de poudre sans me laisser tout à fait indemne. Dans le fond, je suis certaine qu'avec des potions, il est possible d'avoir un rendu tout aussi notable, qu'en pensez-vous ? Fin sourire amusé, révélant ce côté taquin et joueur que je possédais en temps normal. Puis, le sérieux revint. Remplacer des éléments pour éviter des allergies est un art extrêmement exigeant. Je vous félicite de faire vos expériences là-dedans, je suis certaine que vous devez avoir des résultats tout à fait fascinant. Un jour peut-être, pourrais-je vous apprendre quelques clés à ce sujet. En bonne médicomage que j'étais, j'avais énormément étudié le sujet des allergies, et c'était quelque chose que je ne pouvais jamais négliger lors de l'exercice de mes fonctions. Concocter une potion avec un nouvel ingrédient pour avoir un résultat similaire relevait régulièrement de l'exploit. Cela demandait un doigté tout à fait habile, et peu de sorciers étaient capables d'y parvenir. Décidément, ce garçon me plaisait de plus en plus. Adoptant cette fois un air de défi, je vins lui tendre la main, attendant qu'il me la serre. Dans ce cas, faisons nous cette promesse de nous encourager une fois que vous serez remis.
Car il serait remis, foi d'Ariadne. Je n'allais pas laisser ce jeune patient à mal. Maintenant que j'avais fait davantage connaissance avec lui, ce qui en soit était une erreur, je ne pouvais plus rien négliger ni mettre de côté. J'allais consacrer tout le reste de mon temps libre à sa guérison et à sa remise en forme. Hors de question qu'il attente une nouvelle fois à sa vie. J'avais beaucoup trop d'intérêt personnel à le garder en forme, et surtout, de garder contact avec lui. J'avais l'étrange sensation que ce serait important aussi bien pour lui que pour moi.
Ainsi, le reste de son récit ne manqua pas de me toucher davantage. Cet état de déprime qu'il avait traversé, je l'avais moi aussi vécu, il y a des années de cela. Ayant mal supporté la vision de mon âme sœur dans les flammes, ne sachant plus si je me devais d'agir ou non, entre autre au risque de paraître pour folle, je m'étais simplement roulée en boule et je n'avais plus bougé. Essayant d'oublier ce que je venais de voir, la chaire brûlée et malmenée de son dos. Le fait qu'il avait failli mourir. Le fait qu'il avait été tout seul dans un hôpital moldu plutôt que sorcier. Aujourd'hui, je devais vivre avec les remords de n'avoir rien fait pour l'aider. J'étais obligée de contempler les traces dans son dos pour me rappeler maintes et maintes fois à quel point j'avais été en dessous de tout. À quel point j'avais fauté. À quel point j'étais inutile et mauvaise à sa vie.
Regard de métal soudainement voilé par mes pensées, par les regrets et ma profonde déception, je hochais lentement du menton tout en soupirant. Encore une fois, je comprenais si bien le garçon.
- Y avait-il une raison pour que ce jour-ci vous étiez dans cet état d'excitation ? Pourquoi l'envie d'en finir vous à traverser l'esprit à ce moment là ? Le fixant, toujours de mon regard devenu terne, j'esquissais un sourire un peu maladroit avant de continuer. Pardonnez-moi ces questions qui peuvent paraître indiscrètes et quelque peu brutales mais j'ai besoin de certaines réponses pour pouvoir vous guérir au mieux. Et pour comprendre ce qui se passait dans ma propre tête. Voyez-vous, cet état d'esprit, de dépression profonde je veux dire, puis l'envie de vouloir disparaître, en finir, se sentir inutile, voire de trop… ce sont des sentiments auxquels je dois faire face moi aussi, pour ainsi dire presque tous les jours. Je laissais échapper un petit rire ironique. C'est peut-être pour ça que je me suis tournée vers la médicomagie. Au moins ici, je me sens utile. Et les visions étaient si pratiques lorsque je voyais un blessé avant même qu'il n'arrive dans mon service. Seuls instants où j'appréciais cette malédiction considérée comme un don.
