Tu déambules dans les rues d'Inverness. A vrai dire tu as un objectif, mais ça te semble tellement irréaliste de te retrouver ici pour de bon que tu profites juste de retrouver le chemin de sentier déjà connus. Ca faisait longtemps que tu n'avais pas profiter de cet endroit dans lequel tu as pourtant passer tant de temps. Il faut dire que pendant les 9 dernières années tu n'es passée qu'en coup de vent, entre deux destinations, après un repas copieux chez tes parents. Pas vraiment le temps de flâner. Quand au reste du temps tu étais toujours à gauche et à droite, par monts et par vaux en quête de nouveaux témoignages, nouveaux paysages qui donneraient le ton et la viande à tes histoires. Il faut dire que tu as été plutôt productive, et c'est juste en revenant que tu t'es rendue compte que tu n'avais jamais vraiment dit grand chose sur l'Ecosse en elle même. Tu n'es pas écossaise de naissance sinon anglaise, mais tu t'es toujours sentie chez toi aussi. Bien sûr tu es loin de te mêler tout à fait au paysage avec ta peau caramel et tes cheveux noirs et épais. Mais tu aimes le froid, la vue du lac, les plaines, les forêts les collines. Le vert aussi. Non pas qu'au Népal -la dernière destination- n'avait pas beaucoup de ces choses là, mais à être toujours en vadrouille on en regrette parfois un chez soi.
Maintenant tu as un chez toi d'ailleurs. Tu as des clefs qui tintent dans ta poche et qui t'appartiennent. Tu auras bientôt tes propres meubles aussi. Les premiers, parce que quand tu étais à Hungcalf tu n'habitais pas seule et tu n'avais jamais eu besoin d'en acheter. Des choses banales somme toute, mais qui finalement pour toi sonne comme une toute nouveauté. Et il faut dire que tu as pris un certains plaisir quitte à mettre la patience de ton frère à rude épreuve, mais les Chaffinch ne sont pas du genre à flancher.
Il reste encore des choses à déballer, principalement les livres -tu en as beaucoup ce sont bien ta seule possession- et sans doute à faire du shopping qui convient à l'étudiante que tu es redevenu. Maintenant que tu ne vis plus que d'amour -il n'y en a pas officiellement dans ta vie- et d'eau fraîche, il faut revenir à des réalités toute autre. Mais tu sais que certaines personnes ne se feront pas prier pour t'aider.
Sans doute que Murphy sera une de celles qui se porteront d'office volontaire. A vrai dire c'est une des premières personnes que tu vas visiter. Parce que c'est aussi une de celle dont tu n'as pas eu de nouvelles depuis longtemps, ce qui est totalement inhabituel parce qu'en 9 ans de relation longue distance, les lettres ont toujours su trouver leur chemin. Mais les dernières que tu as envoyé sont restées sans réponse. Tu as essayé plusieurs fois depuis Septembre, laissant tout de même un délais entre chaque, promettant à ton amie - ta meilleure amie- une oreille attentive pour qu'elle s'épanche mais elle est restée muette. Tu aurais aimé pouvoir sauter dans le premier avion et venir, mais les conditions ne t'ont même pas permises de rentrer à temps pour fêter le réveillon de Noël. Alors une fois quitté Londres pour Inverness tes pas t'ont mené jusqu'à sa maison. La même adresse que celle sur tes lettres restées sans réponse jusqu'à ce jour. Tu finis par t'approcher de la maison alors que le jour vacille. Tu commences sans doute à imaginer les pires scénarios, car à te présenter comme ça à quelqu'un qui ne t'as plus répondu, tu pourrais trouver porte close. Tu doutes qu'elle aurait déménagé sans rien te dire, et si tu t'es retrouvée sans le moindre mot de sa part c'est sans doute qu'elle l'a voulu, trop de lettres sont parties pour ne pas arriver.
Avant de taper à la porte tu t'autorises quelques secondes pour rassembler courage, et sourire. Tu espères des réponses à inquiétudes et questions. Ta main se lève finalement pour venir cogner quelque fois sur la surface lisse de la porte.

