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(Highlands) A ride in the countryside
Dim 19 Avr 2020 - 18:24
L'approche du mois de mai voyait s'installer les beaux jours dans les Highlands. Le ciel était d'un bleu profond, parsemé de cumulus à l'aspect cotonneux et aux formes évocatrices. Partout à travers la campagne, on voyait fleurir les arbres des vergers, sur le bord des routes et dans les jardins. Les champs labourés se couvraient peu à peu de jeunes pousses d'un vert tendre, tandis que l'on envoyait les bœufs brouter dans les tourbières.
Pour Charlie, tous ces bougonnements de la nature sonnaient le début de la haute saison : période d'activité intense et de récoltes fastes. Chaque plante avait ses exigences, ses nécessités et son rythme de maturation : de certaines l'on gardait les boutons, d'autres les pétales, le pollen et d'autres encore les fruits.
Ainsi, de la mi avril jusqu'à la fin d'octobre, il y avait à faire. Naturellement, cela requérait une grande coordination et beaucoup de savoir faire. Heureusement, la famille pouvait compter sur les manuels laissés par feu Charles Bird, dans lesquels tout était expliqué. Le jeune héritier en chef d'orchestre, on voyait alors l'endroit s'animer comme une fourmilière à toutes heures du jour et parfois de la nuit (notamment pour certains événements clés, comme la pleine lune).
Comme c'était la seconde fois qu'ils démarraient la saison depuis le décès de Charles Bird, Arthus et Charlie avaient de meilleures habitudes. Le premier s'occupait de la serre (c'est à dire toute la partie pratique, en contact avec les plantes), tandis que l'autre se chargeait de la logistique (c'est à dire l'embauche de saisonniers, le conditionnement et la vente).
Saine dynamique qui, bien que difficile à ajuster, permettait à l'entreprise d'avancer sans chanceler. Les deux jeunes hommes visaient la croissance cette année, l'incendie du mois de janvier apparaissant comme une motivation supplémentaire pour se dépasser et faire un bon chiffre.
Cependant, l'on connaissait la nature amène et ludique de Charlie : si son frère supportait de se jeter corps et âme dans le travail, au point de ne faire que cela (avec les cours à l'université), l'aîné de la fratrie Bird monnayait son sacrifice en échange d'une vie sociable bien remplie.
Le jeune homme proposa donc à son amie Madeline Keegan de prendre un après-midi « off », comme il savait qu'elle travaillait pour quatre (au moins) elle aussi. En vrais Highlanders, bien implantés à Inverness et respectivement à la tête d'une petite entreprise familiale, ils se connaissaient depuis l'adolescence.
Toutefois, il fallu attendre que Charlie reprenne officiellement les reines des serres Bird pour voir leur relation évoluer de la simple sympathie vers une véritable amitié. Preuve, s'il en faut, qu'en dépit de points communs nombreux et évidents, le destin prenais parfois du temps à mettre des choses en place. Toujours est-il que désormais, Charlie sollicitait la jeune femme de temps à autre pour des sorties, ou simplement passer un peu de temps ensemble.
Cette fois-ci, ils s'étaient prévu une petite escapade dans la nature, histoire de profiter du soleil et recharger des batteries mises à l'épreuve par le long hiver écossais. Le jeune homme sorti donc la voiture, la guitare sur la banquette (au cas où), quelques bières dans la glacière et du Queen dans le lecteur CD. Il fila de sa campagne invernoise jusqu'au quartier sorcier et récupéra Maddie non loin du Sans Souci.
« Awright darlin', on décolle ! Dit-il en ouvrant la portière du passager. Tu peux changer si tu veux.
Qu'il ajouta en désignant la grosse pochette à CD gisant sur le tableau de bord d'un signe de tête (le jeune homme avait beau être de culture moldue, certaines innovations n'étaient visiblement pas parvenues jusqu'à lui). Lunettes de soleil sur le nez, posture dodelinant en rythme avec la musique, Charlie semblait de très bonne humeur. Il adressait de fréquents coups d’œils à sa camarade, assortis de petits sourires en coin tellement typiques, tout en conduisant.
« Comment ça va ? Demanda-t-il. Il paraît que tu construis une serre en ce moment. Tu veux me faire de la concurrence, c'est ça ?
Il souffla entre les dents d'un agacement ironique, avant de glousser sourdement (trahissant la plaisanterie). A dire vrai, les initiatives de sa comparse l'intéressaient toujours. Madeline avait cette débrouillardise caractéristique de son clan, à toujours s'arranger, trouver des solutions, innover, bricoler et ainsi de suite. Le signe d'un vrai tempérament créatif, en somme. Aux yeux de Charlie, c'était clairement une qualité.
« Copilote, prends le plan dans la boite à gant s'il te plaît... Je loupe tout le temps la bonne sortie.
Ajouta-t-il enfin, conscient de n'être qu'à demi attentif à la route (ce qui était rarement une bonne idée, on en conviendra).
Pour Charlie, tous ces bougonnements de la nature sonnaient le début de la haute saison : période d'activité intense et de récoltes fastes. Chaque plante avait ses exigences, ses nécessités et son rythme de maturation : de certaines l'on gardait les boutons, d'autres les pétales, le pollen et d'autres encore les fruits.
Ainsi, de la mi avril jusqu'à la fin d'octobre, il y avait à faire. Naturellement, cela requérait une grande coordination et beaucoup de savoir faire. Heureusement, la famille pouvait compter sur les manuels laissés par feu Charles Bird, dans lesquels tout était expliqué. Le jeune héritier en chef d'orchestre, on voyait alors l'endroit s'animer comme une fourmilière à toutes heures du jour et parfois de la nuit (notamment pour certains événements clés, comme la pleine lune).
Comme c'était la seconde fois qu'ils démarraient la saison depuis le décès de Charles Bird, Arthus et Charlie avaient de meilleures habitudes. Le premier s'occupait de la serre (c'est à dire toute la partie pratique, en contact avec les plantes), tandis que l'autre se chargeait de la logistique (c'est à dire l'embauche de saisonniers, le conditionnement et la vente).
Saine dynamique qui, bien que difficile à ajuster, permettait à l'entreprise d'avancer sans chanceler. Les deux jeunes hommes visaient la croissance cette année, l'incendie du mois de janvier apparaissant comme une motivation supplémentaire pour se dépasser et faire un bon chiffre.
Cependant, l'on connaissait la nature amène et ludique de Charlie : si son frère supportait de se jeter corps et âme dans le travail, au point de ne faire que cela (avec les cours à l'université), l'aîné de la fratrie Bird monnayait son sacrifice en échange d'une vie sociable bien remplie.
Le jeune homme proposa donc à son amie Madeline Keegan de prendre un après-midi « off », comme il savait qu'elle travaillait pour quatre (au moins) elle aussi. En vrais Highlanders, bien implantés à Inverness et respectivement à la tête d'une petite entreprise familiale, ils se connaissaient depuis l'adolescence.
Toutefois, il fallu attendre que Charlie reprenne officiellement les reines des serres Bird pour voir leur relation évoluer de la simple sympathie vers une véritable amitié. Preuve, s'il en faut, qu'en dépit de points communs nombreux et évidents, le destin prenais parfois du temps à mettre des choses en place. Toujours est-il que désormais, Charlie sollicitait la jeune femme de temps à autre pour des sorties, ou simplement passer un peu de temps ensemble.
Cette fois-ci, ils s'étaient prévu une petite escapade dans la nature, histoire de profiter du soleil et recharger des batteries mises à l'épreuve par le long hiver écossais. Le jeune homme sorti donc la voiture, la guitare sur la banquette (au cas où), quelques bières dans la glacière et du Queen dans le lecteur CD. Il fila de sa campagne invernoise jusqu'au quartier sorcier et récupéra Maddie non loin du Sans Souci.
« Awright darlin', on décolle ! Dit-il en ouvrant la portière du passager. Tu peux changer si tu veux.
Qu'il ajouta en désignant la grosse pochette à CD gisant sur le tableau de bord d'un signe de tête (le jeune homme avait beau être de culture moldue, certaines innovations n'étaient visiblement pas parvenues jusqu'à lui). Lunettes de soleil sur le nez, posture dodelinant en rythme avec la musique, Charlie semblait de très bonne humeur. Il adressait de fréquents coups d’œils à sa camarade, assortis de petits sourires en coin tellement typiques, tout en conduisant.
« Comment ça va ? Demanda-t-il. Il paraît que tu construis une serre en ce moment. Tu veux me faire de la concurrence, c'est ça ?
Il souffla entre les dents d'un agacement ironique, avant de glousser sourdement (trahissant la plaisanterie). A dire vrai, les initiatives de sa comparse l'intéressaient toujours. Madeline avait cette débrouillardise caractéristique de son clan, à toujours s'arranger, trouver des solutions, innover, bricoler et ainsi de suite. Le signe d'un vrai tempérament créatif, en somme. Aux yeux de Charlie, c'était clairement une qualité.
« Copilote, prends le plan dans la boite à gant s'il te plaît... Je loupe tout le temps la bonne sortie.
Ajouta-t-il enfin, conscient de n'être qu'à demi attentif à la route (ce qui était rarement une bonne idée, on en conviendra).
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Re: (Highlands) A ride in the countryside
Lun 20 Avr 2020 - 0:06
Ah, les impatiences enfantines !
Maddie se souvenait des excursions qu'elle faisait en famille quand elle était toute jeune. Ils avaient eu cette tradition tout au long de son enfance : dès que les premiers rayons du soleil venaient réchauffer les Highlands, ses parents laissaient l'auberge aux bons soins de ses grand-parents pour la journée et l'embarquaient dans ce qui lui semblait alors être les escapades les plus fantastiques de sa courte vie. Tout commençait la veille, quand son père lui annonçait le programme du lendemain. Toute l'impatience de cette aventure la tenait éveillée une partie de la nuit, à réfléchir aux biscuits, bonbons et cacahuètes grillées qu'elle mettrait dans son petit sac à dos, avant que le sommeil ne finisse par la rattraper. Evidemment, les pique-niques qu'ils faisaient ensuite sur le bord de mer n'avaient d'exceptionnel, si elle avait dû leur accorder un coup d'oeil objectif. Mais qui était impartial avec ses souvenirs d'enfance les plus heureux ?
