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[Fini] La corde à mon arc, la corde à ton cou ~Evalice#2
Mar 31 Mar 2020 - 16:09
Serre toi contre moi
c'est toi contre moi
c'est toi contre moi
Evan & Alice
(mood) Dans l’ombre, elle attendait. Il s’agissait de ne pas être pressée, le timing avait son importance, tout comme il en avait près de neuf mois plus tôt. Neuf mois, c’était énorme, quand on y réfléchissait, c’était le temps de conception d’un enfant. Instinctivement, Alice passa la main sur son ventre parfaitement plat, moulé dans une robe choisie avec soin quelques jours plus tôt avec sa ballerine favorite. Neuf mois, le temps d’une année scolaire à louvoyer pour ne pas se faire attraper bêtement, neuf mois à tricoter sa toile, en araignée patiente. L’Ariane avait du jouer d’adresse pour dérouler sa pelote sans se prendre les pieds dans les fils tendus dans tout Inverness, apprenant les habitudes de son fiancé mieux que lui même pour ne pas prendre le moindre risque d’être confondue : Pas de duel le mardi et le jeudi, ses sessions de prédilection. Interdiction de fréquenter le troisième étage lors des sessions de la chorale non plus, bien trop de risque de tomber sur le grand ahuri. Heureusement qu’il s’agissait de l’étage des Wrights, où elle n’allait pour ainsi dire jamais, en dehors du club de duel et de quelques excursions au grenier. Idem, elle avait failli faire brûler un cierge noir quand elle avait eu la confirmation que le Wakefield ne fréquentait pas le Styx, le bouge était bien trop mal fréquenté pour la colombe écossaise. Pauvre trésor, il n’était pas disposé à fréquenter les âmes les moins pures du coin, et cela donnait à Alice tout le loisir de se détendre un peu de ce jeu de chat et de souris dans lequel l’un des participants n’était même pas conscient de jouer.
Adossée à l’une des colonnes, dans un recoin de la grande salle, Alice observait le décors sans bouger, pareille à un meuble appartenant au décorum. L’ambassadeur espagnol avait mis les petits plats dans les grands pour son diner annuel : on fêtait tous les 1er avril la date d’anniversaire de la naissance de Don Silvio Tamaris, illustre sorcier espagnol et conseiller de la famille royale sur de nombreuses générations qu’il accompagna sous diverses identités, fort d’une métamorphomagie maitrisée à la perfection. Dans la salle de réception de l’ambassade donc, tout avait été prévu afin que chacun se sente à la fois à l’aise et submergé par la grandeur des lieux : la lumière, savamment tamisée, mettait en valeur les tables rondes ainsi que la piste de danse, tout en préservant quelques zones d’obscurité propices aux discussions en aparté. La verrière du plafond, à la manière de celui de Poudlard, représentait un ciel étoilé du plus bel effet, les astres se mouvant lentement au dessus des candélabres de cristal transparent, projetant leur lumière en flaque multicolore sur les visages des invités.
Et quels invités ! Comme à l’ordinaire, Ekwensu avait transmis à sa sœur un charmant trombinoscope des convives les plus prestigieux, annotés de ce qu’il fallait savoir de chacun. Et surtout, surtout, la famille Wakefield, sur deux générations, était présente, saluant l’un ou l’autre des hotes d’un mouvement de leur boisson. Les iris clairs d’Alice étincelèrent quand Evan, enfin, pénétra dans son champs de vision consciente qu’il ne pouvait pas la voir, pas encore. En compagnie de ses parents, il n’allait pas tarder à rencontrer les siens, et lentement, puis à tout vitesse, le piège à loup se refermerait sur lui, implacable. Il s’était approché de Pearl pour lui faire un baise main, avec aux lèvres, elle n’en doutait pas, un compliment sur sa coiffure, ou sa toilette. Evident, prévisible, la matriarche Hangbé était fabuleuse, et portant ses 60 hivers comme d’autres le font avec vingt de moins, avec autant d’élégance que de confiance en elle, petit bout de femme sec comme du bois, mais au regard de velours si envoutant qu’on en oubliait bien vite jusqu’à son propre prénom. Evan avait ensuite salué Malcom, le père, alors que les Wakefield étaient encore, pour le moment, en supériorité numérique sur leurs homologues américains. Patience, encore, ce n’était plus qu’une question de temps, de minutes, de secondes, et l’excitation montait avec, presque, un soupçon de stress. Ça allait passer, il fallait que ça passe. Alors elle murmura, pour elle-même avant tout, alors qu’un serveur lui proposait un peu de champagne pour occuper la jolie esseulée.
- Death, War, Pestilence… It’s my time to shine now…
Un geste de la main, subtil, rapide, naturel. Un signal. C’était à son tour de passer dans la lumière, après tant de temps dans l’ombre. Dans son dos, l’orchestre s’était mis à accorder ses instruments, et un guitariste commençait ses gammes à la guitare sèche. Alvaro était là, bien sur, sans être conscient de ce qu’il se passait autour de lui. La boucle se bouclerait bien vite, maintenant.
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Re: [Fini] La corde à mon arc, la corde à ton cou ~Evalice#2
Mer 1 Avr 2020 - 22:42
Serre toi contre moi
c'est toi contre moi
c'est toi contre moi
Evan & Alice
(mood) Evan, tu es attendu avec ton frère au dîner de l’ambassadeur espagnol. Ne songe même pas à porter une de tes affreuses cravates. D. Wakefield. Nulle salutation, ni besoin de faire poindre la menace sous-jacente – imprécations, déshéritement, honte internationale sur la famille. Il en aurait presque levé les yeux au ciel, le Calédonien, si cette réaction enfantine (mais pas entièrement hors de portée pour lui) n’avait pas été aussi prévisible. Impeccablement vêtu d’un smoking noir à l’hybridation marquée entre les mondes sorcier et moldu (il ne jouerait pas uniquement à l’enfant sage et rangé, après tout), le musicien s’était dirigé vers l’ambassade magique espagnole. Invisible à la vue d’autrui, une chaîne passée au cou comportait ce qui ressemblait à une breloque – guitare réduite par ses soins, souvenir des apprentissages réalisés au cours de l’été sur cette terre au goût de grès et de soleil. La perspective de passer une soirée entouré de l’ambiance des guitares sèches espagnoles le réjouit davantage qu’il ne l’exprimerait à voix haute – instants d’été passés sous les rayons arides, à apprendre, rire, profiter du goût de tout ce que l’Espagne (et les Espagnol(e)s) avait à lui offrir. C’est un regard neutre qu’il pose sur la grande salle, bien que son fort intérieur soit déçu. L’endroit regorge d’un charme sombre et séducteur, mais n’a rien à voir avec ce qu’il a connu de la péninsule ibérique. Les hôtes pourraient simplement être changés qu’on n’y verrait que du feu : la prétention prêt-à-porter du monde sorcier de la haute société. Rien n’a son caractère propre, il suffit de faire des contrats avec les meilleurs traiteurs, de proposer la plus raffinée des vaisselles, et les figures élégantes peuvent alors se pavaner pour n’importe quelle cause, toute occasion justifiant l’achat d’une robe de couturier.
À peine deux secondes passées en cet univers et déjà, il veut s’en aller, le musicien. Les notes d’un ensemble de musique classique on ne peut plus traditionnel parviennent à ses oreilles – en temps normal, il se laisserait aller à apprécier la finesse (ou les défauts) des artistes, mais il n’a que son propre pendentif en tête, à présent. Sans laisser paraître sa déception, il rejoint son père, déjà en présence de deux autres invités et de sa cavalière du soir. Probablement de 15 ans sa cadette, il ne lui adresse qu’un courtois « good evening, pleasure to make your acquaintance » avant de se tourner vers les étrangers au maintien digne. « Evan », le salue son père de son ton modulé. Le même que son fils, la voix agréable et contrôlée qui se transforme si aisément pour se faire chantante ou acerbe selon le besoin. « It’s my honor to introduce you to his excellency Malcolm Hangbé, Nigeria's ambassador for the MACUSA, and Pearl Hangbé, his charming wife ». Serrant la main tendue du diplomate, Evan hocha respectueusement la tête vers celui-ci, avant d’offrir un sourire courtois à son épouse. « Now father, I’m certain Mrs Hangbé has better achievements on her plate than marriage », fait-il, avant d’adresser un regard prudent vers l’ambassadeur, jaugeant la qualité de sa réplique dans le reflet impassible de ses yeux sombres. « With all due respect, Ambassador ». Il a droit à un rire de la part du Nigérian – une victoire en soi, semblait-il.
