Retrouvailles entre amis de longues dates [feat Rose Coldridge]

Mar 24 Nov 2020 - 21:05

"Ça doit être ça les vrais amis. Ceux qui restent même quand on part, qu'on retrouve en revenant, une semaine, un mois, un an, cinq ans après."

Novembre 2020

C’est fou ce que peut contenir une boîte à souvenirs. Elio était dans sa chambre et avait ressortit LA boîte. Avec Célenne ils avaient décidé de créer leur stock de souvenirs. Ce n’était pas une pensine commune mais simplement une boîte avec différents objets retraçant leur histoire.
Il n’avait pas encore osé l’ouvrir depuis son décès et maintenant elle était ouverte sur son lit.
Pourquoi est ce qu’il l’avait ressortie ? Avant tout dans l’idée d’y faire du tri. Mais au fond c’était certainement parce qu’elle lui manquait tout simplement et qu’il voulait encore se raccrocher à elle.
Matéo étant en cours en ce début d’après midi, et lui n’ayant rien de prévu, il était tranquille pour fouiller de nouveaux dans ces souvenirs.

Il vit un galet, une mèche de cheveux, quelques photos, et d’autres objets ayant chacun leur propre histoire. Mais il ne put aller plus loin. Rien que de voir Célenne en train de travailler sur son bureau, sur une photo animée, le bloqua complètement pour aller plus loin.
Combien de temps resta-t-il ainsi à regarder ces objets dont il n’osait toucher ? Aucune idée.
Son regard resta figé sur cette photo et son esprit vagabonda dans les souvenirs plus ou moins heureux, plus ou moins banal…mais qui composaient toutes ces années passées à ses côtés.
Il se demandera toujours pourquoi est ce qu’elle l’avait choisit. Pourquoi lui et pas un autre ? Après tout il ne s’estimait pas comme un beau-gosse, ni populaire, ni même extraverti. C’était plutôt un mec banal qui pourtant visait loin à cette époque. Devenir médicomage urgentiste n’était pas à la portée de tous… Il y était presque lorsque tout s’était effondré.

Quelques coups léger provenant de la porte d’entrée le fit sortir de cette paralysie. Il soupira et referma la boîte avant de la ranger sous son lit. Il fallait rester positif, au moins il avait pu la réouvrir, c’était déjà ça.
Il n’attendait personne. Peut-être était ce pour Matéo ?
Il jeta un coup d’oeil sur l’état de l’appartement : impeccable, comme tous les jours depuis qu’il était sortit de l’hôpital étant devenu légèrement maniaque au grand désespoir de son petit frère.
Il vit son apparence en passant devant le miroir et il avait une triste mine. Pourtant il prenait de nouveau soin de lui, il ne restait plus en peignoir et se rasait de nouveau. Il s’était même acheté dernièrement un jean qu’il portait ce jour avec un tee shirt blanc.

Il ouvrit la porte et se retrouva devant @Rose Coldridge . Il resta coi un instant, surpris de la retrouver sur son perron. Il sentit alors le stress monter légèrement. Mais pourquoi stresser après tout puisque c’était son amie ? Oui mais une amie avec qui il avait coupé les ponts depuis le décès de Célenne, sans vraiment le désirer pourtant. Cela s’était fait comme ça et voilà.

-Bonjour Rose…

Elle avait changé de parfum. Etrange comme première pensée ! Il se demandait bien ce qu’elle faisait ici. Il était heureux de la revoir, car c’était une amie qui lui était chère mais il se retrouvait aussi dans une position délicate.

Entre je t’en pris, lui dit-il en se décalant pour la laisser passer.

Elle n’allait tout de même pas rester sur le pas de sa porte ! Il ne savait pas vraiment comment se comporter. Il se trouvait vraiment con de ne pas avoir fait le pas d’aller la voir depuis sa sortie d’hôpital.

