Le docteur Eberhart m'a conseillé d'aller faire un tour dans les souterrains pour éventuellement donner un coup de main. Il n'y a jamais trop de medicomage dans ce genre d’événement. Je me suis donc porté plus ou moins volontaire. Je ne sais pas à quoi m'attendre, je sais que quelques créatures sont dedans et que je risque certainement d'en croiser, mais peu importe, je dois surtout soigner les blessés. Mes pas me dirige à l'entrée des souterrains, là où va commencer mon périple. Je sais quand je rentre mais pas quand je vais sortir. Je vais rentrer en entier mais peut-être pas en un seul morceau à la sortie. J'ai bien conscience que c'est dangereux, mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille. C'est mon devoir, aider, secourir, soigner, épauler. Peu importe les dangers, peu importe les difficultés. Alors quand faut y aller... Une silhouette non loin de l'entrée me fait sortir de mes pensées, une silhouette que je connais. Je m'approche de lui.

- Kash ? Salut.

Je lui fait un signe de la main, un collègue médicomage, plus expérimenté que moi, j'ai de l'admiration pour lui.

- Tu comptes rentrer ou tu en sors ?

J’hoche la tête, je rentre à sa suite. Darius était donc avec lui. Je ne suis pas surpris de l’apprendre, il est medicomage également tout comme Kash. C’est fort probable que nous soyons tous venus ici. J’agite ma baguette et dit un « lumos » presque inaudible. Ma baguette a en son sommet une lumière blanche sans qu’elle soit agressive. Nous continuons notre chemin sans rencontrer la moindre personne, le moindre blessé. Cela peut dire plusieurs choses : soit les élèves qui se sont aventurés ici, sont particulièrement doués et se sont débrouillés seuls, soit, ils ont été chanceux et n’ont croisés aucunes créatures ou alors il y a des blessés et des morts et nous en découvrirons plus loin sur notre parcours. C’est assez étrange cette pointe d’excitation mêlée à la concentration doublé de peur. Parce qu’en réalité, je sais quand je suis rentré mais pas quand je vais en sortir ni même si je vais en sortir. La peur ne m’empêchera pas de faire mon devoir, je crois que c’est même sain de ressentir cela, mais l’excitation est ce qui ressort davantage chez moi en ce moment.

Tout en sachant qu’il se trouve des animaux ici, je ne pensais pas qu’il y aurait autant de calme, on n’entend que nos pas, notre respiration et les bruits des gouttes d’eau qui tombent sur le sol. La pluie de la veille s’est laissée entrer ici, quelques flaques plus ou moins grandes tapissent par terre, nous prenons garde à ne pas y marcher pour nous faire entendre bien que ma lumière peut éventuellement nous trahir. Nous restons silencieux, sur nos gardes, ni lui ni moi n’avons l’attention de parler. Nous devons garder notre concentration contre une éventuelle attaque. Mais il n’en n’est rien pour le moment, fort heureusement. J’essaie de me rappeler si dans ma vie j’ai déjà rencontré un danger pareil mais non, j’ai toujours mené une vie des plus banale et complètement similaire. Cours, entraînements, devoirs, stage, ainsi de suite.

Au bout du souterrain, deux chemins se présentent, une décision à prendre. Se séparer et avoir plus de chances de retrouver Darius ainsi que d’éventuel blessés ou continuer ensemble mais avoir plus de chance de se défendre. Je regarde mon camarade et collègue.

- A droite ou à gauche ?

Je dois faire exactement la même tête que Kash actuellement. Je n’ai aucune idée de ce que cela peut être mais mon silence doit le lui faire comprendre. En fait j’espère simplement que c’est un micro séisme et auquel cas nous pourront continuer sans réel crainte si ce n’est être enseveli vivant. Nous restons pendant un instant sans bouger à se regarder. Je n’ai aucune honte à lui exprimer physiquement mes peurs, nous sommes des humains, ce sentiment est disons normal dans une telle situation. Mon corps est contre la paroi du mur, je ravale ma salive, j’ai la gorge sèche et je décide de parler.

- Je doute que nous soyons de grands aventuriers comme lui malheureusement. Il serait déjà en train de marcher vers on ne sait quel danger.

