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lonesome dreams (sapphire)
Sam 9 Jan 2021 - 15:56
lonesome dreams,
mai 2019. (mood)
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can it be as real as it seems?
maybe this time I won't wake from the dream
(calum) (tenue) Toutes les cartes que Lachlan Bragnam avait à jouer avaient été abattues sur le plat de la table. On donnait parfois davantage de crédit stratège au chef d'entreprise qu'il n'en méritait : les demi sourires du sorcier revêtaient ses traits d'un air plus roublard que ne l'était réellement le père, la faute à une bouche de guingois qui tarabiscotait la plupart de ses expressions faciales. Artisan dans l'âme bien plus que fin négociateur, le sexagénaire épousait les traditions de sa lignée, par son amour des choses bien faites et l'intérêt qu'il portait aux détails de ses créations. Sous sa gouverne, Bragnam & brothers avait conservé ses parts de marché et sa réputation d'orfèvrerie de qualité supérieure, mais il n'avait pas su gagner de terrain qui ne puisse être attribué à la dissolution d'entreprises compétitrices ayant eu les yeux plus grands que la panse dans leurs désirs d'expansion. Ses espoirs se fondaient tous sur ses fils, tout particulièrement son aîné.
Carlisle Muller intéressait beaucoup moins Lachlan que son frère, Alistair - pour un artisan du domaine du Quidditch, une association possible avec le Directeur du Département des sports magiques représentait une prise inestimable. De surcroît, malgré les envies de modernité des générations récentes de Bragnam, le pedigree des Muller faisait d'eux une excellente famille à laquelle s'allier. Le patriarche avait donc jeté quelques lignes à l'eau, revenues bredouilles : la seconde branche de la maison britannique semblait trop attachée aux traditions pour accepter un fiancé de sang mêlé, si récents puissent être les nouvelles racines d'un arbre dont la cime s'étirait pourtant sur des siècles. Heureusement, la fratrie de la branche principale des Muller s'était récemment fait connaître pour ses frasques : Carlisle Muller avait préféré accepter des fiançailles avec les Bragnam que de risquer que sa fille Elia choisisse d'imiter Sasha et Caël.
Qu’il était habile, le digne héritier de son père, capable de nourrir une conversation sophistiquée sans trop attirer l’attention sur lui, du genre à alimenter des politiques de couloirs sans être celui qui prononcerait les discours. L’avocat n’avait pas été doté de ce charisme qui attire les passions des groupes, ses prédispositions calmes et la difficulté de ne pas laisser son attention s’accrocher à tous les détails d’une foule lui interdisant ce genre de destin. Non, le juriste savait se montrer captivant en face-à-face, bien que ce genre d’interaction lui coûtait une quantité considérable d’énergie sociale. Même ce soir, alors qu’on aurait cru qu’il s’autoriserait une pause – n’annonçait-on pas ses fiançailles avec un joyau parmi les perles des sang purs? Et pourtant, Calum serrait des mains, alimentait les références à des soirées passées avec d’anciens collègues stagiaires de l’Organisation internationale du commerce, désormais employés du Département de la Justice Magique.
Occupé à raconter une anecdote à l’ami d’une connaissance commune au sujet d’une conférence donnée par un ex-juge du Wizengamot, son visage se fendait d’un sourire en coin et d’un air entendu. Shatter. Il y avait quelque chose, derrière. Comme une craie qu’on fait crisser sur la surface d’un tableau noir. Le juriste s’entêtait, pourtant, mais trébuchait légèrement sur l’histoire – le momentum mis sur le mauvais mot, le regard qui s’égarait légèrement, à la recherche de la source. C’était sans importance pour les autres convives, certainement : une jeune femme au ton légèrement nasillard, tout juste arrivée. Personne ne semblait l’avoir remarquée – mais sa voix se fondait aussi bien dans l’ensemble qu’un dragon dans un magasin de porcelaine. Une fois que l’attention du sorcier avait été happée par la voix, c’était terminé.
« Lockyer, you’ll have to forgive me », glissa-t-il après avoir abrégé l’anecdote pour tirer au moins un rire amusé à son interlocuteur. « An old family friend just arrived and I really must salute him. Ah, Marshall! », héla Calum, voyant un de ses anciens amis Grymm traverser la pièce. Il fit signe au Britannique de les rejoindre. « Marshall Thompson, this is James Lockyer. James is a regulator for the Department of Magical Transportation, and Marshall is amongst the Department of Justice’s best and brightest. Catch you later, gentlemen ». Et il s’évanouit, sourire avenant aux lèvres, filant entre les invités des Muller pour mieux se réfugier dans l’un des salons attenants à la pièce principale de la soirée, dénuée de convives.
À l’abri des regards, Calum inspira, se concentrant sur sa posture. Head over heart, heart over hips, feet grounded. Éloigné comme il l’était, la voix de l’importune se fondit dans la masse, enfin, ramenant un brin de quiétude dans son esprit. L’avocat n’était pas seul, pourtant. Une silhouette, solitaire, qu’il remarqua en dévoilant à nouveau ses prunelles noisette. La courbure du dos et la chute de la chevelure aux accents d’argent indiquaient une intense concentration, et s’il aurait pu tourner les talons, il eut envie de cette pause bienvenue dans la foule, plus loin. La jeune femme était inconnue, mais si elle se trouvait ici, c’était qu’elle avait une certaine importance dans la société sorcière, et la leçon était imbriquée en lui depuis longtemps. You’re only as good as your network.
Calum s’approcha donc, rejoignant l’inconnue. « Good evening », la salua-t-il en mimant le mouvement de retirer un chapeau comme on se devait de le faire face à la gent féminine et en tout salut respectueux d’êtres estimés. Le futur dirigeant veilla à ne pas envahir son espace personnel en se tenant à une distance respectueuse, et regarda dans la même direction qu’elle. « Might I enquire as to what you’re looking at? » La question fut posée d’un ton agréable, courtois : celui dont il faisait usage avec les inconnus, personnalité affable et charmante de réseautage.
