- InvitéInvité
[terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Sam 21 Déc 2019 - 15:31
Souvenirs amers
La neige tombe depuis que j’ai ouvert les rideaux tôt ce matin, la nuit fût courte et difficile, des images me sont revenus comme tous les ans à cette période de l’année, lorsque ce jour si peu désirée est arrivé. Ça n’est pas une journée réjouissante pour nous tous, le domaine est comme éteint malgré les décorations qui ornent les couloirs et les hauts plafonds de la demeure familiale. Cette période, était de loin la préférée de mon père, il aimait l’odeur crépitant du feu de cheminée et ce moment de satisfaction lorsqu’il prenait place sur son fauteuil préféré, scotch de plus de trente ans d’âge à la main et observer le bois se laisser happer par le feu. Il aimait nos échanges, nos rires durant les repas, raconter des anecdotes et nous écouter parler des mois passés dans nos écoles respectives. Il pouvait passer des heures à nous regarder lui faire démonstrations de notre magie et des sorts nouvellement appris. Il écoutait sans sourciller ma mère perdue dans un monologue incessant sur sa manière d’aborder telle pratique de la medicomagie. Il aimait regarder nos réactions lors des ouvertures des cadeaux le matin de noël. Il attendait les premières neiges pour que nous marchions à ses côtés pour entendre le crissement de la neige sous nos pas. Lorsque nous étions petit, nous pouvions passer des heures dehors à faire des bonhommes de neige dans le parc. Nous ne rentrions que lorsque nous avions les lèvres bleues. Il attendait notre retour avec impatience et nous n’avions qu’une hâte, le revoir. Mais ce qu’il aimait par-dessus tout, était de décorer le sapin, c’était une tradition familiale, une institution dans sa famille. L’homme de la maison devait finir par mettre en sommet, l’étoile ancestrale, transmise de génération en génération depuis le premier sapin du domaine. Mon père y tenait et nous attendait chaque année pour que nous le fassions ensemble. Cette année et depuis sa mort, William n’a jamais voulu prendre le relais, le nouveau comte de Cornouailles, le nouveau chef de notre famille n’a pas encore tourné la page de la mort de notre père. Comme je le comprends. La page, je la tourne difficilement sans forcément en terminer le livre et je sais que jamais il ne se fermera. Mon père sera à jamais avec nous, dans notre vie, notre cœur et sa mort fût autant un choc qu’elle fût instantanée. Personne ne s’y attendait, personne n’était préparé, personne ne s’est complètement remis.
Le domaine plongée dans une pénombre, je le quitte, rabattant l’imposante capuche de ma cape carmin, ma préférée, celle que m’avait offerte mon père lors de l’ultime noël à ses côtés. Vêtue d’un pull en grosse maille blanche, d’un pantalon noir et des bottes sombres sous ma cape que je me rends sur la tombe de James Gordon William Lewis. Enterré près des siens dans le cimetière familial près de la chapelle du domaine, je pousse le portail grinçant par les années et marche l’allée centrale allant jusqu’au bout pour contourner par la gauche. Les tombes sont recouvertes par la neige qui n’a cessé de tomber aujourd’hui, les noms sont recouverts, si quelqu’un se rendait ici pour la première fois, elle s’y perdrait. Mais je sais exactement où il se trouve et j’arrive justement à sa hauteur. Des fleurs sont couvertes de neige, je souris tristement, elles sont encore fraîches, j’ignore si ce sont ma famille où les membres du personnel qui se sont rendus ici. Il était fort apprécié, respectueux, galant, poli, souriant, jamais un mot plus haut que l’autre, je n’ai jamais entendu, surprise une discussion parler de manière négative sur sa personne. Il est regretté et je sais que certains le pleure encore. Je fais partie de ces personnes. J’ai appris à aller de l’avant, à continuer ma vie, à réapprendre à vivre sans lui mais il restera toujours un vide. Je ne peux revenir au domaine sans avoir le ventre noué, sans avoir envie de pleurer. Certains trouveront cela bête, pleurer son père trois ans après sa mort et ne pas réussir à passer à autre chose mais j’aimerais rencontrer quelqu’un qui a réussi à passer outre. Nous continuons à vivre certes mais le vide est là, présent constamment. J’ai beau étudier, dessiner, voyager, travailler, aimer, j’ai toujours une pensée pour mon père et savoir ce qu’il en aurait pensé. Et c’est justement en pensant à cela que je me dis qu’il n’aurait pas aimé me voir de la sorte. Alors dans ces cas-là, je prends sur moi, ravale mes larmes et continue ma vie d’étudiante complètement perdue entre celui que j’aime mais que je m’efforce d’oublier et celui qui me donne envie d’aimer de nouveau…Je ne sais quoi faire…ce que j’aurais aimé qu’il soit présent en cet instant pour m’aider, me guider, me conseiller. Il savait trouver les mots justes pour me consoler, ses paroles pleines de sagesses et d’espoir. C’était un éternel romantique, fou amoureux de ma mère, de la vie, passionné et bon vivant. Il disait que l’amour valait la peine d’être connu car pour trouver le bonheur, il fallait risquer le malheur. S’il l’on veut être heureux, il ne faut pas chercher à fuir le malheur mais plutôt et surtout, comment et grâce à qui, l’on pourrait le surmonter. Je souris tristement, il m’avait donné ce conseil lorsque nous avions annoncé nos fiançailles à Gabriel et moi, il était heureux…J’essuie une larme sur ma joue et dépose le bouquet de rose blanche sur le sol contre la pierre tombale. Je regarde dans le vide, ne sachant quoi dire…des milliers de questions que j’aurais aimé lui poser… que m’aurait-il dit ce soir devant la cheminée ? Quel aurait été son avis sur ma vie en ce moment ? Serais-je encore avec Gabriel ? Aurait-il aimé Robin ou apprécier Kashmiri ? Je n’aurais jamais la réponse à ces question…
@William Lewis
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Mar 31 Déc 2019 - 21:06
Les milliers de souvenirs enfouis entre ces murs froids me serrent le cœur. J’erre dans les couloirs sombres du manoir, sans prendre la peine d’allumer les lumières. Ça ne sert à rien. Illuminer les pièces ne ferait qu’accroître l’illusion que Mère se tue à faire vivre, l’illusion que rien n’a changé, que tout est pareil. Que tout va bien.
