{flashback} Sorry, I'm not the friend you deserve ¤Juce {terminé}

Sorry, I'm not the friend you deserve ft.@Juliet Blackthorn - samedi 25 janvier 2020

Assise dans le salon de thé, je triturais mes ongles, incertaine de voir la personne que j'attendais passer la porte. Bien calée dans le fauteuil, le mien réduit et caché dans mon sac sans fond, je regardais anxieusement la porte. Viendrait-elle? Rien n'était moins sûr. Après tout, après mon accident, je l'avais tenue loin de ma vie pendant trois mois, incapable que j'étais d'imaginer la pitié, la culpabilité, la souffrance qu'elle pourrait éprouver pour moi dans son regard. Et sans l'insistance de son cousin, j'aurais continué ainsi, persuadée que c'était mieux pour Juliet que d'oublier jusqu'à mon existence. Pourtant, elle me manquait et, si j'avais été laconique dans la première lettre que je lui avais adressée - fin novembre - sur l'insistance d'Eliott, il n'en était pas moins que j'avais été heureuse de reprendre cette correspondance. Même si, chaque fois, je repensais à l'endroit où j'aurais dû me trouver. C'était mal, je le savais, mais j'avais continué à regarder ce que faisait le Bolchoï. Ils étaient en tournée. Toujours sur le même spectacle, et j'aurais pu être avec eux. Je m'empressai cependant de chasser cette pensée de mon esprit, aidée en cela par ma chienne dont la tête reposait sur ma cuisse et qui venait de me pousser le coude pour me ramener à l'instant présent et à la porte qui venait de s'ouvrir. Juliet? songeai-je avec espoir en levant le nez.

Mais non, ce n'était toujours pas mon amie. Sans doute hésitait-elle à me rejoindre. Elle en avait tous les droits, après tout. Ce n'était que trop normal qu'elle puisse à son tour m'ignorer comme je l'avais fait. Que ferais-je si elle ne venait pas? Je n'en avais pas la moindre idée. D'autant que j'avais mis le temps avant de lancer cette invitation après l'avoir aperçue au bal trois semaines auparavant. Bal auquel je n'avais pas eu le temps de lui parler, d'ailleurs. Je baissai le nez vers la tasse de thé et le speculos qui m'avaient été apportés sans que je demande quoique ce soit - j'avais dit dès le départ que j'attendais une amie - mais je ne les touchaient pas. Je n'avais pas envie que Juliet pense, si elle venait, que je ne l'avais pas attendue.

Le petit déjeuner avait apporté son lot de surprise ce matin. Installée face à Elwin Juliet mélangeait son porridge à la canelle, elle se rendit compte que ça faisait un petit moment qu'elle mélangeait sans avoir rien avalé, le porridge était à peine tiède désormais. Elle se ressaisit et mit une cuillère dans sa bouche avant que son ami ne se rende compte qu'elle n'avait rien avalé. Elle avait à peine mangé deux cuillères lorsqu'un hibou se rapprocha de leur table et laisse choir un courrier qui faillit atterri dans le bol encore rempli de la jeune Summerbee.

Surprise, Juliet sursauta et en lâcha même sa cuillère, ce qui fit ricaner le Frye. Elle ne reconnaissait pas l'oiseau de son frère, celui avec qui elle échangeait régulièrement. Elle se demandait donc qui avait pu lui envoyer un courrier. Elle attrapa l'enveloppe et l'ouvrit. Elle du relire le petit mot que Grace lui adressait, tant c'était irréel. Juliet se tourna pour observer la table des Pokeby. Grace n'y était pas. Logique. Réflexe stupide. Pourquoi Grace serait à l'université un samedi matin ?

Bien que surprise par les manières de son amie, elle avait décidé de se rendre au rendez-vous. Il était près de seize heures lorsque Juliet franchit la porte du salon de thé ou la De Launay l'avait invitée. Invitée ou convoquée ? Juliet balaya l'endroit des yeux et vit Grace assise devant un thé. Elle avança jusqu'a elle, posa une main sur le siège qui lui était destinée et s'adressa à la jeune Pokeby :

- Salut Grâce, ça fait longtemps.

Sorry, I'm not the friend you deserve ft.@Juliet Blackthorn - samedi 25 janvier 2020

Je touillai machinalement le thé, refusant de le boire, tandis qu'il refroidissait, n'osant plus regarder vers la porte, pas plus que vers l'horloge qui indiquait l'heure. Je sentais les larmes menacer de déborder de mes yeux, persuadée qu'elle ne viendrait plus. Et pourtant, au bout d'un moment, Hope s'agita alors qu'une jeune fille venait vers moi, hésitant entre grogner, gémir, se cacher sous mon siège en attendant que je réagisse et que je lui permette de comprendre si c'était la personne que j'attendais ou non. "Salut Grâce, ça fait longtemps." Je relevai finalement la tête lorsque la voix tant aimée résonna à mes oreilles. Je n'osais pas y croire. "Juliet! Tu... Tu es venue!" bégayai-je, surprise. J'essayai de me lever, éprouvant l'envie de la serrer dans mes bras pour la remercier de l'avoir fait, mais mes jambes refusèrent de supporter mon poids. L'émotion, le manque de muscles... Peut-être un peu des deux à la fois, et je rebaissais la tête, honteuse. "Je.... Je suis désolée... Je... Je n'arrive pas à me lever..." murmurai-je essayant, tant bien que mal d'empêcher les larmes de couler de mes yeux à cet aveu d'incapacité.

"Tu... Tu veux t'asseoir?" demandai-je, maudissant ma capacité à parler qui me faisait presque autant défaut que mes membres inférieurs. Etais-je à ce point cette chose inutile que j'avais la sensation d'être? Visiblement, c'était le cas. Et s'il aurait été plus facile, sans doute, de m'imaginer sur une scène de théâtre pour réussir à dire ce que j'avais à dire, je refusais de jouer devant ma meilleure amie. Je voulais être aussi vraie que possible avec elle. "Je... Merci d'être venue. Tu... Tu as dû te demander pourquoi je t'avais envoyé une lettre plutôt que te demander directement..." fis-je, d'une voix lente et hésitante mais qui avait, fort heureusement cessé de bégayer... Quoique. "Tu... Tu veux boire ou manger quelque chose?" demandai-je.