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Re: lonesome dreams (sapphire)
Sam 9 Jan 2021 - 17:48
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Sapphire était invitée aux mondanités des Muller depuis tant d'années qu'elle ne prenait même plus la peine de s’enquérir de la raison. Cela avait commencé relativement tôt, à Poudlard, alors que la jeune Serdaigle n'appartenait clairement pas au même monde que sa colocataire et meilleure amie Elia. Elle n'avait jamais su comment cela s'était produit : un excès de gentillesse laxiste de la part de Carlisle et Ruby ? un zèle de leur aîné attendri par l'amitié de sa petite soeur avec la jeune Irlandaise ? Elle ne voyait pas Elia oser demander à sa famille d'accueillir aussi souvent une sang-mêlée, qui vivait comme une bohémienne dans la campagne dublinoise. Quoi qu'il en fût, elle se trouvait souvent là, réclamée par Elia ou par Sasha selon l'occasion, si bien que les elfes de maison la saluaient désormais par son nom. Bien qu'intimidée par les lieux et la plupart des Muller, Sapphire McBee aimait beaucoup passer son temps libre dans leur manoir. Son architecture lui plaisait, ainsi que son immensité qui appelait à l'audace de tout visiter, et la lourdeur des mystères qui enveloppait l'une des familles les plus connues de Grande-Bretagne. Généralement elle se réfugiait dans la chambre d'Elia ou dans le grand salon occupé par la fratrie, quand elle ne flânait pas dans les jardins, attirée par la nature encore plus que par les murs, aussi admirables fussent-ils.
Pour cette énième occasion, l'innocente préférait rester à l'intérieur alors que la réception avait lieu dehors. Il y avait trop de monde qu'elle ne connaissait pas, Sasha était absent et Elia accaparée par ses devoirs d'héritière modèle. Attendant un moment plus propice pour retrouver sa complice de toujours, Sapphire s'était installée dans l'un des petits salons du rez-de-chaussée. Distraite par les tableaux, elle s'était sentie absorbée par la contemplation d'un scarabée qui déambulait sur le cadre d'ébène sculpté d'une représentation d'un énième château familial. Les mains croisées dans le dos, la sorcière imaginait les constellations qui se reflétaient dans les éclats irisées de la carapace de l'intrus - qui n'était pas le seul dans la pièce, visiblement.
Good evening, salua le corps céleste en envahissant l'univers dans lequel s'était plongée la jeune femme. Lorsqu'elle se tourna vers lui en silence, elle apprécia sa révérence distinguée. Elle aimait les manières désuètes de la haute société, dans laquelle elle n'avait pourtant pas grandi - ou peut-être justement parce qu'elle n'y avait pas grandi, et l'idéalisait en spectatrice rêveuse. Etrangement, l'Irlandaise n'avait jamais eu le sentiment d'être une imposture en ces lieux. Elle trouvait simplement amusant et légèrement déstabilisant de se trouver au milieu de sang-purs. Même si la tentation d'imiter avec exagération le salut d'une princesse lui traversait l'esprit, elle se souvint qu'elle n'était personne ici et se contenta d'un hochement docile de la tête. Good evening, sir.
Might I enquire as to what you’re looking at ? s'enquit avec courtoisie le sorcier en regardant le tableau derrière Sapphire. Elle resta un instant silencieuse, cherchant à comprendre de quoi il parlait, puisqu'elle avait déjà oublié ce qu'elle était en train de faire - il était assez rare que des invités s'adressent à elle, alors qu'elle se tenait en retrait, invisible, probablement parce que tout le monde savait qu'elle n'appartenait à aucune famille prestigieuse. Avisant le scarabée qui était désormais camouflé sur un coin sombre de la peinture, elle s'exclama. Ah ! I was only... admiring the, the painting. Désignant le tableau, elle pria pour qu'il ne lui demande pas ce qu'il représentait exactement. Did you come here looking for something in particular ? Non pas qu'elle prétendait pouvoir l'orienter dans la maison, mais il lui semblait un peu incongru de se retrouver seule dans une pièce avec un inconnu, aussi poli fût-il.
(tenue)
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Re: lonesome dreams (sapphire)
Sam 9 Jan 2021 - 20:08
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(calum) (tenue) Rejoignant la silhouette de lune, il la salua d’un geste datant du dix-neuvième siècle et de son ascendant de la noblesse sorcière. Le mouvement délicat lui offrit le portrait d’un visage fin et taillé dans la porcelaine, et des yeux agencés au ciel qui cédait le pas à la nuit. « Good evening, sir ». Sa voix polie était plaisante à l’oreille, décida le juriste, adressant un sourire respectueux à son interlocutrice. Il reconnut l’accent Irlandais, aux sonorités moins prononcées que ses propres aspérités calédoniennes. « Might I enquire as to what you’re looking at ? », demanda Calum avec courtoisie, jetant un regard au tableau derrière l’invitée des Muller. Devant l’instant de silence que lui offrit la demoiselle, il haussa légèrement les sourcils, air d’attente patiente imprimé sur le visage. « Ah ! I was only... admiring the, the painting » Son regard suivit le geste de l’Irlandaise, hochant la tête. Le sujet était quelconque, pourtant : un château, quel intérêt alors qu’ils se trouvaient eux-mêmes dans l’un d’entre eux, et que des dizaines d’autres œuvres étaient chargées de la même thématique.