Près de vingt ans plus tard, la perspective de raviver cette tradition pour une journée l'excitant presque tout autant qu'à l'époque, elle n'eut pas à réfléchir longtemps à la réponse qu'elle apporterait à Charlie.
Cette fois-ci, l'impatience ne l'avait pas empêchée de dormir -heureusement, car elle avait besoin de toutes les heures de sommeil que son emploi du temps lui permettait- mais sa matinée dans les cuisines d'Hungcalf avait été d'une infernale lenteur. Elle appréciait Sebastian et les elfes de maison, mais Merlin seul savait ce qu'il était difficile de rester à l'intérieur quand on entendant les oiseaux gazouiller le printemps !
Elle était ensuite rapidement retournée au Sans Souci pour prendre une douche, enfiler une tenue plus confortable -elle avait mis son jeans préféré, celui sur lequel elle avait brodé des petites abeilles sur les poches- avant de raider les petits gâteaux et les sandwichs destinés à la clientèle, comme à l'époque. Et deux oranges, pour se donner bonne conscience. Un bisou à sa grand-mère, et elle abandonna ses soucis pour la journée.
Elle n'eut pas à guetter longtemps l'arrivée de l'aîné Bird depuis son bout de trottoir : « Charlie ! » s'écria-t-elle avec chaleur, alors qu'elle s'engouffrait dans l'habitacle du véhicule: « C'te paire de lunettes de rockstar, waouh ! » ajouta-t-elle en s'installant plus confortablement sur son siège, yeux furetant sur le tableau de bord à la recherche de boutons qu'elle pourrait subtilement écraser pour découvrir leurs utilisations. Elle n'osait pas trop le dire à Charlie, mais elle était toujours fascinée par le bout de plastique qui commandait l'ouverture de la vitre, et qui fonctionnait même quand elle ne la regardait pas!
Elle s'empara finalement de la pochette à CD pour les consulter avec presque toute l'attention du monde, mains déballant des petits œufs de Pâques. « Tu te sens plus en mode I want to break free ou Future starts slow ? » l'interrogea-t-elle en lui glissant distraitement un chocolat vers son orifice buccal.
Elle tourna la tête vers lui, faussement scandalisée quand il l'interrogea sur la serre : « Mais comment t'es au courant ? Me dis pas que c'était aussi dans le Chineur ! » grimaça-t-elle. « Ils ont réussi à se moquer du Sans Souci, d'un de nos résidents et de moi en quatre lignes. » Le niveau d'appréciation qu'elle éprouvait pour le journal était palpable, malgré son ton léger. « En plus ils ont sous-entendu que je volais des slips sales... Non mais les jerseys se revendent tellement mieux... » ajouta-t-elle en agitant la main pour éloigner la discussion du sujet.
« Mais non, pour te répondre, je ne suis pas là pour te faire concurrence. Je suis là pour te surpasser, naturellement, mon sourire de fââââmme est plus vendeur » démontra la jeune femme en soulignant sa risette de ses mains, oubliant que le conducteur se devait d'être concentré sur la route. « Je ne sais pas encore ce que ça va donner, mais l'idée est d'améliorer le quotidien. Klara m'a offert plein de graines, on attend que ça pousse... Et on en a de récup' qui sèchent un peu près partout dans l'auberge en attendant d'être semées. On joue pas dans la même cour niveau organisation, j'te jure.» Elle aurait peut-être dû lui demander s'il avait quelques pots pour semis en rab, tiens. Ça lui aurait évité de faire les siens dans un peu près tous les bocaux qu'elle avait trouvés.
« Mais, serious talk maintenant. T'as réussi à dormir combien d'heures la semaine passée ? Vends-moi du rêve ! » Petit œuf au chocolat sous la dent, elle se tourna un peu plus vers lui pour appuyer son dos contre la portière, pas très au fait de la position assise optimale -dans le fond du siège- à avoir dans une voiture.
Elle savait que Charlie avait un emploi du temps plus chargé que le sien, et que le retour des beaux jours ne ferait que l'alourdir d'autant plus. Il avait cependant adopté une autre tactique que la sienne : quand Maddie travaillait et dormait, Charlie travaillait, travaillait encore, sortait et devait sans doute dormir quand il tombait là. Il l'impressionnait énormément pour ça.
« Oh, tant de responsabilités... » murmura-t-elle en s'emparant de la carte. Si c'étaient les seules de la journée, elle pourrait gérer. « Tu sais, moi, tant qu'on ne voit pas Liverpool, ça me va. » Elle ramena une mèche de cheveux derrière son oreille, comme si la manœuvre lui permettait de mieux lire la route. Elle releva les yeux pour le plaisir de voir le paysage défiler. Ça avait la vitesse du balai, sans l'horreur d'avoir des mouchettes dans les yeux.
« C'est pas cette sortie-là ? Ou la suivante ? On a dépassé Culloden ?» hasarda-t-elle en souriant, plus sensible à l'extérieur qu'à la lecture de la carte. Finalement, même les responsabilités de copilote seraient peut-être de trop pour la journée.
- InvitéInvité
Re: (Highlands) A ride in the countryside
Mar 21 Avr 2020 - 18:41
Charlie accueilli Madeline avec un espèce de faux air de séducteur, en accord avec sa remarque sur les lunettes de soleil qu'il portait. A peine la portière refermée, le vieux tacot immatriculé à Glasgow se mit à vrombir, comme ils prenaient la route en direction de la sortie de la ville. Le jeune homme tapotait le volant du bout des doigts, battant la mesure du tube (jamais démodé) qui jouait dans l'habitacle, tandis que sa comparse faisait le tri de ce qu'elle voulait écouter.
« The Kills, The Kills please.
Dit-il en appuyant machinalement sur le lecteur, pour éjecter le CD, les yeux rivés sur la route d'une part, les épaules légèrement penchées sur Madeline de l'autre, comme elle lui présentait un chocolat (dans une démonstration parfaite de coordination). Le sourire qu'il affichait déjà se renforça encore quand il vit qu'elle s'offusquait (ou faisait mine de s'offusquer), de le voir si bien informé de ses dernières initiatives.
« Y'a un truc qui propage les rumeurs encore plus vite que le Chineur, c'est les petits vieux. Charlie eut un gloussement. A chaque fois que je fais mes livraisons, j'ai droit à un compte rendu complet de tous les petits vieux du coin, sur la vie des uns et des autres. M'enfin, sans accuser personne, je pense que c'est les Keegan qui l'ont commencé, celle là.
Il eut un nouveau rire (un brin taquin) et lui adressa un regard en coin. La complicité entre le clan Keegan et la famille Bird était de notoriété publique dans la région. Fallait-il s'étonner que les doyens et les doyennes se racontent en détail la vie de leurs enfants et petits-enfants ?
« Ne te prend pas trop la tête avec ça. Poursuivit Charlie d'un ton plus sérieux. Finnick Fraser est une star, j'imagine que tout ce qui le touche fait plus ou moins l'objet de ce genre d'article de tabloïd.
Tout ceci paraissait dépiter l'écossais, à en juger par son expression un brin pincée. Il n'avait jamais partagé l'attrait des ragots, bien qu'il comprenne (sans l'approuver) le plaisir un peu voyeur que certains pouvaient trouver dans ces lectures. Qui plus est, il avait déjà eu l'occasion de rencontrer l'attrapeur vedette des Kestrel de Kenmare et, à en juger par ce qu'il avait perçu de lui (c'est à dire un naturel réservé et farouche), Charlie était à peu près certain que d’apparaître dans le journal à ragot ne devait pas le réjouir plus que cela.
Il était inhabituel, pour les gens de la région, que de recevoir la moindre attention : la communauté d'Inverness était petite : on parlait d'un coin perdu des Highlands et non de Londres. Tout le monde se connaissait plus ou moins et, surtout, on ne faisait pas les choux gras de la presse. En bref, c'était déplacé.
« Tout le monde sait ce qu'il en est vraiment du Sans Souci, ici.
Acheva-t-il d'un ton léger et qui se voulait rassurant (sans trop en faire). La réflexion de Maddie au sujet des slips sales, en revanche, lui arracha un éclat de rire franc. Comme toujours, un brin d'humour suffisait à ramener la conversation vers des sujets plus légers et agréables. Bon public, il répondait aux plaisanterie de son amie par des éclats sincères et quelques coups d’œil qui manquèrent de lui faire perdre le fil de sa conduite.
« Je peux te filer de l'engrais, si tu as besoin. Dit-il, toujours content de rendre service. Ou autre chose.
La ferme avait plus de matériel qu'il n'en fallait dans ses réserves, alors il pouvait bien dépanner Madeline de quelques outils ou ustensiles. Le jeune homme avait beau se donner corps et âme dans cette profession (quand bien même lui serait-elle tombée dessus), il ne la sacralisait pas pour autant. Charlie ne percevait, entre ses serres et le bouquet de persil qui pousse sur la fenêtre d'un particulier, qu'une question d'échelle. A ce titre, la question de la demoiselle concernant son rythme de travail élargit encore son sourire.
« Assez : tu vois, je ne suis pas encore mort. Plaisanta-t-il. Cela dit, je serais moins fatigué si je ne m’obstinais pas à vouloir tout faire en même temps... Dis toi, j'ai encore fait des prises, lors de ma dernière escapade à Londres, la semaine dernière. Forcément, il a fallu que je monte ça tout d'un bloc. Il gloussa (presque) en silence. Mais c'est vrai que passé vingt-cinq ans, y'a un truc qui change. Je ne peux plus me cuiter sans le regretter pendant trois jours après... Pour le reste, c'est pareil.
Le jeune homme s'interrompit pendant quelques secondes, trop concentré qu'il était à négocier un dépassement.
« Méfie toi, c'est bientôt ton tour.
