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all is found (nathaniel ii) (fini)
Lun 1 Mar 2021 - 0:52
all is found,
2 février 2021, 15:00. (mood)
where the north wind meets the sea, there's a mother full of memory
come, my darling, homeward bound, when all is lost, then all is found.
(manoir) Les lubies de son géniteur ne cesseraient jamais de l’impressionner. Qui aurait pu qualifier l’ouverture d’un coffre à l’ombre de Glen Nevis comme étant prioritaire, et surtout, pourquoi ne pas avoir demandé à un des elfes de maison de le lui envoyer, plutôt que de lancer son cadet en mission vers le domaine effleurant le septentrion écossais? Le violoniste n’avait pas cherché à trouver la logique de son père, pour une rare fois – toute excuse était la bonne pour enfourcher Maxwell et caresser l’encolure de Prudence, ainsi que saluer quelques domestiques qui l’avaient vu grandir au gré des saisons estivales passées là-bas. Le futur auror avait donc transplané jusqu’au domaine, accueilli par une figure qui semblait figée dans le temps depuis vingt ans. « Master Fingal! Lang mae yer lum reek. », le salua le cadet. Long may your chimney smoke. L’homme avait la forme d’un ancien chêne, ses membres noueux s’étirant avec une lenteur puissante trahissant l’agilité de sa jeunesse, jadis – a mountain of a man. Appuyé sur sa canne, il regarda Evan de bas en haut, avec le même air qu’il lui réservait lors des étés de son enfance passés dans le Nord, avec sa mère. Sévère, il cherchait un accroc, une tache, mais le Calédonien était irréprochablement présentable. Un sourire finit par fendre les traits durs du vieux sorcier. « It’s yer own, laddie ».
Les cérulés d’Evan pétillèrent de familiarité. « Aren’t we in luck, then. » Deux majordomes avaient vu grandir les enfants de Liese et Devon Wakefield : l’un, austère et proper, maître des lieux et artifices de leur demeure (édim)bourgeoise. Plus loin au Nord, là où les accents se déroulaient avec bien plus de vigueur, il y avait eu Fingal Campbell. Le septuagénaire avait d’abord été embauché comme garçon d’écurie par Devon Wakefield alors qu’il n’était lui-même qu’un jeune aspirant juriste. Le fils Campbell était pourtant un jeune homme éduqué et disposait de multiples talents, mais revenu plusieurs fois bredouille de sa quête de meilleures perspectives professionnelles – car à l’ombre de Ben Nevis, on pouvait voir Glencoe au loin, et les Calédoniens avaient la mémoire longue. Un massacre avait eu lieu, des siècles plus tôt, trahissant l’indépendance gaélique au profit du conquérant britannique, et aujourd’hui encore, on refusait parfois le logis aux héritiers du clan qui avait trahi les jacobins. De mémoire récente, le Clachaig Inn portait toujours la mention No Hawkers or Campbells.
Peu superstitieux ni amène de querelles claniques anciennes, le futur directeur avait surtout vu en son nouveau maître des écuries la main qu’il lui fallait pour entretenir les chevaux de course qu’il affectionnait et dont le Campbell enseignerait plus tard la maîtrise à ses fils. On n’aurait su, exactement, comment cet Écossais à la barbe aussi proéminente que son crâne était dégarni était parvenu à franchir la frontière sacrée entre le domaine de la Maison et celui du monde équestre. Si on le lui avait demandé, à lui, il aurait affirmé d’un ton un peu bourru qu’il s’agissait de dur labeur – mais une Autrichienne au sourire doux aurait rétorqué qu’il était capable de miracles avec les deux héritiers du clan, et donc plus que nécessaire au sein du manoir.
Les Wakefield avaient donc hérité d’un Campbell à l’accent tellement prononcé qu’on aurait presque mieux fait de lui parler en gaélique en guise de majordome, mais peu importait au patriarche : il ne visitait le manoir qu’à l’occasion de Noël, partageant son temps précieux entre deux des trois capitales de la Grande Bretagne. Avoir Fingal en guise de chef d’orchestre pouvait relever d’une excentricité qu’on connaissait à peine à l’ancien diplomate, mais lors des visites du patriarche, on les apercevait généralement arpenter le domaine ensemble, devisant à voix basse. Avec lui, Evan retrouvait ses meilleurs airs d’adolescent et un accent écossais à couper au couteau, sur lequel son aîné lèverait certainement le nez – mais peu importait, son illustre augusterie le juge ne les honorait pas (encore) de sa présence.
Le musicien adapta sa longue démarche aux pas désormais plus lents du domestique, glissant ses mains avec nonchalance dans ses poches. « How many times must I tell ye to keep yer paws out of yer breeches laddie », le sermonna Fingal, lançant un regard faussement exaspéré aux toiles qui ornaient les couloirs de la demeure. « Aye, well I’m no exactly a wee babe anymore, am I? », rétorqua Evan, sourire aux lèvres – mais ses phalanges quittèrent leur établis pour venir se ranger le long de son corps. « That ye aren’t. Is it colder up there, eh? » Ils parvinrent au bureau de Devon, et son fils s’arrêta instantanément : ce domaine relevait du sacré. « No, but I’ve got a shining view of the top of yer head : ye need a haircut », adressa le doctorant au majordome chauve.
Son humour était ce qu’il lui fallait en termes de courage – il poussa la porte, pour y trouver son frère, déjà installé face au coffre requis par leur père. « Really? One meager box and all of a sudden our lordly father needs to bother the illustrious president of the Wizengamot? » Le ton était ironique, mais il adressa un air perplexe à Nathaniel. « Surely the contents couldn’t be that bad. Unless you tell me he had a file drawn about you too, that is. » Pénétrant dans la pièce, Evan inspira. L’endroit sentait le cognac de qualité et quelques effluves de cigares encore accrochés aux murs d’acacia teint. Le caractère sérieux de l’endroit se dégageait de toutes les pores sylvestres, des coutures des fauteuils de cuir luisant. Le cadet s’y laissa d’ailleurs choir, avant de lancer un léger « hello, brother. »
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Re: all is found (nathaniel ii) (fini)
Jeu 4 Mar 2021 - 20:20
2 février 2021 - 13h30 - Highlands heart
La brume des Highlands accueillit mon arrivée sur le domaine septentrionale des Wakefield. Pourtant, nul frisson parcourut mon échine, habitué depuis l'enfance à la rudesse du climat écossais. Mes pas me guidèrent d'abord instinctivement vers les écuries du domaine, devant lesquelles m'attendait une figure qui appartenait à ces terres. Le vieil homme, fidèle à lui-même, se reposait sur sa cane alors que j'arrivais à sa hauteur. Le saluant d'un bref signe de tête auquel il répondit avec respect, nos regards se croisèrent brièvement. Je retrouvais dans ses prunelles dures et intransigeantes, toutes les heures passées à dos de cheval, à se faire reprendre pour toutes les imperfections que j'aurais pu laisser passer. Baisser les talons, se redresser, regarder au loin... Par certains aspects, cet homme devant moi avait eu un rôle fondateur dans ma construction. Comme un père ou un oncle aurait pu le faire. Autant dire qu'il me connaissait très bien. Le majordome ne prit pas la peine de me demander la raison de ma venue, après tout, ce domaine faisait partie de mon héritage et je pouvais m'y rendre à mon gré. Aucune surprise non plus lorsqu'il m'avait aperçu. A tous les coups, il était capable de reconnaitre qui transplanait sur le domaine, rien qu'au craquement qu'il produisait. L'instinct du Highlander, probablement. Avare de mots et démonstrations d'affection, j'entrais dans les écuries à ses côtés dans le silence. Le vieil homme n'ignorait pas à quel point mon caractère ressemblait à celui du patriarche Wakefield, il ne cherchait donc pas à me faire parler, à moins que je n'en sois l'instigateur... Les équidés, curieux pour la plupart, sortirent la tête de leur box comme pour saluer ma venue. Mes doigts effleurèrent leur nez, caresses respectueuses et tendres. Chacun d'entre eux obtint une marque d'intérêt, jusqu'au dernier box, qui accueillait l'un de mes anciens chevaux, un étalon capricieux et têtu. Une bête de concours, vaillante et dynamique, si tenté que le cavalier était suffisamment chevronné pour oser grimper sur son dos. Blackwind approchait les 22 ans et pourtant, il était aussi fringuant que durant ses jeunes années. Une fierté. L'étalon hennit doucement en me voyant entrer dans le box, balayant le sol de son box du sabot. Impatient. "Easy, boy, we'll go on a ride as soon as possible. Promise." Flattant son encolure, je sortis enfin de son box pour entendre Fingal bougonner: "The stubborn fellow's miss'ng ye. No one else dares to ride him." Un sourire en coin s'afficha enfin au coin de mes lèvres. Véritable preuve de mon affection particulière pour les chevaux. L'accent guttural de Fingal était assez régressif, toutefois, des années de carrière politique l'avaient fait disparaître presque entièrement chez moi et je n'étais pas prêt de m'y remettre. Pour autant, je n'avais aucun mal à le comprendre.