Un éclat sombre attire son attention, du con de l’œil. Peut-être était-ce dans la trame même de la soirée qu’ils se rencontreraient à nouveau – peut-être le tisserand à son métier n’attendait-il que de croiser leurs fils une nouvelle fois, mais il tourne la tête, inspiration retenue dans son torse sans même savoir ce qu’il s’apprête à voir. Le souffle coupé. « Alice … », murmure-t-il, faisant un pas instinctif vers la petite silhouette, oubliant l’univers autour d’eux – l’ambassadeur et son épouse, son père et sa cavalière, les dizaines d’autres convives autour. Ébloui par la beauté de la surprise, il sourit – les sourires secrets, sincères, accordés à ceux ayant partagé un moment d’intimité. Des souvenirs d’air sec et de goût de grenade sur sa langue le bercent alors qu’il prend les mains de la jeune femme, voulant poser ses lèvres sur ses phalanges. C’était un moment arraché au temps, l’été dernier – avant le retour vers les responsabilités et un avenir tracé. Un instant éphémère auquel il a pensé quelques fois depuis, sans mélancolie : il n’était jamais destiné à se reproduire – c’était la beauté de ces événements hors de la trame d’une vie. Précieux, secrets. Il se rattrape à la dernière seconde, le futur auror, ses manières de gentleman ne s’étant jamais rouillées avec les années – il les a gardées même dans les bars miteux de Londres où il se produisait jadis, lors de son émancipation des griffes paternelles. Malgré son aisance sociale, il n’a jamais eu d’amour pour le semblant d’étiquette dont il faut faire preuve en bonne société – mais se ravise. Il se contente d’une élégante demie courbette face à l’apparition à la robe couleur d’un ciel se déchirant encore du souvenir de la nuit, lueur émerveillée dansant toujours au fond de ses prunelles. Âme éclatante croyant trop fortement aux coïncidences et à la joie que le hasard peut apporter – ça te perdra, un jour, Wakefield.
Reprenant une posture droite, l’étudiant désigne son père d’un geste léger, le regard perçant du directeur de la Coopération magique internationale fixé sur son cadet. Une expression neutre qui file si aisément vers la désapprobation (Evan ne connaît que trop bien cet air). « Devon Wakefield, head of the International wizarding cooperation department, scholar, fine whisky connoisseur, and, above all honors, my father », déclame-t-il, rire dans la voix, sourire agréable accroché aux lèvres. Dans ces espaces, Evan a l’habitude de se mouvoir – malgré tout ce qu’on peut dire au sujet du musicien, il a toujours su rendre les membres de son entourage à l’aise. Ce que c’est que de manifester autant d’éclat là où les sorciers trop sérieux se montrent parfois terriblement guindés. « May I introduce Alice … » La voix laissée en suspens, le géant adresse un regard léger à la sorcière. « Forgive me, I don’t think I caught your last name », articule sa voix. When we were dancing with a taste of sangria and pomegranate on our lips, when your head rested on my shoulder as you sang, when I saw your skin under the moonlight, murmurent ses yeux.
Une vibration étrange le saisit, mais le dernier-né des Wakefield met l’impression sur son court moment d’égarement face à Alice. « Miss Hangbé », fait le directeur, adressant un salut court à la jeune femme. L’économie éternelle du geste chez celui qui s’était d’abord illustré comme diplomate avant d’arracher les rênes du département à Margaret Rosebury. « Always a pleasure ». Écarquillant légèrement les yeux, Evan jette un regard rapide à l’ambassadeur et son épouse, une légère exclamation échappant à ses lèvres. So I met her parents before knowing her last name. Nice.
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Re: [Fini] La corde à mon arc, la corde à ton cou ~Evalice#2
Dim 5 Avr 2020 - 11:51
Serre toi contre moi
c'est toi contre moi
c'est toi contre moi
Evan & Alice
(mood) De là où elle était, Alice ne pouvait pas entendre ce qu’Evan pouvait avoir dit à ses parents pour que Malcom se permettre un éclat de rire, court, mais sincère. Les Hangbé étaient connus pour leur approche bonhomme, accessible, cette manière chaleureuse de mettre leur auditoire à l’aise. Cette aura solaire, chacun de leurs enfants en avait hérité, d’une manière où d’une autre, même Ekwensu qui, pourtant, n’était pas l’être le plus accessible de monde. Probablement leurs parents avaient ils jugé le dosage de manière incrémentale, allant piano avec Ek, puis plus franchement avec Oscar, avant de se rendre compte qu’il y avait peut être un peu trop de familiarité chez Jacob, corrigeant ainsi le trop plein sur leur petite dernière. Il fallait bien trois brouillons pour achever un chef d’oeuvre. Auprès de Malcom, elle observait sa mère qui elle-même détaillait Evan de son regard pénétrant, mise en abime de l’observatrice observée. Nul besoin d’être légilimens ici pour savoir ce qui pouvait se passer sous le front lisse – merci la génétique et les potions – de la matriarche au sourire énigmatique : elle était déjà entre de jauger le niveau de séduction et de répulsion qu’elle pourrait exercer sur son futur gendre, qui ne manquait pas, déjà, de lui adresser quelques paroles en propre, sans qu’elle puisse en deviner le contenu. Décidément, il fallait qu’elle apprenne à lire sur les lèvres, à l’occasion.
Le signal lancé donc, il n’avait pas fallu grand-chose à la jeune femme pour attirer le regard du Wakefield, dont elle vit le visage changer quand l’information de sa présence percuta un recoin stratégique de son cerveau. Elle lui adressa un sourire presque timide, s’exhortant mentalement de ne pas paraître trop triomphante, malgré l’excitation croissante. Elle ne savait pas comment il allait réagir, elle ne le connaissait pas encore suffisamment pour ça, mais la surprise fut agréable de le voir se détourner presque instantanément de la conversation diplomatique pour la rejoindre, sans jamais la lâcher du regard, comme craignant que le moindre battement de cils dissipa son mirage. Elle le laissa prendre ses mains dans les siennes, se rappelant la chaleur de ses longs doigts fins de musicien enveloppant à nouveau les siens, relevant le menton vers lui avec cette même risette amusée par leur écart de taille à présent péniblement comblé pour partie par une paire de talons de douze. Toujouts aussi grand, le Wakefield, il allait falloir qu’elle s’y habitue. Elle s’attendait à ce qu’il embrasse ses mains, la fasse tourner sur elle même, ou un autre comportement fantasque de cet acabit, mais il se ravise l’animal, surement trop conscient de là où il se trouve. Don’t be so shy, little fly. Sans un mot - y en avait il seulement besoin ? De toute évidence, la feinte stupéfaction muette lui seyait au teint- , elle suivit son suivant jusqu’à ses propres parents, le patriarche Wakefield et une femme élégante, mais au regard trop vitreux pour pouvoir jouer dans la cour du reste de l’assemblée. Charmant ficus humain en tout cas. Et Evan se prit au jeu de la présenter, Pearl décochant à sa fille un regard que seules les femmes de la famille pouvait comprendre, auquel elle répondit d’un sourcil haussé, toujours postée au coté de son candide fiancé. Elle salua d’un mouvement de tête gracieux le père Wakefield quand celui-ci révéla son patronyme, enfin, à son fils.
- Sir Wakefield, Always a pleasure, souffla t’elle de sa voix chaude, sous-entendant qu’ils n’ignoraient pas l’existence l’un de l’autre, loin s’en fallait. Elle tourna ensuite la tête vers le Ficus, dévoilant ses dents pareilles à une rangée de perles. Kora, thiss dress is stunning, and those earings … cut my little finger if it’s not Hangbé’s emeralds. And I Really love my little finger.
La cavalière gloussa de fierté, avant de retourner le compliment à la cadette sur la beauté de sa toilette. Ladite Kora tenta d’initier une nouvelle conversation, mais Pearl leva la main, révélant sa coupe tristement vide et désignant de son verre un autre couple qui venait d’apparaitre.
