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la douceur des orties (leo ii) (fini)
Jeu 19 Aoû 2021 - 0:08
la douceur des orties,
août 2019. (mood)
il est bon d'apprendre quelquefois aux heureux de ce monde,
qu'il est des bonheurs supérieurs aux leurs, plus vastes et plus raffinés.
(tenue) Tous ses gestes lui paraissent saccadés, vus de haut – la grâce disparue taxée au profit de mouvements qui déchirent et cognent. Caresser les parquets de ses chaussons satinés, à présent martelés juchée sur ses orteils, les neurones en apesanteur portés par les potions et médicaments. Négociation d’une existence fragmentée au quotidien, un énième refus qui s’inscrit jusque dans ses os, princesse cristalline aux éclats fendus. Le pire, c’est l’espoir. Celui, une fraction de secondes, lorsqu’elle se sent suspendue entre deux notes et croit qu’elle y parviendra avec autant d’habileté qu’auparavant. Écrasée en plein vol, shot through the heart, elle se déteste un peu, veut écraser les derniers germes d’optimisme qui ne lui apportent que déceptions lorsque ses chaussons ardents lui rappellent que non, elle ne dansera plus comme jadis. Ses doigts pianotent le long du zinc du comptoir, et ses prunelles de tempête rejoignent les branches de l’horloge annonçant l’arrivée prochaine de la relève – quinze minutes à peine.
En diagonale, un client à la chevelure avantageuse, le genre soigneusement peigné vers l’arrière et fier de son crâne toujours impeccablement garni malgré la cinquantaine bien entamée. Le sourire charmeur d’un vendeur de balais de quidditch vivant à commission, et pourtant, il n’en est rien – le sorcier est un haut cadre d’une société locale. D’abord installé bien devant la barmaid, qui s’est décalée d’un pas léger pour ne pas sembler complètement absorbée par le client l'ayant élue nouvelle serveuse préférée de l’établissement. C’est qu’elle a quelque chose, affirme le cinquantenaire aux autres habitués, plaidant ses références culturelles étayées et sa façon de prononcer les mots anglais de son accent français, mais la Belge n’est pas dupe – une fidélité qui se construit à coups de répliques habiles, certes, mais aussi (et surtout) au décolleté de la jeune femme, légèrement décoré d’une breloque.
Faudrait bien le lui demander, pour savoir ce que ça lui apporte – elle n’a pas besoin de ce travail pour vivre, la poupée de cire. C’est un équilibre fragile, entre les regards trop appuyés que la ballerine éclopée n’apprécie que relativement, et l’attention dans laquelle elle aime se prélasser. Ce que ça fait, lorsqu’on a vécu sur scène, à travers le regard des autres et sous les applaudissements. Une autre version de sa came, celle dont elle a besoin autant que les antidouleurs enfilés entre deux services ou après les cours, de quoi se tenir à peu près droite et oublier que ses jambes ont été tellement incendiées que si on lui ouvrait le crâne, il n’en demeurerait qu’un amas calciné. Négociation de la raison de vivre, à coups d’œillades appuyées et de sourires ourlés comme un fin velours qui cache du venin qu’elle est prête à cracher à l’univers en entier. Tempête sous forme humaine.
Sous prétexte d’une dernière ronde de service, l’étudiante se glisse entre le bar et un des tabourets à sa frontière, souriant au client lui assurant qu’il avait quelque chose à lui montrer sur son téléphone portable. Les cours de la Bourse, certainement, il passe ses journées à s’enfiler des cafés et à fixer les arabesques inélégantes que forment les actions dans lesquelles il a investi son argent. Ses doigts effleurent l’épaule du trader, le visage orné d’un sourire alors qu’elle rejoint plutôt une des tables au fond, dans un coin plus reculé. Douze minutes. Installée dans l’un des fauteuils capitonnés, l’étudiante plus jeune lui adresse un regard lumineux, qui tempère (un peu) l’agacement que la sorcière éprouve pour les clients au bar, désormais occupés à comparer leurs goûts en matière de barmaids. Encore heureux qu’elle soit bien placée dans le classement.
