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You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Mer 14 Oct 2020 - 17:33
EXORDIUM.
Si Lorcan faisait les cent pas devant le bureau de Margareth Roseburry, ce n’était certainement pas pour réclamer un délai supplémentaire pour rendre son dernier devoir sur la constitution magique espagnole. Bizarrement (non), il ne s’était jamais amusé ni à rendre quoi que ce soit en retard dans cette matière, ni à soudoyer un élève d’une classe supérieure pour rédiger le moindre paragraphe à sa place : Tante Margot aurait su immédiatement qu’il avait triché, et si elle aurait pu saluer l’effort de choisir le meilleur gratte papier pour se donner des airs brillants, elle n’aurait pas toléré en revanche qu’il eut tenté de la berner, d’autant qu’ils passaient tellement de temps ensemble, depuis le début de l’été, qu’il la soupçonnait de réussir à lire en lui à présent même sans avoir à user de sa légilimencie. Non, le grand Tamaharu s’appliquait à creuser une tranchée sur le parquet à cause d’un courrier qu’il avait en main, une missive enchantée à son intention par ses parents, et pour laquelle il aurait bien eu besoin des conseils implacables, mais efficaces de sa marraine. Oh, il n’espérait pas vraiment passer un bon moment, loin de là un espoir aussi vain. Simplement, il n’avait personne d’autre à qui se confier sur ce genre de … considérations familiales, et cette façon qu’avaient ses parents de le tester, dernièrement, sur ses capacités magiques mais aussi sur l’évolution de sa présumée maturité : les Tamaharu semblaient avoir enfin décelé chez leur fils ces changements qu’il s’était fort de dissimuler, à grands renforts d’excès et de petites bêtises horripilantes. Peut être que la déchéance consommée de son cousin Tiki, ou les nombreux mouvements inter familiaux qui s’étaient produits dernièrement les poussaient à sortir de leur réserve, et à envisager de passer à la vitesse supérieure avec ce petit dernier qui était à présent majeur dans la totalité des pays du globe.
Bref, en un mot comme en mille, c’était la merde.
Il avait déjà essayé d’interpeler la directrice des Lufkins à la pause méridienne, mais ils s’étaient ratés de peu. Il avait cru comprendre qu’elle revenait dans son bureau à chaque intercours, pour ne prendre le risque d’être coincée avec quelques étudiants bavards ou ennuyeux (ou pire… de basse condition). La sonnerie avait retenti plusieurs minutes plus tôt, mais pas l’ombre d’une grande dame à l’horizon. La mine sombre, il prenait son mal en patience, lissant le papier velin entre le pouce et l’index, le regard sombre balayant les murs et les tableaux accrochés sur les pierres froides. On le sentait tendu, le jeune wright, bien qu’il parvienne à garder une certaine décontraction en public. Les cernes s’étaient sensiblement noircies sous ses yeux, et cela n’avaient rien à voir avec quelques extravagances nocturnes (ou pas uniquement, en tout cas). Ses ongles étaient rongés, sa chevelure légèrement trop longue par rapport aux standards habituels. Sans être négligé, il avait l’air de quelqu’un de préoccupé, plus que d’habitude en tout cas. Il était d’ailleurs sur le point de se remettre à taper sur le bois de la porte pour la troisième fois, comme si l’enseignante était une sorte de génie que l’on convoquait par réitération de l’appel, quand il sentit un regard se poser sur sa nuque. Froid, le regard. Glacial même, il était sensible à ce genre de chose. Avant de tourner la tête vers celle qui le surprenait dans son attente nerveuse, il respira un grand coup, fourrant la lettre dans la poche de sa veste hors de prix. La vision d’une camarade familière ne lui tira pas un sourire, bien qu’il s’efforça, pour la forme, d’avoir au moins l’air courtois.
- … Salut, Adalia. Si tu cherches, Roseburry, elle est pas arrivée, apparement. Elle ne passera peut être même pas.
Alors si tu pouvais dégager le plancher ...
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Mer 21 Oct 2020 - 19:59
Recherches au point mort, malgré toute l’énergie qu’elle mettait à l’ouvrage, passant des heures sur ses papiers, heures du jour et de la nuit lorsque le sommeil s’échappait, elle ne parvenait à rien ces derniers temps. Pas un seul avancement, même les aspects théoriques n’avaient pas avancé d’un iota. Bien sûr, Adalia n’en était pas encore officiellement au niveau de sa thèse de fin d’études, les DEFIS étaient encore loin, mais elle n’avait jamais prétendu qu’elle se limitait à cela pour ses recherches. Elle avait de l’ambition et cela la passionnait réellement. C’était bien pour cette raison que c’était aussi frustrant de n’arriver à rien. Déjà, l’été n’avait pas été prolifique, interdite de stage en milieu hospitalier moldu elle avait perdu beaucoup de temps sur sa compréhension de leurs techniques d’imagerie, de plus, sa mésaventure face à la De Gray, aux archives de Sainte Mangouste, n’avait rien arrangé. Enfin, depuis la rentrée elle passait la majorité de son temps libre à échanger avec Quartus, de l’autre côté du globe, et ses lèvres, attendues chaque jour avec impatience, la déconcentraient un peu trop aisément de sa tâche.
Cependant, ce n’était pas plus salvateur, plus elle échangeait avec lui, plus elle se rendait compte qu’il avait plus vécu en un mois loin d’elle qu’elle en des années. Il avait rencontré quelqu’un, rien que d’y penser lui donnait la nausée. Elle se voilait la face à penser qu’elle n’avait besoin de personne mais la solitude devenait pesante, et amère. Empêtrée dans ces sables mouvants, incapable d’avancer que cela soit dans une direction, ou dans l’autre elle s’était faite violence pour remplir la demande de stage externe à l’université qui, après avoir été visée par le secrétariat, devait être signée par sa responsable de maison. Lourdeur administrative à laquelle elle se pliait sans mal, l’ordre et la structure de l’administration lui offrant un certain réconfort, et un peu de repos pour son esprit malmené par des cauchemars toujours plus vivaces.
