Un craquement sonore se fait entendre dans la pénombre naissante. Inverness s’endort sous une paisible douceur qui soulage ton cœur. Tu passes les grilles du château sans vraiment y prêter attention, comme par habitude. Une longue journée dans les pattes, tu n’as qu’une seule envie, rentrer à la maison. Tes talons foulent le parc baigné d’une lueur agréable, les derniers rayons du soleil qui baignent Hungcalf et ses jardins d’un sublime voilage.
Vêtue d’une tenue de cuir noir, seul ton haut à col roulé tranche le tout d’un gris profond. Tu pourrais presque passer inaperçue dans l’obscurité totale. Il n’y a que très peu de personnes au rez-de-chaussée ce soir. Ce qui en soit t’arranges, tu dois bien le dire. Tu as eu une dure journée au Ministère de la Magie, tu n’as aucunement envie de discuter avec qui que ce soit. Pas avec le commun des mortels en tout cas.
Non, tu rentres à la maison, lieu sûr et sécurisant. Tu montes l’escalier en colimaçon de la salle de métamorphose pour arriver devant la porte des appartements d’Eden. D’un geste tout aussi automatique, tu traces du bout des ongles des formes subtiles, symboles déverrouillant les enchantements protecteurs. Toutes deux, vous vous retrouvez sur cette paranoïa ministérielle. Silencieusement l’entrée s’ouvre. Malah est la première à t’accueillir alors que tu restes soigneusement dans l’ombre.
Femme de l’ombre. Ton boulot de Langue-de-Plomb du Département des Mystères pourrait se résumer à cela. Tu perçois rapidement une aura magique différente de celle de ta compagne. Celle de la métamorphomage est bien plus envahissante, plus contenante pour toi. Lune Sykes. Tu reconnais sa tignasse blonde. Tu souris en direction de la jeune border collie qui saute jusqu’à toi pour son câlin habituel. Tu enlaces sa petite silhouette et dépose un baiser sur le haut de son museau, caressant son ventre avec tendresse.
Tu retires ta veste pour la pendre avant de te diriger vers la belle enseignante que tu embrasses de tes lèvres carmin, puis, déposant une bise sur la joue de Lune. « Bonsoir » leur lances-tu, remarquant l’émotion palpable. C’était leur moment, tu espères ne pas l’avoir cassé de ta présence. « Longue journée » souffles-tu en te servant du vin rouge dont le liquide emplit généreusement un verre à pied.
Tu t’adosses contre le mur le plus proche, talon ancré dans le sol, l’autre nonchalamment contre la paroi. « Je peux vous laisser, si vous le souhaitez, je comprendrais tout à fait que vous ayez besoin de vous retrouver toutes les deux … » Là, tu t’empares d’une gorgée d’alcool, fermant les paupières avant de les rouvrir.
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Une mélodie, une question,... - Eden & Lune
Mar 10 Mar 2020 - 17:57
Il était une fois, une petite fille orpheline se cherchant une famille mais la perdant à chaque fois. La petite fille a pris peur. Refusant de s’attacher de nouveau. Elle n’a pas beaucoup d’amis. Elle ne fait pas souvent confiance. Une seule personne pour le moment est son exception. Son attache. Son pilier. Une personne qui n’a pas abandonné la petite fille. Une personne qui la soutient et qui est son ange gardien.
Il lui en a fallut du temps à la petite pour accepter de franchir le pas. Elle a souvent hésité à poser la question. Elle a souvent douté à la fois de l’autre mais aussi d’elle-même. Mais aujourd’hui, elle sent que le jour est le bon. Elle le sent au fond d’elle. Comme si le fait d’avoir fini de composer cette fameuse demande lui avait donné des ailes. Donné le courage d’ouvrir une nouvelle page avec cette composition.
La voici alors. Toquant à la porte. Anxieuse…
Je resserre ma prise autour de la poignée de mon étui qui m’est si chère. Violon un peu abimé avec les années. Un instrument précieux que j’évite de sortir. En temps normal, j’aurais un autre mais aujourd’hui seul lui pouvait faire sonner le cœur. Sur le chemin, une légère brise vient soulever mes cheveux. Heureusement, que les papiers sont bien rangés dans l’étui cela aurait été dommage de les voir s’envoler. Croisons les doigts pour qu’elle soit là. Toquons…
Il lui en a fallut du temps à la petite pour accepter de franchir le pas. Elle a souvent hésité à poser la question. Elle a souvent douté à la fois de l’autre mais aussi d’elle-même. Mais aujourd’hui, elle sent que le jour est le bon. Elle le sent au fond d’elle. Comme si le fait d’avoir fini de composer cette fameuse demande lui avait donné des ailes. Donné le courage d’ouvrir une nouvelle page avec cette composition.
