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daddy issue. (fb) (dalia)
Ven 24 Déc 2021 - 11:35
| | daddy issue ; |
☩ NOVEMBRE 2021-
Odeur sueur et gasoil. La lumière tamisée dessine une cohue d’ombres ternes, bataillant avec l’étincellement métallique des outils placardés aux murs. Le rital gravite dans l’abri qui, bien que de taille modérée, s’amenuise par des paires d’étagères sans jumelage. De là-haut, le jugent une farandole de liqueurs -dégraissant, dégrippant et autres. Par moment, le paysage se strie de caisses floquées par de vagues gribouillis -ou serait-ce une écriture particulièrement illisible annonçant leur contenu ? Une penderie de pièces détachées avoisine une horloge ternie par le temps. Comme si ici, l’ausonien escomptait conserver toute notion du temps. Cet espoir est l’un des vices de son optimisme. L’antre considérée comme une seconde maison, officie davantage comme la primaire dans son cœur. Il a apprivoisé cet abri de jardin en garçonnière, y façonnant là un garage de fortune ; son oasis à lui au milieu des champs. Au centre de la pièce figure une table élévatrice, encombrée de sa restauration sur le feu. Une belle Royale Enfield Constellation millésime 1959, « bonne pour la casse » l’a-t-on qualifié. C’est là tout l’avantage des sorciers : réaliser les miracles des non-mages. Le motard s’y attèle avec délicatesse. Démantelant la monture. Il ordonne chaque os métallique en fonction de leur état. Parfois il s’exile vers un établi, un peu plus loin, pour mieux constater les dégâts du temps sous l’éclairage abrupte d’un phare industriel reconverti en luminaire d’appoint. Sa mine vacille sous des tics face aux soudures oxydées, et grimace à la fourche brutalement sciée. Ses ongles ripent contre le réservoir, cabossé et écaillé d’une résine rongée par les intempéries. Le sigle de la marque lui-même s’est altéré. A croire que cette bécane s’était éprise du désespoir de retrouver ses antiques apparats.
Sans le remarquer, la besogne lui phagocyte la majorité de l’après-midi. Il dépasse l’heure de l’afternoon tea, et ignore le décroissement du soleil qui se fait plus timide au travers des vitres rayées. Au-dehors le ciel à l’orange rosâtre chute pour le bleu de la nuit. Et cette dernière accueille dans ses bras cette campagne britannique, dans lequel le cisalpin a déniché son refuge esseulé. Il désirait vivre dans l’indifférence du monde. Mais c’est la sienne qu’il lui offre, à l’instar de son inscience de la silhouette survenu dans le jour bien déclinant. C’est son dos et sa tête fourrée auprès des entrailles de la bécane que miroitent les fenêtres de l’abri à l’intru(se). C’est ce sursaut de surprise dont vibrent les épaules masculines lorsqu’un tapotement déchire les tintements métalliques et grésillements du vieux rock chantonné par la radio.
Bien entendu, le havre de paix de l’amateur mécano ne figure dans les secrets d’Etat, mais les visites sont rares. D’autant plus lorsqu’elles parviennent de la bouille qui gribouille les carreaux polis de la porte de ce recoin reculé. Une vague d’interrogations décollent dans les méninges de l’angliche, sans qu’il s’en formalise pour autant. Dalia a toujours le mérite des faveurs fraternelles de son aîné.
Sa cime s’étend de sa hauteur dans le garage. Véloce, le sarde empoigne un torchon pour remédier aux dégâts de graisse qui décorent ses mains. Mais tout bricoleur sait que la tâche est bien vaine, tant celles sur ses doigts sont irréparables. De quoi lui intimer le bref geste d’une paire de phalanges pour qu’en saute le loquet de la porte. Sa benjamine est libre d’entrée.
« Ca fait longtemps. »
L’accueille également une risette d’où se décrypte toute son affection. Il n’a pas d’idée quant à la source de cette entrevue, mais l’aborde comme d’usité : dépourvu de jugement, tendre par bienveillance.
