- InvitéInvité
Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Lun 23 Nov 2020 - 10:01
Et ça, c'est quoi ?
Dhan & Héma & Ambrosius
Dhan dénoua le nœud complexe de son écharpe en passant le pas de la porte vitrifiée, et ce mouvement suffit à Héma pour s’échapper de la poigne douce de son père et s’enfuir aux travers des étagères. La petite fille, qui venait de fêter ses quatre ans, se faufilait avec l’agilité d’une souris brune dopée au sucre. D’ordinaire, le père Chaffinch ne venait pas à l’apothicairerie avec sa bruyante et attendrissante progéniture. D’abord parce qu’en tant que fils d’apothicaire lui même, il se retournait assez volontiers vers ses propres parents pour récupérer les produits dont il avait le plus besoin, ensuite parce que dans l’hypothèse où il n’avait pas le temps de passer par Londres, il passait seul, pour le simple plaisir de passer du temps en solitaires entre les étals, ne dérangeant même pas le maître des lieux avec un bavardage superfétatoire. La boutique ne payait pas de mine, c’était le moins que l’on puisse dire, mais il ne s’en émouvait pas outre mesure, balayant l’endroit du regard, observant les allers et venus de la petite fille qui, les mains sagement dans les poches, se hissait de temps en temps sur la pointe des pieds pour observer le contenu de l’un ou l’autre des pots, à travers le verre transparent.
C’est qu’elle était curieuse, Hémanti, Héma, pour les intimes, et pour la plupart des gens, en réalité. Du haut de son petit mètre, l’enfant emmitouflée dans sa parka bleu clair, achetée quelques semaines plus tôt après qu’elle eut constaté qu’elle ne rentrait plus dans celle, orange, de l’année dernière, naviguait dans les travées étroites en chantonnant les paroles insensées d’une mélodie qui ne raisonnait que dans sa tête.
- Et le petit chat, et le petit rat,
Couraient couraient couraient
dans les bois
Et le petit chat et le petit rat,
jamais jamais jamais
on les rattrapa
Elle essayait de siffler, mettant sa langue contre ses lèvres, comme son père, en vain, parce que la technique, c’était pas encore ça. Elle s’immobilisa devant un bocal où scintillait un liquide mordoré, poussant des « ooooh » et des « aaaaah » extatiques, bien trop enjoués d’ailleurs par rapport à la réalité de sa découverte, mais que voulez vous, elle était du genre enthousiaste. De son coté, Dhan avait fini de dénouer son écharpe, qui pendant en longs lais de par et d’autres de son cou, et s’avançait vers le comptoir, où il comptait bien voir la mine renfrognée du mire qui, à n’en pas douter, ne serait pas fou de joie de voir ce charmant petit gnome dans sa silencieuse boutique.
-Bonjour Ambrosius. Comment allez-vous ?
!
Les salutations et banalités de principe, de circonstances, mais elles avaient toujours l’air sincère, dans la bouche du grand sorcier. Il s’intéressait toujours cordialement à la réponse de son interlocuteur, répondait de la même manière, avant de venir rapidement au fait. Derrière lui, résonnait toujours la petite mélopée joyeuse, flûtée, de l’enfant qui s’était assise sur le sol, devant son bocal à liquide dorée, sa ritournelle de quelques vers en boucles dans la bouche, variant les rythmes et les intonations pour le plus grand plaisir de son auditoire… en tout cas l’espérait elle.
C’est qu’elle était curieuse, Hémanti, Héma, pour les intimes, et pour la plupart des gens, en réalité. Du haut de son petit mètre, l’enfant emmitouflée dans sa parka bleu clair, achetée quelques semaines plus tôt après qu’elle eut constaté qu’elle ne rentrait plus dans celle, orange, de l’année dernière, naviguait dans les travées étroites en chantonnant les paroles insensées d’une mélodie qui ne raisonnait que dans sa tête.
- Et le petit chat, et le petit rat,
Couraient couraient couraient
dans les bois
Et le petit chat et le petit rat,
jamais jamais jamais
on les rattrapa
Elle essayait de siffler, mettant sa langue contre ses lèvres, comme son père, en vain, parce que la technique, c’était pas encore ça. Elle s’immobilisa devant un bocal où scintillait un liquide mordoré, poussant des « ooooh » et des « aaaaah » extatiques, bien trop enjoués d’ailleurs par rapport à la réalité de sa découverte, mais que voulez vous, elle était du genre enthousiaste. De son coté, Dhan avait fini de dénouer son écharpe, qui pendant en longs lais de par et d’autres de son cou, et s’avançait vers le comptoir, où il comptait bien voir la mine renfrognée du mire qui, à n’en pas douter, ne serait pas fou de joie de voir ce charmant petit gnome dans sa silencieuse boutique.
-Bonjour Ambrosius. Comment allez-vous ?
!
Les salutations et banalités de principe, de circonstances, mais elles avaient toujours l’air sincère, dans la bouche du grand sorcier. Il s’intéressait toujours cordialement à la réponse de son interlocuteur, répondait de la même manière, avant de venir rapidement au fait. Derrière lui, résonnait toujours la petite mélopée joyeuse, flûtée, de l’enfant qui s’était assise sur le sol, devant son bocal à liquide dorée, sa ritournelle de quelques vers en boucles dans la bouche, variant les rythmes et les intonations pour le plus grand plaisir de son auditoire… en tout cas l’espérait elle.
Made by Neon Demon
Re: Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Lun 30 Nov 2020 - 22:53
Trois bouquets de henopodium bonus-henricus attachés à sa ceinture et une bourse remplie d'urtica urens frais à la main, le septuagénaire que l'on connaissait sous le nom d'Ambrosius Redgrave dans cette ville d'Inverness poussa la porte menant de son jardin à l'arrière-boutique. La vieille porte de bois grinça comme les genoux d'une vieille sorcière dont les belles années étaient à présent bien loin derrière. Il aurait pu huiler les gonds, se disait-il chaque fois, mais le son désagréable lui plaisait bien.
Avec l'arrivée des premières gelées, l'apothicaire profitait d'une probable dernière récolte sauvage. Il allait bientôt devoir retraiter complètement dans sa petite serre, pour compléter ses réserves. Pour le reste, pas le choix, il devrait se fier à ses approvisionnements externes, parfois directement depuis l'Allée des Embrumes et du Chemin de traverse, parfois grâce à des commis voyageurs. Les dépenses augmenteraient, les prix en boutique aussi.
À son horaire pour les prochaines heures : du calme, de la concentration et beaucoup, beaucoup de mesures. Il y avait de nombreuses commandes à préparer et des herbes prêtes à être broyées. C'était toujours une activité relaxante pour Ambrosius que de déchiqueter des feuilles puis de les réduire en miettes. Hélas, il semblait qu'on allait le priver de tranquillité et faire dérailler son agenda. À peine une vingtaine de minutes après avoir commencé sa besogne, de l'air frais s'engouffra dans la boutique. L'absence de sonnette tinta vivement dans les oreilles de l'apothicaire quand la porte d'entrée s'ouvrit, laissant entrer un client.