Un pas calme mais déterminé la mène jusqu’à l’étage qui abrite les quartiers de Madame Roseburry, elle espérait qu’elle soit présente à cette heure-ci, « Bonjour Lorcan. » Souffle-t’elle calmement au jeune homme qui se trouvait déjà planté, un air impatient sur le visage, devant le bureau de la directrice des Lufkins. Les échanges avec le Tamaharu étaient plutôt sporadiques, petit ami plus ou moins officiel de son ex meilleure amie, elle n’avait jamais caché son désaccord avec cette histoire, et évitait avec application tout ce qui pourrait la ramener à des souvenirs amers de disputes datant de l’année passée ou de l’été. Elle était déjà bien trop fatiguée à gérer ce qui se passait dans son cercle familial proche sans avoir à ajouter ce type de négativité dans sa vie. Mais c’était un peu ironique pourtant, après tout, de tous ses « proches » Lorcan était sans doute celui avait qui elle partageait le plus de sang. « T’as une mine affreuse par Merlin, faudrait prendre un peu de repos tu vas pas tenir l’année sans ça. » Lâche-t’elle en haussant un sourcil devant la mine débraillée du jeune homme. Était-ce de supporter Lucrèce qui le mettait dans cet état ? Bien que la rancoeur de la jeune femme pour la summerbee était tenace, elle en doutait fortement. Mais pouvait-elle réellement se permettre un jugement alors qu’elle même peinait à garder le masque des apparences ? Elle se présentait aussi souvent que possible sous son meilleur jour, parfaite poupée aux traits de sa famille, mais la fatigue se lisait sans mal dans son regard, un peu éteint par rapport à d'habitude. « Je vais rester, je voudrais pas la rater. » Un sourire d’apparat au coin des lèvres elle se pose contre le mur, face au Wright tout en scrutant du coin de l’oeil les réactions du jeune homme alors que ses mais s’occupent à récupérer un papier de recherche et que sa baguette s’improvise surligneur : inutile de perdre plus de temps.
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Jeu 29 Oct 2020 - 12:39
EXORDIUM.
De toutes les sorcières un peu pimbêches et franchement casse-couilles de l’université, il avait fallu qu’il tombe sur la plus entêtée des Lufkin. Il n’avait rien contre Adalia Blackthorn, techniquement, d’autant que d’ordinaire, il appréciait les membres de cette noble famille, quoi qu’un peu étrange. Cependant, depuis qu’elle s’était fâchée Lucrèce, Lorcan avait naturellement été orienté par sa loyauté vis à vis de sa petite amie, qui avait été largement ébranlée par la violence de ses altercations avec la froide héritière. C’était la première fois qu’ils se retrouvaient seuls comme cela depuis des semaines, voire des mois : ils ne s’adressaient pas la parole quand ils se croisaient dans le même groupe, s’échangeaient à peine un regard en classe. Il soutint néanmoins son regard quand elle lui fit remarquer son air fatigué et peu apprêté, le regard sombre, qui empruntait bien plus à son ténébreux géniteur qu’à l’ordinaire.
- Une chance que dans mon cas, une bonne cure de sommeil suffira, c’est rien d’irréparable…
Dans son cas, oui, quelle chance hein ? Il ne grimaça pas quand elle lui annonça ne pas être pressée, et attendre avec lui jusqu’à ce que Margot refasse surface:Su-per… Comme si il avait besoin d’oreilles indiscrètes dans le coin, compte tenu des sujets qu’il comptait aborder avec sa marraine. Avec un peu de chance, il pourrait, poliment bien sur, la chasser de là ? Après tout, ce ne serait ni la première, ni la dernière fois qu’il évinçait quelqu’un pour être tranquille pour discuter avec sa marraine. Mais qu’il ait besoin de virer Adalia, sainte Ada, petite mère de toutes les vertues.
- Te sens pas obligée, je risque de l’accaparer un bon moment, ça vaudrait peut être mieux que je t’envoie un patronus quand j’ai fini, ça t’éviterait de poireauter pendant dix plombes…
Après tout, elle n’allait pas faire le pied de grue pendant une heure derrière la porte, alors qu’elle pourrait être installée plus confortablement… Et bien, n’importe où ailleurs. Loin. Sans patience, Lorcan trépignait, comme d’habitude, adossé au mur, jouant avec la chevalière qu’il avait à l’annulaire. Adalia lui semblait absolument imperturbable, et cela ne faisait qu’exacerber sa propre irritabilité. Il fallait qu’il réussisse à se calmer, sans quoi elle risquait de s’interroger sur son état. De devenir curieuse. Et elle n’avait pas besoin de ça.
- … Comment va Quartus ? Toujours à l’aut’bout du monde à faire rayonner l’empire Blackthorn jusqu’au pôle Sud ?
Il n’avait pas eu d’autres idées que celle-ci, ce n’était probablement pas la meilleure, mais elle n’y serait pas indifférente, il en était persuadé. Lentement, il avait également tendu son esprit en direction du sien, sans l’aide de la moindre incantation : ses cours estivaux assidus et douloureux avec la Roseburry portaient leurs fruits, à présent, jamais le jeune Tamaharu n’était parvenu à utiliser ses dons naturels avec une telle aisance. Ce n’était pas encore parfait, mais il était passé de la discrétion d’un éléphant à celle d’un gros chat, alors que ses espèce de tentacules mentaux venaient chatouiller l’humeur de la lufkin...