La voici alors. Toquant à la porte. Anxieuse…
Je resserre ma prise autour de la poignée de mon étui qui m’est si chère. Violon un peu abimé avec les années. Un instrument précieux que j’évite de sortir. En temps normal, j’aurais un autre mais aujourd’hui seul lui pouvait faire sonner le cœur. Sur le chemin, une légère brise vient soulever mes cheveux. Heureusement, que les papiers sont bien rangés dans l’étui cela aurait été dommage de les voir s’envoler. Croisons les doigts pour qu’elle soit là. Toquons…
- InvitéInvité
Re: Une mélodie, une question,... - Eden & Lune
Mer 25 Mar 2020 - 21:51
Les sonorités s’adoucissent au gré du temps, la queue de la border collie remue lentement, nichée sur le canapé alors que ne demeure que le son de l’enceinte moldue et, de temps à autres, d’un souffle plus fort de l’animal, du bruit des pages qui se tournent, du mug de café qui se soulève de la table basse ou du clipper qui vient illuminer la pièce au-delà des lumières tamisées pour allumer une nouvelle cigarette.
J’ai ralenti. Un peu. Pour Cléopatra. Je sais qu’elle a le nez et que l’odeur de tabac ne lui plait pas. Depuis que je n’ai plus d’enchantement sur moi voué à masquer mes odeurs corporelles, c’est un pan de mon quotidien. Elle sait que j’ai fumé. Elle le sent. Et l’odeur n’en est pas des plus agréables, selon elle. Selon moi aussi, remarque. Le tabac froid est l’un de mes nouveaux ennemis, il me pousse à réduire ma consommation. Ou plus précisément à mettre plus de marijuana que de tabac dans le cône de papier fin qui sublime mes lèvres.
Sous les airs de havane, les quelques dernières lueurs de jours pénètrent les fenêtres de l’appartement ayant subis toute manipulations d’agrandissements pour paraître confortable et spacieux, illuminant mon minois, mes épaules remuant en rythme de la musique énergique. Lighthouse parcourt la pièce et il m’est difficile de ne pas me détourner du livre que j’étudie tant l’envie de chanter ou d’apprendre l’harmonica est tentante. De temps à autres, l’une des mes main frappe ma cuisse en rythme et je me surprends de ma capacité à rester focalisé.
Jean troué, des plus confortables étrangement, un débardeur blanc dévoilant çà-et-là les taches de rousseur et grains de beautés méticuleusement dessinés lors de la création de cette apparence fêtant bientôt son premier anniversaire, je déviais les songes en sursautant en entendant d’abord Malah aboyer, puis toquer. Ce n’est pas les coups de Cléo’… Non… Sa poigne est plus ferme, moins hésitante, d’autant que celle-ci. J’en dessine à l’oreille des mains plus hésitantes, la hauteur de la main par rapport à la poignée témoignant une taille non trop imposable, une femme donc. Probablement une élève.
C’est d’un jeu de hanche dansant que je m’approchais après avoir laissé le livre ouvert sur la table basse, un vieux manuscrit sans titre dont la reliure trahis la guerre des âges, mes cheveux détachés virevoltants tranquillement au gré de mes pas jusqu’à la porte, effectuant une suite de signes complexes dessus pour la déverrouiller et l’ouvrir, suivie de prêt par la border collie.
Pas une élève. Du moins si, mais… Pas n’importe laquelle. Mes prunelles s’illuminent, reflétant la douce lumière pâle sur la petite lune d’une couleur si similaire à son prénom, un blanc gris pur, accompagnant un sourire des plus tendre alors que Malah s’approchait pour sentir son odeur. Ce n’était pas la première fois qu’elle la rencontrait, non, elle semblait simplement exprimer sa joie de la voir. Quelques gestes. Elle n’était pas sourde, loin de là, mais c’était une habitude que j’avais prise avec elle, de signer. De signer en français, plus précisément.