Une fois nos figures embrumées entre les murs chaleureux du cottage principal, nos chemins se séparèrent. Le majordome avait à faire et je savais pertinemment où je devais me rendre. Dernière lubie du patriarche Wakefield, faire le tri d'une malle qu'il garderait dans son bureau personnel. Le message, clair et concis, ne souffrait aucun refus. Pourtant, Merlin savait que le travail ne manquait pas au Ministère, et qu'avec ma nouvelle fonction incombaient des responsabilités que je ne pouvais ignorer, et cela même pour une promenade agréable à l'ombre de Ben Nevis. Formaté par des années à répondre positivement à chacune des demandes de mon père, me voici donc de nouveau sur ses traces, prêt à le satisfaire même dans une demande aussi étrange qu celle-ci. N'avait-il donc pas des personnes à même de s'en charger? Fingal par exemple. Ne pouvait-il pas faire envoyer cette malle pour éviter de perdre du temps à revenir sur les lieux de mon enfance? Dans un silence respectueux, j'entrais finalement dans le bureau de mon père, mon regard se posant presque instantanément sur le coffre de tous les secrets. Tout en ce lieu me rappelait des souvenirs. Les murs sombres, la bibliothèque, le bureau, les fauteuils, l'odeur. Enfant, il était rare que je sois autorisé à y entrer, et il en avait été de même avec Evan. C'était le domaine du patriarche, du fier diplomate, son refuge. Jamais je ne m'y étais senti à ma place. Pas même lorsque, entamant ma carrière au Ministère en tant que simple stagiaire, il m'autorisa à venir étudier les livres qui s'y trouvaient. Pas même lorsqu'il m'invitait à discuter des affaires du Ministère d'homme à homme. M'asseyant sur le fauteuil le plus proche du coffre qui avait été placé au milieu de la pièce, mon regard glacial détailla avec minutie le bois, mais ne décela ni serrure, ni système d'ouverture quelconque. Étrange. Tentant de simples sortilèges, rien n'y fit, le coffre semblait scellé. Comme s'il attendait quelque chose... Ou quelqu'un. Le silence de la bâtisse fut bientôt perturbé par une conversation qui me parvint du couloir. Les voix m'étaient suffisamment familières pour les reconnaître instantanément. Fingal et... Evan. Qu'est-ce qu'il faisait ici? N'avait-il donc pas cours? Lorsque mes prunelles claires rencontrèrent celles presque similaires de mon frère, je pus y lire l'évidente surprise que ma présence ici avait suscité. Il en était de même pour moi. Son ton ironique m'arracha un soupir exaspéré, suivi par l'éternel regard tourné vers le ciel. Really? Don't start, little brother. Me redressant sur le fauteuil, je lâchais quelques mots d'un air presque indifférent, empruntant volontairement le même ton ironique. "I'm happy to see you too. Now if you think this mission isn't worthy of your mighty skills, feel free to go. The illustrious President of the Wizenmagot can take care of this alone." Avant même qu'Evan ne puisse répliquer à nouveau, un grondement familier parvint à nos oreilles et la voix tranchante du vieux majordome nous intima au silence. Il nous connaissait trop bien. "No fights, lads! Or I'll make ye clean the stables." Il n'y avait rien à répondre à cette menace, qui ne faisait que nous ramener à cette époque où seul son franc parler arrivait à apaiser nos conflits. Quand il canalisait l'énergie d'Evan, il me déridait et me rendait plus enclin à accepter les facéties de mon frère. S'il était peu probable qu'il mette à exécution sa menace, il nous remettait à notre place en quelques mots. "I'll have ye rooms ready, lads." A peine eus-je le temps d'ouvrir la bouche pour lui dire que ce n'était pas nécessaire qu'il avait déjà disparu dans le couloir. That man. Nouveau soupir. Le vieil homme le savait. Il savait que nous allions venir ici tous les deux, il n'y avait aucun doute là-dessus. Regardant mon frère prendre ses aises dans un des fauteuils du bureau, mon expression se fit plus sévère que je ne l'aurais voulu. Qu'il était difficile d'interagir avec lui. "Evan." commençais-je en réponse à ses salutations, avec un peu plus de légèreté. "Sit up straight, please. That's not your student sofa. Have some respect, for once." que je ne pouvais m'empêcher de lui lancer, irrité de le voir aussi à l'aise dans cette pièce pourtant sacrée. Désignant le coffre, je rajoutais rapidement, désireux d'en finir au plus vite avec cette mission pour le moins inattendu: "That chest won't open easi..." Me stoppant après quelques mots, je me rendais compte avec effarement que le coffre venait de s"ouvrir de lui-même, magiquement. Ou comment perdre toute crédibilité en quelques secondes. Agacé par ce manque de contrôle sur mon environnement, je me levais avec une énergie toute maîtrisée, ignorant le regard d'Evan sur moi. Sans un mot, mes pas me guidèrent vers l'un des murs du bureau. Lançant un regard mystérieux à mon frère, ma main se saisit de ma baguette dans ma veste avant de lui faire dessiner une arabesque singulière auprès du mur. Le mur se brouilla soudainement, pour laisser apparaître des étagères présentant toute sorte de bouteilles d'alcool qu'affectionnait notre père. Il y avait là aussi des verres et tout ce qu'il fallait pour régaler des papilles expertes. "I bet Father never showed you his personal reserve, am I right?" Pointe d'humour et de fierté dans la voix. La surprise se lisait sur le visage de mon frère et c'était assez amusant de le surprendre. Oh, little brother, I have still so much to teach you...
@Evan Wakefield
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Re: all is found (nathaniel ii) (fini)
Jeu 4 Mar 2021 - 21:40
all is found,
2 février 2021, 15:00. (mood)
where the north wind meets the sea, there's a mother full of memory
come, my darling, homeward bound, when all is lost, then all is found.
(manoir) L’endroit imposait le respect – et donnait d’autant plus envie de le bafouer. Saluant son frère, Evan se laissa tomber dans un des fauteuils de la pièce, suivi par le regard froid de Nathaniel. « I'm happy to see you too. Now if you think this mission isn't worthy of your mighty skills, feel free to go. The illustrious President of the Wizenmagot can take care of this alone. » Fingal avait toujours été miraculeux – et il semblait que le vieil homme était toujours capable d’apparaître au bon moment, devinant les instants de faiblesse de l’aîné face aux accès moqueurs du cadet. Il fallait toutefois admettre que le fruit du hasard pouvait aussi être crédité pour les facultés extraordinaires du majordome : le juge était aisément irrité face à ce qu’il qualifiait depuis l’adulescence de « totale frivolité », et ledit frivole était d’ailleurs prolifique en la matière. À peine Evan avait-il ouvert la bouche pour répliquer, sa langue déjà ourlée d’un sobriquet adressé à l’illustre président (qu’il allait appeler ainsi toute la soirée, puisque Nathaniel avait semblé assez agacé pour reprendre l’appellation lui-même), que le Campbell les intimait au silence. « No fights, lads! Or I'll make ye clean the stables. » Evan adressa un air interloqué à Nathaniel, prêt à demander See how he talks to the illustrious president of the Wizengamot? « I'll have yer rooms ready, lads. » Evan éclata de rire. « Of course he knew and said nothing », marmonna le duelliste, un soupir faussement exaspéré franchissant ses lèvres.
« Evan. » Le ton était tellement similaire à celui de Devon Wakefield qu’il eut pour premier réflexe de se redresser, suivi de près par celui de faire exactement le contraire – le violoniste présenta donc un air aimable au juriste, traversé de son meilleur sourire. « Sit up straight, please. That's not your student sofa. Have some respect, for once. » How are you, brother? It’s good to see you, brother. Last time we saw each other was here, and we were both sad, but wouldn’t say – have you thought about it too, brother? Il pourrait choisir tant d’avenues. « Father? », fit le futur auror en se relevant, une main posée à l’oreille comme s’il appelait un fantôme ou une présence invisible. Il força d’ailleurs le trait en marquant un instant, la mine pleine d’expectative comme s’il attendait une réponse ou une preuve d’amour paternel. Le Calédonien finit par tourner ses cérulés vers ceux, impassibles et certainement irritables, de son aîné. « No, not there. His Holiness isn’t in these seats, either. They’re just that. Seats. » Et il s’y laissa choir à nouveau, sans plus de considération pour le Respect si cher à son frère. Nathaniel avait tourné son attention vers le coffret plutôt que de s’intéresser davantage aux bravades immatures de son cadet – car Evan était impressionné sans vouloir le montrer par la pièce, cet endroit consacré qu’il n’avait presque jamais foulé, même adulte. Il n’y avait que deux manières d’interagir avec le sacré : avec révérence ou en le profanant, et le musicien se damnerait par trois fois avant de montrer davantage de respect à des pièces de mobilier qu’on ne lui avait accordé d’affection familiale dans la dernière année.
L’attention du président était déjà retournée vers le but à atteindre. « That chest won't open easi... » et l’objet ouvragé sembla se faire l’allié du plus jeune Wakefield, contredisant le juge en s’entrebâillant. « Don’t worry, brother. Everybody gets performance anxiety, sometimes », offrit le doctorant à la pièce, nonchalance languide peinte sur le visage camouflant la curiosité qui lui étreignait le cœur, doublée d’une mélancolie qu’il ne voulait pas admettre. Non – il ne fallait pas y céder, pas à l’austérité de l’endroit, pas au sérieux Respect que Nathaniel accordait aux lieux. Il fallait s’en distancier, tout tourner à la blague, pour éviter de trop y penser, de trop en dire à son aîné. Être perçu comme frivole, agaçant, trop éclatant pour être contenu entre les sombres murs du bureau – oui. Laisser transparaître l’enfant avide d’amour dont il n’avait lui-même pas tout à fait conscience devant celui qui y avait eu droit – jamais.