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Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Lun 2 Déc 2019 - 17:40
Tandis qu'il discute et se révèle un peu plus à cette femme, Kiran se sent étrangement compris et entendu. Il se dévoile rarement, habituellement pudique sur ses sentiments; s'ouvrir à une inconnue tenue au secret médical est plus simple que se confier à sa soeur, ses amis, son amante. Besoin de se déverser, paroles qui ne tarissent pas ; la médicomage l'écoute avec attention, buvant ses paroles. Ils partagent peut-être tous les deux une certaine instabilité ; quelque chose de cassé, à l'intérieur, une rupture mentale. Elle aussi se confie un peu, là, dans la fausse herbe de la chambre d'hôpital parée d'illusions. Lorsque Kiran en vient à parler de sa passion pour les potions - et en particulier les explosions de ces dernières - la médicomage évoque la pyrotechnie moldue, art dont Kiran a déjà entendu parler, mais il l'avait jamais pensé à en reproduire les effets magiquement. Il faudrait qu'il aille voir l'un de ces fameux spectacle, là, comment ça s'appelle déjà ? Des feux d'artifice ! Peut-être qu'avec un mélange de magie et de potion, il serait possible de reproduire les effets de ces explosions colorées. Pourquoi est-ce que personne n'y a pensé avant ? "Il ne faut pas me donner des idées comme ça, doc, vraiment," dit-il, un petit sourire amusé aux lèvres en réponse à la proposition taquine du docteur Eberhart. Le sérieux reprend le dessus assez rapidement. "Les résultats sont assez étonnants parfois, et puis c'est un travail long par moment, mais j'adore ça. Je serais ravi d'en apprendre plus avec vous !" Les potions et lui, c'est une longue histoire d'amour. Déjà à Poudlard, il avait une affinité pour cette matière, affinité qui n'a fait que se développer en un véritable talent. C'est l'une des rares choses dont il est fier à ce jour ; s'il peut faire quelque chose pour devenir meilleur encore, ce serait volontiers. Quand elle lui tend la main avec la promesse de s'entraider, Kiran la serre dans la sienne franchement, ampli d'énormément de sympathie pour cette femme qu'il rencontre tout juste mais envers qui il a un très bon pressentiment.
Les confidences de Kiran semblent toucher la médicomage, quelque part ; son regard se voile d'une émotion que le jeune homme n'arrive pas entièrement à identifier. Compassion, compréhension aussi. Plus de questions sont posées, et cela pousse Kiran a réfléchir un peu plus sur son état, sous des angles auxquels il n'avait pas pensé. Y avait-il une raison à cette excitation soudaine ? Pas qu'il s'en souvienne, non ; à vrai dire, cette émotion est un peu arrivée de nulle part, et repartie aussi sec. Il ne se posait même pas la question de savoir si son état était habituel, à ce moment là ; il se sentait juste incroyablement bien. Et pour son envie d'en finir, eh bien... La douleur était tellement écrasante, si pesante, le poids de la vie semblait si lourd à cet instant, qu'en finir semblait la seule façon de s'en sortir sans souffrir. Raisonnement auquel Kiran ne croit pas lorsqu'il est dans son état normal. "Cet état d'excitation, c'était vraiment comme si j'avais pris de l'ecstasy. Je me sentais juste incroyablement bien, j'aimais tout le monde, j'avais des projets plein la tête ; je me sentais incroyablement libre et heureux, comme si tout était possible. C'est vraiment sorti de nulle part, et je me posais pas de questions." Fluctuation d'humeur étrange ; poignée de jours un peu tordus, bercés d'euphorie surnaturelle. "Quant à ma tentative... continuer de vivre me semblait juste insupportable, à ce moment-là. Le poids des choses était trop lourd, je n'en pouvais plus." Son coeur se serre encore lorsqu'il repense à ces émotions destructrices qui l'ont possédé pendant quelques jours, jusqu'à mener à une tentative de suicide heureusement manquée. La médicomage s'excuse pour ses questions indiscrètes, expliquant ensuite qu'elle aussi doit apprendre à gérer des pensées sombres, des moments difficiles ou plus rien ne semble avoir de sens. Kiran se sent soudainement compris par cette femme dans son entièreté ; elle l'écoute, ne le juge pas, et lui porte des conseils et des encouragements. "Je comprends." Et il se montre compréhensif envers elle, lui aussi, balle rendue à l'envoyeur. "Le problème, pour moi, c'est que je ne sais plus qui je suis. J'ai l'impression d'avoir trois personnalités à l'intérieur, et je sais plus qui est le vrai moi." Perdu dans sa propre tête. "J'ai l'impression de devenir complètement fou. Dites-moi, si tout ce que je dis n'a aucun sens." Il a l'impression de raconter des balivernes.