Retrouvailles entre amis de longues dates
‟ Tendresse d'amis vaut mille baumes „

☩ Rose avait eu l’agréable surprise de croiser le jeune Matéo Cooper au détour d’un couloir, quelques jours plus tôt, qui amenait gracieusement une de ses camarades à l’infirmerie, alors que cette dernière ne se sentait pas dans son assiette. Il était prévenant, le Cadet Cooper, et Rose le reconnut tout de suite, principalement parce qu’il avait exactement le même sourire que son grand frère. Elle avait traité le cas de la demoiselle avec un grand sérieux, la pauvre vivant un cas de syndrome pré menstruel particulièrement douloureux lui faisant suspecter une endométriose: elle lui administra la potion de circonstance, avant de lui conseiller de prendre rendez-vous dès que possible chez un spécialiste du sujet, ou de revenir la voir. Avant qu’il ne reparte en classe, elle avait demandé à Matéo quelques nouvelles de son frère, pour apprendre que ce dernier, non content d’être encore vivant, ce qui était une plutôt bonne nouvelle, avait l’audace de vivre à deux rues de chez elle, sans l’avoir prévenu. Matéo avait bafouillé une explication confuse à base de coeur brisée et de retour compliqué parmi les vivants, et Rose avait compris. Les heures sombres, elle connaissait mieux que quiconque. Elle avait remercié le garçon, et avait pris sa décision dans la minute suivante. Elle avait une adresse, et une demi journée de libre en fin de semaine.

Elle avait observé la façade de l’immeuble avant de passer la porte, et toquer et d’attendre, les mains enfoncées dans les poches de son trench bleu, un sourire flottant sur les lèvres. Quand celle-ci s’ouvrit sur le tout premier des Cooper, elle lui offrit l’expression la plus satisfaite, la plus solaire dont elle était capable, contrecarrant celle, un peu abasourdie, de l’ancien étudiant.

- Salut Elio, ça faisait longtemps !

Elle attendit patiemment qu’il l’invite à rentrer, ce qu’il fit, après un temps de latence étrangement long. Rose n’en prit pas ombrage, loin s’en fallait : elle se doutait bien qu’il n’avait pas souvent de visite.

- Merci.

Elle passa le pas de la porte et ôta ses chaussures, par réflexe. Après tout, elle n’aimait pas que ses invités, encore moins ceux qui débarquaient à l’improviste, ne se déchaussent pas chez elle, en dépit du risque de marcher sur un jouet pour enfant. Elle avait pendu son manteau sur la paterre sur le mur, avant de faire face à Elio. Elle avait l’impression qu’il avait maigri, vieilli, aussi, mais ce n’était pas vraiment surprenant, compte tenu des circonstances.. Elle le dévisagea un moment, planté là, dans l’entrée, avant de soupirer sans cesser de sourire, et d’ouvrir les bras, en grand.

- Allez, arrête de faire ton timide, viens là.

Elle agita les doigts pour le faire venir, avant de refermer ses bras autour de lui et de le serrer, fort, contre elle. Du grand Rose dans le texte, mais là dessus, elle n’avait pas changé, ne changerait certainement pas. Elle aimait les gens, ses amis encore plus, et la reine des abeilles n’était surtout pas une reine des glaces, friande d’étreintes et de chaleur, qu’elle dispensait sans avarice.

- Je suis contente de te voir.

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Comment est ce qu’il avait fait pour tenir aussi longtemps loin d’elle ? Elle était là, devant sa porte, resplendissante, lui offrant son plus beau sourire, et il se demanda un instant si c’était bien réel.
@Rose Coldridge entra dans son appartement à son invitation, et fit comme chez elle. Il sourit face à son amie qui se déchaussait pour entrer chez lui. Elle était une des rares personnes à le faire dans son entourage.
L’ex-étudiant était encore légèrement sous le choc lorsqu’elle prit soin d’ôter son manteau et de le poser à sa place (tout le contraire de Matéo).
Y avait-il vraiment plus d’une année qui venait de s’écouler ? Il aurait presque pu se retourner et voir Célenne se lever du canapé tout en déposant sa lecture (un journal la plupart du temps), et venir accueillir Rose. Les choses étaient tout de même différentes aujourd’hui. Il y avait bel et bien plus d’une année qui avait passé depuis leur dernière entrevue et Elio avait été détestable avec sa chère amie.

Comme si de rien n’était, comme si le passé n’avait pas vraiment d’importance, elle ouvrit ses bras comme elle avait l’habitude de le faire. Il lui sourit en retour, se trouvant légèrement bête de se sentir aussi mal à l’aise et accepta volontiers l’étreinte.
Il vint se blottir contre elle, son nez contre ses cheveux blonds, humant son parfum. Comme cela faisait du bien de la retrouver ! En arrivant à Hungcalf, elle avait été près de lui, renforçant la complicité qu’ils avaient déjà créé à Poudlard. Il se souvient lorsqu’il lui avait parlé de Célenne la première fois. Elle avait même fait partie de ce cercle restreint d’amis pour fêter leurs fiançailles.