De mauvaise grâce, l'homme prit les lunettes déposée devant lui pour les glisser sur son nez en clignant des yeux, tiré du doux brouillard de ses gestes répétitifs. Le pilon roula dans le mortier lorsqu'Ambrosius le lâcha et se leva. En quelques pas, il fut au rideau qui séparait sa vie privée de sa vie de commerçant. Une voix fluette lui fit froncer les sourcils, qui se rejoignirent au milieu de son visage. En écartant le rideau, il vit tout de suite le secrétaire de l'université, mais ce n'est qu'en arrivant au comptoir et en baissant les yeux qu'il vit la source de l'agitation inopportune.
« J'allais merveilleusement bien avant qu'un petit chat (rat, pensa-t-il par devers lui) vienne troubler la quiétude de mon ouvrage », grincha l'apothicaire, en ne quittant pas la gamine du regard, par peur de la voir saisir un bocal. Quoique si elle s'avisait de mettre un seul doigt sur le plumage de l'oie près de la vitrine, elle en serait sûrement quitte pour ressortir de la boutique avec un appendice en moins. L'homme reporta son attention sur le client et lissa peu à peu les rides qui lui plissaient le front et le tour des yeux. Autant s'essayer à offrir un visage avenant à Dhan Chaffinch, il lui arrivait de se montrer excellent client.
« Que puis-je pour vous aujourd'hui? Satisfait de votre bave d'arion hortensis? »
Avec l'arrivée des premières gelées, l'apothicaire profitait d'une probable dernière récolte sauvage. Il allait bientôt devoir retraiter complètement dans sa petite serre, pour compléter ses réserves. Pour le reste, pas le choix, il devrait se fier à ses approvisionnements externes, parfois directement depuis l'Allée des Embrumes et du Chemin de traverse, parfois grâce à des commis voyageurs. Les dépenses augmenteraient, les prix en boutique aussi.
À son horaire pour les prochaines heures : du calme, de la concentration et beaucoup, beaucoup de mesures. Il y avait de nombreuses commandes à préparer et des herbes prêtes à être broyées. C'était toujours une activité relaxante pour Ambrosius que de déchiqueter des feuilles puis de les réduire en miettes. Hélas, il semblait qu'on allait le priver de tranquillité et faire dérailler son agenda. À peine une vingtaine de minutes après avoir commencé sa besogne, de l'air frais s'engouffra dans la boutique. L'absence de sonnette tinta vivement dans les oreilles de l'apothicaire quand la porte d'entrée s'ouvrit, laissant entrer un client.
De mauvaise grâce, l'homme prit les lunettes déposée devant lui pour les glisser sur son nez en clignant des yeux, tiré du doux brouillard de ses gestes répétitifs. Le pilon roula dans le mortier lorsqu'Ambrosius le lâcha et se leva. En quelques pas, il fut au rideau qui séparait sa vie privée de sa vie de commerçant. Une voix fluette lui fit froncer les sourcils, qui se rejoignirent au milieu de son visage. En écartant le rideau, il vit tout de suite le secrétaire de l'université, mais ce n'est qu'en arrivant au comptoir et en baissant les yeux qu'il vit la source de l'agitation inopportune.
« J'allais merveilleusement bien avant qu'un petit chat (rat, pensa-t-il par devers lui) vienne troubler la quiétude de mon ouvrage », grincha l'apothicaire, en ne quittant pas la gamine du regard, par peur de la voir saisir un bocal. Quoique si elle s'avisait de mettre un seul doigt sur le plumage de l'oie près de la vitrine, elle en serait sûrement quitte pour ressortir de la boutique avec un appendice en moins. L'homme reporta son attention sur le client et lissa peu à peu les rides qui lui plissaient le front et le tour des yeux. Autant s'essayer à offrir un visage avenant à Dhan Chaffinch, il lui arrivait de se montrer excellent client.
« Que puis-je pour vous aujourd'hui? Satisfait de votre bave d'arion hortensis? »
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Re: Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Dim 6 Déc 2020 - 13:21
Et ça, c'est quoi ?
Dhan & Héma & Ambrosius
Dhan ne formalisa pas outre mesure du regard peu amène de l’apothicaire sur sa progéniture : L’homme portait son amour de la solitude et du calme à même le corps, en pelure le couvrant du blanc crâne au bout des chaussures, alors il se doutait bien que la présence d’Héma ne serait pas plus bienvenue que celle d’une colonie de punaises de lit dans sa couche. Bah, l’avantage des enfants, c’est qu’ils partent quand les parents s’en vont, contrairement aux puces. L’hybride de commerçant et d’ermite pourrait bien faire contre mauvaise fortune bon coeur. Kinda. D’autant qu’Héma n’était franchement pas du genre à se laisser démonter face à une mine revêche.
- Merveilleusement, ni plus ni moins, quelle chance. Gageons que votre quiétude ne soit pas définitivement troublée pour si peu, je suis sûr que vous êtes bien plus endurant que ça. Héma, qu’est ce que l’on fait, dans les magasins ?
La petite brune leva un regard luisant de malice enfantine vers les deux adultes, avec sur la face un sourire effectivement félin, qui faisait fondre les malheureux qui était sensible à la grâce enfantine, récitant d’une voix flûtée.
- On touche avec les yeux !
Le sorcier acquiesça avec un demi sourire avant de se reconcentrer sur son aîné, son regard sombre dans celui de ce dernier derrière le comptoir :
- Très, cela faisait longtemps que je n’en avais pas eu d’aussi bonne qualité, et pourtant, on pourrait s’imaginer qu’avec toutes celles qui prolifèrent dans les jardins, ce ne serait pas compliqué à trouver… Je venais pour deux choses, premièrement, des bocaux, pour ma compagne : elle étudie notamment le venin de serpents, et elle aurait besoin de fioles et de bouteilles en cristal particulièrement pur, pour éviter que le contact du contenant ne vienne corrompre la solution du fait de sa porosité. Elle a essayé plusieurs matières, de la terre au verre en passant par divers métaux, mais le cristal reste celle qui lui convient le mieux… Mais la rareté à un prix, j’imagine.
Il se caressait la barbe en déclinant sa demande, avant de poursuivre
- Ensuite, ce n’est pas une demande, mais une offrande. La potion de soin qui a été composée le mois dernier avec vos produits est partie directement à Londres chez mes parents, dont je vous ai déjà parlé, puisqu’ils sont vos confrères. Elle a fait le meilleur effet sur les rhumatismes d’un bon ami de la famille, et ils vous en sont largement reconnaissant, alors …
Il sortit sans effet de manche de sa besace un petit bocal contenant des larges copeaux de bois presque orange, aux variations passant du miel à l’acajou par endroit. Le couvercle ôté, le tout exhalait d’effluves fortes, marquées et, bien sur, reconnaissables entre toutes à un nez averti
- Il s’agit de bois de santal qui vient directement de l’île de Sumba, en Indonésie, la dernière escale de ma mère sur l’archipel. Rien à voir avec du palo santo américain, celui-ci vient d’un arbre séculaire qui a été traité avec le plus grand des soins, avec un technique qui permet d’extraire des morceaux de bois sans avoir à couper l’arbre, une pratique ancestrale qui a été oubliée des moldus au profit de méthodes plus conformes aux attentes capitalistiques… En un mot comme en cent, c’est pour vous, avec leurs meilleures salutations confraternelles.