« Did you come here looking for something in particular ? » Depuis l’enfance, la règle était la même. Maîtriser le diagnostic, ne pas l’admettre, éviter d’en révéler la teneur à quiconque. Dans le terme même, l’admission de faiblesse : déficit, comme s’il manquait un morceau à ses voies neuronales. L’Écossais adressa un sourire cordial à la jeune femme, admettant « Just a little peace from the crowd ». Une pieuse demi-vérité de juriste, le genre qui ne ment pas mais ne disait pas exactement tout. L’ainé Bragnam avait une réputation à tenir, celle d’un habile convive capable de naviguer les eaux de toutes les réceptions et de trouver des contrats, des partenariats futurs et plus d’une paire de yeux doux. Son propre statut de célibataire serait pourtant sacrifié le soir-même, ayant jugé, de concert avec son père, qu’il était parvenu à la limite de ce que son charme sans attaches pouvait faire pour l’entreprise familiale en termes de contacts. Non, il fallait désormais avoir accès aux réseaux des Muller, une porte supplémentaire à franchir qui lui permettrait de pénétrer dans la chasse-gardée des réunions de famille étroites, celles au cours desquelles les membres des familles se laissaient davantage aller. Avait-il seulement déjà croisé des prunelles cobalt aussi remplies d’étoiles, toutefois?
La bienséance requérait qu’il se présente, mais l’idée de la jeune ingénue esseulée devant l’œuvre d’art lui plut assez pour ne pas vouloir rompre d’illusions – à tout le moins, pas instantanément. Plutôt que de lui offrir son nom, lui demander poliment qui elle était, comment elle était liée au clan des Muller, Calum décida plutôt de reporter son regard sur le tableau. Il y avait un charme chez les inconnus, l’ex Grymm en avait conscience – avait souri de façon énigmatique assez de fois à des étrangères pour constater l’effet qu’un mystère pouvait avoir sur le comportement d’autrui, lorsque la curiosité était piquée. Surtout lorsque l’énigme se nimbait de courtoisie et s’habillait avec bon goût. « I didn’t mean to disturb you from your musings », offrit-il en guise d’excuses à la blonde, sans toutefois faire mine de la quitter. L’avocat se contenta de pivoter légèrement, pour faire entièrement face à la toile peinte d’une main qu’il devinait experte, sans disposer de toutes les clefs de l’appréciation du connaisseur. Learn more about painting, nota mentalement l’homme d’affaires, y voyant une faille conversationnelle. « What caught your eye in the painting? » la demande se fit sans la regarder, à ses côtés sans s’en rapprocher, les yeux qui tentaient de percer les secrets de la toile. Peut-être était-ce une toile de maitre (ne l’étaient-elles pas toutes?) pour valoir cet intérêt malgré le sujet ordinaire. Ou y avait-il un historique particulier derrière cette construction toute particulière? L’idée que la jeune femme ait pu s’y attarder sans raison lui déplut.
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Re: lonesome dreams (sapphire)
Mer 3 Fév 2021 - 19:03
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Si l'immensité austère du manoir et la réputation parfois effrayante de certains membres du clan Muller s'étaient peu à peu dissipées dans le décor pour Sapphire au fil de ses années d'observation et d'acclimatation, les interactions avec des inconnus restaient source de confusion pour elle, d'autant plus lorsqu'ils venaient d'un autre monde que le sien. L'Ecossais -puisqu'il faisait entendre le même accent chaud et robuste que les Fraser- avait fait un pas vers elle, sur l'autre rive, tirant le rideau qui séparait la scène prestigieuse des coulisses anonymes avec une délicatesse courtoise. Et maintenant ? Qu'avait-elle à offrir pour le recevoir, fuyante et timide ? Pour gagner le temps de se trouver une contenance acceptable, la disciple d'Uranie rangea soigneusement ses doigts les uns entre les autres dans son dos et lui demanda ce qu'il cherchait en entrant dans la pièce qui lui servait d'espace d'attente. Just a little peace from the crowd, répondit-il, aisément, facilement. Oh. I get that, admit l'intimidée. Pas l'aisance, non, mais le besoin de calme. Qu'un homme du monde qui se tenait et s'exprimait aussi bien ressente l'envie d'échapper à la foule la fascina légèrement. Que pouvait-il avoir à cacher, ou à préserver ? Cette incapacité à s'imposer en société n'était-elle pas réservée aux sorcières marginales et lunaires ?
I didn’t mean to disturb you from your musings, reprit l'inconnu. Sourire fade au bord des lèvres, d'insouciance, d'indifférence à ce qu'on interrompe ses rêveries - vouées à être constamment dérangées par le monde lorsqu'elle s'y adonnait en pleine journée. Le soulagement anticipé du départ de l'intrus fut étouffé dans sa poitrine sans avoir eu le temps d'en libérer le soupir, puisque le sorcier se tourna face au tableau. What caught your eye in the painting ? L'Irlandaise pivota à son tour, interdite, fixant la peinture avec le sentiment de ne rien reconnaître de ses formes. Hum... Droite comme un i, les mains verrouillées dans le dos, la docile étudiante se figea quelques instants avant de mettre fin à l'illusion. Actually, the bug, confessa Sapphire en retenant tout de même le réflexe enfantin de le montrer du doigt. Ses yeux de pierre précieuse s'y attardèrent juste assez pour le désigner, avec un léger regret. Les adultes aussi sérieux que celui qui l'interrogeait ne comprenaient pas grand chose à ce qui retenait son attention volatile. I don't really know much about painting, ajouta rapidement la jeune femme pour admettre son ignorance et abréger les difficultés de l'amateur en art qui devait se demander quoi répondre à telle ineptie.
