• Cours de métamorphoses
  
• @James Blackthorn
  
• @Marcus Cooper
  
• @Alexander McCandless
  
• @Erawan Chankimha
  
• @Arthur Batthyány & @Cataleya Blackthorn

juin 2014 ft. @arthur batthyány

(music) Ses pas n'avaient jamais été plus incertains. Le Roumain était pourtant d'ordinaire si sûr de lui mais, tout en se dirigeant vers les Jardins Suspendus, il ne parvenait pas à stopper les tremblements dans ses mains. Le lieu accueillait les couples les plus timides, ou en recherche d'intimité ; ponctués par les purs obsessionnels des plantes. Arthur avait choisi cet endroit pour sa tranquillité car il savait que rien ne se déroulerait de façon tranquille. Son couple avec Isabelle était si passionnel qu'il lui paraissait impossible de rompre sans de nombreux éclats. La jeune femme essayait tant bien que mal d’ignorer la séparation qui grondait au-dessus d’eux en relisant un passage de sa dissertation ; ils seraient bientôt diplômés et, depuis quelque temps, l’étudiante perspicace avait pris l’habitude de se vouer au travail universitaire pour ne pas penser à sa relation. Isabelle connaissait le grand brun depuis toujours et, malgré tous les signes, elle ne pouvait envisager de faire sa vie sans lui. Lorsque les doutes se faisaient trop forts, elle aimait se rappeler de toutes les embûches qu’ils avaient dû surmonter pour se retrouver enfin. Il aurait peut-être davantage fallu qu’elle fît attention aux bourrasques de vent qui faisaient trembler les plantes suspendues sur le toit de l’impressionnante bâtisse ; le vent essayait de lui dire quelque chose, et la magicienne aurait peut-être fui si elle l’avait compris. Deux sentiments contraires firent battre plus fort son cœur lorsqu’elle vit Arthur un peu plus loin ; elle lui fit signe de la main et sourit timidement, ne sachant plus comment l’accueillir ces derniers temps. La fin de l’année semblait toujours le mettre hors de lui et la jolie Française espérait qu’elle soit la seule responsable de son humeur changeante. « Salut… » Elle quitta son banc pour l’enlacer mais son retour paraissait bien plus froid et dur que d'ordinaire. Arthur n'avait jamais été une personnalité chaleureuse au premier abord, mais avait toujours su faire preuve d'affection avec elle. Ce jour-là, il n'avait pu se résoudre à lui en témoigner, compte tenu de la teneur de ses futurs propos. « Salut. » Il n'était visiblement pas à l'aise et alla aussitôt s'installer sur l'un des bancs bordant les jardins. L'étudiant l'invita silencieusement à s'asseoir et prit une profonde inspiration. Isabelle avait attrapé son rouleau de parchemin qu’elle relisait auparavant et le roulait encore et encore ; ses yeux voyageaient sans arrêt sur les lèvres crispées qu’elle ne s’était pas aventurée à embrasser. Arthur n'avait jamais pris de gants avec personne et ce moment lui rappelait atrocement sa rupture avec Ludmila, en 2008. Dire qu'il était passé par cette douloureuse étape dans le seul but d'avouer son amour à Isabelle… la même Isabelle qu'il s'apprêtait à quitter aujourd'hui. On pourrait lui reprocher son timing désastreux, mais y avait-il réellement un moment idéal pour briser le cœur d'une personne ? « Est-ce que tout va bien ? », demanda-t-elle alors qu’elle ne supportait plus son silence. Il lui donnait l’impression d’être en deuil. Quelque chose d’effroyable a dû arriver… La jeune femme caressa tendrement la mâchoire coupante du garçon et sourit tristement. Quoi qu’il soit arrivé, elle voulait être là pour lui. « Tu… tu voulais me voir ? » L’hésitation dans sa voix trahissait ses craintes et plongeait l'étudiant dans la culpabilité. « Oui… On ne va pas pouvoir continuer, Izzie. Je pense qu’il est temps de mettre un terme à… tout ça. » Il n’avait pas le cran d’admettre qu’il était poussé par ses parents à agir de la sorte. Qu’ils lui avaient mis martel en tête, le persuadant que la jeune sorcière ne ferait que le ralentir dans sa quête des joyaux. Sous le choc, la