@Isabelle D'Essenault & @"Libre"

؏ I am not a woman, I'm a God. I am not a martyr, I'm a problem. I am not a legend, I'm a fraud. So keep your heart, 'cause I already got one. I am not a woman, I'm a God. ؏ (music) (mood board) (outfit) (hair & makeup) 29.06.2024 Ils battaient le tempo lent de l’ennui sur son bras, doigts longs et fins ornés de deux de ses plus belles bagues. La nuque cassée par l’observation qu’elle faisait de la statue gigantesque au centre de toutes les attentions, Isabelle attendait patiemment, un panier en osier tressé à ses pieds. Les courbatures laissées par quelques grimaces tiraillaient encore son visage. Elle voyait toujours celui malheureux de Nora Rhode se complaire dans un discours d’ouverture aussi grotesque que son féminisme conjectural sinon engagé. La Française avait pris son mal en patience, attendant plus que jamais que sa charmante et très réputée collègue (@Margaret Rosebury) inaugure le village des Nymphes en débutant la conférence qu’elle devait donner ce jour-là. Assise élégamment sur une chaise inconfortable, Isabelle l’avait écoutée avec intelligence tandis qu’elle interrogeait la place de la femme dans l’univers politique. Météore parmi les étoiles, Nora Rhode avait certainement dû plisser le nez en entendant plusieurs de ses arguments. Plus fort qu’elle, le sentiment d’avoir affaire à une vaste supercherie s’était emparé d’Isabelle. Elle n’avait pas de penchant particulier pour les Wand et croyait possiblement aux rumeurs qui circulaient autour de leur dirigeante. Il n’y avait qu’à voir ses traits disgracieux et son attitude sardonique - du sang de gobelin pervertissait incontestablement la pureté discutable dans ses veines. Pivotant sur elle-même, ses mains caressèrent le satin de sa robe pour en chasser le plus infime des plis. L’une d’elles s’aventura autour de son visage pour replacer une mèche indocile que la Française n’avait pas voulu assujettir à quelques gouttes de Lissenplis. L’ancienne Nymphe étira l’ombre d’un sourire sur le coin de sa joue ; des étudiantes et d’autres sorcières de tous les âges avaient accouru pour se présenter aux installations assemblées pour l’occasion. Elle reconnut une élève accompagnée de sa mère. Derrière elles, Zahia Saouli invitait bruyamment les plus sportives à lui poser leurs questions. Isabelle ramassa prestement le panier de pique-nique et se réfugia de l’autre côté de l’effigie en marchant pour en faire le tour. Elle ne tenait pas à examiner son passé avec son aînée de trois ans. Le portrait craché de sa mère lui faisait face au loin. Derrière un aménagement alléchant, @Inès Saouli proposait ses derniers articles et, à n’en pas douter, ses plus chaleureux conseils. À sa droite, Nora Rhode écrivait combien la révolution ne se ferait pas sans ses fans. À l’abri de ses vilaines oreilles, Isabelle laissa échapper un rictus de sa gorge. Elle préféra s’aventurer près du stand des Éternelles ; @Calliope Muller n’était pas à son poste, et elle voulait profiter de l’occasion pour féliciter une ancienne présidente des Nymphes. @Elizabeth Blackthorn se tenait debout derrière sa table avec un sourire radieux. Après avoir complimenté les efforts renouvelés de l’association étudiante et de leurs anciens membres, Isabelle prétexta un futur trop incertain pour qu’elle puisse prendre part à leur organisation si bien ficelée. Elle s’apprêtait à répondre à l’Épine Noire qui lui demandait avec qui elle comptait partager son pique-nique lorsque ladite personne se présenta à ses côtés. Isabelle sentit son parfum avant même d’être en mesure de la distinguer.

« Nous allons vous laisser travailler. Je ne voudrais pas risquer de mettre quiconque en retard pour le sitting prévu un peu plus tard. »

Isabelle offrit le plus entendu de ses sourires à son interlocutrice.

