Juliet baille à s’en décrocher la mâchoire. Heureusement, son client ne fait absolument plus attention à elle. La séance au confessionnal avait été intense, tant pour le cinquantenaire que pour la douce Blackthorn. Elle avait navigué de souvenir en souvenir, finissant par identifier celui qui pouvait apaiser la peine d’un proche envolé trop tôt. Pride lui dirait qu’elle était trop efficace pour le bien être des finances Styxiennes, Juliet lui rappellerait que sa mission n’était pas de détrousser les gens, la d’Arenberg lui rétorquerait que ce n’était pas de soigner non plus… Juliet soupirerait et elles se souriraient.

La fatigue, pourtant, n’est pas suffisamment présente pour occulter ses contrariétés. Et à cet instant, elle aimerait elle aussi s’allonger dans le fauteuil du confessionnal et si on pouvait lui enlever quelques souvenirs… Elle ne dirait pas non si n’importe qui pouvait lui faire oublier cette scène, quelques heures plus tôt, alors que des ongles trop rouges, trop limés venaient s’ancrer sur la joue de son…

De son quoi, d’ailleurs ? Ils n’avaient jamais vraiment parlé de tout ça. Depuis la dernière fois, leurs relations s’étaient apaisées. Ils se voyaient souvent, passaient du temps ensemble, dînaient ensemble, dormaient ensemble… couchaient ensemble aussi… Juliet n’avait pas souvent été en couple dans sa vie mais force était d’admettre que ça y ressemblait beaucoup.

Alors forcément, le rôle de Gluttony la contrariait. Plus d’une fois, elle s’était retenue de lui proposer de verser la somme que ces femmes lui versaient afin qu’il se contente de servir les cocktails au Styx. Mais elle était bien consciente que ça n'arrangeait pas les choses. Et elle ne savait pas comment aborder le sujet de sa contrariété sans risquer de se faire envoyer sur les roses.

« Blackthorn, si tu ne te pointes pas rapidement tu vas rater le show du siècle. Pajares est rond comme une queue de citrouille ! ». Niven Moonfall lui avait envoyé un message vocal et a en entendre le ton qu’il prenait, il ne devait pas être sobre non plus. Mais Miguel avait la réputation de bien tenir l’alcool… Elle ne l’avait jamais vu ivre…

Il n’en fallait pas plus pour que Juliet ne finisse par se rendre à la soirée organisée aux jardins botaniques. Elle était passé chez elle pour se changer avant. La robe noire du Styx avait été remplacée par un déguisement de fée que Secunda lui avait soigneusement préparée. Le temps de se faire aux talons hauts et elle serait divine…

Mais jamais, jamais au grand jamais elle ne pourrait rivaliser avec la fille que Jolan étant entrain d’embrasser sous son nez. Niven avait beau lui faire des grandes signes, l’ayant vu au loin, elle était tétanisée. Elle avait sans mal aucun reconnu Rosalie Wyaers, une première année de sa propre maison.

« JULIET ! TU VIENS OU QUOI ? »

Un sourire forcé à Jolan qui vient de relever la tête, et la douce Blackthorn tourne des ailes pour rejoindre son ami qui soutient @Miguel Pajares sous son aisselle.

Comment m'étais-je retrouvé ici ? Si vous vous posez la question, sachez-le : vous n'êtes pas les seuls. Parce qu'aussitôt que les lèvres de Rosalie se posèrent sur les miennes, je m'en rendis compte. C'était devenu une évidence.

Bon, résumons quand même un peu la situation. Carmen, une de mes clientes les plus fidèles en escorting a occupé ma soirée. Et Carmen, on va se contenter de dire que son décolleté, qu'elle a le génie pour toujours mettre en valeur, lui permet clairement d'être dans mes VIP. C'est le genre à savoir me séduire en un mot et un geste. Et moi, vous pensez bien que je ne vais jamais dire non. Bref, tout se passait bien avec Carmen, et j'ai même cru que ce soir, j'allais aller jusqu'à passer la nuit avec elle tellement j'étais… puis elle a eu son coup de téléphone. Sa petite soeur. Sa pauvre petite sœur, Rosalie. Elle n'avait plus de cavalier pour la soirée de ce soir. La soirée du siècle selon elle foi d'ancien Beerflop, je vous jure qu'il y en a d'autres des soirées du siècles. Le pire ? C'est que dans tout ça, je me dis qu'au fond, je me suis fait avoir. M'est avis qu'il n'y a jamais eu de petit copain, et que la meuf, elle a supplié sa soeur de l'aider. Et Carmen, bah… elle a concocté son petit plan pour m'avoir gratos et veiller sur sa petite soeur. Sauf que la petite soeur et Carmen, désolé mais c'est pas du tout la même marchandise. Sans être un infâme, même si j'ai la réputation de ne pas être difficile, y a quand même un monde de différence. La poitrine de l'aînée, par exemple… un oreiller doux dans lequel ma tête pourrait se perdre en délicatesse. Celle de Rosalye, je me demande encore comment ils appellent cette taille de soutien-gorge. Noix de pécan peut-être ?

