« Madame Bragnam » avait poursuivi Dhan avec un petit sourire, soulignant à Sapphire l’incongruité de l’utilisation de leur nom d’usage alors qu’ils étaient seuls dans son bureau, de part et d’autre de la table, une mer de papiers étalée devant eux, les post it comme autant de petits poissons colorés évoluant entre les feuilles. Sapphire avait préparé son discours avec grand soin, et Dhan récupéra de prospectus qu’il avait, en effet, reçu un peu plus tôt dans la semaine, mais sur lequel il ne s’était pas appesanti, trop absorbé par son quotidien chargé. Patiemment, il avait laissé Sapphire récupérer le fil conducteur de sa pensée erratique, curieux de voir jusqu’où irait ce développement en digressions, les pensées de la jeune fille se faisant échos les unes des autres, une question rhétorique après l’autre, jusqu’à celle à laquelle il devait effectivement répondre. Accepterait il l’invitation de sa chargée de mission et, par extension, celle du ministère qui les avait gracieusement invités ? Cela méritait un instant de réflexion. C’était qu’il avait des obligations familiales, le Chaffinch, il ne pouvait pas poser sa fille dans un coin de la maison avec un bol d’eau, des croquettes et un accès au jardin en lui promettant de revenir à la fin du week end, avec une petite tape sur le sommet du crâne. Cela nécessiterait un peu d’organisation et d’anticipation, mais aussi beaucoup de … ah, voilà que Sapphire jouait sur sa corde sensible, celles des grandes oeillades de chiot triste, la petite voix un peu lancinante, supplique implacable. Dhan était terriblement corruptible, quand il s’agissait d’une de ses petites protégées à la moue chagrine.
- … Je reviendrai vers toi sur le sujet quand j’aurais trouvé un moyen de garde pour Héma. Mais je devrais pouvoir me libérer, au moins pour une journée …
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Enfin libéré du carcan strict de son uniforme universitaire, c’était un Chaffinch sensiblement différent de celui qui se présentait tous les matins à la grille de la faculté qui foulait le sol de terre battue de l’île en compagnie des deux autres employés de Mac Arthur : exit le costume trois pièces peu adapté à la température estivale et aux aventures à venir, le grand indien paraissait un autre homme dans son jean brut, un simple tshirt blanc dévoilant ses bras plus qu’il le faisait tout le reste de l’année, offrant à la vue et au su de tous la toile de maître que composaient ses nombreux tatouages, ornements symboliques et magiques qui ne boudaient pas leur plaisir de profiter enfin un peu de l’air libre. Des lunettes de soleil perchées sur le sommet du crâne, il balayait du regard la place où étaient concentrés les bungalows, tâchant de rattacher cette vision à quelques souvenirs de voyages, pour en deviner les inspirations. Cela ne ressemblait ni aux îles d’Asie du Sud est, ni aux archipels de l’Atlantique, mais il y avait dans ces cabanons un peu de cette essence que l’on retrouvait dans les bicoques de pécheurs brésiliennes… Il aurait fallu qu’il puisse entrer dans l’une d’entre elles pour se faire une idée définitive. Le babillage ravi de sa discrète Sapphire alluma une lueur amusée dans ses prunelles sombres.
- Je suis curieux d’observer les espèces endémiques et insulaires, je suis plus à l’aise à la perspective d’une randonnée en début de journée pendant que nous sommes encore en pleine possession de nos capacités, répondit il avec une certaine décontraction, je ne suis pas un adepte de la journée passée sur une serviette entre sable et baignade, de toute façon.
Il se tourna sensiblement en direction de Nathanael, dans l’attention de la réponse du dernier tiers de leur trinôme. Il ne connaissait encore le jeune homme que de loin, très loin, il n’avait pas la moindre idée des préférences de celui ci. Il remarquait lui aussi l’insecte qui s’était posé délicatement parmi ses mèches luisant sous le soleil, mais ne commenta pas plus. Il avait l’impression que le nouveau concierge ne serait pas spécialement à l’aise dans une telle situation.
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were you only imaginary ? - dhan & nathanael
Jouant de sa posture, mal assurée, entre la dévotion professionnelle et la sympathie qui la liait à @Dhan Chaffinch, Sapphire avait donc réussi à l'inviter à visiter l'île légendaire avec elle. Seule condition : elle tenait à ce que @Nathanael Cohen se joigne à eux. Sa timidité et son étrangeté avaient touché l'Irlandaise, qui ressentait l'envie de lui tendre une main amicale. Il n'était pas tombé sur la plus sociable de l'équipe, ni la plus normale socialement parlant, mais elle avait à coeur de lui souhaiter la bienvenue, pressentant qu'une expédition sur le thème du rêve et de la magie pouvait lui plaire - et peut-être que sortir du cadre professionnel le temps d'une excursion l'aiderait à s'ouvrir à ses deux collègues. Elle l'avait donc croisé sans aucun hasard dans un couloir pour l'inviter formellement à venir, sans lui laisser trop de choix, dans toute sa douceur et son innocence.
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Ils arrivèrent d'abord au creux du croissant de lune, où les bungalows étaient installés. Sapphire avait troqué sa coiffure serrée, ses lunettes rectangulaires et ses cravates excentriques du bureau pour un chapeau d'été sur sa chevelure libre. Elle qui ne portait que des robes longues de mormonne avait opté pour un carrot jean et un chemisier vert à col claudine. Une tenue adéquate à ses yeux pour se promener librement. Le sourire jusqu'aux oreilles d'une enfant qui découvrait un parc d'attractions, elle se retenait avec effort de courir partout. Elle remercia le guide qui lui offrit un plan de l'île et se tourna vers ses acolytes. Plage ou rochers ? Si vous voulez mon avis, nous devrions tout voir de toute manière, il serait dommage de négliger quoi que ce soit. Il parait qu'il est déconseillé de visiter les côtes extérieures de nuit, alors nous pourrions commencer par là tant qu'il fait grand jour. Qu'en pensez-vous ? Avez-vous remarqué la simplicité de ces bungalows ? Ils ne font pas du tout écossais, c'est étrange. Je demanderai des précisions sur l'histoire de leur construction. J'espère que cela n'a pas été construit pour les touristes. L'authenticité, c'est tellement important. Elle commença une énième phrase mais fut interrompue par le vol d'un papillon orangé qui se posa sur les cheveux de Nathanael, ce qui lui valut un regard attendri de l'Irlandaise - qui était très discrète d'ordinaire, mais parlait énormément en cas de nervosité ou de passion pour un sujet. Vous aviez remarqué ?
