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An absolute necessity | ft. Nathaniel
Mer 17 Nov 2021 - 15:21
Mardi 16 novembre - milieu d'après midi
Quelle n'avait pas été ma surprise, la veille, de recevoir un hibou ministériel peu de temps avant que je ne quitte mon bureau pour le confort de mon petit appartement londonnien. Surtout lorsque j'avais découvert de qui provenait la missive, ne m'attendant pas à cela de ça part. L'homme demandait un rendez-vous dans la journée du lendemain, précisant le caractère urgent de sa demande. Bien entendu, je ne pouvais pas le lui refuser, alors le volatile était reparti d'où il venait avec un nouveau rouleau de parchemin entre les serres. J'avais par la suite passé une soirée somme toute tranquille, en solitaire avec un bon livre, et une matinée des plus normal, enchaînant entre relecture de dossiers et réunions plus ou moins importantes.
Le soleil presque hivernal commençait déjà à doucement décliner lorsqu'une voix de femme résonna dans mon bureau, me tirant de la lecture d'un énième rapport d'incident concernant les patrouilles aurorales misent en place dans les quartiers magiques de Londres et d'Inverness.
Monsieur Fastenburry, votre rendez-vous de quinze heure, le juge Wakefield, est ici. Faites le rentrer Brittany. Merci. Je me lève alors de derrière mon bureau, replace correctement ma longue cape de travail, et me dirige vers la porte afin d'accueillir comme il se doit le nouveau venu, précisément quand l'encadrement le dévoile, lui laissant le champ libre pour entrer dans la pièce sobrement décorée. Je lui adresse alors un sourire bien moins fabriqué que celui que je peux lui réserver lorsque je le croise dans un couloir. Ici, le formel n'a plus lieu, du moins, c'est ma façon de voir les choses.
Entres, je t'en pris. Il est encore un peu tôt, je te l'accorde, mais j'ai fait décanter spécialement pour toi un excellent scotch. Tu m'en diras des nouvelles. J'observe l'élégant président du Magenmagot venir s'installer dans un des deux fauteuils de réceptions qui habillent le coin de la pièce opposé à la porte, alors que je me suis moi même assis dans l'autre, lui présentant, sur la table d'appoint séparant les deux sièges, un plateau sur lequel sont disposés une carafe contenant un liquide à l'avenante couleur ambrée, ainsi que deux verres pour le moment vides et un service de pierres à whisky maintenues froides par magie. Je prends l'initiative de servir moi même chacun des verres, et d'en saisir un en main.
Je dois dire que je suis surpris de la formalité qu'a pris ta demande. Si il y a bien une personne qui n'a pas besoin de passer par les voies administratives pour me voir, c'est bien toi Nate. Je suppose que cette rencontre porte sur un sujet de première importance. Fawleys ? Kanakis ? La course poursuite au cœur même d'Inverness ? De nombreux sujets secouent encore le ministère ces derniers temps, et plus particulièrement notre département. Ceci dit, cela a peut-être un rapport avec le département en lui même, justement. Je ne suis pas sans savoir que l'aîné des fils Wakefield brigue le poste de directeur de la Justice magique. Avec les élections ministérielles qui approchent, beaucoup des hommes en place sentent le vent tourner pour eux. Je ne me fait pas trop d'inquiétude quand à ma propre place, je pense avoir largement prouvé ma valeur, et mon poste est moins accès sur la politique que les compétences, heureusement pour moi, car les exercices bureaucratiques ne sont clairement pas ma tasse de thé. Oui, je ne doute pas que si Nathaniel a demandé à me voir de cette façon, c'est qu'il doit me parler de quelque chose d'essentiel, alors ma curiosité se retrouve bien piquée.
@Nathaniel Wakefield
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Re: An absolute necessity | ft. Nathaniel
Sam 11 Déc 2021 - 18:21
Mardi 16 novembre - Bureau du directeur des aurors
Ma décision avait été prise rapidement. Cela faisait des semaines que ça durait, que j'espérais que William retrouverait ses esprits. Qu'il comprendrait qu'il faisait fausse route et qu'enfin, il se décide à redevenir l'homme que j'avais toujours considérer comme un très bon ami. Pourtant, je devais me rendre à l'évidence. L'auror ne semblait pas sur la voie de la rédemption. Pire, il s'enfonçait dans un gouffre sans fond qui menaçait d'engloutir tous ceux qui gravitaient autour de lui. Tous ceux qui comptaient sur lui. D'abord, sa fille. Pauvre enfant, qui devait gérer le deuil d'une mère et qui, en plus, devait gérer l'ingérence de son père. Comment pouvait-elle grandir dans un environnement sain si elle était délaissée par son propre père? Comment pouvait-elle faire le deuil de sa mère quand même son père n'y arrivait pas? Elle avait besoin de repères, d'un parent solide et conscient de ses propres failles. L'insécurité dans laquelle elle se trouvait l'empêchait d'avancer. Tout simplement. Et la pauvre Aveleen, qui tentait tant qu'elle pouvait d'entourer cette enfant d'amour et d'espoir. La professeure y mettait toute son âme, toute son énergie, au détriment de sa propre vie. Alors, oui, tout cela devait prendre fin. Et le plus rapidement possible. Une missive envoyée la veille, demandant un rendez-vous urgent avec le directeur du bureau des aurors et le contexte était posé. Rester à préparer mes arguments et mes armes pour le faire sortir de sa torpeur. Une fois l'heure arrivée, je me dirigeais d'un pas félin jusqu'au bureau en question. La secrétaire du directeur m'annonça et je me retrouvais vite face à mon ami, ou plutôt l'ombre de mon ami. Un