Les chaises musicales ft. @Dalia Colacino | 07.10.22

Maximilien salua ses amis de la main et sortit rapidement son téléphone pour se mettre à jour. Plusieurs messages défilèrent devant ses yeux mais il ne répondit qu’à quelques-uns d’entre eux, n’ayant pas le temps de faire plus. Il tenait absolument à retourner dans son appartement le plus tôt possible afin de s’atteler à quelques révisions, le tout avant d’aller travailler à la Moufette pour plusieurs heures d'affilée. Un train-train quotidien s’installait de plus en plus dans sa vie, qu’il ne regrettait nullement. Sa relation amoureuse lui offrait une stabilité qu’il avait perdue il y a bien longtemps et même si la peur de perturber un tel équilibre lui serrait la poitrine quelquefois, il faisait son possible pour le maintenir. Arrivé devant son immeuble, il réalisa qu’il avait laissé la plupart des notes utiles à ses révisions dans l’appartement de Peter, à quelques rues de là. Maximilien regarda l’heure à sa montre magique et mordilla sa lèvre d’hésitation. Vu l’heure, son petit-ami était probablement toujours à l’université. Son redoublement l’avait rendu plus volontaire vis-à-vis des études et Maximilien s’en réjouissait. Il ne lui souhaitait que le meilleur. Finalement, il tourna les talons et prit la rue qui menait à l’appartement où se trouvait peut-être Wyatt, le dernier membre d’une folle brigade. Il les aimait énormément, même s’il estimait ne pas entièrement en faire partie étant donné qu’il n’habitait pas réellement là-bas. Il n’était que de passage. Un élément rapporté. Un petit-ami, quoi.

En arrivant à destination, il se rappela également que le dragonologue travaillait toute la journée (selon ses souvenirs mais ils n’étaient pas totalement fiables étant donné que Wyatt parlait énormément) et s’attendait à être seul. Il pensa même qu’il y avait là une opportunité de préparer une petite surprise à Peter, tel qu’un dîner en amoureux ou une invitation plus… osée. Il lui restait plusieurs heures avant le retour du Drummond, il se laissa le temps de la réflexion. Pourtant, en passant la porte, il entendit une voix fredonnant une belle mélodie, dont il n’identifia pas tout de suite l’auteur.e.

« Il y a quelqu’un ? » Il s’agissait sûrement d’une personne habitant l’immeuble mais il préféra rester sur ses gardes malgré tout. Sans pour autant sortir sa baguette, il fit quelques pas en avant et jeta un œil là où émanaient de bonnes odeurs. Quel voleur s’amuserait à faire à manger hein ? Il se sentit soulagé en voyant qu’il ne s’agissait que de Dalia, même s’il aurait préféré ne pas avoir à se mesurer à elle de nouveau. Elle l’effrayait sans qu’il ne puisse dire quoi…

« Bonjour Dalia, que prépares-tu ?* »

*dialogue en français

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Elle ne releva pas la tête vers lui ni ne prit la peine de le saluer à son tour. Typique de Dalia à son égard. Leur passé commun y était pour beaucoup dans cette relation un peu tendue que Maximilien ne comprenait pas. Il avait toujours cette impression de lui taper sur le système, même lorsqu’il ne parlait pas. Quelque chose chez lui devait lui déplaire, mais quoi ? Il avait beau retourner la question dans tous les sens, il n’avait pas souvenir d’un quelconque affront passé. Entre elle et Cataleya, il était verni dans ses relations féminines… Pourtant, il ne cherchait à être ni complaisant, ni envahisseur.

Le nom du plat ne lui disant rien, il resta silencieux suffisamment longtemps pour qu’elle se mette à lui donner les détails. Il en eut l’eau à la bouche mais se douta bien que cette préparation n’était pas pour lui. Il n’imaginait même pas en réclamer ne serait-ce que des miettes. Nul besoin de regarder Dalia dans les yeux pour le comprendre… Le plat, destiné à Peter, aurait pu être préparé directement chez elle mais le Français n’osa pas faire la remarque à la colocataire de son petit-ami. Mieux valait la laisser faire sans broncher.

