A christmas spirit ft. @Juliet Blackthorn | 26.12.22

Maximilien ferme la porte de la salle de bain derrière lui et pour la première fois de la soirée, soupire bruyamment. S’il pensait que dîner avec les Drummond relevait du challenge, ce n’était rien à côté de la famille entière. Blackthorn compris. Pour tout dire, il ne savait même pas qu’ils fêtaient Noël, vu le peu de considération qu’ils ont au quotidien pour leurs propres enfants. À l’annonce de cette nouvelle, bien sûr, le Français a blêmi. À côté d’une telle perspective, passer Noël en compagnie de Charles semblait presque être des vacances… Peter ayant fait l’effort de passer les fêtes avec sa famille, Maximilien se voit obligé d’en faire de même. Rien ne lui interdit, par contre, de faire quelques pauses et c’est ce temps en solo qu’il s’accorde alors qu’il pousse le verrou, s’offrant ainsi calme et protection. Il n’est pourtant pas la personne la plus asociale qui existe, au contraire.

Quelques minutes plus tard, il ressort de la salle de bain un peu plus apaisé, prêt à affronter les conversations, les regards et les jugements embarrassants. Mais plutôt que d’aller se perdre dans la masse des Blackthorns, il repère dans le coin du salon une Juliet esseulée, un verre à la main. Avant de la rejoindre, il fait un détour par la chambre de Peter où sont entreposées leurs affaires pour le week-end et en sort une petite boîte joliment emballée dont s’échappent déjà quelques parfums envoûtants. Il a tôt fait de rejoindre la jolie blonde dont il croit lire la tristesse sur son visage. Ni une, ni deux, il s’installe à ses côtés sur le divan aux couleurs écossaises et lui tend la boîte.

« Tiens, cadeau. » Cela fait un petit moment qu’ils n’ont pas partagé un instant rien qu’à deux. Il y a toujours eu quelqu’un avec eux, si bien qu’ils n’ont jamais pris le temps de discuter seul à seule. Maximilien se remémore parfois certaines de leurs conversations passées où ils énuméraient leurs passions et goûts commun.e.s et iels sont plus nombreux qu’on pouvait le penser. À commencer par le contenu de la boîte bien emballée dans un papier cadeau aux motifs de Noël, un assemblage de sapins et d’étoiles blanches sur un fond doré. Des macarons de la maison Pierre Hermé, un chef pâtissier-chocolatier français dont les moldus ne connaissent pas le sang-mêlé. Et pour cause, sa boutique possède un recoin caché spécialement dédié aux papilles sorcières, d’où ces gourmandises sont tirées. Il espère que l’attention plaira à Juliet.

« Tu ne t’ennuies pas trop ? J’oublie toujours à quel point les fêtes en famille peuvent être épuisantes. »

A christmas spirit ft. @Juliet Blackthorn | 26.12.22

Maximilien n’attend jamais de cadeau de qui que ce soit, pas même de Peter. Il préfère toujours donner que recevoir et ce n’est pas quelque chose dont il se vante, de peur qu’on ne le comprenne pas. Qu’on pense qu’il est faussement modeste ou qu’il joue un rôle. Bien sûr, il aime recevoir des attentions de la part des personnes qu’il affectionne. Ainsi, il se sent aimé en retour et, oui, important d’une certaine manière. Mais l’attend-il ? Non, jamais. Car attendre un comportement spécifique des autres amène presque toujours à la déception et ce n’est pas un sentiment qu’il souhaite ressentir lorsqu’il pense à sa famille, à son petit-ami ou ses amis. Alors, en offrant ce cadeau de Noël à Juliet, il ne s’imagine pas un seul instant que cela puisse être réciproque. Après tout, leur histoire est compliquée, tout comme leur place dans la famille de l’autre. Qu’elle soit capable de lui sourire à nouveau et de se confier à lui est un cadeau en soi, qu’il chérit. Le Bee observa la réaction de la cadette Blackthorn et son sourire accompagne le sien lorsqu’elle ouvre son cadeau. Il accepte avec plaisir la bise sur sa joue, ravi d’être revenu à ce stade de leur relation où ils sont en mesure d’être proches sans que cela ne soit étrange.

