- InvitéInvité
Le thé endort la méfiance Ft. Nathaniel
Dim 28 Fév 2021 - 16:13
La moufette enchantée
C’était donc dans cette optique que Retha avait donné un rendez-vous à Nathaniel Wakefield dans le salon de thé La Moufette Enchantée. C’était un lieu neutre, parfait pour faire tomber quelques barrières. La sorcière cherchait tous les moyens pour faire baisser les barrières de l’esprit de son futur interlocuteur. Même les pensées immédiates pouvaient lui en apprendre beaucoup. A ses armes, Retha ajouta une robe de flanelle grise cintrée, aux manches légèrement en volume et qui descendait jusqu’à ses chevilles. Ses cheveux étaient noués dans un élégant chignon décoré d’une tresse. Il fallait paraître sérieux et respectable, charismatique sans pour autant donner l’impression d’être d’un autre temps. Il fallait pouvoir donner envie de se livrer.
Bien sûr, à l’heure du rendez-vous, Retha s’assura que son invité était déjà présent et l’attendait. Elle ne pénétra dans le salon de thé qu’à l’heure précise, ni en avance, ni en retard. Elle arriva au niveau de Nathanael et le salua, tentant sa main pour un serrage de poigne.
_ Monsieur Wakefield, je suis ravi que vous ayez accepté de vous entretenir avec moi. J’espère que le lieu vous convient, je n’ai pas envie de profiter de votre compagnie dans un lieu sinistre tel que nos bureaux.
Elle s’assit finalement en face de son invité. Elle lui offrit un sourire charmeur, bien que nullement sincère. Elle saisit la carte des thés et des gâteaux, mais ne quitta pas pour autant Nathanaël du regard.
_ Vous n’êtes pas sans savoir que je suis journaliste. Il va donc de soi que je prendrai quelques notes durant notre discussion, mais n’ayez crainte mon but n’est pas d’écrire un article sur vous. Je souhaite vous connaître, comprendre votre façon de travailler, de penser afin de pouvoir à l’avenir transmettre avec les bons mots vos actions futures.
D’un geste, elle fit léviter un carnet de son sac et un stylo qu’elle prit en main, reposant le menu sur la table. Son regard détaillait les expressions du visage de son interlocuteur, son langage verbal. La sorcière n’essayait pas encore de lire dans les pensées de Nathanaël. Il était encore un peu trop tôt pour ça. L’objectif n’était pas de brusquer le président du Magenmagot.
- InvitéInvité
Re: Le thé endort la méfiance Ft. Nathaniel
Mer 3 Mar 2021 - 22:05
Voilà de nombreuses années que mon ombre gravitait dans les sphères politiques ambitieuses du Ministère. Jongler avec les divergences politiques, charmer par des discours bien construits, créer un réseau fidèle, étaient autant de petits jeux qui m'étaient familiers. Formaté depuis mon enfance, je m'étais efforcé de devenir celui que mon père espérait que je sois. Un politicien intelligent, conscient de son rang et de son sang, mais qui n'en méprise pas pour autant le reste de la communauté sorcière. Alors, les journalistes ne me faisaient pas peur, loin de là. Alliés ou ennemis potentiels, ils pouvaient faire comme défaire des carrières en un seul papier, surtout lorsqu'il s'agissait de grands journaux nationalement lus et reconnus. C'était avec finesse et élégance que je m'efforçais de répondre à leurs sollicitations, refusant parfois des interviews mais toujours avec raison. Voici peu de temps était arrivée sur mon bureau une lettre provenant de la chouette enchaînée. Oh je connaissais bien ce journal. Incisif et percutant, il était très lu sur Inverness où se trouvait ses locaux et dans la capitale anglaise... Ce ne fut qu'après un certain temps de réflexion - toujours- que je répondis positivement à la demande d'interview d'une dénommée @Retha O'Ryan. Le jour venu, je m'étais présenté en avance à la mouffette enchantée, charmant salon de