« Lune ! Ca me fait plaisir de te voir, entre, je t’en prie ! »
Une main doucement apposée derrière le dos pour l’inviter et embrasser chacune de ses lèvres, toujours à la française, je refermais la porte derrière la blondinette en m’étirant vaguement avant de redresser mon débardeur, toujours cette manie de boycotter les soutiens-gorges.
« Je te sers quelque chose à boire ? Un thé ? Un café ? De l’eau ? Une bière ? »
Repris-je à voix haute ce coup-ci pour être certaine d’être compréhensible, avançant de quelques pas devant elle pour tourner du bout de mes pieds nus d’un pas habile et dansant, radieuse, éprise d’une bonne humeur. Une maison propre et bien entretenue, une personne chère à mon cœur, que demander de plus pour passer un bon moment ?
J’ai ralenti. Un peu. Pour Cléopatra. Je sais qu’elle a le nez et que l’odeur de tabac ne lui plait pas. Depuis que je n’ai plus d’enchantement sur moi voué à masquer mes odeurs corporelles, c’est un pan de mon quotidien. Elle sait que j’ai fumé. Elle le sent. Et l’odeur n’en est pas des plus agréables, selon elle. Selon moi aussi, remarque. Le tabac froid est l’un de mes nouveaux ennemis, il me pousse à réduire ma consommation. Ou plus précisément à mettre plus de marijuana que de tabac dans le cône de papier fin qui sublime mes lèvres.
Sous les airs de havane, les quelques dernières lueurs de jours pénètrent les fenêtres de l’appartement ayant subis toute manipulations d’agrandissements pour paraître confortable et spacieux, illuminant mon minois, mes épaules remuant en rythme de la musique énergique. Lighthouse parcourt la pièce et il m’est difficile de ne pas me détourner du livre que j’étudie tant l’envie de chanter ou d’apprendre l’harmonica est tentante. De temps à autres, l’une des mes main frappe ma cuisse en rythme et je me surprends de ma capacité à rester focalisé.
Jean troué, des plus confortables étrangement, un débardeur blanc dévoilant çà-et-là les taches de rousseur et grains de beautés méticuleusement dessinés lors de la création de cette apparence fêtant bientôt son premier anniversaire, je déviais les songes en sursautant en entendant d’abord Malah aboyer, puis toquer. Ce n’est pas les coups de Cléo’… Non… Sa poigne est plus ferme, moins hésitante, d’autant que celle-ci. J’en dessine à l’oreille des mains plus hésitantes, la hauteur de la main par rapport à la poignée témoignant une taille non trop imposable, une femme donc. Probablement une élève.
C’est d’un jeu de hanche dansant que je m’approchais après avoir laissé le livre ouvert sur la table basse, un vieux manuscrit sans titre dont la reliure trahis la guerre des âges, mes cheveux détachés virevoltants tranquillement au gré de mes pas jusqu’à la porte, effectuant une suite de signes complexes dessus pour la déverrouiller et l’ouvrir, suivie de prêt par la border collie.
Pas une élève. Du moins si, mais… Pas n’importe laquelle. Mes prunelles s’illuminent, reflétant la douce lumière pâle sur la petite lune d’une couleur si similaire à son prénom, un blanc gris pur, accompagnant un sourire des plus tendre alors que Malah s’approchait pour sentir son odeur. Ce n’était pas la première fois qu’elle la rencontrait, non, elle semblait simplement exprimer sa joie de la voir. Quelques gestes. Elle n’était pas sourde, loin de là, mais c’était une habitude que j’avais prise avec elle, de signer. De signer en français, plus précisément.
« Lune ! Ca me fait plaisir de te voir, entre, je t’en prie ! »
Une main doucement apposée derrière le dos pour l’inviter et embrasser chacune de ses lèvres, toujours à la française, je refermais la porte derrière la blondinette en m’étirant vaguement avant de redresser mon débardeur, toujours cette manie de boycotter les soutiens-gorges.
« Je te sers quelque chose à boire ? Un thé ? Un café ? De l’eau ? Une bière ? »
Repris-je à voix haute ce coup-ci pour être certaine d’être compréhensible, avançant de quelques pas devant elle pour tourner du bout de mes pieds nus d’un pas habile et dansant, radieuse, éprise d’une bonne humeur. Une maison propre et bien entretenue, une personne chère à mon cœur, que demander de plus pour passer un bon moment ?