- rappel de l'intrigue:
- Les couchers de soleil sont longs ici, ils prennent leur temps. Ils s'étirent à l'infini, et ne cessent de colorer le ciel de leurs mille-et-une nuances. C'est ainsi, la vie, à Eilean Bruadar, l'astre rouge au-dessus de sa tête, les pieds enfoncés dans le sable fin, le regard bercé par les vagues caressant les hauts rochers. Pour une île écossaise, elle est bien particulière : le fond de l'air y est chaud, les vagues paisibles et c'est le mystère qui habille ses paysages. Vous ne la connaissez peut-être pas, et c'est normal. Elle n'était que conte pour les petits sorciers écossais, les moldus ne sont pas conscients de son existence et le peu de sorciers qui y habitent sont bien modestes. Ce bout de paradis est le refuge d'une faune et d'une flore d'exception, soigneusement gardés par une poignée d'élus du Ministère et c'est bien la première fois que l'on laisse autant de personnes y fouler le pied. C'est pour cela que les fées, curieuses, sont venues vous guetter et que diverses bestioles n'ont eu que peu de craintes de venir vous renifler -habituées à la bienveillance des soigneurs. Ne vous étonnez pas donc, si sur votre nez, se pose un papillon de sable.
Les lieux principaux de l'île :
-Les bungalows : au cœur de l'île (qui forme un croissant de Lune) et à quelques pas seulement de la plage, ils ne paient de mine a priori. Du bois brut, quelques lanternes, une touche verdâtre par le biais de plantes suspendues - en voilà une chose bien charmante. Disposés en demi-cercle, en son centre se trouve quelques échoppes de première nécessité mais aussi des artisans prêts à vous vendre toutes sortes de gris-gris. Les bungalows sont certes petits d'apparence, cependant une fois entrés vous trouverez un espace conçu uniquement pour vous et s'accordant à vos goûts. Détail des plus singuliers : sur chaque table de nuit a été placée une jarre remplie de sable, scintillant doucement. Chacune personne invitée a son bungalow et vous pouvez y rester une journée comme tout l'été ; cela est votre décision.
-Les terres et côtes rocheuses : situées principalement sur la partie extérieure du croissant de Lune, les terres abritent une faune et une flore des plus exquises. Apprentis botanistes et amoureux des créatures magiques, vous trouverez sans difficulté un guide pour vous conduire à des points remarquables. Oh, vous pourrez vous y aventurer vous-même mais rentrez avant la nuit : on dit que le paysage se fait changeant et quelque peu inquiétant.
-La plage : occupant la majorité de l'île et se trouvant sur les bords intérieurs du croissant, elle est d'une beauté singulière et semble s'accorder aux idéaux de ceux qui la foulent. Son sable se retrouve partout sur les terres, mais c'est bien ici que nos pieds peuvent caresser sa douceur. On le dit magique, et pour le voir sous toute sa puissance, il faut s'y faufiler la nuit - quand les rêveurs se promènent au pays des rêves. On peut voir alors des créatures fantastiques, personnes que l'on croyait perdues à jamais et autres faits étranges se manifester.
On dit que cette île est le refuge du célèbre et ésotérique Marchand de Sable, populaire dans les contes pour enfants, présent sous mille et une formes dans les légendes du monde entier. Le sable de l'île est connu pour être doté de magie. Utilisé à bon escient, il est un excellent somnifère et confère un sommeil prospère. Capable de lire vos rêves, il en prend la forme partielle ou complète - en fonction de son abondance et de la force du rêveur ou du promeneur. Ainsi, l'île se transforme la nuit pour devenir la toile des songes de ses habitants et visiteurs ; cela explique la petite jarre de sable, scellée, sur votre table de nuit. Elle vous permettra d'observer et vous rappeler de vos songes, car oui -le sable se souvient et sera capable de manifester des fragments de rêves, même si vous êtes éveillés. Cela peut être dangereux ? Aussi réalistes sont-elles, il s'agit bien d'illusions formées de sable. Elles peuvent prendre l'apparence de vos pires cauchemars, vous faire bien des frayeurs, créer un accident à cause de cela, mais elles ne peuvent physiquement vous heurter. Le sable n'est que réellement puissant la nuit et lors du crépuscule, la journée les manifestations sont moindres -souvent sous formes de papillons et de fées. Ah, je suis aussi dans l'obligation de vous avertir : le sable a son petit caractère, et n'apprécie pas être sali ou voir se perdre dans ses grains quelques saletés humaines. Nettoyez derrière vous !
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Re: were you only imaginary ? - dhan & nathanael
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Re: were you only imaginary ? - dhan & nathanael
L’autre désagrément, contre lequel Miss Bragnam et son enthousiasme contagieux ne pouvait que peu s’escrimer, c’était la nature-même de leur présence ici. Etrangement, plus on tentait de disparaitre, plus on était remarqué : malgré son talent proprement esthétique pour s’évanouir dans l’inconnu, Nathanael s’était systématiquement fait interpeller par nombre de ses collègues, connaissances et pléthore d’inconnus pour l’initier au rite de la vie collective. Après tout, une insistance farouche possédait souvent les incrédules inconscients à qui l’on énonçait une préférence culinaire, seulement pour les voir s’enguirlander d’un « c’est juste que tu n’en as jamais mangé qui eut été bien cuisiné ! ». Il fallait croire que Nathanael était comme ce proverbial célibataire qu’il fallait ramener sur la voie matrimoniale, aussi s’était-il fréquemment, et sans n’avoir jamais rien demandé, retrouvé au milieu de mystérieuses parties de bowling entre collègues, ou autres soirées et sorties étranges où le noyau d’intérêt n’avait pas tant été l’activité que le frigo à bière.