Il ne trouva pas les mots pour lui répondre. Il était plus qu’heureux de la sentir près de lui, soulagé, reconnaissant qu'elle ait fait le pas jusqu’ici. Il n’y avait pas de mots pour exprimer ce flot d’émotion qui l’envahissait peu à peu alors il la serra un peu plus fort. Rose, depuis leur rencontre, avait toujours beaucoup compté pour lui et son absence avait été difficile, même si c’était lui qui l’avait provoqué. Pourquoi n’avait-il pas fait le pas en premier ? Certainement par manque de courage, parce qu’il avait honte de son comportement.

Ses yeux s’humidifièrent alors il se dégagea doucement de cette étreinte et prit les mains de son amie. Il ferma un instant les yeux - quelques larmes coulèrent le long de ses joues - tout en expirant longuement pour reprendre contenance.

C’est incroyable...-il se racla la gorge pour faire disparaître cette boule d’émotion gênante. C’est incroyable que tu sois ici. Merci, dit-il en ouvrant les yeux et en serrant un peu plus ses mains. C’était un remerciement qui venait du plus profond de son coeur.

S’il restait ainsi, ils allaient certainement par finir de pleurer l’un et l’autre alors il reprit ses esprits et se raccrocha à son rôle d’hôte.

Ca te dis un chocolat chaud ? Fait maison bien entendu, dit-il en se dirigeant vers le coin cuisine tout en essuyant ses yeux.

-Ou autre chose si tu préfères : thé, tisane, jus de fruits…

Il avait besoin de se remettre en mouvement, de s’occuper pour laisser cette forte émotion s’évanouir peu à peu et pouvoir profiter pleinement de la présence de Rose.

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☩ Il y avait eu un petit moment de flottement, court, où Rose s’était demandée si Elio allait reprendre ses esprits et, enfin, venir la saluer, la prendre dans ses bras, comme avant. Il était vrai qu’ils ne s’étaient pas vus depuis longtemps, très longtemps, peut être trop pour que cela soit parfaitement naturel, mais elle s’en fichait. Finalement, le grand brun était venu se serrer contre elle, qui n’était pas exactement petite non plus d’ailleurs, et elle referma les bras autour de lui dans une étreinte tendre, familière. Elle avait toujours été tactile, la Coldridge, cela faisait partie d’elle, et l’ancien étudiant de médicomagie avait, faisait toujours partie des quelques privilégiés à qui elle offrait toujours un régime particulier, à grand renfort d’une délicatesse dont elle n’était jamais avare. Elle lui avait embrassé la tempe alors qu’il reculait un peu, prenant ses mains dans les siennes avec ce qu’elle devinait comme un peu d’humidité dans le regard.

- Incroyable, vraiment ? Pas tellement, en réalité, j’habite depuis cet été à tout juste cinq minutes à pied… Mais j’ignorais ton adresse à cette période !

Elle souriait, souriait autant qu’Elio pleurait, d’émotion elle l’espérait en tout cas, alors qu’il gardait leurs doigts noués et qu’elle ne pouvait même pas lui éponger les joues, comme elle pouvait le faire lors des gros chagrins de son fils. Elle le laissa gentiment reprendre ses esprits, détaillant distraitement du regard le hall d’entrée si bien rangé, pour une garçonnière abritant deux frères. Elle doutât sincèrement que cela soit l’oeuvre de Mattéo, mais ne dit rien, préférant suivre l’aîné dans sa cuisine, elle aussi aussi étincelante qu’un sous neuf.

- Un chocolat chaud, c’est très bien, il n’y a jamais trop de chocolat dans une vie.

Le ton était tranquille, c’était celui-là même qu’elle employait déjà des années avant, quand ils étudiaient ensemble. Elle attrapa une chaise pour s’asseoir près du plan de travail, sans empiéter sur son espace vital. Ecartant une mèche blonde du bout des doigts, elle sentait vibrer dans l’air toute l’émotion fébrile, encore à fleur de peau, d’un Elio qui aurait surement besoin d’un peu d’aide pour se sentir tout à fait à l’aise. Cela tombait bien, elle était plutôt douée pour faire la conversation, et elle était elle-même sincèrement heureuse de retrouver le jeune homme dont elle avait cru comprendre qu’il avait passé des heures bien sombres, dernièrement …

- Je suis surprise que Mattéo ne t’ait pas vendu la mèche, j’étais persuadée qu’il trouverait un moyen de te dire que j’avais faire la fouineuse … Et pourtant non, il est plus dans la lune que toi.