Mais rien ne va, Mère. Le domaine est vide et glacial depuis qu’il est parti. Nous sommes partis, aussi, pour des raisons différentes, pour construire nos avenirs. En vacances, il nous arrive de revenir. Lui ne reviendra jamais, et son souvenir hante les pierres, oppressant nos âmes lésées malgré les années passées.
Je ne peux me résoudre à regarder dans son bureau. Trois ans qu’il est parti, et je suis toujours incapable de franchir cette porte. Elle est là, pourtant. Devant moi. Il suffirait de tendre le bras pour actionner la poignée, et le reste se ferait tout seul. Mais c’est dur, trop dur. Les larmes me montent aux yeux à cette simple pensée, et je serre les mâchoires avant de faire demi-tour, tête baissée.
Sans m’en rendre compte, mes ongles s’enfoncent dans mes paumes alors que ma rage se réveille douloureusement. C’était marrant de jouer aux fils de Comte, à Poudlard, hein. De se pavaner comme si les lieux m’appartenaient, parce que même mon sang que certains qualifiaient d’impur restait noble. C’était chouette de se dire qu’on n’était pas comme les autres. Ouais, vachement chouette de finir au haut rang de Comte si jeune. Mes camarades me regardaient avec des étoiles dans les yeux, jaloux de mon statut. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que ce putain de statut, je l’échangerais volontiers contre un dernier jour avec Père.
Je déglutis difficilement, tentant tant bien que mal de chasser ces sombres pensées de mon esprit. Un regard à la fenêtre m’apprend que la neige ne s’est toujours pas calmée. Soupirant, je m’approche de la vitre, mon regard se perdant parmi les flocons. Ça aussi, ça fait mal. La neige, les flocons, le temps hivernal. Ça ravive beaucoup trop de souvenirs.
Une silhouette attire soudain mon attention. Kate sort du manoir, emmitouflée dans sa cape préférée. Non sans pousser un ultime soupir, je me résous à enfiler un gros pull à col roulé par-dessus ma chemise, avant de chausser mes bottes noires et de mettre mes gants en cuir. Je la laisse prendre un peu d’avance pour qu’elle puisse avoir son moment d’intimité, puis je me mets en route à sa suite. C’était contre-productif de rester ruminer entre ces murs, autant aller rendre visite à la raison de nos peines.
J’arrive silencieusement aux côtés de ma sœur. Sans un mot, je passe un bras autour de ses épaules et dépose un baiser sur le haut de son crâne. J’ai horreur de la voir comme ça, alors je pose les yeux sur la pierre tombale, refusant de regarder son visage. Je ne veux pas lire la détresse dans ses prunelles autrefois animées d’une lueur pleine de vie. J’en suis incapable. Alors, doucement, j’ouvre les lèvres, serrant légèrement son épaule pendant que je lui adresse calmement quelques mots :
- Tu as le droit de pleurer, tu sais. Ça ne sert à rien de tout garder à l’intérieur.
Si je ne peux la regarder dans les yeux pour l’instant, je suis prêt à la prendre dans mes bras et à la serrer aussi fort qu’il le faut. Je suis prêt à sécher ses larmes et à lui promettre des jours plus heureux à venir. Je suis prêt à l’écouter parler pendant des heures, si ça peut soulager son cœur. Je ferais n’importe quoi pour elle, tant qu’elle ne me transperce pas l’âme de son regard éteint.