Pile à l’heure, la ponctualité était une qualité rare dans ce monde mais Juliet excellait dans ce domaine. Pas une minute d’avance, pas une minute de retard, la jeune Blackthorn était sans même s’en rendre compte un modèle de précision horaire. A l’heure du thé, le salon était presque remplit. Pourtant la jeune blondinette n’eut pas de mal à reconnaitre son amie quelques mètres plus loin.

Juliet ne savait pas à quoi s’attendre. Elle avait une petite boule au vente malgré tout. Elle n’était pas fâchée mais elle appréhendait autant qu’elle espérait que ce moment vienne. Celui de tout déballer. Grâce avait été sa meilleure amie si longtemps. Elles avaient été si proches. Elles avaient tant partagé. Juliet n’avait jamais comprit pourquoi celle qu’elle considérait comme une soeur l’avait évincée si facilement.

La Pokeby semblait surprise que la Summerbee soit venue. Comment pouvait elle en douter ? Avait elle oublié qui était Juliet Blackthorn ? La douceur et la loyauté incarnée… Bien sûre qu’elle était venue. Juliet vit de suite le mouvement de Grace pour se lever et son incapacité à le faire, tout comme elle vit le despespoir et la frustrations mêlées dans ses yeux. Juliet n’écouta que son coeur et se pencha vers Grace pour entourer doucement son cou de ses bras.

- Tout va bien, reste assise.

A son tour, la blondinette s’installa sur la chaise en face de la De Launay, répondant silencieusement à la question de Grâce laquelle la remerciait d’être venue. Juliet répondit d’un simple sourire et d’un hochement de tête. Effectivement… c’était bizarre cette manière de se retrouver.

- Je ne m’y attendais pas, c’est vrai.

Juliet prit la carte tandis que Grâce lui demandait ce qu’elle voulait manger. Juliet n’avait pas faim mais grande amatrice de thé elle se tourna vers une des serveuse qui passait non loin.

- Un thé vert abricot romarin, je vous prie.

Grâce avait déjà son thé. Leur « rendez-vous » allait donc pouvoir commencer. Que dire ? Juliet reposa la carte. Elle restait silencieuse, ne sachant pas vraiment quoi raconter à cette amie d’une ancienne vie. Mais ce silence… ce silence était pesant. Juliet était tellement mal à l’aise qu’elle finit par demander, tout banalement…

- Comment vas-tu ?

« depuis le temps » s’abstient-elle d’ajouter, ne voulant pas rajouter de gêne au malaise.

Sorry, I'm not the friend you deserve ft.@Juliet Blackthorn - samedi 25 janvier 2020

Je lui fus grée de se pencher à ma rencontre, même si je m'en voulais de ne pas pouvoir me lever. Avait-elle compris à quel point c'était difficile pour moi d'être à ce point en incapacité de montrer la gratitude que je ressentais qu'elle soit venue? Je n'en étais pas certaine. En tout cas, elle était là en face de moi, et j'étais clairement soulagée, même si j'étais mal à l'aise en même temps et que j'avais envie de m'agiter d'une fesse sur l'autre sur ma chaise. Sauf que... Je ne pouvais pas, bien sûr. J'essayai donc de meubler ce silence que je trouvais insupportable entre nous, allant jusqu'à mentionner qu'elle avait dû être surprise que je passe par Boule-de-plumes pour l'inviter à me rejoindre. "Je... J'avais peur que tu refuses, en fait. Je n'étais pas prête à te faire face si tu ne voulais plus me parler." expliquai-je en baissant la tête un peu plus, regardant une rayure dans la table en bois par ailleurs parfaitement lisse. "Et tu aurais eu tous les droits de le faire. Après tout, je t'ai évitée depuis Moscou..." expliquai-je, la dédouanant complètement de toute réaction de rejet qu'elle aurait pu avoir.

Un serveur, ou une serveuse, passa alors et Juliet passa commande, me rassurant sur le fait qu'elle n'allait pas s'en aller tout de suite. Je ne pus, d'ailleurs, retenir un soupir de soulagement. "Comment vas-tu ?" Aye... La question que je n'étais pas pressée d'entendre venait d'être posée. La main qui tenait la cuillère se mit à trembler et je m'empressai de la poser à plat sur la table. "Je... Je fais de la rééducation. Mais... Je ne redanserai plus jamais. Ce que tu as vu, en Russie, c'était la dernière fois que je dansais." Je marquai un léger temps de silence avant de lui retourner la question: "Et toi?"

Juliet pouvait comprendre... c'est vrai. Elle s'était faite rejeter par Grâce à plusieurs reprises et au bout d'un certain nombre elle n'avait plus jamais osé tenter quoi que ce soit. Le hibou mettait une certaine distance, permettait un certain recul, que la discussion en face à face n'avait pas. Alors elle comprenait ce biais. Elle aurait pu le faire elle même. Pourtant, Grâce connaissait Juliet depuis leur enfance... pensait elle vraiment que la blondinette l'aurait rejetée ? L'aurait elle fait ? Elle aurait pu y penser. Mais Juliet n'était pas rancunière et elle aimait profondément son amie.

Juliet se souvenait de Moscou comme si c'était hier. Elle voyait Grâce évoluant sur scène, gracieuse parmi les gracieuse. Si belle dans son tutu coloré. Elle revoyait l'autre danseuse tomber et ne plus jamais se relever. Elle revoyait Grâce, s'écroulant au sol. Elle revoyait Eliott sur le siège à côté d'elle l'empêcher de sortir sa baguette en pleins milieu des moldus. Et depuis.. depuis plus rien. Quelques lettres aux mots vides. Même son cousin avait eut plus de contacts avec la De Launay. Juliet n'avait jamais compris.

- Tu ne m'as jamais expliqué pourquoi.

Juliet s'était posé la question mille fois. Elle avait créé mille scénarios, mille hypothèses dans sa tête. En refusant de voir Juliet, Grâce avait créé un énorme fossé entre elles mais aussi entre Juliet et d'autres amis qu'ils avaient en commun. La Blackthorn n'avait jamais compris pourquoi elle était rejetée et pas Lys, par exemple. Pourquoi Eliott avait des nouvelles et pas elle. Pourquoi Victor pouvait aller à son chevet tandis qu'elle ne savait même pas où elle était... Juliet s'était sente rejetée et s'était renfermée sur elle même.