thé d'Inverness. Un établissement qu'il m'arrivait rarement de côtoyer, pourtant je n'y étais pas un inconnu. La plupart des habitants de la gardienne du Loch Ness me connaissaient de nom et surtout n'ignoraient pas que mon domaine se trouvait à leur côté. Une fois installé, j'attendis patiemment, mon regard d'un bleu glacial posé négligemment sur la porte d'entrée. Stratégie de l'esprit. Ne pas se laisser surprendre. Une femme élégante finit par entrer dans le salon et nos regards se croisèrent succinctement avant qu'elle ne me rejoigne. Convenances obligent, je me levais lorsqu'elle arrivait à ma hauteur, serrant la main qu'elle me tendait avec fermeté et franchise. "Miss O'Ryan. Je suppose que ce lieu offre en effet un cadre idéal et propice aux conversations, qu'elles soient sérieuses ou frivoles. Vous avez bien choisi." Il n'était pas difficile d'imaginer que la journaliste avait sciemment fait ce choix, consciente que le terrain était neutre, tout en étant ouvert aux oreilles potentiellement indiscrètes. Elle devait bien se douter que je n'étais pas dupe. Mon regard aiguisé ne quitta pas le sien, même quand il s'agit de prendre nos commandes. Les adversaires se toisaient. Un mince sourire s'afficha sur mon expression si facilement indifférente. Ses mots qui avaient pour but de me rassurer avaient quelque chose d'amusant. "Je n'ai aucune crainte. Je suis certain que vous êtes une grande professionnelle et que notre collaboration sera fructueuse. Alors dites-moi, de quoi devrions-nous parler en premier lieu? Une définition de mon poste actuel pourrait-elle vous intéresser?" Après tout, pour qui n'était pas initié aux spécificités de la hiérarchie ministérielle, les postes les plus hauts placés avaient surement ce côté obscur qui les rendaient difficilement appréhendables.
@Retha O'Ryan
- InvitéInvité
Re: Le thé endort la méfiance Ft. Nathaniel
Dim 28 Mar 2021 - 20:15
La moufette enchantée
_ Je vous remercie. De plus, il est bien plus agréable de discuter avec une boisson chaude, un plaisir simple mais qui permet à tout le monde se détendre. Fit-elle avec un petit sourire.
Les deux adversaires se jugeaient sans hostilité, mais cherchant à découvrir les forces et les faiblesses de l’autre. Retha avait un secret, sa légimencie et elle comptait bien s’en servir le moment venu. C’était son atout le plus puissant et surprenant, bien utilisé, il permettait d’obtenir des informations qui jamais n’auraient franchi la barrière des lèvres. Une partie de la renommée de la sorcière était construite sur sa capacité à obtenir des informations que personne n’avait réussi à avoir. Néanmoins, la magie était loin d’être son seul atout. Elle maîtrisait l’art des mots, de la manipulation, chose qu’elle pratiquait depuis des décennies.
_ Vous n’avez donc pas peur de ce que je pourrais écrire sur vous ? Voilà un homme qui respire la confiance. Je commence à comprendre comment vous êtes arrivé jusqu’à ici Monsieur le Président du Magenmagot.
Des compliments simples, dans le but de faire faiblir les méfiances, les barrières de son interlocuteur. La légimencie n’était pas aussi simple qu’un experliarmus. Sans préparer le terrain face à une personne intelligente et puissante, c’était comme essayer de perforer l’écorce d’un arbre avec une paille, inutile en résultat et en dépenses d’énergie.
_ Vous avez raison, votre poste actuel est un très bon point de départ pour cet entretien. Expliquez-moi et donnez-moi les raisons qui vous ont poussé dans cette voix, à accepter cette responsabilité. Je pense pouvoir dire sans me tromper que l’on ne devient pas Président du Magenmagot par hasard. Vos ambitions et vos talents y sont pour beaucoup. Qu’est-ce qui fait de vous ce sorcier au-dessus du lot ?
