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lights up, demon back down (érèbe)
Jeu 11 Juin 2020 - 19:00
LIGHTS UP, DEMONS BACK DOWN — @érèbe holloway
10 juin 2020, manoir Holloway.
Leurs yeux s'étaient croisés à l'annonce de leurs fiançailles. Ils étaient assis l'un face à l'autre, muets, droits, altiers. Awa avait simplement serré un peu plus fort la fourchette entre ses doigts, mais son regard était resté de glace, son visage fermé, son cœur pourtant brisé. Encore une fois. Leurs yeux s'étaient croisés et Awa s'était accrochée au regard de glace du garçon face à elle comme à une bouée. Oh, bien sur, elle s'y attendait. Claudia lui avait demandé de porter sa plus belle robe, de coiffer ses cheveux avec élégance, de porter ces plus beaux bijoux, et sa plus belle cape. Aloyisus ne lui avait guerre adressé la parole, comme à son habitude. Pourtant, elle sentait.
Elle n'était rien de plus qu'un objet,
un pion à placer,
une alliance, un lien, un bout de papier.
Elle n'était rien de plus qu'une poupée,
joliment apprêtée, prête à être placée aux bras du plus offrant,
du plus marchand.
Leurs yeux s'étaient croisés et Awa avait longuement inspiré pour garder intact son masque à l'annonce de leurs futurs mariage. Ils étaient parfaitement dressés. A ne rien dire, rien penser, simplement exécuter. Ils furent congédier comme ils eurent été convoqués, une fois le repas terminé. En tournant la tête avant que la porte ne se referme derrière elle, elle imprima le visage de son père, avec son air suffisant et satisfait, au fond de son cœur, pour être sur de ne jamais l'oublier. Elle suivit Erèbe dans le dédale de couloirs, silencieuse, s'arrêtant simplement dans un des longs regard pour enlever ses talons aiguilles qu'elle récupéra entre ses doigts, son regard se posant sur l'énorme galerie d’ancêtres sorciers affichés là, comme une fierté.
Sa gorge était nouée, mais elle se garda bien de faire un seul pas vers lui, fermant l'immense porte du salon d'invité derrière eux. Se dirigeant avec un naturel désarmant vers la table haute contenant de merveilleuses bouteilles de whisky, Awa soupira et ouvrit pour la première fois depuis des heures la bouche, soufflant alors en passant une main dans ses cheveux, qu'elle détacha d'un geste. « Oh Honey, please tell me you have wine somewhere. »
Pour la première fois, Erèbe pouvait la voir vraiment,
voir la tristesse dans son regard et ses épaules légèrement plus abattues.
Pour la première fois, Erèbe pouvait la voir vraiment,
pas cette digne héritière, pas la poupée, pas la damnée.
Ils se connaissaient depuis des années aussi la proximité ne la dérangeait pas, et les mots doux s'étaient souvent glissés dans leurs conversations, pourtant jamais Awa n'avait eu ce sentiment. Contradictoire et dérangeant, et pourtant, comme un brin rassurant. Elle alla s'asseoir sur un des immenses canapés, remontant ses jambes sur le cuir en posant son dos contre le dossier, fermant un instant les yeux avant de venir les fixer sur Erèbe, interdite.
((i guess it's you and me, now)).
- InvitéInvité
Re: lights up, demon back down (érèbe)
Mar 23 Juin 2020 - 17:53
QUARTERVOIS
Beneath the thoughts and feelings you have worn on your shoulders for so long. There is the real you, who is worthy of freedom from what darkness said you would be for. You are more than what you feel, you are more than what you think, and yes, these things do matter, but they do not mean everything. There is still this open space deep within endless grace to let those old things go and start all over again.
(( outfit1 )) / (( outfit2 ))
Lèvres venimeuses ; spectacle cupide dans lequel la liqueur des tasses s’infecte sous l’aberration des mots. Dans la propriété silencieuse de Holloway, alors que jadis la vie fût moindre et que seules quelques âmes transplanaient au sol, désormais les serpents sifflaient en harmonie vicieuse. Ravis de faire entendre leurs voix, ravis de pouvoir finalement organiser cet événement prévu depuis que leurs vies s’étaient emmêlées à la leur et qu’ainsi, Awa et lui s’étaient transformés en prisonniers de leur dynasties. Délicatement, sa tasse rejoignit ses lèvres, il en savoura le contenu brûlant, les paupières closes, puis se rouvrant sur l’élégance de la marâtre. Esther paraissait aux anges d’ainsi pouvoir refiler son aîné comme un tableau ou un trophée, de transformer le misérable en or et d’ainsi se servir de lui comme assurance qu’on lui offrirait ainsi le monde. Longtemps avaient-ils cherché avec qui fiancer leur ainé, des années durant et pourtant, ce fut étrange, mais il comprit dans ses manières, dans ses paroles que la possibilité de rassembler leurs familles lui avait déjà effleuré l’esprit plus d’une dizaine de fois. Or elle n’aurait jamais pu le proposer incomplet, devait-elle s’assurer qu’il était parfait et docile — ne voyait-elle aucun des masques créés en feu d’artifices — afin que cette rencontre soit faite. (( il n’en était que trop habitué Érèbe. )) Assez pour ne pas s’offusquer d’un événement dont il avait connaissance naîtrait un jour, depuis ses douze ans. Assez pour ne pas s’importuner des mots que l’on pourrait prononcer et simplement être là, partager d’un regard complice l’exaspération de cette situation impromptue. Son regard vint chercher celui d’Awa et à cet instant précis il se permit de sourire, légèrement, imperceptiblement, dans l’aura solaire qui l’entourait lorsqu’il ne faisait pas la tête, ne restait pas sérieux. Qu’elle était belle. Sous cette robe perfectionnée, le diadème autour du front la rendant déjà reine, au combien à sa seule arrivée il ne lui avait parlé. Elle était somptueuse comme ces œuvres sculptées minutieuses, dont l’expression aurait été arrachée pour ne pas troubler la noblesse des traits ; si différents des siens. A cet instant là, lorsqu’il l’avait vu, qu’il avait entendu sa famille s’agiter pour que sa tenue à lui soit parfaite, l’avait-il déjà compris.(( leur fiançailles étaient déjà prévues. ))
Et il ne causerait de trouble cette fois-ci, ils savaient tous les deux que tenter d’aller contre ce courant de front, ce serait se heurter à des requins, des sorts interdits.