« Commande-moi l’ensemble du menu et pose-moi toutes les questions possibles dessus, sinon j’en empoisonne un », râle la wright en adressant un air agacé à la brune qui se redresse vivement comme un petit soldat prêt à remplir sa mission. Magdalena lui tire un sourire malgré tout, parce qu’elle a ce don d’attirer les rares rayons solaires qu’Althea est capable de produire, lorsqu’elle n’est pas occupée à vouloir tout brûler sur son passage. « Allez fais pas d’histoires, il me reste douze minutes pile et avec un peu de chance je vais pouvoir éviter de feindre un royal intérêt pour les valeurs mobilières de Crawford. C’est moi qui invite. »
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Re: la douceur des orties (leo ii) (fini)
Dim 29 Aoû 2021 - 17:47
Aout 2019 |La douceur des orties ft. @Althea d'Arenberg
Quand Althea était venue lui aboyer dessus, Magdalena était perdue dans ses pensées, et ses pensées perdues dans les mailles du filet que représentait le net à cette heure avancée de la soirée. Faut dire qu’elle s’ennuyait, un peu, en attendant que l’établissement ferme : Elle était normalement de sortie, ce soir, mais l’une des rares amies qu’elle s’était déjà faite lui avait posé un lapin au dernier moment, et elle s’était retrouvée là, à patienter jusqu’à ce que son frère se décide à sortir de Dieu seul savait où, pour sauver sa soirée. On était samedi, il était hors de questions qu’elle le passe devant la télé à manger de la glace. Pas seule, en tout cas. Alors après avoir été proprement harcelé de patronus et de textos en tout genre, son frangin lui avait promis de la retrouver, après avoir réglé les derniers détails d’un « truc » Avec Oswald. Elle avait bien essayé de s’incruster, mais Leo était aussi têtu qu’elle, par moment, et l’avait relégué à faire tapisserie au fond du bar. Elle avait crédit illimité en boisson et en grignotage, mais il n’empêchait qu’elle avait hâte qu’il arrive. Qu’ils trouvent un truc fun à faire. Ils trouvaient toujours.
- hein, quoi ?
Elle se redressa bien vite, comme si l’ancienne danseuse pouvait lui reprocher à tout moment son port de tête disgracieux, menton rentré, et se jeta sur une des cartes en feignant d’hésiter longuement, très, très longuement.
- Est-ce que le mojito est fait avec de la menthe verte, ou de la menthe poivrée ? Et c’est marqué Caipirinha, là, c’est quoi la différence avec Caïpirinha avec un tréma sur le I, du coup ? et quand c’est marqué saucisses coktail, vous en mettez combien, précisément, dans chaque petit panier ? Parce que moi je ne mange pas les trucs qui me sont présentés en nombre impair, c’est interdit dans ma religion.
Des questions farfelues, elle pourrait lui en trouver treize à la douzaine, sans le moindre problème. La tchatche, elle l’avait, il était même bien difficile de lui couper le sifflet, sauf à la vexer et à ce qu’elle se mette à bouder fort, très fort. Là, c’était tout son visage qui se fermait, une barre scindant son front et ses jolis yeux foncés engloutissant la lumière comme deux trous abyssaux. Seulement voilà, ça n’arrivait que rarement, presque jamais : elle avait bien trop à faire pour perdre son temps avec les émotions négatives.
- J’attends mi hermano, tu l’as vu ? Tu sais, grand, plein de tatouages pas tous hyper réussis, avec déjà plus beaucoup de cheveux, mais les dents très blanches grace à une hygiène bucco-dentaire impeccable ?
Bon, ce n’était pas la manière la plus orthodoxe de décrire son frangin, mais elle savait pertinemment qu’Althea le connaissait bien : il passait son temps ici, depuis qu’il faisait le gratte papier pour leur bienfaiteur commun. Comme d’habitude, il en faisait un peu trop, surement, mais c’était un besogneux, ils avaient ça en commun.
- C’est lequel Crawford ? Il est mignon, ou juste vaguement riche ? tu as des trucs un peu épicés, qui changent de la bouffe aburrida locale ? Le prochain qui me propose du navet roti ou du cullen skink, je crois que je le suicide.