Mais non, la vérité, c'est que quand ses lèvres se sont posées sur les miennes, j'ai eu cette impression désagréable. Ce petit quelque chose qui te dit que la fille, elle n'a vraiment pas d'expérience. Mais genre aucune. Même dans le baiser. Et c'est dommage soyons honnête, parce que tout le monde mérite le bonheur. Et que d'ordinaire, je serais volontaire pour une première fois dans les règles pas celles la bande de gros dégueulasse, là j'avais l'impression de me taper une collégienne. Et je suis sur que même dans mon contrat d'escorting au Styx, y avait une close contre le détournement de mineur. Puis, le jeu n'en valait pas la chandelle comme on dit. Bref…

« JULIET ! TU VIENS OU QUOI ? »

Un regard qui se tourne et mon regard est capté, envoûté par cette robe. Même le sourire qu'elle m'adresse ne m'atteint pas. Sérieusement, voir cette tenue était une douche froide. Premiere fois, c'était certain que je la voyais ainsi.

Jolan, t'es encore avec moi ? C'était comment ?

Hein… euh.. je…

Je te laisse sans voix hein. Je le savais. Et s'approchant d'une de mes oreilles, elle ajouta : Je te laisse imaginer la suite. J'ai vu des tutos qui te feront tomber par terre.

Oh mon dieu… une fille à tuto. Raven, sauves-moi de ça. Il fallait que je me libère d'elle. Carmen, crois-moi tu me le paiera. Adieu tes privilèges VIP enfin, sauf si tu me refais le coup du je n'ai pas de culotte tu sais.

A quoi s’attendait-elle exactement ? Elle y réfléchissait alors qu’elle traversait le jardin botanique pour rejoindre Niven et ses copains. Elle se fait violence pour avancer un pas après l’autre sans tourner le visage ou le regard vers l’endroit où Jolan embrassait la très jolie étudiante en architecture magiques.

Elle ne sait pas trop à quoi elle s’attendait en réalité. Voila des semaines qu’ils agissaient comme un couple mais ils n’avaient jamais vraiment posé de mot sur leur relation. Et ils auraient peut-être du parce que maintenant elle se sentait particulièrement… stupide. Vraiment stupide.

« T’es trop belle ! Presque plus pareil que ta cousine la rouquine… » (poke @Cataleya Blackthorn)

Le madrilène se tenait désormais droit comme un nimbus 2000. Trop droit même. Il avait les yeux brillants à souhaite et une élocution fort hasardeuse. Le regard échangé entre Juliet et Niven remonte aussitôt le moral de la douce Blackthorn : ok, elle s’était peut être raconté des histoires en ce qui concernait Jolan… Mais au moins ses copains de la blue house ne la décevraient jamais.

« T’es palotte ma Ju, t’as forcé sur le maquillage ou quoi ? »

Niven, déguisé en carotte (oui, oui) attrapa son menton entre ses doigts avant d’embrasser son front pour la saluer. Elle fit une bise à Miguel qui tangua légèrement en s’abaissant pour l’y aider.

- Ah peut-être… Bon j’ai plusieurs verres à rattraper je crois. Vous savez où est le bar ?

Il me fallait un plan et vite. Parce que... Quelle est cette main sur mes fesses ? Oh mon dieu, c'était encore elle. J'ai trop hâte de les croquer ce soir ? Okay, maintenant, y avait urgence ! Il allait faloir un plan digne d'une opération commando. Viens, j'ai un truc à te dire... Avais-je le choix ? Pour sur que non, la voila déjà qui m'emmene en me prenant la main dans la sienne à travers une foule de plus en plus grandissante. Où était-il marqué dans j'ai un truc à te dire qu'il fallait changer d'endroit s'il vous plait ? A moins que... Ah non. AH NON ! Putain je suis foutu ! Elle veut ...

Jolan je... Bwaaah

Je n'avais pas eu le choix. Il fallait improviser et vite. En temps normal, j'aurais été au bar consommer les pires mélanges afin d'accentuer l'effet mais là, je n'avais plus le temps. Pour sur qu'elle révait de faire ça dans un coin au calme. Alors, il fallait que je la dégoute. Et oui, désolé, dans ce cas, j'n'avais rien trouvé de mieux que l'index et le majeur, dans ma bouche, pour éveiller le reflux.

Le plus malheureux ? Pour qu'elle me lâche, elle devait prendre sur elle. Au sens littéral du terme. Pardon Grand Couturier, toi qui t'es donné du mal pour cette robe, mais je devais me défaire de la fofolle qui était dedans et qui voulait croquer mes fesses.

Mais... Mais... T'es degeulasse !  *OUI !!!* pensais-je peut-être un peu trop fort, alors que je recevais une gifle absolument pas mérité et que Rosalie s'en allait en m'abandonnant. J'étais heureux, et avouons-le c'est rare dans ce genre de cas, où une situation se présente me permettant de pécho gratuitement, mais franchement, ma conscience serait nette.

Merciii les dieux de m'avoir entendu. Merci du fond du coeur !

Crachant les restes dans un coin au calme, et rinçant ma bouche à l'aide d'un gobelet et d'un sort d'aquamenti, j'étais enfin pret à profiter de la soirée. Et franchement, je n'avais qu'une idée en tête : rejoindre l'ange que j'avais vu rejoindre la fête un peu plus tôt. Croyez-moi qu'une tenue pareille, j'allais pas trainer à la retrouver. Je...

