Morphée ne semble pas vouloir d'elle ce soir. La cause aux ronflements de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qu'elle entend, malgré la porte fermée entre sa chambre et le salon où le Cheyenne a prit ses quartiers depuis quelques jours ? Non, en réalité, si au début de leur cohabitation il lui arrivait de quitter ses draps pour secouer son ami et le supplier de penser à prendre sa potion décongestionnante avant d'aller dormir, elle avait finit par se faire à ses ronflements... Une fois, malgré tout, elle lui avait bouché le nez pour y mettre la potion directement. Il avait pas apprécié. Pas du tout.

Elle soupire, se redresse et cherche à tâton sa baguette magique avant de se rappeler qu'elle n'en a plus besoin pour allumer la lumière tant elle a progressé en manumagie. D'un geste, elle allume les quelques bougies qui sont disposées dans la chambre. Quitte à ne pas dormir, autant faire quelque-chose de productif. Ou d'essayer du moins.

Sur la pointe des pieds, elle se lève et attrape un peignoir de soie d'Aragne noire qu'elle enfile par dessus son débardeur et son short de pyjama. Elle baille, amusante ironie. Elle quitte sa chambre et sans bruit se dirige vers la cuisine pour se faire une infusion. Peut être qu'un peu de verveine et un livre de botanique ennuyeux emprunté à [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] l'aiderait à trouver le sommeil.

Elle n'a pas encore retrouvé le chemin de sa chambre qu'elle entend toquer. Elle pense à une blague de Jolan du genre "toc toc toc" mais un coup d'oeil dans le salon et elle le voit grogner dans son sommeil et se retourner. Resserant son peignoir autour d'elle, la blondinette se dirige vers la porte et active sa capacité magique à la rendre transparente telle un miroir sans teint pour verifier qui est derrière sans que la personne ne le sache. Sur le coup, elle a l'impression que le manque de sommeil lui joue des tours mais elle finit par ouvrir la porte et chuchote :

- Elio ? Qu'est ce que tu fais là ?

Comme dans tous métiers il y a des journées plus dures que d'autres. Mais être médicomage c'est être responsable de la vie des autres. Le but n'est pas seulement de réparer, de prendre soins, c'est surtout sauver des vies, d'autant plus aux urgences.
La garde du Dr Cooper se déroulait bien. Jusqu'à ce que une femme arrive brûlée au 3eme degré au niveau du torse, des jambes et de ses mains, vers 20h du soir.
Que s'était-il donc passé ? A priori une histoire de chaudron avec liquide bouillant.
Elio n'était pas là pour questionner sur les circonstances de ses blessures. Ce n'était pas son métier. Avec deux internes et trois infirmiers, ils prirent en charge cette jeune femme qui était inconsciente tellement la douleur était insupportable.
Ils firent tout ce qu'ils pouvaient et s'affairèrent autour d'elle, sous les instructions du médicomage résident.
21h43, heure du décès. A vouloir se battre contre la Mort, quelques fois elle gagne et il faut s'avouer vaincu. Et cela secoue toujours le personnel de santé.
Elio prit sur lui, et rassura son équipe. Ils avaient fait de leur mieux. Il garda la tête froide pour annoncer la terrible nouvelle au conjoint de la jeune femme. Douleur qu'il comprenait pour l'avoir lui même vécu.

C'était la fin de son service...Il prit encore le temps avec une interne de deuxième année qui venait de vivre la première mort d'un patient. Pour Elio ce n'était pas sa première fois, mais cela restait toujours une épreuve.

En sortant de l'hôpital, il se sentit mal. Il repassait le déroulement dans sa tête, encore et encore. Est-ce qu'ils étaient passé à côté de quelque chose ? Pourtant, il savait qu'ils avaient suivi les procédures.

L'appel de la bouteille était là. Il était minuit et n'était pas encore trop tard pour aller dans un bar. Il n'avait aucune envie de se retrouver seul chez lui. De toute façon [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] était passé pour vider toutes les bouteilles...
Il marcha un moment dans les rues d'Inverness, dans le calme de la nuit. Ses pas le menèrent pas très loin de l'appartement de Juliet.
Il hésita un instant. Il avait besoin d'elle, en cet instant.
Il se retrouva devant sa porte et toqua. C'était trop tard maintenant. Et puis, si elle ne répondait pas, il pouvait toujours aller boire un verre.
Étrangement, elle ouvrit rapidement et n'avait pas sa jolie tête ensommeillée. Il en déduit qu'il ne l'avait pas reveillé. C'était déjà ça.
Maintenant qu'il se trouvait devant elle,il se sentit bête.

"Juliet, excuse moi de te déranger."

La chose était encore plus délicate après ce qu'il s'était passé à la fête foraine. Il avait été vraiment odieux avec elle et s'en voulait grandement.

"J'ai...j'ai perdu une patiente."

La mine grave, il savait qu'elle comprendrait. Il aurait pu embêter son cousin mais il ne pouvait exactement comprendre ce que ressentais a ce moment là le médicomage. Et il fallait bien avouer que la Blackthorn lui manquait.