Son regard clair suivit les mouvements économes de l’ancien Grymm, qui se dirigea vers un des murs. Tiraillé entre son envie de connaitre les secrets de son frère et de montrer un désintérêt tout feint, Evan finit par se lever, lui aussi – une fois n’était pas coutume, et il avait envie de se délier les jambes, allons. Devant l’étalage qui apparat, son regard scintilla – le programme venait de devenir beaucoup plus intéressant que prévu, et il s’apprêtait à taquiner son frère. What, your last whiskey hangover hasn’t convinced you to lay off the stuff? (he would know, he was there) « I bet Father never showed you his personal reserve, am I right? » L’éclat joueur qui s’était levé dans ses prunelles cessa de danser. Trébucha, rata une mesure, pour mieux se relever et ne pas laisser voir au jury que la surprise avait presque eu raison de lui. « No, he never did. » Sa voix était polie, agréable. Irréprochable, comme on lui avait appris à l’être. Il présenta son meilleur visage de parfait sang pur à Nathaniel, pour ne pas lui montrer – qu’encore aujourd’hui, ces privilèges et secrets qui avaient lié un fils au père mais pas l’autre savaient toujours lui plomber l’âme et lui trouer les ailes. Il était le fils qui était parti, c’était ce à quoi on s’attendait de sa part – mais il était aussi le fils qui était revenu, qui restait, qui tentait d’honorer son nom. Si seulement les deux autres Wakefield ne semblaient pas si souvent l’oublier. « Let’s take bets on what this coffer contains. I know, I know, the illustrious president of the Wizengamot can’t gamble – we won’t gamble for money. Let’s bet on secrets. » Un sourire étira les lèvres du cadet – c’était dans la provocation qu’il s’illustrait face à son aîné. « I’ll bet you there are lovers’ letters in here, and that’s why He wouldn’t let anybody near it. Or hidden proof he’s actually had a frivolous hobby all along, and we’ve been taken for absolute fools. » Parlant, il s’était approché des étagères. « Highland Park, shall we? » et il tira la bouteille d’Orkney ouvragée pour en verser deux verres généreux, dont il en tendit un au fonctionnaire. « Slainte. »
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Re: all is found (nathaniel ii) (fini)
Sam 6 Mar 2021 - 0:05
Le ton réprobateur du majordome coupa court à toute tentative de réponse intempestive de la part d'Evan. Et si je devinais qu'il n'appréciait pas tellement ces chamailleries qu'il qualifierait certainement de puériles et stériles, mes yeux se levèrent d'exaspération, plutôt mécontent qu'il continue à me traiter comme un adolescent. Evan, encore, cela pouvait passer. Aisément, même. Mais moi? L'éclat de rire de l'insolent me sembla tellement décalé par rapport au lieu que je l'ignorais volontairement. Bien sûr qu'il savait. Fingal savait tout ce qui concernait le domaine. Ce qui incluait les petites manigances de notre père concernant un certain coffre. Une fois tous les deux installés dans les beaux fauteuils du bureau, nos vieux démons reprirent bien vite le dessus. Evan qui faisait preuve d'une nonchalance parfaitement irritante et ma propension à réagir un peu trop sèchement. La tension qu'il y avait dès qu'on nous mettait dans la même pièce était évidente, même pour ceux qui pourraient ne pas nous connaître. Pourquoi? Trop différents, diraient certains. Pour ma part, le problème viendrait d'un manque terrible de communication entre nous. Quand je sommais mes collègues et partenaires de travail de communiquer à outrance, j'étais tout bonnement incapable d'en faire de même avec celui qui devrait pourtant être la personne la plus proche de moi. Ironie du sort, qui avait séparé deux frères d'une dizaine d'années mais également de non-dits aussi grands que leurs maladresses affectives. Le sermonnant sur son non-respect du mobilier - fallait dire qu'il m'avait déjà agacé, à peine arrivé dans la pièce - je m'attendais à tout de sa part. M'obéir serait un objectif bien irréel venant de lui, et pourtant, j'avais eu l'audace et l'espérance qu'il fasse enfin preuve de respect. Évidemment, c'était trop lui demander. Ce qui suivit ne fit que me mettre davantage sur les nerfs. Niveau critique dans ma jauge d'acceptation des idioties de mon frère. Pourtant il fallait résister. Résister à cette envie presque vitale de lui faire ravaler ses paroles. Mes prunelles se firent plus dures encore que l'acier alors que j'observais son petit manège avec un détachement feint. Bras croisés sur la poitrine. Sans un mot. Go on, little brother. Décidant de ne pas donner plus de crédit aux facéties insolentes de mon cadet, mon attention se tourna de nouveau sur le fameux coffret qui nous avait malheureusement -ou heureusement?- amené à nous retrouver. Seulement l'objet semblait se retourner contre moi, s'ouvrant sous mes yeux surpris. Froncements de sourcils. Me fermant aux paroles de mon frère -don't you dare - je me levais pour lever le voile sur un des secrets de notre père. Une réserve personnelle de liqueurs et autres alcools de connaisseurs. Il nous faudrait bien ça pour supporter les heures qui suivraient. Même si... J'étais tout de même beaucoup plus frileux face à l'alcool depuis notre nuit mémorable sacrifiée à l'autel de notre tristesse. Les fêtes de fin d'année avaient été assez sobres pour ma part, je savais que le plus jeune Wakefield l'avait remarqué. Pour un juge aussi clairvoyant, il était dommage de ne pas voir que la réponse dénuée de railleries que prit Evan était un signe évident qu'il était atteint en plein coeur. Ce fossé entre nous. Inconscient même du mal que je pouvais lui faire en lui offrant d'entrer dans les confidences paternelles. Dans mon esprit d'aîné, il était simplement logique d'avoir des privilèges, il n'y avait là aucune malice chez moi. C'était ainsi qu'on m'avait élevé. De nouveau à mes côtés, Evan commença à parler de paris, et si je retrouvais cette expression d'exaspération habituelle, je finis par lui concéder un mince sourire, soudainement amusé par cette idée de secrets bien cachés dans un coffre. C'était évidemment des âneries. Notre père n'était pas homme à laisser ses secrets à la portée de tout le monde, et encore moins de ses fils. "Lovers' letters wouldn't be that surprising, hm? As for a frivolous hobby I'm most afraid He wouldn't let us know. IF it even exists. But, let's be honest, do you really imagine Father with knitting needles in his hands?" Mon ton était certes plus sérieux que le sien, et pourtant, elle était là, cette pointe d'humour que je laissais si peu entrevoir avec lui. A croire qu'il allait finir par m'entraîner dans son jeu. Non. Never. Un signe de tête pour approuver son choix de breuvage. Je pris le verre qu'il me tendait avec délicatesse, appréciant les arômes qui se dégageaient du liquide ambré avec délectation. "Slainte." que je répondais, les traditions ancrées profondément dans ma chair. Partager ce verre me rappelait des souvenirs que je préférais occulter. Fuir la douleur pour mieux la combattre. Pourtant, je ne m'attardais pas. Emmenant mon verre jusqu'au fauteuil dans lequel je m'étais installé un peu plus tôt, j'intimais Evan d'en faire de même d'un seul regard entendu. Il n'était pas question de tergiverser pendant des heures. Et plus tôt nous commencions, plus tôt nous en aurons fini. "Let's be done with it, shall we?" que je lançais avec détermination, avant de me venger de ce coffre en l'ouvrant complètement. L'odeur qui s'en dégagea me transperça de part en part. Réminiscences d'une enfance particulière, souvenirs brûlants. Le souffle coupé. Le pire, c'était que mes doigts n'avaient pour l'instant effleuré aucun des secrets que contenait le coffre. Figé quelques secondes, accablé par un trop plein d'émotions qui ne m'appartenaient pas - pas toutes-, je tentais de reprendre mes esprits. Je craignais les visions qui s'échapperaient de cette intrigante malle. Peut-être devrais-je laisser Evan s'en charger finalement? Lorsque mes prunelles indécises s'accrochèrent finalement à l'intérieur de l'objet de tous les secrets, elles rencontrèrent toute sorte de choses. Lettres, papiers en tout genre, photographies, objets familiers. Des années de souvenirs entassées là, sous nos yeux. Voilà pourquoi IL voulait qu'on s'en charge. Parce qu'il s'agissait de notre héritage. De nos vies. De notre enfance. A tous les deux. Mon regard bleu froid croisa alors celui d'une jeune femme aux cheveux bruns magnifiques. Elle tenait un enfant dans les bras, il ne devait pas avoir trois ans. Son sourire était aussi éclatant que le soleil et mon estomac se noua aussi sûrement que je connaissais ce visage par coeur. Attrapant la photographie, je commençais doucement, cachant difficilement cette pointe d'émotions dans la voix: "You've got the same smile. Her smile." You're so much like her. que mes yeux semblaient lui crier alors que je lui tendais la photo avec précaution. "I think... She would want you to have it." Parler de notre mère était incongru, car tellement rare. Trop de pudeur face à cette immense perte, qui nous avait tous marqué, différemment cependant. Et puis, il y avait ce secret que je traînais depuis des années. Cette vision qui m'avait vu spectateur de la mort de notre coeur bien avant qu'elle n'arrive. Alors, oui, j'évitais ce genre de discussions. Parce que cela réveillait des douleurs qui n'étaient pas nécessaires, n'est-ce pas? A l'arrière de la photographie se trouvait quelques mots griffonnés par un main féminine et délicate: "Evan, my love, Mama will always love you. Always.".
@Evan Wakefield
- InvitéInvité
Re: all is found (nathaniel ii) (fini)
Lun 5 Avr 2021 - 12:35
all is found,
2 février 2021, 15:00. (mood)
where the north wind meets the sea, there's a mother full of memory
come, my darling, homeward bound, when all is lost, then all is found.
