Il était une fois... Une formulation que l'on connait bien pour raconter ces histoires pour enfants, conte de notre jeunesse qui berçait nos soirées, avec un happy ending pour les clôturer. Prise dans son ensemble, la vie que fut celle de Jolan Wauters le fut, bien qu'à l'instar de n'importe quel conte, tout ne se passa pas toujours bien.

Le premier de ses malheurs fut la mort de sa mère des suite d'une maladie. L'enfant n'avait que cinq ans à cette époque, mais à cet âge, votre esprit se forge déjà ses premiers souvenirs. Il n'est donc pas étonnant que parfois, l'homme qu'il est devenu se remémore encore -avec de plus en plus de difficulté alors que le temps passe- le visage de sa mère. Son père a toujours été absent de sa vie par contre, ayant décidé de quitter le navire avant la naissance de son fils. Pourtant, il a bien existé. Une autre histoire raconte qu'il a eu d'autres enfants, mais jamais il n'a cherché à connaitre celui qui avait du sang Cheyenne.

Quand le drame sonna, tout le monde se demanda ce qu'il allait advenir de l'enfant. Fallait-il le laisser vivre parmi ceux qui était jadis la nation de ces ancêtres ? Fallait il l'envoyer dans un orphelinat avec d'autres de son âge ? Fallait-il ... Arrêtons les suppositions, vous voulez bien. Parce que s'il n'avait jamais eu de père, Jolan n'en avait pas moins eu une mère qui, sachant qu'elle allait mourir, avait pris les dispositions nécessaires au devenir de son fils. Quand au pourquoi ne pas l'avoir renvoyé chez les siens ? Parce qu'en réalité, sa place n'aurait pas été plus là-bas qu'ailleurs. La Northern Cheyenne Réserve avait certes était le lieu de naissance de Chilali, la mère de Jolan, mais elle avait elle-même quitté la communauté à l'époque de son entrée à Ilvermorny. Alors si elle avait éduqué son fils en lui enseignant ses origines, d'où il venait, la Cheyenne avait pris soin de penser à l'avenir de son enfant. Et c'est ainsi que rapidement -le temps de signer les derniers papiers et de remplir quelques formalités administratives- c'est un couple d'amis de Chilali qui adopta son fils.

Vous trouvez cela étrange ? Peut-être avez-vous raison. Mais pour Chilali, personne n'était plus indiqué que ce couple d'amis pour élever son fils et lui offrir non pas une chance mais la chance de grandir heureux et en sécurité. Les Wauters étaient eux aussi ravis de cette adoption, ayant déjà un enfant à eux mais ne pouvant pas prétendre en avoir plus pour des raisons qui ne regardaient qu'eux. Et elle n'avait pas tord. Ce foyer fut rapidement une réelle nouvelle famille pour le jeune garçon, qui trouva rapidement une place autant au sein de la sphère familiale que dans ses extensions, que ce soit grand-parents, oncles, tantes, cousins et cousines.

Tout fini bien dans le meilleur des mondes diriez-vous ? Non, pas encore. Parce qu'un bonheur n'arrive jamais seul et toujours après un malheur, la vie du jeune et nouveau Wauters ne pouvait pas en être exempt. Et le malheur s'abattit cette fois sur l'une de ses cousines. Pouvait-il comprendre alors ? Oui, bien sur, car il était cette fois un peu plus âgé. Oui, car il avait déjà vu cette expression de terreur qui s'était dessiné sur le visage de leurs parents, à eux et à Ymkje alors que, déposant les enfants chez les grands-parents De Booij, les adultes se rendaient ensemble à l'hôpital en urgence. Assis sur le péron ce soir là, au coté de sa cousine, Jolan priait, suppliait le Grand Esprit et ses ancêtres de laisser Elsje vivre, se remettre. Qu'importe ce que ça lui coute, il était prêt à tout donner pour que la joie ne quitte pas leur famille. L'ont-ils entendu ? Si vous le croyez c'est que vous croyez aux esprits, mais seul compte le résultat non ? Et ce résultat fut qu'Elsje s'en sortit vivante, mais pas indemne. A jamais frappé de surdité, elle n'en trouverait pas moins la volonté de chacun de s'adapter à son mal, Jolan compris, apprenant la langue des signes en sa compagnie pour l'aider dans sa rémission.

Voila ce qu'ils étaient tous : unis et soudés. Une famille. Une famille que la souffrance n'avait pas encore décidé de laisser. Car comme dit le proverbe : "jamais deux sans trois". Et le destin, le karma ou simplement la vie peut être une chienne parfois, et d'autres fois un véritable loup. Il ne put rien faire, alors qu'âgé de 7 ans à peine, la route du petit cheyenne croisa celle de ce monstre enragé une nuit de pleine lune. L'animal mordit sa chair, plantant ses crocs à hauteur de sa hanche droite, lacérant sa peau et créant une plaie profonde au jeune garçon. Ce n'est que l'arrivée de ses parents qui permit de mettre en fuite l'animal, mais le mal était fait. Et qu'importe les soins qui pouvaient être pratiqués, qu'importe que les urgences magiques puissent refermer la plaie au moyen d'une poudre d'argent et de dictame, le futur de Jolan était créé. Ce soir là, la nuit du 3 mars 2007, Akhela naquit.

