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Upon a star ☆
Lun 14 Déc 2020 - 20:47
17.12.2020. En dépit de joues rosies par la chaleur des fours, Sebastian avait ajouté un tour complet — de même qu’un second noeud — à son écharpe Gryffondoresque, celle dont les mailles usées trahissaient l’âge, puis juste avant d’enfiler les moufles assorties à l’ensemble, le chef avait également étanchéifier un petit paquet de papier ciré — rempli de sablés écossais — au moyen d’une boucle de cordelette à gigot. Ainsi, il éviterait déjà que l’emballage dispute à son contenu, mais aussi de se retrouver à n’offrir que des miettes à cette matriarche aux attentes accrues à l’égard de sa cuisine. L’offrande modeste fut donc rapidement enfouie dans la poche de son caban de laine, puis après avoir trouvé l’énergie d’affronter pour une énième fois la volée de marches conduisant à l’étage, le chef avait rejoint le plus taciturne des cadets Saouli, les deux hommes ayant déjà convenus d’aller se réfugier pour quelques heures devant une boisson chaude — ou peut-être bien une pinte fraîche — entre les murs du plus vieux pub d’Inverness ; Le Cochon à plumes.
Il aurait évidemment été aisé de s’épargner la morsure du froid en transplanant discrètement dans l’allée de service du commerce — zonage moldu oblige — mais puisqu’il fallait déjà se rendre à la jonction du campus pour cela, la perspective de fouler les pavés de la Wade’s Road en profitant de ses installations festives balayait toute tergiversation à l’égard du mode de déplacement à privilégier ; ils feraient usage de leurs jambes. Recréant l’effet d’un petit village nordique avec son chapelet de cabanes en bois rond, le trajet était ponctué à la fois de stands alimentaires et de jeux de kermesse, laissant les passants se délecter des arômes portées vers eux par d’apparentes volutes claires, puis s’amuser des cris victorieux — ou des mous déconfites — de ceux sur qui le hasard s’était abattu aux épreuves d’habiletés.
La présence de Mehdi à ses côtés ajoutait par surcroît une couche de confort au décor, le musicien partageant avec aisance cette contemplation silencieuse, suivant qu’ils avaient déjà tous deux effectués quelques balades sur le même parcours dans les semaines précédentes. D’une certaine façon, Décembre les avaient enveloppés — en plus d’une fine couche de neige — d’une nouvelle épaisseur de tranquillité, dissimulant au passage quelques traces d’un automne aux couleurs appesanties. En parfaite adéquation avec cette accalmie de fin d’année, il ne leur restait plus qu’à profiter de l’effet féérique que plusieurs guirlandes de lumières esquissaient sur l’horizon Écossais, chassant élégamment la noirceur venue habiller le ciel au-dessus de leur tête.
C'est finalement au détour d’une rue étroite et à quelques pas de la grande place du marché que la voix de Sebastian se joignit à celle de la foule, par-delà deux ou trois bavardages à propos d’un achat de dernière minute, puis encore quelques éloges à l’atmosphère et aux installations provisoires.
— Oye, mind if we make a quick stop here ? Le cuisinier avait simultanément freiner son élan, puis il s’était contenté de dodeliner un peu la tête en direction d’une courte file d’attente située au pied d’un magnifique épicéa lourdement décoré de plus de quinze mètres de haut. Can't hurt to wish Dounia would let us control tonight's playlist for the pub, right ? ironisa t-il, rien que dans une tentative d’arracher un sourire complice à l’artiste en sa compagnie.
