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artisans de mémoire (retha)
Dim 23 Mai 2021 - 0:04
Calum ne passait que relativement peu de temps dans les diverses succursales de la Bragnam & Brothers, exception faite des ouvertures de nouvelles enseignes avec pignon sur rue ou de moments charnière dont il fallait marquer les esprits. Occupé qu’il avait été à s’activer autour des projets d’innovation en compagnie d’ @Octave Muller ainsi qu’à aider le professeur d’histoire de la magie à composer ses examens de fin d’année, croiser le juriste dans la succursale d’Inverness relevait de la chance ou d’une coïncidence tricotée d’intentions. L’aîné Bragnam croyait aux deux, mais aimait provoquer l’une plus que l’autre, dédaignant le hasard auquel il croyait mais dont il n’appréciait pas la volatilité. Sa rencontre avec une certaine sorcière rousse tenait davantage de la seconde, le bras droit du loup russe étant son interlocutrice principale au sein du Styx. Il aurait été logique de traiter directement avec @Vesper de Luynes plutôt qu’avec une tierce partie, mais si son cousin était particulièrement doué en potions, ce genre de dossier n’était pas son sujet de prédilection, et sa partenaire en affaires était apparemment trop souvent occupée pour lui servir d’interlocutrice stable.
Grand bien leur fasse : Calum ne connaissait jusqu’à tout récemment la redoutable @Retha O'Ryan qu’en tant que cliente de son entreprise, mais ils en venaient à se croiser de plus en plus souvent, ces derniers temps. La legilimens était une habituée (et salariée) de l’antre des Péchés capitaux, où le barrister ne trainait lui-même que bien peu pendant les heures de service. Il lui arrivait de passer échanger quelques mots avec le de Luynes en toute fin de soirée, dans une perspective de devis : pour superviser l’avancement des travaux dont son entreprise avait décroché le contrat pour la conception du fameux nightcar de l’endroit. Depuis janvier, la sorcière et lui se croisaient également au sein de l’université, travaillant tous deux sous l’égide de Clio.
Pour une rare fois, donc, c’était lui qui tenait boutique, assisté d’une étudiante de sciences occultes qui complétait présentement son stage au sein de la B&B et faisait office de vendeuse pour les autres client.es qui s’aventureraient parmi eux. L’intérieur était sobre, contrairement à la majorité des échoppes dédiées aux sciences occultes. Ici, on ne vendait pas quarante-six variations de grigris divers permettant de réduire on ne savait quel arcane à néant. Les objets spécialisés avaient chacun leur place. Sur la façade ouest, un présentoir invisible laissait virevolter des dizaines de rappeltout dont les couleurs pastel hésitaient entre plusieurs teintes de vert. Le mur oriental était presque nu, sa courbe concave laissant voir une profonde pensine qui tenait lieu de baignoire plus que de réceptacle où déposer le visage. Dans cette pensine, les chercheurs de la B&B avaient imaginé une immersion lente dans les souvenirs, comme on utiliserait un bain – en se laissant doucement couler entre les limbes de la mémoire. Au fond, diverses fioles portaient des étiquettes aux noms de code attribués à quelques muses ou sobriquets latins renvoyant à la mémoire – une protection contre les mains lourdes tentées de vol, qui n’auraient su en identifier le contenu sans l’aide d’un commis. En arrière-boutique, un atelier de production était consacré aux commandes spécialisées.
Calum se tenait derrière le comptoir, son regard vert de gris parcourant les lignes d’un état de compte. Au moment où il glissa deux doigts dans une poche pour en tirer sa montre, le tintement discret de la porte d’entrée laissa passer la sorcière à la chevelure de feu. Un sourire poli aux lèvres, l’avocat hocha respectueusement la tête vers la legilimens, ses propres pensées à l’abri de l’inquisition de sa cliente. « Mrs O’Ryan », la salua-t-il, désignant l’arrière-boutique pour qu’elle puisse l’y suivre. « Comment allez-vous? Une quelconque commande personnelle avant de nous attaquer au contrat? » Contournant la table basse entourée de fauteuils de l’atelier, il invita Retha à s’y installer. « Du thé? »
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Re: artisans de mémoire (retha)
Lun 7 Juin 2021 - 18:03
Myrddin Wyllt District le jour
Aujourd’hui, Retha devait se rendre dans la boutique avec un objectif bien précis. Elle devait discuter avec Calum d’une des futures activités du Styx centré autour des souvenirs. Elle était vêtue d’un chemisier violet avec un col en jabot, d’une jupe blanche et d’une veste de la même couleur. Sa pierre qu’elle avait toujours autour du cou était masquée par le tissu violet, le contact froid du joyau était un rappel permanent d’où Retha venait. Son chignon montait haut sur son crâne lui par contre disait qu’elle était une femme de la haute société et non une orpheline issue des rues de l’Afrique du Sud. Elle passa la porte de la boutique, bien droite la tête haute.
_ Monsieur Bragnam. Répondit-il en baissant légèrement la tête pour le saluer.
Elle suivit alors le jeune homme jusqu’à l’arrière-boutique et elle s’installa gracieuse sur l’un des fauteuils, croisant les jambes. Elle hocha la tête positivement sur la question du thé.