Le stylo commença doucement à gratter la papier, notant quelques réactions du visage de Nathanaiel ainsi que les mots qui avaient produit ne serait-ce qu’un haussement de sourcil, un clignement de paupière, une main qui se crispe ou un iris qui s’ouvre ou se ferme. Des détails peu utiles pour l’interview, mais d’une importance capitale pour réussir le tour de force de manipuler et de lire les pensées du Président du Magenmagot. Nathaniel n’était pas un simple étudiant comme Miguel Pajares avec lequel Retha pouvait simplement déployer son pouvoir pour avoir accès aux pensées immédiates. La sorcière était certaine que sans précaution, son interlocuteur se rendrait compte et l’interview serait alors caduque.
- InvitéInvité
Re: Le thé endort la méfiance Ft. Nathaniel
Jeu 22 Avr 2021 - 22:08
La journaliste jouissait d'une belle réputation dans son milieu, et si j'avais appris à me méfier instinctivement des membres de sa profession, je savais également qu'il était plus judicieux de s'en faire des alliés plutôt que des ennemis. La courtoisie et l'élégance étaient donc de mise. Première étape: tâter le terrain, jauger l'adversaire pour mieux l'appréhender par la suite. Échanges de regards. Le langage du corps était aussi essentiel que les mots que je pouvais utiliser face à elle. Sans doute était-elle une remarquable observatrice, et le moindre faux pas pouvait être interprété de la mauvaise manière. A moi de tenir mon rôle avec toute la sincérité et l'intégrité dont je savais faire preuve. Me contentant d'hocher la tête pour appuyer ses dires sur la convenance du lieu, je gardais mes yeux clairs fixés sur elle, essayant de capter dans les traits de son visage quelques secrets inavoués. La poignée de main échangée n'avait déclenché aucune vision, ou aucune sensation notable. C'était un avantage de perdu, mais je n'en doutais pas, j'aurais bien d'autres occasions de découvrir qui était cette intrigante journaliste. Les mystères de l'esprit, parfois... Me restait la plus fidèle de mes armes: mes mots. Si j'en étais parfois avare, je les utilisais avec finesse et intelligence. Sans forcément chercher à manipuler, il était utile de savoir trouver les mots pour s'adresser à telle ou telle personne afin de les amener à comprendre son propre point de vue. Sa question m'arracha un petit sourire. Ses mots relevaient de la pure flatterie, et si ce n'était pas spécialement désagréable, ils ne m'atteignaient pas tellement. Ce n'était pas la peur qui m'animait. Ma réputation étant déjà bien installée, il en faudrait beaucoup pour la détruire. Toutefois, la prudence était de mise. "La confiance est le maître mot. Je ne serai pas arrivé où j'en suis aujourd'hui si je n'avais pas gagné la confiance de mes collaborateurs, et inversement." Le duel avait commencé. Il était temps de passer à l'offensive et de prendre des risques -aussi mesurés soient-ils. M'imprégnant de chaque mot de la journaliste, je ne cillais pas, préparant mentalement la réponse à apporter. Celle qui satisfera les appétits voraces de la journaliste et ne me portera pas atteinte. Prônant l'honnêteté, les mensonges n'étaient pas dans ma nature, même si je savais les utiliser à bon escient parfois. Mes deux mains encadrant la tasse de thé fumante qui était posée devant moi, je pris quelques secondes supplémentaires avant de répondre. Le tout, c'était de ne pas paraître trop hâtif à répondre. Cela ne ferait que donner l'impression que je voulais me débarrasser de cette interview. "Avoir de l'ambition est essentiel pour espérer évoluer au sein du Ministère. Si cela m'a aidé à atteindre la position de Président du Magenmagot, cette promotion est également le fruit d'énormément de travail. Dix années passées aux côtés de mes confrères juges m'ont permis de saisir l’entièreté de la fonction, mais également de me faire une place en leur sein. En gagnant leur respect et leur confiance, je me suis construit une réputation qui m'a aidé à avancer. L'intégrité est également une valeur chère à mes yeux, et je ne doute pas qu'il s'agit d'une des raisons pour lesquelles j'ai obtenu ce poste si prestigieux. J'ai fait mes preuves en tant que juge, je dois les faire en tant que Président. Mais les enjeux liés à ce poste ne m'effraient pas, bien au contraire." Ma posture était parfaitement droite, et tandis que je soulevais la tasse jusqu'à mes lèvres, mes iris claires se posèrent dans celles perçantes de la journaliste.