jeune femme serrait les dents pour ne pas laisser les larmes couler sur ses joues. Les yeux embués, elle regardait le jeune homme et essayait de capturer son regard ; il ne pouvait pas être sérieux, elle devait faire erreur. Une partie de lui restait fidèle à son amour pour Isabelle, mais la puissance de son ambition prenait peu à peu le dessus. La fin des années universitaires approchait et Arthur ne voulait pas perdre de temps à convaincre une femme qui ne souhaitait pas croire en lui. « Il est préférable de s’y prendre maintenant. Nous n’avons pas les mêmes objectifs de vie et continuer après Hungcalf ne fera que nous ralentir l’un l’autre. » La jeune femme battait des cils pour chasser la vision d’horreur ; elle s’efforçait de déglutir mais sa seule respiration était difficile. Il lui était impossible de prononcer le moindre mot sans vomir. « Tu es une femme brillante, une grande sorcière. » C’en était trop et Isabelle tenta de l’interrompre en le stoppant de la main levée. Ne supportant plus de le regarder continuer, elle se leva et lui tourna le dos un instant en portant la main à sa poitrine. Le rouleau de parchemin était tombé au sol et menaçait de s’envoler, mais elle ne le voyait même plus. Il l’avait regardé faire, mais plus rien ne pouvait retenir ses mots. « Tu réussiras ce que tu entreprendras. Mais je ne me vois pas à tes côtés lorsque cela arrivera. » Il résidait une grosse louche de mensonge dans cette soupe d’excuses, mais le mal était fait. Il préféra ne pas s’étendre sur la raison la plus évidente de cette séparation : leur incompatibilité de croyances. Plongés tous deux dans cette légende tout petits, un seul d’entre eux suivait le chemin de leurs parents et Isabelle peinait à croire que cette histoire se dressait aujourd’hui entre eux. La Terre menaçait de céder sous ses pieds et il lui sembla que l’école toute entière allait s’effondrer. « Tu… Qu’est-ce que tu fais ? » Elle demandait à voix haute, espérant que la formule magique la sorte de ce douloureux songe. « Tu veux dire… Tu veux rompre parce que… parce que je ne crois pas à un conte pour enfants ? » Une colère dégoulinante se mêlait à la bile qui menaçait de sortir de sa bouche. Arthur sentit la même colère s’emparer de lui et son regard se durcit davantage. Isabelle se retourna, prenant garde à bien rester à distance du jeune homme ; il était le seul qu’elle avait jamais aimé et son cœur se serrait chaque fois qu’elle posait les yeux sur lui. « Arthur… Arthur ! Regarde-moi. Je… Je t’aime Arthur. » Ses yeux scrutaient son visage, voulaient savoir s’il le savait. Il ne répondit pas, car affirmer son amour ne changerait en rien sa décision. « Je… Je ne comprends pas ce qui est en train de se passer... Ça ne peut pas être ça… ça ne peut pas être ça ! » Elle croyait si peu en la légende qu’Arthur devait forcément cacher quelque chose : il devait avoir une vraie raison de vouloir mettre fin à leur relation. Il l’aimait pourtant, elle le savait, l’avait lue dans ses yeux, l’avait senti alors qu’il l’embrassait quelques jours auparavant. « Arthur… Parle-moi. » Le sorcier déglutit et posa enfin ses yeux sur elle. Un ignorant pourrait penser qu’il s’apprêtait à rebrousser chemin et qu’il s’excuserait de lui avoir causé tant de peine. Malheureusement, le Batthyány n’était pas fait de ce bois-là. Pour son père, les excuses étaient un signe flagrant de faiblesse. « Que veux-tu que je te dise ? C’est ma décision. » Conscient d’envenimer une situation déjà tendue, il campait sur ses positions. Il fut soudainement reconnaissant à son père de l’avoir privé de la démonstration de ses sentiments. « Ta décision ? », elle se mit à rire, étranglée par un début de sanglot qu’elle réprimait de justesse. « Ta décision ? Et moi alors dans tout ça ? Tu ne crois pas que tu aurais pu me parler de ‘ta décision’ ? Tu ne crois pas que...  » Elle voulait hurler. « C’est ce que je fais. » La jeune femme pencha la tête sur le côté, furibonde. « J’arrive pas à croire que tu me dises ça. Qu’est-ce qui te prend ? C’est pas toi, ça. C’est pas l’homme dont je suis amoureuse. Tu… Tu as décidé ça quand ? Qu’est-ce que… Qu’est-ce que j’ai fait ? » Elle avait soudain l’impression que son attitude était responsable des mots durs et impitoyables du garçon. Elle pouvait presque le voir disparaître sous ses yeux ; elle ne reconnaissait plus les siens, si doux d’ordinaire, si froids ce jour-là. Elle ne lui rendait pas la tâche facile mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle le fasse. Arthur ne trouvait plus aucun mot pour exprimer son regret d’en arriver là. Il savait juste que la rupture devait se produire, peu importe les moyens utilisés. Il se leva à son tour, la dépassant d’une bonne tête. Elle leva la sienne, les lèvres tremblantes. « Peut-être que tu ne me connais pas tant que ça, au final. » Le coup fatal s’abaissa sur la Française. « Comment tu peux dire ça ? » Elle baissa les yeux, sonnée par la dureté avec laquelle il s’adressait à elle. Isabelle ne voulait pas y croire, essayait tant bien que mal de trouver un sens logique à la suite des événements, mais rien n’y faisait : il était toujours là, planté devant elle, sa voix rauque et coupante résonnait dans ses oreilles. « Dis-moi que tu ne m’aimes pas. Dis-moi que tu ne m’aimes pas et que tout ça n’était qu’un jeu pour toi. Que tout ça n’a pas compté. » Il n’oserait pas ; Arthur ne pourrait pas lui mentir, droit dans les yeux, et lui dire qu’elle n’avait pas compté pour lui, qu’il n’avait fait que s’amuser tout ce temps et que le jeu touchait simplement à sa fin. Le Roumain sentait son cœur battre frénétiquement, ce qui ne semblait pas se refléter sur son visage de marbre. « Ne me rends pas la tâche plus difficile, je t’en prie… » Il ne voulait pas dire ces mots, ces mensonges. Mais elle le poussait vers cette limite qu’il s’était promis de ne pas franchir. « Dis-le moi. » Elle s’avançait, espérant peut-être le ramener à ses esprits, et déposait sa main tendre sur sa nuque pour l’obliger à la regarder dans les yeux. Leur histoire était belle et il aurait aimé qu’elle le reste. S’il prononçait ces paroles, elle ne le serait plus jamais. Il s’empara de sa main et la dégagea, laissant retomber la sienne le long de son corps. « Je ne t’aime pas. J’aurais dû rester avec Ludmila. C’était une erreur. Tu ne l’as pas encore réalisé, mais ça viendra. » Ses boyaux se tordaient entre eux, son estomac se noua et il eut la nausée. Elle avait reculé, sous le choc, le souffle coupé. Ses yeux brillaient des larmes qui avaient commencé à couler sur sa peau lisse et elle ne parvenait pas à les décrocher de son regard assassin. La main rejetée vint se loger sous sa poitrine pour tenter de calmer l’écœurement qui envahissait sa gorge. Incapable d’ouvrir la bouche, la jeune femme recula de quelques pas d’abord, et puis, elle fit volte-face et se mit à courir vers la porte de la tour la plus proche. Arthur était resté impassible… en apparence. Au fond de lui, le Roumain était conscient qu’il venait de détruire la meilleure relation qu’il ait jamais eue. Viendra un jour où l’étendue de ses regrets le rongera jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de son cœur. Mais aujourd’hui, il prit cette décision et regarda l’amour de sa vie fuir sa froideur et son insensibilité. Je n’aimerai plus jamais. Isabelle voulait disparaître, que la terre s’ouvre et l’engloutisse. Il ne l’avait jamais aimé. Il regrettait d’avoir mis un terme à sa relation avec @Ludmila Malkov pour elle. Il ne m’a jamais aimé. Et s’il avait menti, la trahison n’en était que plus grande. S’enfermant dans la première salle vide qu’elle trouva, la jeune femme éclata en sanglots, ses jambes lâchant sous son poids. En un instant, tout ce qu’elle tenait pour acquis, son futur tout entier avait volé en éclats, et elle se coupait maintenant avec les bouts de verre qui jonchaient le sol.