Qu'il rappela, en lui adressant un petit sourire (gentiment) moqueur. Cela dit, comme ils allaient, l'écossais commença à s'inquiéter de son sens de l'orientation. Charlie avait beau battre la campagne tous les jours en voiture (ou presque), la traîtrise de certains embranchements le prenait toujours au dépourvu.
« Euh... Wait... Comme ils passaient devant une sortie, Charlie concentra son regard sur les panneaux, paupières plissées, sourcils froncés. Shit, shit !
Il braqua le volant juste à temps. Les pneus crissèrent entre deux klaxonnements de la voiture derrière eux, qu'on vit disparaître avec une volée d'insultes.
« Ah, shut yer gob, dunderheid ! S'agaça l'écossais en direction de l'autre. Sorry Maddie. T'es encore vivante ?
Dit-il ensuite en tournant la tête vers Madeline, qui avait probablement été bien secouée dans le processus.
« Il s'agit de te ramener en un seul morceau ! Poursuivit-il. Je ne veux pas te dégoûter des modes de transport moldu.
Le duo s'éloignait de plus en plus de la ville. On commençait à voir les paysages naturels typique de la campagne écossais s'étendre devant eux.
« Cela dit, je crois qu'on est bon. Il y a une zone incartable pas loin d'ici, il me semble... J'ai peur que le plan ne nous soit plus d'une grande utilité.
« The Kills, The Kills please.
Dit-il en appuyant machinalement sur le lecteur, pour éjecter le CD, les yeux rivés sur la route d'une part, les épaules légèrement penchées sur Madeline de l'autre, comme elle lui présentait un chocolat (dans une démonstration parfaite de coordination). Le sourire qu'il affichait déjà se renforça encore quand il vit qu'elle s'offusquait (ou faisait mine de s'offusquer), de le voir si bien informé de ses dernières initiatives.
« Y'a un truc qui propage les rumeurs encore plus vite que le Chineur, c'est les petits vieux. Charlie eut un gloussement. A chaque fois que je fais mes livraisons, j'ai droit à un compte rendu complet de tous les petits vieux du coin, sur la vie des uns et des autres. M'enfin, sans accuser personne, je pense que c'est les Keegan qui l'ont commencé, celle là.
Il eut un nouveau rire (un brin taquin) et lui adressa un regard en coin. La complicité entre le clan Keegan et la famille Bird était de notoriété publique dans la région. Fallait-il s'étonner que les doyens et les doyennes se racontent en détail la vie de leurs enfants et petits-enfants ?
« Ne te prend pas trop la tête avec ça. Poursuivit Charlie d'un ton plus sérieux. Finnick Fraser est une star, j'imagine que tout ce qui le touche fait plus ou moins l'objet de ce genre d'article de tabloïd.
Tout ceci paraissait dépiter l'écossais, à en juger par son expression un brin pincée. Il n'avait jamais partagé l'attrait des ragots, bien qu'il comprenne (sans l'approuver) le plaisir un peu voyeur que certains pouvaient trouver dans ces lectures. Qui plus est, il avait déjà eu l'occasion de rencontrer l'attrapeur vedette des Kestrel de Kenmare et, à en juger par ce qu'il avait perçu de lui (c'est à dire un naturel réservé et farouche), Charlie était à peu près certain que d’apparaître dans le journal à ragot ne devait pas le réjouir plus que cela.
Il était inhabituel, pour les gens de la région, que de recevoir la moindre attention : la communauté d'Inverness était petite : on parlait d'un coin perdu des Highlands et non de Londres. Tout le monde se connaissait plus ou moins et, surtout, on ne faisait pas les choux gras de la presse. En bref, c'était déplacé.
« Tout le monde sait ce qu'il en est vraiment du Sans Souci, ici.
Acheva-t-il d'un ton léger et qui se voulait rassurant (sans trop en faire). La réflexion de Maddie au sujet des slips sales, en revanche, lui arracha un éclat de rire franc. Comme toujours, un brin d'humour suffisait à ramener la conversation vers des sujets plus légers et agréables. Bon public, il répondait aux plaisanterie de son amie par des éclats sincères et quelques coups d’œil qui manquèrent de lui faire perdre le fil de sa conduite.
« Je peux te filer de l'engrais, si tu as besoin. Dit-il, toujours content de rendre service. Ou autre chose.
La ferme avait plus de matériel qu'il n'en fallait dans ses réserves, alors il pouvait bien dépanner Madeline de quelques outils ou ustensiles. Le jeune homme avait beau se donner corps et âme dans cette profession (quand bien même lui serait-elle tombée dessus), il ne la sacralisait pas pour autant. Charlie ne percevait, entre ses serres et le bouquet de persil qui pousse sur la fenêtre d'un particulier, qu'une question d'échelle. A ce titre, la question de la demoiselle concernant son rythme de travail élargit encore son sourire.
« Assez : tu vois, je ne suis pas encore mort. Plaisanta-t-il. Cela dit, je serais moins fatigué si je ne m’obstinais pas à vouloir tout faire en même temps... Dis toi, j'ai encore fait des prises, lors de ma dernière escapade à Londres, la semaine dernière. Forcément, il a fallu que je monte ça tout d'un bloc. Il gloussa (presque) en silence. Mais c'est vrai que passé vingt-cinq ans, y'a un truc qui change. Je ne peux plus me cuiter sans le regretter pendant trois jours après... Pour le reste, c'est pareil.
Le jeune homme s'interrompit pendant quelques secondes, trop concentré qu'il était à négocier un dépassement.
« Méfie toi, c'est bientôt ton tour.
Qu'il rappela, en lui adressant un petit sourire (gentiment) moqueur. Cela dit, comme ils allaient, l'écossais commença à s'inquiéter de son sens de l'orientation. Charlie avait beau battre la campagne tous les jours en voiture (ou presque), la traîtrise de certains embranchements le prenait toujours au dépourvu.
« Euh... Wait... Comme ils passaient devant une sortie, Charlie concentra son regard sur les panneaux, paupières plissées, sourcils froncés. Shit, shit !
Il braqua le volant juste à temps. Les pneus crissèrent entre deux klaxonnements de la voiture derrière eux, qu'on vit disparaître avec une volée d'insultes.
« Ah, shut yer gob, dunderheid ! S'agaça l'écossais en direction de l'autre. Sorry Maddie. T'es encore vivante ?
Dit-il ensuite en tournant la tête vers Madeline, qui avait probablement été bien secouée dans le processus.
« Il s'agit de te ramener en un seul morceau ! Poursuivit-il. Je ne veux pas te dégoûter des modes de transport moldu.
Le duo s'éloignait de plus en plus de la ville. On commençait à voir les paysages naturels typique de la campagne écossais s'étendre devant eux.
« Cela dit, je crois qu'on est bon. Il y a une zone incartable pas loin d'ici, il me semble... J'ai peur que le plan ne nous soit plus d'une grande utilité.
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Re: (Highlands) A ride in the countryside
Jeu 23 Avr 2020 - 1:06
Elle s'émerveillait facilement, c'était une évidence. Mais quand même, il fallait être superbement habitué au monde moldu pour ne pas apprécier le bruit d'un CD qui ralentissait avant d'être recraché par son lecteur !
Maddie observa un moment Charlie respirer le naturel dans le moindre de ses mouvements tandis qu'elle s'essuyait les doigts sur son jeans. Elle ne s'était jamais vraiment interrogée sur ce qu'il avait dû apprendre, sans doute un peu sur le tas, en changeant de monde. En aurait-elle été capable, elle qui transpirait des paumes quand elle devait traverser un passage piéton dans l'Inverness moldue ? Elle échangea Queen pour du garage rock, rangeant précautionneusement le CD dans sa pochette. Ah, ce qu'elle aimait ce groupe ! Elle fredonna tout doucement l'intro de guitare qui commençait à inonder l'habitacle avant de s'interrompre pour mieux feuilleter les albums disponibles. « Mais attends.. Tu faisais pas une émission sur les actus musicales, toi ? Les actus de quelle époque ? » l'interrogea-t-elle, amusée, en tapotant de l'index un album oldie but goldie de plus.
Elle laissa échapper un rire léger quand il lui permit de l'imaginer coincé à écouter les commérages des petits vieux qu'il servait. Elle était un peu près certaine que ça ne devait même pas le gêner, trop gentil qu'il était que pour envoyer valser leurs voisins.
« Ah, ma grand-mère. Cette traîtresse ! » soupira Maddie, un brin de tendresse dans la voix. « Heureusement que je n'ai pas particulièrement de secrets, entre son club de bingo et les Bird, tout le monde serait déjà au courant. » Elle leva un instant les yeux au ciel, plus amusée qu'autre chose. « Mais en parlant de ça, comment va Susan ? » ajouta-t-elle, sachant qu'elle n'était pas la seule à vivre avec une aïeule.
Le sujet du Chineur la rembrunit quelque peu, mais elle apprécia le caractère posé de son ami pour réussir à exposer un avis tranquille et sensé sur le journal à potins. Elle ne put cependant s'empêcher de lever un index, prête à faire valoir l'argument qui lui tenait réellement à cœur : « Finalement, le problème ce n'est pas qu'ils se permettent de baver sur l'auberge ou moi, même si ça ne me fait pas plaisir. C'est vraiment pour Finnick Fraser que ça m'embête. » Elle marqua un temps d'arrêt. « Le Sans Souci se doit d'être un lieu calme par rapport à l'extérieur. A safe place. Si on devient source de ragots, qu'on ne peut pas préserver le type entre nos murs, on ment sur la devanture quoi ! »
Mais Charlie devait avoir raison. C'était l'attrapeur des Kestrel qui devait avoir attiré les plumes à papote. Une fois parti, le calme reviendrait sûrement au sein de l'auberge. C'était quand même injuste, se dit-elle : après tout, elle avait résisté tout ce temps à l'envie de lui demander un autographe pour qu'il puisse avoir un semblant de sérénité au Sans Souci, et elle se faisait quand même traiter de groupie infernale ! Elle ne savait plus du tout où se cacher quand il apparaissait.
« Je te vois, à essayer de me rassurer. Mais on est que deux, ici, alors hein... » le taquina-t-elle, déjà loin de ses réflexions semi-moroses. Elle refusait de penser au négatif de l'après-midi, et Charlie n'avait pas son pareil aplanir ce genre d'angle.