L’invitation de Miss Bragnam revint flotter à la surface de son esprit de plus en plus troublé par cette végétation qui paraissait résister aux saisons écossaises. Il la regarda en profitant de son éparpillement, puis esquissa le relief du beaucoup plus consciencieux Sir Chaffinch, dont il évitait soigneusement le regard. Lui en particulier, parce que c’était un homme d’un calme méthodique dont les yeux semblaient toujours percer jusqu’aux profondeurs de l’âme. Leur décontraction le rendait nerveux, parce que leurs vêtements, leur attitude, leur détente sortait du cadre professionnel auquel Nathanael s’était habitué et qu’il avait tendance à prolonger involontairement même lorsque cela ne s’y prêtait pas. Alors, lorsque leurs regards conjoints s’étaient posés sur lui, il s’était figé. Les difficultés qu’il avait à démêler le travail du loisir le laissaient dans une zone trouble, entre révérence et cordialité amicale. Bientôt, il remarqua cependant que l’attention n’était pas tant dirigée vers son visage qu’à l’égard de ses boucles désordonnées.
« Quoi ? » s’agita-t-il, les yeux légèrement élargis, tendant déjà une main vers son front pour dégager une mèche qu’il savait récalcitrante – trop loin néanmoins pour effaroucher le papillon, qui se contenta de déployer ses ailes pour en dévoiler paresseusement le dessin. Coiffant attentivement sa chevelure de ses longues phalanges, Nathanael rougit soudain en pensant que peut-être, l’on attendait seulement une opinion de sa part.
« Je euh… je dois avouer que cette île n’a aucun sens pour le moment. La météo, les bungalows, la flore, ce sable… dit-il en touillant le sol avec sa chaussure, tout ça en plein milieu de l’Ecosse… Je veux bien faire le tour de l’endroit de long en large si ça peut aider à y voir plus clair, mais quelque chose me dit que ce ne sera pas le cas, conclut-il en observant les robustes bras tatoués du secrétaire qui eux non plus, n’avaient plus aucun sens. Comment est-ce qu’une côte déconseillée la nuit peut-elle être inoffensive le jour ? » demanda-t-il finalement, s’attendant presque à ce qu’on lui annonce l’existence de Charybde sur la plage.
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Re: were you only imaginary ? - dhan & nathanael
Je dois avouer que cette île n’a aucun sens pour le moment, répondit le sorcier sous le feu des projecteurs. Well, that's why it's a wonderful place, isn't it ? songea l'Irlandaise, un peu perplexe face à cette affirmation qui semblait blasphématoire. Il ne pouvait tout de même pas préférer la routine prévisible et sensée de Hungcalf à cet écrin magique et surprenant. Comment est-ce qu’une côte déconseillée la nuit peut-elle être inoffensive le jour ? Penchant la tête sur le côté, Sapphire consentit à réfléchir à la question, sans la moindre inquiétude. N'existe-t-il pas nombre de créatures qui dorment le jour et ne se manifestent qu'à la nuit tombée ? L'influence de la lumière lunaire peut également activer des protections magiques éteintes le jour. Ou bien il s'agit de protéger une faune plus fragile la nuit. Les raisons pouvaient être multiples, mais heureusement pour le craintif Nathanael, la chargée de mission avait trop hâte de visiter l'île de jour pour se sentir l'âme d'une rebelle et proposer de vérifier par eux-mêmes ce qui était dangereux une fois le crépuscule passé.
Captant par hasard le regard du nouveau sur les bras tatoués de Dhan, elle y songea un instant elle aussi. Certes, elle aussi possédait un tatouage, le mot "sagesse" écrit en grec sur l'intérieur de son poignet - un hommage à sa soeur défunte nommée Sophia, mais elle avait du mal avec l'allure étrange des dessins enchantés sur la peau brune du secrétaire, qu'elle préférait en costume. Heureusement, même dans cette tenue repoussante, il conservait le regard bienveillant et chaleureux qu'elle lui connaissait et elle savait que rien que pour cela elle serait prête à le suivre dans de nombreuses aventures - s'il acceptait à nouveau de partir en excursion avec elle. De toute façon, c'est déconseillé, alors il serait sage que nous nous contentions de suivre les recommandations, reprit-elle machinalement, sans trop se souvenir de quoi il était question. Il lui était déjà arrivé de transgresser des règles par une curiosité trop grande, mais la plupart du temps la prudence lui semblait de mise autant que le respect des protocoles - surtout pour une sortie qui restait dans le cadre professionnel.
Les terres rocheuses sur l'extérieur du croissant furent donc choisies comme première destination. Sapphire papillonnait entre la tête du cortège et ses deux collègues, le pas vif et guilleret, la carte rangée dans son sac à dos. Elle avait peu de connaissances en botanique et en créatures, mais s'émerveillait d'un rien et cherchait à tout voir, emplissant ses yeux de tous les souvenirs possibles. L'occasion d'être ici était trop belle et elle ne voulait pas la gâcher. Trébuchant parfois sur un rocher, trop étourdie pour toujours veiller à ce qu'elle faisait de ses pieds, elle se tourna vers Nathanael. Alors, Nathanael, vous êtes donc britannique ? De quelle ville d'Angleterre venez-vous ? Tentative polie et pas trop maladroite pour une fois d'inviter le sorcier à faire connaissance avec elle et Dhan, que la blonde couvait régulièrement de ses yeux bleus pour s'assurer qu'il restait près d'eux.