_ Je me suis laissé entendre que vous aviez la possibilité de vous procurer des pensines anciennes. Vous savez que votre prix sera le mien.
Elle observa Calum servir le thé avant de prendre entre ses doigts la tasse et de souffler délicatement sur la boisson chaude.
_ Nous pouvons commencer à parler affaires. Je vous écoute. Fit-elle avec un petit sourire en coin.
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Re: artisans de mémoire (retha)
Dim 27 Juin 2021 - 20:53
Calum était un homme de convenances, si ces dernières étaient capables de trouver un usage dans sa psyché. D’autres auraient peut-être convenu que de servir le thé à une cliente était une perte de temps, et une part de logique manichéenne de l’héritier Bragnam aurait probablement été d’accord avec ce postulat, n’eut été du caractère raffiné de l’entretien de certaines relations avec la clientèle. @Retha O'Ryan était roublarde, fidèle dans son patronage de la Bragnam & Brothers, et surtout, formée en histoire de la magie, une des passions intellectuelles de celui qui était désormais l’assistant du professeur de cette discipline à Hungcalf. « Je me suis laissé entendre que vous aviez la possibilité de vous procurer des pensines anciennes. Vous savez que votre prix sera le mien » L’Écossais lui tendit sa boisson chaude, avec un sourire discret. « C’est ce qui fait de vous une excellente cliente, Mrs O’Ryan », souligna le juriste avant de s’installer face à elle, sa propre tasse à la main. « Nous pouvons commencer à parler affaires. Je vous écoute. »
Certains clients avaient un goût raffiné mais ne cherchaient pas à comprendre la provenance de leurs trouvailles. À ceux-ci, Calum réservait une présentation sommaire de nature occulte, centré sur les attributs magiques des produits qu’il vendait mais sans trop s’épancher sur les détails des trouvailles. Avec Retha, il se permettait davantage de souci, car la sorcière lui avait toujours paru intéressée par ces éléments contextuels. N’était-elle pas une conférencière en histoire de la magie, après tout? « Vous n’êtes pas sans savoir que plusieurs pensines anciennes ont été détruites à l’occasion des chasses aux sorcières dans l’Europe chrétienne. Si les véritables sorciers étaient capables de s’échapper, la plupart d’entre eux étaient obligés de laisser derrière leurs objets les plus encombrants le temps que l’Inquisition passe. D’innombrables pensines ont ainsi été détruites ou confisquées de façon permanente, sans possibilité de produire ces modèles à nouveau », expliqua le futur dirigeant de la B&B, ponctuant ses explications d’un léger hochement de tête.
D’un geste circonspect, il défroissa un pli qui s’était créé sur son veston en s’asseyant. « Une difficulté supplémentaire provient de la tradition d’enterrer un sorcier avec sa pensine, ce qui explique la rareté impressionnante de ces objets anciens sur le marché. Et bien sûr, nous ne ferions pas affaire avec des pilleurs de tombes ». Un air de connivence peint sur ses traits, l’air de dire nous ne faisons pas dans l’illégalité, allons – mais la croupière l’avait déjà vu au Styx, antre de son propre cousin Vesper. « Toutefois, des fouilles commanditées par un groupe indépendant d’archéomages ont mis au jour une cache de 5 pensines n’ayant jamais été utilisées. Nous en conserverons trois pour nos archives, nous espérons être capables de reproduire certaines techniques qui ont été perdues depuis … mais deux d’entre elles sont effectivement à vendre. » Le sorcier attendit de voir la réaction de la sorcière rousse, qui voudrait peut-être plus de détails avant de demander à voir les produits proposés.
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Re: artisans de mémoire (retha)
Jeu 29 Juil 2021 - 11:27
Myrddin Wyllt District le jour
_ Voilà qui intéressant, des pensines dignes d’intérêt, l’une d’elles aura tout à fait sa place dans ma collection. Vous savez que le prix ne sera pas un souci. Je compte sur vous pour me fournir un original, je ne serai me contenter d’une copie. Fit-il elle sans quitter des yeux son interlocuteur.
Retha savait ce qu’elle voulait et elle mettait les moyens qu’il fallait pour l’obtenir. Toute sa vie en était la preuve, la sorcière pouvait s’avérer être redoutable et il ne fallait mieux pas se retrouver en travers de son chemin. Cependant, elle ne pensait pas à devoir se poser en ennemi de Calum. Le jeune homme ne l’avait encore jamais dessus, de plus Retha le sous-estimait pas. Elle ne connaissait pas l’entièreté de son réseau ou l’étendue de son pouvoir, mais on n’arrivait pas à la place qu’il occupait par hasard.
_ Envoyez moi un hibou lorsque vous l’aurez. Je ferai chercher la pensine.
Une nouvelle gorgée de thé ponctua la discussion, puis ce fit le bruit de la porcelaine se déposant sur une coupelle résonna légèrement dans la pièce. Retha croisa les jambes et posa une de ses mains sur son genou tandis que l’autre vint embrasser la forme de l’accoudoir du fauteuil.
_ Ce n’est pas de mes envies dont nous devions parler aujourd’hui, n’est-ce pas ? En quoi puis-je vous être utile ?
Il y avait une légère curiosité dans la voix de la sorcière, une petite pointe très légère, mais bien présente.
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