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Dim 1 Nov 2020 - 12:19
Elle roule légèrement des yeux à la remarque du jeune homme, ce ton ne lui allait pas bien. Cependant elle ne fit pas de remarque supplémentaire, son objectif n’était pas d’échanger avec le sorcier mais bien d’obtenir la précieuse signature de la part de la directrice de sa maison. Cela fait, elle pourrait à nouveau entreprendre d’éviter au maximum tout ce qui pouvait lui rappeler l’existence néfaste à son existence de Lucrèce. Ainsi, elle n’était pas prête à accepter sa proposition de revenir plus tard. Elle n’avait pas le temps, ni l’envie de lui être agréable ou de l’arranger : elle voulait cette signature et tant pis si pour ça elle dérangeait les affaires de Lorcan. « Oh mais je m’éviterai bien facilement cela, qu’elle fait remarquer avec un air entendu, je n’ai besoin que d’une signature cela sera fait en une minute et après tu auras tout le temps d’accaparer madame Roseburry je ne t’ennuierai pas plus. » Un sourire paisible se glissa furtivement sur ses lèvres : c’était une solution qui arrangerait tout le monde, non ? Elle n’était pas d’un naturel intrusif Adalia, bien trop désintéressée par les personnes qui l’entouraient pour se rendre curieuse de leur vie ou de ce qu’ils tentaient de cacher au monde entier, pourtant, l’attitude de jeune wright avait tout pour attirer son attention. Il avait l’air pressé, presque anxieux, ce n’était pas habituel dans le comportement du jeune homme, pas besoin de le connaitre pour le remarquer.
Tandis que le gamin parlait, une impression étrange envahit la sorcière : comme si elle n’était plus seule dans son propre esprit. Mais elle avait tant l’habitude d’être trompée par ses ressentis, tant l’habitude de voir des ombres, d’entendre leurs voix qu’elle ne s’y attarda pas plus que ça. Surtout que le sujet évoqué par Lorcan était suffisant pour attirer toute son attention : « Hm, oui effectivement il fait la fierté de notre nom. » Le ton a beau être calme, presque apaisé, l’évocation du sujet de son cousin met toujours Adalia dans un état d’agacement palpable. C’était le manque qui se faisait sentir, le manque et la colère qu’il lui ait été arraché. Elle ne comprenait toujours pas que ses parents aient osé leur faire ça. Et la solitude pesait lourdement sur ses épaules. « Il faut bien que certaines personnes se plient aux demandes de la famille n’est-ce pas ? Le jeu des alliances tout ça, c’est mal vu d’aller à l’encontre des décisions parentales. » Elle laissa échapper les paroles avec une fausse innocente tout à fait surfaite, haussant légèrement les épaules comme si elle parlait de la pluie et du beau temps. Il devait le savoir, connaitre les obligations liées à son sang. Les Tamaharu étaient des personnes respectables du plus loin qu’Adalia les connaissait. Une grande famille à n’en point douter même si Adalia restait des plus perplexe quant au dédain de leur héritier quant aux alliances déjà liées concernant sa petite amie. Mais Luce savait déjà très bien tout le mal que pensait la Blackthorn de ses agissements, il n’y avait aucun doute que le Wright devait être au courant.
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Dim 8 Nov 2020 - 17:47
EXORDIUM.
Lorcan avait essayé, presque en toute bonne foi, de faire glisser la conversation sur des terrains moins escarpés, sur Quartus pas exemple, mais il aurait pu parler de n’importe lequel des Blackthorn, puisqu’il connaissait presque tous les affiliés de la jeune femme, de près ou de loin : il en appréciait beaucoup, se méfiait de certains, d’autres l’indifféraient grandement. C’était le cas d’Adalia, jusqu’à ce que cette dernière s’en prenne avec véhémence à Lucrèce : depuis ce jour, et par pur loyauté, il jetait à la Blackthorn des regards torves, peu engageant. Les ennemies de mes amis sont mes ennemies, version Tamaharu, à la fois vaguement inquiétante et enfantine ? De toutes façons, ils ne fréquentaient pas les mêmes lieux, les mêmes personnes, alors il n’y avait pas grand-chose, en dehors du hasard, pour les faire se croiser. Il hocha la tête distraitement quand elle lui annonça que ledit cousin se portait bien, et qui portait haut les couleurs de sa glorieuse famille. A la bonne heure.
- Cool … J’espère qu’on pourra le croiser dans le coin prochainement, il va en avoir, des trucs à raconter.
Il jeta un regard de biais à la lufkin quand elle souligna le sens du devoir de son cousin, et Lorcan n’aima pas les sous entendus qu’il y trouvait, notamment parce qu’il n’était pas capable de décider si il devait se sentir viser ou non et, surtout, sur quelle base Adalia pourrait se fonder pour le juger ainsi:sur le papier en tout cas, le jeune Tamaharu se révélait irréprochable. Il ne s’était jamais fait gauler pour la moindre de ses excentricités, maintenait, notamment grace à Lucrèce, une moyenne honorable, bien que sans éclat, et il participait à chaque évènement officiel sans faire défaut à la réputation familiale. Bien sur, il sortait avec la De Gray qui était promise à un autre, mais il ne sentait pas franchement le poids d’une culpabilité quelconque sur ses épaules : premièrement, parce qu’il était lui même libre de tout engagement, et pouvait bien faire ce qu’il lui plaisait. Deuxièmement, parce que Delgado n’avait jamais eu le cran de venir lui toucher un mot sur le sujet, ne serait ce que pour leur demander de se faire plus discret. Cette demande de réserve lui était finalement venue de sa petite amie elle-même, inquiète des conséquences sur ses relations avec ses propres parents. Docile, bien que contrarié, Lorcan avait accédé à sa demande, et il était devenu exceptionnel de les croiser ensemble dans l’enceinte de l’université. Ils se retrouvaient chez l’un, chez l’autre, ou dans un lieu discret, souvent en dehors de la ville. Cela lui pesait, bien sur, mais on ne pouvait pas dire qu’il fasse du tort à qui que ce soit, pour le moment. Alors il haussa les épaules avec un petit sourire.
- Ah ça, après c’est sur qu’il est plus facile de suivre des consignes quand elles ont un minimum de sens, n’est ce pas ?
Il parlait de lui surtout, ses parents n’ayant pas été des modèles d’excentricité pour le moment, en dehors de cette Petite histoire de légilimencie. D’ailleurs, Son esprit affleurait aux abords de celui de la lufkin, presque discrètement, et ce qu’il vit le troubla. Des flashs, plutôt des impressions de mal être, de questionnement… Tiens tiens, Adalia cacherait-elle quelques squelettes dans son joli dressing de princesse ?