- InvitéInvité
Re: Une mélodie, une question,... - Eden & Lune
Jeu 26 Mar 2020 - 12:49
La porte s’ouvre sous mes yeux. L’angoisse commence à monter doucement. Je pose mon regard sur le doux chien pour le caresser avant qu’Eden attrape mon attention. Elle signe, me fait la bise, m’invite à entrer. Eden.
Tout ceci était bien familier pour la petite fille devenue jeune femme. Elle avait appris à se faire de nouvelles marques. Mais aussi à faire confiance. Eden l’avait beaucoup aidé pour tout cela et parfois même malgré elle. Le lien qui unit ces deux femmes est fort. La petite savait ce qui lui restait à faire.
-Bonjour ‘Den, merci mais pour l’instant j’ai quelque chose pour toi. Si tu veux bien prendre place…
Je signe en tremblant légèrement. La voix qui sort de mon bracelet est douce. Je l’observe s’assoir doucement. Je n’ose pas la regarder dans les yeux. Cherchant ceux de Malah en soutien.
-C’est une chose en deux parties. La première est une composition sur laquelle je travaille depuis un moment et la seconde sera dans l’étui. Tu pourras l’ouvrir à la fin, d’accord ?
Toujours en langage des signes. Puis je récupère l’étui sur le sol. J’en sors l’instrument laissant les papiers dans le fond en évidence. Je le referme avec précaution et le pose sur les genoux d’Eden délicatement.
Je retire mon bracelet. Le déposant sur une table.
Une grande inspiration. Et la mélodie que la petite répète depuis des jours s’échappe du violon. Les larmes s’échappent aussi. La musique raconte une histoire. Cette histoire est son histoire. Celle de sa vie. De sa rencontre avec la femme face à elle. De tous ces événements qui l’ont amené ici. De tout ce qui la pousse aujourd’hui à présenter de manière un peu théâtrale les papiers. Ces fameux papiers administratifs lourds de sens. Une demande d’adoption comme une demande en mariage, il fallait la soigner, c’est ce que pensait la petite qui joue les dernières notes avec l’instrument fragile de sa défunte mère.
Tout ceci était bien familier pour la petite fille devenue jeune femme. Elle avait appris à se faire de nouvelles marques. Mais aussi à faire confiance. Eden l’avait beaucoup aidé pour tout cela et parfois même malgré elle. Le lien qui unit ces deux femmes est fort. La petite savait ce qui lui restait à faire.
-Bonjour ‘Den, merci mais pour l’instant j’ai quelque chose pour toi. Si tu veux bien prendre place…
Je signe en tremblant légèrement. La voix qui sort de mon bracelet est douce. Je l’observe s’assoir doucement. Je n’ose pas la regarder dans les yeux. Cherchant ceux de Malah en soutien.
-C’est une chose en deux parties. La première est une composition sur laquelle je travaille depuis un moment et la seconde sera dans l’étui. Tu pourras l’ouvrir à la fin, d’accord ?
Toujours en langage des signes. Puis je récupère l’étui sur le sol. J’en sors l’instrument laissant les papiers dans le fond en évidence. Je le referme avec précaution et le pose sur les genoux d’Eden délicatement.
Je retire mon bracelet. Le déposant sur une table.
Une grande inspiration. Et la mélodie que la petite répète depuis des jours s’échappe du violon. Les larmes s’échappent aussi. La musique raconte une histoire. Cette histoire est son histoire. Celle de sa vie. De sa rencontre avec la femme face à elle. De tous ces événements qui l’ont amené ici. De tout ce qui la pousse aujourd’hui à présenter de manière un peu théâtrale les papiers. Ces fameux papiers administratifs lourds de sens. Une demande d’adoption comme une demande en mariage, il fallait la soigner, c’est ce que pensait la petite qui joue les dernières notes avec l’instrument fragile de sa défunte mère.
- InvitéInvité
Re: Une mélodie, une question,... - Eden & Lune
Dim 29 Mar 2020 - 20:32
-Bonjour ‘Den, merci mais pour l’instant j’ai quelque chose pour toi. Si tu veux bien prendre place…
L’un de mes sourcils s’arque lentement. Ses mains tremblent, un peu, et Lune n’est pas de nature à entrer dans le vif et l’essentiel de manière si brusque. En temps normal elle est un peu plus… Subtile. De quoi s’agit-il donc ? Une nouvelle composition ? C’est ce que m’en laisserait supposer l’étui entre les fins doigts de sa main libre.