Tentant de lisser la carte routière -qui l'encombrait plus qu'elle ne voulait l'admettre tant la zone qu'elle avait dépliée était plus grande que la zone qui l'intéressait- elle hocha sobrement la tête à l'intention de son ami. « Note que je ne suis pas sûre que la mort devrait être ton critère, niveau heures de sommeil, tu sais. » s'amusa-t-elle alors qu'elle grappillait avidement les détails de sa double-vie, toute curieuse qu'elle était. Elle grimaça cependant à l'évocation de son futur passage de quart de siècle. « Si c'est vraiment comme tu le dis, je vais devoir prendre un shot de taurine le soir de mon anniversaire. » poursuivit-elle, faisant référence à la composition de boissons énergétiques. « Et franchement, faut qu'on m'explique ce que faisait le type qui a découvert ce truc, c'est dégueulasse. »
Elle allait enchaîner sur une autre bêtise pour le faire sourire quand il l'interrompit en cherchant la sortie. Elle aussi leva les yeux vers le panneau, pour n'être que surprise quand il braqua avec ce qui lui sembla -trop peu habituée à la voiture qu'elle était- être le mouvement le plus violent du monde. La carte se froissa entre ses mains, les œufs roulèrent au sol et elle ferma les yeux le temps de mettre un peu de distance entre les klaxons et eux. Elle rouvrit prudemment un œil, le teint moins frais que de coutume, les dents un peu plus serrées, alors qu'elle levait le bras pour s'accrocher à la poignée de toit avec un temps de retard.
Peut-être aurait-elle été moins choquée si Charlie n'avait pas réagi aussi vivement : n'étant pas habituée à ce mode de transport, elle calquait son comportement sur le sien pour ce qui relevait de ce qui était normal et de ce qui ne l'était pas. Au vu de l'accent des plus beaux jours qu'il avait sorti pour saluer l'autre véhicule, tout lui indiquait que les queues de poisson n'étaient pas une manœuvre commune à faire sur la route.
« Ça va, oui... » Elle prit une grande inspiration. « J'aimerais juste.. » Elle appuya sur un bouton au hasard du tableau de bord, faisant crier un peu plus la musique «... Un peu d'air. Comment tu fais pour ouvrir cette fenêtre ? » dit-elle en désignant le pare-brise. « Enfin ne le fais pas, garde bien les mains sur le guidon ! »Et dire qu'il devait faire ça tous les jours. « Mais c'était quelque chose à vivre... Maintenant je comprends pourquoi on chante Highway to Hell ! » Plaisanta-t-elle pour faire redescendre son rythme cardiaque.
Elle ne vit pas vraiment le changement de paysage s'installer peu à peu. Elle eut le sentiment, amplifié par la vitesse de la voiture, qu'ils avaient purement et simplement avalés d'un coup par la forêt écossaise. La carte n'avait effectivement plus grande utilité, pour autant qu'elle en ait eu une autre que celle d'antistress pour queue de poisson. Et s'ils ne devaient plus faire confiance qu'au sens de l'orientation de Charlie pour se guider -celui de Maddie consistant juste à lire les panneaux, ne connaissant pas le chemin emprunté par les voitures-, la brune reconnut quand même assez distinctement leur destination... une fois le panneau du lieu-dit dépassé.
« Raaaaaah la terre ferme » s'écria-t-elle en s'extirpant de la voiture, telle une mauvaise pirate de la route. Enfilant ses lunettes de soleil, elle admira un instant la vue -assombrie pour le coup- sur Green Tooth, yeux se gavant de la couleur des bruyères au printemps avant de se tourner vers Charlie. « Alors Capitaine, on va voir la mer ou tu veux déjà m'apprendre le road rage ? » Coup d'oeil amusé, elle avoua finalement: « Quoiqu'on fasse, j'serais pas contre un petit truc à boire, moi. »
- InvitéInvité
Re: (Highlands) A ride in the countryside
Sam 25 Avr 2020 - 18:48
Charlie eut un mouvement d'acquiescement de la tête lorsque Madeline lui demanda s'il faisait toujours les actus musicales à la radio.
« Je suis un ringard sous couverture. Il lui jeta un petit coup d’œil amusé, comme elle mettait en regard ses goûts manifestes avec l'intitulé du poste. On se cultive de manière hétéroclite, que veux-tu...
Le jeune homme appréciait les vieux tubes, c'était un fait. Cela dit (et comme la plupart des gens) ses playlists mélangeaient un peu de tout : probablement pas assez mélomane au point d'avoir un style, se disait-il. Charlie avait surtout choisi la zik-actu pour des questions d'emploi du temps, n'ayant pas le temps pour des activités annexes à la ferme, en semaine. Puis, se liant d'amitié avec Euphrasie (sa co-animatrice), l'expérience s'installa au point de devenir une vraie habitude. Au fond, Charlie aimait bien la musique, mais c'était surtout pour l'expérience qu'il faisait de la radio : parler, animer, ce genre de choses. L'acteur satisfaisait sa fibre artistique comme il le pouvait.
Fier d'un léger sourire en coin, le jeune homme adressa un nouveau regard bref à sa complice, comme elle évoquait sa grand-mère avec tendresse. Voilà bien une chose qu'ils partageaient tout deux (et qui comptait énormément aux yeux du plus vieux) : le sens de la famille.
Pas besoin d'expliquer les raisons des sacrifices faits pour les siens avec Maddie, pas d’apitoiement, pas d'invitation à l'individualisme : ils vivaient à peu près la même chose et agissaient au nom de motivations semblables. En outre, cela le détendait de savoir qu'un sujet aussi important (pour lui) pouvait être abordé normalement, sans avoir à contextualiser les choses ou autre.
« Susan va très bien, ma foi... Dit-il. Elle a mal aux genoux en ce moment, alors elle passe presque tout son temps sous sa forme animagus. Je trouve déjà extraordinaire qu'elle continue à travailler à son âge. Mais bon, tu sais comment sont les gens de cette génération... C'est pas moi qui lui ferait entendre raison sur quoi que ce soit. Je me dis qu'à défaut d'une aide, elle accepterait peut-être un elfe de maison... Et chez toi, tout le monde va bien ?
Concernant le sujet du Chineur, le jeune homme se contenta d'acquiescer vivement. Il partageait tout à fait les inquiétudes de sa camarade, conscient qu'une image de marque se travaille et qu'on se remet difficilement de certains dommages (surtout pour ce type d'établissement, dont la réputation circule par le bouche à oreille). En outre, il était assez frustrant de voir des efforts compromis simplement à cause d'une blague un peu douteuse. La jeune femme pouvait donc se sentir contrariée, en effet, même si l'oiseau restait convaincu que cela ne leur porterait aucun préjudice à long terme.
« Tu n'aimes pas quand j'essaye de te rassurer ?
Répondit-il à la fin, en la regardant par dessus ses lunettes de soleil, l'air partagé entre malice et bienveillance fondamentale. La question n'appelait aucune réponse, en vérité. Charlie piquait simplement sa pudeur, comme il savait si bien le faire (parfois) lorsqu'il était d'humeur taquine.
Les deux jeunes gens continuèrent de discuter après cela. Charlie, toujours évasif, ne manquait pas une occasion de renvoyer la balle à la demoiselle (qui s'en saisissait à deux mains). Il eut un rire franc lorsqu'elle se mit à conjecturer sur la composition des boissons énergisantes. Tout à fait le genre de question pertinente à laquelle on oublie toujours de répondre.
« Well... Dit-il en haussant les épaules, les deux mains sur le volant. Tu es sûre que tu veux savoir ?
Conversation interrompue par les aléas de la circulation, la voiture dévalait à présent une petite route de campagne. Charlie veillait à rester bien concentré (ce coup-ci), inquiet tout de même de l'état de son amie (un peu) malmenée par les conséquences de son inattention.
« Le bouton sur la portière, avec le dessin de fenêtre. Lui indiqua-t-il, en se retenant de tourner la tête. Celui avec le dessin, hein... L'autre, c'est pour ouvrir la porte.
Le jeune homme esquissa un nouveau sourire. Puis, on l'entendit fredonner Highway to Hell, la tête balançant en rythme, tandis qu'ils traversaient la vaste étendue boisée de la zone incartable, véritable écrin de verdure enchâssé entre les réseaux urbains moldus. En outre, comme tous les lieux protégés par la magie, celui-ci paraissait beaucoup plus sauvage et envoûtant que les autres. Les arbres s'élevaient à plus de soixante-dix pieds de haut, en dépit de silhouettes noueuses et biscornues. Tout semblait ancien, vénérable, en dépit d'une route et de panneaux en parfait état : c'était bel et bien la nature qui prenait une forme différente, une fois la barrière magique franchie.
Après un moment, cependant, ils arrivèrent en bordure de mer. Charlie s'extirpa de la voiture avec le même contentement que sa camarade d'aventure, étirant de tout son long sa carcasse filiforme. Il inspira une profonde bouffée d'air aux relents salés, tandis que son regard se jetait à l'horizon.
« Attendons un peu avant de créer une nouvelle catastrophe ! Dit-il avec entrain, tout en venant ouvrir le coffre de la voiture. T'as pas envie de tester la température de l'eau ?
L'écossais extirpa de son bazar une glacière et un sac à dos qu'il envoya par dessus son épaule. Il constata ensuite, avec dépit, qu'il avait encore oublié de ranger sa mallette de plantes magiques (celle qu'il emmenait lors de ses livraisons, pour présenter les nouveautés à ses clients). Entre ça et le reste, son coffre était un vrai champ de bataille. Un autre exemple de tâche qu'il remettait sans cesse à plus tard (et qu'il oublia sitôt le hayon refermé). Le duo s'engagea alors sur un petit sentier de terre à peine visible entre les broussailles, et qui débouchait sur une crique semblant toute droit sortie d'un roman de sir J. M. Barrie.
« Plutôt bière ou limonade ? Demanda Charlie, une fois leurs affaires posées sur un coin de sable. Oh, tiens, j'ai des fraises aussi.