Ce n'est pas une porte close que tu trouves. Au contraire même, mais tu n'étais pas prête à voir apparaître dans l'embrasure Oswald Derby. Non pas que ça soit tout à fait surprenant, mais c'est vrai que tu t'attendais à ce que ça soit Murphy qui ouvre la porte. Dans les dernières lettres de ta meilleure amie il y avait beaucoup de lignes qui évoquaient son couple, et cette maison. « Priya. » Tu souris. Lui aussi semble surpris la situation a quelque chose de cocasse. « Quelle surprise. » Voilà qui formule à haute voix le fond de tes pensées. « Je suis donc parvenue à mes fins, j'espère que je tombe pas mal... ? » Mais non, passé la surprise, il semble reprendre contenance. «Je t'en prie, entre. » Tu ne t'es pas formalisée sur l'accueil un peu étrange de cette personne que tu n'as pas revue depuis ce qu'il te semble un siècle. Tu le remercies avec un sourire et entre, en retirant au fil de l'eau ton écharpe et gants. Dans ton dos tu entends Oswald appeler celle que tu es venue voir. «Elle est occupée, mais elle va arriver. » Tu hoches la tête tout en regardant autour de toi. Tu reconnais bien la patte de ton amie dans la décoration de cette pièce, c'est exactement comme elle te l'avait décrit. «Tu veux boire quelque chose ? Un thé, un whisky, une bière ?  » Reportant ton regard sur cette vision du passé, tu prends la direction du canapé comme il te le propose implicitement. « Un thé c'est parfait. » Tu t'assois soulagée malgré tout. Tu n'as eu aucune réponse à tes questions, mais tu sais que Murphy est toujours vivante, vie toujours dans cette maison, et avec Oz, ça fait déjà des indices en plus. « J'avoue que ça fait bizarre de te voir, ici, après tout ce temps. » Tu peux lui concéder ça. «Tu vas bien ? Tu es de passage dans la région ?» Qu'est ce que tu vas lui dire ? Murphy n'est pas encore là tu aurais aimé lui dire à elle en premier, et la retrouver. Mais il faut prendre ton mal en patience elle n'est pas encore là. « C'est vrai que ça fait longtemps... Je vais bien, je reviens de voyage... Je n'ai plus de nouvelles depuis un moment alors je me suis dit que j'allais passer vous voir... » Sans doute est il au courant ? Tu ne sais pas en fait. Tu commences à douter. Pas sur ta présence dans cette maison que tu trouves somme toute légitime, mais de ce que tu penses savoir sur la vie de la jolie rousse qui as toujours été une des personnes desquelles tu es les plus proches. Combien d'épisodes de sa vie as tu raté ? Et que s'est il passé ? Ca ne lui ressemble pas de ne pas donner de nouvelles pendant plusieurs mois. Tu pourrais commencer ton enquête avec Oz mais tu ne veux pas l’assommer de question, pas plus que trahir tes inquiétudes. Tu ne voudrais pas qu'il pense que tu l'accuses d'être la cause du silence de Murphy à ton égard, il n'y a aucune raison que tu penses ça.

Les derniers jours ont été pour le moins chaotiques. Les fêtes de Noël sont toujours fatigantes, mais cette fois-ci, il fallait mélanger les grandes réunions de famille avec le stress de la double nouvelle : mon conjoint est un lycan sortant d'Azkaban et je suis enceinte. La nervosité et les hormones de grossesse n'étaient certainement pas complémentaires, et j'ai dû en plus supporter d'être le centre de l'attention pendant beaucoup plus de temps que je ne l'aurais souhaité. De retour au calme à la maison, je suis épuisée. La vie peut reprendre son cours normal, bien que je n'ai pas encore d'idée très précise de la normalité pour le moment. Oz travaille au ministère ou s'occupe à meubler la chambre du bébé (alors qu'il n'a la nouvelle que depuis quelques jours, et que le terme est prévu dans six mois). J'essaie de m'améliorer en cuisine, et je lis.

Lorsque je sors de la salle de bain après ma douche, j'entends des voix au rez-de-chaussée. Intriguée, un peu anxieuse de savoir que nous avons des invités surprises, je m'empresse de m'habiller avant de descendre. Dans mon gros pull, personne ne peut deviner le petit ventre qui pointe le bout de son nez. Descendant prudemment les escaliers, je reconnais la voix féminine qui s'élève dans la pièce. "Je n'ai plus de nouvelles depuis un moment alors je me suis dit que j'allais passer vous voir..." Fronçant les sourcils, une fugace sensation de panique me vrillant l'estomac, j'entre dans la pièce. "Priya ?" Ma meilleure amie, mon double. Celle qui a eu le courage que je n'ai jamais eu, de partir explorer le monde, et qui m'en racontait chaque détail dans ses lettres, et dans ses romans, dont j'étais toujours une des premières lectrices.