signe de tête courtois pour le saluer alors qu'il m'invitait à entrer. Rejoignant un des fauteuils du bureau, mon regard l'observait tandis qu'il s'asseyait à mes côtés dans l'autre fauteuil. Gardant le silence, j'ignorais volontairement le verre rempli à mon attention. Comment pouvait-il être autant dans le déni? "Je suppose que c'était la seule façon pour moi de te voir en face à face. Je ne suis pas celui qui évite l'autre à ce que je sache." lâchais-je sur un ton plus froid que je n'aurais voulu. Il l'avait cherché, à se montrer si avenant, si détaché par rapport aux erreurs qu'il commettait actuellement. Mais qu'il se réveille! Un soupir agacé s'échappa d'entre mes lèvres, alors que je me penchais vers lui, le regard dur comme la glace. Il n'avait aucune idée de la colère que je ressentais. Aucune idée de la peine aussi qu'il me faisait, en se montrant si négligent. "Dis-moi, quand est-ce que mon ami William Fastenburry, père d'une formidable petite Emma, a-t-il abandonné la raison pour la folie? J'aimerais juste savoir où est passé mon ami, celui que j'ai toujours respecté. Et ne me fais pas l'affront de m'offrir des banalités, je sais ce que tu vis." Le deuil que j'avais affronté avait été terrible, néanmoins, je m'en étais sorti, au prix de plusieurs séances avec un psychomage. Et s'il fallait que je traîne moi-même mon ami jusqu'au bureau de Clarence, je le ferai. William devait ouvrir les yeux. Se rendre compte du chemin dangereux sur lequel il s'était engagé. Il devait nous revenir. Se reconstruire. Toutes ces rumeurs autour de ses aventures ne faisaient qu'accentuer ce malaise qui me prenait quand je pensais à lui. Il avait juste oublié qui il était.
@William Fastenburry
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Re: An absolute necessity | ft. Nathaniel
Jeu 23 Déc 2021 - 4:43
Je reconnaissais à mon ami Nathaniel un certain stoïcisme, un flegme élégant et charismatique, qui lui donnait cet aura si particulière, peu importe l'endroit où il se trouvait. Cette élégance à l'anglaise, comme il n'était plus possible d'en faire de nos jours. Un charme de gentleman qui aurait eu toute sa légitimité à siéger à la chambre des lords. Vraiment, ce gars là avait quelque chose qui ne pouvait laisser absolument personne indifférent. Je me suis bien des fois surpris à essayer de lui ressembler, mais je ne pouvais fournir, au mieux, qu'une pâle copie de sa personne, singeant presque ce comportement qui lui était si propre, tellement je n'étais pas moi même capable de ce qu'il pouvait démontrer. Oui, parfois, peut-être, je le jalousais un peu. Mais toujours, et ce depuis l'enfance, je l'admirais. Bien plus que mon propre père, il était mon model, et je me rappel m'être promis, en rentrant à Poudlard, que je voulais m'en faire un ami.
Bien des années plus tard, le jeune moi serai heureux d'apprendre qu'il était l'un des plus proches. Qu'il était même le parrain de ma fille. Aussi, alors qu'il entrait, je ne m'attendais pas à un grand débordement d'émotion, ce n'était pas le genre de l'homme. Mais je l'avais rarement connu si froid. Son regard me glaça, et en l'espace d'un claquement de voix, j'étais de nouveau ce jeune homme à qui il faisait quelques remontrances parce que son comportement n'était pas à la hauteur de ce qu'il attendait de lui. Car le Wakefield était exigeant avec ses amis, mais comme il s'attribuait le même niveau de rigueur, personne ne trouvait cela injuste. Un homme de cette envergure mérite des proches capables de soutenir la comparaison, même si moi même j'étais loin de me considérer de cette façon. Je reste alors muet, comme pris en flagrant délit. À quoi bon nier après tout ? Il a raison, cela fait des mois que j'évites de le rencontrer dans tout autre cadre que celui strictement professionnel. Je sais précisément pourquoi, et lui aussi, je n'en doute pas.
Ce regard me transfère, et ses mots sont comme autant de peines capitales prononcées à mon égard. Chacun d'entre eux me pique avec la subtilité d'une aiguille, mais la violence d'un poignard. Je me renfrogne. Mon instinct premier était de me renfoncer dans mon fauteuil, de me réduire, comme un gamin qui se fait houspiller. Mais j'ai quand même plus d'ego que cela. Alors au lieu de m'enfoncer, je me redresse. Mes deux pieds s'ancrent solidement sur le sol, tandis que je repose le verre sur la table sans y avoir même touché, avec une lenteur calculée. Mon regard ne le fuis pas, il soutient le sien. Si mon armure avait cédée face à la douceur de la photographe irlandaise, il n'aura pas fallu longtemps pour qu'elle se reforme, vitale pour moi afin d'affronter le monde et le regard qu'il porte sur moi. Une armure faite principalement de colère, mais également de remords. Oh, c'est très simple. Lorsque ceux qu'il appelait des amis l'ont abandonné à sa détresse. Lorsqu'aucune main ne s'est tendu vers lui. Au moment précis où il a compris qu'il ne pourrait compter sur aucune autre aide que la sienne. Des propos prononcés d'un ton froid et calme. Avec les années, j'avais appris à ne plus imiter le juge, mais à développer ma propre façon de blesser sans utiliser une autre arme que ma parole. Oh, bien sûr, dans le fond, je sais que mes mots ne sont qu'un ramassis de bêtises, profondément injustes de surcroit. Mais le déni est une chose fabuleuse, qui nous empêche de voir la vérité en dehors du cocon confortable qu'elle nous a construit. Et j'ai fait de ce déni ma demeure principale depuis la mise en bière de ma femme.
@Nathaniel Wakefield
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