« Je n’oserais pas ! » rit-il à son tour, même si elle a lu en lui comme dans un livre ouvert. « Et puis, ta famille c’est presque ma famille maintenant. » Et on n’est pas supposé critiquer sa famille… Du moins, pas ouvertement. Sinon, il serait capable de pointer tout ce qui ne va pas dans ces fameux dîners familiaux où tout est souvent faux, joué, orchestré pour l’apparente symbiose reste intacte. Plus la famille est grande et plus elle est épuisante. Et puis, il faut le dire : les sangs purs aiment les dramas. Ils en font leur pain quotidien. Pensif, il accepte de prendre un macaron à son tour, d’une couleur exceptionnellement vibrante qui donne l’eau à la bouche, un joli mélange de pourpre et d’or intriguant. À la question de Juliet, il prend le temps de réfléchir. Voilà un an maintenant qu’il fait de son mieux pour ne pas dépasser ses limites, réduisant sa consommation de boissons alcoolisées le plus possible. Ayant déjà pris un verre de vin rouge et une coupe de champagne, est-il réellement judicieux qu’il se serve à nouveau ? Il risque de se ridiculiser à le faire. Et en même temps, il est entouré de personnes pour qui ils comptent, qui seront là s’il lui arrive de perdre pieds. Il hoche négativement la tête.

« Non, c’est bon pour moi. » Il pointe du menton le verre qu’il a posé à ses côtés en s’installant près d’elle. Quelques bulles viennent éclater à la surface du liquide noir qui va probablement l’empêcher d’avoir un mal de crâne le lendemain matin. Il prend la bonne décision et puis il préfère rester à ses côtés plutôt que de prendre le risque de croiser quelqu’un d’autre en allant se chercher un verre de champagne dans la salle à manger principale. Il pourrait user de la magie pour le faire venir à lui mais l’idée de faire flotter à l’aveuglette une coupe d’un cristal précieux parmi une flopée d’invités lui semble peu recommandable. S’il peut éviter les dettes envers Alice Drummond…

« Tout va bien de ton côté ? Est-ce que tu as envie de me parler de ton dîner de Noël en famille ou cela se passe-t-il de commentaires ? »

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Le soutien dont fait preuve Juliet envers son cousin et leur couple est une chose que Maximilien ne saurait prendre pour acquis. L’une des plus belles marques d’amour qu’on ait pu lui démontrer et il s’émerveille chaque jour de l’aplomb avec lequel la Blackthorn se tient debout malgré les critiques à son égard. À leur égard, venant de leurs propres familles. Leur amitié étonne et est l’objet de railleries. Ne pas y penser ou ne pas se laisser affecter par elles est un travail bien plus laborieux qu’il ne l’avait imaginé mais ce qu’il gagne en retour vaut chaque regard baissé, chaque pas détourné pour s’éloigner de cette hostilité. Ils ne comprennent pas. Ils ne comprendront peut-être jamais pourquoi, sortant de nulle part, ces sentiments ont refait surface sous la force d’amour amical. Maximilien regrette beaucoup de choses dans sa vie (certaines parfois à tort) mais avoir laissé une place à Juliet dans son cœur n’est certainement pas l’une d’entre elles. Il la regarde comme au premier jour : de celui qui chérit et s’inquiète. Et en parlant d'inquiétude, c’est avec réserve qu’il aborde le sujet de son repas de Noël familial. Il ne s’attend pas à de grands élans d’affections dans le ton de sa voix ou à un discours affectueux à l’encontre des Blackthorn. Et il a bien raison car ce qu’elle décrit n’est en rien enviable.