Juliet ne dit rien de ce qu'elle pensait. Parce qu'elle voyait bien de son amie souffrait toujours. Physiquement, évidemment. Mais moralement également. Les trémolos dans sa voix parlaient d'eux même. Danser avait toujours été le rêve de Grâce. Elle avait tout abandonné pour vivre son rêve et il s'était envolé sans elle. Juliet ne savait même pas que le pronostic final avait été posé. Elle l'apprenait à l'instant, et elle était triste mon Grâce.

- Je suis tellement désolée Grâce...

Elle aurait voulu dire à quel point elle avait trouvé son amie belle et talentueuse ce soir là. Mais elle avait peur de remuer le couteau dans la plaie... Alors elle ne dit rien et se contenta de répondre à la question de son amie.

- Ca va, rien de très intéressant à raconter.

Elle aurait pu dire à quel point Hungcalf était dur. A quel point elle se sentait seule. A quel point elle s'interrogeait sur son avenir. A quel point ses relations avec Adalia étaient compliquées. A quel point... Mais elle n'était pas en mesure de faire de telles confidences. Comment pouvait elle se plaindre, alors que Grâce ne pouvait même pas marcher ?

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"Tu ne m'as jamais expliqué pourquoi." Non, c'était vrai. Elle avait raison. Je ne lui avais rien dit. Je m'étais murée dans le silence, et je devais m'accrocher, me faire violence, prendre sur moi pour ne pas céder à la facilité et recommencer maintenant. Je fermai le poing qui se trouvait sur la table pour me donner du courage, ramenant la main vers moi de façon à ce que mon poignet repose contre le bord de la table. "Je.... J'étais pleine de colère. J'avais honte. Je m'en voulais que tu aies vu ça. Que ce soit l'image que tu gardes de moi. Je... Je ne voulais pas que tu repenses à ça à chaque fois que tu me voyais." C'était aussi valable dans l'autre sens, mais je ne voulais pas l'admettre. Pas encore. Pas à voix haute, en tout cas. "Et puis... J'ai tué Tanya, en tombant. Je n'aurais pas supporté que tu me vois comme une meurtrière en plus d'une handicapée." Ma voix se brisa légèrement, mais je m'empressais de poursuivre, pour qu'elle n'ait pas le temps de confirmer mes craintes - ou de me détromper - "Il y a déjà Victor qui me voit uniquement comme une handicapée qui ne peut rien faire toute seule, qui n'éprouve plus que de la pitié pour moi... Il n'est d'ailleurs rentré que pour ça. Je ne pouvais pas vivre avec le fait que ma meilleure amie me voit de la même façon. Surtout que tu as assisté à la scène." Voilà. C'était dit.

"Je suis tellement désolée Grâce..." Ces mots que je ne voulais pas entendre, que je ne supportais pas d'entendre, même. Ces mots qui suffisaient à déclencher mes larmes. J'essayais de respirer pour les retenir, mais elles commencèrent quand même à couler. J'aurais voulu pouvoir dire que c'était la vie, mais j'en étais incapable. Je n'en étais pas arrivée à ce moment là, encore. Je gardai donc le silence, espérant qu'elle allait me raconter des choses intéressantes sur comment elle allait. Mais non. Rien d'intéressant. Je tentai de relever la tête, mais la rebaissai aussitôt, m'efforçant de desserrer le poing pour m'emparer de ma tasse de thé, celle de Juliet étant arrivée entre temps.

La serveuse vient déposer la tasse de thé fumant devant Juliet qui la remercia avant de mettre ses mains autour du petit récipient. Été comme hiver, Juliet adorait sentir la chaleur de l'eau prendre possession de ses mains. Et tout en faisant ça, Juliet écoutait attentivement son amie lui expliquait pourquoi leur relation avait prit un tel tournant. Et Juliet avait beau l'écouter très attentivement, elle n'était pas certaine de vraiment comprendre.

A croire que Grâce ne la connaissait pas. A croire qu'elle était tombée trop fort sur la tête ce soir là et qu'elle avait oublié qui était la cadette Blackthorn. Ca n'avait pas de sens pour Juliet. Comment son amie avait elle pu croire que la Summerbee la considérerait comme autre chose qu'une victime de la malchance ? Si au lieu de se braquer elle avait parlé avec elle, elle aurait su ce que pensait Juliet.

- On se connait depuis qu'on est enfants, Grâce. A croire que tu ne me connais pas... Comment as tu pu penser que j'allais te voir comme ça. Je sais qui tu es. Et tu aurais du avoir confiance en moi, et en notre amitié.

Juliet eut un pincement au coeur quand Grâce parla de son frère jumeau. Juliet avait essayé de parler à Victor mais quand le sujet de Grâce arrivait sur la table il était toujours très distant. Elle avait cru que c'était Grâce qui avait interdit à son frère de parler à Juliet d'elle même, mais visiblement leurs relations n'étaient pas non plus au beau fixe... Juliet était sûre que Grâce se trompait pour Victor. Il ne la voyait pas ainsi, c'était certain. Le chagrin et la culpabilité de Grâce déformait tout.

- Je suis certaine que tu te trompes autant sur Victor que sur moi... Tu me repousses moi, ta meilleure amie, tu repousses ton frère... Mais tu laisses Eliott prendre soin de toi ? Elliott, Grâce... on parle d'Eliott. J'aime mon cousin mais vraiment cette histoire n'a plus aucun sens...

Juliet essayait de rester calme et de ne pas céder à l'agacement même si c'était difficile. Le visage de Grâce lui rappela rapidement qu'elle n'avait pas besoin de remontrance mais plutôt de soutien. Alors que Juliet s'excusait du fait que son amie ne pourrait plus poursuivre son rêve, les yeux de cette dernière se remplirent de larmes. Le coeur de Juliet se brisa de nouveau. Elle sentait le désespoir de son amie. Mais elle ne savait pas quoi faire... Elle ne savait pas quoi dire... Elle attendit que la Pokeby ait bu sa gorgée et prit la main libre de son amie dans la sienne avant de la serrer doucement.

