Amis depuis l’enfance, nous avons grandi ensemble. Camarades innocents, puis adolescents, nous nous fréquentions à chaque vacance. Nos parents, amis eux aussi, partaient presque systématiquement ensemble en ce que nous croyions alors être des vacances pleines d’aventures. Tu connaissais les mêmes légendes que moi, tu avais été bercé des mêmes histoires et je me sentais bien quand tu étais là. Les yeux aveugles de l’enfant que j’étais laissèrent vite place à ceux d’une jeune fille très impressionnée par la douceur qui exultait de toi chaque fois que tu étais toi-même. Je connaissais tout de toi et tu savais tout de moi. Peut-être parce que nous n’allions pas dans les mêmes écoles, nous ne nous avouâmes jamais la teneur de nos sentiments avant l’université. Je sentis pourtant mon cœur se serrer chaque fois que tu me parlais de tes conquêtes et je m’assurais de me mentir à moi-même en te parlant des miennes. Malgré ton amour naissant avec une camarade de ton école, nous nous rapprochâmes jusqu’au point de non-retour. Tu quittas Ludmila pour moi et nous acceptâmes enfin nos sentiments débordants. Pendant près de trois ans, tu fis de moi la femme la plus heureuse que je fus jamais. Pendant près de trois ans, je grandis à tes côtés, me projetant dans l’avenir qui nous tendait les bras. Je ne me méfiais pas de tes parents, ni des miens ou de la société secrète dans laquelle nous avions grandi. Je ne m’attendais pas à ce que nos différences nous séparent un jour fatidique de juin. Alors que nous nous apprêtions à être diplômés, tu devins subitement plus distant. La rupture sembla tomber du ciel comme une bombe incendiaire : en un instant, notre futur disparut et seule ma rage émergea des cendres incandescentes. Tu m’avais quitté pour une légende ridicule, sans fondement ‒ pour la folie de nos parents. Je décidai alors de disparaître en France, mon pays natal, mais pas sans me venger avant. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je découvris que non seulement tu m’avais menti pendant des années, mais qu’en plus la légende disait vrai. Je te dérobai l’artefact maudit et disparus m’installer en plein jour à Beauxbâtons.
Nos destins se croisèrent à nouveau, incapables de nous laisser tranquilles, lorsque j’acceptai un poste à Hungcalf ‒ l’université qui nous avait vu grandir et nous déchirer. Il suffit d’un regard et j’en fus certaine : je t’aimais autant que je te détestais, mais je ne pouvais t’échapper.

Issu d’une rare famille considérée par la mienne, nous avons été amenés à nous rencontrer très tôt. Tu étais légèrement plus jeune, mais tu compensais largement à grands renforts de facéties et d’intellect. Nous sommes très vite devenus amis et nous retrouvâmes avec un plaisir non simulé chaque fois que nos obligations familiales nous rassemblaient. À notre entrée à Hungcalf, nous fréquentâmes les mêmes cercles et les mêmes cours ; tu avais pris un peu d’avance et ton appétit pour les savoirs m’amusait beaucoup. En Métamorphose, tu étais prodigieux, je l’étais davantage et nous nous amusions beaucoup à décider de qui de nous deux méritait la première place. Aux yeux de tous, ton intérêt était indéniable, mais je ne semblais pas te voir ; tu as pourtant appris le français pour moi, mais tu étais un très bon ami qui savait me faire rire. Mon cœur appartenait à un autre. Longtemps, tu crus que je ne m’en aperçus jamais ; l’attirance était pourtant flagrante et le chat voulait peut-être jouer avec la souris. Je m’en aperçus toutefois, et voulus garder cette amitié qui m’était chère. Mon départ précipité pour la France te poussa à t’interroger, mais nous perdîmes contact. De ma terre natale, je t’observai de loin, te gardant plus proche que tu ne le savais. Et puis, je m’assurai qu’une de nos connaissances te fasse savoir que j’occupais le poste de professeur de métamorphose à Beauxbâtons de sorte à ce que, lorsque l’occasion se présenta, tu pensas à moi et me recommandas auprès de la doyenne. Aujourd’hui, tu ne comprends pas : il semblerait que je sois entiché de toi - je te le fais comprendre dans mes gestes et mes paroles, mais saurais-tu deviner pourquoi ?