(manoir) Debout face à la réserve, Evan lança un pari avec son aplomb habituel, pour camoufler l’effet que lui faisait un énième secret, un autre privilège accordé à son aîné. Nathaniel ne pouvait en porter la faute, que l’avantage, mais c’était pire. « Lovers' letters wouldn't be that surprising, hm? As for a frivolous hobby I'm most afraid He wouldn't let us know. IF it even exists. But, let's be honest, do you really imagine Father with knitting needles in his hands? » L’auror rit de bon coeur, jetant un regard amusé vers le juge. Il avait toujours été un bon public pour l’humour de Nathaniel, lorsque ce dernier voulait bien lui en accorder quelques bribes, si subtiles soient-elles. Qu’il était aisé de le rejoindre, ainsi, et de croire qu’ils pouvaient avoir quelque chose en commun – bien davantage que lorsqu’il se drapait des sombres habits du juriste et du paternel politicien. « It would explain all those webs he’s managed to spin around the Ministry thoughout the years though. » Il lui tendit son verre, le saluant. Déjà, Nathaniel s’éloignait. « Let's be done with it, shall we? » et le juriste s’affaira à ouvrir le coffre alors qu’Evan le rejoignait. « Aye. Obligations for illustrious presidents of the wizengamots and such – and some of us actually have to work very hard to get them the evidence in the cases they must judge ». Il ne s’affala pas dans le fauteuil, cette fois-ci, nonchalance évincée au profit de sa curiosité.
Lorsque les doigts fins de l’ex cavalier libérèrent le contenu du coffret, les souvenirs olfactifs l’assaillirent avec violence – d’abord, la blague à tabac du Directeur, réservée aux moments de réflexion, tard le soir, à laquelle se joignit la senteur de renoncules des glaciers et cent autres nuances. Il fut tenté de reculer, soudain heureux que Nathaniel ait choisi de parcourir lui-même le contenu, mais força ses avant-bras à se déposer sur ses cuisses. Le Calédonien ne vit pas la pellicule que tenait Nathaniel, mais les aspérités dans sa voix lui serrèrent le cœur. « You've got the same smile. Her smile. I think... She would want you to have it. » Evan parcourut du regard la photographie que lui tendait l’héritier de Thémis, sans l’accepter. Les sillons creusés par ses sourires éternels avaient adopté les mêmes chemins que ceux de leur mère. Ses prunelles lumineuses, sa malice pétillant de plaisir au fond du regard – la même façon d’accueillir les étrangers avec une bonté non-feinte. Et les frères, complexes produits du bagage parental : on voyait la fracture en eux, les timides similitudes – pour les rares âmes assez proches de l’aîné et du cadet pour le remarquer. Tous deux héritiers de l’essence de leurs parents, de façons diamétralement opposées – qu’il était aisé, de se contenter d’associer le second à l’une et le premier à l’autre.
Pratique, de souligner que Nathaniel avait hérité de la présence de leur père – mais c’était le juriste qui ressemblait à Liese. Ses cheveux sombres et ses yeux perçants, sa façon gracieuse de se mouvoir, et la retenue dans sa façon d’exprimer ses affections profondes hors de son cercle restreint. La filiation d’Evan crevait pourtant les yeux – la compassion et la gentillesse profonde de leur mère vibraient en lui depuis l’enfance, gamin éclatant fasciné par les arts comme elle l’avait été, capable de composer un sonnet pour une simple carte de visite adressée à on ne savait qui, pour le plaisir de voir sa poésie trouver une ancre en quelqu’un d’autre, chercher les réactions, le contact, les relations humaines. Reconnaître et chérir la vulnérabilité chez les autres, pour mieux enterrer la sienne. Commode, de lier l’aîné au diplomate – mais c’était son cadet qui avait sa voix. Nathaniel, fascinant et magnétique – Evan, avec une voix capable de séduire et de convaincre.
(( Do you think people would love such a hard man? That it would be easy to bend to him? It’s his voice, Evan. Even with it’s unyielding … it sings.)) (1)
L’ironie contre le père le préserva de ses émotions, pourtant – s’élever contre Devon pour se sauver de sa peine, une constante dans sa relation avec le chef de la famille depuis ses quinze ans. « Considering Father’s face never graces people with more than a knowing smirk, the alternative wasn’t that hard to inherit », glissa Evan, scient qu’il dégoûterait certainement Nathaniel par sa légèreté – et il eut envie de lui demander pardon, presque – I’m sorry, brathair. I can’t deal with this in front of you. Le juge était trop stable, trop sérieux, trop … trop similaire à leur père. Objet d’opposition et de rétivité depuis le décès de Liese, qu’il avait transposé à son frère aîné – injustement, peut-être, mais les fissures familiales ne se tissent pas de justice. Elles se créent à force de non-dits et de ressentiments. Malgré tout, il accepta avec révérence la photographie que son frère lui tendait, leurs doigts s’effleurant alors qu’il voyait l’inscription. Evan, my love, Mama will always love you. Always. L’assaut surprise le désarçonna, et Evan ferma les yeux, un instant, tentant de se recomposer une contenance sans succès, les paupières plissées avec force et les lèvres pincées. Deux décès avaient défini sa psyché, forgé son armure lumineuse – carapaçonné de lumière. Contre la peine, il serait éclatant, contre la mélancolie, il serait vif d’esprit. Multiplierait les blagues qui défilaient dans le carnaval habitant son âme depuis l’enfance, additionnerait les bontés, se scinderait en mille s’il le fallait – tout pour ne pas songer au fait qu’il n’était qu’un gamin qui avait souffert de la mort de sa mère.
Il ne prononça pas les mots qui se précipitaient sur sa langue. I miss her. « This was here, wasn’t it? The first summer we came here, all four of us. » Le souvenir n’était pas le sien, mais il fallait s’y ancrer. Le Calédonien ouvrit les yeux, décocha un regard à Nathaniel – dénué de gouaille, défait d’ironie. Un sourire. « I was too young to remember, but she spoke of it so often I sometimes felt like this memory was my own. » Ses doigts caressaient sobrement les coins de la photographie animée – la jeune femme parlait à quelqu’un, hors du cadre, avec une mimique sérieuse démentie par le pétillement dans son regard et ses sourcils légèrement haussés. « You were back from Hogwarts and for some reason Father decided to take some time off from work to come here. Fingall must’ve still had hair, back then ». Evan regarda derrière, comme s’il s’attendait à ce que le vieux majordome lui assène une réplique en gaélique à travers les murs. « You remember it, don’t you? » Ses iris cherchaient le contact de ceux de son aîné, quémandant – quoi? Memories, affection, disdain? Pick your poison, brathair.
(1) citation tirée de ce rp.
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Re: all is found (nathaniel ii) (fini)
Sam 10 Avr 2021 - 0:40
Ma touche d'humour discrète en réponse au pari absurde de mon frère fit mouche, mais ce n'était guère étonnant de la part d'une des rares personnes à savoir déceler et apprécier mes élans de légèreté. Le rire d'Evan avait des effets très contradictoires sur mon humeur. Parfois insupportable, souvent exaspérant, et de rares fois juste apaisant. Il semblait si simple pour lui de se laisser aller à l'excentricité expressive des sentiments. Ne répondant à sa remarque sur notre père que par un haussement de sourcil amusé, je décidais de prendre les choses en main concernant ce fameux coffre qui nous avait malheureusement poussé à nous retrancher dans ce lieu de villégiature si familier. Malheureusement, oui, car il était finalement de rare de ne se retrouver qu'entre frères sur ce domaine. Et tensions et non dits jalonnaient notre relation fraternelle depuis déjà de nombreuses années. Ignorant volontairement cette énième boutade de sa part - même si je ne pus m'empêcher de lui lancer d'un de mes fameux regards qu'il détestait tant-, mon attention fut bien vite volée par le contenu inédit du coffre. Les sens en alerte. Ces odeurs, si fortes et si familières. Presque envoûtantes pour qui les avait connues. Douloureuses pour qui savaient y associer des souvenirs. Des émotions contradictoires s'emparèrent de mon esprit, fruit d'une foule d'images n'appartenant pas qu'à moi. Ce don que je portais de naissance ne laissait pas de place à la faiblesse. Une seule faille, une seule perte de contrôle et l'esprit se retrouvait incapable de surmonter un déchaînement de visions et d'émotions. Ma maîtrise était telle qu'il m'arrivait rarement d'être submergé. Il fallait toucher directement au coeur pour m'atteindre, coeur que je protégeais si bien, si fort depuis le décès de notre mère, puis de Morgane. Coeur qui avait bien du mal à se reforger une carapace. La première photographie sorcière qui m'attira le regard était une preuve de plus que rien ne nous serait épargné ce soir. Finalement, heureusement que je connaissais l'existence de la réserve personnelle de notre père. Cette photo ne m'était pas destinée. Je n'y figurais même pas. Une jeune femme souriante et un enfant. Evan dans les bras de notre mère. Lui tendant l'objet dans l'espoir qu'il le prenne, il n'en fit rien, comme happé par le visage de celle qui nous avait mis au monde, de celle qui nous avait aimés comme personne ne le ferait plus. L'amour d'une mère, indescriptible, universel, et précieux. Cet amour que nous avions perdu de terribles années auparavant... Qu'il était si simple pour moi de me comparer à notre père, de me persuader que j'étais comme lui. Si semblables quand Evan était si différent. Pour ne pas souffrir, je préférais ignorer les signes évidents de ma filiation avec la belle Liese. Ces signes que pourtant je pouvais observer dans un simple miroir. Elle était là. Dans mes cheveux, dans mes yeux, dans mes attitudes. Si présente et malheureusement si absente à la fois. I miss you so much. De caractère, de nature, c'était Evan qui lui ressemblait le plus, à cacher sa vulnérabilité pour mieux protéger celle des autres. A réchauffer