- rappel de l'intrigue:
- Les couchers de soleil sont longs ici, ils prennent leur temps. Ils s'étirent à l'infini, et ne cessent de colorer le ciel de leurs mille-et-une nuances. C'est ainsi, la vie, à Eilean Bruadar, l'astre rouge au-dessus de sa tête, les pieds enfoncés dans le sable fin, le regard bercé par les vagues caressant les hauts rochers. Pour une île écossaise, elle est bien particulière : le fond de l'air y est chaud, les vagues paisibles et c'est le mystère qui habille ses paysages. Vous ne la connaissez peut-être pas, et c'est normal. Elle n'était que conte pour les petits sorciers écossais, les moldus ne sont pas conscients de son existence et le peu de sorciers qui y habitent sont bien modestes. Ce bout de paradis est le refuge d'une faune et d'une flore d'exception, soigneusement gardés par une poignée d'élus du Ministère et c'est bien la première fois que l'on laisse autant de personnes y fouler le pied. C'est pour cela que les fées, curieuses, sont venues vous guetter et que diverses bestioles n'ont eu que peu de craintes de venir vous renifler -habituées à la bienveillance des soigneurs. Ne vous étonnez pas donc, si sur votre nez, se pose un papillon de sable.
Les lieux principaux de l'île :
-Les bungalows : au cœur de l'île (qui forme un croissant de Lune) et à quelques pas seulement de la plage, ils ne paient de mine a priori. Du bois brut, quelques lanternes, une touche verdâtre par le biais de plantes suspendues - en voilà une chose bien charmante. Disposés en demi-cercle, en son centre se trouve quelques échoppes de première nécessité mais aussi des artisans prêts à vous vendre toutes sortes de gris-gris. Les bungalows sont certes petits d'apparence, cependant une fois entrés vous trouverez un espace conçu uniquement pour vous et s'accordant à vos goûts. Détail des plus singuliers : sur chaque table de nuit a été placée une jarre remplie de sable, scintillant doucement. Chacune personne invitée a son bungalow et vous pouvez y rester une journée comme tout l'été ; cela est votre décision.
-Les terres et côtes rocheuses : situées principalement sur la partie extérieure du croissant de Lune, les terres abritent une faune et une flore des plus exquises. Apprentis botanistes et amoureux des créatures magiques, vous trouverez sans difficulté un guide pour vous conduire à des points remarquables. Oh, vous pourrez vous y aventurer vous-même mais rentrez avant la nuit : on dit que le paysage se fait changeant et quelque peu inquiétant.
-La plage : occupant la majorité de l'île et se trouvant sur les bords intérieurs du croissant, elle est d'une beauté singulière et semble s'accorder aux idéaux de ceux qui la foulent. Son sable se retrouve partout sur les terres, mais c'est bien ici que nos pieds peuvent caresser sa douceur. On le dit magique, et pour le voir sous toute sa puissance, il faut s'y faufiler la nuit - quand les rêveurs se promènent au pays des rêves. On peut voir alors des créatures fantastiques, personnes que l'on croyait perdues à jamais et autres faits étranges se manifester.
On dit que cette île est le refuge du célèbre et ésotérique Marchand de Sable, populaire dans les contes pour enfants, présent sous mille et une formes dans les légendes du monde entier. Le sable de l'île est connu pour être doté de magie. Utilisé à bon escient, il est un excellent somnifère et confère un sommeil prospère. Capable de lire vos rêves, il en prend la forme partielle ou complète - en fonction de son abondance et de la force du rêveur ou du promeneur. Ainsi, l'île se transforme la nuit pour devenir la toile des songes de ses habitants et visiteurs ; cela explique la petite jarre de sable, scellée, sur votre table de nuit. Elle vous permettra d'observer et vous rappeler de vos songes, car oui -le sable se souvient et sera capable de manifester des fragments de rêves, même si vous êtes éveillés. Cela peut être dangereux ? Aussi réalistes sont-elles, il s'agit bien d'illusions formées de sable. Elles peuvent prendre l'apparence de vos pires cauchemars, vous faire bien des frayeurs, créer un accident à cause de cela, mais elles ne peuvent physiquement vous heurter. Le sable n'est que réellement puissant la nuit et lors du crépuscule, la journée les manifestations sont moindres -souvent sous formes de papillons et de fées. Ah, je suis aussi dans l'obligation de vous avertir : le sable a son petit caractère, et n'apprécie pas être sali ou voir se perdre dans ses grains quelques saletés humaines. Nettoyez derrière vous !
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Re: were you only imaginary ? - dhan & nathanael
Le concierge semblait avoir bien du mal à envisager les tenants et aboutissants même de l’existence d’une île enchantée comme celle-ci, et ses oeillades éperdues ne pouvaient qu’attirer la sympahie compatissante de Dhan. Le secretaire comprenait le désarroi de cet homme brillant, pratiquant fervent des sciences dures, dont la découverte de l’existence de la magie mettait à mal des années de vie, de certitudes, allant des plus générales à la sphère la plus intime. Il était rare qu’un sorcier ne se révèle qu’à l’âge adulte, et ce n’était pas plus mal:l’imagination enfantine permet une adaptabilité, une malléabilité du réel environnant plus en douceur, là au Nathanaël voyait ses évidences s’écrouler comme un château de cartes, soufflé par un vent invisible, dans une pièce close et sans fenêtre. L’esprit cartésien aurait pu être adouci par ses croyances religieuses, ces dernières permettant de concéder à l’invisible des pouvoirs inommables, dont le sens se doit d’échapper aux communs des mortels. Las, le concierge semblait néanmoins laisser le scientifique prendre encore le pas sur le croyant. La voix du secretaire se voulut tranquille, alors qu’il mettait de coté les explications magiques à leur environnement pour rester sur des conclusions pragmatiques, sans paraître triviales.