Son regard fuit alors qu’un sourire tendre s’éprends de moi en m’asseyant. Lune a ce petit quelque chose, cette innocence d’enfant, poussée trop tôt, bien trop tôt dans le cruel monde des adultes. En ce sens, on se ressemble beaucoup… Son regard croise celui de Malah, l’accompagnant alors que la border collie retourne s’allonger sur le canapé, à côté de moi, face à Lune.
-C’est une chose en deux parties. La première est une composition sur laquelle je travaille depuis un moment et la seconde sera dans l’étui. Tu pourras l’ouvrir à la fin, d’accord ?
L’étui… Je le contemple, alors qu’elle vient le déposer sur mes genoux, mes cils battant de manière légèrement frénétique. Qu’est-ce que c’est… ? Ses résultats du premier semestre ? Peut-être. Sûrement. On n’a pas eu l’occasion de se croiser énormément cette année… Entre la recherche, les cours, former Wakefield à enseigner la métamorphose, suivre mes thésards, s’ajoutant à la reprise de la direction de la maison Pokeby, hormis pour les réunions officielles ou des broutilles administratives, nous pouvons compter sur les doigts d’une ou deux mains les fois où nous avons eu l’occasion de nous voir, malheureusement.
Les notes coupent mes pensées. Je redresse soudainement le regard, éprise d’un frisson en découvrant les larmes de la blondinette, me laissant bouche-bée… Ces notes… Ces signatures… Ces fluctuations rythmiques… C’est… Elle… C’est nous… Une composition, alors ? Une part de moi s’oublie, dans les souvenirs, au travers des douces vagues de nos vies… Bravant les océans déchaînés aux mers sans vie, les plus douces et calmes…
C’est une belle mélodie. Une belle composition. C’est l’une de nos plus grandes nuances… Elle est si douée, si douée pour transmettre par le son… Si douée pour partager ses émotions… Je m’éprends d’une forme de nostalgie profonde alors que mes yeux s’illuminent de traînées oscillantes entre un jaunâtre marron et le vert. De l’anxiété, de la concentration. Les lueurs s’en dégageant paraissent trouble… Je peine à voir clair, d’ailleurs. Mais je me sens comme paralysée, animée par les notes. Jusqu’à la dernière, et c’est d’une main hésitante que je caresse les attaches de l’étui pour les délier, l’ouvrant sans détourner mon regard de son violon, de son visage.
Un temps. Une réflexion. Pourquoi… Pourquoi cela la rend si émotive ? Qu’est-ce qu’il y a de si important ? Une inspiration, longue. Profonde. La curiosité me gagne de même qu’une nuance de courage. Je baisse les yeux.
Des feuilles, nettes, dont j’observe d’abord le contour, minutieusement reliées. Un temps. Une lecture. Le mot. Le fameux mot. « Adoption ».
Mon regard se perd. Mes moyens en vont de même. La paralysie se développe et je sens mes muscles s’engourdir, l’éclat de lumière de mes yeux à la fois s’intensifier en sa source, et se ternir par les larmes, les larmes qui dévalent la pente de mes joues pour s’écrouler sur mes cuisses. Ruissellement inexorable d’une somme d’émotions qui me surpassent. Un sanglot. Puis deux. Malah se redresse, inquiète, perdue, frottant mes yeux après avoir vaguement redressé mes lunettes en reniflant maladroitement, soufflant lentement pour tenter de reprendre constance, reprendre mon calme. J’étais émue, oui. Parce que… Jamais, au grand jamais, je n’aurais pu imaginer être…
« M-Maman… ? Tu veux que… Je… »
La mélodie de mon esprit s’intensifie, je peux sentir mon cœur battre. Rapidement, brutalement, incapable de comprendre l’essence même de ces émotions si étrangères. La boule monte. La peur. Moi… ? Suis-je vraiment la personne pour ça ? Et en même temps, n’y ai-je jamais seulement songer sans jamais laisser l’idée grandir en mon esprit, ne m’y trouvant aucune légitimité ?
