L’acoustique résonne à plein régime. Le Musarum Nox t’est tombé dessus tel une avalanche. Ce grand dadais d’Aedan s’est porté volontaire pour s’occuper du petit Côme ; tout était comme s’il te poussait à te rendre à cet événement. Remettant en place le foulard rouge que tu as noué en bandeau autour de tes cheveux bruns, tu jettes un œil vers l’immense roue qui surplombe le tout. Tu hausses les sourcils. La seule façon pour toi de te rendre ici ne peut être que sous l’influence de personnes proches. Par toi-même, tu ne l’aurais pas fait. D’ailleurs, tu semble attendre un quelconque signe du destin qui pourrait te signifier de bouger. De la rejoindre.
Tu te saisis de ta paire de lunettes rondes, tombant exactement dans ce style multiculturel plus ou moins explicitement prôné par les participants de ces festivals. Sous ces lunettes de soleil, étrangement tu te sens plus à l’aise. Tes pas se font plus fluides tandis que tes mirettes se posent sur les rivages délicats de Katherine. La gorge nouée, ton palpitant qui s’emballe. Et tu esquives les uns et les autres, ceux qui déjà déambulent sous l’effet de l’alcool, les autres aux prises avec une danse effrénée. Si cela ne tenait qu’à toi, tu profiterais simplement de la musique. Grand amateur d’une multitude de genres musicaux : house, chill-out et autres dance-électro-pop …
Le geste instinctif tu t’empares du pendentif aquatique, le remuant sous la pulpe de tes doigts. Allez. Il faut se lancer. Ta haute taille te permet de surplomber la blonde dont le caractère bien trempé est à même d’équilibrer ce détail physionomique. « Hm. Salut » essaies-tu, si peu serein. « Il y a des bières et des cocktails pas très loin ». Ton choix sera bien vite fait entre les deux. Tu n’es pas très bière même s’il t’arrive d’en consommer. Tu fais fi du fameux pendentif qu’elle porte également sur elle. Celui-ci, tu aurais préféré l’oublier.
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Re: Show me a piece of you ♬ Kash
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Re: Show me a piece of you ♬ Kash
Bien peu enclin à la joie, tu fais mine de ne pas apercevoir cette risette à la vue du sautoir qui trône fièrement sur ton torse élancé. C’est en grande partie à cause de ce pendentif que les choses ont tourné au vinaigre. Tu t’es longtemps demandé s’il ne serait pas pertinent de le laisser entre les mains expertes d’un conjureur de malédictions afin de l’examiner. Sans doute est-il emprunt d’une magie aquatique non connue de la plupart des sorciers ? Une sorcellerie mystérieuse et déroutante. Nulle autre que l’amour. Mais cela, tu l’omets de ta conscience.
L’embrasure de ta bouche charnue est délicatement parsemée d’un baiser chaste. Il n’est en rien comparable à la passion échangée quelques semaines plus tôt. Tu maintiens une posture stoïque sous son attention dirigée vers une mèche rebelle. Une agréable sensation s’empare de ton être à ce simple contact. Qu’il est bon d’être ainsi le centre des préoccupations d’un être cher. La file d’attente se fait le théâtre d’une remise en question du froid qui s’est installé entre vous.
L’âme dissimulée derrière tes lunettes, tu finis par marquer ton approbation. Cela semble être la meilleure des solutions. « Oui » commences-tu, l’intonation rauque. « Autant repousser l’échéance ». L’ironie se mêle promptement à ta réplique. Tu peux te montrer rancunier par instants. Mais tu es convaincu qu’il vaut mieux aller de l’avant et ne plus se focaliser autant sur le passé. Un tressaillement te gagne à la vue de cette serveuse clownesque. Tu détestes ces horribles personnages, tu les trouve profondément malsains. Ton épouvantard.
Tu essaies de faire fi de ce détail angoissant. Tu portes tes lèvres à cette paille multicolore dont le liquide oscille entre des teintes bleutées, rosées et violines. C’est assez déroutant mais non désagréable. Tes papilles reconnaissent cet arrière-goût de rhum que tu apprécies à sa juste valeur. De toute évidence cette personne a bien cerné tes envies – et besoins. Des cocktails enchantés. « A notre nouveau départ » souffles-tu en sa direction, levant ton verre contre le sien. « Éloignons-nous de cet endroit, tu veux ? » Tu adresses un coup d’œil à la clown, aspirant l’équivalent de la moitié de ton gobelet dont le contenu se rempli aussitôt. La tête va vite te tourner.
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Re: Show me a piece of you ♬ Kash
Nouveau regard apeuré en direction de la clown. Cette fois, un frisson désagréable dévale tes vertèbres, une à une, pour se greffer au creux de tes reins. Tu détestes cette sensation de malaise, autant que celui qui s’est instauré entre Katherine et toi. Du coin de l’œil tu l’observes, silencieux, qui retire son pendentif. Sans forcément t’y attendre, tu constates qu’elle fait de même avec le tiens. Froncement de sourcil. Tu marques un temps d’arrêt. Pourquoi ? T’es plutôt du genre à porter les difficultés pour les affronter. Pas à les éviter. « Tu n’étais pas obligée ».
Si sa voix n’exprime aussi peu d’émotion que son comportement, ta propre intonation dénote ta difficulté à faire face. Tes phalanges se rétractent sous le contact des siennes. La belle te semble soudainement bien triste, bien peu enjouée. Serait-ce de ta faute ? A cette pensée tu n’as d’autre choix que de t’enfiler une nouvelle rasade prolongée. Aspirant le cocktail plus que de raison, la boisson se renouvelant par la suite comme par enchantement. Cet effet pourrait être hypnotique si la situation n’était pas tragique.
Détournant tes prunelles, tu détailles les environs. Tu n’avais même pas remarqué ces patronus. Le spectacle est renversant pour toi, sensible à autant de subtilité. Il y a aussi cette musique dont les pulsations commencent à prendre possession de ton être. Enveloppé de ces sonorités dont les vibrations résonnent en toi. Paupières closes. La tête te tourne un peu. Tu as trop bu. Trop et en peu de temps. A quoi bon se poser autant de questions si ce n’est pour tomber sur le même constat : tu gâches tout.
Tu lui tends enfin la main. « Viens » lui intimes-tu à l’oreille malgré les hurlements de la foule. Bien peu de contacts proches depuis trop de temps. Hochant la tête en rythme, tu finis par te mettre à sauter, à l’unisson avec les autres, ton verre à la main. Bien loin du Kashmiri habituel. Et pourtant, tu sais t’amuser. Tu n’es juste pas très habitué.