- Je ne peux pas mesurer ta peine... Mais je peux te dire que ça ira forcément mieux. Tu es douée pour beaucoup de choses, pas seulement pour la danse. Et si je peux faire quoi que ce soit pour t'aider... ne serait-ce qu'un petit peu...

Sorry, I'm not the friend you deserve ft.@Juliet Blackthorn - samedi 25 janvier 2020

"On se connait depuis qu'on est enfants, Grâce. A croire que tu ne me connais pas... Comment as tu pu penser que j'allais te voir comme ça. Je sais qui tu es. Et tu aurais du avoir confiance en moi, et en notre amitié." C'était vrai. Comme le soulignait Juliet, on se connaissait depuis l'enfance, elle et moi. Quant à comment j'avais pu croire qu'elle allait penser ça... La réponse était simple: parce que c'était mon cas. Quand je me regardais dans un miroir, c'était ça, que je voyais. La plupart du temps. Quand je regardais Juliet - et même Eliott - je revivais mon accident. Mais ça, je ne pouvais pas l'admettre à voix haute. Je risquais de blesser encore un peu plus Juliet, et je n'en avais pas envie. D'autant que...

"Je suis certaine que tu te trompes autant sur Victor que sur moi... Tu me repousses moi, ta meilleure amie, tu repousses ton frère... Mais tu laisses Eliott prendre soin de toi ? Elliott, Grâce... on parle d'Eliott. J'aime mon cousin mais vraiment cette histoire n'a plus aucun sens..." "Il est gentil? Avec moi..." répondis-je d'une petite voix piteuse. Il m'avait pousée à ressortir, il m'avait poussée à écrire au moins de temps en temps à Juliet, après trois mois de silence. Je baissai la tête et bus une gorgée de thé avant de reposer ma tasse, plus honteuse que jamais. Au bord des larmes, mêmes. D'ailleurs, elles ne tardèrent pas à sortir lorsque Juliet me présenta ses excuses. Mon amie eut tôt fait de recouvrir ma main de la sienne pour me rassurer et m'apporter son soutien.

"Je ne peux pas mesurer ta peine... Mais je peux te dire que ça ira forcément mieux. Tu es douée pour beaucoup de choses, pas seulement pour la danse. Et si je peux faire quoi que ce soit pour t'aider... ne serait-ce qu'un petit peu..." "Je vais essayer de reprendre des études. Mais je ne peux pas rester en arts du spectacle. La danse est obligatoire. Le choix se fait uniquement entre théâtre et musique. Je dois changer de cursus..." expliquai-je. "Je vais faire lettres et civilisations. Pour l'instant, je n'ai que les runes. Il faut que je rattrape mon retard si je veux pas être en première année pour les runes, et en troisième année pour les deux autres matières."

Juliet n'était pas rancunière. Elle ne l'avait jamais été et ne le serait surement jamais. Elle avait une capacité incroyable à pardonner et à aimer alors évidemment que pour Grâce, tout les reproches qu'elle pouvait faire à son amie, tout s'était envolée au moment où elle avait expliqué ce qui s'était passé dans sa tête. Quel dommage qu'elle ne l'ait pas fait plus tôt. Presque six mois étaient passés depuis ce jour terrible... six mois de perdus et tant de conséquences...

Ce qu'elle ne comprenait pas et ne comprendrait surement jamais d'ailleurs, c'est pourquoi Eliott. Elle connaissait son cousin et elle savait que le jeune homme était loin d'être un garçon affable et aidant. Elle le voyait très mal en aide soignant... Généralement, quand Eliott aidait quelqu'un, ce n'était pas gratuit et désintéressé. Il avait des qualités, mais pas celle d'être généreux. Alors c'était... improbable. Et Juliet ne comprenait pas. Tout ce que Grâce pu lui répondre c'était qu'il avait été gentil avec elle. Juliet ferma les yeux et secoua la tête pour bien montrer son incompréhension.

Quoi qu'il en soit, la jeune Blackthorn fut ravie d'entendre que son amie ait décidé de reprendre son cursus universitaire. Si elle avait encouragé la jeune femme dans son rêve de ballerine, elle avait eut beaucoup de mal à se retrouver sans Grâce à Hungcalf. Elle écouta son amie lui expliquer son plan de reprise et ça avait l'air particulièrement bien fixé :

- Tu vas y arriver j'en suis sure. Et si t'as besoin d'un coup de main en études des runes, je peux t'aider. C'est vraiment pas difficile tu sais.

Juliet prit une nouvelle gorgée de son thé qui réchauffa doucement sa gorge. Il était vraiment très bon.

- Du coup, tu restes chez ta soeur ou tu reprends une chambre à l'université ?

Sorry, I'm not the friend you deserve ft.@Juliet Blackthorn - samedi 25 janvier 2020

Parler études était un sujet finalement beaucoup plus facile. Nettement moins risqué. Même si cela me rendait triste. Fallait-il que nous parlions d'un quelconque sujet aussi bateau pour que nous ne soyons pas mal à l'aise l'une avec l'autre? Avais-je à ce point tout ruiné entre nous? Nous aurions dû être en train de parler de garçons, de crush, du dernier groupe à la mode ou que sais-je, encore, et nous en étions pourtant réduites à parler de l'université et des cours que j'allais suivre quand j'allais pouvoir reprendre totalement. Je me sentais tellement... Ridicule... Et je m'en voulais aussi, parce que j'avais l'impression que c'était de ma faute. Juliet y mettait toute sa bonne volonté, et moi, je continuais à m'apitoyer sur moi-même. Eliott aurait dit que j'étais non pas ridicule, mais carrément pathétique, et il n'aurait pas eu tort. Sans doute aurais-je dû l'écouter bien plus tôt quand il me disait que Juliet voulait me voir et que je devais arrêter de fuir. Mais je ne l'avais pas fait, et nous en étions là aujourd'hui.