- Les micros climats ne sont pas des exceptions si rares, considérez simplement que celui de cette île est facilité par d’autres courants et chaleurs que ceux des vents et des flux maritimes, simplement. Les bungalows ne sont le fruit que d’un mélange d’influences rapportées des voyages des locaux, ce n’est pas parce que l’on est insulaire que l’on est forcément replié sur soi…
Pour ce qui était du sable, c’était encore une autre histoire… tout comme pour la flore. Mais peut être ces premières explications suffiraient à rassurer, un peu, le scientifique. Quand Sapphire prit la relève sur le reste des interrogations du primo-sorcier, Dhan acquiesça à sa suite sans surenchérir : la plupart des endroits étaient plus sûrs de jour, sur cette île, le danger se faisait simplement plus … exotique, et étrange. Pas nécessairement plus effrayant ou mortel d’ailleurs, mais cela restait une question de point de vue. Il laissa glisser un regard qu’il devinait désapprobateur de la chargée de mission sur ses bras ancrés, sans gêne ni véhémence, conscient que la dichotomie entre ses habits professionnels et une tenue de marche, et ce que cette dernière révélait, avait de quoi surprendre : ces contradictions faisaient partie de lui, parmi tant d’autres, et il ne s’attendait pas à ce qu’elles soient acceptées. Elles étaient, voilà tout.
Emboitant le pas du reste de l’équipée, le Chaffinch fermait la marche sans empressement, sans lenteur non plus : il était parfaitement à l’aise de cette environnement à demi sauvage, la haute coiffe de sa chevelure épaisse caressant parfois les branchages les plus bas, alors qu’il se faisait le plaisir de rafraîchir partiellement ses connaissances éparses en botanique et zoologie. Il reconnaissait de ci, de là, des feuilles, des fleurs et des racines que l’on pouvait retrouver tantôt à l’infirmerie, tantôt dans les cuisines du château. Il écoutait distraitement les babillages de Sapphire, satisfait qu’elle fasse la conversation – et le lien- entre eux trois avec tant d’aisance : il n’était lui même pas des plus bavards, en général, sauf à ce qu’on l’interroge sur des thématiques précises. Il ralentit un instant quand un papillon de sable se posa sur l’un de ses bras, détaillant les nervures de ses ailes irisées, dont les reflets semblaient contenir des fragments d’images, à la manière d’un kaléidoscope organique et minuscule. C’était superbe.
- Sapphire, un instant.
Il arrêta la petite équipée pour se courber en dehors, détachant délicatement une fleur de sa tige, la composition étirant ses pétales blancs comme autant de branches d’une étoile, et la tendit à la jeune femme, lui indiquant d’un index de la glisser à son oreille à la manière des vahinées.
-Et toutes deux, avec des langueurs d'asphodèles,
Tandis qu'au ciel montait la lune molle et ronde,
Savouraient à longs traits l'émotion profonde
Du soir et le bonheur triste des cœurs fidèles. C’est du Verlaine, et je ne me souvenais pas d’avoir déjà vu des asphodèles hors le bassin méditerranéen, elles sont très belles. Si nous partons sur le sentier de gauche, j’ai souvenir d’un belvédère, si le panorama est un critère de choix pour vous deux.
- InvitéInvité
Re: were you only imaginary ? - dhan & nathanael
Il aimait cette ambiance que le soleil étouffant faisait peser sur leur petit groupe : le sentier rocailleux, l’allée bordée de pins, leurs allures décontractées, leurs peaux nues zébrées de soleil, leurs pieds oisifs qui paresseusement glissaient sur les cailloux brûlants du chemin, chaque enjambées décrochant un petit nuage de poussière sableuse. A moins que cela ne furent leurs tenues à tous qui participèrent autant à l’ambiance… L’aura mielleuse et vacancière de vêtements qui, une fois la gêne passée, avaient finalement réussi à rassurer le nouveau concierge : jean à la coupe droite, tee-shirt blanc ample dans lequel le vent s’engouffrait, chapeau de paille qui faisait naître sur le visage à la peau d’opale un voile en dentelle...
Tout cela n’était pas sans lui rappeler les calanques de Marseille. Lui, qui avait toujours été un étudiant réservé et timide de prime abord, avait su apprécier ces longs week-end à flâner d’une crique à une autre, sous une torride chaleur qui provoquait chez tous ces étudiants des envies de fuite, puis de quelques verres de rosé frais. S’il n’y avait pas noué d’amitiés indéfectibles, il y avait vécu des mois intéressants, exaltants et non moins sensiblement ponctués de charmantes rencontres. Cette île lui rappelait tout ça, du chant des cigales à l’odeur farouche de romarin dont la fragrance renvoyait sa mémoire à des années maintenant révolues. Ces souvenirs prirent un relief inattendu lorsque Sapphire se retourna vers lui avec un élan forcé par un pas maladroit :
« Alors, Nathanael, vous êtes donc britannique ? Questionna-t-elle avec un sourire que l’on devinait dans la voix. De quelle ville d'Angleterre venez-vous ?