@Retha O'Ryan
- InvitéInvité
Re: Le thé endort la méfiance Ft. Nathaniel
Jeu 3 Juin 2021 - 21:08
La moufette enchantée
Retha hocha doucement la tête aux mots de son interlocuteur. Nathaniel avait de l’assurance, celle d’un homme qui avait conscience de ses capacités et qui savait s’en servir. Dans cette logique, la journaliste questionna son interlocuteur, sur sa carrière, sur ses ambitions. Nathaniel prit son temps pour répondre. Il cherchait à montrer qu’il était calme, sûr de lui. Retha le voyait, maintenant il restait à savoir si ce n’était qu’une illusion ou la vérité. Les yeux de la rouquine observaient avec attention les lèvres, mais aussi les yeux et les doigts du président du Magenmagot, à la recherche de la moindre micro expression. Sans avoir besoin de regarder ce qu’elle faisait par habitude, elle prenait des notes de la discussion.
Un petit sourire se dessina sur le visage de Retha en entendant son interlocuteur parler d’intégrité. Elle n’était pas surprise. Il aurait été étonnant que le président du Magenmagot dise le contraire. C’était même le scandale assuré. Tout ça sonnait comme un discours bien préparé et répété maintes et maintes fois. Ce n’était pas ça que Retha était venue chercher. Les informations que n’importe quel journaliste bas de gamme pouvait avoir et qui étaient déjà parues dans bon nombres de papiers n’avaient aucune valeur. La posture du sorcier confirmait qu’il était sûr de lui, qu’il avait l’habitude de parler de ça. Il ne trahissait rien.
_ Si nous laissions de côté les discours préparés que votre prédécesseur et celui avant lui aurait pu prononcer ? N’êtes-vous pas plus qu’un énième président du Magenmagot ? Ou êtes-vous Nathaniel Wakefield, un homme patient qui ne perd pas de vue son objectif ?
La sorcière se tut pour boire calmement une gorgée de son thé sans faire un bruit. Elle reposa la tasse avec délicatesse et grasse, respectant les bonnes manières traditionnelles dans l’art de boire le thé.
_ Vous avez mentionné votre travail important pour obtenir ce poste, mais dites-moi est-ce là la fin de votre route ou visez-vous encore au-dessus ? L’ambition n’est pas une tare, c’est elle qui pousse les grands de ce monde à donner tout ce qu’ils ont.
Une question enrobée d’un compliment indirect, avec ça, Retha espérait réussir à faire s’ouvrir doucement son interlocuteur. Elle ne voulait pas faire craquer sa carapace comme le ferait certaines brutes. Non, elle était bien plus vicieuse que ça. Elle comptait mettre en confiance et laisser son interlocuteur lui-même retirer sa carapace et se mettre à nu, métaphoriquement parlant.
_ Vous n’avez aussi pas répondu à ma question. Vous ne m’avez pas dit ce qui fait de vous un sorcier hors du lot. Le travail dur et une bonne réputation n’est qu’un artifice de modestie bien trop utilisé au fils de temps. Montrez-moi l’homme que vous êtes, ce que l’on ne voit pas sur votre CV, votre véritable force.
Elle posa à son tour son regard dans celui de son interlocuteur, dans les fenêtres de l’âme, ces organes qui trahissaient bien plus souvent leur propriétaire que ce que l’on pouvait penser.