challenge hungcalfien 2023 • cérémonie d'ouverture

15 sep. 2023 – Elle se tenait sous le dôme installé pour l’occasion. Les rares mèches de cheveux qui avaient échappé au savant chignon qu’elle avait attaché du bout de sa baguette étaient balayés par la brise et Isabelle souriait fièrement à @Andrew Hill, son ami et escorte pour la soirée. Elle se rappelait de la précédente édition comme si c’était hier et non pas pendant sa dernière année d’étude. D’un hochement de tête entendu, elle salua @Peter Drummond et @Maximilien Leroy, deux de ses étudiants et passa son bras autour de celui d’Andrew. Elle n’avait rien à envier à son élégance, dans sa magnifique robe aux couleurs des Lukfin. « Te rappelles-tu de la dernière fois ? » Elle attrapa de sa main libre un verre qu’elle lui tendit avant d’en saisir un autre pour elle-même. Ses yeux s’arrêtèrent sur les bottines violettes d’@Ofelia Madrigal et elle ravala un gloussement. L’élégance n’est pas le lot de tous, pensa la Française.

« Tu les avais tous bluffés dans cette épreuve d'adresse. Est-ce que tu t'envisages de nouveau comme Challenger où les années t'ont assagie ?»

Accrochée au bras d’Andrew et à son verre, elle se mit à rire de bon cœur. Elle chassa le souvenir en secouant la tête ; c’était si loin, mais c’était hier.

« Il faut parfois ruser lorsqu’on n’a pas ta force, tu sais ? »

Isabelle fit tinter leurs verres et elle avala une gorgée entre les colonnes de marbre.

« Ma réputation n’est visiblement plus à faire. La tienne, cependant ? »

Elle le dévisagea, une étincelle dans les yeux. Il ramenait le passé d’un simple battement de cils. Isabelle reconnut @Emmy Robinson et lui fit signe bonjour de la main. Elle se détourna pourtant, contente de voir que la resplendissante tête rousse avait opté pour une soirée entre amis. Elle reporta son attention sur la conversation qu’elle avait autour d’un jus de fruit et sourit plus joyeusement en voyant son escorte s’incliner devant elle ; il avait du charme et du savoir-faire, celui-là.

« Je préfère ne pas avoir de réputation, vois tu ? Et je préfère que les gens ignorent ce dont je suis capable. »

Elle fit la moue, trop consciente du double-entendre qu’il faisait planer derrière ses mots.

« Tu as toujours été trop modeste. »

Un groupe de jeunes étudiants passait par là et elle préféra noyer le poisson dans le lac. Son regard se fixa sur @Arthur Batthyány, dans son habit d’émeraude, qui venait d’arriver. Elle avala avidement une longue gorgée de jus de pomme acidulé et se félicita de tomber sur @Ethan Lacroix. Elle lui adressa un sourire charmant et se demanda s’il était très judicieux de traîner Andrew à sa rencontre. Probablement pas…

« Notre cher Alfred fera-t-il une apparition ce soir  à ton avis ? Vega m’a dit qu’elle était trop occupée… »

Les yeux de la dame en bleu riaient pour elle. Elle pressa un peu le biceps d’Andrew dans sa main pour le faire taire avant qu’il ne soit trop tard et détailla la tenue de @Calliope Muller d’un regard furtif : elle était belle, la grenouille vicieuse ! Trop heureuse d’entendre son vieil ami la distraire, Isabelle ne réfléchit pas longtemps avant de répondre.

« Véga est toujours occupée… mais cela ne m’étonnerait pas de ce cher Alfred. »

Elle lâcha son bras pour mieux se tenir devant lui. Il soupira exagérement et elle remercia son poids d'adulte de l'empêcher de s'envoler. Machinalement, ses doigts vinrent jouer avec le pendentif qui renfermait son obsidienne.

« Comment vont nos jeunes amis ? » Elle demanda innocemment.

Elle espérait que @Cataleya Blackthorn n’avait pas parlé de leur petite altercation à son mentor. Andrew n’en avait jamais parlé.

« Pas un pour rattraper l’autre. J’ai l’impression d’être responsable d’une portée de lutin de Cornouailles dégénérés, » grogna-t-il dans sa barbe taillée.

Elle réfréna tout juste un bruit de cochon dans sa gorge, tant l'agacement d'Andrew lui donnait envie de rire. Une seconde plus tard, Isabelle manqua de s’étouffer avec son jus de fruit lorsqu’elle vit la main d’Arthur sur la taille d’Emmy. Elle fit signe à Andrew qu’elle a juste avalé de travers, mais elle craignait qu’il reconnaisse le beau Roumain. Ces trois là avaient fréquenté les salles de cours d’Hungcalf pendant plusieurs années. La sorcière s'était frottée à Cataleya et comprenait aisément ce qui pouvait l'exaspérer. Au fond, elle était certaine qu'il les appréciait bien plus qu'il ne voulait bien l'admettre.