- T’as l’air bien pensive. T’as un truc qui te chiffonne ?
Non pas qu’il s’imaginait qu’elle le lui dirait, ouvertement, mais la vérité lui passerait forcément par la tête, et il n’aurait plus qu’à la saisir au vol … du moins l’espérait il.
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Lun 9 Nov 2020 - 17:15
L’échange, qui semblait tout à fait poli de l’extérieur restait fortement teinté d’une animosité réelle entre les deux étudiants. Ils en savaient à la fois trop et pas assez, prenaient des directions bien trop différentes pour réellement s’entendre et c’était sans même parler du désaccord lié à Luce qui les plaçait dans des camps totalement opposés. Ainsi, même s’ils faisaient bonne figure, il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer la légère tension qui existait entre les deux sorciers. Si elle n’avait pas été si décidée à obtenir le précieux sésame de la part de la professeure elle aurait pu faire demi tour, cependant, elle préféra prendre son mal en patience, Roseburry ne pourrait pas être introuvable bien longtemps encore.
La question du wright fit hausser un sourcil à l’espagnole qui haussa vaguement les épaules avant de répondre d’une voix égale, ne laissant pas paraître grand chose de ses véritables travers. Elle ne s’attardait pas sur ses émotions, pas face au jeune homme en tous cas, jamais, si cela avait été possible même si le dernier échange avec Luce dans le cimetière, qu’elle aurait voulu oublier et lui faire oublier, prouvait le contraire. « Rien de particulier je me porte comme un charme. » Que le mensonge était aisé à glisser entre les lèvres maquillées de l’espagnole. L’habitude de présenter au monde ce visage lisse et poli, héritière digne de son rang qui se pliait sans mal aux règles édictées pour sa personne. Elle avait appris à garder le masque en toutes circonstances même lorsque son esprit combattait de toutes ses forces l’emprisonnement volontaire de ses libertés. Cependant, sous ses airs paisibles, elle se noyait. L’absence de Quartus, la peine de la mort de Baby toujours pas pansée et l’incompréhension liée son retour parmi eux, les mensonges servis aux parents, les cauchemars, toujours plus violents, toujours plus prenants, les fantômes de son passé, famille biologique qui prenait toute la place mais qui restait inaccessible, la solitude, ses proches arrachés un à un à son soutien, elle perdait pieds. Et les images ne cessaient de revenir par flash dans sa tête, l’Espagne et l’attaque de février, les cauchemars, l’éclair vert qui sortait de la baguette d’Eliott, Evandro qui s’éloignait, les coups de Claudia, la lèvre fendue de Quartus qui s’interpose, la tombe de sa mère : Villanueva, le mot résonne encore et encore dans son esprit un peu trop plein et les sessions dans le lac de plus en plus longue, l’eau qui emplit ses poumons jusqu’à ce que la vision ne soit plus que multiples taches informes, Nicolas, elle s’en approchait un peu plus à chaque fois mais finissait toujours pas remonter, pas plus légère pour autant. « Navrée cependant que la réflexion silencieuse semble être une concept abstrait pour toi j'ai tendance à être un peu avare de paroles je ne souhaitais pas inquiéter. » Le cliché des wright, orgueilleux et bruyants avait la dent dure. Elle semblait retrouver tous les traits des membres de cette maison dans le comportement du Tamaharu, pour ainsi dire il n’aurait pas pu être plus différent du sien. Il fallait croire que le sang ne faisait pas tout sans quoi elle se serait peut-être trouvé plus de points communs avec ce garçon qui était soit disant son cousin. Non pas qu’elle remettait en doute les dires d’Alice, mais l’idée ne lui était pas forcément la plus agréable cependant.
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Lun 23 Nov 2020 - 16:19
EXORDIUM.
Comme la plupart des Blackthorn de sa fratrie un peu tordue, Adalia paraissait si sage, si lisse… jamais un mot au dessus de l’autre, en dehors de quelques pics bien sentis, et cet espèce de détachement, comme si rien ne pouvait les atteindre, imperméable à ce bas monde qui ne méritait qu’à peine qu’ils le foulent de leurs augustes pieds de sangs purs fortunés et bien lotis. Que c’est bon d’être bourgeois, bien élévés dans la soie. d’une certaine manière, Lorcan était bien content de ne pas appartenir à la noblesse du vieux continent. Il était mieux, bien mieux dans la jet set et le monde socialite américain, plus expressif, plus sulfureusx plus … vivant que cette Europe moribonde et consanguine. Pauvre Adalia, si belle, si pleine de charme, et pourtant plus guindée qu’une arrière grand-mère, quel ennui. Elle passa sa vie dans ses bouquins, ou enfermée chez elle, et quand elle tombait sur quelqu’un qui était en mesure de lui faire un brin de conversation… elle préférait s’enfermer dans un bouquin chiant, très chiant, il n’y avait qu’à lire le titre incompréhensible, sur plusieurs lignes. Il ne cacha pas sa circonspection, une moue peinte sur son visage poupin, mais il ne surenchérit pas. Après tout, lui aussi, il était capable de se la jouer taiseux et sombre et mystérieux, si il le décidait …
Il tint peut être bien trois bonnes solides minutes dans un silence relatif, avant de se mettre à s’ennuyer, pour changer, et cette fichue Margot qui ne se pointait toujours pas. Alors parce qu’il s’ennuyait, surtout, Lorcan posa sa tête contre le mur, les bras croisés, et ferma les yeux. Adalia devait probablement penser qu’il était prêt à piquer un somme, en réalité, il s’installait un peu plus confortablement pour pouvoir lancer son esprit en direction de celui de la Blackthorn. Après tout, c’était la Roseburry qui lui avait dit qu’il fallait s’entrainer à la moindre occasion, sur des esprits toujours plus complexes… et il était à peu près sur qu’Ada était du genre bien, bien perturbée et complexe. Lentement, avec un certain soin, l’esprit du Tamaharu se lança en direction de celui de la lufkin. Il avait raison, elle était tourmentée, son esprit comme battu par des vents violents et contraires. Il sentait presque le froid sur sa peau, alors qu’il portait le sweet le plus chaud de sa collection. Au milieu des bourrasques, des mots, des phrases, des images, et puis l’un d’entre eux qui revenait, un nom de famille qu’il connaissait bien, puisqu’en d’autres circonstances, cela aurait été le sien. Pourquoi le répétait elle sans cesse ? Elle utilisait des prénoms qui lui étaient familiers, bien que lointain et …
- … Oh putain de bordel de merde.