C’était étrange de voir Elio ici… Même quand ils étaient ensemble, il ne venait jamais. Il faut dire qu’il était le supérieur de plusieurs internes qui vivaient en colocation sous ce toit et qu’il aurait été gênant qu’ils se fassent surprendre. Encore plus depuis qu’ils avaient rompu officiellement. Puis officieusement. Il était venu une fois, après leur escapade en Italie. Ca avait suffit pour que l’une de ses amies lui fasse la morale… A croire que la discretion n’avait jamais été leur fort.

Elle hésite à peine une seconde la Blackthorn. Elle sait bien qu’ils ne doivent plus se voir mais il lui suffit de voir le visage de son ancien amoureux pour se rendre compte qu’il ne va pas bien. Voir pas bien du tout. Elle savait très bien que si elle l’ignorait, c’est à la porte d’un bar qu’il irait frapper. Elle ne voulait pas de ça. Alors elle souffle doucement, comme pour se donner du courage. Et elle ouvre.

Elle n’a pas oublié les échanges lors de la fête foraine, mais elle l’a déjà pardonné. Elle a mit les mots violents et les provocations sur le compte de l’alcool ingurgité. Là, elle voit bien qu’il est sobre, enfin elle l’entend alors qu’il s’excuse. Elle lui offre un doux sourire qui s’efface alors qu’il explique pourquoi il est venu.

- Rentre, je t’en prie.

La voix de la Blackthorn est compréhensive alors qu’elle s’écarte pour laisser passer Elio. Elle a complètement oublié le Cheyenne, allongé a quelques pas de là dans le canapé dans son dos. Elle aurait eut envie d’entourer le cou d’Elio de ses bras mais elle préfère éviter tout contact pour ne pas rendre les choses plus difficile.

- J’étais entrain de me faire…

La bouilloire siffle et d’un geste de la main, la Blackthorn éteint le feu qui réchauffait l’eau. Le bruit fait grommeler quelques mots incompréhensibles à [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] mais il ne se reveille pas.

- Je te sers une tasse et tu me racontes ta garde dans ma chambre ?

Il ne fallut pas longtemps à la Blackthorn pour laisser entrer son ex amoureux. Il en fut soulagé. Au moins, il n'aurait pas à se pencher vers l'alcool, bien qu'il en avait grandement envie. Mais il ne se faisait pas d'illusion. Jamais elle ne lui proposerait un verre.
Il ne vit pas de suite la masse qui était couché sur le canapé, ses yeux devant s'habituer à la pénombre. Seule une petit lumière était allumée dans la cuisine et à priori Juliet était en train de se préparer une eau chaude.
Il la suivit et la bouilloire se mit à siffler. Aussitôt, des grognements se firent entendre.
Elle lui proposa une tasse et d'aller dans sa chambre. Il hocha automatiquement la tête, tout en inspectant le salon. Il y avait bien quelqu'un sur le canapé.

-Tu n'es pas seule ?

Elle était en peignoire, il y avait un homme sur le canapé, elle ne dormait pas...Il y avait de quoi se faire des films. Mais qui était cet inconnu ?
Remarque, est ce qu'elle l'aurait laissé entrer si elle était en bonne compagnie ? Et si c'était un prétendant, ne devrait-il pas se trouver dans son lit ?

-Je suis désolé si je dérange.

Il lui tardait d'aller dans la chambre de la jeune femme maintenant car il n'était clairement pas à l'aise. Il n'avait pas envie de croiser cet homme. Il voulait simplement être tranquille avec Juliet.

Il est vrai qu’elle avait rapidement cédé. Avait elle seulement essayé de lutter ? Aurait elle pu refuser l’entrée de son appartement à n’importe qui étant venu avec la même raison ? C’était fort peu probable en réalité. Si c’était [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui avait débarqué, elle lui aurait proposé un shot de tequila et une place sous sa couette, même. Elle était comme ça Juliet, elle ne pouvait pas refuser d’aider son prochain quand elle le pouvait. Et s’agissant d’Elio, elle le pouvait encore moins.

Elle ne pu s’empêcher de grimacer alors que [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] se manifestait bien malgré lui et évidemment il ne fut pas assez discret pour que le Cooper puisse l’ignorer. Il n’attendit d’ailleurs pas bien longtemps pour lui demander de confirmer qu’elle n’était pas seule et s’excuser de la déranger dans la foulée. Elle aurait préféré éviter cette discussion mais pour maintenant…

- Non..non..

Elle marque une pause hésitante avant de continuer :

- Jolan vit ici depuis quelques jours… Longue histoire…

Qu’elle ne pouvait évidemment pas raconter. Détournant les yeux pour ne pas affronter le regard d’Elio, elle en profite pour servir deux tasses de tisane fumante puis en tendre une à Elio avant de se diriger vers sa chambre. Elle s’installe sur le bord du lit, une jambe repliée, un pied sous ses fesses et laisse à son ancien amoureux le temps de prendre place, posant sur lui un regard attentif, lui laissant le temps de démarrer son histoire. Celle pour laquelle il était venu.