- Malcom, Isn’t Lady Tamaharu, the american one, over there ?
Le père acquiesça d’un mouvement de tête, et d’un autre du bras, éloigna le paternel Wakefield et son accompagnatrice en direction d’une femme à la haute stature et au visage fin qui n’était pas sans rappelé celui de son fils unique. Laissée seule avec Evan à présent, sans trop connaître le timing qu’imprimerait les seniors sur le reste de la soirée, Alice attrapa une nouvelle coupe sur le plateau d’un des serveurs passant par là, bousculant légèrement le bras d’Evan de son épaule.
- Hitting on my mother just in front of me, what a Chad you are. And the sangria is barely drinkable.
Une pause, un nouveau sourire, celui avec les yeux.
- Nice to see you here. No really surprised, but pleased.
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Re: [Fini] La corde à mon arc, la corde à ton cou ~Evalice#2
Jeu 23 Avr 2020 - 22:34
Serre toi contre moi
c'est toi contre moi
c'est toi contre moi
Evan & Alice
(mood) Le revoici, incarné – those moving pictures. Comme elle s’insère dans tous les tableaux, la sirène, à se mouvoir avec aisance dans ces situations sociales. En filigrane de la scène, il en imagine une autre, le sorcier – deux inconnus partis à la recherche d’un musicien disparu sur les toits d’une ville aux tons de désert, le cœur battant la chamade de partager un instant d’adrénaline en compagnie étrangère. Partager ces instants d’intensité, alors qu’on cherche, quelque part, l’existence – voir le reflet de sa propre excitation dans les prunelles d’un autre être. La sensation de son corps sous ses mains, l’arche prise par son dos. Les souvenirs passent dans son regard de ciel sans qu’il cherche à les cacher, le sourire en coin, secret, accordant à peine un hochement de tête aux géniteurs qui les quittent. « Hitting on my mother just in front of me, what a Chad you are. And the sangria is barely drinkable ». Dédaignant les coupes du plateau, il accorde un sourire à la jeune femme – son meilleur rictus d’adulte qui n’a jamais appris à bien se conduire. « Lass, can you blame a man for having eyes? », demande l’étudiant, haussant les épaules avec son détachement légendaire – celui qu’on feint en effet de toge, qui a le don d’agacer les membres terriblement rigoureux et droits de la société britannique de sang pur. This night, another night – I would have looked at you much longer. « Nice to see you here. No really surprised, but pleased ».
Qu’il est curieux, parfois, de constater à quel point l’âme peut s’encombrer de sensations là où l’esprit aurait su sonner l’alarme immédiatement. Ne l’a-t-on pas entraîné à porter une attention spéciale aux détails, le futur auror? Se penchant légèrement vers elle pour murmurer à son oreille « let me guess », il jette un regard vers les Hangbé. « Your parents are looking for an eligible bachelor to suit you, and you wanted to be rescued? » Si seulement – inconscient de l’ironie de la situation, il lui accorde son meilleur sourire, lui tendant le bras. « Let’s get you a proper drink, then », fait-il sans attendre, accompagnant la jeune femme au bar, leurs parents se tenant non-loin de la surface d’onyx du comptoir. Attirant l’attention de la barmaid d’un sourire charmeur, le violoniste commande « two tumblers of Linkwood 37, neat ». S’il fallait subir les boissons qui n’incarnent qu’une pâle imitation des fruits gorgés de vin et de sucre de la péninsule ibérique, il les remplacerait par les accents de chèvrefeuille d’un whisky de sa propre terre natale.
À portée d’oreille, cette litanie – combien de fois entendra-t-on des parents se gausser à propos de leurs enfants? Ça a quelque chose de familier, et de si étranger à sa propre réalité (rien ne convient jamais au patriarche des Wakefield lorsqu’il s’agit de son cadet). «Our daughter is right there, standing with the Director’s son. Yes, she’s just been promoted to vice president of the duelling club and represents her house on the student council in Inverness ». Il y a là tant d’échos de fierté – la voix vibre, à n’en pas douter, l’apparition vêtue de bleu aux côtés du futur auror a tout d’une gemme aux yeux de ses géniteurs. On en sourirait de tendresse, d’émotion, de reconnaître ce genre de reconnaissance, mais là où un certain fils cadet est capable d’être roulé dans la farine une première fois par une paire de prunelles (trop) tentantes, une once de doute s’insinue en lui. Un accent de miroir éclaté, dont les failles révèlent soudain une myriade de reflets qu'il n'a pas su voir avant ce soir. L’air change, entre eux. Soudain, elle passe de souvenir estival à suspecte. Épaissis, les liens entre eux semblent se teinter de grenat. Are we in presence of a lamb, or a doe-eyed snake? « My, vice-president of the duelling club. And representative », fait-il, hochant la tête, une moue impressionnée peignant ses traits. Vice-présidente de son propre club de duels, sans qu’il ait l’occasion d’en prendre conscience? Le hasard était trop calculé. S’il avait appris une chose auprès de Cléopatra, c’était d’assumer que la plupart des coïncidences sont trop belles. « It’s a lovely resume you have there, Alice. Quite the coincidence to think we’ve never come across each other in the proverbial ring, isn’t it? » Trop conscient de ce que ce genre de soirée signifie pour un homme comme son père, il maintient si bien les apparences, l'héritier involontaire. La voix riche – l’air affable, et, un fond d’humour dans la voix, il sourit, le géant. Mais pas avec les yeux.
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Re: [Fini] La corde à mon arc, la corde à ton cou ~Evalice#2
Ven 24 Avr 2020 - 19:54
Serre toi contre moi
c'est toi contre moi
c'est toi contre moi
Evan & Alice
(mood) A la remarque sur sa mère, Alice s’inclina de bonne grâce, un geste gracieux du menton pour acquiescer à l’esquive : Peu importait l’usure des prunelles de celui qui dévisageaient Pearl, elle avait ce petit quelque chose en plus, un aura, un magnétisme dans ses traits pourtant imperceptiblement imparfait, qui pétrifiait et fascinait à la manière d’une gorgone d’obsidienne. Ses gestes étaient lents sans être mols, si précis qu’ils en devenaient naturels. La progéniture le savait, la mère ne faisait rien au hasard, et cela allait jusque dans les langueurs dans lesquels son regard se perdait, vers un au devant vague, et pourtant contrôlé. Plus qu’une sorcière, Pearl Hangbé, née Dubois, était une ensorceleuse, une enchanteresse qui par les vibrations de sa voix, la tessiture chaude qui enrobait vos tympans, par la manière dont elle effleurait votre corps, venait empoisonner votre âme. Il n’en fallait pas plus pour qu’on lui soupçonne du sang vampirique, la fascination devant évidemment avoir une origine exotique, vous excusant ainsi de vous être fait si facilement enrouler autour de son petit doigt. Alice n’avait pas encore un tel talent, bien qu’elle espérât de le fruit ne fusse pas tombé trop loin de l’arbre.
- Do I look like someone who need to be rescued ?
L’air étant presque offensé, exagéré bien sur. Si elle s’était sentie plus sure d’elle et de son emprise sur la soirée, elle lui aurait surement soufflé la confidence : Ses parents avaient arrêté de chercher pour elle depuis bien longtemps, les accords avaient été signés tacitement lors d’une réception similaire, au millésime de champagne près. Mais elle craignait encore trop les humeurs de l’écossais pour se risquer à une telle parade. Alors elle s’était contenté de sourire, encore, toujours, suivant docilement – dont get use to it, love – le sorcier jusqu’à son refuge de prédilection, l’oasis éthylique que représentait le comptoir tenu par une senorita aux yeux de biche, qui sourirent à ceux du Wakefield avant de croiser le regard perçant de sa cavalière, pourtant amène et sans jalousie.
- Thanks dear. Cheers ?