Je peux me le dire, je suis une lopette. Je suis pris entre mes peurs et donc de faire demi-tour et mon côté « fou fou » pour continuer ce que j’ai l’impression être ma première et dernière aventure de ma vie. J’ai pensé à envoyer un message à ma meilleure amie mais pas à ma sœur. Je le regrette. J’aurais dû lui dire où je me trouvais. Non, elle serait venu me chercher par la peau des fesses. Et il est hors de question qu’elle entre là-dedans.

Nous décidons de continuer notre expédition. J’ai l’impression d’avoir entendu comme quelque chose qui s’est traîné devant nous, mais ça doit être mon imagination. Le chemin est un tunnel plus étroit que ce que l’on a traversé jusque-là. Nous ne voyons pas grand-chose et c’est assez étrange mais je préfère cela ainsi. Ouais j’ai la trouille, les chocottes, les pétoches, je ne sais pas où je trouve le courage de continuer mais de toute évidence il le faut. Il doit y avoir des sorciers qui ont besoins de soins et c’est tout ce qui arrive à me faire avancer. Nous ne parlons pas, nous n’y arrivons pas. La concentration est à son maximal et le degré de dangerosité l’est également. Nous continuons jusqu’à sortir complètement de ce tunnel. Le silence est pesant mais nécessaire. Le couloir est plus large et semble plus vaste que le précédent, un lumos maxima se fait entendre de ma bouche. Nous passons en revus toutes les parcelles du chemin et je pense apercevoir une silhouette étendue au loin. Sans parler je fais signe à Kash qu’il y a quelque chose là-bas et nous nous y rendons d’un pas plus pressant.

Son feu et ma baguette éclairent le visage de l’homme étendu, inconscient, encore en vie cela dit. Nous inspectons ses blessures, de profondes griffures sur le torse ainsi que l’aile, son oreille a été arrachée et semble avoir une luxation de l’épaule. Il a été attaqué. Une nouvelle secousse se faire ressentir mais cette fois plus importante encore que la précédente. J’ai un regard pour mon ami et collègue et nous reprenons notre inspection du patient. Nous ne pourrons pas totalement le guérir ici, simplement y faire les premier soins surtout qu’il a perdu beaucoup de sang.  Une nouvelle secousse, cette fois je passe ma baguette pour tenter de voir quelque chose et j’écarquille les yeux. Je me fige et murmure à Kash.

- Je crois apercevoir une paire d’yeux violets là-bas…

Mon cœur bat rapidement, mon estomac est contracté par la peur et l’adrénaline soudaine qui monte. J’aimerais que l’on se fasse oublier mais malheureusement pour nous, j’ai bien l’impression que cet animal soit déterminé à venir jusqu’à nous.

Je n’avais encore jamais vu un dragon de ma vie. Je comprends que plus d’un soit fasciné par cette créature. C’est impressionnant, imposant et…terriblement dangereux. Je retiens mon souffle et esquive de manière habile un coup de patte en ma direction. Je remercie mes nombreuses années d’entrainement au Quiddtich de m’avoir enseigné ces reflexes. Je me retrouve donc au niveau de mon équipier, collègue et ami que j’aide à se relever. J’ai un regard pour l’homme inconscient non loin de nous mais le dragon ne semble s’en préoccuper. La respiration de la créature se fait plus forte, l’animal n’est pas disposé à nous laisser tranquille. J’envisage de nous séparer.

Je ne suis pas un fin stratège, mais je pense qu’être à l’opposé l’un de l’autre aura des chances d’attirer l’animal vers l’un ou l’autre pour tenter de l’arrêter sans envisager de lui faire de mal. Je suis contre. Je regarde Kash avant de me rendre en face de lui, à son opposé. Ma baguette me trahis et sans que je ne le vois venir, je suis envoyé à l’autre bout du chemin non sans me heurter violemment le dos et l’épaule contre une paroi. Ma tête et mes jambes accusent le coup. Sonné pendant un court instant, je tâte le sol à la recherche de mes lunettes égaré avec le choc. Par une chance infime, je parviens à récupérer ma baguette et lance un « accio » pour récupérer ma monture. Sans elles je ne pourrais voir grand-chose.