"Tu vas y arriver j'en suis sure. Et si t'as besoin d'un coup de main en études des runes, je peux t'aider. C'est vraiment pas difficile tu sais." "Merci, Juliet. Je veux bien. D'autant que je pars de zéro. Je ne... suivais pas cette matière à Poudlard..." Enfin... Plus à partir du moment où c'était devenu une option facultative, et je devais bien admettre que, malgré les cours particuliers que me donnait le professeur en dehors, j'avais bien du mal à suivre les cours collectifs. Je me sentais un peu larguée. Sans doute, pourtant, était-ce aussi un peu à cause de la potion anti-douleur que je prenais depuis le bal où Lys et Eliott avaient été fiancés. D'ailleurs, en parlant d'eux... "Tu penses quoi des fiançailles d'Eliott et de Lys?" Moi, en tout cas, j'étais partagée. Lys ne m'avait pas semblé avoir été au courant lorsque ça avait été annoncé. De fait, lorsque j'étais allée la voir en compagnie de Lorcan, elle m'avait confirmé qu'elle n'était pas au courant. "J'espère qu'ils s'entendront et qu'ils seront heureux..." ajoutai-je, souhaitant tout le bonheur du monde à deux personnes que j'appréciais beaucoup.

"Du coup, tu restes chez ta soeur ou tu reprends une chambre à l'université ?" Je hochai la tête avant de répondre que: "Pour l'instant, je reste chez Holly. Je ne suis pas encore à nouveau considérée comme une étudiante. J'assiste aux cours de runes en tant qu'auditrice libre. Et puis... Avec ma rééducation du lundi au vendredi, c'est plus facile de chez ma soeur. C'est plus central, comme point de départ..." expliquai-je.

Juliet aimait beaucoup les runes. C’était presque sa matière préféré, après les enchantements. Elle trouvait fascinant que se simples inscriptions puisse avoir tant d’impact. Elle n’en aurait peut être pas tant besoin que ça si elle choisissait la voie de la psychomagie mais elle rêvait de s’intéresser aux effets des runes sur les pansements de bandages des sorciers blessés par la magie. Sans trop savoir pourquoi, ce sujet l’avait forcément intéressée si bien qu’elle avait cherché à s’informer jusqu’a comprendre que la discipline était si nouvelle, si moderne, qu’il y avait trop peu d’ouvrages de recherche.

Alors évidemment, elle pourrait aider son amie. Elle était certaine qu’elle pourrait lui donner un coup de main pour rattraper son retard, même si Grace n’avait jamais étudié cette matière. Elle n’ont plus elle ne l’avait pas prise en option lors de ses années à Poudlard, il n’y avait pas de raisons que la De Launay ne s’en sorte pas.

- Ne t’inquiète pas, à Poudlard on apprend surtout les noms et significations des runes mais avec un dictionnaire sous la main c’est très simple. On apprend à s’en servir réellement que depuis peu de temps alors tu n’auras pas de mal à rattraper.

La voix de Juliet était particulièrement enjouée. C’était dingue comme elle pouvait être excitée à l’idée de travailler les runes. C’était bizarre non ? Etait elle entrain de devenir une sorte de nerf ? Comme ce mec en cours de Botanique ? Oulah. C’était flippant enfaite !!!

Juliet buvait une gorgée de thé quand Grâce l’interrogea sur le mariage de leur amie et du cousin de Juliet. C’était dur comme question. D’un côté elle était tellement soulagée de ne pas avoir été fiancée à Eliott.. D’un autre côté… voulait elle vraiment qu’une de ses meilleure amie épouse son cousin le plus… le moins… Eliott quoi. C’était quand même pas le plus facile à vivre, on va pas se mentir. Mais Lys était ravie de cette décision et Eliott, aussi étrange que cela puisse paraitre, l’était également…

- C’est … surprenant. Personne ne s’y attendait mais ils ont vraiment l’air sereins de ce qui leur arrive alors je ne pense pas qu’on devrait s’inquiéter outre mesure… Et toi ? T’en a déjà parlé avec Lys ?

Faut dire que la nouvelle était toute fraîche. Juliet hocha la tête quand la Pokeby lui expliqua qu’elle vivait chez sa soeur et qu’elle partageait son temps entre sa reprise des runes et sa rééducation. C’est sur que c’était plus simple ainsi.

- Comment va Holly ? Et son fils ?

Le temps des discussions banales était il revenu ? Juliet essayait de faire en sorte que ce soit le cas…

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"Ne t’inquiète pas, à Poudlard on apprend surtout les noms et significations des runes mais avec un dictionnaire sous la main c’est très simple. On apprend à s’en servir réellement que depuis peu de temps alors tu n’auras pas de mal à rattraper." Ca me rassurait, je devais bien le reconnaître. Je n'aurais pas autant de retard à rattraper que je le craignais. Je poussai, d'ailleurs, un petit soupir de soulagement à cette nouvelle. Et puis... Cela pourrait nous permettre, aussi, de retrouver nos marques, avec Juliet. Parce qu'il était vrai que je l'avais laissée tomber comme une vulgaire chaussette, ce qu'elle était très loin d'être. "Merci," répétai-je encore avant d'ajouter: "avec ton aide, je suis sûre que j'arriverai vite à un niveau correct. D'ailleurs... Tu penses quoi du professeur, toi?" voulus-je relancer, toujours dans la tentative de remettre notre amitié sur les rails.

Quant au sujet du mariage... "Et toi ? T’en a déjà parlé avec Lys ?" Je secouai la tête avant de répondre: "Non. Je n'ai pas eu l'occasion d'en reparler à Lys depuis le bal. Mais quand nous l'avons félicitée, avec Lorcan, j'ai eu l'impression que ça semblait lui convenir et qu'elle veut aller jusqu'au bout. Ils veulent se marier vite, je crois." Au point que je ne pouvais que me demander s'ils ne se fréquentaient pas avant, déjà, et si Lys ne nous avait pas caché une grossesse. Cette idée me fit écarquiller les yeux et je me penchai vers Juliet, comme ayant honte de ces commérages - et c'était le cas, un peu - "Dis... Tu ne crois pas qu'ils auraient pu cacher une relation préexistante et qu'elle pourrait être enceinte, quand même!" Cette idée me faisait un peu paniquer, je devais bien l'admettre. J'adorais Lys, malgré la distance qu'il avait pu y avoir entre nous à une période, mais j'avais du mal à l'envisager déjà mère.