« Eh bien, ça m’a l’air délicieux » se contenta-t-il de répliquer, ne cherchant pas à pousser la conversation un peu plus en avant. Si tel n’était pas le désir de l’Helvète, il ne fera que creuser sa propre tombe. Apparemment, sa présence seul dans l’appartement de Peter et Wyatt soulevait des interrogations chez la sorcière. Vu leur engagement l’un envers l’autre, il ne trouvait pas étrange de se trouver ici sans être accompagné. La plupart de ses affaires étaient méticuleusement rangées dans les placards de Peter (celles du Drummond en boules autour d’elles la plupart du temps) et il y passait le plus clair de son temps pour ne pas déranger son cousin, avec qui il partageait un endroit presque trop petit pour deux.

« J’ai terminé pour la journée, je comptais étudier chez moi mais on a fait une session révision avec Peter hier et j’ai oublié mes notes ici. Je suis sûr que ça ne le dérangera pas que je vienne les chercher sans lui. » Après tout, la porte était rarement fermée pour le Français et même si c’était le cas, il avait de quoi l’ouvrir. Ce qu’il ne comprenait pas, c’était l’apparent dédain de Dalia à son égard. Dalia dont il faisait attention à prononcer le bon prénom pour ne pas s’enfoncer un peu plus sous la terre.

« Pourquoi tu prépares ton plat ici ? Ta cuisinière ne fonctionne plus ? »


dialogue français en italique

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Sa question n’avait pas pour but de lui faire grincer les dents, il était simplement curieux. Maximilien ne se faisait pas encore à cette drôle de façon qu’avaient les membres de cette colocation de vivre ensemble. Ils entraient les uns chez les autres sans même s’annoncer et cela ne collait pas avec la façon stricte dont il avait été élevé. Petit à petit, il s’ouvrait à cette nouvelle vie et aux changements que cela apportait dans son quotidien. Il pouvait comprendre que Dalia soit ici sans que Peter ne le soit, mais pour cuisiner ? Voilà quelque chose qui lui échappait. Il chercha aussitôt la raison la plus évidente et pour lui, ce fut qu’elle avait des problèmes avec sa propre cuisine. Un raisonnement innocent qu’il formula à voix haute, ne se doutant pas que cela pouvait être mal reçu.

« C’est une bonne idée, en effet. » Il devait bien admettre que l’odeur était agréable et faisait saliver. Il connaissait suffisamment Peter pour savoir que rentrer après une journée de cours en se faisant envahir par de telles fragrances allait lui remonter le moral. Dalia, de toute évidence, le savait également. Elle ne manqua pas de lui rappeler les comportements des uns et des autres dans cette colocation et Maximilien prit cela pour un avertissement. S’il ne rentrait pas dans le moule de cet endroit, il en serait rejeté. Wyatt avait eu une facilité déconcertante à s’adapter à ce nouvel environnement car il correspondait parfaitement à ses habitudes. Pour le Français, tout était à revoir. Son grand-père l’avait éduqué de telle sorte qu’il passait souvent pour un homme coincé et guindé, qui restait à table jusqu’à ce que tout le monde ait fini son assiette ou qui annonçait toujours son arrivée chez un ami au moins vingt-quatre heures à l’avance. Certains de ces principes restaient ancrés en lui et ce, peu importe ses efforts pour les annuler. Il ne trouva rien à répondre à Dalia sur le sujet. Oui il savait mais cela ne rendait pas la tâche plus facile. Lui qui réfléchissait à emménager pour de bon avec son petit-ami se posait de nombreuses questions. S’ils prenaient un tout nouvel appartement, hors de cet immeuble, est-ce que tout le monde continuera à entrer et sortir de chez eux comme dans un moulin ? Cette idée le mettait mal à l’aise. Voilà pourquoi il n’en avait pas encore touché mot à Peter. Le sortir de son cocon pourrait mettre à mal leur relation. Il attendait un signe.

« Oh tu connais leur appétit d’ogre, je pense qu’ils le dévoreront aisément à deux ! C’est gentil en tout cas, et ça a l’air délicieux vu d’ici ! » Maximilien avait constaté celà il y a quelques semaines, lors d’un des rares dîners qu’ils avaient fait à trois. Wyatt et Peter avaient parlé, mangé, bu, mangé, parlé, mangé, bu… à une telle vitesse que le Français s’était retrouvé un peu bête entre eux et, surtout, avait fini son assiette le dernier. Il considérait avoir un bon appétit mais face à ces deux-là, il mangeait comme un moineau. Déguster le plat de Dalia lui ferait très plaisir mais il se contentera sûrement de piocher dans l’assiette de son petit-ami avant que celui-ci n’ait le temps de la terminer. Après tout, elle avait fait tout ça pour eux, pas pour lui.