Mon visage s'illuminant d'un sourire, je m'approche d'elle pour venir la prendre dans mes bras. "Comment ça va ? Tu m'as tellement manqué !" Ma joie se teinte de remords, les larmes perlant déjà à mes yeux (satanées hormones). Car même si j'ai arrêté de lui donner des nouvelles, n'ayant plus la force mentale de faire quoi que ce soit lors de l'emprisonnement d'Oswald, il n'y a pas un jour qui passe sans que je ne culpabilise. De temps en temps, je me saisissais d'un parchemin et commençais à écrire quelques lignes, avant d'abandonner en me disant que ça ne valait pas le coup, qu'elle ne comprendrait pas, et que je ne saurais pas vraiment comment expliquer cette absence. Alors c'est toute cette culpabilité qui repose sur mes épaules alors que je tente de ne pas craquer, mes lèvres déformées en une moue triste tandis que je repousse au mieux mes larmes. "Je suis désolée..."

Tous les remords et la culpabilité du monde sur les épaules, j'accueille ma meilleure amie dans une étreinte, heureuse de la revoir malgré les larmes qui se poussent contre mes paupières et que je fais en sorte de retenir. "Ca va, et toi ? J'ai l'impression que ça fait une éternité." Opinant du crâne, une moue triste au visage, je ne peux retenir le flot d'émotions bien longtemps et m'excuse dans un murmure. Concentrée sur Priya, je ne remarque pas la présence d'Oswald qui se rapproche. Ces derniers jours ont été si doux, contrastant avec la froideur austère de notre vie à deux depuis son retour de prison. Je ne suis plus aux aguets comme avant, et cette détente est apaisante, signe d'un retour à la normale calme et confortable (even if I don't know what normal is anymore). "Tout va bien ? Tu veux que je vous laisse, Murph ?" Tournant la tête vers mon aimé, je tente de le rassurer d'un sourire contrit dans lequel, je l'espère, il comprendra que tout va bien. Un petit hochement de tête, et il s'échappe, après un dernier regard mi-perplexe, mi-inquiet. Je connaissais Oswald protecteur avant, mais ce n'est rien en comparaison de son attitude envers moi depuis que je lui ai annoncé être enceinte.

Le loup protecteur retourné s'occuper dans la future chambre du bébé, mon amie et moi nous installons dans le canapé. Mes épaules sont basses, prise sur le fait de ma propre incompétence à tenir à jour nos correspondances. "Qu'est ce que..." La main de l'Indienne se pose sur la mienne, avant qu'elle la retire dans un sursaut. Frissonnant moi-même du contact, je dévisage la sorcière de mes grands yeux bleus. Son regard perdu, comme voilé, ce moment de flottement, durant quelques secondes, je sais reconnaître lorsqu'elle a une vision. "T'es enceinte ?" Interdite, aussi troublée qu'elle, je me fige quelques instants, prise de court par la question. Il n'y a pas de doute possible, cette vision était à propos de moi. Réagissant enfin, mon visage se déforme à nouveau en une moue triste, les larmes revenant en force. Je hoche la tête doucement, confirmant ses propos, et les perles se mettent à rouler sur mes joues. "Je suis désolée..." Les hormones se mêlant à la peine et la culpabilité présentes depuis des mois dans mon esprit, le torrent de larmes se transforme en déluge et il n'y a aucun moyen de l'arrêter.

Hoquetant entre les larmes, je tente de me faire comprendre. "Je... Je voulais t-te le d-dire dans m-ma prochaine l-lettre..." La mine penaude, les mains qui viennent chasser les larmes pour laisser place aux suivantes, je n'arrive pas à chasser les sanglots. Ces morceaux de parchemins échangés, c'était notre moyen de rester connectées, toutes les deux, de ne pas se perdre de vue. Ces hiboux envoyés à l'autre bout du monde, la joie de lire des lignes et lignes pleines d'éloges envers les différentes cultures visitées par la sorcière, ces parchemins noircis de lyrisme, me faisant voyager depuis mon Ecosse natale. Je faisais de mon mieux pour lui répondre régulièrement, ne cachant pas l'énorme banalité qu'était ma vie comparée à la sienne, bien que la dernière année ait été l'une des plus étranges de ma vie. Elle a dû penser qu'Easga, ma chouette, s'était perdue en chemin, attirée par le reflet d'un coquillage sur une plage, ou coincée sous le dôme d'Atlantide.