Joignant le geste à la parole, la jeune wright fit mine de se pendre, louchant vers le haut en laissant pendre sa langue sur le coté. Pile quand Leonardo passait le pas de la porte de derrière, saluant rapidement un Burgess pressé pour se rendre directement à la table de sa sœur. Il n’avait pas besoin de la chercher, elle se mettait toujours au même endroit. Le presque jeune homme ricana devant les grimaces simiesques de sa sœur, dans le dos d’Althea :
- Si le clocher sonne minuit et que tu es encore dans cette position, tu vas rester coincée comme ça toute ta vie, niña.
Magdalena battit trois fois des cils, toujours la langue dehors, avant d’afficher un sourire de peste.
- C’est donc ça qui t’es arrivé, à toi ? T’en as mis du temps, je m’ennuyais ! Heureusement que Thea était là pour me distraire, elle !
Roulement des yeux dans les orbites, et pourtant, l'ainé ne songea pas une seule instant à tancer sa cadette. Il avait pris un peu de retard à discuter affaire, on ne l'y reprendra plus. Il s'excusa du regard auprès d'Althéa, avant de jeter un coup d'oeil aux piliers de bar qui n'en finissaient plus d'écluser, parfois à même leur verre vide.
- ... Tu veux que je leur demande Poliment de sortir?
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Re: la douceur des orties (leo ii) (fini)
Lun 11 Oct 2021 - 23:09
la douceur des orties,
août 2019. (mood)
il est bon d'apprendre quelquefois aux heureux de ce monde,
qu'il est des bonheurs supérieurs aux leurs, plus vastes et plus raffinés.
(tenue) Prête comme un petit soldat devant son sergent, la Portoricaine semble se mettre au garde à vue pour bien marquer le coup, recevant sa mission comme un badge d’honneur. La brune la bombarde de questions, toutes plus farfelues les unes que les autres – et parvient (presque) à lui tirer un rire, que l’aristocrate étouffe de justesse. « Menthe poivrée, que pour les enquiquineurs, verte pour les clients que j’aime bien », répond la Belge, un sourire ironique étiré sur ses lippes – aussi bien dire personne, car elle a ce curieux aspect des barmaid boudeuses que plusieurs patrons affectionnent. Ça parle à une partie bien dégueulasse de la clientèle, ça, un air poupin pas sage, et ça les pousse à parler davantage, et à consommer toujours plus. Elle a ce petit quelque chose, la d’Arenberg – parce que malgré la lippe qui se plisse davantage d’ennui que de joie, lorsqu’elle feint l’intérêt pour les hommes assis au bar, ils se sentent choisis, et alors, il n’y a rien pour les empêcher de délier les cordons de la bourse. À Magdalena, pourtant, Althea sourit – et avec les dents, une rareté. « J’attends mi hermano, tu l’as vu ? Tu sais, grand, plein de tatouages pas tous hyper réussis, avec déjà plus beaucoup de cheveux, mais les dents très blanches grace à une hygiène bucco-dentaire impeccable ? »
« Faudrait l’avoir déjà vu sourire avec les dents, et pas de cet air qui dit qu’il sait tout et pas toi », fait remarquer la Belge d’un air entendu, mais pas tout à fait désagréable. À vrai dire, elle l’aime bien, Leo. Il est plus honnête que plusieurs, et ses tatouages fascinent les sensibilités visuelles d’Althea, qui se plait à imaginer chaque grain de peau troué des fines aiguilles des artistes passés par son épiderme. Lorsque Magda se tourne vers le reste de la clientèle, faisant mine de chercher lequel d’entre eux est l’heureux élu de son agacement pour la soirée, la danseuse déchue lui fait un petit geste pour que la plus jeune cesse de les épier avec si peu de subtilité. « Le plus chevelu, là. Celui qui aura une tête de Ken jusqu’à ce qu’on l’enterre, et toujours très fier d’avoir sa crinière », indique la barmaid, air ironique aux prunelles pluvieuses. « Riche, et il donne de bons pourboires. Mais faut les mériter en feignant de s’intéresser à la Bourse et aux Beatles. Il les a en admiration totale. S’il pouvait rencontrer Sir Paul, il s’évanouirait, je pense. »