« Ne les laisse pas rentrer dans ta tête et te faire croire que tu es trop lente ou je ne sais quoi. Tu fais un très bon travail, tu es impliquée à Sainte-Marie et tu donnes le meilleur de toi-même. Finir plus vite ne veut pas dire mieux finir. Il faut savoir prendre le temps pour avoir de la qualité. » Ce n’est en aucun cas une critique envers Cataleya, cependant. Il ne saurait se le permettre. Mais force est de constater que dans son propre style, la flamboyante Blackthorn est un peu détraquée par les attentes impossibles de ses parents et qu’elle aurait bien besoin d’un peu de temps mort pour se remettre à l’endroit. Il détesterait voir Juliet se mettre dans un tel état dans le seul but de satisfaire des personnes qui, par principe ou essence, ne le seront jamais. Peu importe ses choix. Maximilien ricane légèrement et mord dans son macaron, dont il engouffre la moitié dans sa bouche. Une douce odeur de citrouille fumée au chaudron lui envahit les papilles et apaise ses prochains propos.

« Tu plaisantes… Ce n’est pas comme s’il m’avait pardonné d’avoir, je cite, “ramené l'indécence dans notre illustre famille”. Même si Peter n’a rien contre le fait d’être indécent - je ne t’apprends rien - je ne pense pas pouvoir le faire entrer dans les bonnes grâces de Charles un jour et ce, même si j’avais encore cinquante ans devant moi pour cela. Donc comme cadeau, j’ai eu droit à un pavé indigeste sur les traditions et coutumes des anciennes familles sorcières de sang pur, ainsi qu’un flot “d’indications” sur la façon de mener ma vie avec honneur et fierté. Et décence. Ce mot a été dit un million de fois en quelques heures. » Il pioche un nouveau macaron dans la petite boîte et soupire bruyamment. « On n’a pas été gâtés hein… » Ce n’est qu’un simple constat, une question rhétorique qui n’appelle, par définition, aucune réponse. « J’ai l’air de me plaindre mais en soi, j’ai passé de bonnes fêtes. J’ai vu mes cousins, mes parents avec qui j’ai réellement pu engager la conversation, j’ai reçu de beaux présents dans l’ensemble… Que dirais-tu si l’année prochaine, on se contentait de faire un repas de Noël entre nous ? Toi, moi, Peter, Maxence, Marius… un petit comité choisi par nos soins. Des gens qu’on aime vraiment et qui nous aiment aussi. »

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Encore des fiançailles. Il se rappelle alors que son année de grâce après leur union ratée est arrivée à son terme il y a un petit moment maintenant et que faute de mieux, on lui a attribué son propre cousin. Il n’ose pas mentionner Elio car il se doute bien que dans cette équation, il n’a pas le beau rôle. Les périodes de fêtes sont déjà bien assez compliquées comme ça pour qu’il en rajoute volontairement une couche. Par habitude ou fatigue, ils mentionnent l’un comme l’autre cette soirée catastrophique en famille qui prend place chaque année, sans possibilité de s’y soustraire. Pas chez les Leroy, en tout cas. Et malgré les changements dans sa vie, les traditions familiales ont réussi à reprendre leur place le temps d’une soirée. Maximilien et ses cousins ont dû s’asseoir à une table de la taille d’un stade de foot, ne parler qu’en y étant conviés tout en laissant les adultes mener la conversation, quand bien même ils en sont eux-mêmes désormais. La partie qui l’a toujours le plus ennuyée est celle qui suit ce repas gastronomique aux multiples plats et couverts : la messe. Chaque année, ils sont forcés par Charles à assister à la Messe de Minuit, sous peine d’une énorme dispute et de remontrances pouvant durer des semaines entières. Maximilien n’a jamais osé se rebeller contre cette tradition, tout envoyer paître et rester au chaud chez lui, plutôt que de se les geler dans une église, sur un banc froid et dur qui lui donne l’impression de ne pas être à sa place. L’espace d’un instant, il imagine Peter devoir se farcir plus d’une heure de messe sous 0°, à ne pouvoir ni bouger ni parler - ses deux activités favorites.

« Ce serait super ! » Et il le pense vraiment, même s’il n’a pas eu souvent l’opportunité de se lier avec d’autres Blackthorn hormis Cataleya et James, un peu plus récemment. Il se demande s’il doit les mentionner, connaissant la relation tendue entre les deux jeunes femmes et, peut-être par tradition aussi, pince ses lèvres en gardant ses propos pour lui. Il ne veut ni ne peut être source de malheur chez Juliet.