Do you ? demanda-t-elle dans la foulée, en pivotant de nouveau vers lui, appréciant suffisamment leur distance pour se permettre d'engager la conversation - ou en tout cas, d'émettre l'espoir d'en avoir une. Sa question, bien qu'inaccessible pour elle, avait suscité sa curiosité sur ce que lui savait. Peut-être était-il passionné de peinture ? Voir quelqu'un d'enthousiaste décrire ce qu'il aimait dans un objet qui lui était étranger pouvait lui plaire. Non pas dans les mots choisis, mais dans l'étincelle du regard, les plis de la bouche, ces indices inconscients de ce qui animait les autres. A son tour de se montrer attentive et patiente, tandis qu'elle étudiait les traits de l'intrus qui avait percé sa bulle de solitude. Traîtresse rebelle, l'une de ses mains se libéra de sa cachette précautionneuse pour replacer une mèche dorée derrière l'oreille qu'elle dressait - tout en sachant bien qu'elle ne suivrait pas une réponse trop longue.
(tenue)
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Re: lonesome dreams (sapphire)
Dim 7 Fév 2021 - 12:41
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(calum) (tenue) Appréciant les traditions surannées du monde sorcier et une galanterie masculine héritée de siècles précédents, l’aîné Bragnam avait présenté des excuses courtoises à l’inconnue. « I didn’t mean to disturb you from your musings ». Pourtant, il ne fit pas mine de quitter la sorcière, préférant répondre à sa propre curiosité, celle qui lui avait donné envie de l’aborder – le mystère de la toile. « What caught your eye in the painting ? », demanda-t-il sans la regarder de front, ni se rapprocher. Calum fixait le tableau, tentant d’en percer les secrets de son regard de non-initié, et espérait une réponse intéressante. « Hum … » Était-ce la composition? Impossible, il devait y avoir cinq autres châteaux dans cette pièce. La technique? Peut-être – il n’y connaissait lui-même rien, mais était-elle réellement si différente des autres peintures? L’esprit piqué de ne pas comprendre, le juriste attendait la réponse de l’Irlandaise avec un intérêt non-feint. « Actually, the bug ». La surprise éclaira ses traits, et il sourit. That makes sense, et il avisa l’insecte aux couleurs iridescentes, connaissant trop bien les distractions pour blâmer la jeune femme de s’être davantage intéressée au scarabée qu’à l’œuvre. L’attention humaine était une chose étrange – ne tentait-il pas de maîtriser la sienne depuis l’enfance? « I don't really know much about painting ».
Lui-même habitué aux conversations de salon que tenaient beaucoup de femmes de sang pur, Calum savait reconnaître une discussion qui s’essoufflait – due à un manque d’intérêt ou une gêne certaine, peu importait. Sa propre sérénité retrouvée, le juriste s’apprêtait à incliner la tête vers la mystérieuse inconnue pour retrouver les autres convives. Malgré l’annonce des fiançailles, il y avait toujours des rencontres à faire, de nouveaux nœuds à nouer dans son réseau. « Do you ? » La question franche de la sorcière mit fin à cette amorce d’aurevoir qui n’en était pas un (qui savait s’ils se reverraient, et qu’importait, alors?), sa nouvelle posture ouverte le convainquant de rester.
Le disciple de Thémis fit non de la tête. « Not one bit, I’m afraid ». Ses doigts se tendirent pour tracer les contours palatiaux dans l’air – on ne touchait pas une œuvre, même sans stagiaire en forces publiques recallé pour vous dire de rester derrière la cordelette de sécurité – alors que ses iris noisette se promenaient le long des coups de pinceau qu’il distinguait sans être tout à fait capable d’en apprécier la technique. « I’ve always found their contents much more appealing than the technique behind them, and though hard work must be recognized, I’ve never had the eye for it ». Sa voix était tranquille, rangée. Celle du quotidien, des affaires, des conversations polies de corridors, au Ministère.
« I was curious if you’d maybe seen something special in this one, as it seemed like a copy of many others in here. A bug makes more sense ». Le regard de Calum se glissa vers celui de l’intrigante ingénue, dont les prunelles de tourmaline semblaient attendre quelque chose qui ne venait pas. Aucune once de déception, non, mais peut-être la patience de ceux qui restent sur leur faim dans une conversation. Sa propre habileté sociale reposant entre les lignes qu’il savait lire, Calum prit le temps (une fraction de secondes, en vérité) de l’observer, et si leur contact premier n’avait pas suffi à l’en convaincre tout à fait, il l’était, désormais. Une rêveuse. Le phénotype était clair – dans le maintien, dans les prunelles serties d'astres, dans la manière de courber doucement les paupières. De ces âmes qui songent à ailleurs pour le simple plaisir de le faire – le barrister connaissait ce genre de volatile, s’étant astreint à dominer ses propres pulsions en la matière toute sa vie. Chaque âme contemplative était différente, mais l’héritier était scient d’un trait commun : les rêveurs étaient curieux.
Un sourire aux lèvres – pas de connivence, ce n’aurait pas été convenable avec une demoiselle qui ne semblait pas sensible au charme qu’il ne s’attardait pas à lui servir, de toute manière. « Not knowing leaves room for the imagination, don’t you think? », demanda Calum, avant de s’écarter de la sorcière de quelques pas, laissant le silence emplir la pièce à nouveau. On entendait les échos feutrés de la reception, plus loin, qui semblaient s’emprisonner entre les drapés de velours recouvrant les surfaces capitonnées des fauteuils d’apparat du petit salon. Loin, il y avait la destinée – ici, il y avait un défi intellectuel.