Il lui semblait que Juliet ne soit pas très à l'aise même si elle affirmait qu'il ne le dérangeait pas. Et pour cause...C'était Jolan sur le canapé. Ce Jolan avec qui il avait travaillé un temps mais surtout qui avait couché une fois avec Juliet. Ce Jolan qui l'avait rendu enceinte (comment ça il y a un doute avec un autre homme ? Il a occulté cette partie là). Et s'en était suivi la fausse couche. Le pire dans tout ça, c'est qu'il n'avait pas été présent lorsqu'elle avait vécu ce traumatisme. Alors savoir Jolan ici, chez elle, cela fait remonter de mauvais souvenirs. Et il faut aussi avouer qu'une bouffée de jalousie l'envahit.
Pourquoi était-il présent ? En plus depuis quelques jours ! Et qu'allaient penser ses parents hein ? Le sang du Wauters n'était pas plus pur que celui du Cooper. Dire que lui était très peu venu ici pour garder leur relation secrète et Jolan pouvait rester plusieurs jours ?!

Il suivit Juliet sans dire un mot jusque dans sa chambre. Au moins, elle ne la partageait pas avec le Wauters. Il se rassurait comme il pouvait.
Mais après tout, ce n'était pas ses oignons. Elle avait bien le droit d'inviter qui elle voulait chez elle. Seulement, la pillule avait du mal à passer et il n'y pouvait rien.

La douce Blackthorn s'assit sur le rebord de son lit et il en fit de même tout en gardant ses distances.
Elle attendait sûrement qu'il lui raconte ce qu'il s'était passé. Et il se sentait bien bête d'être venu. Finalement, la bouteille aurait été une meilleure option.
Mais il était là maintenant et ils n'allaient se regarder dans le blanc des yeux.
Alors il lui raconta en détail les symptômes de la patiente, les choix qu'il avait fait, la gestion de son équipe, le tout dans l'ordre chronologique. Cela lui permettait ainsi, encore une fois, de vérifier s'il n'avait rien oublié.

"Mais elle est décédée."

D'une personne avec une âme, il ne restait plus qu'un corps sans vie.
Il souffle car il sent l'émotion de stoquer dans sa gorge.

"Cela a ébranlé Cathy, une interne de première année. C'etait sa première fois. Je l'ai rassuré et lui ai dit qu'avec le temps et l'expérience cela devenait de moins en moins douloureux."

Un sourire un coin légèrement sarcastique se dressa sur son visage.

"Mais c'est un mensonge..."

Il boit une gorgée de la tisane chaude pour se redonner contenance. Il avait besoin de partager cela avec une personne qui le comprenne mais il ne voulait pas non plus s'effondrer.

Elle n’avait pas accepté d’héberger [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] . Elle lui avait proposé. Elle avait été tellement inquiète à l’idée qu’il reparte et qu’il se fasse rattraper par ses ennuis. Ou pire… qu’il s’en attire d’autres. L’avoir à l’appartement lui donnait l’impression de contrôler, un peu, la situation. Il n’était pas sorti depuis des jours, comme un animal traqué qui se cachait… Allait se poser la question de la pleine lune bientôt d’ailleurs…

Ceci étant, elle n’avait absolument pas pensé que Elio puisse avoir connaissance de cet état de … colocation ? Même elle ne savait trop définir leur relation. Depuis qu’elle avait avoué à [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qu’elle ignorait ce qu’elle ressentait pour le Wauters, la douce Blackthorn avait fait en sorte de renforcer le cadre de leur relation pour être sure de ne pas en dépasser sans excellente raison. Au point d’être devenue rigide, presque distante avec l’Amérindien.

Elle voit bien qu’il se passe quelque-chose dans l’esprit du Cooper alors qu’il détourne les yeux du lycan endormit. Elle se retient de l’interroger, sachant pertinemment que la réponse serait délicate pour l’un comme pour l’autre. Une fois dans la chambre, elle referme la porte sur eux et s’installe pour écouter le récit de la garde du résident installé à distance raisonnable d’elle.

- Tu n’aurais rien pu faire. Vous n’auriez rien pu faire.

Elle l’affirme après avoir été particulièrement attentive à ce que lui narrait Elio, l’interrompant même pour obtenir quelques précisions parfois. Elle ne disait pas cela pour le consoler mais parce que c’était la vérité. Cette femme était condamnée avant même d’avoir passé les portes des urgences de Sainte Marie. C’était terrible, c’était rare, mais ça arrivait parfois. Même les meilleurs services de médicomagie étaient parfois impuissants face au destin.