En parlant de mère... "Comment va Holly ? Et son fils ?" "Ils vont bien. Holly travaille dans l'événementiel, et Faolan grandit en bêtises. Nos parents commencent enfin à accepter qu'Holly soit mère célibataire..." Je grimaçai malgré moi à cette annonce, tant l'idée que ma soeur soit obligée d'élever Fao sans Gideon me perturbait.

Si Grâce avait eut des misères en botanique ou en soins aux créatures magique, autant vous dire que Juliet n'aurait absolument rien pu faire pour elle, vraiment rien du tout. Juliet n'était pas une élève excellente en botanique et en soins aux créatures magiques elle était carrément pas douée, au grand damn de son frère Kaiden qui se demandait souvent si ils avaient oui ou non les mêmes gênes tant ils étaient différents, voir opposés, sur ce sujet.

Heureusement, c'était les runes et ça, Juliet maitrisait et elle adorait ça. Ca serait littéralement un plaisir que d'aider Grâce dans cette matière, Juliet ne le voyant même pas comme du travail, encore moins qu'elle ne voyait le fat d'aider la De Launay comme une corvée. Bref, Juliet était ravie et Grâce semblait rassurée sur la possibilité de rattraper son retard. La Pokeby demanda à la jeune Blackthorn ce qu'elle pensait du professeur. Juliet termina la gorgée de thé qu'elle avait dans sa bouche avant de répondre :

- Le professeur Sommerset ? Il est vraiment compétent, et passionné aussi, ça se sent. Du coup ses cours sont toujours très intéressants ! Il a une manière très personnelle d'enseigner. Il va te plaire, je pense.

Grâce avait raison quand elle disait que Lys et Eliott voulaient se marier rapidement. Fiancés en janvier, le mariage était prévu à peine cinq mois plus tard. Dire que certains se mariaient après des dizaines d'année ensemble... son cousin se mariait avec son amie alors qu'ils ne connaissaient rien l'un de l'autre. Comme elle le disait, Lys prenait très bien la chose et Eliott aussi. Ce qui pouvait être surprenant parce que Scar n'était pas le dernier quand il s'agissait de se rebeller contre ses parents. Contre sa mère surtout. Pourtant, il prenait tout cela avec un détachement incroyable, une pointe d'impatience même. C'était surprenant. Mais Juliet ne pouvait s'empêcher de se demander... pourquoi.

- Oui, le mariage est prévu pour une mois de Mai, ils devraient avoir bientôt une date définitive. J'ai un peu de mal à m'y faire je t'avoue... mais s'ils sont heureux, ma foi, qui sommes nous pour juger ?

Demanda-t-elle avec un sourire. En entendant l'interrogation de la De Launay, heureusement que Juliet avait finit son thé quelques minutes avant car elle l'aurait recraché de surprise. Quoi ? Une relation cachée entre Eliott et Lys ? Un bébé ? Noooooooon ! C'était franchement improbable. Ou alors Juliet aurait vraiment raté un bout de l'histoire !!!

- J'y crois pas une seconde ! Eliott c'est pas vraiment le genre à avoir une "relation" et Lys enceinte !? Non j'y crois pas du tout. C'est juste Tiberius et Claudia qui ont su négocier ça correctement avec les Daalgard et que nos deux fiancés y voient un intérêt. Pas forcément amoureux mais un intérêt quand même. Je ne vois que ça...

Quand même, si Lys avait été enceinte, elle le saurait hein ? De toute façon Lys avait beaucoup trop de projets et était beaucoup trop ambitieuse pour envisager le fait de devenir mère dès maintenant. Et Eliott père ? Dans un univers parallèle peut être !

Juliet fut contente d'avoir prit des nouvelles d'Holly et de son bébé. Enfin... bébé... Faolan devait avoir bien grandit depuis l'unique fois ou Juliet l'avait vu et ou il n'était qu'un microscopique nourrisson. Grace lui annonça qu'ils allaient bien et que Holly travaillait. Juliet vit néanmoins la grimace de son amie lorsque celle-ci rappela que sa soeur élevait seule son enfant.

- Ca doit pas être évident pour elle... ça t'inquiète ?

Sorry, I'm not the friend you deserve ft.@Juliet Blackthorn - samedi 25 janvier 2020

"Le professeur Sommerset ? Il est vraiment compétent, et passionné aussi, ça se sent. Du coup ses cours sont toujours très intéressants ! Il a une manière très personnelle d'enseigner. Il va te plaire, je pense." Je l'avais eu, un peu, mais je ne savais toujours pas quoi penser de lui, je devais bien le reconnaître. Je me contentai donc de hocher la tête, espérant que je finirais par le voir de la même façon que mon amie le voyait. Et puis... Ce n'était pas comme s'il n'y avait pas d'autres sujets que les cours que nous pouvions aborder! Bien au contraire! Le mariage était un de ces sujets. Un sujet hautement plus important puisqu'il concernait l'une de nos meilleures amies et le cousin de Juliet. "Oui, le mariage est prévu pour une mois de Mai, ils devraient avoir bientôt une date définitive. J'ai un peu de mal à m'y faire je t'avoue... mais s'ils sont heureux, ma foi, qui sommes nous pour juger ?" Mois de mai... Effectivement, c'était court. Ca laissait moins de cinq mois aux futurs mariés pour tout organiser. En même temps, connaissant les Dalgaard et les Blackthorn, cela ne devrait pas poser problème et, même si le délai avait été encore plus court, ils auraient été capables de tout organiser en l'espace de seulement quelques semaines. "Ah! Mais je ne juge pas! Mais..." commençai-je avant d'évoquer la possibilité d'une relation cachée entre les deux. C'était plus la curiosité, qui parlait. J'étais loin d'être une commère. Mais ça touchait à une de mes amies et, forcément, je ne pouvais m'empêcher de me poser des questions. "J'y crois pas une seconde ! Eliott c'est pas vraiment le genre à avoir une "relation" et Lys enceinte !? Non j'y crois pas du tout. C'est juste Tiberius et Claudia qui ont su négocier ça correctement avec les Daalgard et que nos deux fiancés y voient un intérêt. Pas forcément amoureux mais un intérêt quand même. Je ne vois que ça..." "Tu dois avoir raison..." supputai-je, portant ma tasse de thé à mes lèvres, ne l'ayant, moi, pas encore terminée.