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Mar 7 Jan 2020 - 21:55
Souvenirs amers
Une chaleureuse accolade me sort de mes pénibles et sombres pensées. Je ferme les yeux pour apprécier ce moment que j’avais silencieusement besoin. Nullement besoin de se poser la question quant à l’identité de la personne, il n’y a que lui pour être ainsi avec moi, distant et présent en même temps. Respectant cette conversation muette avec notre père. Soudainement dénuée de force, je me laisse aller aux bras de mon précieux petit frère. Cet être si important dans ma vie qui devient davantage un homme au fil des semaines et des mois…Notre père aurait été si fier de lui j’en suis certaine. J’ouvre les paupières pour le regarder, passe ma main sur sa chevelure de jais en bataille et lui souris doucement.
- Je l’ai tant de fois pleurer…Ce soir j’aimerais pouvoir seulement parvenir à les retenir rien qu’un peu.
Je laisse échapper un profond soupire, L’heure n’est plus à la tristesse mais simplement à la nostalgie. Nous aurions dû passer d’autres moments auprès de lui, avoir davantage de conversations, échanger des rires, des incertitudes. Nous aurions dû avoir encore pour des années, notre père à nos côtés. Au lieu de cela, nous devons avancer avec des souvenirs, des choses de lui que j’espère resteront intactes. Je sais que la mémoire fini par effacer des souvenirs lointain au fil des années, est-ce que cela voudrait dire qu’au fil du temps, je ne saurais plus la voix qu’il avait ? Aurais-oublié son rire si communicatif ? Probablement…
Une boule rougeâtre similaire à la couleur de feu, apparaît devant nous, me tirant une nouvelle fois de mes pensées, l’esprit vif, je fronce des sourcils, tire Will derrière moi dans un instinct de protection et sors rapidement ma baguette. Ma main se baisse aussitôt. Je reconnais ce qui apparaît devant nous et pour cause, je l’ai vu tant de fois auprès de son maître, un animal mystérieux, recherché, fascinant. Flamera, le phénix de Robin Pennyworth… Je suis dans l’incompréhension totale, je range ma baguette et regarde autour de moi.
- Flamera ? Robin est avec toi ?
A ma question, les ailes du phénix se déploient en une centaine de plumes formant un arc de cercle. Une autre boule de feu fait son apparition laissant place à un objet que je rattrape par reflex ne sachant pas si l’objet est fragile ou non. J’ouvre mes mains et ma respiration se coupe, mon cœur fait un raté et mon ventre se tord de douleur en une fraction de seconde. Non…l’objet n’est pas fragile…protégé d’un écrin en velours rouge, je sais ce que contient cet objet et c’est pour cette raison, que je ne compte pas l’ouvrir. J’ai un mal fou à respirer, à bouger, à quitter mes yeux cet objet qui renferme une chose précieuse et qui aurait dû m’appartenir réellement, qu’elle soit fièrement à mon annulaire gauche, mais au lieu de cela, elle va rester ici, enfermer jusqu’à ce que je trouve un endroit où la laisser…Je ravale difficilement ma salive et mes épaules s’affaissent, je relève doucement les yeux, je n’ai même pas remarqué le départ du phénix…Mais pourquoi ? Pourquoi me l’offrir maintenant ? Nous ne sommes plus ensembles…pourquoi….je secoue la tête, dans l'incompréhension totale, je suis perdue...
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Lun 13 Jan 2020 - 19:05
Ma sœur soupire profondément ; un regard vers son visage las m’indique qu’elle se perd peu à peu dans ses souvenirs. Ne souhaitant pas briser ce moment, je me contente de resserrer légèrement mon étreinte et laisse ma tête reposer contre la sienne. Silencieux, je contemple la pierre tombale, m’empêchant d’imiter Kate qui semble rejoindre Père dans ses pensées. Je me fais alors la promesse de rester fort autant de temps qu’il le faudra pour qu’elle puisse exprimer sa faiblesse librement, sans crainte.
Mais un événement inattendu vient rompre cette intimité. Une boule surgit dans les airs, et Kate me tire aussitôt derrière elle, dégainant sa baguette. Je cligne des yeux d’incompréhension, observant la boule écarlate prendre la forme d’un oiseau majestueux aux plumes d’or et de feu. Serait-ce… un phénix ?
L’interrogation de Kate confirme mes doutes. L’invité imprévu n’est autre que le phénix de Robin. Je tourne la tête, cherchant son maître du regard. Serait-il venu se recueillir auprès de celui qui aurait pu être son beau-père ? Il ne l’a pourtant pas connu, cela n’aurait pas de sens… Se serait-il seulement souvenu de la date ? Chercherait-il à réconforter son amour perdu ?
Mes questions restent suspendues, alors que je constate que nous sommes toujours seuls. Pas de Robin à l’horizon. Reportant mon attention sur ma sœur, je remarque qu’elle tient un écrin entre ses doigts, visiblement apporté par l’oiseau. Un écrin de velours, aussi rouge que le phénix… Je lève les yeux vers Kate – elle semble perdre pied. L’oiseau nous a laissés, tous les deux, avec cet écrin. Que voulait-il qu’on en fasse ?