Elle fit tinter son verre contre le sien, les saveurs tourbées la ramenant aux temps anciens où c’était Jaïna Macleòid qui l’avait initié à la boisson nationale écossaise en bonne et due forme. De loin, des années auparavant, Jaina lui avait déjà montré ce fier et vigoureux cousin aux prunelles malicieuses et à la stature frôlant celle du demi-géant mais, à l’époque, Alice n’y avait jeté qu’un coup d’oeil poli, pour ne pas froisser la nymphe. Aussi vu, aussitôt oublié, jusqu’à ce que son nom et son visage réapparaisse dans un dossier, quelques mois plus tôt. A l’époque, Alice se faisait un devoir de ne pas s’acoquiner avec ceux dont le teint se rapprochait, de près ou de loin, de ce qui sort du pis des vaches. Ses faveurs allaient à ses collègues d’eumélanine, aux ascendances toutes sauf européennes, merci bien. Pas besoin de se faire coloniser jusqu’au plumard. C’est qu’elle avait eu des principes sur le sujet, un jour, ne tordant ceux-ci en entorse à peine assumée que pour les yeux d’un beau cuistot, dont la peau ambrée faisait croire à des origines insulaires plus méridionales qu’en réalité. Elle s’était égarée un instant dans les souvenirs de l’aube de sa vingtaine, quand la première réflexion d’Evan percuta ses tympans, perçant sa bulle nostalgique avec en sous texte une méfiance naissante. Oh, well. Elle aurait du s’en douter, son père n’en finissait pas de s’émerveiller de la capacité de sa petite cadette à suivre les pas de chacun de ses fils, le charme de sa féminité en vernis pour parfaire le tout. Sous la houlette d’Ekwensu, elle se faisait maline. Sous celle d’Oscar, elle savait montrer les crocs. Illuminée par la chaleur de Jacob, elle rayonnait comme un soleil, offrande aux dieux païens et aux hommes inconscients.
- Actually, I’m not VP yet, I have an interview with the president scheduled next week. Fingers crossed but hey, since the members voted for me… And I’m the only candidate, so …
La candeur n’était plus tout à fait de mise, mais la façade d’innocence était tellement jolie quand les yeux disent le contraire, forçant la complicité malgré Lui.
- Not really actually, I’m the busy kind. I’m an intern in the minister for magic since the beginning of the year, so I only attend my classes and the most popular parties. A girl has to chose her fights.
Elle avait laché sa réponse d’un air encore détaché, malgré la pression allant crescendo. Elle le sentait, le roitelet s’agitait, les plumes ne tarderaient pas à se gonfler et s’ébouriffer sous l’affront et la réalité. Berné, il était, conscient de l’être, bientôt. Si l’oiseleuse en herbe n’y prenait pas garde, il lui filerait entre les doigts, bêtement. Elle devait lui attacher le fil à la patte et pour cela, elle avait ce qu’il fallait. L’appeau de premier choix, celui auquel il ne saurait résister. Si c’était le cas, alors elle était en bien moins bonne posture qu’espérée, et elle serait contrainte de laisser la place à un rabatteur plus aguerri. Elle reprit une gorgée de boisson, comme pour se donner contenance, réfléchissant à toute allure avant une grimace due à l’alcool. Ou à la gêne.
- You seems so tensed… Are you actually the damsel in distress overhere ? I can be your knight in shining armor, if you want.
L’humour, la légèreté, un peu d’inconstance pour replonger le crabe inquiet dans l’eau tiède. Comme par hasard – décidément - l’orchestre avait fini d’accorder ses cuivres, et la toute première salsa, lente, sage, ouvrait le bal, avec en son centre le maitre de lieu et son épouse, droits comme la justice. Alice enroula son bras autour de celui d’Evan, délicatement, et se leva sur la pointe des pieds pour lui souffler à l’oreille, où en tout cas au plus près qu’elle en était physiquement capable.
- Don’t let me fall into the austrian governor’s arms… the lass sweats like a pig, and he is actually a terrible dancer. I’ll be in your debt forever…
La moue était charmante, le bras serré. Reste là, mon oiseau...
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Re: [Fini] La corde à mon arc, la corde à ton cou ~Evalice#2
Sam 9 Mai 2020 - 21:38
Serre toi contre moi
c'est toi contre moi
c'est toi contre moi
Evan & Alice
(mood) Il y a en elle ce mélange d’alcool sucré et d’épices, à nouveau – dans sa façon de bouger, de lui répondre, de lui tenir tête tout en l’accompagnant malgré tout. Le Calédonien avait été charmé par ces traits à Cordoue, et ils trouvent toujours un écho en lui, plusieurs mois plus tard – mais il n’est pas sourd, le futur auror. La faille dans les accents de fierté entendus d’une autre conversation, plus loin, qui se fiche en lui, gâchant le plaisir des retrouvailles d’un doute. « My, vice-president of the duelling club. And representative », formule-t-il, le visage étiré d’un air impressionné à mi-chemin entre honnêteté et artifice. « Actually, I’m not VP yet, I have an interview with the president scheduled next week. Fingers crossed but hey, since the members voted for me… And I’m the only candidate, so …» Damn it, that’s what I forgot about. La trempe d’un meneur n’a jamais été accompagnée de l’efficacité d’un organisateur chez le président du club, et s’il a été élu pour ses propres qualités de duelliste mariées au poids qu’il est capable d’exercer dans une assemblée, il s’est peut-être trop reposé sur la mystérieuse main invisible et ses traces effilées de craie. « Quite the coincidence to think we’ve never come across each other in the proverbial ring, isn’t it? » Les apparences maintenues par le carcan social, mais si la voix est empreinte de chaleur, les yeux ne le sont pas. Il ment plus aisément avec les sons qu’avec les yeux, le musicien.
Le détachement de la réponse ne se fait pas attendre, mais les liens se resserrent autour d’eux, l’atmosphère riche et anonyme de la salle de bals laissant place à un accent contrasté – tout autour, flou. Et ses prunelles claires à elle, le hameçon de l’univers autour – pour le mettre à l’abri ou en faire des filets, il n’en sait encore rien, mais elle ne lui semble pas avoir l’instinct d’une lionne. Trop habile. (l’ironie lui échappe) « A girl has to choose her fights. » En cela, malgré les doutes, l’Écossais trouve un début d’entente – la méfiance rythme toujours son myocarde, mais il est plus que capable de naviguer ces eaux houleuses de la haute société, à la fois par aisance sociale et par habitude. « Don’t we all », acquiesce-t-il, le ton détendu là où les prunelles ne le sont pas encore. « or else I wouldn’t be here myself ». L’aveu offert, pour ramener un semblant d’honnêteté dans la conversation – pour ses yeux, et pour ce souvenir qu’il ne veut pas (encore) teinter d’un goût amer. Le profil de la belle offert alors qu’elle reprend une gorgée de boisson, il la regarde, tentant d’y voir le mirage, sans succès. « You seems so tensed… Are you actually the damsel in distress over here ? I can be your knight in shining armor, if you want. » I beg your pardon? Sans répliquer, pour une rare fois, pris en tenaille entre son affabilité et sa posture de sauveur trop aisément adoptée, il se contente de sourire, une lueur amusée teintant son regard – à l’idée de se faire prendre à son propre jeu innocent, de se proposer trop aisément en figure chevaleresque, on finit par se faire pincer les doigts dans l’engrenage de demoiselles qui ne veulent pas être sauvées, Wakefield.
Et n’y a-t-il pas quelque chose de diablement charmant à ce genre de forte tête?
Les premières notes se font entendre, réchauffant l’air autour d’eux – sensible aux sons depuis sa jeunesse, il relève instinctivement la tête, un sourire satisfait peignant ses traits. Les héritiers de bonne famille se devaient d’apprendre les pas de danse dès leur plus jeune âge, et le cadet n’y a pas échappé, se montrant d’ailleurs doué en la matière – tout ce qui concerne l’agilité physique lui est venu aisément, grandissant, qu’il s’agisse d’un instrument à manipuler ou du combat au corps à corps. « Don’t let me fall into the austrian governor’s arms… the lass sweats like a pig, and he is actually a terrible dancer. I’ll be in your debt forever… » à son oreille, le souffle, et bien qu’il n’accorde désormais aucune crédibilité à une fausse demoiselle en détresse qui, quelques secondes plus tôt, se proposait plutôt de le sauver lui, exécute une légère révérence, extravagante malgré tout – sa signature.