JOOOOOLLLLLAAAAAAAAAANNNNNNNNNNN !

Douche froide. Pas elle. Tout mais pas Elle ! Candice... Quelle surprise, toi ici... Infâme chose difforme qui veut absolument que je la rappelle et dont je m'évertue à changer le numéro. C'est cool que tu sois venu à la fête ! T'es tout seul petit coquinou ? Avoues que t'espérais pas le rester longtemps. T'a de la chance, je suis venue seule aussi. Ah ouais ? Pas possible... Un jour, faudrait vraiment que je réponde à la question : pourquoi j'avais accepté de coucher avec elle en première année ?

Non mais qu'est-ce que je vous ai fait là-haut pour que vous me torturiez ainsi ? Tu m'offres un verre et on va danser ? Candice... Je... Au fait, pourquoi tu m'as toujours pas rappeler depuis qu'on s'est croisé à la plume en sucre ?
Sérieusement, tant pis ! Parce que j'ai pas trouvé de lit assez renforcé pour supporter ton poids.

La gifle qui a suivi ? J'avoue, celle-là, je l'avais mérité.

Niven avait abandonné Miguel a ses pas maladroit pour attraper Juliet par la taille et ils s’étaient tous dirigés vers les magimixologues. Elle écoutait d’une oreille un peu distraire le Wright et le Grymm raconter le début de la soirée. Elle a l’impression qu’ils piaillent mais c’est sûrement parce qu’elle a un mal fou à se concentrer sur leurs dires.

C’est terrible, c’est plus fort qu’elle, mais son esprit ne pouvait effacer l’image de Jolan embrassant la jolie brune et elle ne pouvait empêcher son regard clair se poser régulièrement sur le couple qu’ils formaient. Elle le voit de dos, ne sait pas trop ce qui se trame et encore moins ce qui se dit alors elle n’a aucune idée du pourquoi le Wauters se prend une gifle.

« Ju ? Un mojito ? »

Juliet raccroche son regard à Niven qui lui sourit mais elle voit bien dans son regard qu’il a comprit que quelque-chose cloche.

- S’il te plait !

Elle répond rapidement, en espérant que cette soudaine célérité effacera les questions du joueur de Quidditch. Mais ce n’est sûrement pas le cas parce que le regard de la douce Blackthorn se pose sur Jolan qui cause avec une autre fille. Plus belle encore. Et elle se tient si proche de lui que leurs silhouettes se confondent dans les lumières des tromboscopes.

Cette nouvelle gifle est encore plus spectaculaire que la précédente. Par Merlin, comme elle aimerait être cette fille cool et détachée qui peut parfaitement ignorer que celui qu’elle aime embrasse la moitié des filles de la soirée et se fait frapper par l’autre moitié… Mais c’est plus fort qu’elle. Niven lui met carrément son cocktail dans la main pour la rappeler à lui.

« C’est moi où t’as besoin de rendre jaloux un autre mec ? »

Il a ses yeux rieurs mais elle sait bien qu’il s’interesse sincèrement à sa contrariété. Elle sourit à l’évocation de ce souvenir. Autre garçon, autre époque… Elle glisse ses lèvres sur sa paille et aspire quelques gorgées de rhum avant de poser une question plutôt que de répondre à la sienne.

- Dit moi… Avec June… vous êtes juste amis. Mais vous couchez ensemble. Mais vous êtes justes amis ?

Et le voila qui éclate de rire…

«  Qu’est ce qui a Juliet ? T’en as marre du canap de la Blue House et tu veux la place de June dans mon lit ? T’sais que t’es pas obligée de coucher avec moi pour ça hein… »

Parfois, elle le déteste…

Ma joue rougissait quelque peu, conséquence normale suivant les correction dont elle avait outrageusement été victime. Mais est ce que j'en pouvais quelque chose ? Pouvait-on vraiment me reprocher d'avoir été dans un cas un mec qui profitait pas de la situation et dans l'autre quelqu'un d'honnête ? J'aurais franchement presque pu me dire que j'allais arrêter l'honneteté, et ne plus refuser la prochaine fois un déflorage dans les règles, mais quelque chose au fond m'avait retenu. Un petit "je-ne-sais-quoi".

J'hésitais du coup. Retourner à la fête, dont je m'étais un peu éloigné, ou rentrer tout simplement. Et alors que je m'apprêtais à choisir cette seconde option, une voix m'arrêta. Eh bah, Gluttony ? Qu'est-ce que tu fais là ? Laurana. Je souriais, alors que sa parfaite manucure venait caresser la peau de mon visage. Crois-le ou non, je m'apprêtes à rentrer. Je... J'ai comme qui dirait foiré quelques coups ce soir. La jeune femme me dévisagea un instant, retenant un sourire que je devinais pourtant. Ce n'est pas moi qui ralera si tu es libre un soir de plus. Tu m'étonnes. Laurana, c'était pas la plus fréquente, mais une régulière de mes clientes quand même. Et pourtant, même si tout restait sensuel nous dirons, il ne s'était sincèrement jamais rien passé entre nous. Rien de plus que quelques flirts, quelques jeu de séduction dans son but de rendre certains jaloux afin de s'attirer leurs grâces et faveurs.

