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marchand de morts. ((alice))
Lun 1 Mar 2021 - 15:22
| | marchand de morts ; |
☩ Dans les affaires, on peut se voir mandaté des missions qui émeuvent les velléités des plus petites onces professionnelles. A contrario, d’autres, de nature différente, alimentent des émotions toutes antagonistes. C’est sous la chape de ces secondes humeurs que l’ausonien parcourt les dalles stériles de ces corridors bien mornes. Couvée sous l’épaule, est nichée une poche en bandoulière réfrigérée estampillée du logo de l’os et de la baguette ; une glacière mortuaire, comme il se rebute à se rappeler la manière dont il a su en souiller l’écrin –et comment il s’apprête à le réitérer. Pour la science, lui susurre un songe imaginaire. Un friselis de courage, sans doute, et l’incongru de celui-ci provoque le titillement de ses lippes, jusqu’à leur étirement dans une mauvaise ironie. Dire que sa vocation, en beaucoup d’occasions, s’apparente à celle des bouchers. Une imposante partie d’elle est même définie par les cisaillements des chaires. Mais lui a toujours éprouvé davantage d’affinités intérieures pour les combats des maux des corps à l’aide d’élixirs et d’onguents. De telles armes complaisent bien mieux à son tempérament de flegme et de passivité.
Mais l’on n’acquiert jamais tout ce que l’on souhaite, et dans ces cas, la violence envers soi est l’ultime remède. Comme lui-même se tourmente en ce jour, venu récolter l’un de ses ustensiles de travail : des sujets lycans, comme il aime mucher sous de belles lettres la réalité, aka des dépouilles -complètes ou non- de loup-garous. Accorder une partielle indifférence sérieuse quant à cette tâche, et les travaux qui en résultent sur ces monceaux de cadavres, a été depuis le départ son attitude refuge. Tant bien même que le grand philanthrope a fréquemment fini bien circonspect quant à sa capacité à déshumaniser ces bouts d’hommes, pour les percevoir en matériel usuel professionnel. On détermine à cette faculté un bon médecin, scande-t-on dans les hospices. Mais le motard doute de la véracité de ces propos, qu’il juge en partie un réconfort mental pour tout médicomage.
Cependant, de telles lacunes d’états d’âme n’affluent pas uniquement dans les rangs des mages salvateurs. A cette réflexion, l’orle de l’œil bistré guette sa compagne de l’instant. Une tignasse folle d’ébène venant complimenter une mine chocolatée qui ne pâlit guère face à la nature des lieux où ils gambadent. Le cisalpin l’admet : la Hangbé le terrifierait presque s’il ne soupçonnait guère une force de caractère bien trempée en elle –et peut-être des allures plus sombres. Il a la réminiscence des premiers entretiens qu’ils eurent. Tous menés pour la même besogne qu’en ce jour. Il s’était efforcé de conserver toute impassible dignité sur sa face, bien que trahi par des lorgnades surprises quant à l’aisance et le détachement de sa compagnie. Parfois même l’embarras avait coloré ses pommettes, dû à l’insolence espiègle de sa guide. Une chance qu’il porte la barbe. Mais surtout, en un sens, il avait ressenti une certaine petitesse de ses nerfs, en comparaison à ceux de la lionne. Maintenant, la mangouste semble avoir accommodé et atténué ses primes réticences -chanceux de ceci, autant que chiffonné, bien que le premier pris le dessus en approchant l’entrée de l’antre recelant de cadavres. Là, il ne s’éprend d’aucune hésitation, et désigne la porte :
« Après toi. »
Sa mine impénétrable et sa voix plate n’annoncent aucun malaise. Son l’audace l’autorise même à ajouter dès lors que la porte s’entrouvre :
« Beaucoup de nouveaux ? »
Sa pudeur censure le vrai terme qui s’attache au fond de sa question ; à l’état de l’arrivage dont il s’enquiert tel un marchand de morts.
Mais l’on n’acquiert jamais tout ce que l’on souhaite, et dans ces cas, la violence envers soi est l’ultime remède. Comme lui-même se tourmente en ce jour, venu récolter l’un de ses ustensiles de travail : des sujets lycans, comme il aime mucher sous de belles lettres la réalité, aka des dépouilles -complètes ou non- de loup-garous. Accorder une partielle indifférence sérieuse quant à cette tâche, et les travaux qui en résultent sur ces monceaux de cadavres, a été depuis le départ son attitude refuge. Tant bien même que le grand philanthrope a fréquemment fini bien circonspect quant à sa capacité à déshumaniser ces bouts d’hommes, pour les percevoir en matériel usuel professionnel. On détermine à cette faculté un bon médecin, scande-t-on dans les hospices. Mais le motard doute de la véracité de ces propos, qu’il juge en partie un réconfort mental pour tout médicomage.
