De ces longues rangées d’ouvrages aux reliures sombres, ton regard ne gaspille aucune minute supplémentaire. Tes phalanges maquillées d’une lueur ténébreuse se referment contre la balustrade. Tu l’as trouvé, ce vieux manuscrit portant sur les pratiques puristes et moyenâgeuses. Tu n’en auras jamais terminé avec cette affaire d’oreilles tranchées sur ces médiocres créatures. Il n’est pas envisageable que tu puisses vouer une quelconque admiration envers ces êtres, mais il existe au moins une bienveillance simpliste, ne serait-ce pour les services rendus.
Tes talons dévalent les escaliers en colimaçon, tes pas parsèment tes offices avec classe et délicatesse. Le son résonne dans toute la pièce tandis que tu jettes un œil à la haute porte toute noire et ouvragées de détails ciselés dans de l’or pur. Majestueuse, comme l’on aime le dire de ta personne. A son entrée siège fièrement une inscription que tout le monde connaît désormais dans ce château. En vérité ils la redoutent. Il paraitrait même que tes appartements dissimulent une cellule. Personne ne sait vraiment si tu y séquestres quelqu’un ou quelque chose.
Professeure Cléopatra Amonwë
Vice-Présidente de Hungcalf
Directrice de la maison Grymm
Professeure de Défense Contre les Forces du Mal
L’on entend toquer, ce d’une finesse que tu prends le temps d’apprécier à sa juste valeur. Il est suffisamment rare aujourd’hui de trouver des personnes encore pourvu de manières socialement admises et recommandables. Distraite, tu tapotes quelques flacons de cristal suspendus dans un coin du bureau, ceux-ci contiennent des boutures de Tue-Loup dans l’espoir d’une nouvelle expérimentation. Les Forces Obscures n’ont de cesse de t’intriguer. Il y a aussi cette longue armoire recouverte de crânes et autres squelettes incarnant le règne animal magique ou non.
Tu ouvrages les deux battants de l’entrée donnant ainsi sur ta silhouette encadrée d’un tailleur noir et habillé d’un chemisier immaculé. La parure que tu portes enserres parfaitement ta nuque. « Miss O’Ryan, je suis ravie que vous ayez répondu par l’affirmative à ma proposition de rencontre ». Une telle entrevue semble indispensable par les temps qui courent. « Je vous en prie … » Puis les portes se referment derrière son passage. « Vous prendrez bien quelque chose à boire ».
Dix-neuf heures viennent de sonner, la sortie des cours pour bon nombre d’étudiants.
« Je réquisitionne votre présence ce soir afin d’évoquer les récents événements concernant nos elfes de maison. Je sais La Chouette Enchaînée au fait de toutes les nouvelles circulant au sein d’Inverness. Je sais que rien ne vous échappe, à Volkov et vous-même. Je mène l’enquête depuis le début. Les protections du château ont été renforcées mais je persiste à croire que le danger provient de l’intérieur. Quel serait votre avis sur la question, Miss O’Ryan ? »
Ce que tu ne dis pas encore c’est que l’intérêt de la rousse pour les affres de la mémoire est ce qui te fascine présentement. C’est une forte suspicion qui demeure, celle qu’elle soit une légilimens de très haut niveau, à-même donc de sonder les étudiants et personnels. Ce serait une aubaine dans le cadre de tes recherches individualistes. Mais tu sais aussi qu’elle souhaitera quelque chose en échange. Tu es prête à faire des concessions.