Doucement, les larmes tarissent, et je retrouve une vision à peu près normale. Je me doute qu'Oz peut débarquer d'une minute à l'autre si ma complainte tire en longueur et je ne souhaite pas l'inquiéter. Je me dois d'expliquer à Priya les raisons de mon silence, même si les circonstances n'excusent pas tout. Alors, après un dernier reniflement, je reprends d'une voix tremblante. "Quand Oz a été arrêté, je..." Mes sourcils se froncent, cherchant des mots à poser sur l'ouragan d'émotions qui me torturait durant cette période de ma vie. "Je me suis éteinte. Je ne pouvais plus rien faire, je..." Chassant les souvenirs d'un geste de la main, je secoue la tête. "Il s'est passé tellement de choses depuis, je ne savais pas par où commencer." Je ne peux pas retourner dans la détresse de ces derniers mois. Pas quand les deux dernières semaines ont été si heureuses et chaudes, je ne peux pas me replonger dans la glaceur de mon corps et de cette maison. Alors j'élude.

Tu vois l'avenir depuis toujours. Il fut un temps où tu envisageais sincèrement de vivre dans un bulle loin de tout le monde pour arrêter de voir ce qui allait se passer. Connaitre l'avenir ça fait peur. Ta plus grande peur d'ailleurs c'est de voir la mort de quelqu'un. Ca ne t'est jamais arrivé. Mais c'est bien la deuxième fois déjà que tu prévoies une naissance à venir. Il y a plus de 20 ans, tes dons de voyance se sont manifesté pour prédire la naissance de ton petit frère chéri. Aujourd'hui, ce soir, c'est la naissance de l'enfant de Murphy que tu as nettement vu dans ton esprit. "Je suis désolée..." Tu clignes des yeux regardant Murphy sans la voir, encore sous le coup de ce que tu viens d'apprendre. Les larmes ruisselent sur son visage. Tu ne voulais pas la faire pleurer. Tu reviens difficilement dans le moment. Les visions sont parfois si claires qu'elles créent un décalage pour ton petit cerveau qui a du mal à tenir la distance. "Je... Je voulais t-te le d-dire dans m-ma prochaine l-lettre..." La prochaine lettre. Y en aurait il eu une autre si tu n'avais pas pointé le bout de ton nez à la porte de sa maison ? Tu espères que oui. Tu reprends la main de Murphy, cette fois ci rien ne se passe. Tu es soulagée de ne pas être sous le coup encore une fois d'un futur à venir.
Alors ta meilleure amie commence à parler. Elle parle, et tu la laisses faire parce que tu voudrais comprendre comment vous en êtes arrivées là. Pourquoi elle ne t'as pas tenue informée d'une des choses les plus importantes de sa vie. Tu ne peux pas dire que ça te fasse plaisir d'être exclue. Mais tu peux comprendre. "Quand Oz a été arrêté, je..." C'est vrai qu'elle est passée par des moments difficiles. Des moments difficiles pendant le quel tu n'étais physiquement pas loin. Inconsciemment tu culpabilises. Tu as l'impression d'avoir loupé tellement de choses. "Je me suis éteinte. Je ne pouvais plus rien faire, je..." Est ce que tu peux comprendre ça ? Oui tout à fait. Est ce que tu lui en veux ? Non au final c'est plus contre toi que tu es en colère. Tu ne venais pas là pour lui faire des reproches, tu voulais comprendre. Tu es servie. "Il s'est passé tellement de choses depuis, je ne savais pas par où commencer." Elle ne pleure plus bien qu'on puisse encore voir les sillons humides sur ses joues. Non, tu ne lui en veux pas. Sur le canapé tu te penches un peu en avant pour passer tes bras autour d'elle et la serrer contre toi. "C'est moi qui suis désolée Murph..." Tu la gardes encore un peu contre toi. Tu soupires et tu recules. "Il y a des choses que l'on ne peut pas raconter dans des lettres. " Et c'est une écrivaine qui dit ça. Du bout du doigt tu effaces une larme qui roule sur la joue de ton amie avec un léger sourire sur les lèvres. "Je repars pas cette fois. Je te laisse plus toute seule." Voilà qui est dit. Elle n'est pas obligée de tout t'expliquer maintenant, vous allez avoir le temps de vous retrouver. "Alors tu vas avoir un bébé, tu vas devenir maman ... ?" Tu poses la question doucement, lui permettant de revenir à des choses moins douloureuses, ou du moins tu l'espères.