Cependant, de telles lacunes d’états d’âme n’affluent pas uniquement dans les rangs des mages salvateurs. A cette réflexion, l’orle de l’œil bistré guette sa compagne de l’instant. Une tignasse folle d’ébène venant complimenter une mine chocolatée qui ne pâlit guère face à la nature des lieux où ils gambadent. Le cisalpin l’admet : la Hangbé le terrifierait presque s’il ne soupçonnait guère une force de caractère bien trempée en elle –et peut-être des allures plus sombres. Il a la réminiscence des premiers entretiens qu’ils eurent. Tous menés pour la même besogne qu’en ce jour. Il s’était efforcé de conserver toute impassible dignité sur sa face, bien que trahi par des lorgnades surprises quant à l’aisance et le détachement de sa compagnie. Parfois même l’embarras avait coloré ses pommettes, dû à l’insolence espiègle de sa guide. Une chance qu’il porte la barbe. Mais surtout, en un sens, il avait ressenti une certaine petitesse de ses nerfs, en comparaison à ceux de la lionne. Maintenant, la mangouste semble avoir accommodé et atténué ses primes réticences -chanceux de ceci, autant que chiffonné, bien que le premier pris le dessus en approchant l’entrée de l’antre recelant de cadavres. Là, il ne s’éprend d’aucune hésitation, et désigne la porte :
« Après toi. »
Sa mine impénétrable et sa voix plate n’annoncent aucun malaise. Son l’audace l’autorise même à ajouter dès lors que la porte s’entrouvre :
« Beaucoup de nouveaux ? »
Sa pudeur censure le vrai terme qui s’attache au fond de sa question ; à l’état de l’arrivage dont il s’enquiert tel un marchand de morts.
@Alice Hangbé
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Re: marchand de morts. ((alice))
Jeu 4 Mar 2021 - 10:27
Marchands de mort
EXORDIUM.
C’était devenue une habitude, au sein de la brigade, une private joke qui n’avait rien de véritablement amusant pour la principale concernée en réalité. Les jours suivants les nuits où la gibbeuse était la plus généreuse, la plus mortelle aussi, Alice veillait les morts. Il n’y avait rien de sacré cependant de son ouvrage, loin de la figure de l’embaumeuse mystérieuse prélevant les abats pour soulager la plume. Elle ne faisait que remplir des formulaires administratifs presque plus glaçants que la mort elle-même, tant ils étaient impersonnels, désincarnant un peu plus le cadavre de ceux qui furent. Dans les salles mortuaires aux relents de douleur et de désespoir, elle notait à la plume cendrée les identités, mais aussi les causes du décès, quand elles étaient d’ores et déjà connues : ici, une potion tue-loup si mal dosée qu’elle avait été fatale. Ici, une morsure à la gorge qui avait vidé de son sang le pauvre hère. Là, enfin … Elle reconnaissait la blessure sur le plexus solaire, en forme d’étoile noire. Si elle fermait les yeux, elle devinait l’Hourvari de la meute sorcière à la poursuite des animaux dénaturés, les soupirs qui répondent aux gémissements, bois contre dentine, jusqu’au tout dernier silence nuiteux.
Contemplation catatonique passive brisée par le retentissement d’une sonnette dans le couloir lui fit lever le nez de la scarification magique, ranger la plume dans son chignon de friselis sombres. Le pas léger, Alice savait qui elle allait rejoindre à l’accueil de l’étage. Un transalpin bien connu, de loin surtout, à la faveur de rencontres professionnelles ou de confessions à la dérobée d’une vipérine alliée. Darius Belby, ni plus, ni moins, l’attendait accoudé au comptoir, et elle lui avait offert un sourire aussi charmant que dangereux, de ceux qui découvrent des canines faites pour mordre, pour le meilleur comme pour le pire. (joyau de ton père, fierté de ta mère). Après un échange aimable avec l’hotesse d’accueil, elle lui passait devant, son corps frôlant le sien galant. D’ordinaire, elle aurait tendu le nez pour humer le parfum de l’ausonien, mais le reptile était professionnel, et le baume au menthol qui recouvrait son philtrum bloquait les odeurs de mort et celles d’homme tout à la fois.
- Quelques uns, peu en réalité, la dernière lune a été calme. Une victime, un accidenté et un … et bien, tu verras.
Difficile pour elle de qualifier le dernier corps, celui du supplicié à l’étoile brûlée. Tué pour protéger le plus grand nombre, assassiné tout de même, conflit entre la fin et les moyens. Il n’y avait pas de célébrations dans le vestiaire aux sons des matines au lendemain, parmi ses frères d’armes, quand les mains finissaient sales. Ce n’était pas leur objectif, contrairement aux stigmates qu’on leur infligeait ( Traqueurs. Assassins. Mercenaires… Chasseurs). Alice était toujours un peu Maussade quand elle devait faire état de ce genre de conclusions, mais eux, au moins, ne se cachaient, assumaient leurs actes et leurs conséquences, parfois irréversibles. Ce n’était pas le cas de toutes les professions.
- Tu es à la recherche d’un profil en particulier, où je te les présente en menu Entrée-plat-dessert ?
Elle n’avait pas de préférence particulière elle-même, elle leur tenait compagnie depuis le matin, Sirène s'ébattant dans le styx plus que Charon secourable. Qu’importe le flacon, tant qu’on a l’ivresse...
- InvitéInvité
Re: marchand de morts. ((alice))
Dim 7 Mar 2021 - 16:02
| | marchand de morts ; |
☩ La cime galante frémit. Des œillades bistrées ricochent sur la silhouette altière de sa guide. Interdites. Curieuses. Qui appréhendent l’horreur tapie dans la retenue dont elle fait preuve. L’ausonien a toujours été berné par la force des nerfs implacables de la Hangbé. Façonnée dans la robustesse autant que l’éclat de l’ébène, la Grymm est une prédatrice. Mais là, elle se défile. Des questions qui en naissent chez le motard, pour se taire aussitôt sur ses lippes. Dans la finalité de cette visite, il a l’obligation d’une entrevue approfondie avec chaque dépouille. Il aura en ces occasions bien assez de temps pour observer et s’acclimater aux faits. A sa raison, se mêle un pas décidé rossant les carreaux immaculés de la morgue.