- InvitéInvité
Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Mer 11 Déc 2019 - 13:15
Mains serrées, promesse faite de s'encourager mutuellement, je fus touchée par ce petit instant entre nous. Il pouvait sembler n'être rien pour une personne extérieure, pour moi, cela comptait vraiment beaucoup. Sans y avoir songé un seul instant, je me sentais proche de ce garçon au final. Il était voyant, et son histoire ne pouvait que me toucher, que me concerner. Il était le reflet que je n'osais pas regarder de moi-même. Il était ce que j'aurai pu devenir, et que je risquais toujours d'être un jour. Sans cesse sur le fil d'Ariane, équilibriste oscillant entre la folie et la raison, poussée dans une direction ou une autre par mes visions. Ces présages que je contemplais, impuissantes. Certes, la plupart ne me concernaient pas, mais comment pouvais-je dire à l'un de mes patients que, une fois sorti des urgences, il retrouvera sa femme dans le lit avec un autre ? Comment pouvais-je dire au petit garçon de la huit que son père avait un cancer foudroyant et qu'il finirait dans un orphelinat avant la fin de l'année ? Comment pouvais-je dire à cette femme qu'elle était enceinte de son violeur et qu'elle allait détester son enfant pour ça ?
Que je me fasse traiter d'aliénée par les autres, cela m'importais peu dans le fond… mais par lui, ça me serait difficilement surmontable. Le pire étant qu'il avait failli prononcer ces mots, quelques mois plus tôt dans l'année.
Finalement, à bien y songer, j'étais très seule dans ma situation.
Alors, pouvoir serrer la main de mon patient, de connaître sa situation et de lui promettre de l'aider à aller mieux, de se jurer que nous nous reverrions… tout ça était d'un réconfort très particulier pour moi. L'envie de lui révéler que j'étais sa semblable me traversa l'esprit. Puis, je me souvins de la réaction de mes parents, des manipulations et des jugements. Instinct primitif qui me protégeais tant bien que mal des difficultés extérieures, car j'en avais assez à gérer comme ça. Je préférais taire l'information. Secret trop bien gardé.
Cependant, les confidences du jeune homme quant à son euphorie, puis sa tentative de suicide, pouvaient paraître pour le commun des mortels plutôt flous, étranges, sans fondement. Pour moi, c'était clair comme de l'eau de roche. Je le comprenais en tout point, tout le moins, j'avais la prétention de le penser. Il m'arrivait aussi d'avoir des sautes d'humeur de la sorte, qu'en général j'essayais de canaliser tant bien que mal derrière un tempérament davantage froid et austère. Encore une fois, mon travail me permettait un excellent contrôle de mes émotions, et c'était l'une des nombreuses raisons qui faisaient que je me tuais à la tâche. Perdre le contrôle, c'était justement prendre le risque de se perdre soi-même.
Opinant longuement du chef, là, assise dans cette herbe haute générée par la magie, je laissais mon regard gris se promener sur les collines qui se dessinaient là-bas au loin, avant de prendre tranquillement la parole.