« Nous le ferons, je te le promets sur ce que j’ai de plus cher. » Son auriculaire vient crocheter le sien et il sourit comme un enfant, Maximilien, car il croit en cette promesse plus que n’importe quelle autre chose. Pour une fois, il ne se forcera à rien pour Noël. Il sera avec des gens de son âge qui sont à même de le comprendre et qui, eux aussi, veulent échapper à des heures de souffrance mentale causées par les attentes impossibles de leurs proches. Ce petit monde, ainsi, se libérera des chaînes brûlantes qui leur cuisent la peau.

« Alors, qu’as-tu eu pour Noël cette année ? De bien, je précise. Même si on peut difficilement faire mieux que ces macarons, n’est-ce pas ? » rajoute-t-il dans un petit rire.

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« Quelle bonne idée ! » Il en a entendu parler de ce jeu, sans jamais parvenir à entrer dans un groupe qui le pratiquait. L’idée l’enchante beaucoup et il a déjà hâte d’être à l’année suivante pour mettre à exécution cette envie de Noël plus doux et chaleureux que tout ce qu’ils ont déjà connu. C’est avec tout le naturel du monde qu’il s’interroge sur les présents qu’elle a pu recevoir. Les Blackthorn sont assis sur une énorme fortune, se baignant dans les pièces d’or à l’image de Picsou (on dit qu’ils en sont l’inspiration même) mais cela ne garantit en rien la pertinence de leurs cadeaux. Une petite boîte de macarons peut tout à fait faire l’affaire… Il l’écoute et Juliet n’a pas manqué de présents cette année. Ceux-ci semblent réellement lui faire plaisir et comme il le lui a indiqué, elle évite probablement de faire mention de ceux qui n’ont été qu’une gifle en plein visage.

« Alors j’ai vu Peter manigancer des trucs et tester des liquides - ce que je prenais alors pour des potions - donc ce n’est pas impossible qu’ils l’aient vraiment créé eux-mêmes ! Je suis content, t’as été gâtée comme il se doit. » Comme elle le mérite, surtout. Le regard ancré dans le sien, il lui sourit avec aisance. Il sait maintenant ce qui se cache derrière la façade de cette famille, ce que cela implique au quotidien. Un peu de ce bonheur n’est pas de refus. L’espace de quelques heures ou quelques jours, il veut que Juliet ne pense plus à toutes ces attentes impossibles, à ces règles et ces interdits.

« Oh oui, et bien plus encore ! Tu connais Peter, il ne fait jamais dans la demi-mesure… » Ce qui a créé un léger déséquilibre dans leurs cadeaux respectifs. Maximilien est allé au plus simple et - il est obligé de l’admettre - au moins onéreux quand le Drumond est directement allé dans l’exhorbitant, offrant au Français tout ce qu’il ne pouvait plus se permettre de s’acheter seul.

« Mes parents nous ont offert un week-end à Venise, donc j’ai assez hâte d’être aux prochaines grandes vacances ! Maxence, à l’image de ton neveu, m’a peint une toile. Il est vraiment doué. Marius a opté pour des équipements de Quidditch, ce qui est claiiiiirement le bienvenue ! Ma cousine m’a dégoté une toute nouvelle plume d’une belle qualité et qui est plus stable dans les enchantements, ce me sera très utile pour mon nouveau poste à la Chouette Enchaînée. Et puis Peter bah… Peter… » Il a un petit rire rien qu’en y pensant.

« Je pense qu’il n’y a aucune section d’un centre commercial qu’il n’a pas visité pour m’offrir quelque chose. J’ai eu le droit à un nouveau costume, une belle chemise, une gourmette, des chaussons/chaussettes en pilou parce qu’il sait, bien sûr, que j’ai très souvent froid aux pieds… Mais en vérité, le simple fait qu’il soit encore là est un cadeau pour moi. Sauf qu’il ne veut pas l’entendre donc… Je suis sûr que même si on fait un de ces jeux de tir au sort pour Noël et qu’il se retrouve à faire un cadeau à quelqu’un d’autre, il se débrouillera pour m’en faire un aussi. » Mais peut-on réellement se plaindre d’avoir une personne aussi généreuse à ses côtés ? Maximilien ne l’envisage même pas. Bien que leurs visions du quotidien et des finances ne soient pas les mêmes et que des désaccords récurrents pointent le bout de leur nez, la personnalité du Drummond est riche, solaire et unique en son genre.