Son sillage s’arrêta enfin face à une nature morte – on ne pouvait jamais tout à fait savoir, parmi les œuvres d’une collection sorcière : peut-être les personnages s’étaient-ils simplement lassés de cette toile et avaient-ils été rendre visite à des scènes qu’ils préféraient. Pour l’heure, un repas copieux de petit déjeuner trônait sur une table décorée d’une jolie nappe colorée, peinte de fleurs jaunes. Le typique english breakfast y reposait, agrémenté de gaufres et de jus divers. On sentait presque le café, dont les volutes fumaient avec délicatesse le long du canevas. Elles allaient se perdre sur la peinture au-dessus, faisant légèrement danser quelques herbes paresseuses d’une scène champêtre. « How about this one. Who made this food, and why is nobody there to eat it? », demanda Calum, invitant l’inconnue à l’y rejoindre. Un éclat dansait dans son regard, réchauffait sa voix – depuis l’enfance, Calum inventait des histoires. Incomplètes, imparfaites, généralement abandonnées en cours de route, mais si ses rêves avortés de romancier accumulaient la poussière dans une des multiples pièces de son ambition, son esprit y retournait parfois, pris d’un élan de création.
Ses phalanges vinrent encadrer son menton, doigts posés sur ses lèvres dont la commissure gauche se pinçait instinctivement en réfléchissant, et il inspira avec vigueur. « Maybe the family received an unexpected visit. The youngest one was just about to eat his waffle drenched with blackcurrant jam when a neighbour came knocking, needing help to negotiate the return of his prize cabbages with a group of hungry Cornish Pixies. So they all had to rush out, leaving this gorgeous food to cool off without being eaten. » Un sourire étira ses lèvres, et il fit un geste d’invitation adressé à l’infante d’Eire, l’encourageant à inventer, elle aussi. « Or maybe … » En suspens, son attention, et l’or de son regard, accroché aux gemmes du sien.
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Re: lonesome dreams (sapphire)
Sam 20 Fév 2021 - 11:13
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Not one bit, I’m afraid. Sapphire pinça les lèvres dans une moue désolée, comme si elle s'excusait d'avoir posé la mauvaise question, incapable de percevoir qui était amateur d'art ou non. I’ve always found their contents much more appealing than the technique behind them, and though hard work must be recognized, I’ve never had the eye for it, expliqua poliment le sorcier à la voix aussi monotone et mesurée que son allure distinguée et son costume raffiné. L'Irlandaise parcourut avec curiosité les lignes sombres de sa veste, perdue dans les méandres de sa déception. Il ressemblait tant à un adulte. Bien plus qu'elle. C'était probablement pour cela qu'elle n'écoutait plus vraiment la suite de sa réponse, bruissement longiligne au-dessus d'elle, comme le vent avant la pluie. ...A bug makes more sense. La jeune femme capta les derniers mots, rescapés du discours protocolaire. Pensant avoir mal entendu, Sapphire leva ses yeux cobalt vers le sorcier, incertaine. ...It does ? Pour elle, il n'y avait aucun doute que l'insecte avait plus d'intérêt que le tableau, mais l'affirmation lui semblait hors de propos dans la bouche d'un homme si responsable. Se moquait-il d'elle ? Bien que la disciple d'Uranie avait souvent du mal à percevoir les moqueries voilées, elle constatait qu'il avait l'air si sérieux, et sincère à la fois. Même le sourire qui se dessina après quelques secondes d'observation ne semblait pas mauvais. Not knowing leaves room for the imagination, don’t you think ? demanda l'inconnu comme s'il répondait à l'interrogation silencieuse de Sapphire. Il fit quelques pas dans la pièce, et l'idée qu'il disparaisse sur cette note énigmatique déstabilisa la sorcière, qui se surprit à apprécier le charme de ce mystère. Who are you ? Piquer la curiosité de la Lufkin était un excellent moyen de maintenir son attention volatile. Elle qui pensait s'isoler des invités fades et barbants sourit à l'idée que certains puissent se montrer aussi surprenants.
Le sorcier n'avait d'ailleurs pas fini de contredire ses attentes puisqu'au lieu de sortir il s'arrêta face à un autre tableau, comme s'ils déambulaient tous deux dans une galerie d'art. Déconcertée, Sapphire laissa de côté la déception de son scénario mystérieux et fronça les sourcils, se demandant ce qu'il faisait puisqu'il avait avoué ne rien connaître à la peinture. How about this one, reprit enfin le sorcier, comme s'il réfléchissait à voix haute. Who made this food, and why is nobody there to eat it ? La trivialité de la question ne fut pas aussi surprenante que le regard qu'il lança à Sapphire. Il souhaitait qu'elle le rejoigne et qu'elle réponde ? L'éclat lumineux de ses yeux mordorés accrocha la profondeur bleue des siens, et elle le dévisagea une seconde, vaguement séduite, intriguée, amusée de ce revirement inattendu. Il attendit qu'elle se rapproche, toujours à une distance convenable, et se tourne face à la nature morte, les mains dans le dos, curieuse et docile. L'inconnu prit alors une inspiration extrêmement sérieuse avant de dérouler son exposé. Maybe the family received an unexpected visit. The youngest one was just about to eat his waffle drenched with blackcurrant jam when a neighbour came knocking, needing help to negotiate the return of his prize cabbages with a group of hungry Cornish Pixies. So they all had to rush out, leaving this gorgeous food to cool off without being eaten. Au fil des mots, les sourcils froncés de la sorcière s'étaient écarquillés progressivement, jusqu'à ce qu'un léger pouffement n'étirât brusquement ses lèvres quand il mentionna les lutins de Cornouailles. Or maybe… Quand il se tourna vers elle pour l'inviter à participer, Sapphire le regardait différemment. Qui aurait soupçonné que sous l'apparence de ce sorcier solennel au costume austère se cachait un esprit fantaisiste ?