L'étreinte de Priya me procure une sensation étrange. De la chaleur rassurante, alors que tout ce que je mérite c'est qu'elle me coupe de sa vie comme je l'ai coupée de la mienne depuis quatre mois. "C'est moi qui suis désolée Murph..." La preuve d'amour de la sorcière est si bouleversante que je me remets doucement à pleurer. "Il y a des choses que l'on ne peut pas raconter dans des lettres. " J'observe mon amie avec une moue indécise, toujours persuadée d'avoir commis le pire crime de l'histoire de notre amitié. Sa main vient chasser une larme sur ma joue, et je lui réponds d'un sourire triste, attendrie par son geste. "Je repars pas cette fois. Je te laisse plus toute seule." Haussement de sourcils. Comment ça, elle ne part pas ? Ouvrant la bouche pour poser une question, aucun son ne sort, mon cerveau trop perturbé par l'annonce pour avoir le temps de formuler une interrogation correcte.

Trop lente, beaucoup trop lente, je rate le coche et elle en profite pour changer de sujet. "Alors tu vas avoir un bébé, tu vas devenir maman ... ?" Un sourire mi-triste, mi-attendri étire mes lèvres, et éclaire doucement mon visage, tandis qu'une de mes mains vient se poser sur mon bas-ventre. "Oui, c'est mon quatrième mois." C'est encore si irréel, comme situation. "J'ai découvert ça il y a trois semaines, j'y croyais tellement pas." Peu à peu, la complicité revient, et je pouffe gentiment de rire. Soupirant d'aise, je m'enfonce un peu plus dans le dossier du canapé. "Oz est tellement heureux, ça fait du bien de le voir sourire." Les moments difficiles depuis nos retrouvailles sont passés sous silence, laissant la joie flotter dans l'air. Doucement, je viens reprendre la main de ma meilleure amie. "Comment ça, tu repars pas ? Tu vas faire quoi ?" Interrogation pleine d'espoir. Est-ce que cela veut dire qu'elle sera là quand le bébé naîtra ? Pendant combien de temps réussira-t-elle à rester en Ecosse avant de vouloir repartir ?

"Oui, c'est mon quatrième mois." Son visage s'éclaire quand tu lui dis, demandes, si elle va être maman. Tu le sais, tu l'as vu, ce n'était pas une surprise comme quand tu as annoncé la venue de ton frère à ta maman.  La jalousie pique ton coeur, mais tu fais la sourde oreille. Ce n'est pas le moment. Tu auras le temps de ressasser la solitude qui t'a fait revenir plus tard. "J'ai découvert ça il y a trois semaines, j'y croyais tellement pas." 3 semaines. Sans doute qu'en temps normal tu aurais été au courant très vite de cette grossesse. Est ce que votre amitié s'est brisée sans même que tu ne sois au courant ? Non sans doute pas. Le silence était plus facile que de tout coucher sur papier. Tu le comprends, bien que ça t'ait blessé. Tu souris à Murphy qui a encore des traces de larmes sur son visage. "Oz est tellement heureux, ça fait du bien de le voir sourire."  Tu gardes pour toi la remarque ironique sur le sourire de Oz pour toi. Ce n'est pas le moment, en plus tu n'es pas sûre de comment ça serait interprété. A la rigueur ça t'importe même peu qu'il t'entende, ce qui te gênerait plus c'est de vexer une femme enceinte à propos de son conjoint, et du peu d'enthousiasme dont il a fait preuve en t'accueillant. Tu laisses ta meilleure amie parler, vider son sac, parler de son bonheur actuel et à venir aussi. Mais elle revient bien vite à la révélation que tu as faite et que tu n'as pas développer. "Comment ça, tu repars pas ? Tu vas faire quoi ?" Tu souris d'un air coupable quoique heureux. "Je suis inscrite à Hung en qualité d'élève de 5ieme année en littérature et civilisation magiques." Tu as encore du mal à y croire, et pourtant grâce à ton frère c'est bel et bien ce qui est arrivé. "Je vais me trouver une maison à Inverness, du moins c'est mon projet, et je me réinstalle définitivement... Pour l'instant je suis chez Dhan. C'est lui qui m'a aidée à faire mon inscription ! " Ca aide d'avoir un frère secrétaire de l'université. "Enfin bref voilà, je ne pars plus ! Fini la vie de bohème et bonjour la routine." Ca pourrait paraître triste et pourtant c'est le choix que tu as fait pour avoir une vie plus équilibrée, et qui te correspond plus. Toi qui n'avait pas de partenaire de vadrouille fixe, tu t'es rendue compte que tu avais besoin d'être avec d'autres de partager ta solitude, et finalement ne plus la ressentir.