- Hey, Kate, hey…, je murmure en me plaçant face à elle.
Doucement, je lui prends le boîtier des mains et le glisse dans ma poche, sentant une once de colère naître au creux de mon ventre. De quel droit Robin s’immisce-t-il dans la vie de Kate pour lui donner ce bijou ? Pour qui se prend-il, à débarquer ainsi, pas même en personne, le jour de l’anniversaire de mort de notre Père ? Ne pense-t-il pas que Kate a assez d’émotions à gérer sans qu’il ne vienne foutre son nez au milieu de tout ce bordel ? Et surtout, surtout, ne peut-il pas la laisser en paix alors qu’elle essaye comme elle peut de passer à autre chose, d’avancer, de refaire sa vie ?
Je prends délicatement ma sœur dans mes bras et glisse une main dans ses cheveux. Si j’appréciais Robin pour tout le bien qu’il lui a fait, à ce moment, je lui en veux. Je lui en veux de venir gâcher notre deuil, je lui en veux de bouleverser ma sœur qui tente de poursuivre sa route.
- Je suis là, Kate. Je suis là et je ne le laisserai pas gâcher ton présent. Je te le promets.
Sur ces paroles, je la serre contre moi, couvrant de baisers le haut de son crâne. A la rentrée, j’irai dire deux mots à mon cher professeur.
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Lun 27 Jan 2020 - 14:44
Souvenirs amers
Je ne pleurerais pas. Il ne le mérite pas. Pas ce soir. Je sais au fond de moi qu’il n’a pas choisis exprès ce jour pour offrir cet écrin. Et pourtant, je suis en colère, j’ai envie de lui en vouloir, de lui hurler dessus, sur sa gueule d’ange descendu tout droit du paradis. J’ai envie de marteler son corps de mes poings, lui faire siffler les tympans de ma voix, j’ai envie qu’il me laisse. Prendre cette décision, celle de continuer ma vie sans lui, de mettre un terme définitivement à notre relation, n’était pas prise à la légère, ce n’est pas un caprice ou une façon masquée pour qu’il me court après. Je me protège tout simplement. Egoïstement, je ne veux plus souffrir dans une relation qui n’a plus lieu d’être et qui n’a pas d’avenir. Nous deux, lui et moi, Robin et Katherine…
- C’est…terminé, murmurais-je
Je ne suis l’ombre de moi-même en face de la pierre tombale de mon père. Un homme que j’ai tant aimé, qui restera en moi toute ma vie mais qui appartient au passé. Mais à présent, les bras de celui qui m’enferme dans son amour fraternel et mon présent, mon avenir, celui pour qui je donnerais tout. Perdues dans mes pensées, perdues dans mes interrogations, je n’étais plus auprès de lui. Mais à présent, j’entoure son corps à mon tour et bois ses paroles rassurantes. Si jeune et pourtant si mature, l’étais-je à son âge ? Je ne sais plus. Je ne parviens plus à réfléchir, trop d’émotions aujourd’hui…
- Heureusement que tu es là, Will dis-je non sans une émotion au fond de ma gorge.
Je resserre mon étreinte. Je ferme les paupières et profite de cet instant de complicité que nous partageons. Ce moment fort entre un frère qui prend soin de sa grande sœur. C’est à moi pourtant de prendre soin de lui. C’est moi l’aîné, celle qui doit montrer l’exemple. Je fais tout le contraire. Je prends la fuite, mets un terme à mes fiançailles, me mets en couple avec un homme plus âgé et maintenant…je profite de l’instant présent dans les bras d’un homme au quel je m’attache bien plus que je ne veux le croire. Ce n’est pas le moment d’en parler à mon confident, je suis bien trop perdue dans une vie sentimentale chaotique. Tout était plus simple avec Gabriel.
A cette réflexion, j’ouvre de nouveau les yeux et mets un terme à notre accolade. Je luis souris. Tentant de donner le change. Mais il me connaît bien trop, ce petit bout d’homme devenu grand. Je souris, taquine, je passe ma main dans sa chevelure de jais. C’est notre différence. Sa ressemble à s’y méprendre avec notre père, la forme des yeux, la couleur des cheveux, la forme du visage, sa taille, son physique, ce que moi je partage avec ma mère, le visage, les cheveux, la couleur des yeux, que nous avons en communs will et moi. Je reprends l’écrin qu’il avait glissé dans sa poche et regarde l’objet non sans une pointe d’émotion au fond de mon ventre.
- Je lui trouverais une place pour tenter d’oublier. Ça ne sera pas évident et il ne me facilite pas la tâche. Mais je vais y parvenir.