@Elsbeth Ballarini
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Re: daddy issue. (fb) (dalia)
Sam 15 Jan 2022 - 11:03
(tenue) L'abcès avait été crevé et la blessure saignait abondamment. Il lui fallait quelqu'un pour stopper l'hémorragie. Dalia avait tout avoué. A Nathaniel, à ses soeurs, à sa mère. Elle n'avait pas pu parler à Aaron, et c'était mieux ainsi. Malgré tout ce qu'il lui avait fait subir, malgré toutes les déceptions mutuelles, comment lui dire qu'il n'était même pas son père ? L'aveu à Nathaniel avait été intense et épuisant. Parler à ses soeurs avait été éprouvant, les larmes accompagnant les reproches, les peurs et les serments d'amour éternel. S'ouvrir à Efisia... Sa mère l'avait haïe. Elle la détestait de tout révéler, de tout détruire, tout ce secret qu'elle avait pris soin de garder pour elle pendant des années. Dalia était désormais celle qui apportait l'opprobre et qui faisait voler leur nom en éclats, par égoïsme. Parce qu'elle voulait vivre sa vérité.
Secouée par les annonces successives et leur lot de réactions vives, sonnée par les menaces de sa mère et la promesse de ne plus jamais pouvoir vivre sous leur nom, la ténébreuse avait fui, hébétée, meurtrie, n'ayant aucune envie de regagner son appartement. Il restait une personne à qui elle désirait parler, avant que le monde entier ne s'éveille au son de la rumeur. Quelqu'un dont elle espérait le calme et la douceur qu'il lui avait toujours témoigné, alors qu'il l'avait connue furie à maintes reprises. Cette fois-ci ce n'était pas la petite cousine effrontée qui venait pester contre les adultes, mais la jeune adulte en quête de réconfort et d'indulgence qui toquait à sa porte.
Elle pénétra l'antre masculine, petite, frissonnante, transie de froid, de sommeil, de peur. Fière, elle garda son masque d'impassible sorcière en rencontrant Darius. Ho bisogno di parlare con te. Le ton se voulait neutre, mais il se faisait dur, poussé par la nécessité de rester digne. Mais Dalia avait du mal à jouer un rôle face à ce cousin fraternel, celui qui avait accueilli ses tempêtes tant de fois. Posso stare una notte o due a casa tua ? demanda-t-elle, la voix se brisant, vulnérable et minuscule. Quelque chose de grave se passait.
Secouée par les annonces successives et leur lot de réactions vives, sonnée par les menaces de sa mère et la promesse de ne plus jamais pouvoir vivre sous leur nom, la ténébreuse avait fui, hébétée, meurtrie, n'ayant aucune envie de regagner son appartement. Il restait une personne à qui elle désirait parler, avant que le monde entier ne s'éveille au son de la rumeur. Quelqu'un dont elle espérait le calme et la douceur qu'il lui avait toujours témoigné, alors qu'il l'avait connue furie à maintes reprises. Cette fois-ci ce n'était pas la petite cousine effrontée qui venait pester contre les adultes, mais la jeune adulte en quête de réconfort et d'indulgence qui toquait à sa porte.
Elle pénétra l'antre masculine, petite, frissonnante, transie de froid, de sommeil, de peur. Fière, elle garda son masque d'impassible sorcière en rencontrant Darius. Ho bisogno di parlare con te. Le ton se voulait neutre, mais il se faisait dur, poussé par la nécessité de rester digne. Mais Dalia avait du mal à jouer un rôle face à ce cousin fraternel, celui qui avait accueilli ses tempêtes tant de fois. Posso stare una notte o due a casa tua ? demanda-t-elle, la voix se brisant, vulnérable et minuscule. Quelque chose de grave se passait.
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Re: daddy issue. (fb) (dalia)
Dim 16 Jan 2022 - 13:12
| | daddy issue ; |
☩ Une œillade suffit pour entrevoir se ronger cette frimousse. Rebelle d’ordinaire, mais dont le nez ici ne plisse sous les feux d’injustices ordinaires. L’agitation s’émane d’elle sous des pupilles qui la perçoivent s’étioler. Elle se brise.
L’alarme de bienveillance clignote en lui. L’ombre de sa stature masculine se projette sur la mince silhouette. Il l’engloutit et l’écrase ; avant qu’il ne comprenne qu’en réalité elle s’écrase elle-même. Plus petite que d’origine. Plus frêle. Elle lui demande d’être son refuge. Contre quoi et pourquoi, il baigne dans l’ignorance. Et cette pression, le solitaire l’accepte avec tendresse fraternelle.