Dans son dos,Héma observait une étagère où l’alignaient les morceaux d’animaux séchés et autres plumes et becs désolidarisés du corps de la bestiole originelle, pas perturbée pour deux sous. Elle avait très, très envie d’empoigner cette adorable patte de lapin, de toucher si elle était douce, mais pour l’instant, arrivait à se contenir. Après tout, elle n’était là que depuis cinq petites minutes. Mais chantonnait toujours , quand même.
- Merveilleusement, ni plus ni moins, quelle chance. Gageons que votre quiétude ne soit pas définitivement troublée pour si peu, je suis sûr que vous êtes bien plus endurant que ça. Héma, qu’est ce que l’on fait, dans les magasins ?
La petite brune leva un regard luisant de malice enfantine vers les deux adultes, avec sur la face un sourire effectivement félin, qui faisait fondre les malheureux qui était sensible à la grâce enfantine, récitant d’une voix flûtée.
- On touche avec les yeux !
Le sorcier acquiesça avec un demi sourire avant de se reconcentrer sur son aîné, son regard sombre dans celui de ce dernier derrière le comptoir :
- Très, cela faisait longtemps que je n’en avais pas eu d’aussi bonne qualité, et pourtant, on pourrait s’imaginer qu’avec toutes celles qui prolifèrent dans les jardins, ce ne serait pas compliqué à trouver… Je venais pour deux choses, premièrement, des bocaux, pour ma compagne : elle étudie notamment le venin de serpents, et elle aurait besoin de fioles et de bouteilles en cristal particulièrement pur, pour éviter que le contact du contenant ne vienne corrompre la solution du fait de sa porosité. Elle a essayé plusieurs matières, de la terre au verre en passant par divers métaux, mais le cristal reste celle qui lui convient le mieux… Mais la rareté à un prix, j’imagine.
Il se caressait la barbe en déclinant sa demande, avant de poursuivre
- Ensuite, ce n’est pas une demande, mais une offrande. La potion de soin qui a été composée le mois dernier avec vos produits est partie directement à Londres chez mes parents, dont je vous ai déjà parlé, puisqu’ils sont vos confrères. Elle a fait le meilleur effet sur les rhumatismes d’un bon ami de la famille, et ils vous en sont largement reconnaissant, alors …
Il sortit sans effet de manche de sa besace un petit bocal contenant des larges copeaux de bois presque orange, aux variations passant du miel à l’acajou par endroit. Le couvercle ôté, le tout exhalait d’effluves fortes, marquées et, bien sur, reconnaissables entre toutes à un nez averti
- Il s’agit de bois de santal qui vient directement de l’île de Sumba, en Indonésie, la dernière escale de ma mère sur l’archipel. Rien à voir avec du palo santo américain, celui-ci vient d’un arbre séculaire qui a été traité avec le plus grand des soins, avec un technique qui permet d’extraire des morceaux de bois sans avoir à couper l’arbre, une pratique ancestrale qui a été oubliée des moldus au profit de méthodes plus conformes aux attentes capitalistiques… En un mot comme en cent, c’est pour vous, avec leurs meilleures salutations confraternelles.
Dans son dos,Héma observait une étagère où l’alignaient les morceaux d’animaux séchés et autres plumes et becs désolidarisés du corps de la bestiole originelle, pas perturbée pour deux sous. Elle avait très, très envie d’empoigner cette adorable patte de lapin, de toucher si elle était douce, mais pour l’instant, arrivait à se contenir. Après tout, elle n’était là que depuis cinq petites minutes. Mais chantonnait toujours , quand même.
Made by Neon Demon
Re: Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Dim 27 Déc 2020 - 4:01
L'échange charmant entre le père et sa fillette en aurait ému plus d'un. En tant qu'être appartenant à l'espèce homo sapiens sapiens, Redgrave était lui-même pourvu d'un coeur que certaines émotions parvenaient à faire battre plus rapidement, mais l'attendrissement n'en était pas une. Il fut à peine rassuré par la réponse de la gamine et, tout en reportant son attention sur le client, garda tout de même un oeil sur le bambin, d'un coup qu'il lui prenne l'envie de vraiment toucher quelque chose avec les yeux.
« Intéressant sujet d'étude », commenta le marchand en haussant l'un de ses sourcils expressifs. Et il ne mentait pas, cette fois. Les venins de serpent recelaient une foule de caractéristiques inestimables dans une apothicairerie. Bien qu'étudiés depuis des siècles, ils pouvaient encore se révéler surprenants. Lui-même s'intéressait au sujet depuis de nombreuses années.
Il était également intéressant que le secrétaire de l'université ait choisi de s'adresser à l'apothicaire plutôt qu'au mercier de la rue d'à côté. Sa réputation commençait à s'établir, se félicita Redgrave en souriant à demi. « Bien sûr. J'ai d'excellentes fioles de cristal en réserve pour mes meilleures philtres et antidotes. »
Chaffinch n'avait pas terminé et enchaînait déjà sur une autre demande. Très bien, très bien, les affaires seraient donc bonnes ce jour-là... Mais la suite prit une tournure inattendue, encore plus intéressante. Cette fois, signe indéniable que Dhan avait toute l'attention d'Ambrosius, l'apothicaire se pencha sur le comptoir pour mieux regarder ce qui venait d'y être déposé. Le vieil homme se pencha même jusqu'à mettre ses yeux à haute du pot.
Les effluves caressèrent délicatement ses narines. « Voilà des années que je n'ai pas senti ce parfum. » Des yeux, il demanda la permission de prendre le bocal, et quand il le fit, ce fut avec beaucoup de délicatesse. Il se redressa et leva le contenant à sa hauteur, pour mieux en examiner le contenu. Une offrande? Pas un troc? Encore plus intéressant, se dit le marchand, sans rien en laisser paraître. Ses yeux ne quittèrent pas le bois de santal quand il répondit à son client.
« Rien que le parfum et la couleur chatoyante laissent voir la qualité du bois. J'ai des clients qui pourront certainement en bénéficier pour soulager leurs maux. Puis-je demander à quelle adresse leur envoyer mes remerciements? Je leur suis très reconnaissant.» De toute évidence, il s'agissait de contacts précieux avec lesquels il serait bon d'établir une relation d'affaire plus approfondie... Il soupesa le bocal un bref instant, puis le plaça sous son comptoir, dans une armoire dont il referma la porte du pied.