« Est-ce que tu veux un coup de main, à tout hasard ? » La proposition manquait d’assurance car il savait fort bien que Dalia n’avait pas besoin de lui. Il espérait simplement améliorer leur relation en passant un peu de temps ensemble.


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Le regard qu’elle lui lança suffit à le stopper dans sa lancée. Maximilien garda les deux pieds à terre, les mains dans le dos et n’alla pas plus loin. Comme il le pensait, Dalia ne voulait pas de son aide ou de sa présence dans cette cuisine et il pouvait le comprendre. Un tel processus demandait de la concentration et novice comme il l’était, il n’allait que lui compliquer la tâche avec ses questions et ses erreurs. Néanmoins, il aurait aimé partager cela avec elle.

Il ne cacha pas sa surprise, persuadé qu’il était que ce plat était à destination des colocataires et pas d'éléments extérieurs, comme lui. À chaque fête de cette colocation, il se sentait comme la pièce rapportée et même s’il s’entendait bien avec la plupart d’entre eux, son sentiment de légitimité n’était pas encore au rendez-vous. Il se sentit tout de suite ridicule d’avoir fait un tel raccourci et afficha une mine désolée. Pourquoi fallait-il toujours qu’il donne une bonne raison aux autres de le reprendre ?

« Ah ! Euh… oui… oui ! » L’homme de sa vie, cela sonnait tellement étrange à son oreille et pourtant, le sentiment qui l’envahit se faisait très doux. Maximilien ne doutait plus de Peter depuis un moment déjà mais il fallait avouer que face à des exs devenus colocataires - tel que Wyatt - il se sentait nerveux. Le conseil de Dalia ne manqua pas de l’atteindre en plein cœur. Il ne retint que ce fait : il cachait mal son manque d’assurance.

« Désolé pour le quiproquo, je n’avais pas bien compris. Je le dégusterai en compagnie de Peter avec plaisir ! » Au fond, il savait qu’elle avait raison. Chaque jour, la confiance et la fidélité qu’ils se portaient l’un à l’autre était réaffirmé. Maximilien ne doutait pas. Il se sentait juste un peu petit dans ce décor… Wyatt et Peter étaient tellement à l’aise l’un avec l’autre qu’il ne savait pas vraiment où se mettre, bien souvent. Pourtant, leur entente était bonne. Il le trouvait drôle, un peu décalé et envahit d’une liberté qu’il jalousait un peu. Il aurait aimé être aussi détaché que Wyatt face aux problèmes qu’il rencontrait. Avec lui, chaque jour était un sujet d’amusement et de rires tandis que Maximilien ne pensait qu’aux obligations, aux rendez-vous à ne pas manquer et plus que tout, il s’inquiétait pour Peter. Et s’il abandonnait les études en cours de route ? Et si finalement, Alice décidait de se mettre entre eux pour de bon ? Sa tête était constamment remplie de questions.

« Qui arrive à ne pas être impressionné par Wyatt, honnêtement ? C’est une licorne, on en voit rarement deux des comme lui dans une même pièce. J’imagine que je le jalouse un peu. Qu’en as-tu pensé en le rencontrant à la soirée de Sophie ? »


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Elle ne partageait pas son impression et il n’y pouvait pas grand-chose. D’eux-deux, il était le plus impressionnable et de loin. C’était comme ça avec tout le monde… Peter l’avait impressionné dès le premier jour et continuait de le faire fréquemment, même sans le vouloir. Il s’agissait d’actions ou de paroles qui faisaient briller d’envie les yeux de Maximilien. Il voulait tellement apprendre d’eux qu’il pouvait se taire et les écouter pendant des heures. Dalia possédait une forte personnalité, elle était donc moins influençable. Connaître son opinion sur le loustic l’intéressait beaucoup. La façon de voir des autres était le sujet de toutes ses curiosités. Wyatt aimait beaucoup parler, le Drummond aussi. Ils avaient déjà passé une soirée tous les trois à converser sans que Maximilien n’ait à dire un seul mot. Pourtant, il ne l’avait pas mal vécu. Ce fut un moment impressionnant et rien qu’en écoutant, il avait plus appris sur le nouveau colocataire que s’il s’était amusé à poser des questions. Alors oui, il ne pouvait qu’admettre qu’elle avait raison à ce sujet.

