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On the road (pv)
Sam 20 Nov 2021 - 23:47
Les moustiques et les moucherons croates voletaient dans les lumières des phares de l’impala de Romy. Loin d’être embêtée par ce ballet d’insectes volant, la jeune femme, plongeant sa main à un rythme régulier dans un sac de sucreries locales, attendait avec une certaine impatience le craquement caractéristique de l’arrivée de son meilleur ami. Elle n’était pas capable d’enchanter elle-même un objet et d’en faire un portoloin mais les autorités magiques de la région s’étaient montrées plus qu’agréables et efficaces pour transmettre à l’écossais un vieux vélo qui le ferait atterrir là, juste devant elle, dans cette prairie aux hautes herbes et légèrement inondée en ce début de soirée. Ça, la jeune femme n’y pouvait rien, elle se serait elle-même bien passé de conduire sur les chemins terreux et quasiment impraticables de cette partie là des lacs de Plitvice, mais la localisation de sa propre maison s’était révélée trop près des touristes moldus pour y risquer quoi que ce soit qui sorte de l’ordinaire. Autant dire qu’un géant brun sur un vélo rouillé apparaissant dans un craquement bref n’avait rien de commun dans la région et que la jolie bouille de l’allemande n’avait pas réussi à négocier avec le représentant magique croate. Tant pis, ce n’était pas la première fois que cela arrivait en Croatie, à cet endroit ou un autre, et cela ne serait surement pas la dernière.
Romy avait effectivement fait l’acquisition, voilà quelques années, d’une petite maison en bois dans le parc naturel réputé comme étant le plus beau du pays et venait y passer la majorité de ces étés, entre deux voyages. Si rentrer chaque année pour les fêtes de Noël auprès des membres de sa famille avait été une évidence difficile à nier, les besoins viscéraux d’air et de liberté s’étaient fait bien plus puissant à l’heure ou les lourdes portes de Durmstrang fermaient pour l’été. La Croatie avait finalement capté son attention. Il y régnait toujours un certain calme, une tranquillité si difficile à trouver pour l’esprit tourmenté de la Kaiser. L’endroit était donc devenu un point de rendez-vous pour elle et Evan Wakefield, un pied à terre qui n’a jamais été partagé avec qui que ce soit d’autre et qui leur permettait ainsi de se retrouver loin de leurs responsabilités, de leur encombrante famille et de tout ce qui pouvait bien peser sur leurs épaules. Malgré les drames de ses dernières années, ses petits moments restaient constants. Malgré la douleur de l’esprit, l’éloignement avec sa famille, l’abandon de ses responsabilités mondaines et professionnelle, l’allemande avait toujours pu compter sur Evan, sur son soutien, ses avis et sa présence. Ils avaient bien changé depuis leurs premiers pas de danse ensemble mais l’amitié qui les reliait restait la même, forte, indestructible, comme un phare de pierre brillant dans l’ombre de la nuit, mystérieuse, menaçante et dont la houle n’était jamais venue à bout.
La Kaiser était donc là, silencieuse, guettant de son ouïe de musicienne l’arrivée d’Evan qui mettrait fin à la semaine de solitude qu’elle s’était accordée avant de retrouver la maison familiale en Suisse. Depuis le dernier Noël, les choses avaient changé. Elle s’était décidée à revenir, progressivement, à suivre les conseils de sa mère et à reprendre l’université. Elle s’était décidée à ne plus fuir, à se réconcilier avec ses responsabilités et cette vie qu’elle avait commencé avant que tout ne parte, balayé par les vagues de la vie. La trentenaire s’était ainsi réinscrite à Hungcalf, pour reprendre ses études là ou elle les avait arrêtés tout en terminant son contrat avec l’école de sorcellerie de l’Est. Elle avait repris la musique, craignant toujours un peu le contact des cordes, de l’archet ou bien du bois des touches d’un piano. Elle avait aussi voyagé, en Russie, en Hongrie, en Slovénie et finalement en Croatie. Elle avait eu besoin de temps, de solitude, de se faire à l’idée de retrouver sa vie d’avant, les bancs de l’université, la fondation et tout ce qui pourrait bien parsemer son retour à la réalité.