Dit-il d'un ton étonné (comme s'il les découvrait tout juste). La saison des fruits commençait tout juste, mais la ferme donnait déjà de belles choses. Le jeune homme s'ouvrit ensuite une bière et prit un moment pour contempler l'océan qui grondait sourdement devant eux (force paisible).
Vite lassé par l'immobilité, cependant, il décida d'aller marcher un peu sur les gros rochers lisses qui formaient, de part et d'autre de leur plage privée, des mains protectrices. Armé de son caméscope, il prenait des images sans idée précise de ce qu'il en ferait, se tournant de temps à autre en direction de Maddie pour la capturer elle aussi.
Les trous d'eau, entre les rochers, recelaient de coquillages et de petits crustacés en train de grouiller entre les masses d'algues vertes et brunes. Charlie en rompait la formidable banalité à force de commentaires idiots, tandis qu'il sautait agilement d'une pierre à l'autre, l'appareil en main. Cependant, après un moment, il lui sembla distinguer quelque chose d'inhabituel.
« Maddie, viens voir !
Appela-t-il. Son regard bleu rivait des masses sombres sous la surface de l'océan. Elles étaient difficiles à distinguer au milieu des vagues, mais Charlie était certain de les avoir capturé sur son caméscope. Il rembobina donc l'enregistrement afin de figer l'image au bon moment, penchant l'écran numérique en direction de la jeune femme pour qu'elle puisse lui donner son avis.
« Des dauphins ou...
« Je suis un ringard sous couverture. Il lui jeta un petit coup d’œil amusé, comme elle mettait en regard ses goûts manifestes avec l'intitulé du poste. On se cultive de manière hétéroclite, que veux-tu...
Le jeune homme appréciait les vieux tubes, c'était un fait. Cela dit (et comme la plupart des gens) ses playlists mélangeaient un peu de tout : probablement pas assez mélomane au point d'avoir un style, se disait-il. Charlie avait surtout choisi la zik-actu pour des questions d'emploi du temps, n'ayant pas le temps pour des activités annexes à la ferme, en semaine. Puis, se liant d'amitié avec Euphrasie (sa co-animatrice), l'expérience s'installa au point de devenir une vraie habitude. Au fond, Charlie aimait bien la musique, mais c'était surtout pour l'expérience qu'il faisait de la radio : parler, animer, ce genre de choses. L'acteur satisfaisait sa fibre artistique comme il le pouvait.
Fier d'un léger sourire en coin, le jeune homme adressa un nouveau regard bref à sa complice, comme elle évoquait sa grand-mère avec tendresse. Voilà bien une chose qu'ils partageaient tout deux (et qui comptait énormément aux yeux du plus vieux) : le sens de la famille.
Pas besoin d'expliquer les raisons des sacrifices faits pour les siens avec Maddie, pas d’apitoiement, pas d'invitation à l'individualisme : ils vivaient à peu près la même chose et agissaient au nom de motivations semblables. En outre, cela le détendait de savoir qu'un sujet aussi important (pour lui) pouvait être abordé normalement, sans avoir à contextualiser les choses ou autre.
« Susan va très bien, ma foi... Dit-il. Elle a mal aux genoux en ce moment, alors elle passe presque tout son temps sous sa forme animagus. Je trouve déjà extraordinaire qu'elle continue à travailler à son âge. Mais bon, tu sais comment sont les gens de cette génération... C'est pas moi qui lui ferait entendre raison sur quoi que ce soit. Je me dis qu'à défaut d'une aide, elle accepterait peut-être un elfe de maison... Et chez toi, tout le monde va bien ?
Concernant le sujet du Chineur, le jeune homme se contenta d'acquiescer vivement. Il partageait tout à fait les inquiétudes de sa camarade, conscient qu'une image de marque se travaille et qu'on se remet difficilement de certains dommages (surtout pour ce type d'établissement, dont la réputation circule par le bouche à oreille). En outre, il était assez frustrant de voir des efforts compromis simplement à cause d'une blague un peu douteuse. La jeune femme pouvait donc se sentir contrariée, en effet, même si l'oiseau restait convaincu que cela ne leur porterait aucun préjudice à long terme.
« Tu n'aimes pas quand j'essaye de te rassurer ?
Répondit-il à la fin, en la regardant par dessus ses lunettes de soleil, l'air partagé entre malice et bienveillance fondamentale. La question n'appelait aucune réponse, en vérité. Charlie piquait simplement sa pudeur, comme il savait si bien le faire (parfois) lorsqu'il était d'humeur taquine.
Les deux jeunes gens continuèrent de discuter après cela. Charlie, toujours évasif, ne manquait pas une occasion de renvoyer la balle à la demoiselle (qui s'en saisissait à deux mains). Il eut un rire franc lorsqu'elle se mit à conjecturer sur la composition des boissons énergisantes. Tout à fait le genre de question pertinente à laquelle on oublie toujours de répondre.
« Well... Dit-il en haussant les épaules, les deux mains sur le volant. Tu es sûre que tu veux savoir ?
Conversation interrompue par les aléas de la circulation, la voiture dévalait à présent une petite route de campagne. Charlie veillait à rester bien concentré (ce coup-ci), inquiet tout de même de l'état de son amie (un peu) malmenée par les conséquences de son inattention.
« Le bouton sur la portière, avec le dessin de fenêtre. Lui indiqua-t-il, en se retenant de tourner la tête. Celui avec le dessin, hein... L'autre, c'est pour ouvrir la porte.
Le jeune homme esquissa un nouveau sourire. Puis, on l'entendit fredonner Highway to Hell, la tête balançant en rythme, tandis qu'ils traversaient la vaste étendue boisée de la zone incartable, véritable écrin de verdure enchâssé entre les réseaux urbains moldus. En outre, comme tous les lieux protégés par la magie, celui-ci paraissait beaucoup plus sauvage et envoûtant que les autres. Les arbres s'élevaient à plus de soixante-dix pieds de haut, en dépit de silhouettes noueuses et biscornues. Tout semblait ancien, vénérable, en dépit d'une route et de panneaux en parfait état : c'était bel et bien la nature qui prenait une forme différente, une fois la barrière magique franchie.
Après un moment, cependant, ils arrivèrent en bordure de mer. Charlie s'extirpa de la voiture avec le même contentement que sa camarade d'aventure, étirant de tout son long sa carcasse filiforme. Il inspira une profonde bouffée d'air aux relents salés, tandis que son regard se jetait à l'horizon.
« Attendons un peu avant de créer une nouvelle catastrophe ! Dit-il avec entrain, tout en venant ouvrir le coffre de la voiture. T'as pas envie de tester la température de l'eau ?
L'écossais extirpa de son bazar une glacière et un sac à dos qu'il envoya par dessus son épaule. Il constata ensuite, avec dépit, qu'il avait encore oublié de ranger sa mallette de plantes magiques (celle qu'il emmenait lors de ses livraisons, pour présenter les nouveautés à ses clients). Entre ça et le reste, son coffre était un vrai champ de bataille. Un autre exemple de tâche qu'il remettait sans cesse à plus tard (et qu'il oublia sitôt le hayon refermé). Le duo s'engagea alors sur un petit sentier de terre à peine visible entre les broussailles, et qui débouchait sur une crique semblant toute droit sortie d'un roman de sir J. M. Barrie.
« Plutôt bière ou limonade ? Demanda Charlie, une fois leurs affaires posées sur un coin de sable. Oh, tiens, j'ai des fraises aussi.
Dit-il d'un ton étonné (comme s'il les découvrait tout juste). La saison des fruits commençait tout juste, mais la ferme donnait déjà de belles choses. Le jeune homme s'ouvrit ensuite une bière et prit un moment pour contempler l'océan qui grondait sourdement devant eux (force paisible).
Vite lassé par l'immobilité, cependant, il décida d'aller marcher un peu sur les gros rochers lisses qui formaient, de part et d'autre de leur plage privée, des mains protectrices. Armé de son caméscope, il prenait des images sans idée précise de ce qu'il en ferait, se tournant de temps à autre en direction de Maddie pour la capturer elle aussi.
Les trous d'eau, entre les rochers, recelaient de coquillages et de petits crustacés en train de grouiller entre les masses d'algues vertes et brunes. Charlie en rompait la formidable banalité à force de commentaires idiots, tandis qu'il sautait agilement d'une pierre à l'autre, l'appareil en main. Cependant, après un moment, il lui sembla distinguer quelque chose d'inhabituel.
« Maddie, viens voir !
Appela-t-il. Son regard bleu rivait des masses sombres sous la surface de l'océan. Elles étaient difficiles à distinguer au milieu des vagues, mais Charlie était certain de les avoir capturé sur son caméscope. Il rembobina donc l'enregistrement afin de figer l'image au bon moment, penchant l'écran numérique en direction de la jeune femme pour qu'elle puisse lui donner son avis.
« Des dauphins ou...
- InvitéInvité
Re: (Highlands) A ride in the countryside
Mar 28 Avr 2020 - 1:30
« Un ringard sous couverture... » reprit-elle avant de rire, le visage enfoui dans les paumes de ses mains. « Mais non, la musique se bonifie avec le temps, voyons. Sauf le synthé, bien sûr. » Par Merlin ce qu'elle pouvait ne pas aimer ce pseudo instrument.
Elle se fit plus sérieuse quand la conversation prit un tournant personnel, s'amusant malgré tout de constater à quel point leurs vies pouvaient être similaires : l'entendre parler de sa famille revenait presque à parler de la sienne et, quand il émettait un avis, Maddie le partageait presque à chaque fois. A ceci près qu'elle n'aurait jamais réussi à l'exprimer aussi clairement que lui.
Elle avait songé un moment à ce qu'ils étendent l'invitation de la journée à Iris : Maddie adorait la jeune femme et elle se serait sans doute plus émerveillée qu'eux deux réunis de l'escapade qu'ils s'apprêtaient à vivre. Egoïstement -et c'était assez rare que pour être souligné- le hibou n'avait pas été envoyé, et elle avait choisi de profiter seule de l'apaisement que pouvait lui apporter Charlie.