- Si je comprends bien, votre tentative n'était donc pas pour vous tuer, pour mourir. Mais pour arrêter de vivre ? Reportant mon regard sur le garçon, ma question pouvait paraître étrange, voire saugrenue. Peu de gens pouvaient en comprendre le sens véritable. Il y avait une nuance entre ne plus vouloir vivre, et vouloir mourir. Une fine nuance, mais une nuance quand même présente. Dans ce cas précis, ne plus vivre ne signifiait pas mourir, ça signifiait de ne plus être présent. Comme plongé dans un coma. Mais puisque le désir du contrôle du corps reste présent, le coma n'est pas une solution. Ne plus vivre est une solution. C'était en réalité un état mental connu de bien peu d'individus, et ceux qui la ressentent sont ceux sur qui un destin terrible c'est acharné. Des victimes de viol par exemple. Lorsque vous parlez de poids des choses, est-ce que vous pensez aux différents malheurs que vous avez vécus ou à vos visions ? Ou les deux ? Car j'imagine que c'est intimement lié. Encore une fois, il y avait une différence à faire entre les visions et notre vécu. La frontière était mince, et garder du recul était difficile, voire impossible. Savoir ce qui va arriver à son prochain sans pouvoir le prévenir était une croix à porter, un poids constant sur les épaules. Pourtant des fois, j'avais la force de m'en délester… car les problèmes des autres n'étaient pas les miens. N'est-ce pas cruel de penser ainsi ? Si je suis autoritaire, je ne suis pas quelqu'un de cruel. Léger soupir, petite bise froide sur des pensées tout aussi glaciales, je reprenais non sans me débarrasser de mon sourire. L'air de rien. Ça a du sens. Tout du moins, je crois vous comprendre, et il y a sûrement une solution à tout cela, ou en tout cas, une situation légèrement plus confortable qu'une autre. Parlez-moi de ces personnalités, si vous le voulez bien.
Avait-il les mêmes que moi ?
Que je me fasse traiter d'aliénée par les autres, cela m'importais peu dans le fond… mais par lui, ça me serait difficilement surmontable. Le pire étant qu'il avait failli prononcer ces mots, quelques mois plus tôt dans l'année.
Finalement, à bien y songer, j'étais très seule dans ma situation.
Alors, pouvoir serrer la main de mon patient, de connaître sa situation et de lui promettre de l'aider à aller mieux, de se jurer que nous nous reverrions… tout ça était d'un réconfort très particulier pour moi. L'envie de lui révéler que j'étais sa semblable me traversa l'esprit. Puis, je me souvins de la réaction de mes parents, des manipulations et des jugements. Instinct primitif qui me protégeais tant bien que mal des difficultés extérieures, car j'en avais assez à gérer comme ça. Je préférais taire l'information. Secret trop bien gardé.
Cependant, les confidences du jeune homme quant à son euphorie, puis sa tentative de suicide, pouvaient paraître pour le commun des mortels plutôt flous, étranges, sans fondement. Pour moi, c'était clair comme de l'eau de roche. Je le comprenais en tout point, tout le moins, j'avais la prétention de le penser. Il m'arrivait aussi d'avoir des sautes d'humeur de la sorte, qu'en général j'essayais de canaliser tant bien que mal derrière un tempérament davantage froid et austère. Encore une fois, mon travail me permettait un excellent contrôle de mes émotions, et c'était l'une des nombreuses raisons qui faisaient que je me tuais à la tâche. Perdre le contrôle, c'était justement prendre le risque de se perdre soi-même.
Opinant longuement du chef, là, assise dans cette herbe haute générée par la magie, je laissais mon regard gris se promener sur les collines qui se dessinaient là-bas au loin, avant de prendre tranquillement la parole.