Mais tu devrais aller la rejoindre quand même. J'haussais un sourcil, demandant et me demandant qui, tandis qu'elle décrochait son masque pour la soirée et me le tendit. Elle est au bar, avec des amis j'imagine. Elle ne me le dirait pas, je le savais. Elle n'en révélerait absolument pas plus, mais le jeu me plaisait en soit. Et attrapant le masque, je me résignais à revenir dans la fête, tout en l'enfilant et me glissant à travers la foule pour me diriger vers le bar.

Visage familier, je reconnaissais certains, j'étais surpris d'en voir d'autres. Je reconnaissais par exemple ma cousine sur la piste, que je saluais tout en passant, apercevais Victor parler à sa jumelle qui au passage restait mon ex, @Grace de Launay. Etait-ce elle que Laurana avait voulu mentionner ? Peu probable je dirais, je ne me rappelais pas lui avoir parlé de...

Mon visage s'arrêta une minute, apercevant à nouveau cette tenue. Et me retournant vers cette chère cliente dans mon dos, je la voyais discuter entourée de ses deux dernières proies, tout en levant quelque peu son verre à mon intention. Petite maligne va !

Puis reprenant ma route vers ce petit groupe, je venais les interrompre pour simplement m'imposer déclarer : Salut tout le monde, je peux vous l'emprunter ? Est-ce que j'attendais la réponse ? Pas le moins du monde. Attrapant sa main, je l'attirais, cette ange semblant tout droit tomber du ciel. J'avais besoin d'elle ce soir. De sa douceur. De sa présence. Parce que si j'avais refusé un coup facile au fond, c'était parce qu'avant, j'avais craqué sur sa tenue.

Niven n’avait pas son pareil pour distraire celle qu’il appelait « sunny delight ». Et il avait presque réussi à lui faire oublier ses contrariétés… Malheureusement, le fait que Miguel soit ivre mort rendait le Wright légèrement indisponible… ou en tout cas assez occupé. Le regard de Juliet essayait de fuir la vision de Jolan parlant a une troisième femme quand il tomba sur Ofelia donnant la béquet à Elio Cooper.

En allant au bar rejoindre Cataleya et James, elle n’aurait jamais pensé passer un si bon moment. Encore moins en sachant que son ex-petit ami et la jeune Pokeby allaient les rejoindre au bar. Un cocktail lévitant et quelques taquineries à l’adresse de Quarta avaient suffit à dérider tout le monde. Il était évident que son lien avec Elio n’avait pas disparu… Elle avait toujours énormément d’affection pour le médicomage et cela ne changerait peut être jamais. Le voulait-elle seulement ?

Elle avait presque réussi à oublier Jolan. Presque. Parce que parfois, ses iris cherchaient désespérément le Cheyenne. Et elle se reprenait, elle reprenait sa conversation avec son frère sur les non talents culinaires de sa presque soeur ou avec Ofelia sur les garde qu’elle devait faire aux urgences de Sainte Marie.

« Salut tout le monde, je peux vous l'emprunter ? ». Elle l’avait vu arriver au loin, dans le dos de James. Le regard de la douce Blackthorn s’était glissé, désespéré, jusqu’à Quarta mais elle n’avait pas bronché alors que Jolan avait attrapé son poignet pour l’attirer sur la piste de danse à quelques mètres de là. Elle ne voulait pas faire d’esclandre mais elle ne savait absolument pas quoi faire ni dire face à l’Amérindien.

- Salut, Jolan. Qu’est ce qu’il peut y avoir ce si urgent ?

Le ton n’est ni agréable, ni désagréable. Du mieux qu’elle peut, elle soutient le regard du sorcier, même si en réalité, elle ne serait pas contre l’idée de disparaitre vite fait bien fait tant elle se sent mal à l’aise.

L'envie... cette réponse coule sur mes lèvres tandis que je te fais face, tandis que je t'abserve. Je suis venu t'enlever, m'imposer à toi comme rarement, si ce n'est en réalité qu'une seule fois. Cette fois-là, où je suis revenu chez toi, n'écoutant qu'une folie qui était la mienne, une envie qui était présente chez moi. Je voulais, cherchait, ton contact comme maintenant, et t'embrassait alors bien plus que je ne peux le faire actuellement. J'avais aimé ce moment, et pourtant, en te voyant ce soir dans cette tenue, l'envie était revenue aussi forte que si il ne s'était jamais rien passé.

Tu m'as caché que tu venais. On aurait pu venir ensemble... Et Merlin sait que j'aurais préféré. Tellement plus que de m'afficher avec Rosalie ou même de me prendre une gifle de Candice. Même si pour le coup, je devais avouer que cette gifle m'avait permis d'être sûr qu'elle n'y reviendrait plus. Enfin... Je l'espérais vraiment très très fort.

D'ailleurs, quand je te vois habillée ainsi, je constate que t'a encore bien des secrets plaisants... Dans ma voix, l'envie était présente. Même le Charme de la De Launay n'y suffirait pas à détacher mon regard de son habit, à ma Princess du moment. On a déjà du te le dire j'imagine, mais tu es à croquer...