- Et bien, fit-il en portant la main à son cou, jouant de façon distraite avec son pendentif en étoile de David, sa date de naissance gravée sur l’une des branches, en réalité, je suis Français, Miss Bragnam,lui répondit-il d’une voix pourtant gommée de tout accent étranger. Enfin, à demi seulement. Mon père était d’ici, mais ma mère est une parisienne pure souche qui a grandi du coté de Montmartre. Son charme avait à l’époque convaincu mon père de quitter son Yorkshire natal. On a déménagé à mes onze ans. »
Par pudeur, il n’avait pas mentionné les raisons qui avaient poussé sa famille à quitter en catastrophe la Ville Lumière, supposant qu’il ne serait pas judicieux de préciser que leur départ n’avait alors été qu’une fuite dans l’espoir de se débarrasser du Ministère de la Magie français. A peine sa phrase fut-elle achevée qu’il regretta presque d’avoir livré trop d’information. Il ne connaissait pas assez la politique et les habitudes sociales sorcières, mais il préférait pécher par excès et se prévaloir en amont de toute forme de jugement : il ne se sentait pas prêt à leur expliquer que la sorcellerie renfermait encore pour lui tout un monde d’interdit, dont ses parents avaient souhaité le préserver pour des principes que certains pouvaient juger trop extrémistes. C’était sans doute des dispositions offensantes, mais Nael avait appris à se méfier de tout ce qui pouvait le faire paraître encore plus marginal qu’il ne l’était déjà. S’il ne dissimulait pas son judaïsme, il ne le criait pas sur les toits et il en était de même pour sa double nationalité, puis son rapport à la magie. Il était à demi-français, à demi-anglais, jamais assez normal pour ses parents, mais jamais non plus tout à fait sorcier pour autant. Alors, l’étoile de David fut caressée une supplémentaire et ultime fois - il était tout à fait Juif, ce qui faisait au moins une intégrité dont il était certain.
Il y avait dans cette nationalité française un monde entier de nostalgie, dont Nathanael se gardait la plupart du temps d’arpenter les routes : quitter Paris avait mis fin à son enfance, à son insouciance qu’un chapelet de doutes, de méfiance et d’inachèvements était venu étouffer. Il s’enferma dans un mutisme sans s’en rendre compte, dissimulant sa réserve derrière une bienséance discrète jusqu’à en oublier les banalités d’usage, sous prétexte de préserver sa pudeur en épargnant la leur. Mais la crainte ne lui vient que trop tard d’avoir été impoli, de ne pas avoir également demandé quelque chose - n’importe quoi – à la jeune femme. Voilà qu’il se montrait de nouveau taciturne et renfrogné, quelle idée ! Lorsqu’il songea à rectifier sa maladresse, le secrétaire lui vola la vedette.
« Sapphire, un instant. » l’apostropha-t-il avant de se courber en deux.
Intrigué, Nael stoppa également son élan, le regardant cueillir une fleur qui lui parut bien fragile, perdue au milieu des bras tatoués. Avec un charme certain, il lui tendit le cadeau, avant de poursuivre sur un poème, d’une voix tout aussi charmante et aux accents éprouvés par un timbre quasi solennel.
Eh bien, en voilà un qui savait parler aux femmes, songea le concierge à la fin de la sérénade. Quelque peu stupéfait par cet interlude, il s’approcha, regarda la fleur, puis la jeune femme, puis la fleur, puis le secrétaire, puis de nouveau la fleur. Ses sourcils se froncèrent : il ne comprenait pas.
« Vous êtes en couple ou vous essayez de la draguer ? » Demanda-t-il avec aplomb. Et parce que la demi-mesure n’avait jamais été l’une de ses qualités, il proféra son observation : « C’est Verlaine vous savez, il aimait les hommes. »
La raison du mauvais choix qu’avait fait le secrétaire en récitant ce poème-ci pour atteindre son but lui parut suffisamment évident pour pouvoir être omis. Néanmoins, en jetant un coup d’oeil dérobé à la jeune femme, il se rendit soudain compte que s’il était là pour tenir la chandelle, il la tenait bien mal : ses joues s’embrasèrent lorsqu’il comprit avoir potentiellement gêné leur parade nuptiale.
« Enfin je... J’aime beaucoup Verlaine. Mais c’est qu’il y a plus suggestif dans le registre pour ce genre d’ambition, vous comprenez ? Dit-il sur un ton qui voulait seulement et gentiment conseiller, mais qui n’était en réalité qu’une pelle dont il usait pour creuser sa tombe. Il s’enfonçait.
« Baudelaire par exemple :
Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.
Ainsi, je voudrais, une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,
Pour châtier ta chair joyeuse... »
On ne s’enfonçait jamais assez, paraissait-il. Beaucoup trop suggestif.
Nathanael ferma les yeux un instant, sourcils froncés. En réalité, ce qui l’avait perturbé et drastiquement réduit ses capacités de raisonnement fut le débordement soudain du vase des banalités. D’une part pensait-il avoir suffisamment cerné la relation liant la jeune femme au secrétaire pour s’éviter ce genre de surprise, puis après ce poème, pourquoi pas un gant en travers de la joue s’achevant en dramatique duel ? Pour changer de sujet, et parce que cela aussi avait troublé son sens des réalités, il se frotta le front avant de demander d’un air penaud et dissipé :
« Vous avez souvenir d’un belvédère… ? Vous êtes déjà venu ici ? »
Parce que l’autre chose qui échappait à son sens des convenances, c’était les « façons de parler ».
@dhan chaffinch Je t'avais pas dit qu'on allait ouvrir un club de poésie ? @sapphire bragnam
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Re: were you only imaginary ? - dhan & nathanael
Docile, la douce s'immobilisa pour observer le secrétaire ramasser une fleur blanche avant de la lui offrir. Incertaine, elle prit néanmoins l'asphodèle et imita le geste de Dhan en la glissant à son oreille. Il était assez étrange de sa part de se comporter ainsi, mais pour une fois la sorcière ne posa pas de question. Et toutes deux, avec des langueurs d'asphodèles, / Tandis qu'au ciel montait la lune molle et ronde, / Savouraient à longs traits l'émotion profonde / Du soir et le bonheur triste des cœurs fidèles, déclama le sorcier. Sapphire ne comprit pas un traître mot, bien qu'elle saisissait qu'il s'agissait d'une sorte de récitation. Les yeux bleus rivés sur Dhan, elle ne savait pas ce qu'il attendait de sa part. C’est du Verlaine, et je ne me souvenais pas d’avoir déjà vu des asphodèles hors le bassin méditerranéen, elles sont très belles. Persuadée que c'était plutôt du français, langue qu'elle ne parlais pas mais dont elle avait entendu plusieurs fois des bribes, la jeune femme ne se permit pas de le corriger. Huh. Merci... ? Le mot poli trouva néanmoins le chemin jusqu'à ses lèvres. Si nous partons sur le sentier de gauche, j’ai souvenir d’un belvédère, si le panorama est un critère de choix pour vous deux. La proposition convint immédiatement à Sapphire : peu lui importait tant qu'on oubliait cet étrange interlude.