« Je hais ma réponse, mais puis-je vraiment faire le difficile si mon nouvel éventail de sujets se résume à trois seulement ? »
L’ourlet de sa lèvre se retrousse, sous l’égide de son nez froncé ; tous deux éloquents quant à sa révulsion vis-à-vis de sa lucidité professionnelle. La science sait être une maitresse impitoyable. Et pourtant, s’entretient rapidement dans son cœur une pondération qui ravive son masque impassible. Altruisme contre devoir. Le second réprime les bons sentiments, et invite la stature masculine en la direction de leurs voisins, endormis dans le sommeil le plus profond. Ici, il constate les caduques réticences du rital émoussées par l’habitude du spectacle, bien qu’y subsiste un pincement de compassion dans le cœur.
L’abandon de ces zigs le cogne. Esseulés dans la mort. Leurs disparitions abreuvent des torrents d’ignorance, à défaut de joues par les larmes. Pathétique fin, où l’on discrédite jusqu’à la dernière once de leur humanité en allouant leurs plus intimes parures au moindre regard. Pire étant qu’encore là, même les yeux curieux se portent absents. Voici donc comment s’éteint leur passage éclair en ce monde : dans l’indifférence, de leur existence -pour leur nature- jusque dans les étreintes de Thanatos. On finit même par les insulter, en les léguant aux seuls égards qu’ils peuvent réclamer : ceux d’un apprenti boucher, venu les récolter comme on effeuille les champs de blés à la belle saison.
Personne ne peut ambitionner un tel sort.
Désolé, plaide la triste conscience cisalpine dans le silence de son crâne. Et pourtant, cette prière pour leurs saluts est talonnée du pensum du guérisseur :
« Comme d’habitude, s’il te plait. Chacun à leur tour. »
Sans oindre le discours d’une quelconque préférence du sujet de départ, dont il se débecterait même.
« Et si je peux avoir une copie de leur rapport d’autopsie… »
A la litanie tintent ses phalanges dans l’air, tendues à l’attention l’interlocutrice. En vérité, ce n’est pas qu’une possibilité qu’il énonce, mais un besoin dicté plus strictement par ses prunelles sombres.
« Je hais ma réponse, mais puis-je vraiment faire le difficile si mon nouvel éventail de sujets se résume à trois seulement ? »
L’ourlet de sa lèvre se retrousse, sous l’égide de son nez froncé ; tous deux éloquents quant à sa révulsion vis-à-vis de sa lucidité professionnelle. La science sait être une maitresse impitoyable. Et pourtant, s’entretient rapidement dans son cœur une pondération qui ravive son masque impassible. Altruisme contre devoir. Le second réprime les bons sentiments, et invite la stature masculine en la direction de leurs voisins, endormis dans le sommeil le plus profond. Ici, il constate les caduques réticences du rital émoussées par l’habitude du spectacle, bien qu’y subsiste un pincement de compassion dans le cœur.
L’abandon de ces zigs le cogne. Esseulés dans la mort. Leurs disparitions abreuvent des torrents d’ignorance, à défaut de joues par les larmes. Pathétique fin, où l’on discrédite jusqu’à la dernière once de leur humanité en allouant leurs plus intimes parures au moindre regard. Pire étant qu’encore là, même les yeux curieux se portent absents. Voici donc comment s’éteint leur passage éclair en ce monde : dans l’indifférence, de leur existence -pour leur nature- jusque dans les étreintes de Thanatos. On finit même par les insulter, en les léguant aux seuls égards qu’ils peuvent réclamer : ceux d’un apprenti boucher, venu les récolter comme on effeuille les champs de blés à la belle saison.
Personne ne peut ambitionner un tel sort.
Désolé, plaide la triste conscience cisalpine dans le silence de son crâne. Et pourtant, cette prière pour leurs saluts est talonnée du pensum du guérisseur :
« Comme d’habitude, s’il te plait. Chacun à leur tour. »
Sans oindre le discours d’une quelconque préférence du sujet de départ, dont il se débecterait même.
« Et si je peux avoir une copie de leur rapport d’autopsie… »
A la litanie tintent ses phalanges dans l’air, tendues à l’attention l’interlocutrice. En vérité, ce n’est pas qu’une possibilité qu’il énonce, mais un besoin dicté plus strictement par ses prunelles sombres.
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Re: marchand de morts. ((alice))
Sam 13 Mar 2021 - 11:35
Marchands de mort
EXORDIUM.
- Ma foi, excuse nous de ne pas avoir plus de « sujets » à te soumettre, je tacherai de faire remonter à mes supérieurs de faire moins dans le détail la prochaine fois …
Le ton très formel de la licencieuse tranchait avec l’amusement qui frisait dans ses iris glauques et marines : darius n’était pas le premier chercheur à oublier, volontairement ou non, que les individus présents dans la morgue du ministère étaient tous décédés de morts non naturelles, et ce genre de remarques malheureuses ne la choquaient plus depuis longtemps. En revanche, elle ne manquait jamais l’occasion de mettre ses interlocuteurs mal à l’aise, le cas échéant. On trouvait son plaisir là où on le pouvait.