Offre sa main à la sorcière, avant que ses phalanges ne soient rompues et offertes sans son aval. « How could I possibly refuse », répond-il, une légère facétie dansant dans ses cérulés aux reflets impavides. we both know you’re lying, lass. Des échos de traque – lorsqu’un suspect finit par abandonner quelques masques, admettant une part du crime. Les enjeux sont moins graves en l’espèce (qu’il croit), aussi se laisse-t-il aller au plaisir de la musique. Les notes n’ont pas la chaleur sèche du désert de l’Andalousie, mais la qualité estivale d’une ambiance intime, celle des bars où l’on se faufile pour commander – et pourtant, on trouve toujours le moyen d’exécuter quelques pas lorsqu’on le souhaite. Les doigts posés sous l’omoplate gauche de la sorcière, remarquant sans en prendre conscience la texture de sa peau. his digits remember. La plupart des invités ont clairement davantage l’habitude des valses carrées, qui laissent peu place à l’imagination, que de ces pas où le mouvement trouve son origine dans les hanches. Le rythme n’invite pas à la discussion désintéressée comme on pourrait le faire au son des grands classiques de violon – ici, les membres seuls parlent, et le regard.
Dans leurs mouvements, une franchise – celle des corps. Sans métaboliser s’il s’agit d’un bon augure, leurs iris entrelacés ne mentent pas : l’harmonie physique se supplée à celle des esprits qu’il entrevoit déjà s’entrechoquer. Retour de l’aisance avec laquelle ils se sont accordés, parcourant de leurs pas rapides les ruelles du joyau maure, le souffle court, et les hanches qui ne mentent pas. D’un geste, la danseuse callipyge tournoie, la main toujours ancrée entre ses doigts – ancre ou hameçon? Leurs regards se croisent sans réellement se chercher, parler avec le souffle, avec les hanches, et bien qu’il mène la danse, il ne la mène pas entièrement, n’est-ce pas? Who are you, really? La curiosité l’emportant sur la sagesse, le matamore sur le stratège.
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Re: [Fini] La corde à mon arc, la corde à ton cou ~Evalice#2
Mar 12 Mai 2020 - 19:08
Serre toi contre moi
c'est toi contre moi
c'est toi contre moi
Evan & Alice
(mood) En renard à peine apprivoisé, le Wakefield louvoyait, l’oeil brillant, inquisiteur, méfiant, et pourtant si curieux à la fois. C’est qu’Alice le titillait, un peu effleurant le bout du museau de la pulpe de ses doigts, lui agaçant les moustaches, titillant le recoin des babilles pour lui donner envie de morde. De gouter le sucre comme le sel qui coulait à la commissure de ses lippes retroussées dans cet éternel sourire cabotin. Car si il était malin, l’animal, tout goupil qu’il fut, il n’était jamais autre chose qu’une créature curieuse, que l’éclat moiré d’un mystère suffisait à attirer sur la pointe de ses coussinets bien nés. Des paradoxes, Alice lui en offrirait par centaines, jusqu’à ce qu’il se pose à nouveau sur son index, où elle l’enroulerait délicatement, patiemment, jusqu’à le glisser à son annulaire (jusqu’à la fin des temps).
Sa main liée à celle du sorcier, son regard dans le sien, Alice soutenait le regard d’Evan sans ces dérobades pudiques que l’on impose parfois aux demoiselles jetées hors de leurs gynécées. Elle n’était plus une enfant, pas plus une bachelorette timorée face à la toute puissante virile qui, quoi qu’elle puisse en dire, la dominait d’un bon tiers de mètre. Tsss. Alice avait l’aura d’une femme, les gestes assurées de celle qui sait ce qui trouble, agace ou tente. La question rhétorique, elle n’avait pas pris la peine d’y répondre, dès lors que ses gestes parlaient pour eux, les yeux disent le contraire pourtant. Les mouvements sont fluides, lents d’abord, comme si le musicien retrouvait l’instrument de son dos et de ses hanches abandonnées dans leur housse depuis trop longtemps. Le bois d’ébène de l’épiderme est chaud au toucher, familier aussi, alors la poigne d’Alice retrouvait le chemin de l’épaule (haute, si haute) du Wakefield, sa nuque, aussi. Dieu bénisse les talons hauts, comment avait elle fait la première fois ? Elle avait le souvenir ravissant de ses jambes enroulés autour de ses hanches. Plus facile pour être à hauteur. Raffermissant sa prise dans leurs mains jointes, elle attendit son signal pour reculer une première fois son pied, puis l’avancer, au rythme d’une musique pour l’instant suffisamment lente pour ne pas mettre leurs corps refroidis en difficulté.
Parce qu’elle n’a pas besoin de parler, de peser chaque mot comme une offrande aux dieux belliqueux et parfois susceptibles de la séduction à couvert, l’américaine laissait son être entier se détendre, laissant les muscles vibrer sous les acoups de percussions discrètement, imprimant le rythme d’une mélopée enjouée dans ses doigts aux cervicales de l’écossais, avec un air de ne pas y toucher. Si près, elle devinait l’odeur de son corps, primaire, dissimulée sous le savon et peut être une pointe de parfum. Elle pressentait la fermeté d’une cuisse habituée à l’effort quand celle ci avançait entre les siennes, la fermeté d’un bras qui la faisait tourner sur elle-même, danseuse de boite à musique aux accents poivrés du sud. Le duel devient chorégraphie jointe, partenariat muet pour plus d’harmonie, et offrir aux yeux tiers le spectacle de deux inconnus qui ne le sont pas, de toute évidence. Well, it takes two to dance tango, but salsa as well.
Elle souriait, défiait de ses prunelles aux éclats d’orides l’azur de celles du sorcier écossais, cherchant à aviver le souvenir de la complicité naissante entre eux, sur les pavés secs du sud de l’Espagne. Il l’avait adoré, une fois pourquoi celle-ci serait différente ? Elle était la même, exactement la même, ni plus, ni moins, que cette inconnue qui l’avait suivi dans le dédales des rues estivales bénies par la lune et le goût partagé pour l’aventure imprévue. Le seul détail était qu’elle avait un nom à présent, un patronyme et une vie tout autour, qui était arrachée à ses fantasmes pour prendre corps dans la réalité. Arriverait il à le supporter ? A sentir la prise ferme et douce à la fois sur son être, l’allant de ses pas légers et surtout, surtout, cette intensité qu’elle voulait bien voir dans les orbes qui ne la quittaient que le temps d’une pirouette, elle avait envie de croire qu’il acceptait, lentement, l’éventualité d’une fusion entre la jeune hidalgo de l’été dernier et la sorcière de noble lignage qu’il faisait danser. La musique se poursuivait sur un nouveau morceau, le pont avait été si bien amené que seule une oreille habituée était en mesure de la déceler. Ils pouvaient continuer à danser, un peu , encore, au coeur du Pandémonium personnel du Wakefield encore innocent. Qu’il profite de la douceur des verbiages latins à ses oreilles, de la chaleur du peau à peau et de la tendresse non feinte dans les yeux de sa partenaire, car dans un recoin de la pièce, un trio tergiversait à voix basse, conspirateurs pariant sur l’hymen future comme on mise sur le bon cheval. Rapide mais discipliné. Fougueux mais bien dressé. Malgré tout, le pari est toujours risqué, quand l’équidé est un bicéphale dont les bouches peuvent embrasser comme mordre. Mais Alice s’en fout, encore quelques minutes. Alice danse, parce qu’Evan lui plait, en ce qu’il est toujours beau, toujours simple, toujours lui. Elle profite, trop consciente qu’il s’agit peut être là des dernières fois où il la toucherait ainsi, volontairement, avant longtemps. Tant pis.
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Re: [Fini] La corde à mon arc, la corde à ton cou ~Evalice#2
Mer 1 Juil 2020 - 17:04
Serre toi contre moi
c'est toi contre moi
c'est toi contre moi
Evan & Alice
(mood) L’homme saurait-il céder à la réalité les figures idéalisées des souvenirs? Laisser les archétypes se doter de chairs, de textures, d’aspérités? Pardonner, sans apposer ce même regard sur son propre être (nécessairement innocent
(( un être entier – entre deux regards malins, la faille d’un sourire honnête,
apparition bicéphale dont la mémoire n’accepte qu’une incarnation
amphisbène traitresse ))
Il n’a rien de la prescience fraternelle, le cadet. Se fie uniquement à ses sens, les instincts qui lui crient désormais de se méfier, mais pourquoi reste-t-il, ainsi, cime dominant la courbure de la sienne, à se glisser entre les lignes qu’elle trace de ses pas, s’enivrer de son parfum alors même que son être se dresse contre l’idée d’être embobiné tandisqu’il la fait tournoyer entre ses doigts? Serpent charmeur hypnotisant son flûtiste au rythme de leurs ondulations, tout juste assez conscient pour tenter de voir à travers les sinueuses aigues-marines.