« Bien sûr. »
Il sera son égide.
Son œil sombre lui envoie milles questions, qu’il tue en détournant les prunelles. Il sait qu’il l’agresse de cette manière. Cette urgence sur ses lèvres, il ne la lui volera pas. Elle semble déjà assez dévastée. Son devoir est d'être son filet de sécurité.
« Une bière avant. »
Avant qu’elle l’informe du mal d’où elle s’isole. Ou avant de s’exiler dans sa garçonnière londonienne. C’est à elle de décider. Mais c’est lui qui l’appâte avec douceur. Il s’était déjà légèrement penché sur elle, pour qu’elle témoigne de toute sa bonté. Qu’elle se réchauffe sous son sourire, entendu à ne pas l’effrayer. Il l’aurait réconforté d’une main sur l’épaule, mais les restes de cambouis lui interdisent. Il ne lui reste plutôt qu’à troquer le torchon dont il s’embarrasse contre sa baguette. D'un geste, la chaire de ses phalange regagne son éclat. Il pointe du crâne un coin reculé du cabanon où s’est improvisée une kitchenette. Frigo adjacent à deux sièges de camping à droite, et un meuble de cuisine à gauche d’où trône un réchaud. Strict minimum ; c’était à s’y attendre du rital. Et sans même l’approbation de sa benjamine, ses pas avalent déjà la distance jusqu’au réfrigérateur.
« Blonde ou brune ? »
Histoire de savoir à quelle dose d’alcool se mesure son mal.
L’alarme de bienveillance clignote en lui. L’ombre de sa stature masculine se projette sur la mince silhouette. Il l’engloutit et l’écrase ; avant qu’il ne comprenne qu’en réalité elle s’écrase elle-même. Plus petite que d’origine. Plus frêle. Elle lui demande d’être son refuge. Contre quoi et pourquoi, il baigne dans l’ignorance. Et cette pression, le solitaire l’accepte avec tendresse fraternelle.
« Bien sûr. »
Il sera son égide.
Son œil sombre lui envoie milles questions, qu’il tue en détournant les prunelles. Il sait qu’il l’agresse de cette manière. Cette urgence sur ses lèvres, il ne la lui volera pas. Elle semble déjà assez dévastée. Son devoir est d'être son filet de sécurité.
« Une bière avant. »
Avant qu’elle l’informe du mal d’où elle s’isole. Ou avant de s’exiler dans sa garçonnière londonienne. C’est à elle de décider. Mais c’est lui qui l’appâte avec douceur. Il s’était déjà légèrement penché sur elle, pour qu’elle témoigne de toute sa bonté. Qu’elle se réchauffe sous son sourire, entendu à ne pas l’effrayer. Il l’aurait réconforté d’une main sur l’épaule, mais les restes de cambouis lui interdisent. Il ne lui reste plutôt qu’à troquer le torchon dont il s’embarrasse contre sa baguette. D'un geste, la chaire de ses phalange regagne son éclat. Il pointe du crâne un coin reculé du cabanon où s’est improvisée une kitchenette. Frigo adjacent à deux sièges de camping à droite, et un meuble de cuisine à gauche d’où trône un réchaud. Strict minimum ; c’était à s’y attendre du rital. Et sans même l’approbation de sa benjamine, ses pas avalent déjà la distance jusqu’au réfrigérateur.
« Blonde ou brune ? »
Histoire de savoir à quelle dose d’alcool se mesure son mal.
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Re: daddy issue. (fb) (dalia)
Dim 30 Jan 2022 - 12:37
(tenue) Elle le dévorait des yeux, impuissante, implorante, impressionnée. L'Ausonien accepta la requête mystérieuse, sans assaillir de questions la vulnérable Helvète. Elle savait qu'il serait aussi peu bavard qu'à l'accoutumée et son silence lui faisait du bien. Les mots s'agglutinaient dans son esprit à elle, torturés, inquiets, mais elle avait besoin d'un peu de temps pour les libérer. Être sûre qu'il l'accueillait, toujours, peu importe la raison. Qu'il soit toujours là, malgré tout. Una birra, prima. La trivialité du détail réchauffa légèrement le coeur fébrile de la jeune sorcière. Un brin de normalité alors que tout était effondré autour d'elle.