Le croiser en cours, dans les couloirs, répondre, participer, donner le change, prendre sur soi. Mère serait fière de sa fille rebelle, prendre en compte l’éducation de la bourgeoisie que j’ai tant détestés enfant. Garder ses émotions, les figer, dévoiler aucunes faiblesse, posture droite, menton levé. Être une poupée de cire, ne m’intéressais pas. J’aimais sourire, me laisser glisser sur la rampe de l’escalier principal, courir, rire à gorge déployé, danser, froisser mes robes, entrer sans frapper, faire rire mon frère pendant ses leçons, faire du galop avec lui. Vivre tout simplement. Et maintenant ? Maintenant je vieillie et j’ai tout simplement envie de souffler, mieux respirer mais continuer de m’amuser ? J’ai un petit rire. J’ai soudainement une idée, farfelue étant donné le lieu…
- Frangin, on danse ?
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Mar 17 Mar 2020 - 21:53
Je l’écoute en silence, alors qu’elle exprime sa gratitude, ses doutes, sa détermination à tourner la page. L’émotion fait trembler sa voix, mais je ne dis rien et me contente d’attendre que la vague passe, que la chaleur du moment se tarisse. Elle est forte, Kate. Toujours à se relever, peu importe ce que la vie lui met dans les genoux. Des fois, je me demande si elle se relève vraiment, ou si elle ne fait pas juste semblant pour me rassurer. Mais qu’elle fasse semblant ou pas, elle a déjà la force de se tenir droite, la tête haute, et de poursuivre son chemin malgré toutes les blessures.
Alors, quand elle se met à rire et que ses prunelles étincelantes croisent mon regard, je fronce les sourcils et lui souris en retour, attendant une énième proposition imprévisible de sa part. Proposition qui ne tarde pas à venir, me faisant pouffer légèrement. Mais soit, tout ce qui pourra lui remonter le moral me convient.
Je lui prends une main pour l’attirer contre moi, mon autre paume se posant délicatement sur son dos.
- Dansons, accepté-je d’une voix douce.
Lentement, je fais balancer mon corps au rythme d’un vieil air perdu dans ma mémoire. J’esquisse quelques pas, faisant abstraction du lieu morbide dans lequel nous nous trouvons, entraînant ma sœur avec moi. D’un geste, je la fais tourner et la rattrape, légèrement, paisiblement. Le temps semble s’être arrêté autour de nous, uniquement bercé par une mélodie silencieuse, mais mes pensées me rattrapent, et je me souviens soudainement d’une discussion que je m’étais promis d’avoir. Mais était-ce seulement le bon moment ?
- T’aurais pas envie de partir d’ici ? je chuchote. Aller boire un coup, quelque part. Une bière, ou un thé, j’ajoute en riant doucement.
Malgré moi, je ne pouvais me résoudre à évoquer ma récente décision devant la tombe de Père. Comme si, quelque part, j’avais peur qu’il revienne me hanter pour me dissuader d’aller au bout de ma réflexion. J’avais besoin d’en parler à Kate – je le lui devais. J’espérais seulement qu’elle serait plus compréhensive que le fantôme de mon géniteur…
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Mer 8 Avr 2020 - 14:36
Souvenirs amers
Mon père aimait nous voir danser il disait que ça lui permettait de penser à autre chose que ses obligations que son titre lui incombait. Plus petit, Will venait sur mes pieds lorsqu’il n’était pas encore assez grand, je souris doucement, ça fait partie des doux souvenirs d’enfance. Mon père assis sur son fauteuil près du feu, ma mère installée à son bureau en train de prendre des notes, mon frère et moi qui tentions par tous les moyens d’enfants de les distraire de leurs problèmes d’adultes.
Aujourd’hui, avec du recul, je sais que ma mère se noie dans le travail plus encore qu’avant, pour éviter de penser au manque que l’absence de mon père lui inflige. Je lui ai reproché bien des années à de nombreuses reprises son manque de temps envers nous, sa froideur et le manque d’affection que j’éprouvais. Elle n’avait d’yeux que mon père, je suis certaine qu’elle n’a eue des enfants uniquement dans le but de lui faire plaisir. C’est une des raisons pour lesquelles je me refuse d’avoir des enfants. J’aurais probablement la même attitude qu’elle, je ne peux pas infliger cela à un enfant qui n’a rien demandé.
Les bras de mon frère me font un bien fou, j’ai de nombreuses pensées négatives, cet écrin enfermé dans mon sac pour ne plus y bouger. Un cœur qui tambourine bien trop fort, des sentiments bien trop présents, une rancœur tenace, une amertume, une rancune qui s’accroche. Ce que j’aimerais m’en débarrasser, tout serait plus simple mais…c’était trop tôt, il n’aurait pas dû me l’envoyer. Pas ce jour, pas maintenant, pas comme ça. Les mots de mon frère me font sourire.
Nous achevons une ronde dans le silence. Danser, ici, n’était probablement pas approprier, mais qu’importe, qui, ici nous jugera…Je tape le torse de mon frère. Et lui souris. Il a grandi, ce petit frère qui ne l’est plus vraiment en termes de taille. Je passe ma main dans ses cheveux que j’ébouriffe doucement. J’ai toujours aimé le faire lorsque le volume de ses cheveux me le permettait. Mais il a raison, nous devons ailler ailleurs. Notre père ne voudrait me voir ainsi.