« Je ne te le fais pas dire ! » Il eut un léger rire mais rien de moqueur. C’était une vérité pure qui se manifestait tant figurativement que littéralement. Il suffisait de laisser traîner son regard un peu partout dans l’appartement pour se rendre compte qu’en l’espace de quelques semaines seulement, Wyatt avait su prendre sa place et apposer sa marque. Quelque chose que Maximilien n’osait même pas faire. Ce qui ramena le sujet aux “conseils” de Dalia, qui sonnaient plus comme des mises en garde. Se laissait-il réellement marcher dessus ? Il ne voyait ça que comme de la gentillesse et de la politesse d’usage.

« Tu penses vraiment que je risque quelque chose ? Je n’ai pas l’impression de devoir occuper quoi que ce soit… Enfin oui, bien sûr, je ne veux pas que quelqu’un d’autre prenne ma place aux yeux de Peter mais… je ne sais pas comment on fait pour “occuper un territoire”, comme tu dis. » Agir comme s’il était une possession, qu’il n’appartenait qu’à lui… est-ce que ça n’allait pas à l’encontre de ce à quoi le Drummond était habitué ? N’allait-il pas étouffer s’il se comportait de la sorte ? S’il montrait les crocs à chaque fois qu’un homme, beau ou non selon ses standards, s’approchait de lui ? Maximilien ne voulait pas se préoccuper de ces choses-là mais Dalia mettait le doigt sur une vérité. S’il ne voulait pas le perdre, il devait montrer que la place était prise et ne laisser personne tenter de la lui voler. Elle devait le trouver bien pitoyable… mais il s’habituait chaque jour un peu plus à cette façon que certains avaient de le regarder.


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Ce n’était pas ce qu’il demandait mais comme bien souvent désormais, il ne répliqua pas. Dalia seule avait abordé ce sujet et mis des questions dans sa tête, alors qu’il ne s’en posait presque aucune depuis l’arrivée de Wyatt. Il était normal qu’il cherche à comprendre où elle voulait en venir avec ses mises en garde et protection de territoire. Maximilien ne voulait pas voir les choses de façon aussi tribale. Ils riaient souvent avec Peter sur la manière dont la monogamie leur donnait l’impression de posséder quelqu’un quand il n’en était rien. Le sorcier ne voulait pas aller voir un autre et il souhaitait que Peter ait les mêmes envies que lui, mais cela ne le rendait pas pour autant propriétaire du Drummond. Ce dernier était libre de partir quand bon lui semblait… La seule crainte de Maximilien résidait dans la potentielle arrivée de ce jour.

« Je n’ai pas la même impression que toi sur le sujet. Je ne crois pas qu’il y ait de situation “triangulaire” et que je doive m’inquiéter. Wyatt est ce qu’il est, certes, et je n’ignore pas leur relation passée, mais il a du respect pour notre couple et sait où est sa place. Peter sait que j’ai confiance en ses sentiments et je risquerais de l’offenser en agissant autrement. » Ils s’étaient donné beaucoup de mal pour arriver à ce résultat. De nombreux secrets les avaient séparés plus d’une fois et Maximilien était ravi d’en être désormais à un stade où il n’avait pas à se soucier de la fidélité de son petit-ami. Si l’idée d’avoir son ex constamment dans les parages l’avait en effet effrayé au début, il avait pris sur lui pour montrer à Peter qu’il n’était plus le même homme qu’avant, celui qui doutait toujours de tout et surtout de lui. Bien sûr, ils n’étaient pas parfaits non plus, le prouvait la situation de cet été lorsqu’il fut le dernier à apprendre que Peter avait redoublé son année…. Mais il était fier de voir les progrès de leur relation amoureuse.

« Je le respecte. Mais je t’assure, tout va bien. » Un sourire plus tard, il observait le moindre de ses gestes, se demandant s’il n’était pas plus en train de la gêner qu’autre chose. En fait, c’était même une certitude, ils le savaient tous les deux. Dalia n’avait pas manqué de lui faire passer le message. Maximilien s’en trouvait désolé cependant. Il espérait rendre les choses plus calmes et douces avec l’amie de Peter mais même une conversation aussi simple lui semblait difficile à mettre en place. Dans tous les cas de figures, il se faisait juger.