- Si je comprends bien, votre tentative n'était donc pas pour vous tuer, pour mourir. Mais pour arrêter de vivre ? Reportant mon regard sur le garçon, ma question pouvait paraître étrange, voire saugrenue. Peu de gens pouvaient en comprendre le sens véritable. Il y avait une nuance entre ne plus vouloir vivre, et vouloir mourir. Une fine nuance, mais une nuance quand même présente. Dans ce cas précis, ne plus vivre ne signifiait pas mourir, ça signifiait de ne plus être présent. Comme plongé dans un coma. Mais puisque le désir du contrôle du corps reste présent, le coma n'est pas une solution. Ne plus vivre est une solution. C'était en réalité un état mental connu de bien peu d'individus, et ceux qui la ressentent sont ceux sur qui un destin terrible c'est acharné. Des victimes de viol par exemple. Lorsque vous parlez de poids des choses, est-ce que vous pensez aux différents malheurs que vous avez vécus ou à vos visions ? Ou les deux ? Car j'imagine que c'est intimement lié. Encore une fois, il y avait une différence à faire entre les visions et notre vécu. La frontière était mince, et garder du recul était difficile, voire impossible. Savoir ce qui va arriver à son prochain sans pouvoir le prévenir était une croix à porter, un poids constant sur les épaules. Pourtant des fois, j'avais la force de m'en délester… car les problèmes des autres n'étaient pas les miens. N'est-ce pas cruel de penser ainsi ? Si je suis autoritaire, je ne suis pas quelqu'un de cruel. Léger soupir, petite bise froide sur des pensées tout aussi glaciales, je reprenais non sans me débarrasser de mon sourire. L'air de rien. Ça a du sens. Tout du moins, je crois vous comprendre, et il y a sûrement une solution à tout cela, ou en tout cas, une situation légèrement plus confortable qu'une autre. Parlez-moi de ces personnalités, si vous le voulez bien.
Avait-il les mêmes que moi ?
- InvitéInvité
Re: A matter of time ㄨft. Ariadne
Sam 28 Déc 2019 - 20:39
Pourquoi est-ce si facile de se sentir proche de cette femme ? Ils n'ont pourtant presque rien en commun, à première vue. Elle, médicomage semblant avoir sa vie bien prise en mains, et lui, étudiant paumé, drogué et probablement un peu fou. Quoique, il semble qu'ils partagent tous les deux ce début de folie, cette impression de perdre les pédales, lentement mais sûrement. Poignée de main signifiant peut-être le début de quelque chose de nouveau pour Kiran ; il faut qu'il se reprenne, qu'il apprenne à prendre soin de lui-même avant de sombrer définitivement. S'il ne le fait pas pour lui, qu'il le fasse au moins pour Ariadne, qui semble prendre à coeur, elle aussi, cette relation naissante. Il sent une connexion mystérieuse entre eux deux. Il a encore envie de se méfier un peu, de remballer toutes ses émotions et de les enfermer dans une petite boîte tout au fond de lui-même, mais avec les événements récents, il se rend compte que cela ne l'a pas aidé, au contraire. Kiran se sent complètement perdu, il a l'impression de ne plus savoir qui il est, de ne plus pouvoir se faire confiance. Peut-être est-ce pour cela qu'il se raccroche à la médicomage, cette femme qui semble si prête à l'écouter, à l'aider et l'accompagner. Et peut-être veut-il aussi l'aider elle, puisqu'elle ne comprend que trop bien ce qu'il vit. Peut-être qu'ils peuvent s'aider mutuellement. Kiran se sent moins seul avec elle, dans cette chambre d'hôpital, et avec cette promesse aussi.