Le flot de jurons s’était échappé d’entre ses lèvres alors qu’il manquait de se casser a figure, le talon de sa chaussure ripant sur le sol. Il releva les yeux, grands écarquillés, vers Adalia, abasourdi parce qu’il venait de lire en elle. Mais elle ne pouvait pas savoir ce qu’il venait de voir, après tout, il se débrouillait bien, vraiment bien maintenant. Il se redressa tant bien que mal, pâle comme un linge, alors que son cerveau turbinait à toute allure pour remettre les pièces d'un puzzle surprise en place. Il ne connaissait que des bribes de l'histoire de son propre père, des détails, insignifiants, mais qui à la lumière des pensées de la Blackthorn, prenaient une toute autre ampleur...
- C’est totalement pété ça … non… impossible …
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Lun 23 Nov 2020 - 18:09
Elle avait ce dédain pour autrui qui la poussait à rester en retrait dans les interactions sociales. Ajouté à une incompréhension certaine des émotions humaines et des sentiments qui étreignaient les mortels elle restait bien plus à l’aise plongée dans la solitude qu’au milieu de diverses âmes qui bavardaient trop, bougeaient trop, ressentaient trop. Son éducation aussi, l’avait poussée à la discrétion : une discrétion digne de ceux qui savaient qu’ils valaient mieux que le reste du monde. En tous points, Adalia se montrait aussi calme et effacée que le jeune Tamaharu se montrait énergique et bruyant. Cela ne pouvait ainsi pas fonctionner, surtout que la Blackthorn avait des aprioris aussi solides que le masque qu’elle portait en permanence. Ainsi, une fois les amabilités, relatives, d’usage prononcées, elle avait choisi de reporter son attention sur ses recherches, parcourant les lignes de son ouvrage un air concentré sur le visage, tentant d’oublier la présence du jeune homme en face d’elle. C’était pourtant plutôt difficile car ce dernier, malgré un silence entre eux, ne cessait de s’agiter, comme s’il lui était impossible d’être apaisé, du moins en apparence, ne serait-ce qu’un instant.
Plongée dans sa lecture, elle guetta du coin de l’oeil le moment où Lorcan eut enfin terminé de s’agiter dans tous les sens, offrant un calme qui n’était pas de trop pour lui permettre de se concentrer au mieux sur ce qu’elle tentait de lire. Lger soupir de soulagement, elle se complait dans le silence, même si une sensation étrange l'étreint encore, comme si quelque chose s'agitait dans son propre esprit sans qu’elle ne puisse rien y faire. Serrant légèrement les dents elle tente de ne pas y prêter attention, bien trop habituée à perdre le contrôle tout en restant de glace en apparence. Pourtant, ce n’est pas elle la première qui sort de son silence. Un sursaut de Lorcan la fait bientôt réagir : « Et bien, qu’est-ce qu(il t’arrive Tamaharu ? » Redressant la tête, elle hausse légèrement un sourcil, sortant de sa lecture pour observer le jeune homme retrouver un équilibre alors qu’il avait manqué de tomber quelques instants auparavant : « T’as vu un fantôme ? » Elle se moque doucement, regard qui restait fixé sur la moue du sorcier. Les grands yeux écarquillés lui donnaient une expression étrange, mais cela avait au moins le pouvoir de déclencher la curiosité de la jeune femme. « Tu sais que parler tout seul c’est pas… recommandé, on pourrait croire que tu entends des voix. » Elle roule vaguement des yeux, pas plus taquine que légère dans ses dires avant de rabaisser à nouveau le regard vers son livre. Elle n’était finalement pas plus mal placée pour parler de voix et d’équilibre psychologique. Mais l’ironie était tellement palpable et le déni tellement profondément ancré dans ses manières qu’elle le réfutait d’un geste las de la main à chaque fois que le sujet arrivait sur le tapis. Tout ça depuis l'aveux d'Evandro sur les Villanueva, tout ça depuis l'Espagne et l'attaque sur la tombe de sa mère, elle perdait le contrôle, elle le savait. « Je dis ça comme ça, tu fais bien ce que tu veux. » Finit-elle dans un léger haussement d’épaules alors que son attention est à nouveau reportée sur les écrits.
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Mer 2 Déc 2020 - 14:25
EXORDIUM.
Lorcan était bien conscient que, présentement, il devait avoir l’air d’un parfait abruti aux yeux d’Ada, qui par ailleurs ne cherchait même pas à le camoufler, le dardant d’un regard qu’elle ne devait réserver qu’aux abrutis les plus épais. Ce n’était pas vraiment un fantôme qu’il avait vu, ou plutôt, un ectoplasme si peu tangible qu’il n’avait fait que l’effleurer dans un coin de la conscience de la lufkin, un être sans visage, uniquement avec un prénom, un oncle qu’il n’avait jamais connu, ou pas officiellement, en réalité. Ce type là, qu’il avait vu dans un flash de souvenir brumeux, il avait pensé pendant très, très longtemps qu’il ne s’agissait que d’un collègue de travail éloigné de son père, un anonyme qui ne le captait qu’à peine quand il jouait sur un bout de canapé au fin fond de l’Amérique du Sud, quand ses parents n’avaient pas d’autres choix que de l’embarquer avec eux dans leurs tournées auprès de leurs divers associés. Il était jeune, petit même, il faisait des sourires à tout le monde puis retourner jouer dans un coin, autonome comme le sont toujours les enfants uniques qui n’évoluent que parmi les adultes.