L’arrivée en scène du Moreno senior signe l’arrêt de leur échange quasi-adolescent, et Althea se contente de saluer Leo d’un léger hochement de tête. Ils ne se connaissent que depuis relativement peu de temps, bras droit du patron constamment occupé à tout faire ce qui ne semble pas intéresser Oz. Surtout, il ne parle pas pour rien dire, et Merlin que ça la change des clients agaçants qui n’ont rien de mieux à faire que de lui raconter chaque pensée insignifiante qui leur passe par la tête. Ils n’ont rien en commun – ni les origines, les tendances, mais le Moreno a un esprit curieux qui plait assez à Althea pour qu’elle se penche parfois près de ses lectures, l’interrogeant du regard. Parfois, elle trouve des livres posés contre son casier, dans la salle des employés. Et lui, en retour, se retrouve gâté de meringues citronnées en guise de collation pour accompagner ses lectures. Elle a la douceur en donnant-donnant, la d’Arenberg, et peut-être est-ce à cause de ses airs de durs à lui qu’elle l’a pris en affection, parce que la majorité des gens rencontrés quotidiennement lui paraissent fades, agaçants ou indignes du moindre intérêt. Ça, c’est pour ceux à qui elle n’a pas envie d’arracher le visage pour mieux hurler sa rancœur à l’univers. Peut-être est-ce ce qui lui faut, alors. Une gueule de fier à bras qu’elle n’oserait même pas imaginer d’amocher tellement l’image serait stupide. Entre lui et les séances de destruction matérielle organisées avec Tiki, elle trouve un peu d’espace mental tranquille.
« ... Tu veux que je leur demande Poliment de sortir? » Althea fait non de la tête. « Je finis dans trois minutes. Not my problem anymore. Sauf si tu veux rendre le service à Tiki », précise la serveuse, avant d’ajouter, l’air mutin : « et il m’a laissé plein de vaisselle sale à la fermeture hier. Il peut gérer les vieux débris ». Heureusement qu’ils ne sont pas à portée de voix, et puis quoi encore. Oser traiter Crawford d’autre chose qu’un homme dans la rutilante fleur de l’âge, ses meilleures années toujours devant lui? Elle a tellement de miel sur la langue au besoin que parfois, ça lui donne envie de cracher son sucre dans les yeux des autres. Sirupeuse et collante, dans laquelle se perdre pour mieux s’étouffer. La ballerine éclopée glisse un regard furtif vers Magdalena. Vesper travaille à l’hôpital, ce soir, et ses propres perspectives nocturnes sont plutôt limitées, mais aucune chance qu’elle quémande de l’attention. Glissant un regard vers l’horloge, elle se dit qu’elle pourrait bien aller se changer immédiatement – trois minutes, pour ce que ça change … qu’est-ce que ça peut bien faire aux clients, de passer les deux dernières minutes en sa compagnie en civil. Ça ne plairait peut-être pas au patron, mais Leo lui parait étrangement plus conciliant qu’Oswald, malgré ses airs de dur à cuire. « Et si tu promets de fermer les yeux sur mes dernières minutes de souffrance, je pourrais attendre l’arrivée de sa majesté Tamaharu en tenue plus confortable? »
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Re: la douceur des orties (leo ii) (fini)
Dim 7 Nov 2021 - 14:17
Aout 2019 |La douceur des orties ft. @Althea d'Arenberg
Leonardo était satisfait d’avoir terminé sa journée, plus encore quand il voyait la petite tête de sa cadette dépasser dans l’encadrement de la porte, qu’elle croisait son regard et agitait la main comme si elle avait cinq ans, et pas la vingtaine flamboyante. Il pouvait enchainer les heures de travail abrutissant, essuyer les commentaires désagréables des clients ou des intermédiaires louches, tout cela lui importait peu, tant que le soir venu, il pouvait profiter de la vision de la jeune wright, la joue dans le poing, entourée d’une demi douzaine de bouquins d’anatomie, de potion et d’autres matières dont il n’avait jamais entendu parler avant qu’elle ne lui demande d’en acheter pour la rentrée scolaire. Elle passait des heures entières à annoter ses livres, à marmonner les leçons qu’elle apprenait par cœur et, quand elle avait terminé, elle lui tendait ses fiches, et il devait lui poser des questions dont il aurait ignoré les réponses si elle ne les avait pas surligné elle-même. Avec elle, il apprenait en ricochet. Quand elle lui demandait si il ne regrettait pas de ne pas être allé à l’université, il haussait les épaules, souriait, lui ébouriffait les cheveux, et lui répondait que de toute manière, ce n’était pas lui, le cerveau de la famille. Ce à quoi elle répondait qu’un cerveau sans muscle ni âme, ça ne servait pas à grand-chose, et que même un médecin a toujours besoin d’un maçon pour construire sa maison. Et une petite sœur maline de son imbécile de grand frère.