l'âme de ses proches par tant de bienveillance et de gentillesse. Comment pouvait-on imaginer qu'un même bagage familial engendrerait deux frères aux caractères si diamétralement opposés? Ses mots m'arrachèrent un rictus agacé, il ne pouvait pas s'en empêcher. Sur la défensive. Si seulement j'avais été plus patient avec lui, peut-être aurais-je pu comprendre qu'il ne s'agissait que d'une manière de se protéger de tout ça. De ces souvenirs. "Now you're being insulting, Evan." Mon ton n'était pas tellement réprobateur, ni même partiellement énervé. Juste amère, déçue peut-être? Mes sourires étaient moins rares que ceux de notre père, mais ils étaient rarement aussi francs que ceux de mon frère. En ironisant sur notre paternel, il s'attaquait aussi à moi, en quelque sorte. De sorte que j'étais plus blessé qu'énervé. Pour autant, pouvais-je lui en vouloir? Le futur auror ne pouvait qu'être spectateur de ce lien particulier entre un père et son aîné. Il n'aurait jamais la même "valeur" à ses yeux, même avec tous les efforts du monde. Le drame de notre vie. Surtout quand le Père était forcé de se tourner vers le deuxième pour obtenir ce qu'il n'a pu avoir de son aîné... Un soupir et mon cadet s'emparait enfin de la photo, nos doigts s'effleurant, contact fugace mais étrange. Un flot d'émotions lui appartenant me transpercèrent de part en part, mais je fermais instantanément mon esprit. Bien conscient qu'il était impossible de rester de marbre si je me laissais aller. Si je partageais l'entièreté de mes faiblesses avec lui. Non, il en avait déjà trop vu avec le décès de Morgane. Mon regard glacial le couva avec tendresse alors qu'il luttait contre ses propres émotions. Si vulnérable. Il me rappelait cet adolescent inconsolable que j'avais soutenu à la mort de notre mère. Pendant quelques secondes, j'hésitais. Une main sur son bras? Un geste envers lui? En avait-il besoin? Ne ferais-je pas une erreur en voulant le protéger? Peur d'être rejeté. D'être inutile. What do you need me to do, brathair? Perdu. Alors je me contentais d'être là. Attendant qu'il réagisse à nouveau. Puis il revint à lui, à moi. Mes prunelles rencontrèrent les siennes à nouveau. Presque soulagé de l'avoir retrouvé finalement. Le laissant s'exprimer librement sur les souvenirs qu'il évoquait, je me contentais d'observer ses réactions. Son sourire, sa tendresse évidente pour la photo, son regard cherchant le mien. Silencieux, mais bien conscient que mon frère attendait une réponse, je me figeais. Comment m'exprimer sur des sujets qui m'atteignaient autant? "Of course, I do..." que je commençais doucement, avalant une gorgée du précieux liquide ambré comme pour me donner du courage. Soupir. "I spent a lot of time on horseback actually. Under Fingall's supervision. And yes, he did got hairs." Cette année-là, mes concours de dressage devenaient plus sérieux, plus professionnels aussi. Mes entraînements s'étaient intensifiés. De bonnes - trop bonnes - excuses pour ne pas avoir à traîner avec un petit frère qui n'était rien qu'un boulet à mes yeux. Lui adressant un regard presque compatissant, je rajoutais: "I was'nt so kind to you by that time. Or, at least, I was ignoring you. She thougth that our time here will help me... accept you." C'était probablement la première fois que je lui parlais de mon ressenti à l'époque. Mais il méritait de l'entendre. Même si c'était dur. Même si la rancoeur, la jalousie, la tristesse étaient toujours présentes dans une partie de mon coeur. You stole her from me. Tout avait changé quelques années plus tard, ce fameux jour où je m'en étais pris à lui, ce fameux jour où j'avais compris que je l'aimais. Qu'il serait à jamais ce frère que je devais protéger. Coûte que coûte. "You probably don't remember but I took you with me on my horse one day..." M'arrêtant pour planter mes iris glaciales dans les siennes. Sourire en coin. "I can still hear your laugh then. You were so young. She loved it when you laughed." Il était aisé de ne parler que de nous, d'éviter le sujet de notre mère. Parce que cela me ramenait à mon secret. A cette vision effroyable qui m'avait forcé à vivre par deux fois la perte de la femme de notre vie. J'avais peur de le lui dire, d'avouer que je savais. Pourquoi? Parce qu'il m'en voudrait? Will you forgive me, brathair?
@Evan Wakefield
- InvitéInvité
Re: all is found (nathaniel ii) (fini)
Lun 24 Mai 2021 - 12:26
all is found,
2 février 2021, 15:00. (mood)
where the north wind meets the sea, there's a mother full of memory
come, my darling, homeward bound, when all is lost, then all is found.
(manoir) Avec une innocence quasi-juvénile, le cadet demanda à son aîné de se faire intercesseur de mémoire pour eux deux – pour les souvenirs qu’il n’avait pas lui-même à l’époque, pour ce qui lui semblait être une autre vie. Ses doigts s’accrochaient doucement au cadre, avec la révérence qu’on n’accordait qu’aux objets témoins d’êtres disparus. his holiness isn’t in these seats, either. They’re just that. Seats. Mais entre ses phalanges, on aurait cru qu’il retenait le visage de sa mère, le toucher délicat et plein de retenue. Se retenant de dire ce qu’il souhaitait réellement proférer (I miss her.), le violoniste quémanda plutôt les souvenirs de son frère, regard céruléen cherchant sur le visage coupant de Nathaniel une trace d’affection ou de dédain poli, selon ce que le juge déciderait de lui offrir.
Déjà, l’ouverture de Nathaniel avait disparu – il le vit se recomposer un masque, figé comme une statue de marbre érigée sur l’autel de la Justice. Evan eut envie de le pousser, de le secouer, de lui agiter la tête pour obtenir un résultat différent. Even here, with our dead mother, you can’t muster a reaction? « Of course, I do... "I spent a lot of time on horseback actually. Under Fingall's supervision. And yes, he did have hair. » D’ordinaire, le Calédonien aurait ri, mais seule une ombre de sourire passa dans ses yeux, occupé qu’il était à fixer son frère d’une attention affamée. « I was'nt so kind to you by that time. Or, at least, I was ignoring you. She thought that our time here will help me... accept you. » Une glace se brisa dans son esprit – pour toutes ces occasions où il avait tenté de se raisonner, d’attribuer la distance de son aîné à une personnalité froide et un tempérament diamétralement opposé au sien. Toutes ces occasions où il s’était convaincu que l’asymétrie de leurs psyché pouvait expliquer la froideur du juriste, à tenter d’accepter les bribes d’affection que Nathaniel lui cédait à l’époque. La vérité y était, simple et nue, proférée par l’héritier Wakefield pour la première fois. Evan se figea, les doigts recourbés autour de l’épais verre de whisky. Ses jointures avaient blanchi sous la tension, mais le président du Magenmagot ne semblait pas avoir remarqué – ou souhaiter soulever le changement évident d’humeur de son cadet, poursuivant sur sa lancée. « You probably don't remember but I took you with me on my horse one day... I can still hear your laugh then. You were so young. She loved it when you laughed. »
Evan n’aurait su dire quel terrain était le plus glissant, entre leur mère décédée avant l’âge et leur relation tortueuse à eux, tellement pleine de non-dits qu’on en creuserait des sillons plus profonds que la fosse des mariannes. Lorsque Nathaniel le fixa, son cadet se contenta d’affronter son regard, un début de rancœur naissant au fond de ses cérulés. Le musicien laissa planer un silence, cherchant ses mots, comment affronter ce que son frère lui avait révélé. Croyait-il pouvoir l’amadouer en lui lançant sa dernière réplique? Les mots brûlaient dans son crâne. Accept you. Lorsque le violoniste reprit enfin la parole, sa voix croassait presque. « I don’t remember the horseback riding from that age … my memories are from much later, when you’d become quite taken with your competitions ». L’amertume était audible, palpable. Accept you. Il avait été condamné d’avance, semblait-il, même enfant, alors même qu’il n’avait pas encore fait montre d’aucune velléité rebelle, pas la moindre résolution de contradiction. « All I wanted was to follow you around and watch you on your horses. But you shut me out completely … » Il s’en souvenait, de toutes ces fois où il s’était présenté à la porte de son grand frère, pendant l’enfance – cette période au cours de laquelle Nathaniel tenait lieu du héros au près duquel se coller, à imiter et à tenter de garder près de lui le plus possible. Lui coller aux basques, toujours, car le jeune Wakefield avait toujours été généreux de ses affections – comme leur mère.
Son regard s’égara sur la photographie, fixant le sourire de leur mère, le sien, inconscient qu’il ne ferait pas ses choix lui-même. « Do you know your shut door is one of my oldest memories? It’s so simple, almost nothing … why would a child remember this out of anything? But it happened so often it stuck. » Accept you. Il ne parvint pas à exprimer le fond de sa pensée, tempérant ses propres mots avec un haussement d’épaules, se convaincant que même enfant, son tempérament provocateur avait dû être assez visible pour agacer l’adolescent sérieux et appliqué lui servant de grand frère à l’époque. Était-ce ainsi dans toutes les familles? Leur drame était-il unique? Tous ses cousins semblaient avoir fait front commun avec au moins un.e membre de leur fratrie contre la tyrannie parentale ou l’adversité à l’extérieur, pourtant. Why didn’t you choose me? Qu’avait-il fait, dès ses premiers pas, pour se mériter ce traitement? Accept you. « I must’ve been annoying to you, I suppose. » Le Calédonien fit mine de reprendre la fouille du coffret, sans grande conviction, ses doigts effleurant quelques objets sans s’y attarder bien longtemps. Il aurait pu faire semblant et poursuivre, mais cette rare brèche ouverte par Nathaniel lui donnait envie de lui poser des questions. Timidement, sans réellement oser, sans tout à fait le vouloir, il se retrouvait coincé dans cette posture de stase imposée.