L'Irlandaise prit soudainement conscience de sa réaction inappropriée : ses yeux fascinés, son sourire rêveur, son silence méditatif. Rougissante, elle enjamba mentalement la voix de la bienséance qui lui soufflait de répondre qu'elle n'avait aucune idée de ce qui pouvait se passer dans ce tableau, d'un pas insouciant et enfantin, comme on franchissait une barrière qui barrait un chemin champêtre hors des sentiers battus. Ses yeux se posèrent sur la peinture, qui ne pourrait pas la trouver étrange, et elle répondit d'un débit fluide et libre. Maybe the person who made breakfast woke up hungry and took time to set this perfect and generous table, but as they sat they saw the sky outside. They realised they were hungry, yes, but not for food. La formulation cavalière lui fit marquer une pause dans un petit sourire contrit. They left in a hurry, appealed by the light you have to catch before the day goes further on. Sapphire regretta alors que le tableau ne pivotât pas pour suivre son regard au-delà de la fenêtre. The painting is not well centred, expliqua-t-elle, for what's really happening is not in the frame. As it should be, conclut-elle dans un haussement d'épaules discret, signe d'une légère nervosité. Elle ne s'était jamais prêté à ce genre de jeu et il lui semblait délicieusement bizarre qu'elle s'y adonnât avec un inconnu. Pour elle non plus, ce qui se passait réellement aujourd'hui n'aurait pas lieu dans le cadre public et ostentatoire du manoir : ses vrais moments se passaient à l'abri des regards, dans la confidence des pièces annexes - d'ordinaire avec Elia, mais en cet instant précis avec un sorcier agréablement bohème, et impénétrable.
(tenue)
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Re: lonesome dreams (sapphire)
Dim 21 Mar 2021 - 11:11
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can it be as real as it seems?
maybe this time I won't wake from the dream.
(calum) (tenue) Immobile dans un sillage qui avait laissé présager un faux départ, le sorcier s’était arrêté face à une nature morte. « How about this one. Who made this food, and why is nobody there to eat it ? » Le ton, invitant l’inconnue à le rejoindre et imaginer, peut-être, ce qui était devenu avec le temps une anomalie dans son esprit qui se voulait clinique : un amour sincère des histoires littéraires. Le visage réchauffé d’un éclat qui se transmutait en trémolos vocaux, il se concentra sur la toile. « Maybe the family received an unexpected visit. The youngest one was just about to eat his waffle drenched with blackcurrant jam when a neighbour came knocking, needing help to negotiate the return of his prize cabbages with a group of hungry Cornish Pixies. So they all had to rush out, leaving this gorgeous food to cool off without being eaten. » Sourire aux lèvres, il fit signe à l’héritière d’Eire de le rejoindre en terre d’invention. « Or maybe… » En écho, Calum devina l’intérêt de la sorcière – dans ses cérulés, l’envie rêveuse. C’était dans la posture davantage que dans le regard. Oh, les yeux en disaient long, abritant une valse de fascination en leurs sillons azurés, mais il eut l’impression de voir un oiseau sur le point de s’envoler dans sa silhouette aérienne.
L'Irlandaise rompit leur contact visuel, tournant son attention vers la toile, et le juriste épousa sa posture en une réponse symétrique courtoise. « Maybe the person who made breakfast woke up hungry and took time to set this perfect and generous table, but as they sat they saw the sky outside. They realised they were hungry, yes, but not for food. » Sans tourner le visage vers elle tout à fait, Calum haussa un sourcil, surpris de ce qu’il pensa un instant être un début de flirt de la part de la demoiselle. Sa propre posture se redressa légèrement – on le fiançait, ce soir, flirter ouvertement serait de très mauvais goût. « They left in a hurry, appealed by the light you have to catch before the day goes further on. » Ah. That kind of hunger. C’était un sentiment à la fois familier et tellement étrange qu’il cessa d’observer les traits habiles de la nature morte, fixant plutôt le profil de l’Irlandaise une fraction de secondes avant de retrouver la toile – ce qu’elle disait vibrait d’honnêteté, à moins d’être passée maître dans l’art de se donner des airs ingénus. De fausses rêveuses, il en avait rencontré quelques unes – rarement chez les Grymm, mais parfois chez les lufkin, des femmes plus roublardes qu’elles ne s’en donnaient l’air. Calum était à l’aise parmi elles, également adepte des jeux de société avec des êtres humains en guise d’assets. Mais si cette mystérieuse invitée jouait aux ingénues, il devrait manger ses propres chaussures et les lacets avec.
« The painting is not well centered, for what's really happening is not in the frame. As it should be » Le regard taché d’or du juriste coula discrètement vers l’Irlandaise, sans se tourner entièrement vers elle – l’espace qu’on laisse aux inconnus, tout en leur accordant toute son attention. Dans son haussement d’épaules, il la vit se dédouaner de ses propres propos, comme on s’excuserait d’une peccadille – ou était-ce qu’il n’avait pas tout à fait saisi ce qui faisait vibrer sa curiosité? Non, décida l’héritier des Bragnam. La fascination s’était lue au creux de son regard cobalt, aussi clairement qu’une promesse de jeunes cœurs qui se juraient fidélité : avec sincérité et sans retenue.
Calum se sentit hameçonné par un plaisir créatif que rien ne lui promettait, ailleurs – au sein de la salle de réception, il y aurait bien des sorcières bourgeoises pour déclamer des pans de poèmes comme on réciterait n’importe quelle production orale devant une maîtresse d’école, sauf qu’en guise de public, on aurait droit à des habitué.es de salon poussant des oh et des ah devant les mêmes rimes. En ces murs tapissés de toiles muettes, il y avait une sincérité poétique bien éloignée des calculs de cour – un instant, on pouvait s’adonner au plaisir de l’imaginaire sans en faire un artifice social … même si son premier instinct avait été de faire précisément cela. En guise d’encouragement, le barrister réitéra son offrande romanesque, préférant cette fois philosopher. Peut-être la mystérieuse invitée aux traits de fée serait-elle plus à l’aise de soutenir une discussion où la création littéraire avait pour voisine la réflexion intellectuelle?