Qu'est-ce que ça fait du bien de sourire à nouveau, de serrer la main de Priya dans la mienne, se l'avoir à mes côtés, de me sentir heureuse. Cela fait beaucoup trop de temps que je ne me suis pas sentie vraiment heureuse. Au moins sept ans, je dirais. J'ai bien eu un moment de joie l'année dernière, après le retour d'Oz dans ma vie et le long chemin de notre mise en couple. Ce bonheur a duré environ un mois, puis il m'a annoncé avoir été mordu par un loup-garou, le faisant se transformer à son tour une fois par mois. Cette révélation m'a emporté dans la tornade de sa vie, les secrets, la vie cachée, la peur au ventre. "Je suis inscrite à Hung en qualité d'élève de 5ème année en littérature et civilisation magiques." Le sourire de ma meilleure amie est communicatif, et je me redresse de surprise, la bouche formant un "o". "Tu reprends les études ?" Contente pour mon amie, surtout heureuse de savoir qu'elle prévoit de s'installer ici durablement, je souris doucement en l'écoutant. "Je vais me trouver une maison à Inverness, du moins c'est mon projet, et je me réinstalle définitivement... Pour l'instant je suis chez Dhan. C'est lui qui m'a aidée à faire mon inscription !" La dernière phrase me fait rire doucement. Dhan est connu pour son goût pour la paperasse, il ne serait pas secrétaire si ça n'avait pas été le cas. Encore surprise par la nouvelle, j'observe Priya avec de grands yeux ronds.

"Enfin bref voilà, je ne pars plus ! Fini la vie de bohème et bonjour la routine." Petit rire jaune. Ce n'est pas parce que tu vis à un endroit que la routine s'installe, j'en suis la preuve. Il y a encore trop de culpabilité au fond de ma tête pour énoncer cette pensée à voix haute. Après tout, elle n'est pas au courant des péripéties des derniers mois. Alors, même si la sorcière a suivi la non routine de ma vie entre le retour d'Oswald et son arrestation, elle ne pourrait pas forcément comprendre toutes les implications derrière la remarque. Serrant brièvement la main de Priya, je me redresse d'excitation. "Tu veux visiter ma routine à moi ? T'es jamais venue ici !" Me levant doucement, je tire mon amie pour lui faire faire le tour du propriétaire. En cette fin de décembre, le temps est très gris dehors, mais l'atmosphère de la maison est illuminée de la lumière chaude de la cheminée, et de l'amour d'un petit elfe grandissant dans mon ventre. Au rez-de-chaussée, nous nous trouvons dans le salon, qui dispose de baies vitrées pour accéder à la terrasse, puis au ponton pour aller sur l'eau. Un peu plus loin dans la pièce se trouve la cuisine, qui est plutôt le domaine d'Oswald, car j'ai encore beaucoup de mal à cuisiner correctement, et une salle de potions, où s'entassent énormément de bocaux contenant différents ingrédients. Traînant un peu plus ma meilleure amie, je l'emmène jusqu'à l'étage, où je lui présente brièvement notre chambre et la salle de bain. Finalement, je pousse la dernière porte, dévoilant Oswald à l'intérieur, s'affairant autour d'un morceau de bois. "Et voilà la chambre du bébé. Ozzie est en train de construire quelque chose, mais je ne sais pas trop ce que c'est... Une table à langer, peut-être ?" Regard interrogeant le futur père, un peu surpris de nous voir arriver. "C'est encore le bazar là dedans, mais le terme est pour début juin, donc on a le temps." Sourire doux en direction de Priya. "Bien sûr je mettrai tous tes livres dans la bibliothèque pour qu'il puisse les lire quand il grandira ! Ou elle, on ne connait pas encore le sexe." Oz aimerait une petite fille, et moi je n'ai pas de préférence. J'aimerais avoir la surprise le jour de l'accouchement, mais je sens que le lycan a besoin d'être au courant le plus tôt possible, afin de se sentir prêt.