L’heure n’était cependant plus aux réflexions mais aux retrouvailles. Le craquement, ce son que produisait les portoloins, venait de briser le silence de ce début de soirée et fut rapidement suivi par le cliquetis du vieux vélo de métal qui amenait Evan à bon port. Avec un petit sourire, Romy déposa son paquet de bonbon sur le capot de son Impala pour s’avancer jusqu’au bord de la friche dans laquelle elle n’osa pas faire un pas. « They changed the landing place ! » Les nombreux exercices de respiration que lui avait fait faire son professeur de musique pendant sa jeunesse permettaient à Romy d’avoir une portée de voix assez conséquente. « I hope it’s not too wet ! » ajouta-t-elle, alors que la haute silhouette du Calédonien se dirigeait vers elle. « How are you ? » demanda-t-elle enfin, lorsqu’Evan fut à sa hauteur, accompagnant sa question d’une étreinte amicale, fraternel dont elle avait été privée trop longtemps. « We have about an half an hour drive to get home, but we should have warm food there, so it’s worth it. » Le sourire de Romy était chaleureux, doux, ravi de retrouver le visage si familier de son ami d’enfance. « Come on, mein spatze ! »
- Trad:
- UC
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Re: On the road (pv)
Mar 21 Déc 2021 - 19:54
(tenue) L’endroit était le leur dans l’esprit du cadet des Wakefield, peu importe les titres de propriété qui désignaient clairement la Kaiser comme son unique détentrice. Leur secret, leur havre de tranquillité où se retrouver et admettre les confessions que leurs lettres ne permettaient pas d’écrire, par pudeur ou par envie de laisser s’envoler les mots là où les coucher sur papier les rendaient d’autant plus réels. Et pour l’heure, une révélation lui pesait l’âme, bien plus étroitement et trop égoïste pour être observée à la lumière du jour, sur le parchemin. Les événements de début juillet étaient marqués au fer dans sa mémoire, et peu de gens dans son entourage disposaient des clefs de lecture suffisant à devenir un public réceptif, et honnête. Evan avait donc enfoui les aveux dans sa gorge, les laissant fermenter sous une couche luisante d’inquiétude qui croissait tous les jours. Alice et ses habitudes de vie malsaines, Alice et son deuil, Alice, dont l’image de la souffrance le renvoyait à la perte de sa propre mère, et à ses propres valeurs. Il cachait tout, laissait ses propres impressions bouillir sous son épiderme, trop occupé à vouloir se faire cocon autour de la jeune femme pour la protéger du monde, et de ses propres doutes.
L’invitation de Romy lui était parvenue comme une bouée dans la nuée de son quotidien. Avec précaution, il s’était assuré auprès d’Oscar qu’il pourrait veiller sur elle le temps de ces quelques jours à l’étranger. Evan n’avait pas précisé le motif, et le diplomate n’avait pas cherché à le découvrir, heureusement – il se sentait coupable, de prendre congé de sa vie ainsi, lui qui avait pourtant toujours fui devant ce genre de chose, plus habitué à l’esquive des sentiments qu’à leur faire face. Était-ce si terrible, alors, de s’autoriser une pause là où toutes ses énergies étaient tournées vers elle, depuis trois semaines? Peut-être. Probablement. Il n’aurait su le dire, ce doute-là aussi enfoui bien loin, là où il ne saurait remonter à la surface. Pas pour l’instant, pas assez pour que l’Allemande l’y décèle … immédiatement. Pour l’heure, le musicien avait revêtu des habits de moldu pour se mêler correctement aux foules, et avait attiré quelques regards en coin de la part de sorciers vêtus de robes traditionnelles, au Ministère.