- Un bon scotch trente-cinq ans d’âge fera l’affaire.
Avec ce froid, ce jour maudit, ce qu’il vient de se passer, je ne me contenterais pas d’une tisane ou d’une boisson sucrée.
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Mar 5 Mai 2020 - 11:03
Malgré moi, je ris à sa réponse. C'est qu'elle ferait presque vieille femme avec son scotch !
- Excusez-moi, Madame a des goûts de luxe, je plaisante, toujours dans l'idée de détendre l'atmosphère.
Je passe une main dans mes cheveux pour les remettre en place - à quoi bon, elle n'arrêtera jamais de me décoiffer... Et il faut dire qu'avec mes gants, ce n'est pas chose aisée. J'abandonne aussitôt, avec une petite moue adressée à ma sœur, condamnant sa tendance à me traiter comme l'éternel petit adolescent qu'elle souhaite que je reste. Mais le petit Willou a grandi, tu sais ?
Je lui tends mon bras pour qu'elle s'y agrippe, avant de sortir ma baguette de la poche de mon jean.
- Allons donc célébrer notre première cuite entre frère et sœur ! Me regarde pas comme ça, j'ai le droit maintenant.
Je lève les yeux au ciel en riant doucement, mais je ne lui laisse pas le temps de m'embêter davantage : une fois que sa main entoure fermement mon bras, je transplane pour nous emmener devant un bar situé dans un village proche du manoir.
- Avant que tu m'interroges, oui, je connais ce bar. Et si tu veux savoir comment, tu n'as qu'à me faire boire pour me faire parler ! Allez, après toi.
Dans un élan de galanterie, je lui tiens la porte du pub. La douce odeur de bois et de bière me chatouille les narines, mais une petite boule d'angoisse se forme lentement dans ma poitrine alors que j'appréhende la suite de cette soirée. Parler à Kate n'a jamais été un problème, et je sais qu'elle ne portera aucun jugement. Elle ne veut que mon bien, après tout... Mais est-elle seulement prête à accepter que son petit frère souhaite enfin s'émanciper ?
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Mer 5 Aoû 2020 - 10:11
Souvenirs amers
Je fais mine de parler avec mes mains lorsqu’il me dit avoir des goûts de luxe, cause toujours tu m’intéresse petit frère. Je retiens un petit rire lorsqu’il tente en vain de se coiffer de nouveau. Je sais qu’il n’apprécie pas particulièrement que je fasse cela. C’est plus fort que moi, j’aime l’embêter, ça sert à ça les sœurs, non ? Curieuse de savoir où il compte m’amener, je lui prends son bras et transplanons vers le bar non loin de Nampara. Ce bar me rappel de vieux souvenirs. Je n’allais pas lui poser la question, tous les jeunes du coin vont ici quel que soit la statue sociale. Je lui pince difficilement les côtes avec la couche que nous portons, mais l’intention y est. Nous passons la porte, -moi la première avec la galanterie de mon cher frère- et salut d’un sourire le même barman affairé à faire briller les verres. Toujours la même chemise tâchée et la même longueur de barbe, est-ce qu’il arbore toujours sa queue de cheval qui lui donne un air de petit rat des champs ?
- Je ne veux pas forcément savoir comment, mais avec qui ?
Regard faussement intriguée par-dessus mon épaule, je tente de faire bonne figure sur un jour noir. Ne plus penser à cet écrin de malheur et a rire et sourire pour mon père comme il aimait nous voir. Nous nous installons au bar et je regarde Jerry.
- Comme d’habitude, merci.
Il ricane et sort de son bar pour emprunter une porte étroite –où je n’étais même pas certaine qu’il puisse passer- et regarde Will.
- J’ai fait mes armes ici, tu sais. Gabriel ou bien Rose pourraient te raconter des choses à ce sujet.
En réalité, j’ai fait plus de beuverie en Ecosse dans le village natale de notre mère, mais je vais taire ces anecdotes, pour le moment, je ne suis pas une wright pour rien après tout. Jerry revient avec mon verre de scotch, que je remercie d’un sourire, il baragouine quelque chose dans sa barbe « tu n’as pas changé » il me semble, je regarde mon frère, hausse les épaules.
- Alors petit frère, comment se passe ta première année à Hung ?
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Jeu 13 Aoû 2020 - 19:19
J’adresse un sourire empli de malice et de mystère à ma sœur. Ah, si elle savait… Non, en vrai, je fais le malin, mais je suis assez sage, comparé à certains de mes camarades.
On s’installe, et le barman s’empresse de prendre notre commande. Et alors qu’elle demande son habituelle boisson, je la regarde avec des yeux ronds, retenant un rire.
- Une pinte de blonde pour moi, s’teuplait.
Et alors qu’il s’en va, je me retourne vers ma sœur.