Le pas lourd de ses soucis uniques, la ténébreuse encore plus pâle qu'à l'ordinaire suivit le géant jusqu'au coin cuisine, sommaire, simpliste. Tout reflétait le côté brut de son cousin, ce côté ursidé qu'elle aimait tant, loin du carcan luxueux de leur clan. Chiara o bitter ? A vérité, elle n'avait envie de rien. Juste de déposer son fardeau et de s'assoupir dans un endroit rassurant. Mais elle appréciait cet effort de banalité de Darius, aussi répondit-elle machinalement. Bitter. Toujours.
Alors qu'il lui tendait la bière, elle restait là, perchée sur ses talons, les paumes à demi dévorées par les manches de son pull en guise de protection. Elle porta le breuvage à ses lèvres asséchées d'avoir pleuré et le goût familier de la boisson brune raviva suffisamment sa langue pour qu'elle ne se délie. Qualcosa è successo. Regard fuyant, aveu évident. Avant que son aîné ne s'imagine les pires horreurs, elle ajouta, en abaissant les yeux. Per davvero, qualcosa è successo ventiquattro anni fa. Soupir. Il fallait encore révéler le secret, s'exposer une fois de plus au déni, au scandale, à l'opprobre. Aaron non è mio padre. Ho trovato chi è. Cette fois-ci, pas de défi dans le regard qu'elle releva sur Darius. De la lassitude, et une demande : crois-moi.
Le pas lourd de ses soucis uniques, la ténébreuse encore plus pâle qu'à l'ordinaire suivit le géant jusqu'au coin cuisine, sommaire, simpliste. Tout reflétait le côté brut de son cousin, ce côté ursidé qu'elle aimait tant, loin du carcan luxueux de leur clan. Chiara o bitter ? A vérité, elle n'avait envie de rien. Juste de déposer son fardeau et de s'assoupir dans un endroit rassurant. Mais elle appréciait cet effort de banalité de Darius, aussi répondit-elle machinalement. Bitter. Toujours.
Alors qu'il lui tendait la bière, elle restait là, perchée sur ses talons, les paumes à demi dévorées par les manches de son pull en guise de protection. Elle porta le breuvage à ses lèvres asséchées d'avoir pleuré et le goût familier de la boisson brune raviva suffisamment sa langue pour qu'elle ne se délie. Qualcosa è successo. Regard fuyant, aveu évident. Avant que son aîné ne s'imagine les pires horreurs, elle ajouta, en abaissant les yeux. Per davvero, qualcosa è successo ventiquattro anni fa. Soupir. Il fallait encore révéler le secret, s'exposer une fois de plus au déni, au scandale, à l'opprobre. Aaron non è mio padre. Ho trovato chi è. Cette fois-ci, pas de défi dans le regard qu'elle releva sur Darius. De la lassitude, et une demande : crois-moi.
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Re: daddy issue. (fb) (dalia)
Dim 22 Mai 2022 - 13:05
| | daddy issue ; |
☩ Brune. Les paupières s’affaissent sur les orbes mordorés, et le menton hoche. Machinalement, il devine un revers familial, ayant mené sa cadette à lui. Toutefois il calque, à tort, les maux d’aujourd’hui à ceux des précédentes rixes entre le clan Ballarini et son vilain petit canard. Les méninges du motard ressassent les discours déjà bien mâchés qu’il réitèrera à sa cadette : fais de ta vie la tienne, en imposant tes choix par indifférence vis-à-vis de ceux des autres. L’explosive helvète pêche à vouloir trop plier ses pairs à ses désirs instantanément. Un réflexe qui s’explique par ce passé de perpétuelle incomprise. Il comprend, et lui témoigne toute sa compassion. Mais maintenant, elle est assez adulte pour ignorer les frustrations d’antan, afin de ne pas en paver son avenir.
Ce discours se brode instantanément sur sa langue, bien que se délie aussitôt qu’à la bière offerte, il voit s’enfuir le regard de sa benjamine, d’ordinaire trop franc. Ça ne sonne pas comme ses démons usuels, ça. Il n’en dévisse pas alors ses prunelles d’elle. Patient. A l’écoute. Glanant une gorgée de sa propre bière pour ne pas la presser inutilement. C’est comme avec les animaux sauvages : il faut se porter attentif, tout en agissant avec indifférence pour ne pas les urger.