Elle hoche doucement la tête en imaginait Elio dans son rôle de tuteur auprès de l’interne qui avait ainsi vécu sa première perte. Elle se souvenait très très bien de la sienne. Un vieux sorcier, d’un âge honorable, qui n’avait de cesse de répéter qu’il allait devenir grand père bientôt. Infarctus. Il n’aura jamais rencontré sa petite fille née quelques jours plus tard, à Sainte Marie même. Ce souvenir est douloureux mais rapidement c’est la détresse d’Elio qui prend le pas sur les émotions ressenties par la jeune femme. N’écoutant que son coeur, elle pose sa main sur celle d’Elio.

- Non, tu as raison. On finit par accepter qu’on ne peut pas sauver tout le monde. Mais parfois la réalité est plus dure que cette affirmation et on l’oublie un peu…

Juliet confirma ce qu'il pensait déjà. Ils n'auraient rien pu faire, la patiente était condamnée d'avance. Cela lui fit du bien d'entendre ces mots de la bouche de sa collègue, de ce petit bout de femme qui lui est si chère dans son coeur.
Il pouvait avoir de nouveau confiance en son propre jugement. Bien sûr, Juliet n'était pas encore meédicomage résidante mais elle était parfaitement compétente dans son domaine et était à même de comprendre tout le processus mit en place par le Dr Cooper.


Elio regarda la main de la summerbee se poser sur la sienne tout en l'écoutant. Il apprécia ce contact et espérait qu'elle le maintiendrait encore un petit moment.
Il se demandait encore s'il avait bien fait de venir. Juliet dans sa bonté lui avait ouvert sa porte mais était-ce une bonne idée ?

-"Oui et quand la réalité nous le rappelle, ça fait mal."

Plus ou moins en fonction des personnes, en fonction des humeurs, de l'état général etc...

"J'enchaîne les gardes en ce moment alors je dois être un peu plus fatigué. Cela m'atteint plus qu'habituellement."

Il se donne des excuses face à son comportement.
Il serait temps de changer de sujet mais de quoi pourraient-ils bien parler ? Leur relation était tellement compliqué et beaucoup de sujets étaient houleux, comme par exemple l'Amerindien qui dort sur le canapé chez elle.

"Et toi, comment cela se passe à l'hôpital ?"

Autant rester sur un sujet sans trop de polémique et qui les rassemble. Et cela l'intéressait réellement de savoir comment elle s'y sentait en ce moment.

Elle s’estimait chanceuse, Juliet. Depuis qu’elle était interne, elle n’avait perdu que très peu de patients. Et pour chacun d’entre eux, ils étaient arrivés en si mauvais état qu’elle avait pu deviner assez rapidement que, malheureusement, ils ne s’en sortiraient pas… La première fois avait été difficile mais elle avait su relativiser. Un vieil auror, à la retraite, qui avait donné sa vie pour sauver celle de quelqu’un d’autre. Une fin honorable pour un homme à l’aube du grand voyage… Les autres fois, elle n’avait même pas eut le temps de s’apitoyer sur ces décès parce que les urgences étaient trop remplies pour ralentir ne serait-ce qu’une seconde… Mais elle comprends Elio, elle peut bien imaginer ce qu’il ressent… Et compatir, c’était un de ses supers pouvoirs à la douce Blackthorn.

Alors elle compatis et naturellement, elle a posé sa main sur celles d’Elio. Comme elle aurait pu le faire à un ami. Sauf qu’Elio n’était pas un ami. Et elle n’avait pas besoin de ressentir la peau chaud du Cooper sous son épiderme pour se rappeler à quel point elle était amoureuse de lui… Elle fait mine de rester naturelle pourtant mais elle voit bien le regard de son ancien amoureux sur leurs mains et la retire, un peu trop vite d’ailleurs pour que ça semble naturel. Elle récupère sa tasse de tisane, posée sur le chevet, comme pour occuper ses mains.

- C’est normal, ça arrive de se laisser rattraper par ses émotions. On est soignants mais on reste humains.

Actuellement, la magie n’était pas assez perfectionnée pour que des Golem puissent soigner à la place des médicomages. Pas plus que les robots ne pouvaient soigner à la place des médecins moldus. Elle souffle sur sa boisson, laissant le temps à son interlocuteur de poser une question. Ils ne travaillaient plus ensemble désormais… Ils avaient des contre-postes et se croisaient à peine dans les couloirs de Sainte Marie alors qu’avant cela, il était un de ses résident de référence.

- Ca va bien mais je dois avouer tu me manques. Ma nouvelle résidente est désagréable au possible… Je pourrais même dire cruelle si elle n’était pas aussi adorable avec les patients. Mais avec nous elle est affreuse. Dès qu’il y a un furoncle, c’est moi qu’elle appelle. T’imagines ? Je pense qu’elle me hait mais je sais pas pourquoi.