- Des voix ouais… des voix…
Lui aussi continuait de fixer Adalia, sans vraiment la voir en réalité, abasourdi parce qu’il avait cru comprendre de ses pensées, et les conséquences de ces dernières : Adalia Blackthorn, qui, comme tous les enfants de cette famille tordue, avait été adoptée enfant, était en fait une Villanueva ? Comme … Lui, en quelque sorte ? Ses parents lui avaient expliqué quelques années plus tôt pourquoi il portait le nom de sa mère, ce qui n’était en rien une sorte de tradition matriarcale chelou, explication qu’ils servaient à d’autres occasions aux inconnus, à ceux qu’ils ne jugeaient pas dignes de confiance. Son père avait du changer d’identité, peu avant sa naissance, pour des raisons qui ne lui avaient pas été toutes explicitées pour le moment et maintenant… Maintenant ça ? C’était complètement délirant. Adalia et lui ne se ressemblaient même pas, alors qu’ils étaient censés partager le même sang. Etre cousins. Agité de tics nerveux, il détourna le regard, passant sa main sur son visage pour reprendre un peu contenance. Il avait l’air anxieux, mais l’avantage, c’était qu’à peu près tous ceux qui attendaient devant le bureau de Margaret avaient plus ou moins cette tronche là, alors ça ne paraissait pas non plus complètement inapproprié. Il resta immobile un moment encore, digérant encore les informations, qui venaient de lui parvenir comme une gifle en pleine figure. Devait il lui en parler, lui dire quelque chose à ce sujet ? Peut être pas. Après tout, il n’était pas au courant, normalement, et peut être qu’elle non plus ? Peut être avait il mal compris, avec la fatigue, ce ne serait pas impossible non plus … Il devait en savoir plus, juste un peu, pour être sur, avant de se lancer dans la moindre tentative d’approche. Alors il relança son esprit vers celui d’Adalia, comme on lance une ligne dans un lac aux profondeurs quasi insondables. Fixant un point devant lui, il essaya de se frayer un chemin parmi des idées éparses, des pensées fugaces, un esprit à la fois froidement compartimenté et chaotique par endroit. Troublante psyché que celle de la Blackthorn, alors qu’il caressait du bout de ce qui aurait pu être ses doigts, métaphoriquement, la tombe de la mère d’Adalia. Il avait un souvenir similaire dans son propre esprit, il était plus jeune, il n’avait pas compris ce qu’il foutait là, devant cette tombe inconnue, au lieu d’être au zoo ou ailleurs. La superposition des deux images fit claquer comme un élastique mental sous le crâne du Tamaharu, une sorte de pincement vif qui intervenait parfois quand il allait trop loin, trop profond, dans l’esprit de quelqu’un. On lui avait dit que ce n’était déjà pas bien agréable pour le légilimens, mais que cela pouvait être carrément douloureux pour la personne sondée, comme une aiguille que l’on plantait sous le crâne, reconnaissable entre mille. Oups ...
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Lun 7 Déc 2020 - 14:30
Les pensées d’Adalia se font lointaines, l’ennui peine à la garder concentrée sur son livre, même si elle tourne les pages, fait mine de comprendre le langage, y’a l’esprit qui s’enfuit, qui se glisse loin d’ici. C’est les derniers mois qui filent sous son crâne, comme un mauvais film où jamais on voit la lumière. C’est la fuite, la peur, l’angoisse, la folie, les crises, c’est le manque, c’est les coups, c’est tout ce qu’elle enferme, tout ce qu’elle déteste. C’est tout ce qui s’éloigne du chemin imposé, tout ce qui fait honte à son nom, tout ce qui la blesse, la ramène plus bas que terre. Un soupir, elle revient à la raison, les embruns de l’océan agité qui la reposent sans aucune tendresse sur les pavés d’Inverness. Regard qui se reporte sur Lorcan, ce visage qui laisse tout paraitre, du moins le croit-elle, agité de soubresauts tragiques, de moues énigmatiques. « Faut pas te mettre dans un état pareil, elle va arriver Roseburry. » Glisse-t’elle, tout sauf bienveillante, réassurance qui sonnait plus comme une moquerie de son anxiété palpable que comme une réelle preuve de bonne foi. Elle comprend pas qu’il s’agite, elle comprend pas qu’il s’agace, ses mouvements la fatiguent, gamin remuant. Elle hésite presque à repartir, à s’extraire de cette ambiance pesante, s’arracher à cette observation lassante. Envoyer un hibou à l’enseignante, prendre rendez vous un jour où elle serait sûre de la trouver. Arrêter de perdre son temps. Mais pour faire quoi ? Continuer à lire toujours les mêmes lignes ? Se retrouver seule face à ses démons ? Enfermée dans son appartement dans le noir de ses cauchemars ?
Elle tente de faire mine de rien, mais elle sent à nouveau ce voile sur ses pensées, comme si elles lui étaient arrachées, volées ? Elle serre les mâchoires, elle connait trop la sensation de plus les contrôler, marre de mensonges mouvants, sables étouffants. Et y’a soudain la gêne qui se fait plus forte, une douleur qui vrille son crâne, de celles qu’on oublie pas, de celle qu’on reconnait. Elle y met un mot cette fois, y’a cet enfoiré qui s’immisce dans sa tête, qui fouille dans ses pensées. Et si elle pourrait s’attarder, repenser à tous ces instants où elle avait subit ça sans comprendre, elle ne s’en laisse guère le temps, pas une seconde de plus sous le couvert de ses manigances. « What the… » Les yeux qui s’écarquillent, le visage qui se pare de la colère incendiaire. Y’a sa main qui agrippe instinctivement sa baguette, confiance qu’elle avait gagné en cette arme qui lui faisait laisser de côté la lame qui pesait dans le bas de son dos, et le livre qui chute dans un bruit sourd sur le sol, les mots qui se répandent comme les maux sont libérés de leur carcan. « Don’t you dare » Grogne-t’elle en parcourant d’un pas empressé les quelques mètres qui la séparaient du wright pour venir pointer sa baguette sous le menton du gamin, rage au ventre, poupée dérangée. Y’a l’air qui se fait électrique, le couloir qui reste vide d’âme et le palpitant de l’espagnole qui cogne toujours plus fort dans ses tympans, colère sourde, venimeuse. Visage à quelques centimètres du sien, y’a plus rien de beau, y’a plus rien de lisse, y’a les yeux qui hurlent à la trahison, à l’attaque lâche, pour qui il se prenait ? « Arrête ça ! Arrête ça de suite ! Sors de ma tête ! » Y’a plus de décence, y’a plus de limites, elle se fout de sa prestance Adalia, se fout de la présence d’un autre, aveuglée, agitée. Elle bouillonne, elle enrage de se laisser avoir et plus, elle a son esprit qui hurle : Qu’est-ce qu’il a vu ? Qu’est-ce qu’il sait ? Baguette presque tremblante, la haine qui la déchire.