« Cela vaut bien deux de mes meilleures fioles. Votre compagne a besoin de combien de bouteilles? »
Sorti de son champ de vision et de son esprit, la fillette n'était plus objet de préoccupation. Sa chansonnette, tout au plus, formait une trame sonore agaçante. Près de la vitrine, une oie empaillée entrouvrit un oeil, dérangée dans son sommeil.
« Intéressant sujet d'étude », commenta le marchand en haussant l'un de ses sourcils expressifs. Et il ne mentait pas, cette fois. Les venins de serpent recelaient une foule de caractéristiques inestimables dans une apothicairerie. Bien qu'étudiés depuis des siècles, ils pouvaient encore se révéler surprenants. Lui-même s'intéressait au sujet depuis de nombreuses années.
Il était également intéressant que le secrétaire de l'université ait choisi de s'adresser à l'apothicaire plutôt qu'au mercier de la rue d'à côté. Sa réputation commençait à s'établir, se félicita Redgrave en souriant à demi. « Bien sûr. J'ai d'excellentes fioles de cristal en réserve pour mes meilleures philtres et antidotes. »
Chaffinch n'avait pas terminé et enchaînait déjà sur une autre demande. Très bien, très bien, les affaires seraient donc bonnes ce jour-là... Mais la suite prit une tournure inattendue, encore plus intéressante. Cette fois, signe indéniable que Dhan avait toute l'attention d'Ambrosius, l'apothicaire se pencha sur le comptoir pour mieux regarder ce qui venait d'y être déposé. Le vieil homme se pencha même jusqu'à mettre ses yeux à haute du pot.
Les effluves caressèrent délicatement ses narines. « Voilà des années que je n'ai pas senti ce parfum. » Des yeux, il demanda la permission de prendre le bocal, et quand il le fit, ce fut avec beaucoup de délicatesse. Il se redressa et leva le contenant à sa hauteur, pour mieux en examiner le contenu. Une offrande? Pas un troc? Encore plus intéressant, se dit le marchand, sans rien en laisser paraître. Ses yeux ne quittèrent pas le bois de santal quand il répondit à son client.
« Rien que le parfum et la couleur chatoyante laissent voir la qualité du bois. J'ai des clients qui pourront certainement en bénéficier pour soulager leurs maux. Puis-je demander à quelle adresse leur envoyer mes remerciements? Je leur suis très reconnaissant.» De toute évidence, il s'agissait de contacts précieux avec lesquels il serait bon d'établir une relation d'affaire plus approfondie... Il soupesa le bocal un bref instant, puis le plaça sous son comptoir, dans une armoire dont il referma la porte du pied.
« Cela vaut bien deux de mes meilleures fioles. Votre compagne a besoin de combien de bouteilles? »
Sorti de son champ de vision et de son esprit, la fillette n'était plus objet de préoccupation. Sa chansonnette, tout au plus, formait une trame sonore agaçante. Près de la vitrine, une oie empaillée entrouvrit un oeil, dérangée dans son sommeil.
- InvitéInvité
Re: Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Dim 3 Jan 2021 - 19:01
Et ça, c'est quoi ?
Dhan & Héma & Ambrosius
Dhan ne pouvait qu’acquiescer complaisamment aux remarques de l’apothicaire, lui même fils d’érudit dans l’art délicat de la composition botanique et de la potion : Il avait, toute son enfance et bien après encore, évoluer dans un univers qui n’était pas si éloigné de celui dans lequel il se tenait présentement, sauf à ce que le décorum se faisait moins… Austère. Il avait vu, maintes et maintes fois, moldus et sorciers, hommes et femmes, quérir dans l’officine familiale quelque médicament et quand on lui expliquait son mal, son très grand et pâle paternel restait silencieux un instant, comme s’il n’avait aucune de réponse à fournir, prenait un air absorbé, lointain, avant de se retirer en arrière boutique, son laboratoire comme il l’appelait, et revenait enfin avec une préparation dont il ne disait souvent rien mais qui, toujours, apportait au patient toute satisfaction. La scène, inlassablement, se jouait dans un silence théâtral, parfois dramatique, souvent comique. Plus d’une fois Dhan l’avait vu corriger discrètement le diagnostic d’un illustre médicomage – bien que cela fût rigoureusement interdit par les maîtres de la profession – et proposer à ses visiteurs une cure différente de celle préconisée par le supposé savant, et alors, dit-on, jamais il ne se trompait. Il récoltait néanmoins quelques regards noirs de sa femme, qui avait du à l’occasion calmer l’ire et l’égo froissé de quelques Knock pris en défaut par la science d’un modeste alchimiste… Le bruit délicat et clair des fioles sur le comptoir extirpa l’occultiste de sa madeleine de Proust, alors qu’Ambrosius soupesait le palo santo, l’humant comme l’aurait fait le nez le plus fin d’une parfumerie française. Etait ce un sourire qu’il avait vu affleurer aux lippes du propriétaire des lieux ? Ou n’était ce là qu’une vue de l’esprit ?
- Je vais vous noter leur adresse à l’instant, mais aussi bien, cette dernière vous permettra de les resituer aisément : ils occupent les lieux depuis près de trente cinq ans maintenant, à l’angle du chemin de traverse et de la rue moldue qui en fait l’angle, afin d’accueillir indistinctement les deux clientèles … Tenez. Ma mère a des contacts sur chaque continent et bien des aires reculés, qu’elle défend chèrement, mais elle n’est pas imperméable à confier quelques recommandations à des confrères, quand le besoin est là. J’avais cru comprendre en effet que Mme Piketty manquait cruellement de cet ingrédient pour son mari, alors … Enfin, bref, si vous pouviez m’en obtenir une douzaine, ce serait parfait, les différentes tailles standards, je vous prie.
Dans son coin, Héma aussi avait bien repéré l’oie empaillée et à l’oeil rogue, bien que gonflé de sommeil. L’animal somnolent était à présent au centre de son attention, et elle s’en approchait à tout petit pas, mais sans peur : elle avait déjà joué avec des chiens, des chats, des niffleurs, et même vu de très très près un bébé dragon, alors ce n’était pas une grosse poule blanche qui allait l’effaroucher.
-Potipotipoti … tchip tchip tchip … J’ai des biscuits, t’en veux ? Ce que tu as l’air douce, tu aimes les calins ? Moi j’adore ça, alors, viens, Poti !
Dhan coula un regard rapide vers l’enfant, inconscient du danger, continuant sa liste de course sans s’émouvoir.
- Il ne me manque plus que de l’hellébore, de la chélidoine et un peu de mandragore, en poudre si possible ...
Made by Neon Demon
Re: Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Mer 13 Jan 2021 - 21:43
Trente-cinq ans sur le Chemin de traverse représentaient une période respectable pour n'importe quel commerce. Tous ne pouvaient compter sur une longue tradition familiale comme les Ollivander et Malkin, qui leur assurait un afflux constant de nouveaux clients. La plupart des commerces ouvraient et fermaient au gré des modes ou des courants politiques. Les familles sorcières étant très attachées aux traditions, il n'était jamais aisé de se bâtir une réputation dans le milieu.