- Hmmm, Tiki peut bien gérer quelques « débris », comme tu dis, ce n’est pas le dernier à me laisser sortir les « poubelles » de temps à autres.
Magdalena pouffa, tout sauf discrètement, alors que son aîné, lui répondait à nouveau à la serveuse avec un demi-sourire.
- Je ne suis pas le Boss ici, fais ce que tu veux. Si Oswald voulait des employés irréprochables, il n’a qu’à être là pour vérifier que ta souffrance se prolonge dans les délais impartis.
- .. Ouais, en Leo chiant, ça veut dire que tu peux y aller et qu’après, on se casse ! D’ailleurs, on va où, après , t’as sommeil toi, hermanito ? Oh, on va manger un truc ? On va danser ? Ou alors on se fait un billard ? Oh oui, un billard, ce serait pas super, ça ? oh allez, un petit billard, avec quoi, une pizza ? Des sushis ? un kebab ?
Leonardo ne sut pas si Althéa avait eu le temps, ou non, de partir et de revenir pendant le babillage de Magda, son regard perdu en direction des piliers de bar qui marmonnaient en lui jetant quelques coups d’œil mauvais. Il avait l’habitude, la couleur de sa peau, ses tatouages nombreux, et malgré son apparente proximité avec le maitre des lieux, quelques bons vieux relents de racisme et de xénophobie n’étaient jamais bien loin, à fortiori quand les verres s’enchainaient et que les esprits chagrins s’encourageaient mutuellement. Il entendait quelques mots déplaisants, des termes d’un ancien temps où les types « comme eux » pouvaient interdire l’accès au bar à des types « comme lui ». Magda avait du entendre quelques bribes aussi, d’ailleurs, à voir comme elle fronçait les sourcils, serrant un peu plus le biceps de son frère de son bras.
- Tu veux qu’on aille leur péter la gueule ?
- On ne violente pas les gens comme ça, Mag’.
- Et pourquoi pas ? Au moins ils auraient une raison de te regarder d’un sale œil la prochaine fois, pis Oz’ les laisserait pas faire non plus.
- Laisse tomber, ce n’est pas important, on s’en va de toute façon.
- Mouais. On verra ce qu’en dit Thea, moi j’dis.
Le grand brun fit les gros yeux à la mutine, alors qu’ils guettaient le retour de la serveuse. Il avait déjà oublié le groupe de pauvres types au comptoir, il avait simplement hâte de prendre l’air, et de trouver où ils termineraient la soirée. Il respira la chevelure de sa petite sœur, se surprit à avoir envie d’une bière et de beignets de poisson, avec beaucoup de mayonnaise, et d’une tarte aux pommes. Finalement, aller dans un autre pub, pourquoi pas moldu, serait peut être bien une option séduisante pour le reste de la nuit.
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Re: la douceur des orties (leo ii) (fini)
Dim 7 Nov 2021 - 21:00
la douceur des orties,
août 2019. (mood)
il est bon d'apprendre quelquefois aux heureux de ce monde,
qu'il est des bonheurs supérieurs aux leurs, plus vastes et plus raffinés.
(tenue) Un sourire traînant s’étire sur les lèvres de l’incandescente en entendant la réponse de Leo – c’est que ça l’arrange, d’être d’accord avec lui, alors elle lui fait un signe de tête ironique avant de s’éclipser vers la salle, ignorant royalement le clin d’œil qu’un de ses habitués lui envoie. Tant pis, elle sera plus amène un autre jour de la semaine, son capital de sympathie envers les gros problèmes de riches de ses clients étant épuisé depuis une bonne heure. Installée devant son casier en petite tenue, elle calle la tête entre ses genoux pour laisser passer une vague d’étourdissements, sueurs froides à l’appui. Elle essaie de se dire qu’elle n’est pas addict, l’orageuse, self-medicated, qu’elle dit, puisque les médicomages sont tous de vils incapables en la matière, mais sa dernière dose remonte à trop tôt. Alors elle pioche dans le sachet que Tiki lui a laissé, ingère le comprimé sans eau et ferme les yeux le temps qu’il passe. Désincarnée à demi – avec les sensations dans les jambes qui s’amenuisent, comme un voile de coton épais la protégeant du monde, mais ça pulse entre ses tempes. Accélération émotionnelle, et c’est qu’elle subit les soubresauts de ses sautes d’humeur, la danseuse-ouragan.