L’auror avait enfourché le vélo cabossé que lui avait désigné le commis du Département des Transports, et avait été transporté directement … les pieds dans l’eau. « They changed the landing place ! » La voix sonore de Romy trancha dans l’atmosphère chargée d’humidité du sous-bois inondé dans lequel il avait atterri, et il se contenta de camoufler la bicyclette dans un buisson avant de rétorquer « Aye, you don’t say! », se frayant un chemin dans les branchages le séparant de la Kaiser. « I hope it’s not too wet ! » Evan ricana. « It’s your lady impala who’ll deal with the consequences, I’m afraid ! » et finit par accéder à la vision offerte : minuscule bout de femme à la tignasse blonde légèrement emmêlée de vent, certainement la faute à des fenêtres largement ouvertes pour mieux laisser passer le vent pendant que les haut-parleurs de sa voiture crachaient la musique qui lui plaisait. « How are you ? » C’était la première demande – celle qui se faisait rhétorique, celle qui n’attendait rien de plus que le « I’m marvelous darling, but starving » que lui rétorqua Evan. « We have about an half an hour drive to get home, but we should have warm food there, so it’s worth it. Come on, mein spatze ! »
Le Calédonien joignit la pointe de ses doigts à sa bouche pour lui souffler un baiser appréciateur, avant de s’engouffrer dans laboîte à savonvoiture de son amie la plus chère. Son sac de petite taille fut balancé en arrière sans cérémonie. Si l’auror avait toujours eu une forte tendance à laisser s’exprimer les parts les plus éclatantes de sa personnalité en opposition à celles qu’on lui présentait, opposant son air vif-argent à ceux qui se targuaient de pouvoir lui faire subir son sérieux, il en était tout autre avec l’Allemande. Romy avait un talent spécial – ou était-ce qu’ils s’influençaient mutuellement, et pas toujours pour le meilleur pour leur auditoire? Les deux amis sublimaient l’éclat de l’autre, tempéraient leurs excès et comprenaient davantage que les mots ne les autorisaient à le dire. « Have you been here long? Where were you last? Please tell me you brought Viennese coffee and none of that silly petrol Berlin tries to call coffee. » À son aise, Evan baissa une fenêtre, y appuyant le coude pour que sa main repose sur le toit de la voiture, battant la mesure de la chanson choisie par Romy. at ease, at last.
- trad:
« Ils ont changé l'espace d'atterrissage! »
« Tu m'en diras tant! »
« J'espère que c'est pas trop mouillé! »
« C'est ta charmante impala qui devra gérer les conséquences, j'en ai bien peur! »
« Comment vas-tu? »
« Merveilleusement bien, chérie, mais affamé. »
« On devrait mettre environ une demie-heure avant d'arriver à la maison, mais il devrait y avoir un repas chaud qui nous attend. Allez, mein spatze! »
« Es-tu ici depuis longtemps? Où étais-tu avant? Dis-moi que tu as apporté du café viennois et pas ce pétrole que Berlin tente d'appeler du café. »
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Re: On the road (pv)
Mar 28 Déc 2021 - 11:46
On the roadUn large sourire avait éclairé le visage de la jeune femme qui ne pouvait s’empêcher d’être de bonne humeur dès que son meilleur ami lui rendait visite, dès qu’ils se retrouvaient. Leurs retrouvailles avaient été sporadiques, lors de ses quatre années, période d’exile pour la jeune femme, deuil prolongé qui n’était pas encore complété. Loin de tout, perdue dans le nord du continent, Scandinavie de cœur qu’elle appelait à présent sa maison, la jeune femme n’avait pourtant jamais mis de côté son amitié avec Evan. Elle en avait été tout bonnement incapable. Elle avait besoin de lui parler, de partager ses émotions, ses aventures. Depuis qu’ils se connaissaient, l’Ecossais était devenu son plus proche confident, une personne extérieure à sa propre famille mais qui comprenait les tenants et aboutissant de leur statut, la pression plus ou moins subtile. Et Evan, de part son propre passé, de part ses propres pertes, ses propres déboires, comprenait le deuil, la mort et le tourbillon d’émotion qui s’en suivait. Les deux trentenaires partageaient bien plus que leur passion de la musique, ils se comprenaient, parfois même sans se parler. Ils s’estimaient, se respectaient et formaient un duo soudé et atypique, qui en avait fait parler plus d’un, espérer certains et ennuyer d’autre. Leur duo faisait parfois grincer des dents mais apportait surtout un repère constant aux deux sorciers, une bienveillance partagée, une affection honnête et profonde. Alors non, malgré ses ennuis, malgré ses problèmes et la tempête qui avait suivie le décès de sa sœur, jamais Romy n’avait put fuir au point d’en négliger le calédonien.