Le silence s’était glissé entre eux, un instant (de trop?) suspendu en l’air alors que l’avocat s’était contenté de hocher sobrement la tête, jetant un regard appréciateur vers la sorcière blonde. « It reminds me of those side-adventures in books that seem to bring nothing to the plot, but you’d suddenly wish to widen the novel’s frame and let go of the main storyline, as if the most interesting things are the ones kept secret », remarqua Calum, en écho aux paroles de la jeune femme. L'Écossais aurait pu partir, sa sérénité retrouvée après l'assaut assourdissant de la voix nasillarde d'une des invitées - mais il choisit de rester encore quelques instants. « Which one seems the least well centered, here? » Combien de scènes inédites se déroulaient, ce soir? La trame narrative principale de sa soirée à lui ne se déroulait qu’en termes de fiançailles : toute discussion n’aurait qu’une fonction de préambule, des chapitres à servir en guise d’introduction à l’arc véritable de la nuit. Alliance à cimenter, perspectives de grandeur pour sa famille, pour l’entreprise, pour lui. Pourquoi, alors, rester ici? Because some side-stories are fascinating and derail our attention from the main plot.
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Re: lonesome dreams (sapphire)
Dim 21 Mar 2021 - 17:47
And I feel like I know this place
As the tree line breaks into wide-open space
I stare at a bright red sun
As the tree line breaks into wide-open space
I stare at a bright red sun
Les secondes s’égrenèrent, entrelacées de regards. L'entente était timide, informulée, incertaine. Sapphire était agréablement étonnée de découvrir un monde imaginaire sous la couverture morne et ordinaire du costume impeccable de l'inconnu. Heureusement pour la bienséance, il brisa le silence qui s'étirait un peu trop entre eux. L'Irlandaise n'y avait pas fait attention, mais la voix masculine la ramena à la réalité des convenances. Elle se redressa même, presque dans un sursaut, comme si elle venait d'être surprise à sentir une rose dans un jardin arpenté par de grandes personnes qui ne s'intéressent pas au parfum des fleurs. It reminds me of those side-adventures in books that seem to bring nothing to the plot, but you’d suddenly wish to widen the novel’s frame and let go of the main storyline, as if the most interesting things are the one kept secret. La phrase s'annonçait longue, trop longue pour mériter d'être écoutée dans son intégralité, mais le sorcier avait prononcé le mot magique. He likes books. Même le son de sa propre voix intérieure trahit l'émoi rêveur qui s'était emparé d'elle. Oh my. Les joues encore rosies, Sapphire détourna le regard, gênée de ses pensées présomptueuses.
Heureusement, l'Ecossais se comportait avec décence. Which one seems the least well centered, here ? reprit-il finalement, peut-être parce qu'elle n'avait rien répondu à son aparté sur les livres. La jeune femme jeta un regard circulaire à la pièce, très vite, avant de revenir sur lui, un peu décontenancée par la question. Me ? ...You ? Elle fut dérangée par l'idée qu'il pose une question aussi personnelle, sans prévenir, et ouvrit la bouche pour balbutier une demande d'explications, juste avant de comprendre. Oh. The paintings, silly. Sujet beaucoup plus facile. Un chemin de pierres sèches et solides pour traverser en sécurité une rivière au courant traître. La disciple d'Uranie les emprunta, dansant presque d'un pied sur l'autre alors qu'elle pivotait dans la pièce, les doigts s'agitant ci et là pour désigner vaguement les autres tableaux. Well, they're mostly castles and properties. Even the landscapes are dreary and imprisoned. Too square and perfect and well kept, commenta-t-elle d'un air tranquille, la voix empreinte de lassitude. Elle aimait venir chez les Muller, mais pour les personnes, certainement pas pour les lieux. There is not much left to freedom and daydreams around here, constata-t-elle maintenant qu'elle y réfléchissait, une tendre amertume dans la gorge. I suppose that's what sort the pure-blood from the others. A côté du manoir imposant et luxueux, riche d'un héritage strict, la maison de ses parents, près de Dublin passait pour un taudis mal entretenu. Leur demeure était emplie de tas de livres, de plantes, de quelques animaux, de soleil, de chants. Un vrai fourre-tout où les murs n'étaient ornés que de drôles de lampes-horloges fabriquées par Sapphire et de photographies des membres de la famille souriants. Elle n'appartenait pas à ce monde lisse et arrogant, celui de Sasha, celui d'Elia. Celui de son inconnu. Elle ne faisait que leur rendre visite, avec dans son sillon un peu de poussière d'étoiles.
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Re: lonesome dreams (sapphire)
Mar 6 Avr 2021 - 16:58
lonesome dreams,
mai 2019. (mood)
but I don't really know this place,
and it's lonesome here in the wide-open space
can it be as real as it seems?
maybe this time I won't wake from the dream
(calum) (tenue) Le juriste aurait déjà dû partir, paix de l’esprit retrouvée, mais la sincérité apparente de la sorcière et ses réflexions incongrues avaient piqué son intérêt. L’Irlandaise lui paraissait tellement différente des femmes de salon qu’il avait l’habitude de côtoyer, propres et parfaites en tous points. Parfaitement courtoise, elle l’était certainement, mais l’avocat avait trouvé charmante l’idée qu’autant de rêverie puisse être canalisée si rapidement (et dans un si bel écrin). « Which one seems the least well centered, here ? », demanda-t-il dans une dernière tentative d’étirer leur discussion poétique, avant de devoir rejoindre ses propres obligations. Calum l’observa avec retenue, cherchant la cible de son attention présumée comme si elle ne saisissait pas où il voulait en venir.