« Je crois qu'on a un peu près le modèle à la maison. Ça doit être le sang écossais. » lui répondit-elle quand il lui fit part des dernières nouvelles de son aïeule. La seule différence marquée avec celle de Maddie devait résider dans le fait que la sienne ne pouvait pas changer de forme quand l'âge lui rongeait trop les articulations. Elle s'allongeait, tout simplement, avant de se relever cinq minutes plus tard pour vérifier que tout était fait comme elle le souhaitait.
« Je peux demander à nos elfes s'ils connaissent quelqu'un qui cherche une maison, si tu veux. Ça ne se fera sans doute pas tout de suite, mais on en a de temps en temps qui passent à l'auberge. » Et c'était peu dire. Les elfes de maison du Sans Souci s'étaient syndicalisés -alors qu'ils n'étaient que deux- bien avant la naissance de Maddie, et n'avaient eu, depuis, de cesse de réclamer un traitement plus équitable qu'on leur avait accordé sans avoir besoin d'y réfléchir. Ils avaient, en plus, fait de la cuisine de l'auberge leur QG intermittent de revendications elfiques. Que ce soit la sensibilisation concernant la violence faite aux elfes ou les revendications salariales, ils étaient de tous les combats, et sur tous les fronts. Alors quand l'un de leurs amis était abandonné -ou parvenait à se faire renvoyer-, il venait travailler quelques jours au Sans Souci, le temps de trouver une famille respectueuse avec laquelle se lier à vie. Si les Bird avaient besoin de quelqu'un, autant en profiter ; elle savait que celui qui tomberait chez eux serait bien traité, et ils auraient quelqu'un de fiable. One stone two birds.
Elle poursuivit : « Le seul cancan que vous ne devez pas avoir entendu, c'est mon père. Figure-toi qu'il revoie ma mère ! » Ils avaient divorcé à sa sortie de Poudlard, sa maman ayant fini par ne plus pouvoir envisager sa vie dans le microcosme que représentait le Sans Souci, mais ils ne s'étaient jamais détestés. Depuis quelques temps, Maddie avait remarqué que son père avait remis ses plus jolies chemises pour les visites de courtoisie qu'il rendait à son ex-femme. Il ne fallait pas être outrageusement malin pour comprendre ce qui était en train de se jouer à nouveau entre les deux quinquagénaires. « Comme quoi, le printemps et les hormones, même chez les vieux... »
La brune ne savait pas vraiment comment interpréter le rapprochement de ses parents. Ce serait quelque chose d'heureux pour eux, à coup sûr. Mais la raison pour laquelle ils s'étaient séparés était toujours là : le Sans Souci consommait toujours énormément de temps aux Keegan. Si sa mère ne l'acceptait pas mieux, que se passerait-il ? Qui son père choisirait-il ? Elle tut cependant ses inquiétudes à son ami qui vantait déjà ses bons conseils, préférant rire du ton qu'il employait.
« Tu sais bien que mon petit cœur palpite de bonheur à chaque fois que tu le fais » murmura-t-elle avec un ton sérieux à peine trahi par un coin de bouche qui tressaillait, main sur le-dit cœur. « Mais garde ça pour les trucs qui en ont vraiment besoin, sinon je vais passer pour une crevette anxieuse. »
Le reste du voyage se passa dans un semi-silence confortable. Elle le nourrit -ou gava- de quelques chocolats, s'amusa sans doute un peu trop longtemps à faire descendre et remonter la vitre passager : après tout, il fallait bien tester la technologie du véhicule. Elle aurait préféré faire baisser le pare-brise, mais finalement la petite vitre du côté lui allait bien aussi. Elle y pencha la tête pour se faire fouetter le visage par le vent, profitant de la sensation presque similaire à celle que pouvait créer un vol en balai. Elle ne se tourna plus vers Charlie que quand il se mit à fredonner, pour l'accompagner d'un claquement de doigts à défaut d'avoir une batterie à disposition.
« Comment ça, une autre catastrophe ? » s'insurgea-t-elle alors qu'elle refermait sa portière. Si elle avait apprécié le trajet, elle n'était quand même pas fâchée d'arriver. « Je suis sûre d'avoir un talent naturel pour ça, j'ai même pas eu envie de vomir sur la route ! » Bon, elle doutait que ce soit suffisant, mais c'était déjà un bon début, non ?
Quant à la température de l'eau, « Elle sera gelée ! Mais parfaite ! » conclut-elle. Pas question qu'elle ne se jette pas dans la mer du nord.
Elle vérifia qu'elle avait tout remis dans son sac avant d'attendre son comparse sur le sentier qui descendait vers la crique. Il y en avait des dizaines comme celle-là tout le long de la côte, à différents niveaux de préservation. Et si beaucoup étaient signalées par des panneaux, il fallait être bien renseigné -ou natif d'Inverness- pour savoir lesquelles en valaient la peine. Green Tooth, inconnue de la masse d'individus que draguait chaque année Hungcalf dans la région, avait ce côté petit bijou caché, les étudiants lui préférant généralement une plage plus grande une dizaine de kilomètres plus à l'est, comme si le beau ne pouvait qu'être loin.
« Journée zéro responsabilité, je prends une bière ! » décida-t-elle en enlevant ses chaussures. Ils avaient eu de la chance sur la météo -ou Charlie l'avait peut-être vérifiée- de cette fin d'avril, et protégée du vent comme elle l'était, la petite crique ne subissait que les rayons langoureux du soleil sur ses grains de sable : on aurait presque pu se croire en été.
« Si tu trouves des crevettes grises, dis-le moi, ce serait super en apéro du soir » lança-t-elle à l'Ecossais qui avait déjà la bougeotte. Elle avait préféré prendre son temps pour vider tout ce qu'elle avait pris dans la glacière qu'il avait emportée. Elle s'était ensuite fait un dossier du sweat qu'elle avait enfilé dans la journée, avant de se natter sommairement les cheveux, activité clichée mais nécessaire à la survie de sa tignasse naturelle.
Charlie se tournait parfois vers elle, et elle lui adressait alors de grands sourires, se demandant ce qu'il pouvait donc aimer observer à travers son caméscope. Elle n'était pas très au fait de ce que cet outil moldu faisait, si bien qu'elle ne se cacha pas le visage comme elle l'aurait sans doute fait, par pudeur, si elle avait su que cela l'enregistrait. « Tu as prévu de mettre toute ta vie dans cette petite boîte ? Ça y tiendra ? » Elle reprit une gorgée de bière en le taquinant, avant de s'allonger sur le sable chaud. Pas pour longtemps : il l'appelait déjà. « Déjà les crevettes ? T'as fait vite ! » plaisanta-t-elle en le rejoignant.
Ce qu'il lui montra la fit cependant taire pendant un instant. L'image était petite sur le caméscope, et le scintillement du soleil faisait saturer certains points. Mais il y avait quelque chose. Elle hocha la tête : « Selch ! » Des selkies. « Il fait chaud, elles doivent déjà se réunir pour la Saint-Jean ! » murmura-t-elle avant de relever un visage surexcité vers Charlie. « Et si on allait les écouter chanter ? » Il aurait pu refuser qu'elle ne l'aurait pas entendu. Elle grimpa à son tour sur les rochers depuis lesquels il avait fait la vigie - s'écorchant au passage la plante des pieds sur le mélange roc-sable. Elle les arpenta rapidement, manquant de glisser à plusieurs reprises tant son petit trot n'était pas adapté à la surface humide. L'un des bras protecteurs de leur crique semblait obstruer la vision d'une petite presque-île sur leur droite : « Ce serait pas l'endroit nickel pour elles ? Les rochers les garderaient à l'ombre... » Elle sautait déjà de son lieu d'observation pour vérifier l'idée, s'arrêtant les pieds dans l'eau. Ils pourraient sans doute accéder à la langue de terre depuis la plage, mais le détour était important, et les selkies les verraient peut-être arriver. Alors que s'ils passaient par la mer... « Tu penses à la même chose que moi ? » murmura-t-elle, yeux rivés sur Charlie, comme pour l'empêcher de se débiner. Elle déboutonna son pantalon pour l'abandonner sur le sable, baguette glissée dans un brassard qu'elle avait fait apparaître pour l'occasion. « Alba gu bràth ! » s'écria-t-elle, solennelle, avant de se jeter à la mer.
La courte traversée ne lui causa pas de problème : après tout, elle avait appris à nager dans cette mer verte et agitée. Le froid, en revanche, lui mordit la peau plus férocement qu'une dizaine de strangulots. Etre moitié écossaise ne l'insensibilisait pas complètement aux températures les plus basses de l'eau, mais -fort heureusement- elle avait réussi à retenir le cri qui avait voulu percer ses lèvres quand elle avait plongé. L'arrivée camouflée derrière les rochers de la presqu'île fut quand même la bienvenue pour son rythme cardiaque. Elle resta immergée là, n'osant pas sortir de l'eau au risque d'effrayer les potentiels êtres de l'eau. « Tu survis ? » murmura-t-elle à son comparse. « Je crois que... Je n'entends rien. » finit-elle par avouer.
Elle se fit plus sérieuse quand la conversation prit un tournant personnel, s'amusant malgré tout de constater à quel point leurs vies pouvaient être similaires : l'entendre parler de sa famille revenait presque à parler de la sienne et, quand il émettait un avis, Maddie le partageait presque à chaque fois. A ceci près qu'elle n'aurait jamais réussi à l'exprimer aussi clairement que lui.
Elle avait songé un moment à ce qu'ils étendent l'invitation de la journée à Iris : Maddie adorait la jeune femme et elle se serait sans doute plus émerveillée qu'eux deux réunis de l'escapade qu'ils s'apprêtaient à vivre. Egoïstement -et c'était assez rare que pour être souligné- le hibou n'avait pas été envoyé, et elle avait choisi de profiter seule de l'apaisement que pouvait lui apporter Charlie.