- Tu représentes combien de leur chiffre d’affaires, pour qu’on connaisse tes habitudes ? je plaisante.
- J’ai fait mes armes ici, tu sais. Gabriel ou bien Rose pourraient te raconter des choses à ce sujet.
- Ouh, des dossiers ! J’irai me renseigner, je menace, hilare.
Il y a tout un pan de Kate que je ne connais pas. Déjà, je ne l’ai jamais vue bourrée. Alors oui, j’ai bien conscience qu’elle a toujours essayé de se montrer en modèle devant son petit frère, mais à présent que j’ai passé la majorité sorcière et moldue, on peut se lâcher un peu, non ?
Nos boissons arrivent. Je souris alors qu’elle hausse les épaules à la remarque du barman, et fais teinter ma choppe contre son verre.
- Alors petit frère, comment se passe ta première année à Hung ?
Je la regarde avec une grimace de type « t’es sérieuse à vouloir parler des études, là ?! », avant de pousser un long soupir exaspéré.
- Je hais l’étude des runes, je souffle avant de me mettre à rire.
C’est clair que c’est loin d’être ma matière préférée.
- Plus sérieusement, je voulais te parler d’un truc, j’admets enfin en buvant une gorgée de bière. Maintenant que je suis à l’université, je pense qu’il serait temps que…
Mais les mots se bloquent dans ma gorge.
- Tu sais, sans Père, c’est plus pareil et…, je prends une grande inspiration. Voir Mère tous les jours, c’est… pesant.
Du coup, j’ai décidé de me barrer et de rejoindre une coloc’ à la rentrée, comme tout étudiant normal de mon âge. C’est pas si compliqué à dire, bordel ! Mais alors, pourquoi ça ne veut pas sortir ?
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Jeu 20 Aoû 2020 - 21:19
Souvenirs amers
Je ris à sa plaisanterie alors que nous prenons place, ma tête légèrement penchée en arrière, rire sonore a fait relever plusieurs tête curieuse, je me reprends doucement tout en conservant mon sourire amusé.
- Il y a des choses que tu devrais ignorer, Gamin.
Réplique d’un film moldu dont le nom m’échappe. Je remercie d’un sourire accompagné d’un signe de tête. Je fais tourner le liquide ambré dans mon verre, le regard du coin de l’œil, nos verres se rejoignent en un tintement sonore et brutal. Je prends une gorgée pour en goûter et savourer la saveur comme me l’a appris mon défunt père. Mes yeux se ferment, il est délicieux. Je ris de nouveau et ouvre les yeux lorsque mon chenapan de frère me dit vouloir tenter de soutirer des infos chez ma meilleure amie et mon ex-fiancé.
- Ils seront muets comme des carpes, crois-moi.
J’ai également des anecdotes croustillantes à leurs sujets qu’ils ne voudraient pas que je ressorte, ce qui s’est passés au bar, restent au bar, c’est ainsi, c’est la règle. Une nouvelle gorgée qui inonde mes papilles de délices et je manque de m’étouffer lorsqu’il me dit ne pas apprécier l’étude des runes.
- C’est souvent le cas, mais il faut s’accrocher ça ira par la suite, tu verras, je peux t’aider si tu veux, je suis plutôt douée dans cette matière. Ne rigole pas, c’est vrai.
Je fais tournoyer de nouveau le whisky lorsqu’il me dit vouloir parler de quelque chose. Intriguée, je le sens hésitant, il cherche ses mots ou bien à pas me brusquer peut-être. Mn esprits part le temps de sa réflexion sur cet écrin dans mon sac, je suis tenté de regarder ce qu’il contient, j’en ai une idée mais…ça me ferais mal de voir réellement le contenant. Mais ce n’est pas le moment, Will semble avoir besoin de parler et la vie continue malgré ce que je traverse…Je prends une nouvelle gorgée, plus importante cette fois et l’écoute sans le regarder, tourner autour du pot. Je pose doucement le verre, humidifie mes lèvres et le regarde.
- Will, viens au fait, tu sais que tu peux tout me dire. Qu’est-ce tu as ? Tu veux quitter Nampara c’est ça ? Alléluia mon frère, il est temps de t’émanciper, je ne peux que te conseiller de partir.
J’ignore si c’était sa pensée première mais, il à l’âge de quitter le nid, j’avais quitté les lieux dès que l’occasion m’a été donné de le faire. Merci Hung et ses chambres universitaires.
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Lun 28 Sep 2020 - 23:52
- Will, viens au fait, tu sais que tu peux tout me dire. Qu’est-ce tu as ? Tu veux quitter Nampara c’est ça ? Alléluia mon frère, il est temps de t’émanciper, je ne peux que te conseiller de partir.
Mon regard se perd dans ma pinte alors que ma sœur tente de détendre l’atmosphère. Malgré moi, je me mords la lèvre, n’osant trop lever les yeux vers elle.