Un petit regard de biais, un sourire, et elle reprit, tout doucement, d’une question moins anodine qu’elle en avait l’air.

- Comment vas tu ? Ça fait tellement longtemps ... Je me répète. Mais j'ai l'impression que cela fait une éternité...

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Sam 16 Jan 2021 - 14:29

En se dirigeant vers la cuisine, Elio tentait de reprendre contenance. Il avait encore du mal à croire que @Rose Coldridge était chez lui. Que s’était-il passé pour qu’elle vienne jusqu’ici ? Est ce qu’il avait loupé un chapitre ? Certainement, et peut-être même plusieurs étant donné qu’il était encore paumé dans sa vie.
Le jeune homme sortit du chocolat en morceau et du lait. Il allait faire un chocolat chaud digne de ce nom pour elle ! Pendant ce temps, il essayait de calculer, en bon esprit scientifique, depuis combien de temps ils ne s’étaient pas vu. Elle l’interrompit dans ses calculs en lui confiant qu’elle avait eu leur adresse grâce à Matéo.

-Ce doit être de famille ! lui répondit-il.

Etre dans la lune, cela ressemblait vraiment à Matéo, qui avait ses propres préoccupations. Et cela arrivait régulièrement que l’aîné des Cooper soit dans la lune lorsqu’il était perdu dans ses pensées. Quelque fois il était certainement rendu jusqu’à Saturne ! Mais par contre, cela ne lui arrivait jamais quand il était dans l'action, concentré dans ce qu'il faisait.

-En tout cas j’aurai apprécié qu’il m’en parle. J’aurai eu l’air moins stupide face à toi en t’ouvrant la porte, continua-t-il en se tournant un instant vers elle, le regard rieur.

Ah il avait dû faire un sacrée tête ! Heureusement Rose n’était pas de ces personnes adeptes de tout filmer ! Genre : "je te fais un surprise, je te filme en même temps et je te la ressors dix ans plus tard".

Tandis qu’il mettait le lait à chauffer dans la casserole, il reprit son calcul.

-Cela fait grosso modo dix huit mois que l’on ne s’est pas vu...Tu as raison, cela fait une éternité !

Lorsqu’ils étaient à Poudlard, ils se voyaient pour ainsi dire tous les jours et lorsqu’il était arrivé à Hungcalf, ils se voyaient aussi très régulièrement même s’ils avaient leur vie chacun de leur côté.
C’était assez dingue qu’ils aient tenu aussi longtemps sans se voir, sans se parler, sans même échanger des lettres… Mais il savait qu’il en était responsable.
Il ne savait pas vraiment comment répondre à la question de son amie. On ne pouvait pas dire qu’il allait bien, mais il était sortit du pire.

-Je vais mieux, lui répondit il en incorporant le chocolat dans le lait.

Il ne savait pas vraiment par où commencer. Il avait vécu tellement de chose pendant ces derniers dix huit mois.

-Je remonte la pente. J’ai trouvé un petit boulot. Je travaille aux cuisines de Hungcalf le week end. Je sais ça n’a rien à voir avec la médicomagie mais ça me convient. De toute façon, il faut bien ramener un peu de sous…

Il se demandait comment allait réagir Rose face à cette nouvelle. Depuis qu’il la connaissait, il lui avait toujours rabattu les oreilles avec son projet de devenir médicomage urgentiste. Il était fait pour ça, il avait ça dans se sang. Mais il ne souhaitait pas reprendre ses études, pas sans Célenne. Et après tout, il retrouvait quelques similitudes avec le métier de médecin urgentiste, notamment dans la gestion des priorités sous stress. Cela dit, il fallait bien l'avouer, soigner les autres lui manquait.

Il versa le chocolat chaud dans les tasses et vint s’asseoir près d’elle au niveau de l’îlot central de la cuisine.

-Et voilà pour toi !

Il teint sa tasse vers elle afin de trinquer.

-A nos retrouvailles ! Lui dit il en souriant.
Comme il était heureux de la revoir !