- InvitéInvité
Re: Le thé endort la méfiance Ft. Nathaniel
Mer 4 Aoû 2021 - 22:38
Un adversaire digne de ce nom se trouvait face à moi. Duel au sommet dans un lieu pourtant si propice à la détente et au relâchement. Les premières questions furent assez formelles et l'aisance naturelle dont je faisais preuve ne ternissait en rien ma réputation d'homme intègre. Fidèle à mon image et mon rang, je ne laissais rien transparaître, adressant un sourire poli de temps à autre, prenant un ton presque détaché pour lui répondre. Je me doutais que la journaliste n'attendait qu'un faux pas de ma part pour étaler vices et vie privée sur la place publique. Seulement elle n'avait que l'ombre d'une idée de qui j'étais en réalité. Si j'avais mes secrets, il était fort à parier qu'elle aussi avait les siens, bien caché derrière sa mine sérieuse et son sourire charmeur. Une posture parfaite face à elle, alors que j'avalais avec élégance le thé qui m'avait été servi. Hors de question de le laisser refroidir, ce serait un crime envers tous les amateurs de thé. Ses questions me firent sourire. Je la laissais parler, tenter de trouver la question qui me déstabiliserait. Elle essaya même de me complimenter. C'était mal me connaître. "Je suis un homme ambitieux, Miss O'Ryan, je ne l'ai jamais caché. En tant que président du Magenmagot, je resterai fidèle au juge que j'étais et je compte bien faire jaillir la vérité de chaque affaire que je traiterai, avec l'aide de mes collègues et pairs." Je m'arrêtais quelques secondes avant de reprendre, mon regard glacial posé sur elle. "Quant à mes objectifs, là encore, je ne m'en cache pas. Comme tout politicien, je cherche à gravir les marches du pouvoir et je me donne les moyens de réussir. Je suis très fier de ma carrière et je ne doute pas qu'elle continuera à évoluer." Après tout, dans une famille aussi influente, il était pratiquement obligatoire d'avoir une vision ambitieuse de son propre avenir. Tracer sa route, se forger des alliances politiques, gagner la confiance de ses collaborateurs. Si mon honnêteté et mon impartialité avaient fait ma réputation, personne n'ignorait mes ambitions. Nouvelle gorgée de thé, observant avec une curiosité non feinte la pause dramatique que venait de prendre la journaliste en s'attaquant elle-même à son breuvage ambré. Malgré tout l'enrobage mielleux des mots de la femme en face moi, ma méfiance ne faiblit pas. Peu importait ce qu'elle souhaitait apprendre de moi, il faudrait qu'elle fasse preuve de plus de ruse encore pour réussir à m'atteindre. Une alarme silencieuse s'alluma doucement dans mon esprit. Il y avait une menace chez elle que je n'arrivais pas à totalement appréhender. Ses derniers mots furent plus incisifs, comme si, enfin, elle en venait au coeur du sujet. Si elle savait que je ne me livrais même pas à mes proches, comment pouvait-elle imaginer que je le ferai avec une parfaite inconnue? Je soutins sans peine son regard, mon âme habituée à rencontrer celles des corps à proximité. Il n'y avait ni peur, ni appréhension dans mes prunelles d'un bleu glacial. Seulement une détermination sans failles et une volonté de fer. Celle de ne rien lâcher. Jusqu'au bout. Coriace. "Doit-on nécessairement être hors du lot pour réussir sa carrière? Je suis le fruit de mon nom, de mes études, de mes années en tant que juge. Je suis ce que je suis. Un homme sûr de ses capacités, prêt à tout pour que justice soit rendue avec impartialité. Ma force, c'est de ne pas nier d'où je viens, les choix que j'ai fait, ni qui je suis." Un sourire presque amusé apparut au coin de mes lèvres alors que je rajoutais en me redressant: "Mais je suppose que ce n'est pas la réponse que vous attendiez, n'est-ce pas?" Que cherchez-vous Miss O'Ryan? m'adossant à ma chaise, je repris ma tasse en main et observais la réaction de ma vis-à-vis. Et maintenant, la balle était dans son camp.
@Retha O'Ryan Désolée pour l'attente.