Trente-cinq ans, c'était également suffisant pour que les parents Chaffinch reconnaissent sans difficulté l'homme qu'il avait été. Il allait devoir se montrer extrêmement prudent dans leurs échanges. Puisque Redgrave n'était pas une apprentie sorcière de 13 ans cherchant à séduire, il n'y aurait pas d'envoi de photos, toutefois la prudence restait de mise. Il avait certes beaucoup changé physiquement depuis l'époque où il brassait des affaires sur l'Allée des embrumes, mais il savait pertinemment que les commères du Chemin de traverse avaient la mémoire très longue.
De la main droite, il attrapa le verre d'eau qui se trouvait sur le comptoir, à l'abri des clients. Il porta à ses lèvres le liquide légèrement rosé et avala une longue gorgée avant de troquer le verre contre la plume. « 12 fioles, c'est bien noté. Je crois avoir tout ça déjà en réserve, je peux vous préparer ça tout de suite, si vous voulez. » Concentré sur la commande, l'apothicaire ne remarqua pas le regard coulé en douce par le père vers son enfant. Il aurait sans doute dû, car la suite des événements aurait pu être différente, mais puisqu'il ne remarqua rien, il ne put pas servir un avertissement sec à la fillette, ni dégainer sa baguette de pin pour empêcher l'attaque.
« Potty ye'self, petty peacock! » brailla l'oie en déployant toute son envergure d'ailes. Son cou blanc et sable traça un admirable arc de cercle qui précipita le bec de l'animal empaillé droit sur les petits doigts de l'enfant.
Trente-cinq ans, c'était également suffisant pour que les parents Chaffinch reconnaissent sans difficulté l'homme qu'il avait été. Il allait devoir se montrer extrêmement prudent dans leurs échanges. Puisque Redgrave n'était pas une apprentie sorcière de 13 ans cherchant à séduire, il n'y aurait pas d'envoi de photos, toutefois la prudence restait de mise. Il avait certes beaucoup changé physiquement depuis l'époque où il brassait des affaires sur l'Allée des embrumes, mais il savait pertinemment que les commères du Chemin de traverse avaient la mémoire très longue.
De la main droite, il attrapa le verre d'eau qui se trouvait sur le comptoir, à l'abri des clients. Il porta à ses lèvres le liquide légèrement rosé et avala une longue gorgée avant de troquer le verre contre la plume. « 12 fioles, c'est bien noté. Je crois avoir tout ça déjà en réserve, je peux vous préparer ça tout de suite, si vous voulez. » Concentré sur la commande, l'apothicaire ne remarqua pas le regard coulé en douce par le père vers son enfant. Il aurait sans doute dû, car la suite des événements aurait pu être différente, mais puisqu'il ne remarqua rien, il ne put pas servir un avertissement sec à la fillette, ni dégainer sa baguette de pin pour empêcher l'attaque.
« Potty ye'self, petty peacock! » brailla l'oie en déployant toute son envergure d'ailes. Son cou blanc et sable traça un admirable arc de cercle qui précipita le bec de l'animal empaillé droit sur les petits doigts de l'enfant.
- InvitéInvité
Re: Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Sam 23 Jan 2021 - 18:49
Et ça, c'est quoi ?
Dhan & Héma & Ambrosius
Sans être avachi sur le comptoir, Dhan s’était sensiblement avancé par dessus ce dernier, les avant bras appuyés contre le bois un peu humide, bien que propre. Attentif aux mouvements lents, mais précis l’apothicaire, il ne s’était pas tout de suite méfié de l’animal empaillé dans la vitrine, habitude civilisée prise de consacrer son attention entière aux êtres vivants dans la pièce en priorité. Mal lui en pris, car à l’instant même où l’oie sauvage claqua son bec puissant contre la chair tendre et molle des doigts de l’enfant, la douleur cuisante lui mordit les phalanges puis lui faire échapper un glapissement de douleur et de surprise.
- Héma, recule !
L’ordre avait claqué dans l’air à travers la pièce comme une balle de revolver, et la petite fille avait tiré sa main vivement hors de l’étreinte pinçante de l’animal menaçant, les yeux remplis de larmes et de détresse, pour courir comme un lapereau dans les jambes de son père, manquant de renverser quelques bocaux au passage, qui ballottèrent sur les étals un instant avant de se stabiliser, par miracle. Elle n’avait pas réellement eu mal en réalité, les sortilèges de protections et autres graphèmes tatoués sur la peau de son père l’ayant préservé d’une bonne part de l’intensité de la douleur pour l’infliger au grand sorcier, mais l’effroi que l’on pouvait lire dans son regard éperdu était déchirant. Dhan prit rapidement l’enfant dans ses bras, malgré sa main rougie et recroquevillée de douleur par contumace, les sourcils froncés en direction de l’oie qui battait encore opiniâtrement des ailes dans son coin comme une ombre blanche et mauvaise, le claquement désagréable de son bec menaçant la tranquillité des lieux.
- Qu’est ce donc que cela …
Il en aurait mis sa main à couper, l’oiseau n’était pas vivant, et cela lui avait presque coûté ses doigts. Planquée dans son cou, c’était une Héma un peu morveuse qui lui disait, promis, juré, Papa, qu’elle n’avait rien fait, qu’elle voulait juste la caresser, et non lui voler des plumes, mais qu’elle ne l’avait pas entendu de cette oreille, qu’elle avait d’invisible d’ailleurs, la vilaine bestiole ...
Made by Neon Demon
Re: Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Lun 8 Fév 2021 - 3:02
Bien sûr, il fallait que ça se produise, bien sûr. Quand il y avait un petit être à peine sorti de ses couches-culottes, il était immanquable que quelque chose, n'importe quoi, se produise. Ça faisait partie des règles immuables de la galaxie. C'était aussi pourquoi Ambrosius Redgrave faisait tout en son pouvoir pour éviter de se retrouver en présence de ces êtres petits et incontrôlables. Hélas, ça ne fonctionnait pas toujours. La majorité de sa clientèle avait vite saisi que la Lunar Society Apothecary n'était pas un endroit où les pré-humains étaient les bienvenus. L'endroit recelait de dangers et d'accidents potentiels, le moindre de ceux-là n'étant pas le froncement de sourcils proverbial de l'apothicaire en personne. Mais il restait toujours les irréductibles, les je-n'avais-pas-le-choix-de-traîner-mes-enfants, les mon-enfant-est-un-parangon-de-vertu-et-de-savoir-vivre, les juste-cette-fois-c'est-promis, les vous-devez-absolument-examiner-mon-enfant-quelque-chose-ne-tourne-pas rond, et les autres. Dans la plupart des cas, Ambrosius se contentait de froncer les sourcils encore davantage, surtout si en bout de ligne il pouvait conclure une bonne affaire.