@Isabelle D'Essenault & @"Libre"

؏ I am not a woman, I'm a God. I am not a martyr, I'm a problem. I am not a legend, I'm a fraud. So keep your heart, 'cause I already got one. I am not a woman, I'm a God. ؏ (music) (mood board) (outfit) (hair & makeup) L'accent chatoyant et français fut accueilli comme une bouffée d'air frais après toutes ces paroles austères ; le sujet était certes des plus importants, mais Isabelle trouva qu'il manquât de légèreté. Elle prit congé de celle qui avait poursuivi le travail de la présidente qu'elle avait connue en tant qu'étudiante et membre ; Lys Daalgard avait fait un excellent travail pour diriger l'association estudiantine, mais du sang neuf était toujours requis pour éviter de sombrer dans l'oubli et dans le néant. La sorcière offrit un sourire chaleureux à celle qui avait pris cette responsabilité en septembre dernier.

« Mlle de Cornouiller, c'est un plaisir partagé. »

Plus tard, elle lui ferait peut-être part de son scepticisme quant à l'invitation de Nora Rhode. L'heure était à une toute autre activité. Elle détailla le petit panier en osier que portait la 3e année et s'attarda sur la tenue estivale et sucrée que portait la trop charmante jeune femme. Quelque chose illuminait sa peau et ses cheveux. Elle n'aurait pas su dire quoi exactement. Elle était peut-être semi-Vélane ? Isabelle ne s'était jamais vraiment intéressée aux potins de ses étudiants. Rien ni personne n'aurait pu lui faire avouer la lecture assidue d'un certain journal. Il en allait de son honneur et de sa dignité de professeure. À moins, peut-être, que la sorcière utilisât les produits cosmétiques de @Peter Drummond. La nouvelle marque n'avait pas échappé à Isabelle, qui pourtant, n'avait jamais mis les pieds dans la boutique d'@Inès Saouli ; elle ne tenait pas particulièrement à y être surprise par ses étudiants. Les enseignants britanniques faisaient peut-être l'impasse sur les convenances, mais elle voyait d'un très mauvais œil l'idée de partir flâner en compagnie de ses apprenants dans une boutique érotique. @Alexander McCandless aurait certainement beaucoup aimé la découvrir dans un tel espace de vulnérabilité.

Isabelle laissa son bras tenir le panier qu'elle avait apporté, et plaça son autre main dans la poche de sa jupe. C'est par la parole qu'elle invita la jolie blonde à la suivre en contrebas de la place, sur un large carré d'herbe où devait avoir lieu le pique-nique.

« Vous pouvez être fière de vous et de vos comparses. Cet événement est couronné de succès. » Elle la complimenta en déposant les victuailles emballées sur le plancher de verdure. « Si je ne vous connaissais pas mieux, je pourrais penser que vous étiez allée jusqu'à ensorceler la météo. Le soleil est radieux et l'astre s'est montré quelque peu capricieux ces dernières semaines. »

Des années passées en Grande-Bretagne avaient inévitablement déteint sur la trentenaire, qui s'était mise à parler de météo pour autre chose. Isabelle sortit sa baguette et lança un sortilège de lévitation sur la nappe de pique-nique qu'elle avait apportée. Celle-ci s'éleva du panier, comme portée par la brise, et s'allongea dans les airs avant de se poser exactement où l'enchanteresse l'avait décidé.

« Je vous suis reconnaissante d'avoir trouvé un peu de votre temps pour le partager avec moi. Vous aviez sans doute encore de nombreuses tâches à accomplir. »

Les mains gracieuses vinrent plaquer la jupe sous ses jambes tandis qu'elle prenait appui et qu'elle s'asseyait.

« Comment se portent vos parents ? Partagent-ils toujours leur année entre la Bretagne et l'Angleterre ? »

Les familles de sang pur se connaissaient toutes et évoluaient dans les mêmes cercles - encore plus lorsque celles-ci étaient en partie françaises.