- InvitéInvité
Re: Le thé endort la méfiance Ft. Nathaniel
Ven 10 Sep 2021 - 21:01
La moufette enchantée
Ce fut au tour de l’ancien juge de prendre la parole, Retha l’écouta avec attention tandis que sa plume à papote notait les paroles prononcées. Un léger sourire se dessina alors sur le visage de la sorcière, elle venait de trouver un angle d’attaque, une contradiction dans les mots de Nathaniel Wakefield, du moins ça le serait pour les lecteurs de la Chouette Enchaînée. Néanmoins, elle ne dit rien pour le moment. Elle continua simplement ses questions après une longue gorgée de thé. Retha savait jouer sur les pauses dans un discours. Les mots étaient une de ses armes favorites et elle n’hésitait pas à s’en servir. Elle lança une attaque, plongeant sans crainte son regard dans celui de son interlocuteur. Elle y vit de la force et de la détermination. Nathaniel était un adversaire de taille. Elle l’écouta à nouveau répondre aux questions. Elle trouva un nouvel angle d’attaque, même si la réponse était loin de ce qu’elle avait espéré.
_ Ne vous inquiétez pas pour ça. Si je savais déjà ce que vous alliez dire, il n’y aurait aucun intérêt à vous interviewer.
Elle prit une nouvelle gorgée de thé avant de reposer la tasse, ses ongles cliquetèrent sur la porcelaine pendant quelques secondes après que l’objet ait regagné la table avant que Retha ne reprenne.
_ Vous avez dit plusieurs choses intéressantes. Vous vous dites en quête de vérité et la phrase suivante vous vous identifiez comme un politicien. Hors, par définition, un politicien est une personne exerçant un pouvoir sur un état. De ce fait, de nombreuses choses parvenant à vos oreilles ne peuvent être rendues publiques. Au mieux, vous êtes coupable de mensonge par omission et au pire d’hypocrisie.
Les politesses étaient finies. La sorcière avait trouvé de quoi attaquer l’armure de son interlocuteur. La méthode douce n’avait pas fonctionné, elle allait alors employer la force. Pour ça, il n’y avait rien de tel que de mettre quelqu’un face à ses contradictions.
_ Vous doutez d’être une personne hors du lot et pourtant, vous avouez être en partie le fruit de votre nom. Par cela, vous êtes hors du lot. Sans ce nom connu de Wakefield, peut-être que vous auriez trouvé de nombreuses portes closes au début de votre carrière. Ne pensez-vous pas que sans l’influence de votre père votre carrière aurait pu avoir un tout autre tournant ?
Retha ne doutait pas. Elle allait réussir à trouver de quoi faire tomber cette aura intouchable de Nathaniel Wakefield. Elle n’avait rien de particulier contre lui, mais c’est son travail. De plus, elle n’appréciait que peu les personnes usant de leur nom pour se construire. Si Retha était là aujourd’hui, c’était à la seule source de ses efforts et non à son nom. Ce secret bien gardé de ses origines faisait la force de la sorcière. Elle avait appris depuis longtemps à se salir les mains et à s’en sortir sans éclaboussure.
- InvitéInvité
Re: Le thé endort la méfiance Ft. Nathaniel
Sam 11 Déc 2021 - 19:05
Les journalistes étaient des créatures étranges et imprévisibles, qui pouvaient faire ou défaire des carrières lorsqu'elles avaient suffisamment d'influence dans leur milieu. Si je ne craignais pas leur langue acérée, elles pouvaient faire preuve de stratégies tellement surprenantes qu'elles en devenaient déstabilisantes. Habitué de ce genre d'exercice, il existait pourtant des risques certains que je me retrouve en danger. Même si l'art oratoire n'avait pas de secret pour moi. Ses réponses directes me prouvaient à quel point elle était confiante. Elle se sentait toute-puissante. Sûre d'elle. Ce qui ne m'incitait qu'à la prudence. Une nouvelle gorgée de thé et j'observais la journaliste qui semblait prête à aller au combat à nouveau. Mon silence et mon indifférence ne trahirent aucune émotion tandis qu'elle tentait de démonter chacune de mes paroles. Certes, elle était redoutable et elle attaquait là où je m'étais montré le plus imprudent - ou le plus honnête selon le point de vue. Cependant, il