"Je les envie, d'un côté. Quand mes parents m'ont trouvé un fiancé, à l'aube de ma deuxième année à Hungcalf, j'ai d'abord été révoltée. Mais il semblait gentil et... Disons que... J'ai eu envie de croire que c'était une bonne chose. Surtout après Malcom. Mais au final, il m'a abandonnée à peine un mois après nos fiançailles pour s'enfuir avec la fille avec laquelle il sortait avant d'apprendre qu'on allait se marier. Je ne lui en veux pas, au fond. Je comprends qu'il ait fait passer l'amour avant moi. J'espère que ça n'arrivera pas à Lys. On a beau ne pas être amoureuse de quelqu'un, le voir nous rejeter comme ça, c'est terriblement dur." dis-je d'une petite voix piteuse. Moi, avec mon coeur d'artichaut, j'avais commencé à m'attacher à lui, parce qu'il était gentil avec moi, et me donnait l'impression de vouloir vraiment me connaître. Mais au final... Malcom était sans doute mieux que lui.

Heureusement, avant que je ne me perde dans la mélancolie qui m'enveloppait toujours de ses ailes sombres lorsque je pensais à l'ancien Ethelred - et à mes fiançailles ratées - Juliet parla de ma soeur. "Ca doit pas être évident pour elle... ça t'inquiète ?" "Ca m'ennuie, surtout. J'adore Gidéon, et je sais que s'il le pouvait, il serait aux côtés de Holly. C'est la vie qui les empêche d'être ensemble. Holly a rencontré quelqu'un d'autre. Gabriel. Il est... Gentil... Mais c'est pas Gideon..." Sous entendu: personne n'arrivera jamais à la cheville de Gideon. "Il aime bien Fao, et il fait tout ce qu'il peut pour Holly. C'est bien. C'est ce dont elle a besoin. Et puis... Il y a Vic et moi, aussi. Même si moi, je peux pas faire grand chose. J'ai surtout l'impression d'être un poids de plus dans la vie de ma soeur. Alors je me fais la plus petite possible pour ne pas la déranger."

Chassez le naturel, il revient au galop. Même après plusieurs mois sans se fréquenter, Juliet était frappée par la simplicité de la reprise des relations avec Grâce. Les blessures se refermaient si vite. Bon bien sûr, il resterait des cicatrices en mémoire de ces mois de rejet mais Juliet n'y pensait plus à l'instant, elle retrouvait juste sa meilleure amie et c'était bien plus simple et plus agréable que ce à quoi elle s'attendait. Sans difficulté aucune elles parlaient des cours, de Hungcalf, les professeurs mais aussi de leurs copines, des potins, de leurs familles respectifs. Comme si c'était hier. Comme si rien ne s'était passé. C'était donc ça les amies d'enfance...

Juliet hocha doucement la tête quand Grâce lui expliqua qu'elle les enviait dans un sens. Si les mariages arrangés pouvaient avoir quelque-chose d'obsolète et de révoltant, ça pouvait aussi avoir l'air rassurant. Pour quelqu'un qui croyait au destin ça pouvait être plus simple de se dire que si leurs parents les avaient choisis alors c'était qu'il y avait une raison à cela... Bien que Juliet n'ai jamais été fiancée, elle pouvait comprendre ce qu'exprimait Grâce à l'instant.

- Eliott n'est pas le pire parti, ni le meilleur qui soit... mais il ne ferait pas ça. Il sait à quel point cela jetterais l'opprobre sur notre famille. L'honneur et l'image sont deux notions beaucoup trop importantes à ses yeux... Non... Bizarrement j'ai un assez bon pressentiment pour eux.

Juliet sourit et attrapa un petit gâteau sur la coupelle entre les deux demoiselles qu'elle glissa partiellement entre ses dents pour en croquer un morceau. Le sort de Lys et d'Eliott ne l'angoissait pas vraiment.

- Et tes parents envisagent de te trouver un autre fiancé ?

Demanda la jeune fille avec l'air de celle qui ne sait pas si c'est une bonne idée ou pas. De toute façon, comme elle le disait tout à l'heure, même Grace ne savait pas elle même. Juliet apprit par la même occasion qu'Holly avait trouvé quelqu'un. Un certain Gabriel. Un mec bien apparement, même si Juliet comprenait que ça paraissait impossible aux yeux de Grâce de remplacer Gideon. Juliet eut un doux sourire en entendant la dernière phrase de Grâce.

- Ne dit pas de bêtise, Holly doit être plus que ravie que tu sois avec elle. En plus ça doit être appréciable pour elle d'avoir la compagnie d'un adulte. Passer toute ses soirées seule avec un bambin ça peut être difficile.

Sorry, I'm not the friend you deserve ft.@Juliet Blackthorn - samedi 25 janvier 2020

Un assez bon pressentiment. Je hochais la tête. Tout ce que je voulais, c'était le bonheur de mes amies, et j'espérais vivement que ce serait le cas de Lys. J'aurais aimé pouvoir dire que si Eliott la rendait malheureuse il aurait à faire à moi mais... Je savais parfaitement que ce ne serait pas le cas. J'étais bien incapable de faire mal à une mouche avant mon accident, maintenant, ce n'était pas mieux, bien au contraire. J'étais non violente. Une vraie Hippie, sur ce point là, même si je n'étais pas amatrice de drogue - quoique je prenais un peu trop de potion anti-douleur, mais c'était mon secret - ni de sexe. Mais surtout, j'étais incapable même de me défendre. Alors défendre quelqu'un d'autre. "J'espère que tout se passera bien pour eux." répondis-je avant qu'elle ne me demande les intentions de mes parents.

Je secouai la tête avant de répondre que: "Non. Ma mère a tenté, il y a un an, mais non. Et puis. Soutenue par mon ancien tuteur en histoire, j'ai réussi à lui faire comprendre que la fuite de Théo avait été beaucoup trop douloureuse. Même si je le connaissais à peine. Elle ne le fera que si la demande vient de moi." Mais j'espérais encore rencontrer quelqu'un. J'espérais encore que quelqu'un finirait par tomber amoureux de moi. Que c'était possible, en dépit de l'autre qui polluait ma nature.