Elle est une oreille attentive qui écoute et qui cherche à comprendre ; et puis, elle ne comprend que trop bien. Il se sent à l'aise dans ses confidences ; c'est plus facile de se confier à quelqu'un d'extérieur, quelqu'un qu'il connait moins. Kiran a toujours eu du mal à parler de ses problèmes à ses proches, ayant toujours l'impression de déranger, d'être un problème ; finalement, c'est en ne parlant pas qu'il a causé le plus de tord à ses frangins. Comment regarder Adalia et Sören dans les yeux, maintenant ? Comment ne pas culpabiliser en la présence de ses amis - Finn, Riley, Pina, Elena ? Avec Ariadne, c'est plus simple. Alors il parle. "Exactement. J'avais surtout envie de ne plus exister. Je pense que c'est un sentiment que je ressens depuis longtemps en fait - probablement depuis la mort de ma p'tite soeur." Eleanor, qu'il a voulu suivre dans la mort, pour se punir peut-être. Elle méritait la vie bien plus que lui. La médicomage continue de l'interroger, ses questions visant toujours juste, et Kiran s'efforce de prendre sur lui, rester calme, pour lui répondre de la façon la plus claire possible. "Ouais, les deux. Mes visions... J'ai toujours eu de sales expériences avec elles. Ca me donne l'impression d'avoir une immense responsabilité face aux différents futurs possibles. Et elles sont liées à la mort de mes parents, puis de ma soeur adoptive..." Il a besoin de faire une pause, à fleur de peau. Les larmes montent et il tente de les ravaler tant bien que mal. "J'ai jamais réussi à me pardonner de n'avoir rien pu faire. Excusez-moi," dit-il en essuyant du revers de la main deux pauvres larmes ayant réussi à s'échapper. Il parle si peu de ses choses que les évoquer font toujours remonter le deuil, les larmes, la souffrance. "Et j'ai toujours peur d'avoir à nouveau des visions menaçant la vie de mes proches ; alors quand je me suis rendu compte qu'une fois drogué, ces visions disparaissaient... J'me suis plongé dedans pour tout oublier. Faut croire que c'était pas assez, cette nuit-là..." Jamais assez. La souffrance est toujours là, au fond de son coeur.
Quand elle lui demande, un sourire paisible et compréhensif aux lèvres, d'expliciter ces trois personnalités dont il parle, Kiran a besoin d'un instant pour réfléchir et les identifier plus précisément. Trois personnalités pour une seule âme, il y a de quoi se perdre rapidement dans son cerveau. Commencer par la première, celle qu'il affiche tous les jours, est peut-être le plus simple. "Y a le moi que tout le monde voit le plus souvent, plutôt banal, un peu trop imbibé de drogues peut-être. C'est la personnalité la plus facile à gérer. J'suis normal, j'ai mes démons, j'ai mes qualités et mes défauts. Y a pas grand-chose à dire." Il est curieux, sociable mais réservé, paradoxal le plus souvent, ouvert d'esprit, flemmard mais travailleur lorsque ça l'intéresse. Et puis y a les deux autres, celles qu'il vient tout juste de rencontrer, celles qu'il ne comprend pas encore. Celles qui semblent sorties de nulle part. Par où commencer ? Par le début, lui murmure sévèrement une voix dans sa tête ressemblant étrangement à celle d'Aloysius Blackthorn, son cher papa. "Et puis y a une personnalité... surexcitée. Beaucoup trop à fond. Quand j'suis dans cet état je commence milles projets à la fois, j'oublie de manger, je dors pas pendant des jours, j'suis plus à vif. Plus colérique, plus rieur ; l'argent devient une futilité et je claque toute ma thune dans des conneries. J'me jette dans le travail, j'm'acharne dans mes projets... J'ai peur de rien. J'me sens capable de tout. J'ai vraiment l'impression que tout va parfaitement bien dans le meilleur des mondes, et que je suis invincible." Un peu comme s'il était constamment sous ecstasy pendant des jours entiers. Sauf que... "Sauf que cette personnalité est toujours suivie de la dernière. La dépressive. Celle qui voit tout en noir, qui n'a plus d'énergie pour rien ; plus rien n'a de couleur, plus rien n'a de sens, et quand j'suis comme ça j'ai juste envie de disparaître. C'est quand j'étais dans cet état que j'ai fait mon overdose." Quand il en parle, comme ça, il a l'impression que tout ce qu'il dit n'a aucun sens. "Alors ? Vous pensez que c'est grave, docteur ?" demande-t-il avec une pointe d'humour, pour tenter d'alléger le sujet devenu peut-être un peu trop lourd à son goût.
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