Akhela. C'est ainsi que les enfants le nommèrent avec le temps. Car c'était plus facile d'en parler ainsi. Et foi d'Albert De Booij, il fut clairement plus compliqué d'expliquer à Ymkje qu'elle ne pouvait pas s'enfermer avec son cousin les soirs de pleine lune pour sa sécurité que de lui faire accepter l'idée d'apprendre une nouvelle langue pour parler à sa soeur ainée. Pouvait-on lui en vouloir, à la blonde ? Les deux enfants ayant pour ainsi dire le même âge, ils s'étaient toujours bien entendu. Alors dans son esprit, il était clair que son cousin, même adopté, ne pouvait représenter aucun danger. Mais aucun adulte n'aurait pu le cautionner. Trop de questions, trop d'incertitudes possibles, trop de... Et si la potion Tue-Loup ne faisait pas son effet cette fois-la ? Et si Jolan perdait le controle ? Et si... Bref, ne rêvez pas, car quand Ymkje De Booij dit qu'elle sera là, elle finit par y être. Et grâce au ciel et au napel, elle ne risqua rien le soir où on la retrouva, la tête d'Akela posée sur ses genoux. Enfin rien de la part du loup, ses parents ça, ce fut une toute autre histoire.

Dompter le loup était impossible, tout le monde le savait ou en tout cas les adultes, mais s'il est une chose que Jolan comprit rapidement, c'est qu'il avait le choix : être rigoureux et préserver les siens un maximum de cette malédiction qui pesait maintenant sur ses épaules ou oublier de prendre sa potion et prendre des risques. Et face à la douleur que pouvait provoquer ses transformations mensuelles, douleurs qui au final étaient probablement LA raison principale d'une certaine cousine à ne pas aimer le laisser seul ces soirs là, il était raisonnable. Et la potion, à force, lui fit prendre le loup en pitié presque. Sachant qu'il ne pourrait jamais se séparer de cette presque deuxième âme présente dans son corps, Jolan cherchait plus à accepter son sort. C'était peut-être injuste, mais il reconnaissait que c'était ainsi et vivrait avec autant que possible.

C'est cette même rigueur, ainsi que le fait qu'il soit déjà déclaré comme Loup-garou au ministère qui fut déterminante pour son entrée à Beaubatons. Ca et les engagements qu'il prit de continuer de prendre sa potion rigoureusement, de s'enfermer chaque soir de pleine lune, afin de protéger les autres élèves. En échange, le corps professoral garderait le secret sur sa condition, lui donnant ainsi une chance d'avoir la vie la plus normale possible, et pour les Wauters qui se souvenaient de leur promesse à Chilali, c'était déjà beaucoup. Mais en troisième année, un souci commença à apparaitre. Lors de certaine pleine lune, la sensation sembla différente. C'était comme si Akhela prenait de la force, grandissait et que le Tue-loup ne faisait plus entièrement son effet. Cela se produisit pendant deux mois, et au troisième, le corps professoral se rendit à l'évidence : la potion ne faisait peut-être plus autant effet. Se retirant de l'école pour des raisons de maladie, une nouvelle quête commença alors pour l'adolescent : comprendre ce qui pouvait lui arriver. Des recherches qui l'emmenèrent dans quelques pays, principalement en Europe et dans le nord de l'Asie en quête de savoir. Bien sur, ces voyages étaient encadrés, mais le jeune garçon gagna durant cette période une autonomie qui lui servirait toute sa vie. Et entre chaque voyage, il revenait chez lui, auprès des siens. Et finalement, au bout de sept mois, il semble qu'Akela reperdait de la force, que l'adolescent reprenait le contrôle. Etait-ce ce nouveau dosage ? Etait-ce une crise de puberté du Loup ? Mais l'année était perdue d'un point de vue scolaire, et il faudrait la rattraper.

Le reste de sa scolarité se passa bien, sans réelles anicroches. Même si, sur le plan sentimental, l'adolescent fut à force de relations courtes étiqueté de garçon qui joue avec les sentiments des filles. Mais qui pouvait-il réellement ? Témoin lorsque l'une de ces fameuses jeunes femmes l'invita à une soirée chez ses parents malheureusement la mauvaise semaine. Lorsque l'ultimatum claqua, la miss déclarant avec assurance qu'il venait ou bien que c'était fini entre eux, le lycan déclara : "Content d'avoir passé du temps avec toi. Je t'aimais bien. Allé salut". Pourtant, une part de lui était triste de ce genre de finalité, mais accepter cette réputation faisait partie du jeu : mieux valait celle-là que de clamer son appartenance à la caste des Loup-garou.