- Je sais, Kate, je sais… Mais…
Je bois une longue gorgée de bière, les yeux rivés vers les clients au comptoir, esquivant le regard inquisiteur de ma sœur. La culpabilité me rongeait l’estomac, c’était plus fort que moi.
- J’ai trouvé une coloc’ en ville, dans le quartier sorcier. J’y pose mes bagages pendant les vacances, là, et j’y serai officiellement à la rentrée. Je sais que tu as raison et que tu me soutiens, mais, comment dire…
Je soupire un coup, pas sûr de moi. Je venais de déblatérer toutes ces nouvelles informations d’une traite, sans prendre le temps de respirer, et quelque part, je sentais un poids s’envoler de ma poitrine. Enfin, le secret qui me pesait ces derniers jours n’avait plus lieu d’être ; enfin, je ne cachais plus rien à Katherine. Oui, mais…
- Je me sens coupable. Père est parti, tu es partie de la maison, maintenant c’est moi qui m’en vais. J’ai l’impression d’abandonner Mère et qu’elle ne me pardonnera pas. Enfin, faudrait déjà qu’elle daigne me parler un peu, mais c’est plus fort que moi, j’ai l’impression de la laisser tomber, de ne pas être à la hauteur, et j’en ai marre de ressentir ça. Tu comprends ?
Finalement, j’ose poser mon regard sur ses prunelles. Et évidemment que je n’y vois que de la compréhension. Qui d’autre que Kate pour me comprendre et me soutenir, peu importent les circonstances ?
Alors, d’un geste timide, je rapproche une nouvelle fois ma choppe de son verre pour les faire tinter et, d’une petite voix, je souffle, un début de sourire se dessinant sur mes lèvres :
- A un nouveau départ.
- InvitéInvité
Re: [terminé]Cornouailles ~ Souvenirs amers ( William )
Mar 17 Nov 2020 - 21:41
Souvenirs amers
J’accroche mon verre à mes lèvres le temps qu’il se décide à enfin cracher le morceau. Je sens qu’il porte ce poids en lui depuis bien trop longtemps et en ce jour de deuil, ça n’arrange rien. Je m’efforce pourtant de garder un air détaché, je l’ai bien trop pleuré aujourd’hui, ce soir…toute l’année je dirais. A présent, mon frère a besoin de moi, de mes conseils…sont-ils bons à prendre au moins ? Suis-je la bonne personne pour le faire ? Notre mère nous le rappelle bien assez, je ne suis pas la personne à suivre…Je fais tourner le liquide ambrée dans le verre d’un geste pensif et la voix de mon adorable frère me fait sortir de mes sombres pensées. Je pose mon verre après avoir pris une gorgée que je garde quelques instants en bouche le temps d’y savourer les différentes saveurs.
- Will, mère habite principalement à Londres lorsqu’elle n’est pas conviée à une conférence dans un lointain pays. Ne t’en fait pas pour elle, elle a toujours été solitaire et indépendante.
Je passe l’index sur mon verre pour réfléchir un instant, mère n’a jamais été démonstrative ni même eue un geste d’une mère « banale » que j’ai pu croiser parfois lorsque je revenais de Poudlard. Alors que les autres avaient leurs parents qui les attendaient sur le quai, j’avais notre chauffeur qui patientait le temps de mon arrivée. Père était souvent pris mais il lui arrivait de m’accompagner au moins à la gare. Mère n’en prenait même pas le temps. Un simple regard au matin qui voulait dire « Ne me déçois pas ». Kate avait appris au fil des années à ne plus s’en offusquer. Elle n’attend plus rien d’elle. Mais apprendre qu’elle adresse à peine la parole à son fils m’exaspère au plus haut point. Serait-ce possible qu’il lui rappel son défunt mari ? Il est vrai qu’il lui ressemble…Il lui manque un peu de pilosité, mais avec le temps il en gagnera.
- Je voudrais que tu penses un peu à toi, c’est honorable de penser à notre égoïste de mère, mais tu entames des études supérieurs, je veux que tu étudies et que tu ais des bonnes notes comme moi.
Je pouffe presque immédiatement, paresseuse que je suis, j’ai à peine ouvert mes livres et étudiés…C’est à se demander comment je suis parvenue à finir mes dix ans d’études sans presque aucunes entraves.
- Plus sérieusement, je suis contente pour cette coloc, puis tu auras toujours ta chambre chez moi…quand elle sera terminée…mais tu sais que tu seras le bienvenue, à n’importe quelle et n’importe quelle situation. Compris ?
Son verre tinte contre le miens et m’arrache un sourire rempli de fierté et le regard brillant par l’amour que j’éprouve pour ce petit brun et aussi un peu l’alcool je l’avoue mais je ne lui dirais rien.
- A ta nouvelle vie, petit-frère.
D’une traite je fini mon verre, le pose brutalement sur la table en le retournant.
- Bon je crois que si nous ne rentrons pas, mère va alerter le ministère. Ou pas.
J’hausse les sourcils et laisse échapper un rire complice avec l’être le plus important de toute la terre.
Terminé
|
|