« Tu as déjà essayé un Silencio ? » La question, cachée sous l'humour, soulignait une véritable interrogation, Cataleya l'ayant surprise par son mutisme.
« Je suis partagé à ce sujet, d’un côté ne plus l’entendre est fort appréciable mais de l’autre, j’ai l’impression que ça n’arrange pas son cas et que ça lui donne encore plus de temps pour penser à toutes les imbécilités qu’ils pourraient faire. »

Elle changea de couleur, comme le pantalon d'@Alexander McCandless, mais réalisa vite que son ami n'avait pas vu Arthur. Elle le tira vers la place centrale.

« Qu’en est il de ta promotion ? »
« Elle est certainement... stimulante. »

Pour ne pas dire éprouvante. @James Blackthorn et Fergus étaient véritablement deux choix judicieux pour la société, mais elle avait sous-estimé l'anxiété qu'ils lui apporteraient. Au milieu des convives, elle se tourna vers le bel homme.

« Tu devrais certainement les mener par l'exemple. Te voir accomplir monts et merveilles les aiderait peut-être bien plus que n'importe lequel de tes conseils avisés ? Comme Véga l'avait fait pour nous ? »
« J’accomplis déjà monts et merveilles, Isabelle ! Sauf qu’ils seraient intenables quand ils s’agit de recherches en laboratoire et pire encore en mission sur le terrain. Comment veux tu que je leur enseigne quoi que ce soit ? Ils ont été laissé en roue libre totale et ne connaissent pas le sens du mot discipline. C’est un calvaire.  »

Isabelle était bien en peine de devoir avouer l'imprononçable : Cataleya était bien plus utile qu'elle ne le laissait prétendre. Sa force inspirait la reconnaissance, là où elle manquait cruellement d'élégance. Rien à quoi nous ne puissions remédier, lui et moi.

« Tu te rappelles, toi ? Nous n'étions pas si terribles, si ? »
« Assurément. »

Elle oubliait volontiers les frasques et les casseroles qui avaient fait trébucher leur groupe tout entier, et elle n'avait pas échappé à la règle - elle non plus.

« Les épreuves qui les attendent cette année nécessiteront certainement de la discipline. Pourquoi ne pas leur montrer la grandeur de la tienne en participant à ce challenge ? »

Elle lui offrit son sourire le plus doux, compatissante, quand elle-même s'était jurée de ne pas attirer plus d'attention. Mais, voyant Arthur dans le dos d'Andrew, elle prit le soin de déposer sa main sur le torse de son ami, pour jouer des apparences. Ne demande pas, songea-t-elle. Elle sentit le duvet sur sa peau se dresser et ses muscles se tendre sous sa main chaude à travers le tissu. Elle leva les yeux au ciel, maugréant intérieurement contre son manque d'empathie. Ne savait-il pas qu'elle avait besoin de rappeler à Arthur tout ce qu'il avait perdu en la perdant elle ? Ne peux-tu pas jouer le jeu, mon ami ?

« Je déteste quand tu fais ça… Arthur ? »
« Ne ruines pas tout. » Elle rétorqua entre ses dents blanches et serrées, sentant quelqu'un s'approcher.
« Ce petit jeu prendra-t-il fin un jour ? », il toussota pour cacher le fond de sa pensée.
« Isabelle, Andrew, comment vous portez vous ? J'espère ne rien interrompre ? »

L'instant fut interrompue par l'arrivée de sa collègue, @Margaret Rosebury. Elle partageait peut-être le flamboyant des cheveux de Cataleya, mais elle réclamait le respect et la grâce dans son costume.

« Margaret, très élégante, comme à votre habitude. »

Elle se méfiait néanmoins des personnes qui maniaient aussi bien le verbe.

« Rien que ma main n'était pas en mesure de défroisser. » Au diable les apparences et les "on dit", pourvu qu'Arthur puisse tomber dans le panneau. « Andrew me disait justement qu'il songeait participer à cet événement. Aviez-vous été compétitrice à la précédente édition ? »

Isabelle jeta un coup d'œil machiavélique au professeur de runes.