Finalement, l'heure vint, au terme de sa septième année, de faire un dernier choix : tenter d'intégrer Hungcalf ou non ? Et devant le formulaire d'admission, Jolan restait perplexe. Etait-ce une bonne idée ? Il savait qu'il avait un bon dossier, de bonnes notes malgré ses absences cycliques. Il savait qu'il serait capable de s'investir, quant à L'envie... L'envie était présente, tant il souhaitait devenir un jour fabricant de baguette, mais si ce qui s'était passé en 3e année se reproduisait, que ferait-il ? Peut-être n'aurait-il pas du laisser le formulaire trainer sur le bureau de sa chambre, car quelques jours plus tard, la réponse à son inscription arriva par hibou. "T'hésites trop. Si moi j'y vais, tu viens. Ca va être trop bien !" Voila en substance comment elle se justifia, cette tornade blonde qui au terme d'une année sabbatique à barouder à travers le monde avait fini par envoyer leur demande ensemble. Mais comment aurait-il pu lui en vouloir ? Jamais il ne lui en voudrait, parce qu'au fond, il était heureux de ne plus avoir à se poser la question. Et après un entretien avec le doyen, qui n'hésita pas à lui expliquer les règles strictes d'hungcalf concernant les loup-garous, Jolan intégra les Pokeby.

Hungcalf était une chance et une opportunité, Jolan le savait parfaitement. Surtout au vu de sa condition. Alors, le Cheyenne se jura d'en profiter un maximum. Filles, Quidditch, soirées, ... sa réputation ne tarda pas à être faite, surtout grace au Chineur de l'établissement. Mais qu'importe. Il était clair pour le Cheyenne qu'il valait mieux ça à la réalité de sa condition. Et quand vous avez la réputation d'être un fétard doublé d'un dragueur, c'est quand même plus facile de pretexter la gueule de bois ou le reveil en galante compagnie qu'une nuit passée à hurler à la Lune.

Le problème restait l'attachement. Jolan n'avait beau en vouloir aucun, il tomba quand même réellement amoureux. Grace De Launay, jumelle du petit ami de Ymkje, coloc et semi Vélane. Pensez-vous que ça l'a arrété ? Pas du tout. Sauf que depuis longtemps, la drague était devenu une forme de vie pour le Wauters, et qu'à son habitude, il n'hésitait pas à draguer plusieurs filles en même temps. C'est que la galanterie, ça s'applique avec toutes les femmes.  Et c'est sur que le timing du "on teste avec Grace" et "on couche avec sa best friend", c'était clairement pas la plus grande réussite du Wauters. Pourtant, encore aujourd'hui, Jolan ne regrette rien. Surtout pas cette nuit ou cet écart.

La relation avec Grace fut compliquée. La De Launay semblait accusé sa condition de Semi Velane, quand Jolan lui reprochait surtout de ne pas assumer de sortir avec un sang mêlé, chose que ses parents ne pouvaient visiblement pas accepter. Et puisqu'aucun des deux ne semblaient vouloir faire de concession, le couple devenu toxique se sépara alors que des rumeurs grandissaient sur des attaques de Loup Garou. Attaques qui inquiétèrent le jeune homme, car à nouveau, la potion Tue Loup semblait ne plus faire correctement effet. Et pire que tout, le potioniste qui lui fournissait sa potion, légèrement modifiée, venait de mourir.

Rencontrant alors le doyen, et se sachant surveillé de près par la brigade de régularisation, Jolan pris la décision d'arrêter son cursus à hungcalf pour partir, entreprendre un nouveau voyage pour tenter de comprendre, de retrouver un potioniste capable de lui concocter une potion capable de calmer son propre démon. Un voyage qui s'avéra cependant plus compliqué que le premier, tant il voulu cette fois laissé les siens en dehors de tout ça, ne pas demander plus au Wauters qui lui avait déjà tant donné. Il les laissa dans l'ignorance, sauf peut être Ymkje, qui l'avait toujours mieux compris que les autres. Mais seul, il n'était au fond pas grand chose. Rien même. Et la réalité de sa condition le rattrapa bien vite, quand Akhela emporta dans sa rage de nouvelles belles rencontres, réveillant avec férocité l'enfant que l'Amérindien n'avait pas pu être, le terrifiant des conséquences.

Pourquoi combattre ? Pourquoi chercher à le contraindre ? Pourquoi s'empoisonner au fond ? A quoi bon, si le résultat devait être celui-là ? Le Cheyenne finit par abandonner. Au diable la potion, au diable les principes et au diable tout le reste. Finalement, il était devenu ce que lui-même avait reproché à Grace : quelqu'un qui n'acceptait pas ce qu'il était. Et il revint dans cette idée, là où il n'avait pas encore pu profiter pleinement de ce que la ville avait à lui offrir : Inverness. Revenu, sans penser qu'elle serait là. Sans penser qu'elle lui donnerait une nouvelle fois une raison de flancher, de se battre encore pour récupérer le controle. Parce que c'est ça aussi la magie de ce lieu non ? Rassembler des personnes et laisser ensuite faire le destin.