Jusqu'à l'instant précis où l'oie empaillée émergea de son sommeil de sciure, l'apothicaire avait été bon vendeur, sourcillant à peine, suivant de loin les mouvements de la gamine dans sa boutique, se fiant même aux paroles du géniteur sur le bon comportement de sa progéniture. Il avait eu tort, réalisa-t-il un moment trop tard, quand les cris d'orfraie de la gamine en question lui percèrent les tympans et qu'il vit, au ralenti, sa précieuse marchandise trembler sur sa base au passage d'une fillette épouvantée pressée de retrouver les jupes de son père.
Aux premières loges du transfert de douleur, puisqu'il avait à ce moment le regard porté sur son client, Ambrosius n'eut guère le temps de se questionner sur le phénomène. Aux premiers cris, il avait brandi sa baguette et rivé les yeux sur les flacons, prêt à empêcher la catastrophe. Que la fillette soit blessée ou non lui important bien peu. Il transplana à la vitesse de l'éclair et rattrapa à mi-parcours la fiole qui chutait vers le sol. Ce fut avec une grande délicatesse qu'il replaça le contenant, mais avec un regard sévère qu'il se tourna vers son oie.
« J'ai une formidable recette de civet d'oie qui t'attend en cuisine. » L'oie battit des ailes en lâchant un cacardement moqueur. « Tête de con-con-con! » Imperturbable, mais sur un ton proche du sifflement, l'apothicaire poursuivit: « Quelques grains de moutarde et le côté filandreux va s'attendrir. » L'oie se contenta de siffler à son tour avant de lui tourner le dos en secouant sa petite queue blanche. Pendant un moment, il sembla bien que l'homme allait lui balancer un sortilège, mais il rabaissa finalement sa baguette, inspira profondément et revint vers son comptoir. Il s'arrêta à un pas du père et de sa fillette, puis tendit la main à cette dernière, non sans une certaine répugnance à la vue de la morve qui lui coulait du nez.
« Montre. »
Jusqu'à l'instant précis où l'oie empaillée émergea de son sommeil de sciure, l'apothicaire avait été bon vendeur, sourcillant à peine, suivant de loin les mouvements de la gamine dans sa boutique, se fiant même aux paroles du géniteur sur le bon comportement de sa progéniture. Il avait eu tort, réalisa-t-il un moment trop tard, quand les cris d'orfraie de la gamine en question lui percèrent les tympans et qu'il vit, au ralenti, sa précieuse marchandise trembler sur sa base au passage d'une fillette épouvantée pressée de retrouver les jupes de son père.
Aux premières loges du transfert de douleur, puisqu'il avait à ce moment le regard porté sur son client, Ambrosius n'eut guère le temps de se questionner sur le phénomène. Aux premiers cris, il avait brandi sa baguette et rivé les yeux sur les flacons, prêt à empêcher la catastrophe. Que la fillette soit blessée ou non lui important bien peu. Il transplana à la vitesse de l'éclair et rattrapa à mi-parcours la fiole qui chutait vers le sol. Ce fut avec une grande délicatesse qu'il replaça le contenant, mais avec un regard sévère qu'il se tourna vers son oie.
« J'ai une formidable recette de civet d'oie qui t'attend en cuisine. » L'oie battit des ailes en lâchant un cacardement moqueur. « Tête de con-con-con! » Imperturbable, mais sur un ton proche du sifflement, l'apothicaire poursuivit: « Quelques grains de moutarde et le côté filandreux va s'attendrir. » L'oie se contenta de siffler à son tour avant de lui tourner le dos en secouant sa petite queue blanche. Pendant un moment, il sembla bien que l'homme allait lui balancer un sortilège, mais il rabaissa finalement sa baguette, inspira profondément et revint vers son comptoir. Il s'arrêta à un pas du père et de sa fillette, puis tendit la main à cette dernière, non sans une certaine répugnance à la vue de la morve qui lui coulait du nez.
« Montre. »
- InvitéInvité
Re: Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Jeu 18 Fév 2021 - 13:54
Et ça, c'est quoi ?
Dhan & Héma & Ambrosius
Dhan avait pincé les lèvres jusqu’à les faire blanchir, mais n’avait pas fait le moindre commentaire, pour le moment. Heureusement pour lui, Il ne s’était pas infligé la blessure, ne risquait donc rien, ce n’était que le message de douleur qui lui avait été transmis, et c’était déjà bien suffisant. Il s’en voulait de ne pas avoir repéré l’animal animé, en rentrant dans l’échoppe. Il s’était imaginé qu’il ne s’agissait qu’un animal empaillé classique, du genre que l’on retrouve assez souvent dans les cabinets de curiosités, ou pour attirer l’oeil de badauds. Il serait plus vigilant, la prochaine fois… contre lui, l’enfant avait très vite repris ses esprits, son doigt pincé sous l’aisselle de son bras inverse, son regard encore humide encore fixé sur le volatile inamical. Elle avait tiré sur la manche de son père pour le faire se pencher un peu vers elle :
- Papa … en plus, elle dit des gros mots …
Elle avait l’air aussi outrée qu’impressionnée par l’oie volubile, se mouchant distraitement dans le mouchoir tendu par son père, avant de l’interroger du regard quand Ambrosius lui intima de s’avancer vers lui. Dhan hocha la tête doucement, l’autorisant à quitter son giron pour rejoindre l’aïeul, à ses yeux en tout cas, plantant son regard enfantin et direct dans celui de l’apothicaire, lui tendant ses chairs rougies.
- Ca pique mais ça va. Tu vas vraiment la manger ? A mon avis, ça doit pas être très très bon, une vilaine oie comme ça, ça doit gouter la méchanceté. On devrait plutôt la pendre par les pattes. Et la chatouiller sous les pieds avec ses propres plumes, elle l’a mérité. Tu vas faire quoi à ma main ?
Dhan roula des yeux au ciel, mais ne dit rien. Assurément, Héma avait de quoi tenir en terme d’imagination dans ses vengeances, et cela ne venait certainement pas de lui ….
- Papa … en plus, elle dit des gros mots …
Elle avait l’air aussi outrée qu’impressionnée par l’oie volubile, se mouchant distraitement dans le mouchoir tendu par son père, avant de l’interroger du regard quand Ambrosius lui intima de s’avancer vers lui. Dhan hocha la tête doucement, l’autorisant à quitter son giron pour rejoindre l’aïeul, à ses yeux en tout cas, plantant son regard enfantin et direct dans celui de l’apothicaire, lui tendant ses chairs rougies.
- Ca pique mais ça va. Tu vas vraiment la manger ? A mon avis, ça doit pas être très très bon, une vilaine oie comme ça, ça doit gouter la méchanceté. On devrait plutôt la pendre par les pattes. Et la chatouiller sous les pieds avec ses propres plumes, elle l’a mérité. Tu vas faire quoi à ma main ?