- Chacun son tour donc, partons là-dessus. Pour les rapports, je peux te faire un duplicata par magie, mais si tu veux une copie officielle, il faudra remplir le formulaire à l’accueil pour avoir le tampon du légiste dessus, comme d’habitude.
Elle s’arrêta devant une première porte à la vitre fumée, vérifia dans son dossier, avant de tendre un petit pilulier au filleul d’Esculape.
- Menthe et Eucalyptus, si tu veux, avant d’entrer. Ce n’est pas parce qu’on le supporte que l’on est obligé de subir… A présent … Je te présente Gavin Brown. Il avait trente-neuf ans, sorcier, il était propriétaire d’un magasin non loin de Bath. Comme tu peux t’en rendre compte, les morsures se sont concentrés sur les jugulaires et le flanc droit. D’après le rapport, ce n’est pas l’hémorragie qui a causé la mort, mais la perforation des poumons suite à l’une des morsures.
Le corps sur la table était couvert d’une couverture magique qui, par apposition d’une baguette, devenait partiellement transparente. Joignant le geste à la parole, elle avait exposé à Darius les lésions sur le corps raidi de l’homme devant eux. Elle s’était exprimée d’une voix claire mais presque froide, désincarnée, pour ne pas dire désintéressée, énumérant les faits terribles comme elle aurait pu annoncer la météo du jour, sans entrain ni empathie particulière. C’était là toute une stratégie de préservation, aussi, devant l’horreur de la chose, l’implacable vérité d’une mort subite, injuste aussi.
- Vois les marques ici, ici et là, les mâchoires sont proprement impressionnantes, les marques sont d’une netteté remarquable … il y a de quoi faire des moules surement intéressants, et des prélèvements de salive ont pu être faits, également, ils sont encore au laboratoire, je crois. Le légiste penche pour un individu seul et probablement un peu désorienté, car il n’y a pas de lycanthrope déclaré dans un périmètre de plus de vingt kilomètres autour de l’endroit où a été trouvé la victime.
Elle coula un regard vers le grand sorcier, qui n’avait pas ouvert la bouche depuis qu’ils étaient entrés dans la chambre froide chargée des effluves métalliques du sang tout juste coagulé.
- Des questions ou remarques pertinentes et spirituelles sur ce Sujet, monsieur Belby, ou nous passons à des clients correspondant un peu plus à vos critères ô combien sélectifs ?
- InvitéInvité
Re: marchand de morts. ((alice))
Sam 27 Mar 2021 - 8:02
| | marchand de morts ; |
☩ Un frisson s’éprend de sa nuque, alors que perle le liseré de remord dans ses œillades. Bien qu’hagard vis-à-vis du quiproquo, il le cerne sans mal. Sa langue enlacée de pudeur n’a su être trop éloquente pour délivrer la demi-mesure de ses pensées. Tout le monde n’a pas la capacité de deviner dans son cœur, ni sa caboche. Car en vérité le sarde hait l’horreur dont il est témoin, et bien plus celle qui éclot dans sa besogne. Devoir se servir de zigs abattus comme cobaye, dans l’indifférence de tous. Dans cet antre autant qu’au creux de ses doigts, l’homme ou la femme est réduit à de la viande. Mais malgré son altruisme bafoué par les étincelles lugubres dans des orbes claires de sa comparse, il ravise toute tentative de réparations face aux reproches. L’avis de la fille d’ébène l’importe peu. Il se censure également pour sa facette scientifique chagrinée de la faible moisson en sujets. Elle ne doit connaitre l’abnégation que de nom. Sale en intérieur, l’ausonien se laisse crépir de la crasse d’opinions malavisées sur sa personne. Sa trogne adoptant la mine du néant émotionnel. Il se contente seulement de récolter le pilulier offert. L’usant toutefois avec une latence qui décrit à l’observateur le doute d’un pêcheur qui se sacrifierait bien martyr olfactive. Toutefois, la conscience reprend vite ses droits, l’assommant de l’inintérêt de la chose.
Les herbacés grimpent au nez le temps que ses prunelles s’entichent des plaies dont le gâte la transparence soudaine du linceul. Défaut des petits d’Asclépios ; la dissection leur apprend sans égal. Il achemine ses égards sur des zones de compressions, puis autour des chaires éventrées jusqu’aux veines nécrosées alentours. Le spectacle ne lui intime aucun discours. S’attardant qu’une poignée de seconde aux traits à jamais endormis de l’inconnu. Vidé de son sang. Le thorax émietté, et blafard sur les joues, comme doit l’être son regard éteint derrière ses paupières. Le rital n’ambitionne pas même d’une prière pour le repos du malheureux ; question de respect. N’ayant en droit pour sa part qu’à un acquiescement. Vif, comme le menton qui se relève. Cherche l’interlocutrice. Dévoile l’emprise de la curiosité du savant salvateur. De la salive. Ce massacre n’aura été vain. La pensée confirme presque l’attaque mesquine de la lionne. Et là encore, il n’empoigne la peine ni de se chagriner de cette image biaisée de lui-même, ni même d’attaquer en retour l’aisance quasi-cruellement espiègle de la Hangbé
« Quelques questions, oui, cingle son timbre alcyonien. A-t-on pu recueillir plus d’informations sur le lycan ? »
Le bistre guettant le minois joli, vitrine d’un esprit pernicieux de fer en-dedans ; de l’enquêtrice. Il ne doute de son professionnalisme et presque aussitôt s’intimide de rétorquer lui-même par l’exact même trait. Son faciès en vacille, détournant ses pommettes avec une vigueur qui se pourrait croire hautaine. A tort. Puisqu’il a l’objectif de ses iris sombres atterrissant sur l’une des mains du mutilé. Ses ongles. A l’espoir que bien que chargé d’une bête présageant sans faille la fin, l’instinct de survie humain soit si bête que la victime ait voulu remédier à son destin. D’autant que certainement, la bête n’a pas pu faucher à la volée sa proie.