C'était sans compter sur Nathanael qui les rejoignit, visiblement perplexe lui aussi. Vous êtes en couple ou vous essayez de la draguer ? Cette fois-ci, les yeux de l'Irlandaise s'écarquillèrent grandement et elle pâlit, le souffle coupé par l'incongruité de la question. C’est Verlaine vous savez, il aimait les hommes. La précision ne rendit les choses que plus confuses. Sapphire crut qu'elle avait ingéré quelque chose qui déformait les paroles qu'elle entendait, tant plus rien n'avait de sens. Je vous demande pardon... ?? Aussi interloquée que si les deux hommes s'étaient mis à lui parler chinois comme si elle le comprenait aussi, elle les dévisageait tour à tour. Enfin je... J’aime beaucoup Verlaine, reprit Nathanael, les joues d'une couleur significative : Sapphire ne rêvait pas, il racontait bien n'importe quoi. Mais c’est qu’il y a plus suggestif dans le registre pour ce genre d’ambition, vous comprenez ? Baudelaire par exemple : Et le printemps et la verdure... Un autre poème ! Décidément ! Sapphire ôta l'asphodèle de son oreille et lui jeta un regard perplexe, se demandant ce qui avait contaminé ses deux accompagnants.
Malheureusement pour elle, Nathanael déclamait en anglais, et elle réalisa vite qu'elle aurait préféré ne pas comprendre les vers cités. ...Ont tant humilié mon coeur, / Que j'ai puni sur une fleur / L'insolence de la Nature. / Ainsi, je voudrais, une nuit, / Quand l'heure des voluptés sonne, / Vers les trésors de ta personne, / Comme un lâche, ramper sans bruit, / Pour châtier ta chair joyeuse... Les yeux de nouveau écarquillés comme s'il fallait mieux les ouvrir pour trouver enfin un sens à la scène, la sorcière sentit un léger feu d'irritation lui brûler les joues. Nathanael, je vous en prie. Je ne remets pas en cause votre sens de la poésie, mais je pense que vous vous méprenez. Je vous signale, si vous ne le saviez pas, que je suis mariée, par Myrddin - et pas avec Mr Chaffinch ! Sapphire avait eu l'habitude d'être confrontée aux paroles licencieuses de ses camarades lors de ses études, mais elle ne s'attendait pas à une tellea attitude de la part d'un adulte, surtout d'une personne comme Nathanael qui lui avait semblé si sensible. Embarrassée, elle reposa délicatement la fleur offerte au sol et évita le regard de l'un comme de l'autre, contrariée.
Vous avez souvenir d’un belvédère… ? Vous êtes déjà venu ici ? demanda alors Nathanael pour revenir sagement à la proposition de Dhan de changer d'endroit. Légèrement renfermée, l'Irlandaise bougonna. La carte. Sur la carte, fit-elle l'effort de préciser. Elle sortit la dite carte de son sac à dos et la déposa furtivement dans les mains du concierge. Le belvédère. Les mains sous les anses du sac, elle essaya de se concentrer sur le point indiquant le belvédère sur le parchemin, un peu déçue de la tournure des événements. Elle qui pensait passer un moment magique sur cette île, elle regrettait presque d'y avoir invité les deux sorciers.
- rappel de l'intrigue:
- Les couchers de soleil sont longs ici, ils prennent leur temps. Ils s'étirent à l'infini, et ne cessent de colorer le ciel de leurs mille-et-une nuances. C'est ainsi, la vie, à Eilean Bruadar, l'astre rouge au-dessus de sa tête, les pieds enfoncés dans le sable fin, le regard bercé par les vagues caressant les hauts rochers. Pour une île écossaise, elle est bien particulière : le fond de l'air y est chaud, les vagues paisibles et c'est le mystère qui habille ses paysages. Vous ne la connaissez peut-être pas, et c'est normal. Elle n'était que conte pour les petits sorciers écossais, les moldus ne sont pas conscients de son existence et le peu de sorciers qui y habitent sont bien modestes. Ce bout de paradis est le refuge d'une faune et d'une flore d'exception, soigneusement gardés par une poignée d'élus du Ministère et c'est bien la première fois que l'on laisse autant de personnes y fouler le pied. C'est pour cela que les fées, curieuses, sont venues vous guetter et que diverses bestioles n'ont eu que peu de craintes de venir vous renifler -habituées à la bienveillance des soigneurs. Ne vous étonnez pas donc, si sur votre nez, se pose un papillon de sable.
Les lieux principaux de l'île :
-Les bungalows : au cœur de l'île (qui forme un croissant de Lune) et à quelques pas seulement de la plage, ils ne paient de mine a priori. Du bois brut, quelques lanternes, une touche verdâtre par le biais de plantes suspendues - en voilà une chose bien charmante. Disposés en demi-cercle, en son centre se trouve quelques échoppes de première nécessité mais aussi des artisans prêts à vous vendre toutes sortes de gris-gris. Les bungalows sont certes petits d'apparence, cependant une fois entrés vous trouverez un espace conçu uniquement pour vous et s'accordant à vos goûts. Détail des plus singuliers : sur chaque table de nuit a été placée une jarre remplie de sable, scintillant doucement. Chacune personne invitée a son bungalow et vous pouvez y rester une journée comme tout l'été ; cela est votre décision.