Alors, il attendit d’être congédié enfin, qu’on ne les rejette ailleurs, car ils n’étaient probablement là que pour une apparition fantastique. Que pour prouver que la marchandise était digne de demeurer aux côtés de chaque famille. Tout ceci était révoltant. Sa migraine s’intensifia au rythme des pas, apaisée seulement par ceux des talons claquant d’Awa à ses côtés. Ainsi était leur destinée et lui, venant à peine, seulement à peine d’oser se lancer dans l’aveu de sentiments pour une autre créature, devrait se courber face aux caprices des sang-héritiers. Rapidement, il la guida le long des couloirs parcourus un million de fois, sans trop presser le pas pour ne pas indiquer un goût de fuite, mais sans ramper de lenteur au sol, comme si sa seule attente avait été de lorgner une quelconque discussion secrète entre le vide creux et les ronces. A croire que même leurs noms de familles se mariaient. Cette image le fit sourire intérieurement, presque moqueur devant l’ironie de cette situation provoquée et lorsqu’il referma la porte, les tensions s’évaporèrent avec elle, laissant place à la mélancolie. « I do. You can have everything you want today. » Prononça-t-il d’une voix malgré tout apaisée, au combien la sécurité que ce soit Awa et nulle autre qu’elle avec qui il était lié se heurtait avec une certaine peine concernant Ether. Ether à qui il ne cessait de penser. Ether qu’il avait dû apprivoiser durant des années avant de s’autoriser le moindre, minuscule petit caprice de proximité. Ether et son myocarde qu’il devrait à nouveau tourmenter de ses vagues scélérates, car en sa vie, en leur vie rien n’était acquis ni encore aisé, tout était indéniablement compliqué. Toutefois, il décida de ne pas y penser sur l’instant, ôtant sa veste gravée d’or pour la poser sur le côté, puis remontant les manches légèrement le temps de pouvoir se mouvoir jusqu’à un certain placard. De là, il lui prit le plus précieux des vins qu’ils avaient, les verres enchantés s’avançant pour qu’il puisse les servir, elle, pour commencer.
Le vin purifié de la bouteille à la tasse, il en saisit le verre à la tige, ruissellant des doigts jusqu’au socle, afin de finalement le lui apporter. Lorsque leurs regards se croisèrent à nouveau, il compatit à sa fatigue, son épuisement. « Si j’avais su que ce jour arriverait, je t’aurai proposé dès le début un mariage digne de ce nom. » Paroles amusées qui firent sens pour celui qui la connaissait depuis de nombreuses années déjà, l’ayant vu grandir, mûrir, se métamorphoser en la femme qu’elle était. Érèbe s’arrêta, sortant sa baguette d’un mouvement vif pour lancer un sortilège silencieux. Que ceux de l’extérieur ne puissent entendre tout ce qu’il désirait lui dire et que leurs cœurs fermés puissent s’entrouvrir, ne serait-ce qu’un peu. Après ce geste, la baguette au bois tendre flattée de ses doigts, il la rangea à l’endroit prévu, puis repris, portant le calice à ses babines. « On aurait évité toute cette histoire, tu ne te serais pas déplacée pour éprouver cette sensation particulière et... ma foi très désagréable de se sentir comme du mobilier. » Ce sentiment qu’il exécrait venant de sa propre mère, de sa famille en particulier. La situation était absurde mais néanmoins il revint s’asseoir auprès d’elle, déposant son verre à vin un peu plus loin sur le sol, juste à ses côtés. Les genoux sur le tapis et la main s’aventurant à saisir une de celles de sa nouvelle fiancée, l’encourageant à venir se poser dans sa mâchoire à lui. Qu’elle le sente ainsi — lui qui comme elle était captif, tout du moins, la dynastie tentait de le rendre ainsi. Son pouce effleura les fins doigts d’Awa, il plongea ses orbes dans les siennes, redécouvrant chaque trait, même infime, esquissant en son crâne un portrait de son faciès comme jadis il ne l’avait jamais aussi bien fait. « Je n’ai pas envie de te mentir, ces fiançailles sont affreuses me concernant. Non pas parce que je ne tiens pas à toi, tu connais la vérité mais parce que les obligations qui nous incombent sont... écrasantes. » Délicatement, il éloigna la main de la belle de son visage, y embrassant suavement le centre de la paume, puis se redressant en ramassant son verre. Une main dans la poche de son pantalon sculpté de noir et de quelques pierres, il fit tournoyer le liquide pourpre dans le cristal entre ses digitales. « Qu’en est-il de toi et qu’en penses-tu ? » Question posée comme un papillon atterrissant sur le cœur d’une fleur, butinant cette dernière, dans une aménité presque solaire. (( it’s all about you and me — together. ))
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