Devant l’air erratique de l’héritière d’Eire, l’Écossais faillit préciser sa pensée – « Oh. » Ses sourcils se haussèrent légèrement, en attente du verdict de la jeune femme. « Well, they're mostly castles and properties. Even the landscapes are dreary and imprisoned. Too square and perfect and well kept ». Dans sa voix vibrait un ennui profond, mais l’ex grymm choisit de l’interpréter comme un signe de lassitude à l’égard de ces soirées mondaines davantage que face à leur conversation, et un sourire léger se peignit sur ses traits à l’idée. Ce genre d’événement le laissait relativement indifférent dans les faits (you’re getting engaged tonight, though.), représentait au mieux une occasion de réseautage à exploiter et au pire une occasion de se retirer avec d’autres acolytes juristes, whisky et cigares à la main, pour refaire le monde et s’auto-congratuler d’être la jeune génération promise pour donner un second souffle à l’ancienne. « There is not much left to freedom and daydreams around here ». La morosité de la jeune femme lui parut ingénue et terriblement jeune à la fois – we’re all playing our parts, but we choose to be here. Calum avait toujours vu sa propre existence d’héritier ainsi : elle s’accompagnait certes d’obligations importantes, mais elles lui convenaient très bien. Le quasi-trentenaire s’impatientait de pouvoir prendre la place qui lui était dûe au sein de sa famille et de l’entreprise, ambition brûlante de faire ses preuves et de démontrer que s’il avait été choisi d’abord par naissance, il méritait sa place comme future tête de la Bragnam & brothers.
Parce qu’elle l’avait accompagné dans une errance d’esprit fantasque, Calum se permit de la contredire. « Maybe perfect and well kept castles hide more daydreams inside than one might expect », glissa-t-il à la jeune femme, avant de regarder l’heure sur une des imposantes horloges de la pièce. Il ne pouvait plus décemment justifier sa présence ici, malgré son envie de rester et de constater quels lambeaux de cet univers convenaient à la mystérieuse ingénue. Sa désorganisation mentale avait été doucement restaurée par la présence de la sorcière, mais l’héritier des Bragnam avait des responsabilités à honorer pour la soirée – une fiancée à rencontrer en tête de liste. Ses prunelles mordorées s’attachèrent franchement à celles de la sorcière, et il sourit. « It’s been a welcome pleasure, but I must go, miss … » Were you so mesmerized by the idea of fantasy-gallivanting you forgot the most elementary courtesy? « Forgive me, I forgot my manners. Ruaridh. » Que le second prénom, par on ne savait quelle impulsion, celle, peut-être, de ne pas tout à fait révéler qu’il appartenait bel et bien au monde qui semblait tant ennuyer la jeune femme, ou qu’il cherchait à en gravir les échelons. Que le second prénom, pour éviter de teinter son jugement, peut-être, de le savoir tout juste prêt à être fiancé et entretenant une conversation avec une inconnue seule dans un salon. Que le second prénom, parce que lui seul convenait à la poésie qu’il gardait secrète. can it be as real as it seems? maybe this time I won't wake from the dream.
- InvitéInvité
Re: lonesome dreams (sapphire)
Ven 9 Avr 2021 - 10:14
And I feel like I know this place
As the tree line breaks into wide-open space
I stare at a bright red sun
As the tree line breaks into wide-open space
I stare at a bright red sun
There is not much left to freedom and daydreams around here. Pourtant c'était dans ce petit salon qu'elle s'était réfugiée, comme dans une grotte à l'abri du vent bruyant et futile des discussions extérieures. Elle aimait patienter dans les recoins isolés du manoir, guettant un moment propice pour déambuler parmi les invités comme une intruse, ou attendant la venue de Sasha ou Elia pour la trouver, la bouche pleine de sourires et de confidences enfantines. Bien que Sapphire aimait par-dessus tout les grands espaces sauvages ou les architectures enchantées, elle n'avait aucune difficulté à se réduire à son rôle de petite souris dissimulée là où on ne l'attendait pas.
L'inconnu réfléchit un instant à sa déclaration, avant de faire une suggestion. Maybe perfect and well kept castles hide more daydreams inside than one might expect. L'idée la fit sourire instantanément. Les énigmes étaient son jeu favori. La perspective de trouver derrière chaque paysage ennuyeux une histoire fantasque à dérouler la séduisit. Et puis, cela faisait aussi écho à ce qu'elle devinait du sorcier : un esprit poétique derrière une carapace grave et sérieuse. Jamais elle n'aurait eu cette conversation avec lui dehors, au milieu de la foule de sang-purs conditionnés par leurs codes rigides et exigeants. Ici, il s'était permis de dévoiler un peu de la lumière qui vivait en lui, et l'Irlandaise en était charmée, pour ne pas dire un peu éblouie.
Tant et si bien qu'elle n'avait aucune notion du temps passé lorsque le sorcier amorça son départ, après un coup d'oeil à l'horloge. It’s been a welcome pleasure, but I must go, miss… Ils se sourirent l'espace d'une seconde, avant que les bonnes manières de la disciple d'Uranie ne reprennent le pouvoir. McBee. Un nom typiquement irlandais, bien que son accent ne laissait aucune doute. Sapphire, ajouta-t-elle dans un hochement de tête conciliant, considérant qu'après cet interlude agréable le jeune homme avait le droit de connaître son prénom. Forgive me, I forgot my manners, s'excusa le parfait gentleman. Ruaridh, ajouta-t-il à son tour. The red king. Le surnom du dernier haut-roi d'Irlande, comme s'il devait la surprendre jusqu'au bout. Sapphire se demanda brièvement s'il n'était pas lui-même un membre de la royauté - après tout les Muller avaient énormément de relations dans le monde sorcier. Une folle histoire de prince et de simple citoyenne lui traversa l'esprit, mais elle y mit un terme pudique en improvisant une esquisse de révérence pour saluer le sorcier qui s'en allait. It's been a pleasure for me too.
(rp terminé)
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