Les vagues multipliées, et le marin s’y perdrait, prisonnier des ondoiements, entre deux mouvements souples des corps qui se reconnaissent malgré le temps et l’unique rencontre. Pourraient-ils danser ainsi toute la nuit, se raconter mirages et montagnes de leurs corps, se souvenir d’autres paysages sublunaires, se sourire, s’enfuir, repousser l’inévitable? Oserait-il plier, accepter de ne pas tout comprendre, plier face à des desseins étrangers sans remettre en question?
L’âme nourrie à l’aune de Culloden plutôt qu’à celle de Westminster s’y refuse. La mutinerie inscrite trop tôt dans son échine lui interdit l’obéissance aveugle, malgré ses conforts. L’insoumission mariée à l’appétence de la curiosité la lui proscrit une seconde fois, et dans sa révolte, il s’y plie. On lui a enseigné les étapes d’un interrogatoire formel, et celles, instinctives, d’une conversation menée discrètement vers les détails à trouver, mais le futur auror n’a pas cette patience, et sent trop le poids des regards paternels pour entièrement s’abandonner à la danse.
« I’ve thought about Cordoba more than once », avoue-t-il alors que la salsa cède le pas à des sonorités plus lentes. Son cœur palpite, fruit triple de la traque, de la danse et du corps de la sorcière contre le sien. Sa peau se souvient, et la mémoire se glisse dans son regard – pourquoi le cacher? Il n’a rien d’un jeunot n’osant pas admettre la pluralité de ses sensations. L’honnêteté s’allie à l’interrogatoire, enfin. « But I’ll bet half my inheritance you and I meeting here was no coincidence, lass ». Est-elle une marionnette à manipuler par ses parents, ou un agent en elle-même? Glissant un regard prudent vers la haute stature de son père, son cœur se fige. Reconnait l’éclat froid et calculateur des prunelles de son géniteur, et une avidité qui ne saurait signifier qu’une chose.
Sans arrêter le mouvement, l’onde revient par vague. Les jambes qui s’effleurent, séparées par le tissu, et le poids des prunelles sur leurs nuques. La musique a des accents graves, à présent – son pouls s’accélère malgré le rythme calme de la nouvelle mélodie. Le danger pressenti comme une promesse grave, épée prête à s’abattre sur sa nuque offerte avec l’inconscience des matamores qui croient pouvoir se précipiter sur n’importe quelle situation et en ressortir gagnants.
Leurs gestes s’accordent à nouveau, et malgré la question, ses doigts s’enlacent autour des phalanges de la belle, en remarquent la douceur avec regret, car déjà, l’instant n’a plus rien de mystérieux, bien qu’il ne parvienne pas réellement à en apercevoir les contours. La litanie revient, dépouillée de ses traces suaves et lentes – elle a des accents de langueur qui ne sait plus se cacher. L’a-t-elle seulement déjà été, ou la culpabilité ne s’incarne-t-elle pas davantage en une paire de cérulés trop facilement trompés par ce qui ressemblait jadis à une moue pétillant d’intérêt? Who are you?
Fool. This isn’t about who. Trop centré sur les cibles. you’re not looking for a who. You’re searching for a what.
And what you are is screwed.
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Re: [Fini] La corde à mon arc, la corde à ton cou ~Evalice#2
Lun 6 Juil 2020 - 17:26
Serre toi contre moi
c'est toi contre moi
c'est toi contre moi
Evan & Alice
(mood)La désillusion avait fait son apparition dans le regard azuré du danseur, et déjà son visage d’acteur de l’âge d’or du cinéma hollywoodien se voilait d’une ombre, crépuscule du plaisir de leurs retrouvailles. La récréation était finie, l’épiphanie passée, les choses sérieuses elles allaient commencer, alors que le violon et les cuivres continuaient de guider leurs pas langoureusement, la tension musicale en prémisse de celle, électrique, qui passaient entre les générations du même arbre généalogique. Agilité élastique contre monolithe statique, cime à quelques grondements d’être foudroyé. Alice prolonge la langueur tant qu’elle le peut encore, observant Evan lui échapper doucement, inexorablement : le petit prodige, le musicien lisait enfin la partition dans son entièreté, il nota les noirs, les blanches et les anicroches, enfin la mélodie lui venait aux oreilles et il comprenait que la fugue d’autrefois était en réalité composée par une autre main que celle du Destin.
- I did too, especially during the coldest nights of the last winter, ronronna l’Américain dont la cheville remontait contre le mollet du danseur, sans jamais cesser de se mouvoir. Elle attendait, patientait sagement pour le laisser cheminer jusqu’à l’ultime conclusion. Cette dernière lui tira un rictus amusé, qu’elle accompagna d’une caresse de sa nuque de la pulpe de ses doigts. Un geste presque tendre, aussi implacable que les serres de l’épervier sur la nuque du lapereau débusqué.
- Sounds like a quite safe bet, mi guapo brujo, I used to see you more… brazen, maybe ? Now come on, I feel like your father is thrilled to tell us something… Well, as much as his monolithic face is capable to express emotions and eagerness… Shall we ?
Les dés au fond du gobelet, ils seraient jetés d’ici peu, quand les aînés auraient prononcé les phrases fatidiques. Douce sirène, elle avait mené la danse et des pas les guidant jusqu’hors de la piste, le parquet laissant sa place aux marbres froids et aux vérités brûlantes. Lâchant la main d’Evan, Alice était partie se réfugier sous le bras de son paternel qui la couvait d’un regard aussi intense que tendre, l’amour paternel menaçant le cadet des Wakefield et dissuadant du moindre commentaire désagréable sur sa précieuse progéniture, là où la matrone fixait à présent celui ci avec une lueur peu amène dans les iris aussi troublantes que celles du modèle réduit. Elle envisageait cet homme à qui elle allait lier sa fille, l’unique, ce type qui était venu s’échouer dans ses filets sans trop rechigner, pour mieux faire la grimace à présent. Quelle surprise, le fruit est moins savoureux quand sa bouchée vient avec un prix à payer. C’est elle qui rompit le silence, femme maitresse de l’assemblée, dirigeant son verre au devant de celui du père écossais, un fin sourire sur ses lèvres pleines, que le rouge à lèvre rendait d’autant plus imposantes, gueule rougeoyante de lionne vorace.
- Vous aviez raison, Cher, voici une jeune paire divinement assorti. Evan, jeune homme si vos talents de sorcier n’ont d’égales que vos talents de danseurs, alors vous n’aurez pas à rougir parmi les percussions qui rythment les cérémonies dans notre clan. Quoi que le rouge sur une peau si pâle est toujours tout à fait Charmant, vraiment charmant. Elle leva son visage de pharaonne vers ceux de ces hommes qui la dominaient de toutes leurs carrures, mais certainement pas de leur puissance. Alice, ma Délicieuse, ne devais tu pas me présenter cet Alvaro qui semble ne plus pouvoir se passer de ta présence ? Laissons donc ces messieurs discuter de l’intendance, et de la suite …
Alice, sans un mot, acquiesça à l’ordre de sa mère, et alors qu’elle quittait le giron paternel, elle effleura le poignet d’Evan du bout des doigts, et son regard du bout des cils, son reflet dans sa rétine, avant de lui tourner le dos. Peut-être se recroiseraient ils dans la soirée, peut-être pas, en tout cas, on ne les laisserait plus seuls tous les deux avant longtemps. La tâche d’Alice était accompli pour ce soir, elle ne pouvait donc plus qu’espérer qu’il comprendrait, le Calédonien, au moins un peu, que ses sourires, contrairement à tout le reste, n’étaient pas tous rédigés dans le script de sa conquête hidalgo.
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Re: [Fini] La corde à mon arc, la corde à ton cou ~Evalice#2
Mar 28 Juil 2020 - 17:30
(chapitre premier)
and who are you, the proud lord said, that I must bow so low?
only a cat of a different coat, that’s all the truth I know.