Femme de poigne, je te respecte presque autant que je me méfie. Le destin a tranché et nos chemins se sont croisés lorsque j’ai été invitée à postuler pour le poste de professeur de métamorphose à Hungcalf. Bien sûr, je n’étais pas sans savoir les relations qui te liaient à ma prédécesseure ; je ne m’attendais pas à ce que l’entretien se passe différemment. Nous jouons toutes deux à ce jeu d'ego courtois, mais ne sommes pas dupes ; la méfiance est une vertu qu’il vaut mieux garder près de soi. Je sais pourtant que tu me seras utile dans mes recherches. Il me faut encore décider de comment jouer à cette partie d’échec infernale. Peut-être gagnerais-je ta confiance et ta loyauté au club des Capes Noires dont je fais partie ? Il ne fallut pas se tromper : tu n’avais pas l’air d’être une personne facilement trompée.

Amis de très longues dates, je te considère comme une des seules relations sincères que j’ai eu plaisir à cultiver pendant toutes ces années. Nous nous sommes connus à Hungcalf et, suivant le même cursus, sommes rapidement devenus amis. Dans la même maison, nous nous suivions souvent, même si j’évoluais dans d’autres cercles amicaux. J’ai toujours beaucoup apprécié ton savoir-vivre, ta joie et ton enthousiasme. Nous avons même travaillé sur nos thèses ensemble. Bien que tu fus surpris de mon choix de retourner en France pour enseigner la métamorphose à Beauxbâtons, tu gardas contact et nous sommes restés amis malgré la distance. Tu continuas de donner de mes nouvelles à Evan et je m’assurai qu’il me fasse inviter à postuler lorsque le poste se libéra cette année. Nous sommes aujourd’hui collègues, et je sais que je peux tout te demander. Tu fais même partie des personnes à qui je suis prête à rendre service sans attendre quelque chose en retour : ma propre définition de l’amitié.
(01.01.22) Une opportunité professionnelle s'est offerte à toi et tu l'as saisi pour partir rejoindre Alex au Brésil. Nous continuons d'échanger régulièrement de nos nouvelles par lettres.

Liées bien plus que par la nature de notre sang, par notre adhésion au club des Capes Noires et même par nos travails d’enseignantes-chercheures, nous faisons partie des élus. Tu n’avais pas demandé à rejoindre cette épopée, mais elle semble t’avoir choisie, toi aussi, lorsque tu entras dans la famille Kokoè par mariage. Ta belle-sœur était membre des Absolutum et œuvrait dans le même but que notre collectif, que ma famille, depuis des dizaines ‒ des centaines d’années. J’orchestrai notre rapprochement par voie épistolaire, connaissant tes nombreuses qualités et tes recherches sur le bout des doigts. Puis, je me fis embauchée à l’université écossaise pour me rapprocher de tes trouvailles, mais également pour les surveiller. Je ne te dis pas tout et je suis certainement prête à mettre ta vie en danger pour obtenir les Éléments, mais je sais sur quelles aspirations personnelles m’appuyer : après tout, tu n’as jamais souhaité de ce rôle de mère au foyer dont on t’a affublée ; tu ne dirais jamais non à l’aventure.

Blessée et courroucée par ma rupture avec Arthur que je vis comme une trahison, je changeai mes plans de carrière pour embrasser le quotidien d’une professeure française à Beauxbâtons. Malgré mon départ, je fus très régulièrement amenée à me rendre à Londres pour mes recherches personnelles et je décidai de passer l’été de 2017 à la capitale moldue. Entre deux aventures et de nombreuses lectures, je décidai d’apprendre à me défendre au corps-à-corps. Mes pas me menèrent à ton club et bien que l’accueil ne fut pas des plus engageants, il me poussa à contre-courant à intensifier mes efforts pour me distinguer à tes yeux prompts à critiquer ma silhouette féminine et mes vêtements chics. Tu m’appris à me battre et devins mon entraîneur pour quelques semaines intenses. Lorsque je fis le lien entre toi et ta sœur, j’appris que tu étais ce fameux frère qui s’en était pris à Arthur lorsqu’il l’avait quittée pour moi. Je te racontai mes déboires sans m’attarder, riant du passé et me satisfaisant de cette image joyeuse : tu lui avais cassé les dents ! Qui aurait cru que nos chemins se croiseraient de nouveau à Inverness, dans un jardin botanique, qui plus est. Peut-être m’apprendras-tu de nouvelles techniques, maintenant que ton club a fermé définitivement sa porte ?