Sa tenue de civile enfilée, elle rejoint les deux sorciers, les doigts s’accrochant au dossier d’une chaise le temps que son corps réagisse correctement à sa dose, avec le geste le plus naturel du monde. Comme si elle a la gracieuse nonchalance inscrite dans les gènes, alors que l’indolence, ça se travaille, surtout pour une ballerine qui a appris la rigidité et la minutie bien jeune. La médicomage en herbe ne laisse aucune occasion à son aîné d’en placer une, prenant Althea par le bras comme si elles étaient des collégiennes sur le point de se chuchoter des secrets. « Bon Thea écoute on a deux options : aller manger toute la pizza disponible au pub – et me dis pas que la pizza c’est pas de la nourriture de pub, je saaaaais, mais le barman la dernière fois il m’a mise au défi de mettre huit biscuits soda dans ma bouche et de faire un discours et je l’ai tellement ébloui qu’il m’a laissée en commander et la manger sur place, sûre qu’on peut recommencer », affirme la Portoricaine d’un air entendu, hochant la tête d’un air enthousiaste avant d’enchaîner, le verbe vif comme à son habitude – « ou sinon on pète la gueule à tes clients, ils ont l’air bien emmerdants de toute façon, ça te dirait pas d’en avoir quelques uns de moins? »
Il y a dans son sourire enjoué la provocation mais peut-être un grain de sérieux – qui sait? Le Moreno l’a bien en guise de cadette, et lui ne semble pas rechigner face à la violence. Althea pince les lèvres, un ersatz de pli à la bouche trahissant son amusement, et elle lâche enfin le dossier de la chaise pour se pencher vers Magda, l’air de connivence inscrit sur son visage. « Impossible darling, ceux-là sont pas que clients, ce sont aussi des fournisseurs du patron. Pas le droit de toucher à un cheveu sur leurs crânes dégarni », et elle lève les yeux au ciel pour montrer qu’en fait, ça la fait chier – et qu’elle n’y rechignerait pas véritablement, s’ils le pouvaient. « Allez le Crawford là il a plein de cheveux, on pourrait bien en ébouriffer un ou deux … Non? Franchement vous êtes beaucoup trop sérieux tous les deux, en plus tu lèves les yeux au ciel comme si c’était une discipline olympique Thea, tu devrais entraîner d’autres gens autour de toi. Attends, j’suis convaincante? » La cadette lève les yeux au ciel en une imitation caricaturale de la ballerine, qui roule des prunelles dans leurs orbites si fort qu’elle pourrait alimenter la ville en électricité en retour. « Même pas un peu », réplique la ballerine éclopée. Magdalena laisse échapper un rire sonore. « C’est bien ce que je pensais. Je reste en médicomagie du coup. Allez c’est l’heure et tes minutes sont terminées. Pizza, bière, on y va! »
Althea se laisse entrainer par l’hispanophone sans s’en plaindre, le cœur soulagé de sa compagnie et pétri d’amusement face aux babillages enjoués de la jeune fille qui ne lui lâche pas le bras jusqu’au pub moldu choisi par Leo. Trop occupée à lui raconter la dernière bêtise que son agaçant binôme de potions lui a mise dans les pattes et rêvant à des moyens pas bien méchants mais résolument agaçants de se venger, Magda rate presque la porte d’entrée, bousculant une cliente au passage qui lui jette un regard noir. Elle se répand en excuses extrêmement convaincantes avant qu’ils n’entrent dans l’établissement, finissant l’échange par un discret « bon après elle avait qu’à regarder hein, mais on sait jamais, peut-être c’est une fournisseuse, elle aussi – alors on lui pète pas la gueule ». Installés à une table encadrée de lourds, les trois sorciers commandèrent leur bière. Dans cet environnement moldu, Althea se détend, enfin. Son retour dans l’univers magique n’est que récent, et elle a perdu de nombreux codes invisibles que partagent les initié.es. Ça se voit dans sa posture, qui perd de ses droites ordinaires, celles de la ballerine qui a appris à rester sur ses gardes dans un monde qui lui a trop souvent rappelé qu’elle est née-moldue. Mudblood.