La voilà face à moi… Moi qui ne me voyait jamais, au grand jamais endosser le rôle d’une mère, ne m’en jugeant pas capable, pas assez bien, pas assez fiable, pas assez… C’est elle, l’enfant que j’ai chéri, que j’ai protégé, que j’ai soutenu, qui me le demande elle-même. Je m’égare, je le sens. Mes pensées affluent, les unes après les autres. Chaque question auparavant évité devient aujourd’hui une évidence. Est-ce que je serai toujours là pour elle si elle en a besoin ? Est-ce que je pourrais être une bonne mère ? Est-ce que je pourrais lui transmettre l’essentiel pour vivre une vie saine et sereine ? Est-ce que je la soutiendrai, peu importe ces choix, sans jamais laisser la peur m’emporter ?
« Oui… »
Un délai de réflexion court. Ce qui ne me ressemblait… Pas. Vraiment pas. Je suis de celles qui ont besoin d’analyser les choses de manière rationnelles, qui doivent prendre le temps de composer avec leur environnement pour prendre des décisions. Mais au fond de moi… C’est quelque chose que j’ai toujours désiré. C’est cette petite flamme, qui vacille quand je la vois sourire, quand la vois heureuse, épanouie, quand j’ai vu la fierté et la gratitude en son regard en validant ses ASPIC’s, quand elle a intégré cet orchestre à Paris, quand elle a été acceptée à Hungcalf… Ca fais des années que notre relation est ainsi, celle d’une mère avec son enfant. Nous ne l’avons simplement jamais exprimé de manière claire et précise.
Lueur claire, nuances de gris pâle, proche du blanc d’un diamant, je détourne finalement le regard. La lumière de l’appartement est faible, trop faible pour que je me sois aperçue de sa présence, avant. Mais aucun doute sur sa silhouette que j’ai passé des heures et des heures à contempler des plus douces matinées d’été aux plus froides nuit d’hiver.
Un sourire. Les larmes continuent de se frayer un chemin au long de mon minois. Mais je souris. Je me sens bien, si bien, entouré des trois filles qui sont, chacune à leur manière, celles que j’aime le plus sur cette Terre et bien au-delà.
L’un de mes sourcils s’arque lentement. Ses mains tremblent, un peu, et Lune n’est pas de nature à entrer dans le vif et l’essentiel de manière si brusque. En temps normal elle est un peu plus… Subtile. De quoi s’agit-il donc ? Une nouvelle composition ? C’est ce que m’en laisserait supposer l’étui entre les fins doigts de sa main libre.
Son regard fuit alors qu’un sourire tendre s’éprends de moi en m’asseyant. Lune a ce petit quelque chose, cette innocence d’enfant, poussée trop tôt, bien trop tôt dans le cruel monde des adultes. En ce sens, on se ressemble beaucoup… Son regard croise celui de Malah, l’accompagnant alors que la border collie retourne s’allonger sur le canapé, à côté de moi, face à Lune.
-C’est une chose en deux parties. La première est une composition sur laquelle je travaille depuis un moment et la seconde sera dans l’étui. Tu pourras l’ouvrir à la fin, d’accord ?
L’étui… Je le contemple, alors qu’elle vient le déposer sur mes genoux, mes cils battant de manière légèrement frénétique. Qu’est-ce que c’est… ? Ses résultats du premier semestre ? Peut-être. Sûrement. On n’a pas eu l’occasion de se croiser énormément cette année… Entre la recherche, les cours, former Wakefield à enseigner la métamorphose, suivre mes thésards, s’ajoutant à la reprise de la direction de la maison Pokeby, hormis pour les réunions officielles ou des broutilles administratives, nous pouvons compter sur les doigts d’une ou deux mains les fois où nous avons eu l’occasion de nous voir, malheureusement.
Les notes coupent mes pensées. Je redresse soudainement le regard, éprise d’un frisson en découvrant les larmes de la blondinette, me laissant bouche-bée… Ces notes… Ces signatures… Ces fluctuations rythmiques… C’est… Elle… C’est nous… Une composition, alors ? Une part de moi s’oublie, dans les souvenirs, au travers des douces vagues de nos vies… Bravant les océans déchaînés aux mers sans vie, les plus douces et calmes…
C’est une belle mélodie. Une belle composition. C’est l’une de nos plus grandes nuances… Elle est si douée, si douée pour transmettre par le son… Si douée pour partager ses émotions… Je m’éprends d’une forme de nostalgie profonde alors que mes yeux s’illuminent de traînées oscillantes entre un jaunâtre marron et le vert. De l’anxiété, de la concentration. Les lueurs s’en dégageant paraissent trouble… Je peine à voir clair, d’ailleurs. Mais je me sens comme paralysée, animée par les notes. Jusqu’à la dernière, et c’est d’une main hésitante que je caresse les attaches de l’étui pour les délier, l’ouvrant sans détourner mon regard de son violon, de son visage.