Dhan roula des yeux au ciel, mais ne dit rien. Assurément, Héma avait de quoi tenir en terme d’imagination dans ses vengeances, et cela ne venait certainement pas de lui ….
Made by Neon Demon
Re: Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Mar 30 Mar 2021 - 3:03
Si on avait été dans un film, on aurait vu à cet instant précis le coeur du vieil homme aigri ramollir, son expression dure se fissurer un peu, et peut-être même la naissance d'un sourire à la commissure de ses lèvres. Mais la vie n'était pas un film, et la vie d'Ambrosius Redgrave encore moins. L'apothicaire ne prisait aucunement ce divertissement moldu, trop braillard et bruyant à son goût.
Pas de coeur attendri devant la curiosité naïve de l'enfant, pas de sourire à ses questions innocentes sur le sort de l'oie, donc, ce qui n'empêcha pas le marchand de tendre la main pour attraper la menotte de la gamine. Il lui en coûterait de perdre un client comme celui-là, qui avait plus de classe et d'intelligence que la majorité de sa clientèle et surtout, qui n'avait jusqu'à présent jamais rechigné à payer le juste prix pour sa marchandise. C'était précieux. S'il fallait pour ce faire s'assurer de l'intégrité physique d'une enfant trop curieuse, l'apothicaire était prêt à s'y coller.
La moustache plus touffue que jamais, les sourcils sévèrement pointus et la mine sérieuse, Ambrosius enfila ses lunettes de la main gauche, sans lâcher celle de la gamine. Tout en examinant la plaie sommairement, l'homme bougonna une réponse qu'il espérait suffisante pour satisfaire l'enfant.
« C'est très bon, l'oie, il faut juste savoir bien l'apprêter. Mais tu as raison, celle-là serait trop filandreuse pour trouver sa place dans mon assiette. » Il ne lui vint pas une seconde à l'esprit d'adapter son vocabulaire à son interlocutrice. « Et les oies empaillées ne sont pas chatouilleuses, mais je te remercie de ta suggestion. »
Les traces rouges sur le doigt n'avaient rien de bien graves, mais il s'étonna tout de même de la résistance de l'enfant à la douleur. Question de tester la chose, Ambrosius appuya fermement du pouce sur la blessure, mais l'enfant continua de le regarder comme en l'absence de toute douleur. Sycorax se ramollissait peut-être avec les années... Il lâcha la main de la fillette.
« Pas de mal. Je te rends ta main. Ton père a eu plus peur que toi, j'ai l'impression. » Il aurait bien ajouté: « T'approches plus de l'oie, ni de mes pots, et ça ira mieux pour tout le monde », mais il y avait des limites de politesse à ne pas franchir, et pour une fois, Ambrosius en avait conscience. Il retourna derrière son comptoir en lançant en direction du client : « Douze fioles, je reviens! » et de disparaître dans l'arrière-boutique.
Les enfants, quel ennui! Au moins, cette petite semblait avoir une tête sur les épaules, et un peu de réparti. Suspendre Sycorax par les pieds... c'était une idée bien tentante...
Pas de coeur attendri devant la curiosité naïve de l'enfant, pas de sourire à ses questions innocentes sur le sort de l'oie, donc, ce qui n'empêcha pas le marchand de tendre la main pour attraper la menotte de la gamine. Il lui en coûterait de perdre un client comme celui-là, qui avait plus de classe et d'intelligence que la majorité de sa clientèle et surtout, qui n'avait jusqu'à présent jamais rechigné à payer le juste prix pour sa marchandise. C'était précieux. S'il fallait pour ce faire s'assurer de l'intégrité physique d'une enfant trop curieuse, l'apothicaire était prêt à s'y coller.
La moustache plus touffue que jamais, les sourcils sévèrement pointus et la mine sérieuse, Ambrosius enfila ses lunettes de la main gauche, sans lâcher celle de la gamine. Tout en examinant la plaie sommairement, l'homme bougonna une réponse qu'il espérait suffisante pour satisfaire l'enfant.
« C'est très bon, l'oie, il faut juste savoir bien l'apprêter. Mais tu as raison, celle-là serait trop filandreuse pour trouver sa place dans mon assiette. » Il ne lui vint pas une seconde à l'esprit d'adapter son vocabulaire à son interlocutrice. « Et les oies empaillées ne sont pas chatouilleuses, mais je te remercie de ta suggestion. »
Les traces rouges sur le doigt n'avaient rien de bien graves, mais il s'étonna tout de même de la résistance de l'enfant à la douleur. Question de tester la chose, Ambrosius appuya fermement du pouce sur la blessure, mais l'enfant continua de le regarder comme en l'absence de toute douleur. Sycorax se ramollissait peut-être avec les années... Il lâcha la main de la fillette.
« Pas de mal. Je te rends ta main. Ton père a eu plus peur que toi, j'ai l'impression. » Il aurait bien ajouté: « T'approches plus de l'oie, ni de mes pots, et ça ira mieux pour tout le monde », mais il y avait des limites de politesse à ne pas franchir, et pour une fois, Ambrosius en avait conscience. Il retourna derrière son comptoir en lançant en direction du client : « Douze fioles, je reviens! » et de disparaître dans l'arrière-boutique.
Les enfants, quel ennui! Au moins, cette petite semblait avoir une tête sur les épaules, et un peu de réparti. Suspendre Sycorax par les pieds... c'était une idée bien tentante...
- InvitéInvité
Re: Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Sam 10 Avr 2021 - 19:51
Et ça, c'est quoi ?
Dhan & Héma & Ambrosius
La petite fille fixait l’apothicaire d’un air perplexe, mais nullement impressionnée. Interloquée, plutôt : d’ordinaire, les adultes se montraient très, très gentils avec elle, toujours attentifs, délicats, ils parlaient avec des voix douces et des mots très simples, comme si elle était toute molle, et qu’ils avaient peur de la déformer en parlant trop fort. Enfin, sauf Papa, parce que lui, était capable de faire la grosse voix, et il utilisait assez souvent des mots compliqués, mais jolis, qu’elle s’amusait parfois à répéter, les écorchant partiellement, jusqu’à les maitriser tout à fait et les ressortir d’un ton docte devant d’autres grands personnes abasourdies. Oui, bon, parfois, les mots tombaient comme un cheveu sur la soupe, mais tout de même : elle n’allait pas s’empêcher de dire Manganèse et Héliocentrique Juste parce qu’elle ne savait pas ce que ça voulait dire, non mais. En tout cas, le vieux bonhomme avec son oie lui plaisait bien, avec sa grosse voix bourrue et ses doigts calleux, même si dans sa tête, bourru, c’était quand les grands buvaient trop de whisky, comme Mercy et Alex, des fois, le samedi soir, et que Papa leur faisait les gros yeux. Elle offrit à l’apothicaire un petit sourire satisfait, avant de répondre fort sérieusement.