« L'envie… » Encore. Et toujours. Est ce que j’aurais pu m’attendre à autre chose ? Est ce que seulement je m’attendais à quoi que ce soit d’autre ? Etait-ce seulement à cela que je me résumais dans son regard, dans son esprit ?

Mon coeur bat la chamade pourtant j’ai l’impression que ma tension est en chute libre. Mon regard s’accroche au tien comme pour m’empêcher de tomber. Je ne sais même pas quoi répondre. A vrai dire, je ne réponds rien. Que dire à cela ? Que répondre ? Je ne sais même pas comment prendre ta répondre. Bien ? Mal ? Je décide de ne pas le prendre. Je fais comme si cette réponse, aussi décevante soit elle, je ne l’avais pas entendue.

Heureusement, tu continues de parler face à mon silence abasourdit. Consciemment ou pas, tu me permets de sauver les apparences. « Tu m'as caché que tu venais. On aurait pu venir ensemble… ». La c’est plus simple, parce que je sais exactement quoi remplace.

- Je ne t’ai rien caché du tout. J’ignorais que je viendrais. Et j’ignorais que tu serais là…

Je manque d’ajouter « en si bonne compagnie » mais je ne veux pas tomber dans la perfidie du passif agressif. En tout cas je vais essayer, je ne promet rien, je sais à quel point c’est une seconde nature chez moi ce système de défense. Je ne peux m’empêcher de me demander s’il est sincère… ou s’il dit ça juste pour me plaire. Après tout, il a quitté le Styx au bras d’une cliente. C’était déjà dur à encaisser. Mais alors le voir avec une femme, puis une autre, puis une autre. Comment pouvais-je, seule, rivaliser ? Aucunement.

Mon regard se porte sur ma robe alors qu’il me complimente. On revenait donc à la case départ. Mon physique. Son désir. J’avais l’impression de tourner en rond sans pouvoir trouver d’issue à cette situation désagréable. Ma seule option c’était de disparaitre mais quelque-chose au fond de moi avait envie de se battre.

- Miguel me l’a dit mais il est tellement ivre que je ne sais pas si ça compte.

Je réponds avec une honnêteté presque désarmante. Parce que je ne sais pas quoi dire d’autre… J’aurais peut être tout simplement pu me contenter d’un « merci » ? J’aurais du.

Egalité du coup. Parce que j'ignorais moi-même que j'y serais. Et elle. Du reste, est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Peut-être en réalité. Parce qu'à la voir ainsi, je ne serais surement pas resté moi-même. Pourtant, je ne peux m'ôter de l'esprit cette gêne, ce sentiment qui s'installe. Mon esprit hurle qu'il y a quelque chose, quand mon coeur la désire pourtant tout autant si pas plus que d'habitude.

Ca compte quand c'est vrai. Reconnaissons le, Miguel avait visé juste pour une fois. Je n'allais pas le contredire sur ce qu'il disait. Surtout qu'en réalité, j'étais loin de déprécier le Pajares. Au fond, lui et moi, je nous trouvais des points communs.

Les pas s'enchainent, et pourtant...


Je la ressens encore cette gène. J'irais même jusqu'à dire que, devant ce regard parfois fuyant, je me sentirais presque de trop. Une impression qui me laisse un peu... que je trouve étrange. Au point que... Juliet, ca va ? La musique changeant, je m'arrête un instant, feignant la pause pour aborder cette question. Parce que plus ça allait, moins j'avais l'impression qu'elle était là. J'ai fait un truc de mal ? Parce que depuis tout à l'heure, j'ai l'impression que tu ne veux que les rejoindre... Si c'est ce qu'elle voulait, elle pouvait. Je pouvais disparaitre... encore.

Nous dansons. Et mes mains sont accrochés à ta nuque. Il est assez tard pour que les sorciers qui s’occupaient de la musique aient choisis d’enchainer les slows. En temps normal, j’aurais sûrement apprécié l’instant. L’un contre l’autre, nos corps se frôlent sans arrêt et la chaleur qui émane de ta peau saurait me réchauffer même au coeur de l’hiver.

Pourtant, cet instant, il me laisse un goût amer. Je suis incapable de me connecter à toi, à ce moment. J’ai l’impression que mon esprit ne sait tout simplement pas s’arrêter… Toutes ces questions qui m’empoisonnent l’esprit, toutes ces incertitude que ton comportement a nourrit inlassablement… Je n’arrive pas à les faire faire. Si bien que j’entends à peine ta question, plus que légitime. Ce n’est que parce que tu t’arrêtes que je comprends que tu attends une réponse de ma part.

- Ca va.

Mes épaules sont crispées et je force un sourire mais je reprends notre slow parce que la musique recommence. Ca m’arrange parce que la proximité qu’exige la danse me permet d’esquiver ton regard scrutateur.

Quelques secondes à peine… Et je m’arrête. Me rendant subitement compte que ce n’était plus possible. Plus possible de me taire. De garder mes états d’âme pour moi. Parce que c’est trop fort… Ca la dépasse, sincèrement. Elle n’est plus capable de se laisser bouffer par ces ressentiments. Par ces questions.

- Non, attend. Enfaite non. Ca ne va pas.