Je connais ta femme puisqu’elle fait partie de la Société Secrète. Et pour tout dire, j’ignore si tu as connaissance des enjeux qui nous préoccupent, mais nos aspirations nous rapprochent et je te vois de plus en plus comme un mentor, quelqu’un vers qui me tourner lorsque mes doutes ne trouvent pas les réponses escomptées. Moi qui croyais te manipuler, je vois mes ficelles tirées par un maître-marionnettiste qui ne sert qu’un seul intérêt : le sien. Tu n’as jamais été intéressé par nos valeurs et nos raisons, tu veux les Pierres pour toi, mais je ne le sais pas.

La pierre sur mon chemin, le caillou dans ma chaussure, l’épine sur la rose de la vie. Tu es l’ex d’Arthur, l’homme de ma vie. Il te quitta lorsqu’il réalisa ses sentiments pour moi et tu ne t’en remis jamais. Pour toi, Arthur t’avait trompée avec moi avant de renoncer à votre idylle. Tu en étais persuadée et je savais qu’il valait mieux ne pas essayer de te détromper. Tu étais une ombre sur le joli couple que nous formions alors, mais je t’ignorais, trop heureuse, trop investie dans cette relation qui me blessa plus qu’aucun maléfice. Je connus pourtant la même rancœur lorsque le Roumain ténébreux invoqua les mêmes raisons pour me quitter : il t’aimait toi, il avait fait une énorme erreur en te laissant partir et il la regrettait plus que tout au monde. En colère et déraisonnable, je nourris alors une aigreur déméritée contre toi. Je fis plus tard la connaissance de ton frère, mais je me gardai bien de te contacter, toi, son “véritable amour”. Tu es aujourd’hui la collègue et coéquipière d’Evan : nos chemins sont bien décidés à se recroiser un jour.
(21.11.21) Personnage remis en jeu.

Je t'avais accueillie chez les Nymphes à ton inscription dans le club. Qui aurait cru qu'à l'époque, ton futur mari et seul véritable amour me courtisait impitoyablement ? Sans être très amicales, nos discussions étaient chaleureuses et très cordiales. Très prise par le temps, mon double cursus, les événements auxquels mes parents me forçaient à assister et ma vie amoureuse, je ne pris jamais le temps d'apprendre à vraiment te connaître. Malgré tout, déjà alors, tu me trouvais étrange et tu voyais ce que trop nombreux ignoraient tant ils s'arrêtaient au vernis impeccable qui recouvrait ma personnalité.

Aujourd'hui, je me rappelle de toi sans pour autant chercher à te rencontrer. C'est plutôt ton fiancé qui m'intéresse ; ce jeu du chat et de la souris m'amuse autant qu'il est susceptible de m'apporter des choses. À commencer par le poste que j'occupe aujourd'hui à l'université. Je fais attention à ne pas croiser ta route, car je sais que mon comportement, s'il ne t'agace pas, te poussera à t'interroger sur mes vraies intentions. Après tout, pourquoi suis-je si gênée à l'idée que tu épouses Evan ?

Malheureusement, nos chemins sont voués à se croiser.

Nous nous connûmes lorsque nous étions à Hungcalf. Tu étais le meilleur ami d'Arthur, que je connaissais moi-même depuis toujours. Tu nous vis marivauder et tourner sans cesse autour d'une évidence manifeste. Tu nous vis aussi concrétiser cette relation inévitable et, petit à petit, tu fis partie de mon entourage. Nous étions voués à nous côtoyer, puisque tu étais une personne de choix pour le Roumain qui t'avait confié, paraissait-il, son entière confiance. Un peu brute sur les bords, tu adorais te pavaner et asseoir ton statut en écrasant un peu les autres. Je ne m'en formalisai jamais et si, parfois, il m'arriva de t'indiquer la noirceur de tes agissements, la remarque était vite pardonnée. Lorsque nous furent diplômés et qu'Arthur rompit l'engagement qu'il m'avait fait, je disparus en France où je décidai d'enseigner la Métamorphose. Nous perdîmes contact.
Mon arrivée à Hungcalf promettait de changer beaucoup de choses. D'abord, tu apprendrais bien assez tôt les rumeurs que je veillais à répandre autour de nous et pour parfaire ton rôle de grand frère, tu viendrais me confronter, ne faisant qu'appuyer les rumeurs et l'image que je souhaitais façonner.