« Je vais chercher ce dont j’ai besoin dans la chambre de Peter » indiqua-t-il en la désignant du doigt, ce qui était ridicule vu qu’elle savait très bien où se trouvait cette fameuse chambre. Il s’insulta intérieurement puis entra dans la pièce quelques minutes, le temps de réunir ses notes éparpillées sur le bureau de travail du Wright.


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Maximilien ne se vantait pas. Jamais. Ou alors rarement. Il avait des capacités dans certains domaines mais ne cherchait jamais à le montrer plus qu’il ne le fallait. Humble et courtois - parfois trop aux yeux de certains - il laissait au temps le choix de mettre ses connaissances en application. Ainsi, depuis ses déboires de santé, il prenait beaucoup de temps pour réviser et devenir meilleur, sans toutefois le crier sur tous les toits. Que Peter ne lui ait pas tout de suite fait part de son échec l’a forcément poussé à se remettre en question. En faisait-il trop ? Donnait-il l’impression de se croire au-dessus des autres ? L’Écossais était bien meilleur que lui dans tant d’autres domaines qu’il trouvait ridicule de le considérer ainsi. Pensif, il n’entendit pas tout de suite Dalia et même si cela avait été le cas, il ne parlait pas assez italien pour comprendre ce qu’elle venait de dire. Par contre, il réagit aussitôt à l’appel de son nom et sortit de la chambre avec rapidité, délaissant son rangement.

Il remarqua le sang sur le doigt de l’Helvète en même temps qu’elle s’interrogeait sur ses capacités en sortilèges. Bien qu’il ne suive pas le cursus de médicomagie, Maximilien avait certaines prédispositions pour les enchantements et autres sorts divers… et avec tout ce qui lui était arrivé ces deux dernières années, maîtriser un Episkey relevait du bon sens.

« Je peux te faire ça, oui. » Il alla chercher sa baguette dans sa veste et regarda l’entaille dans la chair de Dalia. « Tu ne t’es pas manquée, en effet ! Attention… Episkey. » La fine étincelle jaillit de l’extrémité du bois de saule et la plaie se referma en l’espace d’une seconde. Il lui suffisait de regarder le sort agir pour sentir ses effets comme s’il lui était destiné. Une intense sensation de chaleur, suivie d’un froid presque glacial. Un bref sourire passa sur ses lèvres et il déposa sa baguette sur la surface plane.

« Est-ce que ça t’est déjà arrivé de te brûler profondément en cuisinant ? » Il ne connaissait pas vraiment cette sensation et sa curiosité l’emportait sur tout le reste.


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Elle le remercia avec tant de naturel que Maximilien se contenta de sourire, trop content d’avoir pu être d’une quelconque aide pour Dalia. S’il n’avait pas cette envie de travailler comme reporter et de dévoiler les vérités, il se dirigerait sûrement vers le social. Même si la tristesse humaine le touchait profondément, à un niveau presque intime, il s’imaginait parfaitement apporter sa touche dans cet univers souvent sous-estimé. Il manifesta sa curiosité envers Dalia et sa réponse hésitante ne lui apporta pas beaucoup d’informations. Il souhaitait vraiment la connaître un peu plus mais ne pouvait la forcer à se confier davantage auprès de lui. Maximilien s’estimait déjà chanceux qu’elle poursuive la conversation avec lui sans pour autant donner l’impression d’être ennuyée. L’avoir soignée aussi efficacement lui avait, semble-t-il, octroyé un point bonus. Se pourrait-il même qu’elle ait une meilleure estime de lui ?

« Oui, j’imagine. » Voilà pourquoi il ne s’amusait pas à jouer avec ces éléments mais il était admiratif de Dalia, qui maniait si bien le couteau. La preuve que n’importe qui pouvait faire une erreur. « J’imagine que je me demande ce que ça fait, surtout. C’est le genre de choses qui me rendent curieux ! » Il eut un léger rire et la regarda reprendre sa découpe comme si rien de tout cela ne s’était produit. Maximilien accueillit ses prochains propos comme une réelle appréciation, sans prendre en compte l’étonnement qui les nuançait. N’étant pas en cursus de médicomagie, il pouvait aisément comprendre qu’une telle facilité à délivrer un sort de soin pouvait surprendre. Mais quand on le connaissait suffisamment bien, on savait que le sorcier prenait les sortilèges avec sérieux et surtout, passion. S’il ne les connaissait pas tous, il souhaitait pouvoir les réaliser avec le plus d’efficacité possible. Ce qu’il venait tout juste de faire. Qu’elle puisse sous-estimer ses capacités et en fasse la remarque ne lui venait même pas à l’esprit. Il ne voyait que l’expression détournée de sa gratitude et l’accueillit avec un sourire.