Voila, c’était dit. C’était déjà un énorme effort pour la timide Blackthorn que je suis, celle qui avait l’habitude de taire ses émotions qui pourraient déranger les autres. Sauf quoi voila… Maintenant je dois expliquer pourquoi. Et j'ai l’impression de devoir me justifier. Sauf que je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas par où commencer. Je ne sais même pas si je suis légitime…

Au moins avais-je raison ! Je le sentais qu'il y avait un truc, un quelque chose du genre je ne sais pas quoi. Mais pour autant, qu'elle passe d'un ça va a un en fait non, j'haussais un sourcil. Ça me surprenait, clairement. Parce qu'elle avait beau être belle, douce, tendre, mentir n'était pas son fort à la petite dernière Blackthorn. Devais-je m'inquiéter qu'elle n'ait pas le réflexe de me faire confiance ? Ou me rassurer qu'elle choisisse de me protéger en me cachant une partie de la vérité ?

Damn que ces questions ne se bousculaient finalement pas dans ma tête ! Presentement, je réfléchissais rapidement à ce qui pouvait la déranger. Cela alla jusqu'à sentir mon dessous d'avant bras mais... Odeur ok pourtant.. Faire le pitre permettait parfois ou souvent de se sortir de situation épineuse et pourtant j'étais un rien sérieux. Pour mes soirées escorting, je devais être au top.

Tu veux qu'on en parle ? Okay, le ton est un rien plus grave, mais c'est parce que dans ses yeux magnifiques, je le décèle ce problème. Je sais qu'il y a quelque chose parce que ce regard, je l'ai déjà vu souvent. Trop souvent. Et la dernière fois, c'était ce soir là. Ce fameux soir où Elio et moi on s'était battu. Ce fameux soir où tu pleurais sur ton amoureux perdu. Devais-je aller le chercher le @Elio Cooper?

Maintenant que c’est sorti, je suis bien incapable de continuer à faire semblant, de continuer à danser comme si tout allait bien… Alors j’ai attrapé ta manche, juste au niveau de ton coude, pour qu’on s’excentre un peu de la piste de danse. Je n’ai même pas réussi à rire alors que tu mimais un test olfactif sur ta chemise… Pourtant j’adore quand tu me fais rire.

Les talons campés dans le sol, je lève le regard vers toi et je lis dans ton regard toute la sincérité qui s’y trouve. Je vois bien que tu n’as absolument aucune idée de ce qui me contrarie… Ca paraitrait évident pour tant de personnes et pourtant je suis persuadée que tu ne te rends absolument pas compte du problème.

- Oui, j’aimerais bien.

Maintenant que c’est sorti, je ne me sens pas spécialement mieux. Non, au contraire même. La pression qui s’empare de moi est énorme. Parce que je ne sais pas quoi dire. Enfin… Je sais quoi dire, mais pas comment. Et je n’ai pas envie de passer pour une hystérique ou quoi que ce soit… Après tout on ne s’est rien promis. N’est ce pas ?

Elle esquisse un sourire, cherchant à gagner quelques secondes peut-être. Mais intérieurement, c’est tellement trop pour elle… Elle ouvre la bouche pour s’exprimer pourtant. Mais aucun son ne sort parce qu’elle vient de se faire bousculer légèrement par quelqu’un qui essayait de passer et s’excuse aussitôt.

- C’est rien.

D’un geste de la main, j’excuse le sorcier déguisé en arrière train de licorne avant qu’il ne s’eclipse et que mon regard azuré ne retrouve le tiens. Je soupire finalement avant de te demander d’une voix mal assurée.

- On peut aller ailleurs ?

Vous n'étiez plus sur la piste de danse. En tout cas plus vraiment. Et pourtant, tu avais l'impression que si d'une certaine manière. Un pas en avant, deux en arrière. Alors que la Blackthorn semblait prête à se confier, tout repartait presque aussitôt, et tout était motif de distraction. Presque comme les vagues de la mer qui venaient s'écraser sur le sable, avant de repartir d'aussi belle.

- On peut aller ailleurs ?

La réaction, ta réaction, ne se fait pas attendre. Tu hoches la tête, glissant ta main dans la sienne pour l'emmener à ton tour, ce papillon de nuit qui semble perturbé. Tu te frayes un chemin dans la foule, sans jamais lâcher sa main, l'attirant doucement à l'écart de cette foule, comprenant par sa demande qu'un endroit calme est préférable. Mais tu ne songes pas à quitter les festivités plus que ça. Tu ne penses pas qu'un lieu plus intimiste comme l'appartement de Juliet puisse être préférable. Au lieu de ça, tu l'amènes précisément là où, plus tôt, tu as écopé de quelques gifles, et un peu plus loin. Plus au calme. Plus excentrés de la fête, de vos amis. Et finalement tu t'arrêtes. L'amenant à s'asseoir sur un banc proche, tu t'installe ensuite près d'elle et ajoute : dis-moi. Qu'est-ce qui s'passe ?

L’espace d’un instantt, j’ai cru qu’il m’avait comprit. Vraiment compris. Alors que tu prends ma main, je me prépare à un transplanage mais je n’ai pas le temps de fermer les yeux que tu m’attires un peu plus loin. Pas assez loin à mon goût. Ce n’est pas parfait, c’est mieux que sur la piste de danse, mais ce n’est pas vraiment ce à quoi je m’attendais.