Je me relève avec peine, mon sort de lumière s’est éteint lorsque j’ai été désarmé par le dragon. Je ne suis pas un expert sur cette espèce, Abi m’aurait probablement aidé et probablement qu’elle aurait été ravie de se trouver à ma place. Ce n’est pas mon cas. La seule chose que je me souvienne de mes cours, c’est que ces dragons sont dangereux… Je ne peux pas me résoudre à prendre la fuite d’autant plus que le dragon nous empêche de partir, il est devant le chemin de retour, le tunnel que nous avions emprunté. Nous restons dans le noir un moment, nous laissant guider par nos sens. J’avale ma salive et chuchote à l’égard de mon ami.

- Kash ça va ? Il faudrait tenter de le faire venir à l’opposé de la sortie…

Je voudrais essayer de lancer un « stupefix » mais je n’ai pas assez de visibilité et je ne suis pas certain que cela fonctionne…

L’idée de Kash est vraiment bonne. En cet instant je regrette de ne pas avoir pris l’option dragonologie. Je ne connais pas grand-chose de cet animal pour ne pas dire rien. Alors lorsque mon ami trouve l’idée d’attirer le dragon avec des pièces d’or, j’ai trouvé ça astucieux. Je le regarde user de la lévitation, faire voler les pièces dans la direction de la créature, je ne peux m’empêcher de sourire. J’ai un regard pour le corps du jeune homme inconscient, on va devoir faire de même pour lui sinon on ne va pas s’en sortir…Les pièces passent devant moi et arrive non loin du dragon. Mon sourire s’agrandit. L’animal se retourne pour regarder, ouvre la gueule… je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il crache du feu et fasse l’or une simple flaque dorée sur le sol. Mon sourire a disparu. Par reflexe nous nous sommes jeté au sol tous les deux. Nous avons eu chaud pendant quelques secondes, si nous avions été plus décalés, on aurait rôti comme des poulets.

Nous n’avons donc pas le choix, on va devoir s’occuper des yeux et donc s’avancer plus encore…C’est dangereux mais faisable d’autant plus que le dragon s’est retourné vers nous donc plus accessible. J’ai un regard pour mon partenaire, je n’ai jamais lancé ce sortilège, mais heureusement pour moi, je ne suis pas mauvais, je devrais donc y arriver. La créature nous a probablement vus, je me déplace plus encore en avant, collé au mur. Je ravale ma salive, j’ai l’impression d’être dans un film d’action de mauvais goût…D’un geste, je remonte mes lunettes et lève un peu plus ma baguette, le dragon cri son mécontentement, nos tympans en prennent un coup.

Je fronce des sourcils, j’attends d’avoir le bon angle de vu, d’avoir le bon moment parce qu’il n’y en n’aura pas 50. J’allais lancer le sort lorsque l’homme inconscient choisi de se réveiller, d’hurler de peur, de se lever, mais quel andouille celui-là ! Il va se faire tuer ! Je lui lance un stupéfix sur sa tronche mais trop tard le dragon l’a vu, l’inconnu est à terre, incapable de se déplacer par ma faute. Ce n’est pas vrai…Je cours a sa rencontre. Il allait se faire piétiner mais de ma baguette j’envoie l’homme plus loin vers Kash. Je souffle soulager, un souffle chaud tombe sur ma nuque, je me retourne, je croise le regard violet du dragon et lance le sort de conjonctivite par simple reflexe, je me prends un coup d’ailes au visage qui m’envoie à l’opposé de là où je suis. Mon corps rencontre violemment le mur puis le sol. J’ai l’impression d’entendre tout en écho…j’ai de nouveau perdu mes lunettes et ma baguette…Un bruit de fond du dragon qui hurle, des cris horrifié de l’homme…mes oreilles sifflent et je reste là sur le sol à me remettre du choc.