« Son identité, ou des restes de tissus ou poils sur Brown ? »
Les herbacés grimpent au nez le temps que ses prunelles s’entichent des plaies dont le gâte la transparence soudaine du linceul. Défaut des petits d’Asclépios ; la dissection leur apprend sans égal. Il achemine ses égards sur des zones de compressions, puis autour des chaires éventrées jusqu’aux veines nécrosées alentours. Le spectacle ne lui intime aucun discours. S’attardant qu’une poignée de seconde aux traits à jamais endormis de l’inconnu. Vidé de son sang. Le thorax émietté, et blafard sur les joues, comme doit l’être son regard éteint derrière ses paupières. Le rital n’ambitionne pas même d’une prière pour le repos du malheureux ; question de respect. N’ayant en droit pour sa part qu’à un acquiescement. Vif, comme le menton qui se relève. Cherche l’interlocutrice. Dévoile l’emprise de la curiosité du savant salvateur. De la salive. Ce massacre n’aura été vain. La pensée confirme presque l’attaque mesquine de la lionne. Et là encore, il n’empoigne la peine ni de se chagriner de cette image biaisée de lui-même, ni même d’attaquer en retour l’aisance quasi-cruellement espiègle de la Hangbé
« Quelques questions, oui, cingle son timbre alcyonien. A-t-on pu recueillir plus d’informations sur le lycan ? »
Le bistre guettant le minois joli, vitrine d’un esprit pernicieux de fer en-dedans ; de l’enquêtrice. Il ne doute de son professionnalisme et presque aussitôt s’intimide de rétorquer lui-même par l’exact même trait. Son faciès en vacille, détournant ses pommettes avec une vigueur qui se pourrait croire hautaine. A tort. Puisqu’il a l’objectif de ses iris sombres atterrissant sur l’une des mains du mutilé. Ses ongles. A l’espoir que bien que chargé d’une bête présageant sans faille la fin, l’instinct de survie humain soit si bête que la victime ait voulu remédier à son destin. D’autant que certainement, la bête n’a pas pu faucher à la volée sa proie.
« Son identité, ou des restes de tissus ou poils sur Brown ? »
- InvitéInvité
Re: marchand de morts. ((alice))
Jeu 8 Avr 2021 - 5:33
Marchands de mort
EXORDIUM.
Parce que la provocation faisait partie de l’ADN de la délicieuse, elle savoure l’ombre décontenancée qui affleure à la surface des pupilles ausonienes, bien que rapidement recouverte du glacis du professionnalisme. Bah, elle l’avait repéré, le trouble savamment instillé, ça suffisait à la contenter, en femme simple qu’elle était (non). Il faut dire que Darius se montre bien mois expressifs que ses compères habituels : Evan n’en finit plus de lui afficher ses exaspérations et amusements à coup de risettes charmantes (et charmeuses) et autres roulements d’yeux, alors que l’irlandais aux bouclettes brunes, Walsh, ne pouvait s’empêcher de rougir ou de palir à ses propos les plus osés. Darius lui restait presque impassible, il fallait se montrer particulièrement suprenante et inédite pour l’interdire. Il fallait dire qu’avec l’énergumène avec lequel il frayait au quotidien, il avait du en entendre des vertes et des pas mûres.
Sourire de chatte qui s’étire sur ses lèvres quand il se borne à lui répondre d’un air docte, cherchant son oeillade pour mieux l’esquiver ensuite : choisi ton camp, l’italien, la ligne de crête n’est pas confortable bien longtemps.
- Pas tant, l’attaque n’avait pas été anticipée par nos services, nous n’avons pu que constater le décès au petit matin. Comme je te l’ai dit, individu seul et désorienté, donc potentiellement une première transformation ou une potion tue loup mal confectionnée. C’est dramatique, mais ça arrive. Les investigations sont en cours auprès des familles sorcières du comté avec notre légilimens pour trouver le ou la responsable, qui devra répondre de ses actes… nous avons pris des photos des empreintes de pattes trouvés tout autour, et il y a des poils courts qui se sont collés aux niveaux des plaies, surement ceux jouxtant les babines ou le museau. Attaque éclair, Brown n’avait aucune chance. Ce qui nous interroge, c’est ce qu’il faisait dehors, en pleine nuit, à plusieurs centaines de mètres de chez lui. Soit il avait entendu du bruit, soit il cherchait le loup, selon nos premières hypothèses… Nous en saurons plus bientôt, je l’espère.
Elle se tue un instant, le temps que Darius prenne les notes qui allaient bien, et intègre les informations qu’elle venait de lui délivrer. Quelque chose émit un petit bip, dans le couloir, alors qu’elle opacifiait à nouveau le drap, pour laisser Brown à un simulacre de paix, dans cette ultime demeure froide et clinique.