Mer 27 Jan 2021 - 8:48

Retrouvailles entre amis de longues dates
‟ Tendresse d'amis vaut mille baumes „

☩Rapidement, Elio avait repris contenance, s’agitant dans sa cuisine comme l’hôte modèle qu’il avait toujours été. Dix huit mois, c’était bien long, si on y réfléchissait bien, il s’était passé tellement, tellement de choses pour elle : Elle avait eu le temps de rompre avec Marcus, celui qui avait été son meilleur ami, son amoureux, son fiancé, celui qu’elle s’imaginait être l’homme de sa vie, d’accoucher, d’être diplomée de la prestigieuse université, sans les honneurs qu’elle avait visé toute sa scolarité, mais avec un poupon dans les bras et le coeur brisé. Elle avait emménagé et déménagé deux fois, vu des amis partir pour d’autres horizons, d’autres revenir, plus ou moins abîmés par les affres de la vie. Elio en faisait partie. Et puis, il y avait l’arrivée de Malachi, puis celle d’Aedan, presque par hasard, presque par accident, dans sa vie…
Rose s’installa un peu plus confortablement, les avant-bras sur le comptoir, observant les gestes soignés et précis de son ami en souriant.

- Je suis contente de l’entendre. J’avais cru comprendre qu’il y avait un petit nouveau aux cuisines, mais si j’avais eu à deviner que c’était toi … Je ne suis que très rarement de garde à l’infirmerie des week-ends, mes collègues nullipares ont la gentillesse de prendre ce tour-là. C’est loin de la médicomagie certes, mais hey, j’ai bien du prendre le poste d’infirmière à temps partiel à Hungcalf pendant presque un an et demi, alors que j’ai obtenu mon doctorat et validé mes stages de praticienne en obstétrique … Entre nos objectifs et nos réalités, il y a souvent une belle différence, ce n’est peut être que partie remise ?

Elio faisait partie de ces pairs que Rose s’était toujours imaginée retrouver un jour dans une cohorte de blouses blanches, un futur collègue incontournable : il avait été un camarade à la fois agréable, constructif et attentif, un interne qui avait la médecine et le serment d’Hippocrate gravés dans son Adn. Du plus loin qu’elle s’en souvienne, elle avait toujours été convaincue que son ami serait un médicomage formidable, un praticien à la fois humain et qualifié, sans une once d’égo mal placé. Si il ne se remettait pas à la médicomagie un jour, le monde y perdrait, elle en était intimement persuadée.

- Peut être que nous aurons l’occasion de nous croiser un jour là-bas alors, même si mes jours y sont comptés. Ah ! Merci !

Elle attrapa la tasse restée magiquement tiède malgré la boisson bien chaude et fumante, et trinqua tranquillement, porcelaine contre porcelaine, avant de souffler sur le chocolat avant de le gouter avec précaution.

- Hmm, c’est chaud, mais c’est délicieux ! Tu as mis de la vanille dessus ? Ou de la cannelle peut être ?

Elle reprit une gorgée, plongeant son regard clair dans celui de son ami, laissant un silence confortable s’installer entre deux gorgées : elle détaillait le jeune homme encore fébrile de son apparition surprise, mais dont le sourire lui faisait chaud au coeur. Elle savait qu’il avait traversé lui aussi tempêtes et orages, et ce visage presque serein était un véritable soulagement pour l’écossaise.

- A nos retrouvailles, et à cette matinée où tu vas être coincé avec moi, parce que je ne compte pas te lâcher. Tu dois avoir des millions de choses à me raconter, et moi aussi. Tu es sorti quand ? Vous avez emménagé récemment, avec Matéo ? Comment s’en sort-il à l’université ? Je veux tout, tout, tout savoir. Sans omission, merci bien !

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Tandis qu’il était en train de préparer le chocolat chaud, Elio écoutait attentivement son amie. Un mot le fit tiquer : « nullipare ». S’il ne s’était pas retenu, il se serrait frappé le front. Mais quel idiot il pouvait être des fois ! Lorsqu’ils s’étaient « perdu de vue » @Rose Coldridge était enceinte…Elle était donc maman aujourd’hui ! Il se retint de lui poser des questions par rapport à sa nouvelle « étiquette ». Évidemment il brûlait d’en savoir plus mais il avait aussi honte d’avoir pu oublier un tel changement dans la vie de son amie.
Il hocha la tête pour réponse à sa question. Est ce que c’était vraiment que partie remise ? Elio en doutait. Bien sûr que le soin à l’autre lui manquait mais il ne se voyait plus médecin urgentiste. Avec ce qu’il avait comme diplôme il pourrait pourtant travailler en tant qu’infirmier mais il avait vraiment besoin d’une coupure avec ce domaine d’activité.
Il y avait quelque chose de cassé en lui, et il ne voulait pas forcément le partager, du moins pas pour le moment…