Je fronce des sourcils, tente en vain de voir quelque chose, d’apercevoir une silhouette mais tout es flou. Outre le fait que je sois myope, il fait assez sombre. Je cligne des yeux mais rien n’y fait. J’ai mal au crâne et j’ai comme un quelque chose qui dégouline sur mon visage. Je passe ma main sur mon front, puis regarde mes doigts, du sang…Je suis donc blessé, ça n’a pas l’air bien moche, même si j’ai l’impression que je saigne un peu trop. Je secoue ma main et tâte de nouveau le sol, si je trouve mes lunettes ça serait top ou ma baguette, ça serait mieux, je mettrais la main plus facilement sur mes lunettes. Non sans difficultés, j’avance sur le sol pour essayer de trouver ma baguette, je rampe doucement, mon épaule gauche est déboité je ne peux donc pas m’en servir pour avancer et ça fait un mal de chien ! Je ne sais pas véritablement où je vais, ce que je regrette d’avoir hérité de la mauvais vue de ma mère…

Je soupire et continue de ramper dans le vide sans réel espoir de mettre la main sur ma baguette. Si je ne la retrouve pas, je risque d’y laisser ma peau et je ne serais qu’un boulet pour Kash. Je passe ma main sur mon nez, du sang coule encore sur mon visage, mais je n’ai pas le temps d’y prêter attention, j’entends encore l’homme hurler, ça me tape sur le système, je ne devrais pas mais je suis sur les nerfs, je ne peux rien faire sans mes lunettes et encore moins sans ma baguette. J’entends le dragon crier et je ne sais pas où en est mon ami. Une source de chaleur me fige d’un seul coup et l’homme qu’on entendait hurler…n’hurle plus. Je respire vite, il est probablement carboniser ? Je n’ose pas demander si mon ami était dans le lot mais j’entends comme des mouvements d’un seul coup alors je me dis qu’il est encore là, par contre je suis certains que ce n’est pas le cas l’inconnu… être privé de la vue me donne la sensation de me rabattre plus sur on ouïe. Je me mords la lèvre et continue de tâtonner le sol, j’essaie de regarder également, mais il fait sombre, ce que je vois là, se sont rien que des cailloux. Je lève la tête, j’aperçois le dragon, imposant et lent j’arrive au moins à voir qu’il n’est pas prêt de moi. Il y a du mouvement, je ne vois pas correctement mais j’ai l’impression…Kash a sauté sur lui ? Nous ne sommes pas dans Indiana Jones…On va mourir. J’ai une pensée pour ma sœur, Abi, Caël, ce petit con de Luigi, les verts…le professeur Wakefield, mon mentor, Rius…Adélaïde…pourquoi je pense à elle ? C’est étrange.

J’ai l’impression de regarder dans le vide et de ne tâter rien d’autre que le sol, ça commence à m’agacer. Je perds peu à peu mon sang-froid. Je suis agacé, je n’arrive à rien et ne peut rien faire sans mes lunettes…j’entends le dragon gronder, je n’arrive pas à savoir si je suis proche ou non, ça résonne dans ce foutu souterrain. Je soupire, j’avance tant bien que mal avec mon épaule valide. La créature gronde plus encore, semble mécontent de quelque chose et j’entends la voix de mon ami, le patient que nous avons tenté d’aider et de soigner est devenu poussière. Je m’arrête. C’est bien ce que je me disais, je ne l’entendais plus hurler…Si nous nous en sortons, je vais remercier Kash toute ma vie d’être en vie, car ce n’est pas grâce à moi si nous le sommes…

J’essaie de voir si je suis proche d’un mur pour me relever, je pense que je vais devoir tirer un trait sur mes lunettes et ma baguette, nous devons tentez de nous enfuir. Je pose ma main à plat près du mur et essaie une première fois de me relever, j’arrête net mon geste dans un grondement sourd et plus puissant que les fois dernières, Kash a tenté quelque chose, je cligne des yeux et plisse les yeux pour essayer de voir quelque chose, le dragon a l’air de bouger mais c’est flou…j’entends des pas, j’ai l’impression qu’il faut courir mais mon épaule gauche me lance, tant pis, on cour, il le faut, on doit sauver notre peau. Je me laisse guider par mon ami, tout droit vers la sortie, c’est la seule chose à faire, prendre ses jambes à son cou, prendre la fuite, nous avons fait ce qu’on a pu, et nous ne pouvons faire plus. La faible lueur se fait voir et la sortie s’agrandit, je n’ai jamais autant apprécié le soleil et la luminosité que maintenant. Je me laisse tomber à genoux et regarde mon coéquipier, collègue, ami.

- Merci Kash…si tu n’avais pas été là…je te dois beaucoup.

Nous n’avons plus qu’à aller à l’hôpital…