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Plus il énumère ses présents reçus et plus l’évidence lui saute aux yeux. Peter est bien plus généreux qu’il ne le sera jamais et ce n’est pourtant pas la première qualité qu’on lui prête, de prime abord. Fêtard, drôle, excentrique peut-être… Maximilien ne peut même pas feindre d’être étonné par cette bonté mais d’un autre côté, il a envie de croire qu’elle n’est entièrement réservée qu’aux personnes qui lui sont les plus proches au cœur. Juliet, Pina, lui bien sûr, sa tante Hilda dont il ne cesse de mentionner les particularités et tant d’autres qui, au final, viennent construire ce personnage aimé de tous. Presque tous. Mais Maximilien ne saurait comprendre ceux qui ont le semi-vélane en grippe. Juliet étant un cas à part. Il est chanceux de l’avoir et renforce cette pensée en la prononçant à voix haute, sans même le réaliser. Le commentaire de la Blackthorn le fait sourire car il veut croire que tout ceci est le fondement même de la beauté. C’est ainsi qu’il le voit. Avec ses erreurs, ses bonheurs et ses difficultés, sa relation avec Peter est l’une des plus belles qu’il ait jamais eues. En fait, ses deux plus belles histoires ont inclus/incluent des Peter.

Lorsqu’il pense à la façon dont ils se sont trouvés, Maximilien ne peut ôter de sa tête l’épisode traumatique que leur trio a vécu et même si tout le monde lui dit d’oublier et que tout cela n’est que du passé, c’est plus fort que lui. S’il ne s’empêche pas d’être heureux avec Peter à cause de sa relation passée avec Juliet, son âme n’est pas tout à fait en paix. Ses excuses et le temps ont peut-être suffi à contenter la Summerbee mais pas lui. Il s’en voudra jusqu’à sa mort. Et l’évocation de ce moment ravive quelques épines de culpabilité qui viennent tourmenter son cœur. Il sait que derrière cette belle tournure de phrase se cache la sombre réalité de sa relation avec Elio et Maximilien plus que n’importe qui d’autre (hormis le couple bien sûr) aurait aimé que cela se passe mieux. Mais son histoire avec Peter n’a pas été sans embûche et n’est toujours pas libérée de ses problèmes. C’est le message qu’il veut lui transmettre. Maximilien tend la main vers celle de Juliet et s’en saisit avec douceur.

« La chance se tournera vers toi bientôt. Chaque équilibre est précaire et ne dépend que de nos décisions et nos actions. Peter et moi ne sommes pas à l’abri d’une chute fatale, tu sais. On n’en est encore à chercher l’harmonisation entre nous et contrairement à ce que laissent penser les contes de fées, ça ne se fait pas en un jour, par un sourire. Je suis satisfait d’avoir à travailler tous les jours pour maintenir cet équilibre et promis, tu auras toi aussi la chance d’enfiler ce bleu de travail ! C’est tout ce que je te souhaite. » Tout cela n’a pas à se faire forcément avec Elio, même si Maximilien aimerait beaucoup que ce soit le cas. Il ne parvient pas à voir le problème du sang du Cooper comme le font les Blackthorn et c’est peut-être pour cela qu’il nage toujours dans l’illusion. Il veut croire que cela se terminera sur une bonne note. 2023 leur apportera peut-être ce bonheur ? Ou celui d’un autre. Car Juliet est brillante, raffinée, intelligente, empathique et belle. À part lui, qui serait assez idiot pour détourner le regard d’un tel joyau ?

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L’idée de la rendre triste l’effraie mais il ne veut surtout pas la laisser penser qu’elle n’a pas droit à ce bonheur-là, qu’il n’arrivera jamais. Maximilien croît en beaucoup de choses en dehors de lui-même et l’une d’elles est que Juliet mérite cette allégresse. Si l’univers est un tant soit peu cohérent, il lui offrira ce qui lui revient de droit. En attendant, elle ne doit pas baisser les bras. Elle doit avoir foi en elle de la même manière et avec la même intensité qu’elle a foi en eux.