« Je te remercie ! L’important, c’est que ta main aille bien. » Il s’accouda à la table et regarda Dalia s’activer quelques secondes, avant de reprendre la parole d’un air un peu embarrassé. « Tu te souviens quand ils ont voulu nous marier ? Quelle idée… Pour être honnête, je n’ai pas de bons souvenirs de ces moments-là parce que… j’avais l’impression que tu me détestais et je ne sais jamais comment me comporter quand on a ce genre de sentiments envers moi. Est-ce que ce n’était qu’une mauvaise interprétation de ma part ? » Et surtout, qu’en était-il aujourd’hui ?


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Ça n’avait été une partie de plaisir ni pour l’un ni pour l’autre. Maximilien était même persuadé que seuls leurs tuteurs avaient trouvé un intérêt là-dedans… Il ne devrait donc pas être surpris par l’animosité de Dalia. Seulement, il voulait s’assurer qu’elle ne lui en tenait plus rigueur. Cela expliquerait son comportement envers lui depuis qu’ils se croisaient à cause du Drummond. Mais tout cela relevait de sa propre interprétation des événements et il pouvait très bien se tromper. Il se montra honnête avec l’Helvète et lui fit part de son questionnement. Il aurait dû être vexé par sa réponse mais n’y parvenait pas car, au fond, il comprenait parfaitement bien les sentiments exprimés par Dalia. On avait voulu les forcer à faire une chose pour laquelle ils n’étaient pas prêts, en plus de ne pas en avoir envie.

« Je vois, c’est logique. » Il lui était impossible de faire semblant d’être offusqué par ses propos. Au contraire : sans son comportement, ils auraient fini par être mariés… Il devrait donc la remercier d’avoir été plus affirmée que lui. À l’époque, elle savait qui elle était et ce qu’elle ne voulait pas. Maximilien l’admirait beaucoup pour cela.

« Je suis ravi pour toi et pour moi que ça ne se soit pas concrétisé, donc. On aurait été très malheureux ! » ajouta-t-il dans un rire. Il ne s’imaginait pas vivre avec quelqu’un d’autre que Peter désormais, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques mois. Il avait envisagé une vie avec Juliet et à ses yeux, elle était la seule figure féminine à pouvoir tenir ce rôle. Aujourd’hui, difficile d’imaginer une autre figure. Il en était encore à se faire à la vie à deux, qui n’avait rien de simple. Faite de compromis, d’attentes, de frustrations mais aussi de ces pics de bonheur qui effaçaient tout le reste. Maximilien souriait en pensant au Wright et se redressa.

« Merci d’avoir été si honnête. Je vais finir de réunir mes notes, tu ne te coupes rien d’autre en attendant hein ? » Il plaisantait, bien sûr. Même elle devait saisir l’humour et ne pas s’en sentir froissée. Suivant ses paroles, il retourna dans la chambre de Peter.


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Ce fut le cœur plus léger que Maximilien alla chercher ses affaires dans la chambre qu’il partageait de temps en temps avec son petit-ami. Il en connaissait presque tous les recoins désormais et pouvait même se vanter d’en comprendre le fonctionnement. Peter et lui n’avaient pas la même façon de gérer leurs affaires personnelles et une certaine accommodation avait été nécessaire pour qu’il puisse rester quelques soirs par semaine avec lui sans que ça ne tourne à la frustration constante. Le Français apprenait un peu plus chaque jour à “laisser couler”, à être moins coincé dans sa façon de voir les choses. Il refusait cependant d’abandonner certaines manières découlant de son éducation stricte, comme le rangement, le nettoyage hebdomadaire (si ce n’était quotidien) et le respect des barrières. Un concept difficilement partagé par Wyatt et Peter, qui se ressemblaient beaucoup sur ce sujet. Ils s’en moquaient de laisser traîner, d’user des affaires de l’autre sans son autorisation ou d’avoir d’autres comportements qui empiétaient sur le bien-être des autres colocataires. Maximilien avait dû imposer ces limites et même s’il s’en voulait beaucoup d’être aussi rabat-joie, certains aspects de sa nature ne pouvaient être complètement reniés.