- Prochain arrêt, l’accidenté. Si le docteur veut bien me suivre, c’est dans la pièce suivante.
Elle tourna une page de son feuillet d’annotations griffonnées de son écriture fine et pointue, lui ouvrit la porte pour le faire passer devant. Capsule hermétique et aseptisée, jumelle de la précédente, à un détail près : le corps était partiellement désartibulé, et au croisement entre une apparence lupine et anthropomorphe. Tout un programme.
- Colton Herzog. Je te laisse faire tes premières observations, avant de te donner les informations les plus croustillantes. Je sens que ça va te plaire.
Il y avait une certitude presque suffisante dans sa voix, et pourtant, elle savait. Le cas du type, qui n’en était plus vraiment un, sur la table de métal froid, attirerait l’attention du medicomage comme une volée de patates les doryphores. Il y avait là une tragédie, mais le genre de tragédie utile pour les chercheurs comme lui : une erreur de dosage. Une inattention fatale. Une perte de contrôle qui aurait pu être évitée. Elle s’adossait au mur blanc carrelé, et laissa l’italien faire le tour du propriétaire, les bras croisés, s’observant les ongles le temps du constat.
- InvitéInvité
Re: marchand de morts. ((alice))
Dim 13 Juin 2021 - 10:35
| | marchand de morts ; |
☩ Elle susurre des engrenages justiciers, grippés par le devoir, mais également des tristes astuces qui incombent cette brigade de traqueurs ; telles la legilimancie forcée. Sécurité publique est de mise, l’ausonien le reconnait. Ses égards caressent la pâleur de la mort, bigarrée des contusions carmin-myosotis dudit Sir Brown. Toutefois, cette battue à la bête tapisse son échine de décharges malévoles. Dans la bouche de la chasseuse ricane presque l’indolence de l’habitude. Première transformation. Potion tue-loup mal-formulée. A ce ton d’anecdote s’est mesuré pourtant deux vies : victime et assassin -sans volonté de l’être pour eux-deux certainement. Ces cas ne sont surement guère isolés. Les existences ont un prix tant à la baisse...
« Et si le loup a vraiment été victime d’un coup du sort, comment devra-t-il répondre de ses actes justement ? »
Sa part humaine s’interroge sur toute l’infortune de cette malédiction. Il la regrette un peu. Imaginant d’avance parmi les éclats des yeux clairs de l’Hangbé, l’ombre noire d’une vérité à laquelle on ne veut croire. Si ce monde était toujours juste, cela se saurait, se raisonne-t-il. Troquant alors son cœur altruiste pour l’œil rationnel du scientifique. Il scinde de ses mirettes les chairs inanimées, comme s’y affairera -tôt ou tard- son scalpel dépouillant ce malheureux oublié. Le rital calcule les cibles de sa prochaine curiosité. Sang. Jugulaire. S’appesantir sur les plaies tout juste maudites par morsure. Il y a tant à exploiter que la vie arrachée pourra se vanter de n’avoir été vainement éteinte. Oui, l’homme sera de ces rares échantillons bêtas ; « tests blancs ». Peu riche en résultats, mais par l’absence desquels on ne valide ces derniers.
Sans respect pour ses méditations, la guide happe de nouveau son intérêt. Là, le motard se pare d’une douce docilité, accompagnée d’œillades d’indifférence pour la suffisance -fausse ou non- qu’Alice ose commettre. Une Perséphone divaguant dans ses terres muettes ; voilà à quoi son image rime sardoniquement. Reine par habitude de ces murs d’aubaine, et le silence qui les cogne à chaque seconde. C’est professionnel, le cisalpin en prend conscience, cependant ce contexte la complimente presque d’un cœur d’onyx aux tons macabres. Ce qu’elle confirme dans la nouvelle antichambre de l’horreur qu’ils pénètrent. Là y demeure davantage de sordide. Davantage de questions. Davantage de nausées pour un esprit on familier aux carcasses. D’autant plus que celle-ci s’avère difficilement indentifiable. Bête ou humain ? Un sapiens qui s’accoquine plus à des frangins canidés qu’aux simiens ; un oiseau rare.
Une paume du guérisseur s’étale sur la table, voisine du cadavre. Les prunelles bistrées déchirent la drôle figure. Puis en couvant certains membres des danses de ses doigts, des parcelles du supplicié se mouvent subitement. Parfois restreinte par la rigidité cadavérique, l’inspection finit toutefois suffisante. De primes abords, l’angliche s’appesantit sur la trogne du spécimen, caractérisée d’une pilosité hésitante. Il constate qu’un duvet plus dru s’éparpille sur le reste du corps. Les traits du faciès l’interpellent également. Tous anormaux, comme modelés en des angles bien irréguliers pour un homme. Pour le Belby, ceci n’est guère le fruit d’un accident physique : le visage est immaculé de cicatrice. Non, cette horreur semble provenir des os directement. Telle une hideuse métamorphose, qui s’accompagne de vibrisses inégales sur les pommettes trop hautes de l’individu.