24 juillet 2021, 20:30. (mood)
On the road
Here we go
Fast or slow
We would be happy on the road
(moodboard)
« You’ll clean her ! » rétorqua-t-elle alors, légère, détendue, au ricanement du sorcier. A vrai dire, si Romy était très minutieuse avec sa voiture, les quelques milliers de kilomètre qu’elle avait fait depuis Durmstrang avait largement participer à salir le bolide, des roues jusqu’à l’intérieur des sièges de cuir. La lady ne craignait alors nullement les boots humides de son compagnon de voyage et profiterait d’un nettoyage complet une fois qu’elle serait arrivée en Suisse. Il n’était pas encore temps de s’inquiéter du voyage de retour alors que l’estomac de l’auror réclamait déjà son dû. Romy s’était arrangée pour commander de quoi satisfaire le plus gros des appétits. Une cuisine locale, croate qui ravirait sans aucun doutes les papilles – et l’estomac – du britannique. Il fallait dire que, comparé à la nourriture du Royaume Uni, les spécialités de leur pays d’accueil valaient presque la gastronomie française et quiquonque venait à se plaindre de ces menus d’exception, pouvait bien aller voir si les rennes du père noël n’avaient pas besoin d’un petit pansage.
L’impala démarra en pétaradant, faisant s’envoler une poule d’eau et quelques autres oiseaux auxquelles l’allemande ne prêta pas attention. Les fenêtres ouvertes, la radio, qu’elle avait fait ensorcelée par son cousin Joseph, bien plus doué qu’elle en magie, faisait résonner l’un des plus beaux titres du groupe Kansas, Carry on my wayward son, œuvre musicale légendaire et envoyée au rang d’une des meilleures chansons de son temps et des récentes années après l’atterrissage sur les ondes de la série Supernatural. Tout en dodelinant la tête au rythme de la légendaire musique, la jeune femme usait de sa connaissance du terrain et plus encore de sa voiture pour évoluer avec aisance sur les chemins de terre partiellement envahis par les eaux. « I arrived last Sunday » commença-t-elle, son regard ne quittant pas la « route » devant elle. « I drove from Durmstrang, I did not have any time to go to Vienna but there is still some coffee left, from last time. » rassura-t-elle, d’un ton léger, alors que les roues de l’Impala gagnaient la route de bitume qui les mènerait à leur petite maison. « At least, I think.. » douta-t-elle, réfléchissant aux doux arômes du café matinal qui lui permettait d’ouvrir les yeux chaque matin. Sentait-il comme le jus de chaussette berlinois, ou comme le délice qu’était celui de Vienne ?
La blonde haussa naturellement les épaules. « I can’t remember, you’ll have to check. Otherwise, well, too bad.. » La lueur espiègle qui s’alluma dans son regard observa du coin de l’œil le visage de son ami. Le bon café n’était qu’un plus, un bonus qui leur donnait du baume au cœur, mais le vrai dessein de ce week-end n’était pas celui-là. C’était d’être ensemble, de parler, de profiter. Romy, comme beaucoup de monde, avait lu les nouvelles dans la presse. Elle avait pris connaissance du drame qui était tombé sur les épaules de la famille Hangbé, la même qui allait s’unir à celle de son meilleur ami. La musicienne n’avait jamais vraiment rencontré la fiancée de ce dernier, mais en avait largement entendu parlé par le calédonien pour savoir que leur lien était bien plus complexe qu’une union matrimoniale organisée. « You know, its the perfect time to come here. There is no tourists, at all. They’re all afraid of the pandemic. We could have entire lakes for ourselves, and barbecue, music. It was a little paradise before, but I never saw anything like it! » s’enthousiasma-t-elle, ravie d’avoir un peu de compagnie avant de terminer son séjour. « What did you have in mind ? Do you remember this bunker that we wanted to visit ? I think I managed to convince the onwer to let us roam freely in it ! » suggéra-t-elle, l’humeur joyeuse. Retrouver Evan en Croatie c’était un peu retrouver sa liberté estudiantine, c’était faire ce qu’ils voulaient, au bon gré de leurs envies. L’aventure ou la détente de la mer, voire les deux. Il y avait aussi les discussions plus profondes, celles qui étaient nécessaires. Les comment-vas-tu ? qui allait creuser la surface des sentiments et n’acceptaient pas de bien comme réponse. Il y avait un temps pour tout et il leur fallait, pour le moment, rejoindre leur antre.