Je fus ta professeure et toi mon élève lorsque nous étions à Beauxbâtons. Nos chemins se croisèrent de nouveau en septembre, lorsque je pris un poste de titulaire à Hungcalf. Tu avais laissé un souvenir impérissable dans mon esprit ; toujours prêt à faire l'imbécile, tu te trouvas bien trop souvent à ton goût en heure de retenue. Je regardais récemment ton évolution avec le sourire, réalisant que tu étais parvenu à te hisser au rang de stagiaire du Directeur du Département des Mystères, du ministère britannique. Voilà qui pourrait être utile...

Un service en engage un autre. Ta réputation n'était plus à faire et tous les chemins menant à Rome, je ne mis pas si longtemps à te quérir. Il me fallait quelqu'un de confiance ; quelqu'un qui pourrait se salir les mains à ma place sans éveiller les soupçons. Quelqu'un qui, juré au secret, pourrait œuvrer dans le silence et attiré l'attention sur lui quand j'en aurais besoin. J'étais prête à tout, prête à te devoir quelque chose pour que tu m'offres leurs têtes sur un plateau !

Très bon ami de Dhan, tu gravitais autour de mes cercles sociaux. Quelques mois passèrent sans que nous ne nous fréquentâmes vraiment. Puis, ton caractère affirmé et tes petites cassures attirèrent mon regard et nous devînmes amis. Ce fut sans doute une des amitiés les plus sincères que j'entretinsse jamais. Ayant remarqué les difficultés qui étaient les tiennes pour l'écriture et la lecture, je me proposai de t'aider et de te tutorer loin des oreilles indiscrètes. Une véritable tendresse se tissa entre nous malgré nos différences et mon attachement pour Arthur. Je disparus à la sortie de l'université, mais je tins à garder contact avec Dhan et toi.
Nous nous retrouvâmes à mon retour en Écosse, lorsque j'obtins un poste de professeure dans cette même université qui nous avait rapprochés. Aujourd'hui, plus que jamais, tu es un homme. Le passé ne sembla pas avoir attaqué notre amitié si particulière et nos nombreux dîners en témoignent encore à présent. Qui sait ? Peut-être pourrais-je terminer ce que j'ai commencé toutes ces années auparavant ?

De bonnes familles, nos chemins se croisèrent plus d'une fois lors des nombreux galas et autres bals auxquels mes parents me traînèrent dès le plus jeune âge. Tu étais et restes de huit années mon aîné, mais je te trouvai dès l'adolescence des qualités physiques que je ne prêtais pas aux autres. Aussi, lorsque ce fut ma cousine que tu demandas en épousailles, je compris sans problème son acceptation rapide. Devenu membre de la famille, je te vis souvent dans ton plus simple appareil (ou presque) et je pus confirmer ce que mes yeux aimaient imaginer. Mon jeune âge et mon inexpérience me firent rougir plus d'une fois alors que tu te pavanais dans la piscine. En grandissant, j'oubliai ton enveloppe charnelle pour connaître davantage ta personnalité et m'intéresser à ton travail. Tu me fis les plus beaux cadeaux alors que tu étudiais le stylisme et l'art du patronage. Tes inventions firent de toi une figure incontournable et votre divorce ne parvint. même pas à ébranler la confiance qu'avait la famille D'Essenault en toi. Il me fallu plusieurs années pour te faire oublier la jeune fille ingénue que tu avais connue, pour m'affirmer face à ton sale caractère. Aujourd'hui, je peux dire que nous sommes amis. Je peux aussi dire que je te connais sous toutes les coutures, même les plus légères, et je ne manque pas de te le rappeler à chaque occasion

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