À peine revint-il dans la pièce principale que Dalia lui posa une étrange question. Il ne pouvait pas prétendre qu’elle connaissait le moindre détail de sa vie mais le fiasco avec les Blackthorn était de grande notoriété chez les sangs purs. Elle mettait néanmoins le doigt sur une situation qui lui avait longtemps posé problème : celle de sa famille. Si les tensions avaient vocation à disparaître désormais, Maximilien ne pouvait ignorer le passé conflictuel qu’il avait eu avec ses parents et son grand-père. Un passé fait de menace, de chantage et d’illusions perdues.

« Ils sont bien obligés, vu le fiasco de mes fiançailles avec Juliet. Je crois qu’ils ont abandonné l’idée de me marier contre mon gré. Mais ils ont rencontré Peter et je crois que quelque chose de positif en est sorti. » Il souriait en y pensant. Leurs parents se connaissaient déjà et il aurait préféré ne pas entendre certaines des informations sorties ce soir-là des bouches d’Alexandre et Alice ; mais hormis cela, il avait énormément sympathisé avec Harold, le père de Peter et il savait que ce dernier avait particulièrement plu à sa propre mère, Annabelle. Il espérait pouvoir organiser un nouveau dîner bientôt, peut-être chez les Drummond ? Il devait encore amadouer Alice, la matriarche, qui semblaient toujours avoir des réserves à leur sujet. Le couple savait que ce ne serait pas partie facile mais ils n’abandonnaient pas.

« Et puis, si j’aborde l’idée du mariage avec Peter, j’ai peur qu’il fuit à toutes jambes en laissant une silhouette de forme humaine dans l’encadrement de la porte ! On n’est pas prêts pour ça. »


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Maximilien n’avait désormais plus aucun mal à expliquer ce qui s’était produit. Il pouvait mentionner les ruptures de ses fiançailles sans être plaqué au sol par la culpabilité qu’il avait ressenti en imposant cette réalité à Juliet, qui méritait un monde de douceur et de compréhension. Il aurait aimé que les choses soient faites différemment, mais sa lâcheté en avait décidé autrement. Il ne regrettait pas d’être tombé sur Peter et d’avoir voulu suivre ses sentiments le concernant ; il aurait simplement voulu mieux gérer les choses car dans le processus, il avait blessé plus d’une personne - dont lui-même. Bien sûr, il ne fit pas mention de tout cela à Dalia car certains détails se passaient d’énonciation. Il était heureux, par contre, de pouvoir dire qu’il avait revu ses parents et que ceux-ci appréciaient l’homme qu’il avait choisi pour son futur. Une tâche que d’autres sangs purs ne pouvaient réaliser encore aujourd’hui. Trop de haine et de rejet pour un genre ou une sexualité autre que leur norme… Cela devait participer au caractère dur et impitoyable de l’Helvète. Au moins parvint-il à lui tirer un rare sourire en mentionnant la capacité d’engagement sur le long terme de Peter. Le mariage ne faisait pas tant peur à Maximilien, qui voulait de cette vie pour lui. Mais le Drummond avait vécu des années dans un schéma plus libéral, moins traditionnel que celui du mariage. Pour cette raison - et parce qu’en effet, ils étaient loin d’être prêts pour un tel saut dans leur relation - le Français s’était promis d’attendre que ce soit Peter qui fasse le premier pas. La “demande”.

« En vérité, je ne sais pas… » Il n’avait encore jamais mentionné l’idée à ses parents. Leurs retrouvailles restaient tout de même très récentes et tumultueuses, il ne pouvait pas aborder ce sujet comme si de rien n’était. Comme si cela n’allait pas avoir de grosses conséquences sur leur famille toute entière, Bonnamy y compris. Il fallait d’abord leur laisser le temps de se faire à l’idée qu’il sortait et aimait un homme plutôt qu’une femme. Un concept qui demandait du temps pour intégrer les esprits les plus bornés. Sa mère avait plus de facilité à le comprendre, son père un peu moins. Pour Charles, la question ne se posait même pas.