-Oh tu sais il y a peu de chance que l’on se croise à la fac car je ne sors pas des cuisines. Et comme elles ont leur propre entrée…

Il lui apporta son chocolat et trinquèrent ensemble à leurs retrouvailles.

-Oui un peu de cannelle… Tu as du nez ! Lui répondit il en souriant.

Il but une gorgée de la boisson chaude tout en savourant la présence de Rose. Elle avait été un pilier dans sa vie pendant toutes ces années. Comment avait-il réussi à surmonter cette épreuve sans elle ? Quoiqu’il n’était pas complètement remis. Peut-être arrivait-elle au bon moment finalement…

Il se mit à rire face à son avidité d’informations le concernant. Oui ils avaient beaucoup à rattraper. Auraient-ils suffisamment de temps avec une matinée ? Pas sûr, mais c’était déjà bien assez précieux.

-Hé bien… il regarda un instant sa tasse. Il ne savait pas vraiment par quoi commencer. Alors, autant répondre à l’une de ses questions.

-Je suis sorti de l’hôpital début juin 2019. Je suis rentré ici chez moi, car je ne me voyais pas revenir chez mes parents. J’ai passé des mois bien difficiles mais au moins je n’étais pas seul. Je sais qu’à ce moment là, Matéo a prit beaucoup sur ses épaules. Je ne lui serai jamais assez reconnaissant pour tout ce qu’il a fait. Encore aujourd’hui, il se met à s’inquiéter dès que j’ai un coup de blues… Le pauvre, je crois que je l’ai traumatisé, dit-il accompagné d’un demi-sourire.

Il fit une pause, la mine grave. Elio s’était rendu compte qu’il n’avait pas été le seul à souffrir. A cause de cet accident à la piscine et de son internement à l’hôpital beaucoup de ses proches avaient souffert aussi, surtout @Matéo Cooper.

-C’est grâce à lui si j’ai pu être pris en charge à l’hôpital. Il a fait bougé les choses en parlant de mon accident à mes parents. Sur le coup, je lui en ai tellement voulu ! Mais aujourd’hui je sais que c’est lui qui m’a sauvé.

Il se racla la gorge, sentant l’émotion rejaillir de nouveau. Il but une gorgée de son chocolat avant de reprendre, appréciant l’écoute de Rose.

-Évidemment, ma mère était présente aussi. Bon, mon père, tu le connais, il n’est pas vraiment démonstratif. Alors il est resté fidèle à lui même. Wyatt aussi était là. Et heureusement qu’il était présent à cette foutu soirée sinon j’aurai certainement fini noyé. Mes deux anges gardiens : mon frère et mon cousin.

Il était vraiment reconnaissant envers eux, sa chère famille, ses deux frères car @Wyatt Nightingal avait beau être son cousin sur papier, il n’en était pas moins frère dans son coeur.

-Bref, j’ai de la chance d’avoir été bien entouré à ma sortie. Kash m’a bien aidé aussi car il m’a donné l’adresse d’une bonne psychomage ! Depuis je suis toujours suivi par elle et cela me fait du bien. J’ai pris le temps de prendre soin de moi...Par contre annoncer à ma famille mon arrêt dans mes études a été compliqué. Pas évident de voir la déception dans le regard des autres, surtout quand tu en es à l’origine…Mon père ne l’a d’ailleurs toujours pas accepté.

Un soupir et il reprit.

-Puis j’ai tenté quelques boulots non concluant jusqu’à ce que je trouve ce poste à Hungcalf. J’aime cuisiner. Cela peut paraître incroyable je sais, mais j’y ai pris goût, avant même d’être embauché comme commis de cuisine. Au fond, cela demande la même minutie que la préparation d’onguents ou de potions, lui dit il avec un léger sourire.

Il se tourna ensuite face à elle, plongeant son regard dans le sien.