A peine installé, tu m’interroges du regard puis d’une formulation simple. Qu’est ce qui se passe ? Si seulement je pouvais répondre à cette question aussi simplement que tu me l’avais posée. Mais j’ai l’impression que c’est impossible. Je suis sur le point d’être plus explicite, de lui proposer de rentrer, mais maintenants que nous sommes assis.

- Je dois t’avouer que je suis un peu perdue.

Ca se voit dans mon regard. C’est même un doux euphémisme. Je suis complètement larguée.

- Je me suis peut-être fait des idées, tu sais.

Ma main tremble un peu quand elle passe dans mes cheveux pour replacer une mèche qui s’est échappée de ma coiffure. Je cherche mes mots, ne quittant pas ton regard qui se fait toujours aussi interrogateur.

- Ca fait des semaines que j’ai l’impression qu’il y a quelques choses entre nous. Quelque chose de sérieux je veux dire. On ne s’est rien promis, je le sais bien. On a même jamais discuté de tout ça. Mais.

Je perds le fil de mes paroles. De ma pensée. Je ne sais plus où je veux en venir, ni d’ou je viens. C’est affreux. J’ai presque l’impression de bégayer alors pour achever cet instant fort désagréable, je finis par lâcher.

- Qu’est ce qu’on est, toi et moi ?

Alors qu'elle t'avouait être perdue, tu te disais qu'il s'agissait là d'un effet de foule, probablement. Il faut dire que ce soir, quasi tout Inverness était regroupé dans ce lieu, dans ces jardins. Enfin, quasi toute la population sorcière. Mais avant que tu n'envisage de la prendre dans tes bras, pour lui permettre de retrouver ce que ces derniers temps tu crois être une zone de paix, une sphère familière, la Sang Pur enchaîne sur une autre phrase qui t'arrête à nouveau, te laissant penser qu'encore une fois, ce qui cloche n'est pas la fête en elle-même. Impression désagréable tant il en est, car à chaque fois, ton esprit te sussure que le souci, c'est toi.

Et finalement, le couperet tombe. Ton coeur lui s'accélère quand le temps semble s'arrêter. Ah... Incapable dans l'immédiat de dire autre chose, l'information parvenant à ton cerveau et demandant toute l'analyse possible. Vous en étiez là, vous étiez finalement arrivé au moment du questionnement, du On est quoi ?

Quand tu disais d'aller ailleurs, j'aurais dû transplanté c'est ça ? Oui, il s'agissait bien là de ta première réponse. Transplanté aurait été tellement plus facile. Et, à supposer que comme dans 80% des cas qui ont rythmé ta vie jusque maintenant cette conversation se termine par une gifle, tu aurais toi-même préféré que personne n'en soit jamais témoin.

alors euh... Je dirais que techniquement, on se situe dans la case Sexfriends. Clairement, je pense qu'aujourd'hui c'est ce qui nous définit. Techniquement, est-ce que tu étais obligé de commencer cette réponse ainsi, vraiment ? Juliet... Je... J'sais pas trop quoi répondre en fait. T'es bien placé pour savoir que je crois pas... Genre être un mec bien on va dire. Et pour cause. Tu dragues, tu flirtes, tu couches facilement et avec genre le premier vagin venu. Un compliment te suffit pour t'emmener dans des draps doux et confortable. J'ai fait souffrir Grace alors que j'étais amoureux d'elle. Genre vraiment amoureux tu le sais. Et M... Tu t'arretais à l'instant. Parce que son nom était synonyme de souvenir dans ton esprit, de cœur qui se levait, d'une envie de vomir qui s'enroulait autour d'un sentiment de culpabilité profonde. La plaie n'était pas encore refermée.

Mais si tu veux savoir, t'es pas juste un plan cul Ju. Je... J'adore être avec toi. Comme avec Grace ou... Je... Disons que si tu veux savoir, je dirais que les autres, comme Clara, Rosalie,... Ça c'est juste des plan cul. Toi... Toi, j'ai des sentiments. Parce qu'elle avait su, à une époque, te responsabiliser. Tu aurais pu tout raccrocher pour prendre soin d'elle, d'eux. Parce qu'elle était ce genre de personne qui savait pour Akhela, et qui ne te repoussait pas pour autant. Tu.. T'en pense quoi toi? Tu... Tu voulais plus ?

Un pauvre sourire vient illuminer mon visage tandis que le tien témoigne du fait que tu viens seulement de comprendre le désir qui était le mien. Ailleurs, c’était loin d’ici. Loin des gens. Loin de l’agitation qui était connue pour aller crescendo lors de cette célébration. Doucement, je hoche la tête. Pas de rancoeur, dans mon regard pourtant. Je sais que je ne suis parfois pas assez explicite, que j’ai du mal à faire comprendre et imposer mes désirs.

Il me semble qu’une éternité s’écoule avant que tu n’ouvres la bouche pour me répondre. Je suis fébrile. Mon coeur cogne dans ma poitrine si fort qu’il pourrait couvrir la musique electro sur laquelle les étudiants ivres se déhanchent. Ymkje est radieuse sous la lumière colorée. Pourtant mon regard est incapable de se fixer ailleurs que sur toi.