-Les terres et côtes rocheuses : situées principalement sur la partie extérieure du croissant de Lune, les terres abritent une faune et une flore des plus exquises. Apprentis botanistes et amoureux des créatures magiques, vous trouverez sans difficulté un guide pour vous conduire à des points remarquables. Oh, vous pourrez vous y aventurer vous-même mais rentrez avant la nuit : on dit que le paysage se fait changeant et quelque peu inquiétant.
-La plage : occupant la majorité de l'île et se trouvant sur les bords intérieurs du croissant, elle est d'une beauté singulière et semble s'accorder aux idéaux de ceux qui la foulent. Son sable se retrouve partout sur les terres, mais c'est bien ici que nos pieds peuvent caresser sa douceur. On le dit magique, et pour le voir sous toute sa puissance, il faut s'y faufiler la nuit - quand les rêveurs se promènent au pays des rêves. On peut voir alors des créatures fantastiques, personnes que l'on croyait perdues à jamais et autres faits étranges se manifester.
On dit que cette île est le refuge du célèbre et ésotérique Marchand de Sable, populaire dans les contes pour enfants, présent sous mille et une formes dans les légendes du monde entier. Le sable de l'île est connu pour être doté de magie. Utilisé à bon escient, il est un excellent somnifère et confère un sommeil prospère. Capable de lire vos rêves, il en prend la forme partielle ou complète - en fonction de son abondance et de la force du rêveur ou du promeneur. Ainsi, l'île se transforme la nuit pour devenir la toile des songes de ses habitants et visiteurs ; cela explique la petite jarre de sable, scellée, sur votre table de nuit. Elle vous permettra d'observer et vous rappeler de vos songes, car oui -le sable se souvient et sera capable de manifester des fragments de rêves, même si vous êtes éveillés. Cela peut être dangereux ? Aussi réalistes sont-elles, il s'agit bien d'illusions formées de sable. Elles peuvent prendre l'apparence de vos pires cauchemars, vous faire bien des frayeurs, créer un accident à cause de cela, mais elles ne peuvent physiquement vous heurter. Le sable n'est que réellement puissant la nuit et lors du crépuscule, la journée les manifestations sont moindres -souvent sous formes de papillons et de fées. Ah, je suis aussi dans l'obligation de vous avertir : le sable a son petit caractère, et n'apprécie pas être sali ou voir se perdre dans ses grains quelques saletés humaines. Nettoyez derrière vous !
- InvitéInvité
Re: were you only imaginary ? - dhan & nathanael
Dhan estimait qu’il entretenait une relation amicale suffisamment longue et assise avec la nouvelle madame Bragman pour se permettre un geste de douceur complaisante, bien que dénuée, à ses yeux en tout cas, de la moindre ambiguité, connaissant la sensibilité spontanée de la jeune femme pour les beautés de la nature (et cette fleur en faisait partie). Bien mal lui en prit, mais il ne s’en rendit compte que devant la face éberluée et, il fallait en convenir, plutôt hilarante d’un Nathanael effaré de l’entendre compter fleurer à sa chargée de mission, se fourvoyant allègrement sur ses intentions sans que, Evidemment, il ait l’occasion de le contredire tant le français se dépêchait de s’excuser et de surenchérir… En français, bien sur, langue que ni l’un, ni l’autre des deux autres aventuriers du dimanche ne parlaient plus que les trois vers prononcés précédemment. Enfin, il était à présent trop tard pour ramener le sorcier sur le chemin de la vérité, et pour éviter à la douce sorcière une gêne qui désormais se plaquait sur ses joues dans des nuances carmines charmantes, mais dispensables. D’ailleurs, c’était bien la première fois qu’il l’entendait se désolidariser d’une idée avec autant de véhémence, preuve s’il en était que la confusion la heurtait plus que de raison. S’il avait été sot, il aurait joué les égos blessés, mais sur le coeur devant l’évidence selon laquelle elle avait en horreur l’idée qu’ils puissent avoir un jour été un peu plus que des collègues. Heureusement pour Sapphire, le secrétaire n’était pas du genre à remuer les couteaux dans les plaies, ni à agiter les épouvantails pour le simple plaisir d’amuser sa propre galerie. Alors il laissa la jeune femme se faire justice elle-même, et avancer en direction du fameux panorama dont il avait prévu de leur vanter les mérites. Il n’était plus qu’avec Nathanael quand il soupira, non sans un petit sourire de coté.
- Il va falloir que je fasse attention à la manière dont je m’exprime avec vous Nathanael, j’ai bien peur de m’être entouré trop longtemps de genre qui ne goutaient qu’au discours au second, voire au troisième degré … Sapphire et moi sommes de bons amis, rien de plus, et la poésie, une sensibilité que nous partageons en dehors de tout contexte de galant. Gageons que si nous avions été compères de longue date, je n’aurais pas hésité à vous déclamer du Keith ou du Marlowe, si l’inspiration m’était venue. Rejoignons la vite avant qu’elle ne se décide à nous abandonner à notre triste sort d’hommes rustres, châtiment mérité à n’en pas douter.
Un mouvement de tête, et en quelques longues enjambées dont il avait le secret, l’indo-britanique rattrapa leur petite camarade blonde, une risette navrée sur les lèvres et des excuses plein ses prunelles douces. Il n’avait pas envie de lui faire de la peine, ni qu’elle puisse lui tenir rigueur de manque de perspicacité de leur nouveau collègue, aussi distrayant fut il.
- … Ne sois pas fachée Saphire, je t’en prie. Ce n’était rien d’autre qu’une fleur, je crois que d’avoir comme principale vis à vis une petite fille de quatre ans me poussent à une spontanéité estivale tranchant avec ma réserve naturelle. Mais je persiste à dire qu’elle aurait été d’accord avec moi : l’asphodèle te va bien, il y a un coté perséphone au retour des enfers qui te sied à merveille. Sans compter que c’est une plante fascinante du point de vue de la symbolique sorcière et mythologique, mais si je parle la dessus, je vais gacher ta randonnée.