Dans un premier temps, elle date l’origine de son mal. Ventiquattro anni. L’esprit sarde ne percute pas assez vivement pour autant, à contrario de la gifle que lui provoque l’annonce qui s’ensuit. Le voilà bien bête à avoir cru en faute des ambitions de famille inadéquats avec sa cadette. La faute, la vraie, c’est celle de la moitié de son sang.
Il s’avouera plus tard bien honteux de sa réaction. Clairement surpris, l’émotion colle à des yeux qui ne la laisseraient d’ordinaire jamais paraitre. Il lie toute son attention à la fine silhouette qui lui fait face et le supplie. Et malgré lui, un masque dépourvu d’aménité ou compassion l’accueille. Le voilà bien sérieux, ce cousin qui, en la seconde, a calculé le poids de ce qu’elle avance. Il le sent venir, ce tsunami et ses déferlantes aux accents ritals. Il en est d’avance ennuyé.
« En es-tu certaine ? »
Il la défie de rif. Ne remets pas la réputation de ta mère en cause pour un rien. Ne détruit pas potentiellement sa situation, celles de tes sœurs et la tienne sans preuve. L’ausonien parait dur, mais il a science d’ô combien l’image de leur clan pourra en pâtir -et du monde que cela blessera. Au fond de lui, il craint également qu’on accuse Dalia de sa différence, et explique sa prétendue anormalité de cette manière. Oui, il pense trop avec raison et le sait, mais il ne se défait guère de son appréhension : qu’elle ait tenté de gérer la nouvelle par elle-même en confrontant sa mère. Certes ce serait la réaction logique d’un enfant trahi. Mais justement, cette crise –s’il y a- ne doit pas être gérer par une enfant ; et c’est malheureusement ainsi qu’il la voit.
Ce discours se brode instantanément sur sa langue, bien que se délie aussitôt qu’à la bière offerte, il voit s’enfuir le regard de sa benjamine, d’ordinaire trop franc. Ça ne sonne pas comme ses démons usuels, ça. Il n’en dévisse pas alors ses prunelles d’elle. Patient. A l’écoute. Glanant une gorgée de sa propre bière pour ne pas la presser inutilement. C’est comme avec les animaux sauvages : il faut se porter attentif, tout en agissant avec indifférence pour ne pas les urger.
Dans un premier temps, elle date l’origine de son mal. Ventiquattro anni. L’esprit sarde ne percute pas assez vivement pour autant, à contrario de la gifle que lui provoque l’annonce qui s’ensuit. Le voilà bien bête à avoir cru en faute des ambitions de famille inadéquats avec sa cadette. La faute, la vraie, c’est celle de la moitié de son sang.
Il s’avouera plus tard bien honteux de sa réaction. Clairement surpris, l’émotion colle à des yeux qui ne la laisseraient d’ordinaire jamais paraitre. Il lie toute son attention à la fine silhouette qui lui fait face et le supplie. Et malgré lui, un masque dépourvu d’aménité ou compassion l’accueille. Le voilà bien sérieux, ce cousin qui, en la seconde, a calculé le poids de ce qu’elle avance. Il le sent venir, ce tsunami et ses déferlantes aux accents ritals. Il en est d’avance ennuyé.
« En es-tu certaine ? »
Il la défie de rif. Ne remets pas la réputation de ta mère en cause pour un rien. Ne détruit pas potentiellement sa situation, celles de tes sœurs et la tienne sans preuve. L’ausonien parait dur, mais il a science d’ô combien l’image de leur clan pourra en pâtir -et du monde que cela blessera. Au fond de lui, il craint également qu’on accuse Dalia de sa différence, et explique sa prétendue anormalité de cette manière. Oui, il pense trop avec raison et le sait, mais il ne se défait guère de son appréhension : qu’elle ait tenté de gérer la nouvelle par elle-même en confrontant sa mère. Certes ce serait la réaction logique d’un enfant trahi. Mais justement, cette crise –s’il y a- ne doit pas être gérer par une enfant ; et c’est malheureusement ainsi qu’il la voit.
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