- Je vous en prie, j’ai très souvent des bonnes idées. C’est pour ça qu’à la crèche j’ai droit de diriger les petits. Papa a toujours plus peur que moi, mais c’est parce que je suis très courageuse, et lui très inquiet.
Dhan ne releva pas les impertinences de sa fille qui, au demeurant, n’avait pas tout à fait tort : elle était redoutable, pour un petit bout d’un peu plus de quatre ans, et dans le fond, elle n’avait, de toute façon, pas totalement tort. Il se pencha vers elle quand l’apothicaire se retira un instant dans l’arrière-boutique, inspectant sa main avec soin, avant d’embrasser le bout de ses doigts.
- La prochaine fois, les mains dans les poches et on touche avec les yeux, d’accord ?
La petite soupira tragiquement, balayant le sujet d’une vague de ses sourcils.
- J’l’aime bien le monsieur. J’pourrais revenir avec toi ?
- Pas sur qu’il veuille te revoir si tu n’arrêtes pas de déranger sa boutique.
- Je passerai le balai, si il veut.
Le père sourit, parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire face à tant d’aplomb. Il n'était pas certain cependant que l'argument trouve son chemin dans l'oreille du commerçant pas franchement sensible aux charmes de la prime jeunesse. Il lui attrapa la main doucement, relevant le buste vers le comptoir quand Ambrosius réapparut.
- Combien vous dois je ?
- Je vous en prie, j’ai très souvent des bonnes idées. C’est pour ça qu’à la crèche j’ai droit de diriger les petits. Papa a toujours plus peur que moi, mais c’est parce que je suis très courageuse, et lui très inquiet.
Dhan ne releva pas les impertinences de sa fille qui, au demeurant, n’avait pas tout à fait tort : elle était redoutable, pour un petit bout d’un peu plus de quatre ans, et dans le fond, elle n’avait, de toute façon, pas totalement tort. Il se pencha vers elle quand l’apothicaire se retira un instant dans l’arrière-boutique, inspectant sa main avec soin, avant d’embrasser le bout de ses doigts.
- La prochaine fois, les mains dans les poches et on touche avec les yeux, d’accord ?
La petite soupira tragiquement, balayant le sujet d’une vague de ses sourcils.
- J’l’aime bien le monsieur. J’pourrais revenir avec toi ?
- Pas sur qu’il veuille te revoir si tu n’arrêtes pas de déranger sa boutique.
- Je passerai le balai, si il veut.
Le père sourit, parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire face à tant d’aplomb. Il n'était pas certain cependant que l'argument trouve son chemin dans l'oreille du commerçant pas franchement sensible aux charmes de la prime jeunesse. Il lui attrapa la main doucement, relevant le buste vers le comptoir quand Ambrosius réapparut.
- Combien vous dois je ?
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Re: Et ça c'est quoi ? Et ça c'est quoi ? - Dhambrosius
Dim 25 Avr 2021 - 4:22
Inconscient de ce qui tramait la petite, quelques centimètres sous le niveau de son comptoir, Ambrosius avait regagné son arrière-boutique pour cueillir les douze fioles désirées. D'aucuns se seraient peut-être attendus à trouver l'endroit dans un état d'encombrement avancé avec des produits en quantité et des piles de caisses contenant son inventaire, mais c'était oublié à quel esprit méthodique on avait à faire. Comme, en plus, Ambrosius vivait dans son arrière-boutique, il avait besoin que ce soit un lieu ordonné. Tout avait sa place, si bien que l'apothicaire savait précisément où trouver les fioles, même en l'absence d'étiquettes.
Tandis que le père et la fille discutaient des possibilités de revenir en boutique, à condition de garder les mains bien dans les poches, le marchand souleva le couvercle d'une caisse et en tira précautionneusement les fioles une à la fois pour les déposer dans une boîte. Puis il fit dérouler le rouleau de papier kraft accroché à son mur et enveloppa séparément les précieux contenants en verre. En moins de cinq minutes, il était de retour en boutique, une boîte scellée à la main.
Au comptoir, il fit glisser la boîte en direction du client. Puis consulta un carnet à sa droite.
« Voyons, voyons. Nous disions donc un bouquet d’hellébore, un bouquet de chélidoine et 65 g de mandragore en poudre » énuméra-t-il en posant devant lui chaque ingrédient bien enveloppé, « et douze de mes meilleures fioles de cristal à trois gallions la fiole. Je vous en offre deux en échange du bois de sental. Nous arrivons à... » Tout en finissant de parler, l'apothicaire avait attrapé un crayon de bois pour griffonner sur son carnet. « 32 gallions, 14 mornilles et 18 noises. »
Comme la petite était hors de sa vue, Ambrosius n'y prêtait déjà plus intérêt. Il avait en tête les commandes qu'il devait terminer pour la semaine à venir et songeait à la petite annonce qu'il voulait faire paraître dans le journal local. Ainsi, une fois la transaction terminée et le client salué en bonne et due forme (M. Chaffinch eut même droit à un demi sourire sous la broussaille des sourcils), l'apothicaire ferma son carnet et retourna à sa table de travail où les herbes à moitié broyées l'attendaient depuis trente bonnes minutes. Ce fut en lâchant un petit grognement au moment où ses genoux craquèrent en pliant que l'homme se réinstalla. Dans le calme.
Tandis que le père et la fille discutaient des possibilités de revenir en boutique, à condition de garder les mains bien dans les poches, le marchand souleva le couvercle d'une caisse et en tira précautionneusement les fioles une à la fois pour les déposer dans une boîte. Puis il fit dérouler le rouleau de papier kraft accroché à son mur et enveloppa séparément les précieux contenants en verre. En moins de cinq minutes, il était de retour en boutique, une boîte scellée à la main.
Au comptoir, il fit glisser la boîte en direction du client. Puis consulta un carnet à sa droite.
« Voyons, voyons. Nous disions donc un bouquet d’hellébore, un bouquet de chélidoine et 65 g de mandragore en poudre » énuméra-t-il en posant devant lui chaque ingrédient bien enveloppé, « et douze de mes meilleures fioles de cristal à trois gallions la fiole. Je vous en offre deux en échange du bois de sental. Nous arrivons à... » Tout en finissant de parler, l'apothicaire avait attrapé un crayon de bois pour griffonner sur son carnet. « 32 gallions, 14 mornilles et 18 noises. »
Comme la petite était hors de sa vue, Ambrosius n'y prêtait déjà plus intérêt. Il avait en tête les commandes qu'il devait terminer pour la semaine à venir et songeait à la petite annonce qu'il voulait faire paraître dans le journal local. Ainsi, une fois la transaction terminée et le client salué en bonne et due forme (M. Chaffinch eut même droit à un demi sourire sous la broussaille des sourcils), l'apothicaire ferma son carnet et retourna à sa table de travail où les herbes à moitié broyées l'attendaient depuis trente bonnes minutes. Ce fut en lâchant un petit grognement au moment où ses genoux craquèrent en pliant que l'homme se réinstalla. Dans le calme.
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