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magicae doctor (jaïna iii)
Sam 26 Juin 2021 - 16:10
Tu asssistes à la remise de diplômes de @Jaïna MacLeòid avec un intérêt non-feint, observant une myriade de codes que tu ne connais qu’à moitié, pour ne pas les avoir toi-même intégrés. Ta relation ambivalente avec le monde universitaire demeure entière, convaincue que le papier que les étudiant.es reçoivent après nombre d’années leur a surtout appris à entrer dans un moule réflexif duquel il leur faudra bien sortir une fois le monde protégé et contrôlé de la faculté loin derrière. Quelques méritants ont eu l’intelligence de passer par des stages en milieu professionnel ou de travailler à temps partiel en complétant leurs propres études, et auront probablement réalisé l’homogénéité intellectuelle de Hungcalf. Tu n’enlèves rien à l’université qu’elle ne mérite pas – l’expérience te semble formatrice, mais tu ne vois pas exactement ce qu’elle t’aurait apporté, pour ta part, choisissant d’occulter les qualités de l’endroit pour camoufler le fait que ton choix n’en était pas un. Pas tout à fait.
Alors, amusée, tu fixes les chapeaux à plumes bigarrées et les larges toges décorées de rubans des finissants, ainsi que les ornements spécifiques à certaines almas mater dont sont vêtus les membres du corps professoral, indiquant d’où proviennent leurs propres diplômes. Tu as été installée par la blonde près de son cousin, que tu ne connais que de vue – le petit frère. Sa présence s’est immédiatement imposée au cœur de la foule, prérogative de la stature titanesque qu’il partage avec l’héritière de Skye. Le même genre de démarche conquérante, mais pas tout à fait – toi, tu as les pas prédateurs de qui pourrait sauter à la jugulaire d’autrui au moindre geste, mais lui avance comme si le monde lui appartenait déjà. La réalité de ces familles princières de sang pur, tu la connais – un peu. Tes propres parents à l’impeccable lignage sont à ce jour peu intéressés par les jeux de cour, mariage d’amour heureux de sang bleu (une rareté). Mais ces lignées nobles britanniques s’entremêlent partout où leurs toiles peuvent se glisser. Tu en as entendu parler, du cadet, à son retour – fils de ton propre directeur de département, tu as pu apprendre une partie de ses frasques, incertaine de savoir si tu devrais juger ce genre de figure pour la trahison familiale ou pour son admission de défaite lorsqu’il est revenu se placer entre les griffes de Devon Wakefield. (les deux – une fois pour le manque de loyauté, l’autre, pour le manque de colonne vertébrale.)
Entre les mots de tes collègues, on peindrait le portrait parfaitement outrancier d’un golden boy capricieux et volage tentant de se racheter, mais les hommes plus âgés n’y croient pas tout à fait – et on devine aisément à la courbe du sourire des rares femmes de l’étage qu’elles tiendraient d’autres discours à ce sujet dans l’espace quasi privé d’une salle de bains alcoolisée. Aux dires de ton cousin, il a l’agaçant trait de droiture que tu reconnais chez son aîné – mais dans la bouche de @Dimitri Majewski, il ne s’agit jamais d’un compliment, lui qui flirte avec la légalité et le crime depuis l’adolescence. Tu as ricané, alors, faisant toi aussi partie de ceux qui voient les règles comme un buffet – à tout le moins en privé. C’est toutefois lorsque @Nathaniel Wakefield en parle que l’on en voit le portrait le plus précis, et peint de mots tellement économes qu’on devine davantage de sa personne à travers les silences du juge. Des notes d’agacement, d’abord, auxquelles s’ajoute une saveur de protectrice tendresse teintée d’admiration que le juriste aurait certainement niée si tu l’avais questionné à ce sujet. Le frère qui était parti, et celui qui était resté, honorant ses responsabilités – et, désormais, le cadet de retour, rangé dans une future union matrimoniale alors que l’aîné se laisse bercer par l’eau au gré de ses envies.