« Laisse les donc annoncer de quoi il s'agit avant... »

Vêtu de bleu et plus charismatique que jamais, Ludovic Strabondi se présenta sur la plateforme. Isabelle accueillit les maîtres de cérémonie avec politesse et courtoisie, tapant délicatement dans ses mains en écoutant distraitement la réponse de Margaret avant de reporter son attention toute entière sur l'ouverture de la cérémonie. Des souvenirs embuèrent ses yeux de Jade et l'or qui y résidait sembla pétiller davantage. Elle sourit pour elle-même et se retourna lorsqu'un Wright (Peter) cria tout son plaisir d'être là. Ne voulant pas gâcher son plaisir ou ternir sa beauté éclatante, elle regarda le chaudron apparaître d'un air absent. Ce jeu prendra-t-il fin ? Elle n'avait pas répondu à Andrew et la question restait là sans qu'elle ne puisse s'en défaire.

« Voilà qui répond à ta question, cher ami. Tu devrais te présenter dans la file, il est encore temps. Je tiendrai compagnie à Margaret, sauf si vous ne souhaitiez pas laisser la moindre chance à nos jeunes étudiants, très chère ?  »

Elle s'était arrangée pour pouvoir surveiller Arthur du coin de l'œil. Toujours occupé à draguer son étudiante (Emmy), il n'avait pas bougé d'un iota.

« Dans ce cas, allons-y ensemble, » déclara Andrew, le ton ne souffrant d'aucune contredite.

Il présentait son bras à Margaret et lui présenta également son biceps, qu'elle voulut mordre à sang ; Andrew ne lui laisserait pas plus d’occasion pour se défiler qu’elle ne l’avait fait pour lui. Certains auraient sûrement crié “justice”, mais Isabelle préférait se dire qu’elle lui rendrait la pareille. Elle était quasiment sure qu’il avait agi de la sorte parce qu’elle l’avait utilisé tantôt pour incommoder Arthur. Telle était prise qui croyait prendre. Elle ne se méfiait pas assez du lycan, et ce serait ce qui la conduirait à sa perte.

« Allons, donc. »

Isabelle accepta le bras tendu et le petit groupe s’approcha de la file pour y prendre place. Le sourire sur son visage ressembla davantage à une grimace lorsqu’elle réalisa que Calliope était celle qu’il fallait charmer pour boire à son eau.

« Mlle Muller. Merci pour l’organisation de cet événement. »

Elle ne perdrait pas la face ici. Elle voulait décrocher son bras du tronc poilu du loup-garou, mais Andrew cachait fort bien sa force derrière un visage doux et avenant. Isabelle attendit qu’Andrew ait bu pour signer le pacte à son tour.

« C'est un plaisir de vous voir y participer, Professeur. » Elle lui tendait la louche, la traitresse.

L'échange provoqua quelques picotements sur sa nuque ; elle ne se sentait pas en sécurité face à Calliope. Celle-ci ne lui faisait pas peur, à proprement parler, mais elle sentait qu'elle ne pouvait pas lui faire confiance. Avait-on déjà vu quelqu'un de bien dîner en compagnie d'Arthur un soir de St Valentin ? Non. Je ne crois pas. Pas depuis elle, en tout cas.

« Trêve de politesse d'Essenault. Bois. »

L'intervention d'Andrew termina de reserrer sa mâchoire et elle dut y consacrer toute son énergie pour la voir se rouvrir. Par la barbe de Merlin ! Il n'en perdait pas une. Isabelle but la gorgée que lui tendait Calliope sans la quitter du regard. Elle sentit l'illumination envahir ses muscles et ses organes. Un Felix Felicis ? Non... Pas tout à fait. Du whisky pur feu ? Il ne l'aurait pas fait, pas avec les Wright de la partie ! Isabelle fit un sourire narquois.

« Au plaisir de vous croiser, ma chère. »

Elle voulut ajouter « assistante », mais ce fut été de mauvais ton devant tous les convives ! La brunette ne demanda pas son reste et traîna le lycan derrière elle, le forçant à virer à bâbord.

« Retire-moi ce sourire tout de suite et prie pour ne pas te retrouver contre moi. »

Pour toute réponse, l'homme audacieux eut la très mauvaise idée de rire à gorge déployée. Elle lança à son ami de toujours, un brin d'audace dans la voix.

« Félicitations ! » Lança-t-elle à Maximilien Leroy et à Peter, qu'elle avait en cours, et qu'elle avait vus se présenter les premiers.
« Vous avez de l'expérience sur ce genre d'exercice ? La mienne est un peu rouillée et je ne serais pas contre quelques conseils si vous en avez ! »

Il était assurément un professeur et un homme hors-pair, quoi qu'il en dise, quoi que fut sa malédiction.

RP FLASH pour le challenge Hungcalfien