Pendant un court instant, cet œil plein de questions dévie jusqu’à l’accompagnante des lieux. Mais il se ravise d’ouvrir les lippes, pour approfondir son examen. Cette fois, il s’évade pour les parties inférieures du macchabée. Il en devient témoin de l’absence de certains membres. A la place, subsiste une vasoconstriction typique de violentes hémorragies, gorgée de sang sec et coagulé. Ces plaies s’avèrent nettes et homogènes. Cela ne peut être la signature de griffes ou canines ; la dépouille du précédent Brown en atteste. Un regard attentif dénote également l’absence de stries sur les quelques os mis à nus. Bien qu’il ne soit légiste, le potionniste écarte par logique l’arme blanche et le Diffindo malintentionné. En vérité, la disparition de ces organes suppose qu’ils furent détachés du corps sans bataille. Le diagnostic le plus probable sonne alors : désartibulement. Toutefois, cette hypothèse n’explique le reste des inusités de ce corps. Outre le drôle de faciès, l’inconnu se dote de jambes trop élancées et rétractables vers l’arrière, s’inspirant de certains quadripèdes. A leurs extrémités figurent quatre orteils arrondis, montés sur des pieds disproportionnés. Pour finaliser ce patchwork singulier, un torse athlétique se sertit de membres supérieurs anodins -si l’on excepte des ongles en ovales aiguisés.
Cogitant fort, le biker s’éprend d’un premier silence. Puis, sa cime ne se redresse, pour mieux faire état de ses déductions :
« Sa transformation est partielle. Et il semble s’être ou avoir été désartibulé. L’hémorragie a surement été la cause de la mort. Elle a dû être importante, pointe-t-il les plaies caractéristiques, les pupilles qui s’accrochent à la dame en pleine introspection de sa manucure. La conjecture la plus probable serait de dire que l’un de ces phénomènes a causé l’autre. Il a été surpris pendant qu’il transplanait, et a perdu le contrôle. Cela sous-entendrait qu’il ne s’attendait pas à se transformer. »
« Et si le loup a vraiment été victime d’un coup du sort, comment devra-t-il répondre de ses actes justement ? »
Sa part humaine s’interroge sur toute l’infortune de cette malédiction. Il la regrette un peu. Imaginant d’avance parmi les éclats des yeux clairs de l’Hangbé, l’ombre noire d’une vérité à laquelle on ne veut croire. Si ce monde était toujours juste, cela se saurait, se raisonne-t-il. Troquant alors son cœur altruiste pour l’œil rationnel du scientifique. Il scinde de ses mirettes les chairs inanimées, comme s’y affairera -tôt ou tard- son scalpel dépouillant ce malheureux oublié. Le rital calcule les cibles de sa prochaine curiosité. Sang. Jugulaire. S’appesantir sur les plaies tout juste maudites par morsure. Il y a tant à exploiter que la vie arrachée pourra se vanter de n’avoir été vainement éteinte. Oui, l’homme sera de ces rares échantillons bêtas ; « tests blancs ». Peu riche en résultats, mais par l’absence desquels on ne valide ces derniers.
Sans respect pour ses méditations, la guide happe de nouveau son intérêt. Là, le motard se pare d’une douce docilité, accompagnée d’œillades d’indifférence pour la suffisance -fausse ou non- qu’Alice ose commettre. Une Perséphone divaguant dans ses terres muettes ; voilà à quoi son image rime sardoniquement. Reine par habitude de ces murs d’aubaine, et le silence qui les cogne à chaque seconde. C’est professionnel, le cisalpin en prend conscience, cependant ce contexte la complimente presque d’un cœur d’onyx aux tons macabres. Ce qu’elle confirme dans la nouvelle antichambre de l’horreur qu’ils pénètrent. Là y demeure davantage de sordide. Davantage de questions. Davantage de nausées pour un esprit on familier aux carcasses. D’autant plus que celle-ci s’avère difficilement indentifiable. Bête ou humain ? Un sapiens qui s’accoquine plus à des frangins canidés qu’aux simiens ; un oiseau rare.
Une paume du guérisseur s’étale sur la table, voisine du cadavre. Les prunelles bistrées déchirent la drôle figure. Puis en couvant certains membres des danses de ses doigts, des parcelles du supplicié se mouvent subitement. Parfois restreinte par la rigidité cadavérique, l’inspection finit toutefois suffisante. De primes abords, l’angliche s’appesantit sur la trogne du spécimen, caractérisée d’une pilosité hésitante. Il constate qu’un duvet plus dru s’éparpille sur le reste du corps. Les traits du faciès l’interpellent également. Tous anormaux, comme modelés en des angles bien irréguliers pour un homme. Pour le Belby, ceci n’est guère le fruit d’un accident physique : le visage est immaculé de cicatrice. Non, cette horreur semble provenir des os directement. Telle une hideuse métamorphose, qui s’accompagne de vibrisses inégales sur les pommettes trop hautes de l’individu.