n'était pas question de se démonter. Bien au contraire. "Le politicien est au service du juge, qui lui-même est au service de la vérité. S'il s'avère que le politicien est au courant de vérités qui concernent des affaires en cours, il se doit de les transmettre et de les faire connaître." Je n'en dirais pas plus. Il n'était pas question de s'enfoncer dans des débats sans fond sur la dualité de ma position de président du Magenmagot. Si mon armure s'était fendillée, elle n'en demeurait pas moins hermétique à la plupart de ses attaques. J'étais venu avec toute l'honnêteté qui me caractérisait, mais s'il s'avérait qu'elle me mettait trop en danger, je couperai court au duel. La suite de son discours était du même acabit. Elle cherchait à me mettre au pied du mur, on sentait qu'elle aimait ça. L'adrénaline de réussir à ferrer un gros poisson. Mais je ne lui laisserai pas ce plaisir. Un fin sourire s'étira sur mes lèvres, sourire de politicien poli et sérieux. Redressé sur mon fauteuil, je pris mon temps pour répondre, buvant mon thé tout en laissant glisser mes prunelles glaciales sur la silhouette prédatrice de la femme en face de moi. "Je ne nierai pas le fait qu'avoir un nom connu est un avantage dans le milieu politique. En revanche, la position dans laquelle je suis aujourd'hui, je la dois à mon travail. Je suis entré au Ministère en tant que stagiaire, j'y ai fait mes armes et j'ai gravi les échelons grâce à ma détermination et le sérieux dans mon travail. Mon Père a certes été de bons conseils lorsqu'il s'agissait de mes choix d'avancement de carrière, mais tout le reste, je ne le dois qu'à moi-même." Ma voix ne montrait aucun signe d'agacement, ni d'affolement. Je restais posé et serein, malgré les attaques dont j'étais victime. La sortie n'était pas si loin, et je savais que je pourrais rebondir facilement. De toute manière, les minutes passaient rapidement, et mon emploi du temps ne me permettrait pas de rester encore très longtemps. Surtout ces derniers temps. J'avais besoin de me plonger dans mon travail. "Avez-vous d'autres questions, Miss O'Ryan?" demandais-je patiemment tandis que mon regard se posait sur elle à nouveau.
@Retha O'Ryan (désolée, désolée pour l'attente )
- InvitéInvité
Re: Le thé endort la méfiance Ft. Nathaniel
Ven 31 Déc 2021 - 14:42
La moufette enchantée
_ Vous affirmez donc qu'un politicien se doit de faire connaître la vérité. Que le politicien et le juge peuvent aller exemple. Mettre ensemble les faiseurs de loi et ceux qui les appliquent est un jeu dangereux, certains pourraient y trouver une ressemblance avec un régime totalitaire.
Retha était loin d'avoir utilisé toutes ses armes. Elle comptait bien avoir de quoi faire douter de la réputation de Wakefield. Elle avait déjà de quoi écrire plusieurs lignes qui devraient intéresser plus d'un lecteur, mais la sorcière était une journaliste reconnue parce qu'elle cherchait toujours à aller plus loin. Elle avait envisagé d'utiliser la légimencie, mais face à une personnalité forte comme Nathaniel Wakefield, c'était un risque. Il allait sans aucun doute se rendre compte de la présence de la sorcière dans son esprit. La rousse allait utiliser des ruses plus classiques, mais qui avaient déjà fait leur preuve.
_ Vous affirmez donc vous êtes construit par vous-même, que vous ne devez votre position qu'à vos efforts. Très bien.
La sorcière n'était pas convaincue. Wakefield en était peut-être convaincu, mais il oubliait bien des choses. Il venait d'une famille aisée, son sang était celui d'un sorcier pur souche. De nombreuses portes lui étaient ouvertes par sa naissance, il n'avait pas eu à les crocheter pour arriver jusqu'ici.
_ D'autres questions ? Je ne vois pas l'utilité de les poser quand je peux aisément deviner les réponses. Vos réponses sont déjà prêtes bien avant que ne me pose mes questions. Je dois vous l'accorder, vous êtes venu préparer. Je souhaitais interviewer l'homme et j'ai eu affaire à un prompteur. La neutralité sied à un juge, mais elle dessert un politicien, Monsieur Wakefield.
|
|