Je poussai un soupir alors que nous changions doucement de sujet pour parler de ma soeur et de ce que je pensais représenter pour elle: un poids mort. "En plus ça doit être appréciable pour elle d'avoir la compagnie d'un adulte. " Une adulte? J'en étais bien loin. Je n'arrivais pas à grandir. Pas seulement en taille, mais en mentalité, aussi. autant être honnête. "Parce que tu nous trouves adultes? Je me sens pas adulte, moi... Je voudrais pouvoir remonter au temps où nous étions enfants, bien avant Poudlard..." Ce temps où nous nous amusions tous les trois, ce temps où nous étions heureux et insouciants et où je m'acceptais comme j'étais. Comme elle était loin, cette époque!

Juliet attrapa prudemment la théière encore brulante pour se verser sa deuxième tasse de thé. Le liquide légèrement teinté de vert coula dans sa tasse et une douce odeur ainsi qu'une légère fumée s'en évaporèrent lentement. Elle laissa sa tasse là, sachant pertinemment qu'elle se brulerait les lèvres si elle la portait trop vite à sa bouche. Elle sourit à Grâce et hocha la tête tandis que le chapitre du futur mariage de Lys et d'Eliott était clos. Juliet aussi espérait que tout se passe bien mais quand il s'agissait de la vie des autres la Summerby était du genre positive alors elle n'avait guère de doutes quant au bonheur de son amie et de son cousin.

La question du bonheur amoureux de Grace semblait plus délicat néanmoins. Juliet ne jugeait pas, elle constatait simplement que la De Launay n'était pas dans les meilleures dispositions pour tomber amoureuse. Juliet avait d'ailleurs eut l'impression d'avoir été dans cette case a peu près toute sa vie. Oh, elle avait été amoureuse de Victor en étant enfant mais personne ne l'avait jamais su. Elle avait aussi eut un crush sur un Hangbé de quelques années plus vieux qu'elle quand elle était tout juste adolescente... Mais depuis qu'elle était en âge de s'intéresser aux garçon et ben... elle s'en désintéressait totalement. Coincée entre les attentes de la société et l'absence de jeune homme qui aurait pu faire battre son coeur ne serait ce qu'un petit peu.

- Donc tu échappes aux mariages arrangés finalement. Ca aura été difficile mais finalement tu es tranquille maintenant...

Juliet revait de ne plus avoir cette espèce d'épée de Damocles au dessus de sa tête. Elle appréhendait le jour ou ses parents lui annonceraient qu'ils l'avaient brillamment négociés... Elle avait souvent craint d'être fiancée à Eliott et c'est pour ça aussi que les fiançailles de son cousin l'avait soulagée. Juliet attrapa sa tasse et souffla dessus, espérant accélérer le refroidissement de sa boisson favorite. Grâce de son côté semblait glisser vers une certaine nostalgie... Elle avait raison dans un sens. Elles étaient adulte sans l'être. Pleins de jeunes filles de leur âge ne se préoccupaient pas du tout du mariage et pourtant dans leur monde cette discussion était sur toutes les lèvres... Mais elles n'étaient plus des enfants non plus... et plus vraiment des adolescentes... qu'étaient elles exactement ? Comment devaient elles se comporter ? Comment vivre ? Juliet n'en savait trop rien...

- Tu te souviens quand Victor a voulu faire voler votre chat sur un balai d'enfant ? Le pauvre a eut tellement peur que quand tu l'as récupéré il a arraché un morceau de ton haut. Tu étais furieuse, Victor était hilare et moi j'étais perdu quelque part entre le rire et la compassion... Mais c'est vrai, nos relations, notre monde, tout semblait si simple.

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Tranquille? Oui... Peut-être. Ou peut-être pas. J'avais tellement de doutes sur le fait qu'on pouvait m'aimer que je n'étais pas certaine que mes parents n'avaient pas eu raison de tenter de me marier à quelqu'un. Je triturai un speculos, pensive et inquiète en même temps. Arriverai-je un jour à trouver quelqu'un qui voudrait de moi? Je n'en étais pas certaine. "On verra bien. J'aurais bien aimé pouvoir faire plus connaissance avec Theo. Il avait l'air... Gentil. Et correct, aussi." Mais sans doute m'étais-je trompée sur ce point. Après tout, s'il avait été aussi gentil et correct que je l'avais pensé, il m'aurait dit qu'il allait s'enfuir avec sa petite amie, plutôt que de le faire dans mon dos et me laisser comme une idiote. Je ne partageais pas avec mon amie, cependant que je craignais que personne ne veuille jamais de moi dans l'état dans lequel je me trouvais. En même temps, il serait sans doute difficile de me trouver un mari potentiel si je demandais à mes parents de le faire. Mais j'étais jeune, encore. Je verrais quand je deviendrai une Catherinette.

C'était tellement plus simple lorsque nous étions enfants, comme je venais de le signifier. Juliet ne tarda, d'ailleurs, pas à sortir un de nos souvenirs communs d'un jour où j'avais invité Juliet au manoir. Lorsque Vic avait tenté de faire voler notre chat sur un balai. Déjà à l'époque, cela m'avait fait peur. Et pourtant, ce n'était pas moi, la concernée. "A l'époque, Vic et toi disiez toujours que vous vous marieriez ensemble." dis-je en riant. "Mais aujourd'hui, il est avec Ymkje. Je ne sais pas ce que ça va donner, entre eux, mais je l'aime bien. C'est un petit soleil ambulant." Enfin, petite, petite, tout était relatif. "Mais j'aurais beaucoup aimé qu'on devienne soeurs, toi et moi..." dis-je avant de siroter mon thé, laissant les souvenirs d'enfance m'envahir et chasser les sombres démons de notre présent.

"Et tu te souviens de..." commençai-je avant de continuer, évoquant d'autres souvenirs, laissant les minutes s'égrainer, le temps défiler, renouant avec ma meilleure amie. Une oasis de douceur dans un quotidien si difficile à supporter.

¤terminé, si ça te convient¤

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