(treize.) Le roi reposait face à l’armée, esseulé. Isolé dans sa faiblesse, sa reine tombée au combat depuis des lunes – ayant juré de ne pas la remplacer, il attendait ses derniers instants. « checkmate », annonça la voix grave du général en face. Les cérulés de son cadet levés vers lui, le diplomate n’attendit pas que les morceaux du jeu se reconstituent pour désigner les décombres. « why did you lose? » Les mots coupèrent l’air ambient, annonçant une nouvelle leçon. Tout, même le jeu, devait avoir une utilité double, et les natures uniques lui inspiraient un mélange subtil de dédain et de désintérêt. Autant fallait-il avoir un interlocuteur ouvert en face – et son adversaire vaincu se montrait de plus en plus difficile, avec l’âge. « because you beat me », répondit l’adolescent, l’orgueil relativement intact – il avait l’habitude de perdre aux échecs face à son père, qui constituait le genre d’adversaire duquel on apprenait sans parvenir à vaincre.
Le futur directeur secoua la tête, négativement, avec dans le geste une économie qui se traduisait autrement dans sa stratégie au jeu – le calcul et la patience. Malgré tout, cette dernière pouvait rapidement s’amenuiser lorsqu’il échangeait avec son deuxième fils. « we’re not talking about me, Evan », le rattrapa-t-il, un fil d’agacement dissimulé dans sa voix, que le négociateur savait moduler au gré de ses besoins. « Why did you lose? » Un regard de défi qui n’était pas encore incarné dans la malice qu’on lui reconnaîtrait plus tard, il formula une hypothèse en toute mauvaise foi : « because you’ve got about a thousand games on me and you essentially do this for a living, and on a larger scale? » Un sourcil sévère haussé, Devon ne laissa pas la dernière note retomber, en saisissant la chute pour mieux la renvoyer à la tête de son deuxième héritier. « you lost because you’re arrogant and impatient ». L’échec, annoncé comme une gifle – mais si le fin orateur souhaitait cultiver l’intelligence chez ses fils (bien qu’elle se manifestait d’une façon éminemment plus élégante chez son aîné, qui avait l’avantage d’avoir dépassé depuis longtemps l’âge ingrat que traversait Evan), il devrait également composer l’héritage qu’il se façonnait : des rhéteurs plus obstinés que la moyenne. « I get it from my father’s side ». L’obstination y était, mais le talent rhétorique était toujours à parfaire.
Un regard dangereux d’avertissement fut décoché au cadet, et les remontrances l’accompagnèrent avec la dureté d’une claque. « don’t waste your breath on useless talk ». Il avait l’habitude de commander, le paternel, et aurait bientôt à prendre les rênes de son clan. « I’m sorry », souffla Evan, humble face à son intransigeance. Le griffondor n’était pas un idiot, et Devon s’en réconfortait souvent (si seulement il pouvait se désintéresser de ses partitions, encouragé par sa mère, à qui il pardonnait bien des choses – mais son indulgence envers son épouse ne s’étendait pas à son fils). Surtout, ses traits rebelles n’étaient pas (encore) apparus : il le modèlerait à son image, une deuxième facette à polir de la lame qu’était son aîné – droit, ciselé et inatteignable.
Sans compassion, il énumérait les fautes du jeune calédonien. « you’re not a bad player, but you’re too aggressive. You can be very calculating, but you’re so impatient to get what you want, it’s written everywhere. A worthy opponent doesn’t need to strategize. All he has to do is anticipate what you’re going for ». Tentant d’absorber la leçon plutôt que de voir les qualificatifs décernés comme une humiliation, l’adolescent hocha la tête, ses yeux clairs fixés sur les cases d’ivoire du champ de bataille. « And you should focus a little less on the board, and more on your opponent. Play the game, but mostly, play the player facing you. You shouldn’t always play the same way, it will make you less predictable, son ».(chapitre deuxième)
I'll watch you grow strong, see the lion you'll become, with a mane of fire and gold.
Oh you will be loved, and I'll be so proud, my beautiful, flame-headed (boy).
(quatorze.) Les échos de la nuit résonnaient contre les pierres du manoir. Endormis, ses occupants ignoraient le chaos interne du plus jeune – tous, sauf une. « Please get Father to change his mind ». La voix dans laquelle se glissaient des accents de supplications, mais il portait le poids de la fatigue de la nuit, et murmurait dans le silence. Doucement, la sorcière caressa le front de son cadet, faisant mine de replacer une mèche de cheveux d’or rebelle – il grandissait, et comme tous les adolescents de son âge, se hérissait parfois contre ces gestes d’affection, même s’il en était affamé (et ne l’admettrait jamais). « He’s quite bent on this, vögelchen », murmura-t-elle dans la nuit, son ton épousant celui d’Evan. Apaisant les peines. « But with you, he listens. With me, he’s just waiting to break my arguments, he’s not even open to discussing anything! » Les éclats de sa voix se modulaient de frustration (et hésitaient entre les sonorités aigues de l’enfance et ce qui deviendrait le riche mélange de ténor et de baryton de l’âge adulte). Un sourire compréhensif aux lèvres, Liese hocha la tête. « You’re still young, little one. He has to worry about all of us, and the future of our family ». Ce qui pouvait paraître comme une montagne à surmonter par le cadet avait tout de l’ensemble topographique pour son paternel, qui existait comme époux, diplomate, comme futur directeur, comme chef de famille à venir, comme père – et qui gérait toutes ces identités d’une main de fer dans un gant de fer.
Levant les yeux au ciel, l’adolescent qui prenait déjà des proportions de géant dégingandé pour l’heure soupira de frustration. the family. Always the family. The Wakefields. « What does music have to do with the future of our family? It’s so small, so … » ses mots s’étranglèrent de frustration et de deuil – il luttait contre l’inévitable, le savait, petit oiseau, mais il était obstiné comme cent. Patiemment, l’Allemande attendait qu’il revienne à la surface, l’encourageant de douces appellations. « vögelchen » au même rythme que ses caresses sur ses tempes. « Evan », et il leva de nouveau les yeux vers elle. « You know it isn’t really about music, don’t you? » La demande, avec le sourire. Un sourire rempli de bonté, avec les yeux qui pétillent d’une douce malice. Admettant la défaite face à sa mère (tellement plus aisé de plier face à une telle gentillesse), il hocha la tête. « Of course I do », souffla-t-il. Doesn’t mean I have to like it …
« You shouldn’t make yourself smaller, little one. » La sorcière se pencha légèrement, forçant leurs regards à se croiser, lui qui fixait obstinément ses genoux, penaud. « With your height, it’s not very convincing », ajouta-t-elle, un petit sourire en coin aux lèvres. « And with your mind, even less ». Le sérieux, l’amour maternel qui ne saurait accepter quoi que ce soit d’autre en guise de réponse. Un pauvre sourire en guise de réponse, il se laissa aller à appuyer la tête sur l’épaule de sa mère, même s’il la dominait déjà largement de sa cime. « I don’t know how you can stand it », soupira-t-il dans le creux de son cou, étrangement apaisé. Liese savait tempérer mieux que quiconque les personnalités opposées de son époux et de son cadet, rassurée de voir que malgré les années, Nathaniel ne s’était jamais retourné contre Evan, protecteur à sa manière envers son petit frère, qui le lui rendait de manière ingrate.
« He’s a musician too, you know ». Surpris, le Calédonien releva la tête pour regarder l’artiste, ses prunelles indiquant clairement son air dubitatif. « Not with instruments. It’s his voice. How do you think he’s gotten so convincing, with time? Do you think people would love such a hard man? That it would be easy to bend to him? It’s his voice, Evan. Even with it’s unyielding … it sings. » Elle sourit. S’il avait été plus vieux, et si elle n’avait pas été sa mère, Evan aurait pu lire entre les lignes. And that’s how I fell in love with him, even if we didn’t choose each other. « You’re quite similar in that regard, you know », prononça-t-elle avec prudence, penchant légèrement la tête en une position qui rappelait étrangement un volatile curieux. Vivement, il secoua la tête, se rebellant contre l’idée. « I’m nothing like him. I’m like you. » La force de sa conviction naïve, trahissant sa jeunesse. Nathaniel is like Father. I like instruments, I like art, I like beauty. I’m not like them. « You’ll see. Go back to sleep, vögelchen. I’ll guard against the monsters », promit-elle, le guidant à nouveau vers le duvet de son lit. « I’m not four anymore, Mama », se plaignit le lionceau. « Aren’t you? Sleep on. I’ll still guard you ». until the night takes her.