« Je crois qu'on a un peu près le modèle à la maison. Ça doit être le sang écossais. » lui répondit-elle quand il lui fit part des dernières nouvelles de son aïeule. La seule différence marquée avec celle de Maddie devait résider dans le fait que la sienne ne pouvait pas changer de forme quand l'âge lui rongeait trop les articulations. Elle s'allongeait, tout simplement, avant de se relever cinq minutes plus tard pour vérifier que tout était fait comme elle le souhaitait.
« Je peux demander à nos elfes s'ils connaissent quelqu'un qui cherche une maison, si tu veux. Ça ne se fera sans doute pas tout de suite, mais on en a de temps en temps qui passent à l'auberge. » Et c'était peu dire. Les elfes de maison du Sans Souci s'étaient syndicalisés -alors qu'ils n'étaient que deux- bien avant la naissance de Maddie, et n'avaient eu, depuis, de cesse de réclamer un traitement plus équitable qu'on leur avait accordé sans avoir besoin d'y réfléchir. Ils avaient, en plus, fait de la cuisine de l'auberge leur QG intermittent de revendications elfiques. Que ce soit la sensibilisation concernant la violence faite aux elfes ou les revendications salariales, ils étaient de tous les combats, et sur tous les fronts. Alors quand l'un de leurs amis était abandonné -ou parvenait à se faire renvoyer-, il venait travailler quelques jours au Sans Souci, le temps de trouver une famille respectueuse avec laquelle se lier à vie. Si les Bird avaient besoin de quelqu'un, autant en profiter ; elle savait que celui qui tomberait chez eux serait bien traité, et ils auraient quelqu'un de fiable. One stone two birds.
Elle poursuivit : « Le seul cancan que vous ne devez pas avoir entendu, c'est mon père. Figure-toi qu'il revoie ma mère ! » Ils avaient divorcé à sa sortie de Poudlard, sa maman ayant fini par ne plus pouvoir envisager sa vie dans le microcosme que représentait le Sans Souci, mais ils ne s'étaient jamais détestés. Depuis quelques temps, Maddie avait remarqué que son père avait remis ses plus jolies chemises pour les visites de courtoisie qu'il rendait à son ex-femme. Il ne fallait pas être outrageusement malin pour comprendre ce qui était en train de se jouer à nouveau entre les deux quinquagénaires. « Comme quoi, le printemps et les hormones, même chez les vieux... »
La brune ne savait pas vraiment comment interpréter le rapprochement de ses parents. Ce serait quelque chose d'heureux pour eux, à coup sûr. Mais la raison pour laquelle ils s'étaient séparés était toujours là : le Sans Souci consommait toujours énormément de temps aux Keegan. Si sa mère ne l'acceptait pas mieux, que se passerait-il ? Qui son père choisirait-il ? Elle tut cependant ses inquiétudes à son ami qui vantait déjà ses bons conseils, préférant rire du ton qu'il employait.
« Tu sais bien que mon petit cœur palpite de bonheur à chaque fois que tu le fais » murmura-t-elle avec un ton sérieux à peine trahi par un coin de bouche qui tressaillait, main sur le-dit cœur. « Mais garde ça pour les trucs qui en ont vraiment besoin, sinon je vais passer pour une crevette anxieuse. »
Le reste du voyage se passa dans un semi-silence confortable. Elle le nourrit -ou gava- de quelques chocolats, s'amusa sans doute un peu trop longtemps à faire descendre et remonter la vitre passager : après tout, il fallait bien tester la technologie du véhicule. Elle aurait préféré faire baisser le pare-brise, mais finalement la petite vitre du côté lui allait bien aussi. Elle y pencha la tête pour se faire fouetter le visage par le vent, profitant de la sensation presque similaire à celle que pouvait créer un vol en balai. Elle ne se tourna plus vers Charlie que quand il se mit à fredonner, pour l'accompagner d'un claquement de doigts à défaut d'avoir une batterie à disposition.
« Comment ça, une autre catastrophe ? » s'insurgea-t-elle alors qu'elle refermait sa portière. Si elle avait apprécié le trajet, elle n'était quand même pas fâchée d'arriver. « Je suis sûre d'avoir un talent naturel pour ça, j'ai même pas eu envie de vomir sur la route ! » Bon, elle doutait que ce soit suffisant, mais c'était déjà un bon début, non ?
Quant à la température de l'eau, « Elle sera gelée ! Mais parfaite ! » conclut-elle. Pas question qu'elle ne se jette pas dans la mer du nord.
Elle vérifia qu'elle avait tout remis dans son sac avant d'attendre son comparse sur le sentier qui descendait vers la crique. Il y en avait des dizaines comme celle-là tout le long de la côte, à différents niveaux de préservation. Et si beaucoup étaient signalées par des panneaux, il fallait être bien renseigné -ou natif d'Inverness- pour savoir lesquelles en valaient la peine. Green Tooth, inconnue de la masse d'individus que draguait chaque année Hungcalf dans la région, avait ce côté petit bijou caché, les étudiants lui préférant généralement une plage plus grande une dizaine de kilomètres plus à l'est, comme si le beau ne pouvait qu'être loin.
« Journée zéro responsabilité, je prends une bière ! » décida-t-elle en enlevant ses chaussures. Ils avaient eu de la chance sur la météo -ou Charlie l'avait peut-être vérifiée- de cette fin d'avril, et protégée du vent comme elle l'était, la petite crique ne subissait que les rayons langoureux du soleil sur ses grains de sable : on aurait presque pu se croire en été.
« Si tu trouves des crevettes grises, dis-le moi, ce serait super en apéro du soir » lança-t-elle à l'Ecossais qui avait déjà la bougeotte. Elle avait préféré prendre son temps pour vider tout ce qu'elle avait pris dans la glacière qu'il avait emportée. Elle s'était ensuite fait un dossier du sweat qu'elle avait enfilé dans la journée, avant de se natter sommairement les cheveux, activité clichée mais nécessaire à la survie de sa tignasse naturelle.
Charlie se tournait parfois vers elle, et elle lui adressait alors de grands sourires, se demandant ce qu'il pouvait donc aimer observer à travers son caméscope. Elle n'était pas très au fait de ce que cet outil moldu faisait, si bien qu'elle ne se cacha pas le visage comme elle l'aurait sans doute fait, par pudeur, si elle avait su que cela l'enregistrait. « Tu as prévu de mettre toute ta vie dans cette petite boîte ? Ça y tiendra ? » Elle reprit une gorgée de bière en le taquinant, avant de s'allonger sur le sable chaud. Pas pour longtemps : il l'appelait déjà. « Déjà les crevettes ? T'as fait vite ! » plaisanta-t-elle en le rejoignant.
Ce qu'il lui montra la fit cependant taire pendant un instant. L'image était petite sur le caméscope, et le scintillement du soleil faisait saturer certains points. Mais il y avait quelque chose. Elle hocha la tête : « Selch ! » Des selkies. « Il fait chaud, elles doivent déjà se réunir pour la Saint-Jean ! » murmura-t-elle avant de relever un visage surexcité vers Charlie. « Et si on allait les écouter chanter ? » Il aurait pu refuser qu'elle ne l'aurait pas entendu. Elle grimpa à son tour sur les rochers depuis lesquels il avait fait la vigie - s'écorchant au passage la plante des pieds sur le mélange roc-sable. Elle les arpenta rapidement, manquant de glisser à plusieurs reprises tant son petit trot n'était pas adapté à la surface humide. L'un des bras protecteurs de leur crique semblait obstruer la vision d'une petite presque-île sur leur droite : « Ce serait pas l'endroit nickel pour elles ? Les rochers les garderaient à l'ombre... » Elle sautait déjà de son lieu d'observation pour vérifier l'idée, s'arrêtant les pieds dans l'eau. Ils pourraient sans doute accéder à la langue de terre depuis la plage, mais le détour était important, et les selkies les verraient peut-être arriver. Alors que s'ils passaient par la mer... « Tu penses à la même chose que moi ? » murmura-t-elle, yeux rivés sur Charlie, comme pour l'empêcher de se débiner. Elle déboutonna son pantalon pour l'abandonner sur le sable, baguette glissée dans un brassard qu'elle avait fait apparaître pour l'occasion. « Alba gu bràth ! » s'écria-t-elle, solennelle, avant de se jeter à la mer.
La courte traversée ne lui causa pas de problème : après tout, elle avait appris à nager dans cette mer verte et agitée. Le froid, en revanche, lui mordit la peau plus férocement qu'une dizaine de strangulots. Etre moitié écossaise ne l'insensibilisait pas complètement aux températures les plus basses de l'eau, mais -fort heureusement- elle avait réussi à retenir le cri qui avait voulu percer ses lèvres quand elle avait plongé. L'arrivée camouflée derrière les rochers de la presqu'île fut quand même la bienvenue pour son rythme cardiaque. Elle resta immergée là, n'osant pas sortir de l'eau au risque d'effrayer les potentiels êtres de l'eau. « Tu survis ? » murmura-t-elle à son comparse. « Je crois que... Je n'entends rien. » finit-elle par avouer.
- InvitéInvité
Re: (Highlands) A ride in the countryside
Ven 8 Mai 2020 - 11:18
Le trajet en voiture s'était soldé par quelques acquiescements et un panel de sourires aux connotations différentes. En outre, Charlie accepta avec facilité la proposition de Maddie concernant les elfes de maison, car c'était quelque chose qu'il connaissait trop peu et dont il n'avait guère le temps de s'intéresser. Il tendait à faire confiance à la mécanique du bouche à oreille, songeant qu'il s'y attellerait personnellement (et plus sérieusement) si cela ne donnait rien. Rien ne pressait, en l'occurrence. Tant qu'il pourrait éviter d'avoir à se rendre au ministère de la magie pour déposer une demande, il le ferait : ce lieu l'intimidait un peu et il évitait ordinairement de s'y rendre.
Concernant les histoires sentimentales du couple parental, le jeune homme marqua son étonnement à travers une expression éloquente. Cela dit, le sourire qu'il avait (en coin) semblait indiquer un sentiment positif, ou tout au moins intéressé. Il imaginait assez que cela devait travailler, dans l'esprit de sa camarade : les séparations de parents représentaient déjà quelque chose, mais une remise en couple, ce n'était pas anodin non plus. Cela dit, son commentaire demeura assez évasif, car il sentait que la jeune femme n'avait pas forcément envie d'entrer plus avant dans le sujet, l'attention déjà détournée par une réplique plus légère que les autres.