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Mer 16 Déc 2020 - 13:07
EXORDIUM.
Qu’est ce qu’il avait bien pu foirer pour se retrouver dans une position aussi inconfortable ? Il s’était pourtant entraîné par des mois et des mois, avait gagné en discrétion et en précision dans ses exploitations mentales, et à présent, évoluait dans les méandres de la pensée humaine avec une quasi aisance qui le distinguait des débutants. Seulement voilà, comme souvent, Lorcan avait péché par orgueil, ou peut être alors par empressement. A sa défense, et il le comprendrait probablement plus tard, l’esprit de la Blackthorn était une structure à la fois complexe, mais aussi tordue, déformée par des années entières d’abus et de conditionnement. Il n’y avait pas besoin d’avoir faire psycho-médicomagie pour comprendre que la jeune femme en face de lui était le fruit et l’agglomérat de nombreux traumatismes, refoulés ou non. C’était d’ailleurs à cause de cela qu’il avait glissé, dérapé dans son inconscient jusqu’à la douleur, vive, la révélation brutale. Il s’était retiré de l’esprit d’Adalia comme on ôte la main du feu quand une flammiche vous mord soudainement la paume : il avait grimacé, sa propre sanité bousculée par l’intensité de la Blackthorn, qui lui sautait à présent dessus, toutes griffes et crocs dehors, la baguette pointée contre sa carotide comme elle aurait pu le faire avec une arme blanche. Pas sur qu’il préfère l’un à l’autre, d’ailleurs.
- Mollo Ada, Mollo, j’y suis plus, j’suis parti, c’est bon, lâche moi !
Il avait grogné, de cette nouvelle voix rauque qu’il empruntait parfois aux hommes plus vieux que lui. Il dépassa son aînée d’une bonne douzaine de centimètres, peut être plus, mais n’avait pas osé encore la repousser physiquement, malgré le rapport de force largement à son avantage : il ignorait les talents guerriers et offensifs de la Blackthorn, s’en méfiait donc plus que de raison, par défaut. Les Blackthorn n’étaient pas des enfants de choeur, Lys lui avait déjà compté quelques unes des exactions de son « cher et tendre », et Adalia, si elle n’était pas faite du même bois, était passée entre les mains des mêmes artisans, et il n’avait pas spécialement envie de tenter le diable. Pas plus que ce qu’il ne l’avait déjà fait en tout cas.
- Putain ça va, hey ça va ! Je pensais pas … Je voulais pas … Tu pensais hyper fort, t’étais bizarre, j’ai cru que …
Non, les mensonges ne venaient pas, Lorcan était bon comédien, mais un terrible menteur, il était incapable de partir de rien. Il n’avait pas l’imagination pour, il était bien trop spontané, dans ses pensées, dans ses actes. Il avait levé les mains, comme si le maléfice venait du bout de ses doigts, les écartant pour prouver son innoncence illusoire. Il s’était risqué un regard vers le visage déformé par la rage de la jeune femme : elle n’était pas seulement en colère, elle avait l’air hors d’elle, prête à le mordre, à le réduire en charpie. Discrète Ada, Froide et distante Ada, transformé en incendie, le rouge lui montant aux yeux et aux joues, et pourtant il était incapable de la fermer, pour changer.
- Alors tu savais ? T’étais au courant qu’on … Qu’on était d’la même famille, et tu m’as putain de rien dit ?
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Lun 4 Jan 2021 - 10:32
Elle avait mis quelques instants à comprendre ce qu’il se passait. A comprendre l’intrusion dans son esprit et à en trouver l’auteur, tranquillement appuyé contre le mur en face d’elle. Pour autant, elle n’avait pas mis longtemps à se jeter sur lui, rageuse, mise hors d’elle par cette atteinte à son intimité et à sa vie privée. Aussi, cette sensation faisait beaucoup trop écho à ce qu’elle ressentait parfois au manoir la poussant à se retrouver face à des souvenirs bien trop proches de secrets avoués sans même le savoir à ses parents. Malheureusement pour lui, Lorcan faisait les frais de ce mélange de ressentiment et de colère que l’espagnole gardait enfermé en elle habituellement. Tic tac tic tac, trop tard, la bombe explose. « Tu pensais donc que t’allais t’introduire dans ma tête sans que je le remarque ? T’es rien d’autre qu’un putain d’abruti ! » Qu’elle grogne dans une voix assourdie pour ne pas attirer l’attention sur eux, sans pour autant s’éloigner du wright. Elle a toujours sa baguette pointée sur le visage du jeune homme, des éclairs de magie incontrôlés qui oscillaient entre le bout de ses doigts et la pointe de son arme, crépitante de quelques étincelles n’attendant que d’être libérées. Elle avait plus l’habitude de se fendre de violence, préférant de loin cette colère froide, ce dédain glaçant, l’ignorance parfois violente de ceux qu’elle « T’es pas vraiment dans la position de me faire quelconque reproche Tamaharu ! » Le nom qui réfute toute affiliation, qui prétend qu’ils n’ont rien en commun, rien à voir l’un avec l’autre. C’est cette vérité qu’elle avait souvent cherché à oublier, à refuser mais qui ce jour-là éclatait en plein jour. Et lui qui connaissait l'existence des Villanueva, qu’est-ce qu'il savait d'autre ? Plus important encore, qu’avait-il vu d'autre au fond de sa tête ? Rien qu’à y penser, Adalia se revoyait enivrée par ses démons, par cette angoisse latente d’être prise en défaut.