- InvitéInvité
Re: all is found (nathaniel ii) (fini)
Ven 11 Juin 2021 - 0:01
Mes nerfs étaient mis à rude épreuve en cette soirée inattendu. Si notre Père avait voulu nous tendre un piège, il n'aurait pas pu s'y prendre autrement. Se retrouver bloqués l'un avec l'autre, sans autre solution que celle de s'entendre pour s'enquérir des secrets enfouis dans une malle. Si, fidèle à mes habitudes, je prenais une attitude détachée quant aux souvenirs que nous évoquaient photos et objets provenant de la malle, il n'en était pas de même pour mon frère, qui semblait si avide d'une réaction de ma part. Je le voyais dans ses yeux, dans son attitude. Une prière au fond de ses cérulées lumineuses. Mais il était bien trop difficile pour moi de me départir de mon expression de froide indifférence, même alors que j'évoquais des épisodes de notre enfance. Un simple sourire ne saurait suffire à étancher la soif d'attention que me demandait Evan. Il ne comprenait pas. Mais comment le pourrait-il alors que je le gardais à distance? La souffrance des deuils était trop importante pour que je laisse mes émotions me submerger une nouvelle fois. Pas devant lui. Lorsque mon regard croisa à nouveau le sien, j'y décelais un sentiment nouveau. La cruelle rancœur avait pris ses quartiers chez mon cadet, présageant de l'orage qui grondait en lui. A vrai dire, je n'avais pas réfléchi à ses possibles réactions, j'avais juste pensé que partager mes souvenirs lui plairait. Une sombre erreur. Aurait-il fallu que je le laisse dans le brouillard, que je le laisse croire que tout cela ne m'atteignait pas? Chaque mot qui sortit dès lors de sa bouche m'atteignit comme un poignard en plein coeur. Le visage figé, les yeux de glace, rien ne transparaissait. Et pourtant, il aurait pu m'assassiner sur le champs que je n'aurais pas plus souffert. Une tristesse absolue envahit mon coeur et mon esprit, bien conscient que la rancoeur qu'il exprimait était légitime. L'image du petit garçon qu'il était me revint comme une claque. Mais malgré toute la compassion dont j'étais capable vis-à-vis de lui, mes propres souvenirs de rancoeur prirent le dessus rapidement. Une pointe d'agacement dans la voix, je rétorquais: "What do you want me to say, Evan? That I am sorry?" M'arrêtant quelques secondes, je reprenais, mon regard incisif fixé sur lui: "They were my parents before yours. She was my mother before yours. I was jealous, Evan. In my child's mind I thought they decided to replace me. I thought I wasn't enough for them. I didn't understand. So yes, I wasn't kind to you, because you were the one who stole them from me." Ma verve fut plus froide et sèche que je n'aurais voulu. Il fallait qu'il comprenne que rien n'était simple. Qu'il n'était pas le seul à avoir souffert. Qu'il cesse de ne penser qu'à lui. Fatigué. Mon âme était épuisée de devoir rester de marbre, de tout garder pour elle. L'adolescent torturé que j'avais été s'invitait à nouveau dans mon esprit, même si je tentais désespérément de garder le contrôle de mes émotions. Pourquoi tout était toujours aussi compliqué avec Evan? Fronçant les sourcils, je finis par fermer les yeux avant de passer une main dans mes cheveux. Tic nerveux plutôt rare de ma part. Un soupir désolé s'échappa finalement d'entre mes lèvres. Les orages ne duraient jamais très longtemps chez moi. Avisant un petit oiseau en papier - étrangement familier- dans la malle, je plongeais la main pour le récupérer et le montrer à Evan. Mon ton s'était radouci. "Do you remember this? This is a reminder of the day I almost killed you... and also the day I discovered I had a little brother. I swore I never hurt you anymore. I swore I'll protect you no matter the cost." Même si mon visage exprimait peu d'émotions, il aurait pu y lire à ce moment précis une vraie tendresse pour lui. Une affection, qui malgré les fossés creusés entre nous, n'avait jamais cessé d'exister. "I tried. I watched over you for years. But from what you say, I can't help but think I failed you." rajoutais-je d'une voix plus basse, vibrante d'une émotion à peine contenue. Aveu de souffrance, aveu de faiblesse. Mes efforts pour le rejoindre étaient épuisants, mais j'osais espérer qu'ils valaient le coup. Espoir fou de réconciliation, de compréhension mutuelle entre deux frères si opposés. Me redressant doucement, je fis alors un geste qui me sembla aussi maladroit que tendre: je posais une main sur son bras, mon regard se posant dans le sien. Cette fois, sans retenue, je lui offrais mes entrailles et mon coeur: "I am sorry, brathair." I love you.Trois mots si lourds de sens, et pourtant si importants. Peu à l'aise, je finis par rompre le contact entre nous. Il ne fallait pas trop en demander, pas tout de suite. Il me faudrait du temps pour apprendre à gérer autrement mes émotions qu'en me coupant de tout le monde. Finissant mon verre de whisky, j'esquissais un sourire encourageant à son encontre, avant de rajouter - avec l'impression de marcher sur des oeufs- : "And actually, you weren't that annoying. My visions were. I had a hard time dealing with them and I think I let them shuting you out. I didn't want to impose you my difficulties. I wanted you to think me as strong and fearless. Because no matter what you think, I am your big brother." I'm so proud of you. Il y avait de la fierté dans ma voix, de la tendresse dans mon regard, malgré un visage qui peinait à se dérider. Peu importait finalement qu'il m'en ait fait voir de toutes les couleurs, il restait et resterait à jamais mon frère. Il restait néanmoins un secret qui pesait sur ma conscience et qui avait son importance dans ma relation avec lui. Me levant presque trop brusquement, je me dirigeais d'un pas félin vers la réserve d'alcool de notre Père dans l'intention de me servir un nouveau verre. Mais tandis que je versais le liquide ambré, le visage souriant de notre mère me revint en mémoire. Ses mots de tendresse à mon égard, ses mots de consolation, ses mots de fierté. Elle était si belle, si jeune, si fière. Qu'avait-elle fait pour mériter de quitter cette terre aussi tôt? Qu'avait-on fait pour mériter de passer le reste de notre existence sans une mère pour veiller sur nous? Quelque chose se brisa en moi. Une barrière invisible qui s'effaçait à mesure que je me décidais à m'ouvrir à Evan. Alors, sans prévenir, je lâchais des mots empreints d'une immense tristesse: "I saw her death. Months before it even happened." Le verre trembla dans mes mains, si fort que je manquais même de le faire tomber. La gorge serrée. Le coeur en souffrance. Je ne m'étais pas senti aussi vulnérable depuis la mort de Morgane. "And I couldn't do anything to prevent it... I... I felt so helpless..." Ma voix se brisa. Tournant le dos à mon frère, il ne pouvait voir toute la souffrance peinte sur mon visage. Il ne pouvait voir mes yeux se fermer. Il ne pouvait voir ces quelques larmes s'échapper honteusement de mes paupières closes. Il ne pouvait qu'admirer ma perte de prestance flagrante. Do you miss her as hard as I do?
@Evan Wakefield
- InvitéInvité
Re: all is found (nathaniel ii) (fini)
Mer 4 Aoû 2021 - 21:30
all is found,
2 février 2021, 15:00. (mood)
where the north wind meets the sea, there's a mother full of memory
come, my darling, homeward bound, when all is lost, then all is found.
(manoir) « What do you want me to say, Evan? That I am sorry? » Hébété par la sécheresse du ton de son aîné, le cadet demeura coi. What I wanted you to say back then was that you loved me. « They were my parents before yours. She was my mother before yours. I was jealous, Evan. In my child's mind I thought they decided to replace me. I thought I wasn't enough for them. I didn't understand. So yes, I wasn't kind to you, because you were the one who stole them from me. » Dix ans, lors de la naissance de son petit frère – compréhensible, dans l’esprit d’un garçon, même le second fils pouvait le comprendre, obnubilé qu’il était par un manque d’approbation et d’affection fraternelle et paternelle. L’enfant avait grandi pour devenir têtu, volontaire et contradictoire, un soleil éclatant qui ne savait pas toujours comment diriger ses affections et ses attentions. Pourtant, le juge l’avait traité comme un être nuisible et agaçant lors de son adolescence. Comme jeune adulte. Croyait-il alors réellement, la vingtaine bien entamée, que le Calédonien lui avait volé ses parents? Choqué par l’injustice des propos de son aîné, Evan se tut, pour une rare fois. Il observa Nathaniel replacer sa courte chevelure, avant de laisser son propre regard errer ailleurs dans la pièce, gêné de cet aveu de faiblesse de la part du juriste. « Do you remember this? This is a reminder of the day I almost killed you... and also the day I discovered I had a little brother. I swore I never hurt you anymore. I swore I'll protect you no matter the cost. » Ses cérulés dévièrent leur chemin pour se poser sur l’oiseau de papier, avant qu’un mince sourire ne s’esquisse sur ses lèvres. Agacé par une énième interruption, le grand frère avait enchanté l’origami et ordonné au plus jeune de le chasser, et le garçon explosif s’était lancé sur la tâche avec énergie pour mieux dégringoler au fond d’une crique. Incapable de s’en sortir seul, il avait appelé à l’aide jusqu’à ce que ses cordes vocales s’enrouent, pour qu’enfin, la figure coupante et pleine de remords de Nathaniel se profile dans les hautes herbes camouflant la crevasse.
Les doigts du voyant contre son bras le firent presque sursauter, tant le geste avait été rare dans leur relation. Historiquement, Nathaniel évitait les contacts inutiles, Evan le savait – la faute de son don qui se déclenchait au contact de l’épiderme de ses proies accidentelles, comme si leur peau renfermait les besoins de connexions inassouvies du voyant. Le duelliste fixa son frère, incapable de s’exprimer, curieux de voir jusqu’où le président du magenmaggot oserait aller sans être interrompu. « I tried. I watched over you for years. But from what you say, I can't help but think I failed you. I am sorry, brathair. » Le cadet ouvrit la bouche, d’où aucune parole ne parvint à être prononcée. Ils allaient trop rapidement, tellement vite que même l’ex lion se sentait grisé d’une accélération émotive à laquelle son frère ne l’avait jamais habitué. Non, avec le juge, il fallait être mesuré. Restreint. Raisonnable. Peut-être aurait-il eu besoin de l’éclat du plus jeune, justement, mais il demeura figé, incertain de la marche à suivre. Que fallait-il dire? Le pardonner, effacer les torts, accepter les siens, faire comme si de rien n’était? Le regard luisant, il se contenta de hocher la tête. À défaut de condamner, il acquiescerait sans mots, sans pouvoir traduire ses aveux à lui en remords personnels.