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Re: On the road (pv)
Dim 23 Jan 2022 - 0:02
On the road
24 juillet 2021, 20:30, Croatie (mood)
it's not just me who feels the world is on their shoulders
it's not just me who's out of place and don't belong.
(moodboard) (tenue) Le cadet des Wakefield était reconnu pour prendre ses aises là où il le souhaitait, se déversant dans l’espace disponible en s’imposant parfois, en s’insérant souvent. On aurait dit un talent inné chez le Calédonien, capable de s’immerger socialement dans la majorité des situations avec un grain d’irrévérence et une mesure entière de facéties. Prise d’aise, peu importe où Evan était capable d’étirer ses longues jambes – il les connaissait, les manœuvres pour créer un confort de toutes pièces, le temps d’un rire, pour éviter de gaspiller temps et humeurs. Prendre ses aises. Le cœur immense, et le verbe généreux, le Calédonien, et une envie d’emmener les autres dans ses caractérielles caracolades pour y voir les psychés se souder – car il savait, l’Écossais, que les esprits se serraient dans les rires et que les phalanges de l’âme s’entrelaçaient sous le coup du partage. Depuis l’enfance, Romy était gardienne du second état – à l’aise, simplement, aucun état ne requérant prise, imposition ou impertinence. L’Allemande l’attendait vrai, ingénu. Ils se suffisaient, ainsi, dans leur candeur et leurs défauts à la mesure de leurs qualités – une tendance à la lâcheté face aux deuils et à la profondeur des sentiments de ceux qui n’avaient pas assez souffert dans leurs vies, si on pouvait seulement établir une mesure de qui avait droit à l’empathie des myocardes égratignés.
Peut-être était-ce aussi dans l’habileté particulière de la musicienne de sentir les besoins de son nigaud de meilleur ami lorsqu’il n’avait pas besoin de réponses pragmatiques mais bien de ces serments grandiloquents que seuls les êtres en pleine confiance pouvaient se jurer. Sa main battant la mesure de la mélodie, Evan glissa un regard vers Romy, quelques mots fredonnés continuant de se glisser en l’air alors qu’elle lui répondait – conversation de pluie et de beau temps qui ne voulait rien dire, et signifiait toute l’aise qu’ils éprouvaient avec l’autre. Émit un sifflement appréciateur lorsqu’elle révéla avoir conduit depuis Durmstrang – seuls les navigateurs les plus habiles pouvaient se targuer de le faire, l’endroit étant réputé incartable et résistant à toutes les assistances de navigation désormais disponibles à qui appréciait les outils technologiques moldus. « I can’t remember, you’ll have to check. Otherwise, well, too bad. » Son sourire s’étira assez largement pour dévoiler ses dents alors qu’il entonnait le refrain de Kansas, la voix ronde et l’air baigné d’une aisance tranquille. « Wouldn’t be the first time you make me suffer a cruel and unjust punishment anyways », rétorqua l’auror en décochant un clin d’œil léger à la jeune femme.