Les deux jeunes gens continuèrent leur périple sur le même ton, jusqu'à ce que la mer apparaisse à l'horizon.
« J'en suis persuadé. Fit Charlie, au sujet des prétendus talents de conduite de Maddie. Rappelle moi tout de même d'appeler l'assurance avant de commencer.
Il lui lança un de ces regards idiots qu'ont les jeunes hommes lorsqu'ils s'amusent à piquer les jeunes femmes. Après quoi, il acquiesça largement au diagnostic proposé au sujet de la température de l'eau : assurément, elle serait froide. Il s'agissait de la mer du Nord, après tout. Cela dit, il en fallait plus pour effrayer un écossait pure souche : ces mêmes braves qui, en dépit d'une météorologie capricieuse, portent des kilts sans rien en dessous depuis des siècles. Certes, cela faisait bien longtemps que Charlie n'avait revêtu la tenue traditionnelle de sa région, mais il n'en était pas devenu plus frileux pour autant. Quoique, avec une bière (ou deux) dans le sang, les choses deviendraient peut-être un peu plus faciles.
Enfin, il verrait cela après son exploration. Charlie n'avait pas attendu pour sortir son caméscope et commencer à filmer les alentours. C'était son truc, à lui : dès que la situation le permettait, il enregistrait sa vie sur une bande. L'amour du cinéma toujours en arrière fond, en dépit d'une existence récemment chamboulée.
« Bien sûr que ça y tiendra !
Avait-il répliqué, tout baigné d'enthousiasme qu'il était. Quand bien même sa vie n'y tiendrait pas, il ferait illusion, pensa-t-il. Cependant, la découverte d'un banc de selkie détourna complètement son attention du vlogging. Positivement surpris, il jeta un regard plein de feu à Madeline qui proposait de les approcher. Le jeune homme prit donc sa suite sur les rochers sans se faire prier, renonçant à filmer leurs exploits, le caméscope déposé dans un coin à l’abri (et dans sa house). L'empressement le rendait maladroit, au point qu'il manqua de se casser la figure à une ou deux reprises. Cependant, il se rétablit magistralement (au moins) à chaque fois. A ce train, Madeline et Charlie ne tardèrent pas à atteindre le rivage, là où mourrait la roche et s'écrasait l'eau bleu-vert. Il jeta un regard avide sur l'océan, trop prit par l'émotion du moment pour trouver matière à répondre à sa camarade.
Puis, ce fut à l'audace de prendre le pas. Le jeune homme regarda la demoiselle se déshabiller d'un air médusé, avant d'adopter l'idée et l'imiter de cet enthousiasme qui ne mourrait jamais. Un instant après elle, il se jeta à l'eau. Le brusque changement de température lui emballa le cœur, comme il ouvrait les yeux sur un monde de bulles et d'eau verte opaque. Un instant au goût d'éternité. Il perça la surface et se mit à nager derrière Madeline, des images d'aventure plein la tête et qui lui faisaient oublier la froideur. Finalement, les deux jeunes gens finirent tapis derrière un rocher, non loin de l'endroit où ils avaient aperçus les êtres de l'eau.
« C'est génial ! Qu'il lâcha après un petit glapissement aiguë, tout essoufflé qu'il était. C'est clair qu'on se sent vivant.
Il eut un rire et leva ses bras tout rougit par le froid, avant de ramener ses cheveux vers l'arrière. Le jeune homme tendit l'oreille, mais comme Madeline, il n'entendait pas les êtres de l'eau chanter.
« Je pense qu'ils savent déjà qu'on est là.
Fit il à voix basse, avant de glisser vers l'extrémité du rocher, où l'on pouvait voir ce qui se passait de l'autre côté. Comme on pouvait s'y attendre, Charlie découvrit une onde tout à fait dépeuplé. Cela dit, quelque chose attira son attention.
« Là bas, je crois qu'il y a quelque chose.
Il nagea jusqu'à une formation rocheuse qui faisait comme une petite île au milieu de la mer. Grimpant avec autant d'adresse que possible, malgré des algues glissantes et les coquillages coupants, il termina sur l'un de ces gros monolithes de granit, fier et debout. Puis, il tendit la main afin d'aider son amie à monter à son tour.
« Regarde !
Dit-il alors en désignant un espace entre les rochers. On pouvait y voir un selkie emmêlé dans un vieux filet de pêche. Il était étendu là, complètement entravé, sous le soleil qui lui asséchait la peau. La vue des deux êtres humains lui rendit un peu de vie et il se mit à crier d'une voix stridente. Aussitôt, le banc de selkie refit surface et ils se mirent à tourner autour de l’îlot de manière menaçante, de longues plaintes émanant de la mer accompagnant leurs mouvements.
Concernant les histoires sentimentales du couple parental, le jeune homme marqua son étonnement à travers une expression éloquente. Cela dit, le sourire qu'il avait (en coin) semblait indiquer un sentiment positif, ou tout au moins intéressé. Il imaginait assez que cela devait travailler, dans l'esprit de sa camarade : les séparations de parents représentaient déjà quelque chose, mais une remise en couple, ce n'était pas anodin non plus. Cela dit, son commentaire demeura assez évasif, car il sentait que la jeune femme n'avait pas forcément envie d'entrer plus avant dans le sujet, l'attention déjà détournée par une réplique plus légère que les autres.
Les deux jeunes gens continuèrent leur périple sur le même ton, jusqu'à ce que la mer apparaisse à l'horizon.
« J'en suis persuadé. Fit Charlie, au sujet des prétendus talents de conduite de Maddie. Rappelle moi tout de même d'appeler l'assurance avant de commencer.
Il lui lança un de ces regards idiots qu'ont les jeunes hommes lorsqu'ils s'amusent à piquer les jeunes femmes. Après quoi, il acquiesça largement au diagnostic proposé au sujet de la température de l'eau : assurément, elle serait froide. Il s'agissait de la mer du Nord, après tout. Cela dit, il en fallait plus pour effrayer un écossait pure souche : ces mêmes braves qui, en dépit d'une météorologie capricieuse, portent des kilts sans rien en dessous depuis des siècles. Certes, cela faisait bien longtemps que Charlie n'avait revêtu la tenue traditionnelle de sa région, mais il n'en était pas devenu plus frileux pour autant. Quoique, avec une bière (ou deux) dans le sang, les choses deviendraient peut-être un peu plus faciles.
Enfin, il verrait cela après son exploration. Charlie n'avait pas attendu pour sortir son caméscope et commencer à filmer les alentours. C'était son truc, à lui : dès que la situation le permettait, il enregistrait sa vie sur une bande. L'amour du cinéma toujours en arrière fond, en dépit d'une existence récemment chamboulée.
« Bien sûr que ça y tiendra !
Avait-il répliqué, tout baigné d'enthousiasme qu'il était. Quand bien même sa vie n'y tiendrait pas, il ferait illusion, pensa-t-il. Cependant, la découverte d'un banc de selkie détourna complètement son attention du vlogging. Positivement surpris, il jeta un regard plein de feu à Madeline qui proposait de les approcher. Le jeune homme prit donc sa suite sur les rochers sans se faire prier, renonçant à filmer leurs exploits, le caméscope déposé dans un coin à l’abri (et dans sa house). L'empressement le rendait maladroit, au point qu'il manqua de se casser la figure à une ou deux reprises. Cependant, il se rétablit magistralement (au moins) à chaque fois. A ce train, Madeline et Charlie ne tardèrent pas à atteindre le rivage, là où mourrait la roche et s'écrasait l'eau bleu-vert. Il jeta un regard avide sur l'océan, trop prit par l'émotion du moment pour trouver matière à répondre à sa camarade.
Puis, ce fut à l'audace de prendre le pas. Le jeune homme regarda la demoiselle se déshabiller d'un air médusé, avant d'adopter l'idée et l'imiter de cet enthousiasme qui ne mourrait jamais. Un instant après elle, il se jeta à l'eau. Le brusque changement de température lui emballa le cœur, comme il ouvrait les yeux sur un monde de bulles et d'eau verte opaque. Un instant au goût d'éternité. Il perça la surface et se mit à nager derrière Madeline, des images d'aventure plein la tête et qui lui faisaient oublier la froideur. Finalement, les deux jeunes gens finirent tapis derrière un rocher, non loin de l'endroit où ils avaient aperçus les êtres de l'eau.
« C'est génial ! Qu'il lâcha après un petit glapissement aiguë, tout essoufflé qu'il était. C'est clair qu'on se sent vivant.
Il eut un rire et leva ses bras tout rougit par le froid, avant de ramener ses cheveux vers l'arrière. Le jeune homme tendit l'oreille, mais comme Madeline, il n'entendait pas les êtres de l'eau chanter.
« Je pense qu'ils savent déjà qu'on est là.
Fit il à voix basse, avant de glisser vers l'extrémité du rocher, où l'on pouvait voir ce qui se passait de l'autre côté. Comme on pouvait s'y attendre, Charlie découvrit une onde tout à fait dépeuplé. Cela dit, quelque chose attira son attention.
« Là bas, je crois qu'il y a quelque chose.
Il nagea jusqu'à une formation rocheuse qui faisait comme une petite île au milieu de la mer. Grimpant avec autant d'adresse que possible, malgré des algues glissantes et les coquillages coupants, il termina sur l'un de ces gros monolithes de granit, fier et debout. Puis, il tendit la main afin d'aider son amie à monter à son tour.
« Regarde !
Dit-il alors en désignant un espace entre les rochers. On pouvait y voir un selkie emmêlé dans un vieux filet de pêche. Il était étendu là, complètement entravé, sous le soleil qui lui asséchait la peau. La vue des deux êtres humains lui rendit un peu de vie et il se mit à crier d'une voix stridente. Aussitôt, le banc de selkie refit surface et ils se mirent à tourner autour de l’îlot de manière menaçante, de longues plaintes émanant de la mer accompagnant leurs mouvements.
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