« Et j’ai foi en toi. » Il est tout de même bon pour ce moral d’apprendre et d’entendre que Juliet les soutient, quoi qu'il advienne. Cet équilibre précaire qui résidait entre eux trois n’est plus que de l’ordre du passé désormais. Elle croit en eux, approuve leur relation et a abandonné tout ressentiment à leur égard. Aurait-il pu rêver mieux que cela ? Maximilien n’est même pas certain de mériter une telle bénédiction après tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il lui a forcé d’endurer.

À la vision des larmes qui menacent de couler dans les yeux clairs de la Blackthorn, il se rapproche et passe ses bras autour d’elle dans une tendre embrassade qui se veut réconfortante. Il sait que ce ne sont pas que des larmes de tristesse mais qu’au fond, elle se sent un peu vide. Délaissée. Inquiète. Il connaît ce sentiment d’être mis de côté par l’amour. Qu’elle puisse être une victime de son absence le désole et le terrifie à la fois. Lorsqu’il se détache d’elle, c’est pour prendre un macaron et hausse les sourcils face à toutes ses questions sur leur futur. Bien sûr, n’importe qui connaissant un tant soit peu Maximilien sait que cela fait une éternité qu’il se les pose lui-même.

« Je veux déménager. Je veux qu’on ait notre appartement, sans colocation, mais je n’en ai pas encore parlé à Peter. Je n’en suis, pour le moment, qu’au stade de la recherche et des listes de Pour et Contre. Je ne sais pas s’il est prêt pour plus d’engagement et je ne souhaite pas le brusquer, tu vois… » Mais peut-on parler de "brusquer" quand ils en sont déjà à dîner avec les familles de l'un et de l'autre ? Maximilien ne sait pas où se tient le Drummond à ce sujet et n'ose jamais poser la question. Si cela ne tenait qu'à lui, il aurait eu la fameuse "conversation sur le futur" depuis très longtemps… Sauf que Peter vient de redoubler son année et que même s'il dit le contraire, il en est encore un peu choqué et déconfit. Qu'il vient seulement de commencer à travailler, un concept extraordinaire pour lui qui demande un temps d'adaptation. Le Leroy a l'impression de lui en avoir déjà tant demandé en un très court laps de temps… Est-il seulement judicieux d'espérer plus si tôt ?

« Pour Inverness, je ne sais rien encore. Tout dépend du travail qu'on trouvera dans nos branches respectives ! J'avoue que la France me manque… » Mais là encore, est-il prêt à déraciner Peter ? Et s'il refuse ? Maximilien ne veut même pas y penser, même si le temps de prendre cette décision arrive à grands pas. « C'est difficile d'évoquer l'avenir avec Peter car j'ai tendance à vouloir voir plus loin que lui, sur plus d'années alors qu'il planifie plutôt sur des semaines. Et l'idée n'est pas qu'il prenne la fuite ! » Il rit jaune Maximilien car c'est une peur bien réelle qui lui plombe le cœur dès qu'il y pense. « Dans l'idéal, j'aimerais fonder une famille. Avoir des enfants… ou au moins un, qui porterait les gènes Leroy. Je sais, c'est un peu présomptueux et irréaliste… Ce sera déjà une bataille épuisante si on veut se marier alors avoir un enfant ! Ou même adopter ! J'ai l'impression que c'est un rêve impossible à réaliser. » Il soupire. C'est étrange d'aborder ce sujet avec Juliet alors qu'il n'en a même jamais parlé avec le principal concerné. Pourtant, il voit comment il est avec Lady Mousse ou même avec des enfants d'inconnus. Il serait un père incroyable… une fois un peu assagi. « Mais ne crois pas que je regrette quoi que ce soit hein ! »