(trente-deux.) L’annonce était tombée. Le souffle coupé, il ne put que la regarder. Ses yeux d’aigue-marine, et son sourire de chat qui en savait trop – qui savait depuis son arrivée. Ils avaient dansé ensemble, ainsi, sous les regards de leurs deux familles, et lui, comme un bel imbécile, trop heureux de la revoir, de caresser ses traits du regard. L’exclamation honnête, éberluée d’un homme qui s’était trop plu à accepter les heureux hasards du destin pour voir autre chose qu’une jeune femme avec laquelle il avait partagé une aventure. De chat, il la vit désormais telle qu’elle était – les mâchoires d’une crotale prête à lui sourire pour mieux l’avaler et l’étouffer. vil serpent. Presque tétanisé, désormais seul en compagnie de son père, il lui fallut rassembler tout ce qu’il avait de courage (lion) et de contrôle de soi (aigle) pour faire face à son géniteur (serpent). Hors d’atteinte des oreilles indiscrètes, mais on les regardait. D’un effort surhumain, il prit une posture convaincante – de surprise, mais pas de colère. Pourtant, un filtre carmin semblait s’être supple à sa vision. « Father, how could you? I came back. After everything, I came back, I promised I’d be your heir, and you do this? » Un ouragan de sentiments contradictoires hurlait dans son crâne, et il aurait voulu exploser, se transformer, s’envoler comme il l’avait fait jadis, claquer la porte, ne plus jamais revenir et incendier les ponts derrière lui. Maudits soient les pères de sang pur et leur manie de ne voir leurs enfants que comme des pièces à échanger dans la course à celui qui accumulerait le plus de points, et pourquoi? Pour pouvoir, le jour de leur mort, compter qui aurait sacrifié le plus, pour en gagner davantage?
« Listen to me. » Il fendait l’air, comme toujours. Sans hausser le ton, Devon Wakefield avait toujours commandé le respect. « What did you think was going to happen? We agreed on a suitable alliance. Who would you have gone with? A Dalgaard girl, fetching dragons on an island and losing your name? The Mullers are degenerates and their Asian counterparts are no better. Claudia and Aloysus continue with this strange manic to pair off their children with their non-biological cousins. And speaking of cousins, you’ve made it quite clear that your so-called engagement with Jaïna was nothing more than a charade to you. So tell me now, son. What was I to expect? » Peu de gens étaient capables de provoquer le silence chez le musicien, et pourtant, il se tut pendant que son père énumérait les défauts et les failles des familles de sang pur implantées en sol britannique. Sa voix, sa meilleure arme – it sings, avait dit Liese Wakefield – et elle avait raison. Pour charmer, pour persuader – mais il n’avait jamais eu à charmer son fils, uniquement à le modeler à sa volonté, et le paternel avait échoué tant de fois qu’il semblait s’être résolu à le briser s’il le fallait. Le clan avant la famille, et la famille avant les liens filiaux. Si seulement son cadet n’avait pas été si entêté – peut-être aurait-ce pu être différent, mais le caractère volatile et farouchement indépendant de l’oiseau ne lui permettait aucune marge de manœuvre. Tout avait dû être calculé. Le simple fait d’avoir eu besoin de donner une pléthore d’informations à l’aîné des frères Hangbé trahissait le besoin que le Directeur avait eu de savoir son fils réellement pris au piège pour éviter un fiasco comme celui qu’avait engendré la rupture de ses fiançailles avec l’aînée de la famille Aldermann, jadis.
Pinçant les lèvres, la trahison profondément ancrée en lui – comment pouvait-il en être autrement? Il était revenu, avait accepté toutes les conditions posées par le chef de clan, y apposant une légère clause de choix, pour se voir retirer cette dernière fraction de liberté. Comprenant trop bien où en venait l’ancien diplomate, trop calculateur pour être parvenu à ces raisonnements récemment, il cacha le ressentiment et l’étendue de la blessure derrière un air neutre – s’il se faisait acteur théâtral pour charmer son public, il était capable, lorsque le besoin s’en faisait ressentir, de faire semblant. « You started negociating as soon as I came back, didn’t you? » I never actually had a choice. « Don’t be a child ». L’impatience agacée du père, qui gardait un contrôle étroit sur sa propre attitude et ses pensées. « The Hangbés are a good family. They’ve barely set foot in the UK, but their international reach is large. Your fiancée’s two eldest brothers studied here, and decided to work at the Ministry rather than the MACUSA. They want to stay here, why else intertwine all their children with the uk? Oscar is a diplomat in my Department, and the elder works with Nathaniel. Because of their business, they don’t have the same image as we do. We can ally ourselves with them without tainting ourselves, if we stay true to the heart of the family. » Face à la figure d’autorité suprême que représentait Devon Wakefield, Evan n’avait jamais pu faire quoi que ce soit d’autre que s’opposer. Par l’esprit, par l’âme, par le coeur. En cela, malgré l’esprit vif-argent du cadet, il demeurait terriblement facile à manipuler par son paternel, sans en avoir entièrement conscience. « You make it sound like we are getting more out of it than they are. Are you going soft with age? », ironisa-t-il, la piqûre là où il savait la rébellion en public inefficace.
« Don’t think so little of your name. » La réplique, reçue comme une nasarde, comme toutes celles que le patriarche savait décocher verbalement. Sa voix, tranchante, tailladant la volonté du musicien. « Do you think Wakefield means nothing? They lack legitimacy here. We gain their reach on the new continent and Africa, they gain ours in Europe. More importantly, they get everything that is associated with our name ». Surpris, Evan fronça les sourcils face à ces poids dans la balance. « Now it seems as if they’re gaining more than we are ». Le regard que lui décocha Devon lui arracha un frisson le long de l’échine. La dureté de son père alliée à la glace inébranlable de sa volonté, et dans ses yeux sciemment expressifs, il lut toute la déception du Directeur à son égard. L’homme politique, qui avait dû faire des choix difficiles et coûteux tout au long de sa vie, hériter des victoires et des sacrifices de ses aïeux, pour voir ceux-ci dilapidés par l’esprit naïf d’indépendance de son cadet et l’absence de progéniture de son aîné. You’re damaged goods. Did you think I could negociate you like a prized stallion, like I did when you were first engaged? « Purebloods’ names are their worth » and yours is worth more than you are.
« This is … this is worse than last time, Father ». L’humiliation, la défaite. La sensation qu’il avait eue de retrouver sa famille, et d’être enfin accepté tel qu’il était – le fils éclatant, le fils trop vif, mais le fils quand même. Les paupières plissées, il s’approcha. Légèrement, à peine perceptible de l’extérieur. Juste assez pour murmurer, la voix qui menace. « You’re prepared to make the bet it won’t be like last time? » Qu’il ne s’enfuira pas à nouveau, ailleurs, humiliant à nouveau leur famille? « I’m staking my legacy on it. » La certitude, et son miroir, le défi. don’t you seem confident. le calcul en réponse. Glacé. love almost broke you before. We both know you don’t want to find it again. This is comfortable, though difficult to accept. « Your brother’s wife had another miscarriage. It was their last try ». pièces, pions, points. Dans la balance, ils ne valaient rien d’autre que leur poids. « Merlin, Father. She has a name! » La dernière lame de sa voix, prête à le taillader à nouveau, le ramenant à l’adolescence, à ces jours d’apprentissage entêté et plein de rébellion. Dans l’expérience, Devon avait enfin trouvé la faille chez son fils – le besoin d’appartenance, malgré tout ce qu’il projetait au monde, malgré le mirage qu’il créait probablement sans en avoir conscience. « Yet, she won’t be giving ours to any heirs. » Des mots supplémentaires n’étaient pas nécessaires. Face à face, sur un parquet de bois, et pourtant, n’était-ce pas le carrelé de touches noires et blanches qui les séparait, les pièces d’une armée en charpie pour interlocuteurs muets, et un roi prêt à tomber? « Why did you lose, Evan? » Because you’ve been choked by the leashes of love and duty.
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