Derrière elle, elle entend des pas qui s’approchent, mais elle n’en a pas terminé avec le wright, elle veut savoir, elle a besoin de savoir même si elle se voit incapable de lui faire oublier. Peut-être est-elle au moins capable de le pousser à garder pour lui ce qu’il a vu. Un geste de baguette, la porte derrière eux qui s’ouvre, cède, elle pousse le sorcier en arrière à l’intérieur de la salle de classe vide : « I swear I’m going to kill you ! » Elle tremble de rage l’espagnole, l'esprit totalement vrillé à l'idée qu'il ait découvert autre chose. Des choses qui ne le concernaient pas, des choses qu’elle gardait encore plus férocement que cette affiliation qu’ils partageaient. Les maux des Blackthorn, Baby, l’Espagne et les inquiétudes liées à cette attaque, les voix, les hallucinations, Nicolas, sa tombe, son meurtre, les mensonges, les secrets, le masque toujours, le gouffre, profond. Elle ne lui faisait aucune confiance, et elle venait d’obtenir la preuve qu’elle n’avait pas tord de le considérer comme un nuisible. Un geste de baguette, la colère qui emporte sur ses doutes en sa magie, « Qu’est-ce que t’as vu ? » Nouveau mouvement de baguette, un diffindo qui jaillit, vient entailler la peau du jeune homme, ligne fine et bientôt sanguinolente, plus de peur que de mal, juste l’inquiéter suffisamment, comme si elle avait encore les pensées suffisamment claires pour se rendre compte de ce qu’elle faisait : « Qu’est-ce que t’as vu d’autre ?! »
@Lorcan Tamaharu
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Re: You're not in a mood ? Good, me neither ~Lorcadalia
Jeu 7 Jan 2021 - 18:10
EXORDIUM.
Elle était remontée, Ada, Lorcan ne l’avait jamais vu dans un tel état et, franchement, en vrai, il s’en serait bien passé. Il était plaqué contre le mur, le bout de la baguette de la Blackthorn lui appuyant dangereusement sur la carotide, position fort désagréable s’il en était, d’autant que son regard était au moins aussi inquiétant que les mots qu’elle lui crachait sans qu’il sache vraiment s’il était censé lui répondre ou juste, juste, fermer sa gueule. (d’autres ne se seraient même pas posé la question, mais enfin …). Malgré tout, Lorcan avait cette désagréable impression qu’il ne s’agissait pas vraiment de lui, en réalité : la sorcière était particulièrement agitée, un peu trop au regard de l’importance, au final relative, de l’information lacunaire qu’il était allé pécher dans son cerveau (dérangé). Pourquoi était elle aussi en colère ? Pourquoi s’inquiétait-elle autant de ce qu’il aurait pu avoir vu et entendu ? Cela ne voulait dire qu’une seule chose, Adalia cachait des choses, des choses plus choquantes encore qu’une parenté dissimulée.
- T’es complètement givrée Adalia, respire, genre, avec ton nez puis tes poumons, c’est comme ça que les êtres humains font, t’as l’air d’un putain de robot moldu de film, genre, terminator en gonzesse.
Il parlait vite, très vite, très très vite, surtout parce qu’il était nerveux et qu’il ne savait pas vraiment quoi faire pour calmer la jeune femme : Bien sur, il aurait pu tenter de la désarmer par la force pure, elle n’était pas bien grande et costaud, Ada, mais il avait une réticence viscérale à bousculer physiquement une fille (ça te fait une belle jambe, tiens, Tamaharu).
- Alors, me tuer dans le couloir de la fac juste devant la porte de ma marraine, ce serait pas ton coup le plus stratégique, on va pas se mentir…
Il avait soufflé ça d’une voix un peu rauque, mais sans goguenardise, l’air presque affolé, même s’il tâcha de se tenir le plus stoïque possible. Il était tenté de retourner dans la tête de la sorcière, aller chercher ce qu’elle craignait tant, la faire chanter, lui montrer que ce n’était pas elle qui décidait mais … Mais. Lorcan n’était pas un légilimens de génie, catastrophique sous la pression, et encore sur le cul de sa découverte récente. Adalia était sa cousine, sa cousine germaine en plus, la fille de sa tante disparue des années auparavant… Et personne n’avait eu ne serait ce que l’idée de le mettre au parfum… Il ouvrit la bouche pour tenter une parole pacifique, trop tard, la lacération lui provoqua un glapissement plus outré que vraiment douloureux, et la chaleur douceâtre du sang qui perle et coule du bas de sa joue le long de sa mâchoire. Parce qu’elle avait outrepassé les limites, Lorcan fronça les sourcils, et dans un geste sec, saisit les poignets d’Ada de ses mains. Larges, puissantes, chaudes aussi, et il serra. Il ne voulait pas lui faire mal, mais il fallait qu’elle écarte sa baguette de son visage avant de virer complètement tarée: il était inconscient, mais pas suicidaire.
- J’ai.Rien.Vu.D’autre, Adalia. J’ai suivi un flot de pensées diffus, j’ai pas fait gaffe, c’est des choses qui arrivent et ça m’a emmené spontanément à un truc qui me concernait, c’est tout. J’ai pas … Je voulais pas te mettre dans un état pareil, mais il faut que tu te calmes, tu vas t’attirer des ennuis…
Avec lui, mais aussi ces gens qui risquaient de passer dans le couloir, d’entendre ses vociférations. Douce Ada, Calme Ada, Discrète Ada, quelle genre de folie as tu caché aux yeux de tous ? N’est ce pas toi, à présent, qui en dévoiles trop ?
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