Le sourire de Nathaniel lui parut presque faux, tant il était maladroit – empreint de tristesse et d’affection, et Evan le lui rendit. Péniblement, avec l’envie de rire tant ils étaient ridicules, tous deux, deux hommes adultes incapables de se témoigner de la tendresse verbalisée sans passer par une quasi-engueulade et qui auraient certainement engraissé largement les coffres de psychomages. « And actually, you weren't that annoying. My visions were. I had a hard time dealing with them and I think I let them shuting you out. I didn't want to impose you my difficulties. I wanted you to think me as strong and fearless. Because no matter what you think, I am your big brother. » Par inconfort pour les aveux du sorcier, Evan se contenta de poser la main juste au-dessus du crâne de Nathaniel, et de lui imposer une translation vers son propre nez, l’air de dire oh big brother, really? « Would’ve helped if you’d actually said so », maugréa tout de même le Calédonien avant de jeter un coup d’œil entre les reproches et le rire au juriste, qui se leva brusquement. « Oh for Merlin’s sake itw as a joke – » mais la fin de sa phrase s’évanouit en voyant l’air coupable du haut fonctionnaire.
« I saw her death. Months before it even happened. » Sonné, l’Écossais fixa l’homme d’état, incapable de tout à fait métaboliser ce qu’il venait de dire. La bile lui monta à la bouche. Il l’avait vue, et n’avait rien dit. Il avait laissé son frère partir loin, passer des mois sans la voir alors qu’il était à Poudlard, alors qu’il aurait pu profiter de sa présence, ou tenter de l’aider à inverser le destin du haut de ses maigres capacités d’adolescent dégingandé de quinze ans. La faiblesse de Nathaniel lui servit de bouclier, une fois de plus : Evan se tut, laissa son frère terminer ses explications aux allures de suppliques désespérées. « And I couldn't do anything to prevent it... I... I felt so helpless...» La voix lui parut d’outre-tombe, et le dos soudainement voûté de Nathaniel semblait le vieillir de vingt ans. Doucement, le futur auror se leva, et rejoignit le juge. Sans admettre de réplique de la part du cavalier, ses bras se refermèrent autour des épaules de son aîné, d’une poigne qui ne souffrirait aucun recul. « Let go, bloody hell », souffla Evan en sentant le sorcier se raidir, sa propre poigne se raffermissant autour des muscles noueux de son frère. « It must have been painful to carry this alone », lâcha-t-il enfin, choisissant la compassion plutôt que de nouvelles flèches à décocher vers le sorcier pour le faire culpabiliser d’avoir tenté de gérer sa vision seul. Il n’osa pas songer à l’alternative, se demander s’ils auraient pu sauver leur mère. Le visage hors de vue de son frère, l’Écossais souffla « I’m … I’m there. Nathaniel. I’m back. I’m not going anywhere. You don’t need to carry everything on your shoulders anymore. »
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Re: all is found (nathaniel ii) (fini)
Mar 24 Aoû 2021 - 18:46
La maladresse dans mes gestes, dans mes mots, prouvaient à quel point l'exercice de se confier était si difficile pour moi. Rien n'était naturel. Spontanément, je me faisais avare de gestes tendres, parce que ce n'était tout simplement pas dans mon caractère de me montrer aussi expansif. Toutefois, je comprenais que ce manque de contact affectif n'était pas toujours bien vécu par les membres de mon entourage, qui prenaient ça à tord pour de l'indifférence. Et c'était encore pire dans ma relation avec mon frère. Deux êtres qui, à partir du moment où ils étaient dans la même pièce, devenaient totalement dysfonctionnels et incapables de se comprendre mutuellement. Dès lors, pas étonnant que Clarence, proche ami et psychomage de son état, ait déjà essayé un nombre incalculable de fois de me faire parler de mon frère et de notre relation complexe. En vain. Il y avait des problèmes que j'étais seul à pouvoir résoudre, si tenté que je le souhaitais. Aujourd'hui était un jour spécial. Spécial parce que les deux fils Wakefield se retrouvaient bloqués l'un avec l'autre au fin fond des Highlands, à cause d'une machination si savamment orchestrée par leur père. Spécial parce que tous ces souvenirs rassemblés dans cette malle avaient ouvert la voie à une conversation très intime et très tendue. A couteaux tirés. Mon jeune frère resta silencieux tandis que j'exposais à la lumière du jour mes regrets et mes sentiments si souvent enfouis. Malgré tout ce qui nous opposait, je n'avais jamais cessé de l'aimer et de le protéger. Prenant mes visions en défaut pour justifier de ma mauvaise humeur adolescente, j'esquissais un sourire gêné. Pour toute réaction, le futur auror eut un geste qui me surprit plus qu'il ne me dérangea. L'image était inédite. Je ne me souvenais pas d'avoir été si proche de lui, nos prunelles claires si proches qu'elles pouvaient se sonder aisément. Une pensée cruelle traversa mon esprit: Mother would have loved to see us like that. Je déglutis difficilement, et si j'étais touché qu'il aurait voulu m'aider à l'époque, la culpabilité du secret que je gardais depuis des années me fit rompre le contact. Pour me lever brusquement. Si mon intention première était d'abord de reprendre contenance en me servant à boire, l'évidence me vint comme un éclair traversant les cieux. Je devais le dire. Les mots s'échappèrent alors, sans préavis, sans même vérifier que mon frère était prêt à les recevoir. Préférant lui tourner le dos pour ne pas avoir à affronter son regard, je laissais libre court à ma douleur et ma détresse. Le pire, c'était de se sentir impuissant, de ne pas être capable d'agir contre le destin. Envahi par mes émotions, je ne me rendis pas compte qu'Evan s'était levé pour me rejoindre. Lorsque ses bras se refermèrent sur moi, mon premier réflexe fut de tenter de me dégager, tentative très vite avortée face à la détermination et la force qu'il y mettait. Sa carrure surpassant la mienne, il n'était pas étonnant qu'il ait le dessus, et finalement, ça m'arrangeait bien. Un bouclier contre ma détresse, un bouclier autour de mon cœur. Don't let go, brother. Ses mots m'apaisaient, m'appelaient à lâcher ce fardeau que j'avais si férocement porté durant de longues années. Pourquoi? Pour satisfaire mon orgueil? Parce que j'étais persuadé de pouvoir tout gérer seul? Les larmes coulaient sans prétention sur mes joues, et d'autant plus lorsque ses mots firent leur chemin dans mon esprit. Accepter son aide revenait à accepter mes faiblesses. Mais j'en avais assez. Assez de devoir faire face. D'être si aveuglé par l'envie de rendre fier notre Père que j'en oubliais mes propres aspirations. Un soupir s'échappa d'entre mes lèvres, et mon souffle s'apaisa. Me détendant légèrement, j'essuyais de ma main les larmes qui demeuraient sur mon visage, avant de dire d'une voix rauque: "You better not leave again." You better not leave me again. Il n'y avait pas d'animosité dans ma voix, c'était plutôt dit sur le ton de la requête, du souhait. Je ne voulais pas qu'il fuit à nouveau. Posant mes mains sur les siennes pour l'inciter à me lâcher, avec douceur, je me retournais enfin pour lui faire face. Mon visage marqué par la tristesse. Nos prunelles se rencontrant à nouveau. Mes mains se posèrent sur ses épaules, tentative maladroite de le garder proche de moi. "Now I can't promise you I will change easily but... I will try. If you don't mind having your big brother closer to you." Je m'arrêtais quelques secondes pour reprendre sur un ton mêlant humour et tendresse: "Maybe you will find I could be more annoying than you, who knows?" J'en doutais fortement, Evan avait des années de pratique, mais l'effort était là. L'intention de renouer pour mieux apprendre à se comprendre. S'apprivoiser prendrait du temps. Le verre que je m'étais servi quelques instants plutôt me servit de carburant bienvenu. J'avais l'impression d'avoir fait des heures d'exercice, tant mon état d'épuisement était avancé. Me raclant la gorge pour garder contenance, je le libérais de mon emprise pour désigner la malle qui nous attendait au bout de la pièce, près des fauteuils. Cette chose allait nous rendre fous. "Fingal was right. I'm afraid it will take hours to take care of this. It's your turn to look though. If you're not afraid to find some love letters." Attrapant une bouteille de la réserve personnelle de notre Père, j'offrais un regard entendu à Evan. Pas certain que le patriarche soit tellement ravi que ses fils lui pillentsa réserve, mais il s'agissait d'un cas de force majeure. "We will need this, I think." Et j'emmenais la bouteille près des fauteuils pour resservir chacun de nos verres. So brathair, are you ready to look into your memories again?
@Evan Wakefield
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Re: all is found (nathaniel ii) (fini)
Sam 16 Oct 2021 - 0:09
all is found,
2 février 2021, 15:00. (mood)
where the north wind meets the sea, there's a mother full of memory
come, my darling, homeward bound, when all is lost, then all is found.