La main qui était si agréable et la bienvenue s'en alla. Juliet préféra rompre le contact entre eux et Elio le comprenait. Elle prit sa tasse dans ses mains, certainement pour s'empêcher ce genre d'élan naturel qu'elle avait avec ses proches. Seulement voilà, Elio n'était plus considéré comme un proche, lui qui avait vécu une relation si intime avec elle. Encore une fois les choses étaient ce qu'elles étaient et il ne lui en voulait pas. Il lui était déjà bien reconnaissant qu'elle lui ait ouvert sa porte.
Les mots de l'étudiante étaient réconfortants et rappela au médicomage qu'ils n'étaient que des humains sous leurs blouses.
Elio décida de prendre des nouvelles de Juliet. Il ne savait plus comment se déroulait son internat, ayant fait en sorte de ne pas avoir les même gardes que la jeune femme.
Ce qu'elle lui annonça ne l'étonna guère. Il avait déjà vu cette collègue être sévère envers les internes.

"Ne le prends pas personnellement. J'ai l'impression qu'elle ait comme ça avec tout le monde."

Il y avait les résidants valorisant, réconfortant, qui promouvait le travail d'équipe comme Elio, et il y en avait d'autres qui poussaient à la compétition et testait continuellement les internes pour savoir jusqu'où ils tiendraient avant de craquer.

"Si un jour, on se retrouve ensemble de garde, si tu veux je pourrai prétexter que j'ai besoin de toi. Je sais bien que notre passif complique notre relation mais nous sommes tout de même capable d'être professionnels, du moins je le pense," dit-il avec un sourire réconfortant.

"En tout cas, si tu as besoin de moi professionnellement, n'hésites pas."

Il le lui avait déjà signalé dans sa lettre mais jusqu'ici il avait fait en sorte de ne pas la croiser dans les couloirs de Ste Marie. Peut-être serait-il temps de revoir ce positionnement ? Ce serait dommage que Juliet perde confiance en elle ou soit dégoûtée de son internat à cause de cette médicomage.

Le fait qu'elle mentionne qu'il lui manque, lui fit chaud au coeur. Il se doutait bien qu'elle parlait d'un point de vue professionnel mais est-ce que cela signifiait plus ?
Il n'osa pas lui dire à quel point elle lui manquait aussi...tous les jours.

"Juliet...je te dois des excuses."

Maintenant qu'il était face à elle, et qu'en plus elle avait été si gentille envers lui (comme à son habitude), son comportement de l'autre fois l'insupportait.

"Lors de la fête foraine, j'ai été odieux avec toi et tu ne mérites pas ça. Je te demande pardon. J'ai bien conscience de mes travers et je vais y remédier."

Cela reste à voir, mais là tout de suite, c'est ce dont il a envie au plus profond de lui.

"Je joue le goujat alors que tu ne fais que t'inquiéter pour ma santé."

Il voulait lui dire à quel point c'était dur mais comment le faire sans la faire culpabiliser ?

"Merci de rester celle que tu es."

De garder toutes ces qualités et qui font d'elle celle dont il est tombé amoureux.
Un instant son regard se plongea dans ces yeux bleus et il n'avait qu'une envie, c'était de l'embrasser.

Le conseil d’Elio rentre par une oreille et ressort par l’autre. Juliet ne peut vraiment pas s’empêcher de penser que cette femme a une dent contre elle. Elle avait parlé des furoncles à Elio, mais si elle voulait en rajouter une couche elle pouvait aussi parler des après-midi où elle convoquait tout les patients qui avaient besoin d’un touché rectal et que la douce Blackthorn était l’interne toute désignée…

Bref, Elio lui manquait. En tant que résident, à n’en point douter. Elle se languissait de ses briefs matinaux, elle se languissait de son sourire lorsqu’elle proposait une solution thérapeutique pertinente, elle se languissait de la douceur qu’il avait auprès de tout ceux qu’il soignait. Elio n’était pas seulement un bon résident, c’était aussi un excellent enseignant. Pas comme l’autre folle.

- Plus avec moi qu’avec mes co-internes, je t’assure. Cette fille est folle.

Elle est surprise de la proposition du Cooper. Il avait volontairement fait changer ses horaires pour ne plus avoir de gardes avec Juliet et le voila qui proposait de retravailler avec elle. Le coeur de Juliet se serra parce qu’elle savait que même si l’idée était séduisante, elle n’était pas bonne. Il suffisait de voir comment elle n’était plus capable de décrocher du regard du sorcier. Même dans la semi-pénombre, elle voyait parfaitement chacun des traits d’Elio, elle se souvenait de chaque détail, de chaque ligne.

Elle n’a pas vraiment le temps de répondre de toute manière, parce que le visage du Cooper change et il commence à s’excuser quant à son comportement lorsqu’ils s’étaient croisés cet été. A l’invocation de ce souvenir, la jeune interne sent ses épaules se crisper. Le moment n’avait pas été agréable… L’inquiétude, le manque, la jalousie… Le fait qu’il prétende être conscient que le fait de boire de nouveau était un problème rassura la jeune femme. Un peu. Parce que ce n’était que des mots. Et en ce qui concernait les addictions, les paroles ne valaient jamais les actes. N’est ce pas ? Elle est touchée par ses mots mais malgré tout…

- Je ne sais pas quoi te répondre, Elio…

Elle marque une pause et se débarrasse de sa tasse, vide désormais.