Curieuse, tu as réservé ton propre jugement. C’est Jaïna qui t’a annoncé qu’il serait assis avec toi, d’un vague tu seras assise près de la deuxième plus belle personne dans la pièce accompagné d’un haussement d’épaules. Déjà prête à être agacée par le géant, tes mots les plus coupants se dégaineront si vite, et – « Bonsoir », te salue-t-il, sourire éclatant aux lèvres plissant des dizaines de traces de rire sur son visage. « Vous êtes certainement la maître de stage de Jaïna? Elle ne me parle de vous qu’en bien depuis deux ans. » La main tendue d’une poignée franche, tu l’acceptes, souriant à ton tour. « Exact. Lubia Savcenko », te présentes-tu. « Enchanté. Evan Wakefield. » Simplement, comme si tu ne savais pas déjà qui il était. Un nouveau sourire, une chaleur que tu ne connais ni de son père, ni en Nathaniel – pas du même genre. « Jaïna sera certainement touchée par votre présence. On m’a parlé de la cadence formidable de votre Département, j’imagine que ce ne sont pas tous les diplomates qui se seraient déplacés pour leur stagiaire. » Tu pourrais être agacée de ne pas l’être, justement – il a le profil parfait pour être un extraordinaire facteur irritant. Peut-être est-ce cet air de connivence naturelle qui donne envie de participer à ses propres manigances que tu devines relativement bienveillantes, ou l’éclat tranquille dansant au fond de ses prunelles – il inspire la confiance, et tu décides que tu l’apprécieras, ce vaurien princier.
Pendant la cérémonie, tu absorbes la majorité des détails, mais un ennui réel finit par te saisir. Installée dans une posture réale, tu n’en laisses rien transparaître, si ce n’est un coup d’œil furtif au cadran de ton téléphone – inutile, l’objet moldu se détraque souvent, à Hungcalf. Saisissant ton regard, le sorcier pointe discrètement les ornements ajourés de la scène, dont il est apparemment en pleine modification. Alarmée, tu t’inquiètes pour la structure, mais l’auror en devenir fait non de la tête – tu ne sais pas si tu devrais être rassurée à l’idée qu’il ait deviné ton inquiétude pour le plafond (et vous, en dessous). Tu l’observes transformer les figures métaphoriques en lumières de scène, au repos jusqu’à ce que l’on appelle la demoiselle de platine à récupérer son diplôme. Lorsque Jaïna met le pied sur la scène, sa silhouette est encadrée d’un kaléidoscope de couleurs vives et tapageuses, et un bruit appréciateur parcourt l’assemblée estudiantine. Sur la scène, un professeur au teint basané et à la moustache avantageuse semble chercher immédiatement un coupable du regard, et il doit se douter de sa cible, puisqu’il la trouve quasi instantanément. Ton voisin lui adresse un salut discret accompagné d’un sourire insupportable, qui te tire un sourire en coin. Au moins il a le mérite de t’avoir distraite.
Vous descendez au même rythme que le reste de la marée humaine, prêts à rejoindre la doctorante désormais diplômée. « Je dois repartir sous peu », te glisse Evan, qui jette un œil à sa propre montre. « Apparemment, la graduation d’une cousine parmi vingt-huit ne suffit pas à obtenir congé, lorsqu’on en a plus d’une dizaine. » Amusée, tu rétorques « il aurait fallu faire jouer vos relations familiales, allons », mais le regard calme qu’il te retourne trahit bien davantage son état d’esprit que ses mots. « Allons, on pourrait nous accuser de népotisme », plaisante le Calédonien – mais dans ses prunelles céruléennes, tu lis le profond refus de faire appel à son père. Retour à la case départ, tu ne sais pas si tu devrais l’apprécier ou t’en moquer – pour la naïveté du geste, ou pour la beauté de ses principes.
@Dhan Chaffinch pour ton avantageuse moustache