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Re: la douceur des orties (leo ii) (fini)
Mer 1 Déc 2021 - 15:55
Aout 2019 |La douceur des orties ft. @Althea d'Arenberg
Le trio s’était éloigné du quartier sorcier bras dessous dessous, ou presque : Leo de son coté, le nez au vent, un demi sourire tranquille flottant sur ses lèvres, alors que Magdalena avait accroché son bras autour de celui de la belge, babillant avec tout l’enthousiasme et l’énergie de ses vingt ans. Le fond de l’air était doux, les rues n’étaient pas encore tout à fait vides, les badauds et les fêtards se côtoyant sans heurt. Leur environnement s’était départie de son atmosphère magique à mesure qu’ils s’enfonçaient dans la ville, jusqu’à ce petit bar sans grande prétention, mais à la fond cozy et spacieux : tout en longueur, avec son comptoir de bois vernis à l’ancienne, ses mange debout aux coussins un peu fatigués mais, surtout, une petite piste de danse en parquet noir en fond de salle, deux tables de billard et deux cibles de fléchettes qui n’attendaient que les joueurs amateurs ou expérimentés pour parier le montant de quelques boissons.
Léo était parti réservé la prochaine partie de billard au comptoir, laissant à sa sœur le loisir de choisir leurs boissons : le plus sérieusement du monde, Magda avait commandé une cervoise bien brune pour elle-même et, avec un sourire en direction de la serveuse, avait demandé une bière aromatisée au miel pour son frangin. « Il adore les trucs sucrés, c’est sa faiblesse », avait elle confié en plissant les yeux à Althéa « si jamais un jour t’as besoin de le corrompre, achète le truc le plus sucré de l’épicerie et fais lui un air très, très triste. Il résistera, genre, trois minutes pour la forme et c’est tout ». La belge n’avait pas eu l’air très convaincu, et pourtant, quand le jeune homme était revenu s’installer à table, il ne s’était pas offusqué des saveurs sirupeuses de sa boisson. La cadette avait levé sa chopine en première, grand sourire aux lèvres.
« Cheers, on trinque à qui ? à quoi ? A Oz qui est même pas foutu de vous faire respecter vos plannings ? A la future réussite à mes examens qui, soit dit en passant, ne sont pas siiii dures que ça ? Parce que franchement, hein, Leo, réviser peinard à l’appart’, c’est quand même vachement plus facile qu’en compagnie de tous les débiles dans les dortoirs d’Ilvermorny »
- Je veux bien te croire, pequeña. Trinquons à tout ça alors. Althea, plutôt billard américain, français ou anglais ?
« on peut pas jouer aux fléchettes plutôt ? »
- Non, tu triches aux fléchettes
«Meuuuh-ah comment on peut tricher aux fléchettes ? »
- Aucune idée, mais d’une manière ou d’une autre, t’y parviens alors…
Magdalena avait adopté un air outré, et Leo, faussement vindicatif. Le spectacle était plutôt réjouissant, de voir les Morenos se chamailler comme ils le faisaient, peu ou prou, depuis qu’ils étaient tous les deux en âges de le faire. A la petite bataille de regard entre eux, Magda avait fini par céder avec un sourire, pour se reconcentrer sur Althea en battant exagérément des cils.
« Sinon, tu peux snober Leo et juste, on va danser, qu’est ce que t’en dis ? Toi, moi, le dance floor, et puis tous ces crétins plein de bières à qui soutirer des shooters gratuits, ça se refuse pas non ? »
Roulement d’yeux chez l’ainé, mais il ne pouvait pas la contredire, sur ce point là. Ce que Magda,voulait, elle l’obtenait, généralement, d’une manière ou d’une autre.