-Tu sais je ne suis vraiment pas fier de ma période auto destructrice. J’ai fais des choses qu’aujourd’hui je regrette. Ta présence aujourd’hui m’est précieuse et me soulage car dans ton acte je sais que tu me pardonnes. Cependant, je te dois tout de même des excuses. Je suis sincèrement désolé du comportement que j’ai pu avoir envers toi.

Il lui était vraiment important de verbaliser ses excuses et sa reconnaissance. Après tout, si elle avait mis aussi ce temps à revenir vers lui, n’avait-elle pas été blessé par ses propos ou son comportement ?

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☩ Avec une attention qui la caractérisait, Rose écoutait les explications d’Elio, sans l’interrompre, l’encourageant de discrets mouvements de tête à poursuivre, quand il faisait une pause, cherchait ses mots ou encore hésitait un peu à poursuivre. Le jeune homme lui semblait encore un peu maladroit avec les conversations badines et légères, et cela pouvait se comprendre aux vues de sa situation, il n’avait pas du être en mesure de Papoter avec des amis depuis un certain temps, et l’exercice différait sensiblement des échanges qu’il pouvait avoir avec son petit frère. D’ailleurs, la manière dont Elio pouvait parler de Matteo était sincèrement touchante pour elle qui était elle-même l’aînée d’une sororité de sept sœurs. Elle ne saurait jamais ce que c’était d’avoir un frère, mais elle se retrouvait dans l’amour filiale qui dégoulinait du sourire et des mots du grand Cooper. Elle connaissait un peu moins Wyatt, mais elle ne doutait pas une seule seconde que celui ci ait été un allié précieux : dans ces périodes si sombres, ceux qui restent se faisaient rares, mais ils étaient reconnaissables entre mille.

- La famille, qu’elle soit acquise ou choisie, cela change tout … Moi même je ne sais pas ce que je serais devenue sans ma petite sœur et sa Gabriel, le parrain de mon fils, après sa naissance…

Et pour cause, en l’espace de quelques semaines, elle avait du quitter son logement étudiant, déménager, accoucher, revenir avec un tout petit bébé, totalement seule, sans même savoir si ce qu’elle faisait était bien ou non, finir sa thèse, se remettre de son gros chagrin d’amour. C’était il y avait plus d’un an et demi matin, et pourtant, cela lui semblait être une éternité …

- Je connais Kashmiri de nom, nous avons des proches en commun… C’est une bonne personne, et un bon conseiller.

Elle n’en dit pas plus, il n’y en avait pas besoin, et puis Elio était lancé et il aurait été dommage de l’interrompre. Elle avait repris une gorgée de boisson sucrée, le regard perdu quelque part devant elle : la déception des parents, ça aussi, elle connaissait, et cette manie qu’avaient les pères à refuser de voir leurs enfants prendre un autre chemin que celui qu’ils leur avaient tracé. Cela faisait plusieurs saisons qu’elle ne parlait plus au sien, depuis Noël dernier, où il avait traité son propre petit fils de bâtard, avait mis des mots innommables sur la condition de sa propre fille, malgré les sacrifices, malgré la thèse obtenue par la force de la rage et du désespoir. Elle avait trouvé refuge, elle aussi, après sa chute, dans les entrailles réconfortantes de l’université pluri séculaire, tout comme lui, un étage au dessus. Au final, leurs trajectoires étaient bien similaires, bien que la perte de l’être aimé n’ait pas été aussi funeste pour elle que pour lui, quoi que tout aussi définitive. Alors qu’il s’excusait, elle avait posé sa main tiède sur la sienne, en amitié, et son sourire clair avait également illuminé son visage.

- Tout est pardonné, Elio, on a tous fait des erreurs, nous sommes des êtres imparfaits, et c’est très bien comme ça. Si j’avais su que tu étais là et en bonne santé, j’aurais essayé de te retrouver plus tôt, mais ma propre vie a été… Mouvementée.

C’était peu de le dire.

- … Est ce que tu es au courant que tu as devant toi la mère d’un enfant fabuleux depuis plusieurs dizaines de minutes, et que tu ne m’as même pas demandé son prénom ou à voir une photo ? Il y en a qui se serait fachée pour moins que ça !

Elle le taquinait bien sur, c’était de bonne guerre, et en même temps, elle avait vraiment hâte de montrer à son ami la chair de sa chair, et le petit bout de chou qui lui tenait compagnie et l’émerveillait du matin au soir depuis maintenant près de dix huit mois ...

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