« Mes parents me doivent bien ça, donc on pourrait parvenir à les convaincre, avec le soutien des Drummond bien sûr. Sans cela, ça me semble compliqué. Mais pour mon grand-père, c’est tout bonnement hors de question. Il n’existe aucun univers où il ne m’interdira pas d’épouser un homme. Reste à voir si le reste de la famille me soutiendra ou si, comme la fois précédente, ils prendront son parti. Je préfère ne pas y penser ou me faire des films sur ce qui pourrait se produire. Je nous estime chanceux. C’est déjà un grand combat de gagné et je veux profiter de mon présent avant de me relancer dans une nouvelle bataille, tu vois ? » Il se tourna vers elle, l’air résolu mais légèrement anxieux. « Tu penses qu’ils n’accepteront jamais ? Pour toi. »


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Maximilien se livra plutôt aisément sur la réalité de la situation entre sa famille et ses envies sentimentales. Il savait que, tout comme lui, Dalia avait subi la pression de ses aînés afin de coller à un schéma de vie préfabriqué et qui ne lui convenait pas. S’il n’espérait pas de compassion, il s’attendait tout de même à un peu de compréhension de sa part, bien loin d’imaginer qu’elle pouvait peut-être l’envier. Elle résuma ses propos en trois petits mots qui, au final, sonnaient parfaitement justes. Step by step… Il voyait les choses ainsi en ce moment et se contentait d’apprécier les petits instants de la vie où il n’’angoissait pas pour son futur. Ils n’étaient pas aussi nombreux qu’on pourrait le penser. Curieux comme pas deux, il osa demander à Dalia ce qu’il en était de son côté et si, vraiment, elle n’avait aucun espoir de concilier à la fois l’héritage de sa famille et ses besoins personnels.

Il opina du chef en grimaçant à la pensée de ces vieux hommes qui ne cherchaient absolument pas à comprendre cette génération, se contentant de la piétiner sur leur passage. Discuter ne servait alors à rien et ils le savaient tous les deux. Il aurait aimé montrer sa sympathie à Dalia sur le sujet mais ne savait comment la manifester et surtout, comment elle l’accepterait. Si seulement elle le faisait. Mais ils se ressemblaient plus qu’elle ne le pensait. Peter n’avait pas ces ennuis-là car sa mère avait eu tôt fait de se mettre dans le crâne que son fils chéri naviguait d’un côté à l’autre avec aisance. Cela ne rendait pas plus faciles les attentes qu’elle avait à son sujet, mais c’était une autre histoire. La pression parentale pouvait faire des ravages.

« C’est joliment dit même si, étant passé par là, ce n’est pas aussi simple qu’on pourrait l’imaginer. » En tout cas, ça ne l’avait pas été pour lui. Bien qu’ils aient été en froid les uns avec les autres, Maximilient avait mal vécu ces mois en tant que membre renié de la famille. Adieu les repas de famille angoissants, les attentes impossibles à satisfaire et les questions inquisitrices… mais aussi l’attention et le sentiment d’appartenir à quelque chose de plus grand. Désormais, il avait repris sa place d’héritier, même si celle-ci s’avérait un peu bancale et que son grand-père ne lui adressait plus la parole.

Le Summerbee adressa un nouveau sourire à la cheffe de cuisine et fut ravi que ce soit elle qui ait abordé ce sujet la première, lui permettant de rebondir dessus. « Même pas une dame avec qui partager quelques plats faits maison ? » Il était sûrement trop curieux pour son propre bien et allait s’en mordre les doigts d’oser avoir de tels propos envers l’Helvète, mais tant pis. Il essayait d’établir une connexion, quelle qu’elle soit. « Est-ce que tu as déjà été amoureuse ? » La question pouvait paraître anodine, voire superflue. Maximilien savait par expérience qu’au contraire, il n’y avait rien de plus complexe que l’amour. Il lui avait fallu une vingtaine d'années pour comprendre ce que cela signifiait vraiment. Bien sûr, il parlait de l’amour partagé entre deux individus non reliés par le sang. Pour lui, l’amour qu’il avait pour Peter - son compagnon - n’avait rien à voir avec celui qu’il ressentait encore pour Peter - son défunt frère.


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