« You know, its the perfect time to come here. There is no tourists, at all. They’re all afraid of the pandemic. We could have entire lakes for ourselves, and barbecue, music. It was a little paradise before, but I never saw anything like it! » Evan lâcha un long soupir, traduction-exhalaison du contraste entre la vision paradisiaque que lui offrait la Kaiser de leur weekend volé, comparé à son récent quotidien pré-matrimonial. Les yeux vides d’Alice et leur façon de se fondre en l’autre pour tenter de se retrouver sans être capable de mettre les mots dessus – elle sur sa culpabilité, sur le fait que malgré tout ce qu’il pouvait faire pour l’aider, il ne serait jamaisceluicelle qu’elle cherchait, alors. Lui, avec les reproches et les insécurités ravalés comme une brûlure qui lui était restée si étroitement dans la gorge qu’il aurait pu cracher du feu sur commande, semblait-il, grignoté du mensonge de l’amphisbène et de la jalousie de l’avoir vue ainsi. « You have … no idea how good this sounds », souffla Evan, sa fatigue lancinante entre les omoplates l’invitant à faire une rotation de la tête sans risquer de se la cogner au plafond de la voiture qui, si elle était d’un vintage superbe, demeurait plutôt basse. Lorsqu’elle lui demanda ce qui lui ferait plaisir, le violoniste étira des doigts pour appuyer ses demandes.
« The bunker sounds amazing. If my memory serves, wasn’t there some sort of vue from the top? We should get beach chairs and plant them on top to enjoy the sunset », commença-t-il, un premier doigt désigné par son index. « And honestly, a beer and you is all i need right now ». Peut-être y avait-il un peu trop de bonheur las dans sa voix, le genre qui annonçait à quel point il avait besoin de sa présence à elle, de ses yeux clairs pour le foudroyer du regard lorsqu’il exagérait, de sa moue réprobatrice lorsqu’elle décrétait qu’il se faisait passer un sapin pour une paire de joliesfessesprunelles. Romy était la juge de ses états d’âme, le genre qui ne se trompait que rarement. Mieux que quiconque, elle connaissait l’énorme angle mort de l’auror, qui avait toujours été vif d’esprit pour deux, mais terriblement limité dans ce sexisme bienveillant et chevaleresque envers la gent féminine. Des années durant, elle avait proclamé (avec raison) qu’Isabelle le menait par le bout du nez et se servait de lui, à Hungcalf, trop heureuse de jouer de ses charmes pour obtenir ce qu’elle souhaitait de la part du géant calédonien. Elle saurait lui donner l’heure juste, l’aider à se dépêtrer du labyrinthe sinueux dans lequel il s’était logé depuis le début du mois de juillet. Depuis la fatidique nuit au Styx, et le décès de Pearl Hangbé.
Face à la mine que lui adressa la Kaiser, Evan fit un discret non de la tête. Not now, dearest. Pas tout de suite, pour les engelures du cœur qui s’était éveillé et qui ne savait plus s’il avait le droit de battre, d’enrouler ses précieuses artères si longtemps endeuillées autour d’un autre nom, d’une autre femme. À elle, il ne posa pas la question sans mots, car Romy avait parfois ces manières d’esquiver même lorsque leurs silences lui permettaient de s’exprimer. « What do you feel like, hm? » et sa main gauche caressa doucement une mèche emmêlée de la crinière blonde de l’Allemande. Elle ne semblait avoir que deux états capillaires, en vérité – les coiffures élaborées et proprettes des bals de leur vie aristocrate, et les crinières coiffées par les vents qui se glissaient à travers les fenêtres constamment ouvertes de son Impala.
- trad:
« Je ne me souviens pas, tu devras vérifier. Sinon, tant pis. »
« Ce ne serait pas la première fois que tu me fais souffrir d'une punition cruelle et injuste de toute manière », rétorqua l’auror en décochant un clin d’œil léger à la jeune femme.
« Tu sais, c'est le moment parfait pour être ici. Il n'y a pas de touristes du tout. Ils ont peur de la pandémie. On pourrait avoir les lacs en entier à nous seuls, et les barbecue, et la music. C'était déjà un paradis avant, mais j'ai jamais rien vu de tel! »
« Tu n'as ... aucune idée d'à quel point cette idée est alléchante. »
« Le bunker, c'est parfait. Si je me souviens bien, il y avait une belle vue, sur le dessus? On devrait prendre des chaises de plage et les installer sur le dessus pour regarder le coucher de soleil », commença-t-il, un premier doigt désigné par son index. « Et honnêtement, une bière et toi, c'est tout ce dont j'ai besoin présentement »
Pas tout de suite, très chère.
« De quoi as-tu envie, toi? »
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