Pendant un court instant, cet œil plein de questions dévie jusqu’à l’accompagnante des lieux. Mais il se ravise d’ouvrir les lippes, pour approfondir son examen. Cette fois, il s’évade pour les parties inférieures du macchabée. Il en devient témoin de l’absence de certains membres. A la place, subsiste une vasoconstriction typique de violentes hémorragies, gorgée de sang sec et coagulé. Ces plaies s’avèrent nettes et homogènes. Cela ne peut être la signature de griffes ou canines ; la dépouille du précédent Brown en atteste. Un regard attentif dénote également l’absence de stries sur les quelques os mis à nus. Bien qu’il ne soit légiste, le potionniste écarte par logique l’arme blanche et le Diffindo malintentionné. En vérité, la disparition de ces organes suppose qu’ils furent détachés du corps sans bataille. Le diagnostic le plus probable sonne alors : désartibulement. Toutefois, cette hypothèse n’explique le reste des inusités de ce corps. Outre le drôle de faciès, l’inconnu se dote de jambes trop élancées et rétractables vers l’arrière, s’inspirant de certains quadripèdes. A leurs extrémités figurent quatre orteils arrondis, montés sur des pieds disproportionnés. Pour finaliser ce patchwork singulier, un torse athlétique se sertit de membres supérieurs anodins -si l’on excepte des ongles en ovales aiguisés.
Cogitant fort, le biker s’éprend d’un premier silence. Puis, sa cime ne se redresse, pour mieux faire état de ses déductions :
« Sa transformation est partielle. Et il semble s’être ou avoir été désartibulé. L’hémorragie a surement été la cause de la mort. Elle a dû être importante, pointe-t-il les plaies caractéristiques, les pupilles qui s’accrochent à la dame en pleine introspection de sa manucure. La conjecture la plus probable serait de dire que l’un de ces phénomènes a causé l’autre. Il a été surpris pendant qu’il transplanait, et a perdu le contrôle. Cela sous-entendrait qu’il ne s’attendait pas à se transformer. »
- InvitéInvité
Re: marchand de morts. ((alice))
Jeu 8 Juil 2021 - 7:33
Marchands de mort
EXORDIUM.
La traqueuse ne répondra pas à la question du soigneur, à la fois si théorique et bassement terre-à-terre : que faire de la bête qui mord, de la bête qui tue ? Pire encore, que faire de l’homme qui s’y juxtapose, qui revêt la pelure funeste une nuit par mois seulement, et qui pourtant devra répondre de celle-ci comme de toutes les autres. C’était là tout un débat au sein même de la communauté magique. Il y avait ceux qui considéraient que l’homme et l’animal étaient deux êtres distincts et que, à la manière d’une pathologie mentale, cette dissociation devait libérer l’hôte des conséquences de l’acte de son Autre… Et puis il y avait ceux qui considéraient que puisque la prévention existait, que les moyens pouvaient être mis en œuvre pour brider le Loup, alors il était du devoir de celui qui le cotoyait de se soustraire à ses griffes, de le museler et de contraindre sa gueule à grand renfort de liens implacables. Point de salut sans la sécurité de la Cité, et le malastré devait assumer le danger qu’il représentait. Alice n’avait pas vraiment de parti pris, pas encore. Ce qu’elle voyait, c’était le danger, la souffrance, la mort. Une liberté, parfois, aussi, une source de puissance sauvage et incontrôlable. Les hommes n’aimaient pas ce qu’ils ne pouvaient dresser et modeler à leur guise. Elle le savait. Elle était une Femme.
La lecture du visage de Darius était autrement plus distrayante que celle du rapport d’autopsie. Si il tâchait de garder un visage impassible, la moindre micro expression décelée par la saurienne était comme une confiserie pour gourmet averti. Il y avait là un éclat de surprise, ici une ridule d’incompréhension, ailleurs un spasme indiquant qu’il avait trouvé le raccourci liant une déduction à une conclusion probante.. Et puis ses mains, grandes, un peu abîmées, plus motardes que doctoresses quand elles ne revêtaient pas de gants blancs et élastiques., qui s’agitent de tics inconscients, pianotent dans les airs la partition bien connue d’une auscultation factice. C’est vrai qu’il est plutôt beau, le rital. Jaïna avait du goût.
- La conjecture la plus probable, en effet. Néanmoins …
Elle ouvrit le tiroir d’un bahut de fer blanc, en tira un petit pochon transparent contenant un amas d’herbes rousses et violines, solidement scellé par un sortilège invisible. Elle le lança à Darius, en pleine poitrine, avant de se rapprocher du supplicié, sans hâte, ménageant presque l’effet de surprise.
- D’après nos rapides mais toujours diligentes recherches, Herzog est un lycanthrope de naissance. Rares, mais ils existent. Il est fiché depuis sa naissance, d’ailleurs, fait suffisamment rare pour être exposé, sa propre mère a excepté de prendre le risque d’une morsure volontaire pour être à même d’accompagner son mari et son fils lors des premières transformations de ce dernier. Le dévouement ultime d’une mère, je suppose. Toujours est il qu’il suit le même traitement depuis toujours, auprès du même médecin, il connaît le protocole par coeur. C’était un patient charmant et attentif, un exemple de minorité intégrée parfaite, d’après son entourage … Si tant est qu’il en faut. Sauf qu’il y a ce fameux hic …
La pause ne s’éternise pas. A vrai dire, la traqueuse est un peu trop curieuse de voir la réaction du guérisseur à la chute de cette intrigue.
- On a donc retrouvé ça, dans la poche de ce qui a du être, à un moment, son pantalon. Toutes les espèces n’ont pas encore été identifiées, mais il semblerait que ce pot pourri circule de plus en plus dans les canaux alternatifs, comme psychotropes permettant … On ne sait pas trop, vraiment. A part que c’est fort, réservé à la clientèle lupine et que c’est vendu très cher par des gens très antipathiques. Je parle d’expérience. Alors, heureux ?