- J’étais sincèrement inquiète. Je n’imaginais pas que ca te contrarierait au point d’être insultant mais peut-être ai-je perdu le droit de m’inquiéter pour toi, finalement.

Il y a tant de douleur a l’énoncé de se constat que ses yeux décrochent du regard d’Elio et finissent par contempler ses mains pâles. Elle ne mentionne pas la jalousie qu'elle avait pu ressentir de le savoir auprès de Raven, elle preferait garder ça pour elle, se sentant encore moins légitime...

Il ne savait pas s'il avait bien fait d'aborder ce sujet avec elle mais il lui devait bien des excuses. Cela ne la mettait pas à l'aise, il le voyait bien mais il l'avait certainement blessé ce jour là, et il ne pouvait le supporter.
Le rejet par de la méchanceté était beaucoup plus facile que d'admettre ses travers face à elle. Il savait qu'il avait replongé dans l'alcool et il se promit qu'il en ressortirait de nouveau. Restait à savoir quand...car pour le moment l'alcool comblait un vide.

"Non Juliet, je me suis vraiment comporter odieusement avec toi."

A ces mots, il posa sa main sur le genou de la demoiselle.

"Je ne peux t'empêcher de t'inquiéter lorsque tu me vois avec un verre de mojito parce que tu me connais. Tu sais ce par quoi je suis passé."

Elle devait le trouver misérable à être retombé dans ce travers. Lui qui en était sorti se retrouvait happé de nouveau. Il ne souhaitait pas forcément faire part de son esprit torturé à propos de cette problématique à Juliet, justement pour ne pas l'inquieter davantage. Et aussi parce qu'elle ne pouvait rien faire pour lui. Autant ne pas lui procurer un sentiment d'impuissance.

"Tu as le droit d'être inquiète et moi cela ne me donne pas le droit d'avoir un tel comportement avec toi. Tu ne le mérites pas."

Sa main était toujours posée sur son genou, ressentant la peau douce de la Blackthorn.
Il n'avait aucune envie de l'enlever.

"Je m'en suis voulu dès que nous nous sommes séparés et crois moi, j'ai passé plusieurs jours difficiles après. J'ai hésité à venir te voir, mais je ne savais pas si c'était la bonne chose à faire. Je ne sais même pas si j'ai bien fait de venir ce soir vois-tu, mais au moins j'ai pu te présenter mes excuses. Et cela me fait du bien d'être là."

Leur relation avait beau être complexe, il ne pouvait dénier qu'une boule de chaleur s'était formé dans sa poitrine depuis qu'il était entré dans cette chambre.

Le souvenir de cette soirée n’est guère agréable. Elle avait soigneusement caché son désarroi à son cousin et à Maximilien pendant le reste de la soirée mais en rentrant chez elle, elle avait finit par pleurer dans son oreiller. Ne plus voir Elio c’était déjà difficile, mais se prendre la tête avec lui c’était vraiment terrible pour la douce Blackthorn.

« Tu sais ce par quoi je suis passé. » Elle hoche doucement la tête. Oui, elle savait. Elle se souvenait de chaque détail, de chaque souvenir qu’il avait bien voulu partager avec elle. Confidence sur l’oreiller, secrets racontés alors qu’ils cuisinaient ou attendaient qu’un patient se face admettre aux urgences un soir de garde particulièrement calme. Ils s’étaient tout dit ou presque. La confiance était totale.

- Merci… Pour tes excuses. C’est oublié désormais.

Ses excuses lui réchauffaient le coeur même si le simple fait de re-penser à cette soirée lui donne l’impression d’avoir un noeud dans la gorge. Elle sent parfaitement la main d’Elio sur sa jambe et se force à ne pas la regarder. C’est plus fort qu’elle, sa propre main vient se glisser dessous et leurs doigts s’entrecroisent presque instinctivement.

Elle voudrait pouvoir lui dire qu’elle va l’aider, qu’il peut s’en sortir… Mais elle ne trouve pas les mots. Elle avait déjà été désarçonnée la fois où elle l’avait vu boire une coupe de champagne. La, il reconnaissait a demi-mot être retombé dans son addiction. Elle ne sait plus quoi faire, ni quoi dire.

La culpabilité l’assaille alors qu’elle se dit que c’est à cause d’elle qu’il a recommencé à boire. A cause de ses parents. A cause de cette agression. A cause de leur rupture. De sa faute, en somme. Elle non plus ne sait pas si c’est une bonne idée qu’il soit là. Pourtant ses mots, ou la culpabilité, ou tout simplement la tristesse… Elle ne sait pas bien dire exactement ce qui lui fait monter les larmes aux yeux.