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Re: Upon a star ☆
Dim 17 Jan 2021 - 0:14
Le froid recouvrant Inverness pressent ses habitants à chercher la chaleur entre les pans de leurs manteaux et les murs des établissements conviviaux de la ville ; si Mehdi n'aime habituellement pas les foules, trop bruyantes à son goût, il apprécie la candeur qu'apporte Noël tous les ans – alors il ne s'enterre pas dans les cuisines du Cochon à Plumes comme il a pris l'habitude de le faire depuis son plus jeune âge : il traverse la salle de restauration, laisse sa mère l'attirer dans une embrassade et le réprimander pour la énième fois sur les perpétuelles tâches d'encre qui colorent ses doigts avant qu'elle ne disparaisse à nouveau comme une tornade, s'imprègne de l'odeur familière de bièraubeurre et de chocolat chaud, puis trouve une table dans un coin paisible à laquelle il attend Sebastian, qui ne tarde pas à arriver. Un sourire discret se dessine sur les lèvres de l'algérien ; le confort que lui apporte la présence du cuisinier suffit à le détendre un peu plus, faisant disparaître l'infime crispation de ses doigts autour de sa tasse de thé.
Dehors, le froid mord le bout de son nez, qu'il enfouit dans son écharpe bleue et bronze, la laine douce et effilochée par les années, imprégnée par une odeur indescriptible – home – qu'il inspire à pleins poumons. Le village de Noël, avec ses petits chalets nordiques et ses décorations lumineuses, est arpentée en long, en large et en travers par une foule aux visages curieux et souriants ; les enfants se pressent autour des jeux de kermesse et entre les passants, les adultes dégustent marrons et vin chauds, les étalages brillent de bijoux, de sculptures de bois, de créations artisanales. C'est beaucoup à prendre en compte, pour les sens de Mehdi ; il se rapproche un peu plus de Sebastian, comme s'il était une barrière pour le monde extérieur, tandis qu'ils déambulent entre les cabanons de bois dans un silence confortable. Il se laisse couler dans une réminiscence douce ; les lumières et le brouhaha des conversations enjouées autour de lui le renvoient à l'unique Noël passé à Poudlard, sa curiosité l'ayant poussé à rester à l'école pour profiter du calme improbable des couloirs du château et du repas de Noël en compagnie des professeurs et des élèves restés eux aussi. Les mines tantôt victorieuses, tantôt dépitées des enfants autour des jeux d'adresse lui rappellent les après-midis passés avec Inès, lorsqu'elle était encore toute petite et qu'elle le traînait par la main entre les étalages, désireuse de jouer – et de gagner – à tous les jeux qui attiraient son regard.
Son épaule heurte doucement celle de Sebastian lorsque ce dernier s'arrête ; Mehdi se tourne automatiquement vers lui. « Oye, mind if we make a quick stop here ? » demande-t-il, désignant d'un mouvement de tête l'immense arbre ornementé non loin. « Can hurt to wish Dounia would let us control tonight's playlist for the pub, right ? » le musicien sourit, amusé – un vœu probablement vain, se dit-il, sa douce et tendre mère ayant plutôt tendance à s'exaspérer lorsqu'ils partent dans une tangente musicale essentiellement constituée de guitares et de voix profondes et rauques. « Sure, let's go. Pretty sure we aren't supposed to say what we wish for, or else it won't come true – isn't it what the superstitious people say ? » si c'est bien le cas, mama ne les laissera certainement pas sélectionner la musique ce soir, à moins d'un miracle de Noël – et encore. Mehdi est assez certain que la volonté de fer de sa mère pourrait plier les lois de l'univers selon ses désirs. Tous deux se dirigent vers le stand au pied du sapin, où une petite file d'attente patiente tranquillement pour écrire un vœu à accrocher sur les branches. « I never really know what to wish for, » admet-il silencieusement. « the down-to-earth, very much logical part of my brain keeps saying it doesn't matter anyway. » peut-être est-ce un peu trop abrupt et pessimiste à avouer ainsi, en plein milieu d'un village de Noël ; mais Sebastian le connaît depuis des années, et sait plus où moins que 80% de son cerveau analyse les informations de façon un peu trop concrètes, et que les 20% restants ne sont dédiés qu'à la créativité musicale.
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