(manoir) Enlacés, les deux frères semblaient avoir laissé derrière une pression et le poids glacial d’hivers entiers accumulés entre eux. « You better not leave again. » Était-ce le ton de Nathaniel ou les larmes qui avaient coulé le long de ses pommettes qui choquaient désormais Evan? Si peu habitué à le voir perdre ses moyens, il choisit l’humour comme bouclier. « Haven’t you heard? I’m stuck here, apparently. Fancy my fiancée and whatnot. » Un sourire amusé aux lèvres en guise d’épée. Il accepta de lâcher le juge, qui se libéra lentement de son étreinte en posant malgré tout les mains sur ses propres épaules. « Now I can't promise you I will change easily but... I will try. If you don't mind having your big brother closer to you. » Le verbe déchu en pleine gorge, l’Écossais se contenta d’un hochement de tête, les lèvres pincées. Incapable de dire qu’il avait attendu ce moment, enfant, pour ne jamais l’admettre comme adulte. Gêné de ses propres faiblesses, il détourna le regard, cherchant un ancrage dans la pièce qui ne vint jamais. « Maybe you will find I could be more annoying than you, who knows? » À la provocation, toutefois, Evan Wakefield avait toujours su répondre. « Please. You’re too much of an easy prey in that regard. I don’t try to out-judge you, hm? Stay in yer lane », le menaça son cadet en levant un doigt provocateur. « unless you plan on challenging me properly, that is ». Et un sourire franc orna son visage à nouveau. Éclatant.
« Fingal was right. I'm afraid it will take hours to take care of this. It's your turn to look though. If you're not afraid to find some love letters. » Les lèvres pincées de rire, Evan fit non de la tête. « Oh don’t make me blush », lui reprocha le mélomane en lui décochant un faux regard d’avertissement, se calant à nouveau dans un fauteuil et acceptant le verre que lui tendait son aîné. « Aye, give it to me before I die in our father’s prose », affirma-t-il avant de le saluer et d’avaler l’entière rasade de whisky. Au diable les remontrances au sujet de la qualité bafouée du produit, leurs émotions avaient été mise à trop rude épreuve pour se lamenter au sujet d’une bouteille, si charmante soit-elle. Du bout des doigts, Evan ouvrit à nouveau la boîte de secrets, presque tenté de fermer les yeux pour éviter de tomber sur des preuves qu’il n’aurait pas envie de voir.
« Oh … », souffla le Calédonien, ses doigts se posant sur la broche qu’il avait vue accrochée à toutes les vestes de leur mère, tous les manteaux, tous les châles. Un luckenbooth offert par Devon Wakefield à son épouse, symboles de sa patrie d’alliance façonnés en fin bijou en guise de drapeau de conquête et de reconnaissance. « Bleeding hells, can’t we get to the knitting instead?! », se plaignit Evan, le coeur trop lourd du passé que libérait le coffret. Il aurait voulu se soulager l’âme de légèreté, trouver une bêtise prouvant que leur illustre père avait des défauts ou des faiblesses, quelque chose de drôle. N’importe quoi. Pourtant, ses doigts caressèrent la surface polie du bijou ornemental, parcourant la surface froide du métal. « She started wearing it when she married Father, I remember her telling us. To show she was embracing becoming a Scot. Never got used to the haggis though, apparently – she did need one flaw, after all. » Evan sourit à son frère, avant que son visage ne se referme doucement, pensif.
« Do you … do you think I might keep this? » La demande avait été formulée comme un soupir presque timide, le ton hesitant si peu caractéristique du futur auror qu’on aurait pu se demander si véritablement, le musicien avait parlé. « I might … I’ve been thinking of asking Alice to marry me … properly », lâcha enfin le fils cadet, un rare rouge teintant ses joues. L’occasion était assez rare pour marquer le calendrier familial – peu de choses choquaient le dernier-né des Wakefield, et il n’était gêné par presque rien. Mais l’aveu était assez large pour se mériter un épiderme réchauffé par le poids de la confession. L’envie d’effacer le passif terriblement laid qui les avait d’abord liés, peut-être, refuser l’ensemble qui les avait menés l’un à l’autre – le dossier, les manipulations, le dédain, les mesquineries, et affirmer au monde que non. I choose you.
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Re: all is found (nathaniel ii) (fini)
Mer 15 Déc 2021 - 21:19
Les mots d'apaisement, même teintés d'humour, de mon frère suffirent à alléger ce poids que j'avais sur les épaules et sur le coeur. Il était étonnant de constater que si j'avais ignoré et même fui mon frère toute mon adolescence et ma vie de jeune adulte, je cherchais désormais à me rapprocher de lui. A mieux le comprendre. Pour ne pas être seul. Pour ne plus avoir à affronter les évènements de la vie sans lui. Une fois les larmes effacées, une fois les souvenirs douloureux relégués à l'arrière-plan, une fois la connexion retrouvée, nos âmes pouvaient enfin se rejoindre. Quand notre esprit semblait si différent, nos coeurs avaient le même attrait pour l'affection et la tendresse. Seulement, Evan avait toujours été celui capable de le montrer. Quand j'étais celui qui enfouissait toutes ces émotions que je jugeais contraignantes. Un mensonge envers moi-même. Dans le fond, c'était la peur de souffrir qui m'avait toujours guidée. Ne pas ressentir pour ne pas souffrir. Un pas après l'autre, je me lançais à l'assaut du mur qui s'était érigé entre Evan et moi. Les efforts étaient encore timides, mais réels. Et dans ses prunelles où couvait un feu perpétuel dansait une émotion d'enfant dont je me nourrissais. Le petit garçon qu'il était encore, au fond de lui, ne savait pas quoi faire de ces aveux que je venais de lui faire. Je le sentais. Embarrassé. Heureux. Gêné. Alors comme pour lui éviter d'avoir à réagir à mes faiblesses, j'usais de ses propres armes pour le taquiner. Et il lui fallut moins d'une demi-seconde pour répondre. There you are, brathair. Un fin sourire se fraya un chemin jusqu'à mes lèvres. "Alright then. I guess I can leave you that aera of expertise. One day, maybe, you could tell me your secret." Ton amusé. Evan avait toujours été particulièrement doué lorsqu'il s'agissait de me faire sortir de mes gonds ou de me faire lever les yeux au ciel. Cette capacité qu'il avait était tout bonnement exceptionnel. Ou était-ce parce qu'il était mon frère justement que toutes ces manies m'atteignaient autant? Très vite cependant, il était temps de reprendre notre remontée dans le temps. Parce qu'avec tout ce qui restait dans la malle, j'étais prêt à parier que nous en avions encore pour des heures. Et c'était au tour du futur auror de plonger dans les souvenirs douloureux. Les fauteuils nous accueillirent à nouveau, témoins silencieux de nos échanges houleux. Grimaçant en observant mon frère ne faire aucun état du précieux liquide qu'il venait d'engouffrer, je me retenais de faire une remarque et levais mes prunelles glaciales au plafond, cette fois en souriant. Amusé plus qu'agacé. Il ouvrit la malle. De nouveau, les odeurs familières qui s'en échappèrent me clouèrent au fauteuil. C'était si tentant de se lever pour prendre de la distance. Si tentant de l'abandonner là face à ces souvenirs que je souhaitais oublier. Mais j'avais promis. Alors j'observais. Témoin silencieux, attentif, inquiet. A la minute où ses doigts s'emparèrent d'un bijou brillant, je sus ce que c'était. D'innombrables images me revinrent en tête. Objet précieux en tout point. Symbole de conquête et d'amour. Le luckenbooth merveilleux n'avait rien perdu de son éclat, bien au contraire. Enfant, le bijou me fascinait. Il était associé à notre Mère. Comme pour répondre aux murmures de mon cadet, je soufflais d'une voix pensive, douloureuse: "I thought... it has been buried with her." Mes prunelles translucides ne quittaient plus les mains de mon frère dans lesquelles se trouvait le symbole. Oh comme j'aurais aimé aussi qu'il tombe sur tout autre chose. N'importe quoi d'autre. Mon estomac se noua à nouveau alors qu'il évoquait notre Mère, alors qu'il invoquait des souvenirs. Hochant la tête doucement, un pâle sourire répondit au sien. Soupir. Buvant une gorgée du précieux liquide ambré, je finis par rompre le silence. "She was proud to wear it. She loved it." Oui, par son alliance avec notre Père, notre Mère était devenue écossaise, ou du moins elle avait mis un point d'honneur à tout faire pour être acceptée au sein du clan. Assis au fond du fauteuil, mon verre à la main, je ne m'attendis pas à la requête timide d'Evan. Il y avait chez lui quelque chose de presque enfantin. Comme s'il cherchait mon approbation... Ma bénédiction? Avais-je bien entendu? Le laissant aller jusqu'au bout de sa pensée, je demeurais silencieux. Cillant doucement, j'aurais presque eu envie de rire face à tant d'embarras de sa part, mais ce n'était pas dans ma nature. Quand je repensais à sa demande en mariage si peu conventionnelle, je ne pouvais que ravaler une remarque cynique à ce sujet. Mais ne l'avais-je pas déjà assez sermonné? A voir la gêne véritable qui semblait avoir pris possession de sa voix et qui enflammait son visage, les remontrances n'étaient plus de rigueur. Surtout après ces pas difficiles l'un envers l'autre. Pourquoi tout gâcher pour un simple désaccord sur la manière dont devrait se dérouler une demande en mariage? Cela me semblait soudainement tout à fait ridicule. Un sourire tendre sur les lèvres, je me redressais et posais une main sur son avant-bras. "What I think... is that she would want you to have it. It's a shame such a beautiful jewel stays hidden." Hésitant un instant avant de continuer, mon regard chercha le sien. Mes prunelles bleutées, l'espace d'un instant, se teintèrent de la même tendresse que Liese. Si semblables. Comme si en ce moment précis, elle se trouvait avec nous. Un frisson me parcourut l'échine. "She would have been very proud of you. As I am and will ever be."
@Evan Wakefield
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