- Tu me manques tellement…

Le regard azuré de la Blackthorn venait de se planter dans celui du Cooper. Sa main se serre dans la sienne comme pour l’empêcher de partir. La plainte, parce que c’en était une, était venue si soudainement. La voix presque brisé par cet aveu… Sa vie d’avant lui manquait. Celle ou tout allait bien. Celle où Elio ne buvait pas. Celle ou ils étaient heureux.

La douce Juliet accepta les excuses de son ex petit ami et celui-ci en fut soulagé. Il ne voulait pas lui faire de mal de quelque façon que ce soit. Le mal avait été fait mais c'était pardonné.
La main de Juliet vint se glisser sous celle du Cooper et il l'accueille volontiers. Assis quasiment face à face, Elio profite de ce moment de silence entre eux pour graver cet instant dans sa mémoire. Il la trouvait toujours aussi belle. Il l'aimait toujours autant, c'était indéniable. Une petite ride apparue sur le front de la Blackthorn, indice qu'elle était en réflexion ou qu'elle se faisait du souci. Elio opta pour la deuxième interprétation.

Il allait lui dire quelques mots lorsqu'elle releva son regard humide vers lui et s'exprima.
Il fut réellement touchés par ces quelques mots exprimés avec une pointe de détresse.
Son coeur se serra.
Alors sans réfléchir, il posa sa main sur la joue de celle qu'il aime et rapprocha sa tête pour venir coller son front contre le sien.

-Tu me manques aussi.

Il n'avait pas les mots pour lui expliquer ô combien il lui était difficile de continuer sans elle à ses côtés.
Il avait l'impression d'avoir perdu sa moitié, qu'on le lui avait arraché. Son coeur s'accéléra. Être aussi proche d'elle et sentir son odeur fit jaillir tout un mélange d'émotions.
Elle ne le repoussait pas. La main du Cooper glissa vers les cheveux de Juliet.
Il hésitait. Il voulait lui dire qu'il avait envie de l'embrasser, comme lors de leur première fois ensemble autour d'un cookie. Il était comme bloqué, désirant poser ses lèvres sur les siennes, et en même temps se dire que cela lui était interdit.
Il ne savait ce qu'il l'avait débloqué, peut-être un geste de Juliet, mais il finit par l'embrasser. Il ne pouvait en être autrement. Il retrouvait ces lèvres qu'il appréciait tant, cette odeur si douce propre à Juliet. Tous ses sens étaient en éveil et peu importait la suite. Il y avait de grande chance pour qu'elle y mette fin, mais au moins ils auraient échanger un dernier baiser d'adieu.

Comment pouvait il en être autrement ? Alors que Juliet n’était pas rancunière pour une mornille et qu’elle avait pleinement conscience que l’alcoolisme était une maladie, une addiction particulièrement difficile à combattre. Elle sert gravement la main d’Elio dans la sienne, comme pour lui faire comprendre tout ce qu’elle est incapable de prononcer.

Et pourtant, quelques mots s’échappent. Mots qu’elle aurait voulu retenir parce qu’elle sait combien la détresse s’entend dans sa voix. Parce qu’elle sait combien il est dangereux de les prononcer à voix haute. Un « tu me manques » qui voudrait aussi bien dire « je t’aime ».

L’appel a l’aide avait bel et bien était perçu par le Cooper car il s’approcha d’elle aussitôt, déposant sa main contre sa joue, son front contre son front. Elle ferma les yeux un instant, essayant de ressentir dans toutes les fibres de son corps à quel point ce geste lui faisait du bien. Presque autant que les quelques mots prononcés par le Cooper. Elle lui manquait aussi.

N’importe qui se serait réjouit après une telle déclaration, mais eux ne le pouvaient pas et ils étaient pleinement conscients de cet état de fait. Elle sentit la main d’Elio glisser dans ses cheveux et elle rouvrit les yeux. Elle connaissait ce geste. Elle savait ce qui suivrait. Elle lu toutes les hésitations dans les yeux du Cooper. Elle les partageaient. Chacune d’entre elles. Pourtant, quand elle sentit ses lèvres sur les siennes, elle ferma de nouveau les yeux et lui rendit son baiser avec une tendresse infinie.

- Attends.

Ses mains s’étaient posée sur les épaules d’Elio et elle l’avait doucement repoussé. Pendant quelques secondes, elle avait oublié. Elle avait complètement oublié ce pourquoi ils étaient séparés. Le danger. La culpabilité. Tout. Elle avait rouvert les yeux et ses iris azurés se plongèrent dans ceux du Cooper.

Et avec l’énergie du désespoir, elle se pencha de nouveau vers Elio pour l’embrasser de nouveau, plus sensuellement encore.

Les deux amants échangèrent un baiser, presque timide, délicat. Elio se délecta de ce geste qui lui manquait tant. Puis elle finit par le repousser, les mains posés sur les épaules d’Elio. Une légère incompréhension passa dans le regard du Cooper. Elle lui imposa une distance.
Elle lui demanda d’attendre et c’est ce qu’il fit, le coeur battant dans sa poitrine. Peut-être était-ce trop pour elle. Le geste avait sans doute était déplacé car il n’avait plus lieu d’être. Peut-être hésitait-elle aussi ?
Cet instant fut très court et pourtant le doute assaillit Elio. Evidemment si elle lui demandait de partir, il le ferait, avec le souvenir de ce baiser sur ses lèvres.