"Tu veux visiter ma routine à moi ? T'es jamais venue ici !" C’est vrai que c’est la première fois que tu mets les pieds dans leur nid d’amour. Nid de leur futur enfant aussi. L’idée n’est pas encore tout à fait monter jusqu’à ton cerveau, sans doute qu’il te faudra un peu de temps pour diriger parfaitement la nouvelle, et pour cause. Le monde a tourné sans toi pendant que tu n’étais pas là. Tu ne peux pas leur en vouloir. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que tu le remarques, mais jusqu’ici c’était sans doute moins… Blessant ? Non ce n’est pas tout à fait le mot juste. Tu n’es pas blessée que ton amie soit épanouie, bientôt maman. Tu pourrais l’être par son absence de réaction face à ses lettres, cependant c’est autre chose que tu ressens. C’est indescriptible mais fort.
Tu la suis dans la maison découvrant les différentes pièces au fur et à mesure que vous avancer. Toi ausis tu vas bientôt avoir ta propre maison et tu pourras en faire autant. Cette idée est encore un peu abstraite comme celle de retourner en cours en fait. C’est sûr, tu vas le faire, ça va bientôt commencer d’ailleurs, juste après les fêtes… Mais avant d’y être réellement, de reprendre cette routine dont tu parlais, tout cela n’aura pas encore de réel sens. En plus cette année les trois Chaffinch sont bels et bien réunis au même endroit et pour longtemps, ce qui a aussi un goût de tout nouveau, parce que ça fait des années que ça n’a pas été le cas. "Et voilà la chambre du bébé. Ozzie est en train de construire quelque chose, mais je ne sais pas trop ce que c'est... Une table à langer, peut-être ?" Tu observes en tournant légèrement la tête sur le côté comme pour effectivement tenter de deviner ce que ça peut être. En tout cas ce que tu n’as pas besoin de deviner c’est ce qui se cache derrière le comportement du futur père. Tu ne comprends pas son hostilité à ton égard. Quelque part tu es piquée au vif, car ça ne fait qu’accentuer cette sensation de ne pas être légitime à être là finalement. C’est peut être la première fois que tu le ressens si clairement. Du fait ça n’aide sans doute pas à laisser transparaître ton enthousiasme bien que tu souris à Murphy. “Ca y ressemble en tout cas. ” Dis tu en hochant la tête. "C'est encore le bazar là dedans, mais le terme est pour début juin, donc on a le temps." le mois de juin. Il reste encore 6 mois avant que leur vie ne change du tout au tout avec l’arrivée du bambin. 6 mois ça peut paraître long sur le papier, mais en réalité c’est vite arrivé. "Bien sûr je mettrai tous tes livres dans la bibliothèque pour qu'il puisse les lire quand il grandira ! Ou elle, on ne connait pas encore le sexe." Tu souris plus sincèrement cette fois à ton amie toujours prompte à te rappeler à cette vie, et à l’admiration qu’elle a pu avoir pour elle. “Il va falloir que je me mette à écrire des livres pour enfant alors ! ” Ca pourrait être une idée, tu n’y a pas vraiment songé bien qu’il te soit arrivé d’adapter des histoires avec des allures de conte. Cependant maintenant que la pensée à été formulée à voix haute, le cheminement dans ta tête te fait entrevoir sur quoi tu pourrais travailler comme cadeau de naissance. Tu ne diras rien pourtant jusqu’à la naissance pour leur faire la surprise.
Vous redescendez finalement vers le salon où tu as été accueillie. “Ta maison est magnifique Murph...” Et c’est sincère. “Ce petit bout va avoir de la chance de t’avoir pour mère.” Tu ne peux t’empêcher de venir la serrer une nouvelle fois dans tes bras, c’est moins étrange maintenant qu’il n’y a pas le lycan-futur-père pour vous regarder d’un oeil suspicieux. “Je suis contente d’être revenue pour voir ça.” Ton ambition n’est pas de tenir les propos les plus cheesy du monde pour faire pleurer la jeune maman to be sous hormones, mais parce que tu le penses. La franchise fait partie de tes attributs, et même si tu n’as pas dénoué la nature de tout tes sentiments ça n’empêche rien.