Un temps. Une réflexion. Pourquoi… Pourquoi cela la rend si émotive ? Qu’est-ce qu’il y a de si important ? Une inspiration, longue. Profonde. La curiosité me gagne de même qu’une nuance de courage. Je baisse les yeux.
Des feuilles, nettes, dont j’observe d’abord le contour, minutieusement reliées. Un temps. Une lecture. Le mot. Le fameux mot. « Adoption ».
Mon regard se perd. Mes moyens en vont de même. La paralysie se développe et je sens mes muscles s’engourdir, l’éclat de lumière de mes yeux à la fois s’intensifier en sa source, et se ternir par les larmes, les larmes qui dévalent la pente de mes joues pour s’écrouler sur mes cuisses. Ruissellement inexorable d’une somme d’émotions qui me surpassent. Un sanglot. Puis deux. Malah se redresse, inquiète, perdue, frottant mes yeux après avoir vaguement redressé mes lunettes en reniflant maladroitement, soufflant lentement pour tenter de reprendre constance, reprendre mon calme. J’étais émue, oui. Parce que… Jamais, au grand jamais, je n’aurais pu imaginer être…
« M-Maman… ? Tu veux que… Je… »
La mélodie de mon esprit s’intensifie, je peux sentir mon cœur battre. Rapidement, brutalement, incapable de comprendre l’essence même de ces émotions si étrangères. La boule monte. La peur. Moi… ? Suis-je vraiment la personne pour ça ? Et en même temps, n’y ai-je jamais seulement songer sans jamais laisser l’idée grandir en mon esprit, ne m’y trouvant aucune légitimité ?
La voilà face à moi… Moi qui ne me voyait jamais, au grand jamais endosser le rôle d’une mère, ne m’en jugeant pas capable, pas assez bien, pas assez fiable, pas assez… C’est elle, l’enfant que j’ai chéri, que j’ai protégé, que j’ai soutenu, qui me le demande elle-même. Je m’égare, je le sens. Mes pensées affluent, les unes après les autres. Chaque question auparavant évité devient aujourd’hui une évidence. Est-ce que je serai toujours là pour elle si elle en a besoin ? Est-ce que je pourrais être une bonne mère ? Est-ce que je pourrais lui transmettre l’essentiel pour vivre une vie saine et sereine ? Est-ce que je la soutiendrai, peu importe ces choix, sans jamais laisser la peur m’emporter ?
« Oui… »
Un délai de réflexion court. Ce qui ne me ressemblait… Pas. Vraiment pas. Je suis de celles qui ont besoin d’analyser les choses de manière rationnelles, qui doivent prendre le temps de composer avec leur environnement pour prendre des décisions. Mais au fond de moi… C’est quelque chose que j’ai toujours désiré. C’est cette petite flamme, qui vacille quand je la vois sourire, quand la vois heureuse, épanouie, quand j’ai vu la fierté et la gratitude en son regard en validant ses ASPIC’s, quand elle a intégré cet orchestre à Paris, quand elle a été acceptée à Hungcalf… Ca fais des années que notre relation est ainsi, celle d’une mère avec son enfant. Nous ne l’avons simplement jamais exprimé de manière claire et précise.
Lueur claire, nuances de gris pâle, proche du blanc d’un diamant, je détourne finalement le regard. La lumière de l’appartement est faible, trop faible pour que je me sois aperçue de sa présence, avant. Mais aucun doute sur sa silhouette que j’ai passé des heures et des heures à contempler des plus douces matinées d’été aux plus froides nuit d’hiver.
Un sourire. Les larmes continuent de se frayer un chemin au long de mon minois. Mais je souris. Je me sens bien, si bien, entouré des trois filles qui sont, chacune à leur manière, celles que j’aime le plus sur cette Terre et bien au-delà.
- InvitéInvité
Re: Une mélodie, une question,... - Eden & Lune
Sam 4 Avr 2020 - 12:00
Famille. Ensemble des personnes vivant sous le même toit.
(c) SIAL ; icons bazzart
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