A christmas spirit ft. @Juliet Blackthorn | 26.12.22

Il veut bien de la confiance dont fait preuve Juliet à cet instant. Maximilien a foi en beaucoup de choses, dont sa relation avec Peter, mais il se fait très souvent rattraper par son anxiété. Il ne veut pas faire une montagne d’un rien du tout et laisser au Drummond le temps dont il a besoin pour se faire à une vie qu’il pensait ne jamais vouloir. Qu’il soit un adepte de la fidélité depuis qu’ils sont en couple est un grand changement en soi et même s’ils sont très différents l’un de l’autre, il ne veut pas que Peter change, fondamentalement. Mais n’est-ce pas obligatoire s’ils veulent avoir le futur que Maximilien se dessine dans la tête dès qu’il a le malheur d’y penser ? Il est plutôt évident qu’ils ne veulent pas vivre séparés l’un de l’autre, sauf que l’idée de rester en colocation n’est pas très attractive pour le Français.

Alors oui, ça arrivera. Mais quand, impossible de le dire avec précision. Et Maximilien est trop névrosé pour se passer de précisions… C’est pourtant la première fois qu’il aborde ce sujet avec quelqu’un de façon aussi frontale. Qu’il transmet par des mots ses envies les plus profondes. Avoir une famille, avoir un enfant, vivre ensemble… Il ne saurait dire si Juliet a les mêmes mais sa réflexion, elle, le laisse intrigué.

« Peut-être… mais tu dois bien admettre que ce n’est pas évident, comme démarche. » Il a encore trop peur de se renseigner et de finir déçu par ce qu’il aura trouvé. Les solutions lui paraissent maigres et les opportunités d’autant plus. Maximilien se tourne vers la jeune femme et enchaîne dans un rire, sur le ton de la plaisanterie.

« Tu me vois mettre une petite annonce dans la Gazette “cherche sorcière pour porter mon bébé” ? Déjà qu’on est en passe de se faire rayer des listes des soirées événementielles sorcières alors bon… Puis je ne connais personne qui accepterait de le faire. Sûrement pas Elsje, vu notre passif. Et c’est délicat à demander, de toute façon, même si c’est quelqu’un de confiance. Imagine qu’on se pointe un jour à ta porte et qu’on te dise sur un ton suppliant “Juliet, sois un ange et porte notre bébé s’il-te-plaît !”. » Il ricane, Maximilien, mais l’idée même de poser ce type de question lui file des boutons. D’autant plus à Juliet qui, tout comme Elsje, a un passif chargé avec Peter et lui. Comment fait-on pour engager une mère porteuse ? Il ne saurait même pas par où commencer !

A christmas spirit ft. @Juliet Blackthorn | 26.12.22

Les mots vont vite, fusent, bien plus vite que la pensée. Et il se maudit parfois, Maximilien, de ne pas réfléchir. Sur le moment, il ne voit pas le mal, il ne saisit pas l’inconfort qui s’est emparé de Juliet alors qu’il devrait savoir. Alors qu’il sait ce qui la tracasse à l’instant même où il évoque l’hypothèse qu’elle tombe enceinte. Sa gorge se tord, ses lèvres se pincent et il prend la main libre de Juliet dans la sienne.

« Pardon, je n’ai été qu’un idiot inconscient. J’ai… oublié, l’espace d’un instant. Je me suis laissé emporter par mon histoire et résultat, j’ai ignoré ce que tu peux ressentir à l’évocation de… enfin de ce sujet. » Il se rapproche davantage et, après avoir vérifié que personne ne s’amusait à les espionner à leur insu, il entame une brève accolade. S’il ne s’éternise pas, c’est dans l’idée qu’elle puisse ne pas être disposée à témoigner de l’affection dans cette situation. Maximilien reprend bien vite sa place initiale, ainsi que sa boisson dont il se désaltère, pensif. Après une telle bourde, il est difficile de ramener la conversation sur un terrain moins glissant, susceptible de ne froisser ni l’un ni l’autre. Il ne peut décemment pas parler des fiançailles envisagées entre son cousin et Cataleya, ce qui risquerait de mettre sur le tapis un autre de ces sujets presque tabous : leur mariage raté. Celui de Juliet avec Atticus, qui devrait se produire un jour prochain.