Mais elle n’en fit rien. Elle vint de nouveau l’embrasser. C’était plus fort qu’eux, ils n’arrivaient pas à se contrôler. Ils ne pouvaient se retenir davantage et peu à peu l’assurance revint. Ils avaient fait le choix tous les deux de partager de nouveau cette tendresse d’un commun accord.
Le baiser devint plus soutenu, plus pressant. Il ne voulait plus se détacher d’elle. Il ne voulait plus de distance entre eux, même infime. Il voulait de nouveau ne faire qu’un avec elle.
Alors le désir grimpa peu à peu et Elio osa défaire la sangle du peignoir de la Blackthorn. Sa main glissa sous son débardeur et vint caresser sa peau douce au niveau de sa taille.
Prenaient-ils vraiment cette direction ? Ils en avaient tout l’air. Pitié, qu’elle n’arrête pas ce qu’ils étaient en train d’entamer. Il en avait réellement besoin.
En venant l'embrasser de nouveau, elle lui avait donné son accord, implicitement. Pourvu qu'il ne s'était pas trompé.

Elle savait qu’elle faisait une erreur. Qu’ils faisaient une erreur. Pourtant, elle fait taire cette petite voix dans sa tête. Cette petit voix qui lui fait tant de mal alors que le baiser d’Elio lui remplit le coeur d’un bonheur qu’elle se saurait d’écrire avec aucun mot. Elle la fait taire juste pour cet instant, juste pour cette nuit.

Pourtant, elle se penche de nouveau vers son ancien petit ami et de nouveau vient quérir ses lèvres en priant Merlin et toutes les divinités possibles qu’il ne la repousse pas à son tour parce qu’elle avait l’impression qu’elle n’y survivrait pas.

Bien heureusement, les lèvres du Cooper accueillent les siennes et de nouveaux ils échange un baiser. S’il avait été quelques secondes aussi hésitant que tendre, il devient progressivement pressant. Un sentiment d’urgence venait de naître en elle et elle ignorait si elle devait le mettre sur le compte du désir qui affluait ou sur la conscience qu’elle transgressait de nouveau les règles.

Dans le creux de ses mains pâles, elle sentait la barbe naissante du Copper et sur le bout de ses doigts, elle sentait ses cheveux. Elle se pâme un peu plus contre Elio alors qu’elle sent les caresses dans son dos. Il se creuse sous la fraicheur de ses doigts tandis qu’elle mord délicatement sa lèvre inférieur.

- Attends.

Cette fois, il n’est pas question de repousser le Cooper, d’interrompre leur échange. Au contraire, elle voudrait l’intensifier et pour cela elle attrape les pans de son pull et de son tee-shirt et les soulève pour aider Elio à se déshabiller.

*Attends ? Encore ? Pourquoi ?*
Fort heureusement, Juliet ne le repoussa pas mais ôta le haut du médicomage.

-Tu m'as fait peur....

Elio en fit de même avec la Blackthorn, retirant son peignoir et son débardeur. Puis il la poussa délicatement contre le matelas, venant se positionner au dessus d'elle et l'embrasser.

Elle aussi, elle a peur. Elle est terrorisée, même. L’angoisse devrait la tétaniser, l’empêcher d’esquisser moindre geste. La terreur devrait la pousser à la solitude, à l’exil presque. Elle devrait n’être capable de rien, n’être que l’ombre d’elle même. Elle devrait regarder Elio de loin comme elle l’a fait depuis plusieurs mois. Elle devrait sentir son coeur lourd comme le plomb.

Mais l’amour devait être plus fort, à cet instant. C’est la légèreté des papillons qu’elle ressent dans le creux de son ventre alors que son peignoir glisse par terre, que son débardeur de soie noir n’abandonne le navire lui aussi. Elle se sent si vivante alors qu’Elio la repousse dans l’oreiller et qu’il l’embrasse tendrement.

La chaleur du corps du résident tout contre le sien, la jeune Blackthorn a oublié a quel point ce qu’ils font est risqué. Tout son corps, toute son âme désire le Cooper et elle ne saurait plus faire marche arrière. Pourtant, elle ne lui en voudrait pas si c’était lui qui prenait cette décision. On ne peut plus en vouloir à personne quand la mort vient nous cueillir n’est ce pas ?

L’urgence et la tendresse se mélange dans son esprit comme dans ses gestes. Leur baiser est d’une douceur infinie mais les mains froides de Juliet n’ont pas trainé le long du torse de son amant bien longtemps, rejoignant la boucle de sa ceinture. Cette même ceinture qu’elle connait par coeur et qu’elle défait en une fraction de seconde avant de libérer Elio de ce pantalon dont il n’avait définitivement plus besoin.