« Je crois que j’ai envie de partir dans un autre pays l’été prochain. Voyager un peu, voir de nouvelles têtes. M’en inspirer pour le journal, notamment. T’as pas des endroits à me conseiller ? » Il n’y a pas de risque avec ce sujet-là, n’est-ce pas ? Qu’elle soit mariée ou non, elle va forcément continuer à visiter certains coins du monde. Elle a une opinion sur le sujet et de fil en aiguille, ils peuvent broder une toute nouvelle conversation plus légère et romanesque. L’idée de la mettre mal à l’aise le pousse lui-même dans l’inconfort le plus total.

« J’ai cru entendre Peter parler de Guatemala la dernière fois mais il est hors de question que j’aille me perdre au fin fond d’un pays sans préparation. Puis le Guatemala, ça ne me tente pas trop. Je pensais à l’Asie peut-être ? Singapour me tente bien. » Allez, un petit effort, ils y sont presque. Il ne suffit parfois de pas grand-chose pour qu’un sourire revienne. C’est son objectif.

A christmas spirit ft. @Juliet Blackthorn | 26.12.22

Le silence s’abat sur eux, se nourrissant de la culpabilité de Maximilien. Il se pince la lèvre puis la mord jusqu’à ce qu’une petite goutte de sang ne se fasse sentir sur la pointe de sa langue. Juliet ne lui répond pas, ne dit rien pour le moment. Il est seul avec sa bêtise. Impossible pour lui de relancer la conversation comme si de rien n’était alors il fixe ses mains, puis ses pieds. Tôt ou tard, quelqu’un finira bien par venir briser cette glace qui les entoure. Ses pensées s’évadent jusqu’à ce que ce soit la voix basse de Juliet qui le ramène sur Terre. Non, il ne sait rien, mais il écoute. Peu importe ce qu’elle veut lui dire ou lui demander, il acceptera. Il ne s’attendait pas, cependant, à ce qu’elle évoque de nouveau la question de sa future paternité.

« Je vois tout à fait et c'est normal... » dit-il pour couper court à toutes ses hésitations qui trahissent un mal-être justifié. Loin de lui l’idée qu’elle puisse se sentir concernée par le problème de l’adoption et de sa vie de couple avec Peter. Étant donné qu’ils n’en ont eux-mêmes jamais parlé ensemble, il serait malvenu de faire des plans sur la comète ! Peut-être qu’une fois leur trentaine sonnée, ils se poseront et l’envisageront avec plus de sérieux. Pour le moment, il faut finir les études et trouver un travail.

Maximilien fronce les sourcils en écoutant Juliet, oscillant entre surprise et étonnement. Est-ce de cela qu’elle réfléchit depuis toutes ces minutes ? À la possibilité ou non de se porter “volontaire” comme mère porteuse pour eux ? Il en reste bouche-bée les premières minutes. Bien sûr, il ressent très rapidement une profonde joie car elle a rendu un peu moins hypothétique ce projet un peu fou et que s’il devait avoir le choix, Juliet serait le tout premier. Son caractère est égal à sa beauté, il ne pourrait espérer trouver meilleure mère biologique pour son enfant. Mais c’est aussi la cousine de Peter, ne serait-ce pas étrange ? Et quel degré d’implication voudrait-elle avoir dans cette équation ? Les questions se bousculent comme si la décision allait être prise demain et Maximilien s’inflige une claque mentale pour revenir sur Terre.

« Je… Je ne sais que dire. Bien sûr, j’ai envie de te remercier, mille fois même. De le considérer. De… te proposer alors qu’absolument rien ne t’y oblige. Et j’essaye de ne pas m’emballer parce t’entendre dire ça rend cette envie un peu plus réelle alors qu’il n’est temps ni pour nous ni pour toi de se lancer dans un tel projet. » Il inspire profondément, tentant de calmer les battements précipités de son cœur.

« On aura bien le temps d’en reparler plus tard, quand nos vies seront plus stables et propices à accueillir un nouveau-né. Mais sache que tes mots me touchent au-delà de ce qu’il m’est possible d’exprimer et que… si ça devait se faire, par un miracle de Merlin, on ne saurait rêver mieux que toi. Vraiment. » Et puis, cela fera un pied-de-nez (ou apaisera peut-être ?) son grand-père car après tout, n’était-ce pas ce qu’il souhaitait ?