« Sexfriend ». Le mot coule naturellement de tes lèvres mais il vient me heurter si brutalement que j’en aurais le tournis. Mon regard cille une seconde mais mon éducation Blackthorn ressort aussitôt. Mon visage semble impassible mais mon coeur saigne.

Devrais-je être surprise ? Il y a quelques semaines de ça, j’aurais sûrement répondu la même chose, et avec le sourire s’il vous plait. Mais aujourd’hui, j’avais cru qu’il y avait quelque-chose d’autre. Quelque-chose de plus. Je m’étais donc fait des histoires…

La discussion aurait pu s’arrêter là. Mais les mots qui suivent m’enfoncent un peu plus dans la tourbe dans laquelle je me noie depuis quelques heures. Elle a beau aimer Grâce de tout son coeur, c’était la dernière personne a qui elle souhaitait être comparée ce soir. Il a des sentiments. Mais je n’étais pas exceptionnelle à ses yeux comme il pouvait l’être aux miens.

- Non.

Non. Je ne voulais pas plus. Non. Ca aurait du me suffire. Sur le papier, c’était très bien comme ça.

- Initialement, je ne voulais pas plus. Mais j’ai cru, a tort, j’ai cru… qu’il y avait quelque-chose. D’autre. J’ai cru qu’on partageait autre chose que quelques coups d’un soir et qu’une amitié improbable.

Je parle et pourtant je sens bien que je me referme comme une huitre. Je tords mon coeur, l’empêchant de ressentir quoi que ce soit qui pourrait me faire trébucher d’avantage. Je me sens si idiote. Cette jalousie que j’avais pu ressentir était si stupide, si illégitime que j’en avais des frissons.

- A la lumière de tout cela non, je ne veux pas plus.

C’est vrai et c’est faux. D’un côté, c’est plus simple. D’un autre c’est si décevant.

La vérité, c'est que le problème était bien là. Elle avait cru et toi, tu ne niais pas non plus tes sentiments. Des sentiments qui étaient au fond une réelle faiblesse. Parce qu'elle était aujourd'hui ce qui équivalait à ta kryptonite. Sans elle, tu aurais peut-être déjà quitté Inverness. Tu serais probablement déjà reparti pour éviter de croiser la route de quelqu'un de trop familier avec les italiens. La vérité, c'était qu'au fond, Juliet, tu l'aimais.

Pouvais-tu seulement te projeter sur plus avec elle ? Non. Parce que tu l'avais déjà fait souffrir. Parce qu'à cause de toi, elle avait connu les affres d'une fausse couche. Parce qu'à cause de toi, elle avait perdu à une époque sa meilleure amie. Parce qu'à l'instar de ton loup, t'étais une malédiction ambulante, et que tout ceux qui t'approchaient finissaient par avoir des problèmes. Et Juliet, elle avait déjà eu son lot de problèmes.

Ju... Il y a cette profondeur blessée dans ta voix. Tu aimerais lui dire au fond ce que tu ressens réellement, mettre des mots sur ces sentiments et en même temps, l'ombre de ton passé te fait hésiter, douter, te retiens d'aller plus loin. Peut-être que... peut-être qu'au fond, je devrais repartir. Regardes-toi, t'es radieuse et moi, je reste la tâche dans ton tableau. Je devrais peut-être juste m'effacer. Prendre la fuite, encore. Pour éviter d'affronter tes problèmes, et d'en créer d'autres. Pour éviter de faire souffrir les gens autour de toi.

Un part de moi, peut-être, est franchement soulagée. C’est vrai. Nullus avait été clair quand il avait dit que désormais, ni moi ni mes petits amis potentiels n’avaient à s’en faire. Mes fiançailles avec l’aîné de ma fratrie me rendaient intouchable tant que je restais discrète mais encore fallait il trouver un homme qui pouvait accepter ces conditions de l’extrême.

Je n’aurais donc pas a me poser la question de savoir si ça pouvait ton cas. Nous n’en étions pas là, je le savais bien. Mais à cet instant, je me rends compte a quel point dans ton esprit tu n’envisageais rien de réel, de sérieux à mes côtés. Et c’est douloureux, vraiment douloureux.

Il y a quelques années, j’aurais sûrement fondu en larmes. Le désarroi était réel. Mais à cet instant je me contiens et Aloysius serait sûrement fier de moi. Pas une larme. Même pas une faille dans ma voix alors que je lui explique ce que moi j’avais entraperçu.

Je m’attends à un contredit officiel. Ou tout du moins à une explication. Parce que si je me suis fait des films, ce n’est sûrement pas pour rien, n’est ce pas ? J’ai mal interprété c’est vrai mais je n’ai pas tout inventé quand même ? Rien. Rien, pas un mot. Seulement ce souhait, celui de partir. Encore.

- Je ne te mets pas à la porte. Mais ne compte pas sur moi pour te retenir. Si tu veux vraiment partir.

Il n’y a pas de rancoeur. J’y glisse même un sourire. Je m’étais habitué à ta présence. Dans le canapé, d’abord. Puis dans mon lit. Voila bien longtemps que je n’avais pas trouvé mon existence aussi légère, aussi belle, et je sais que tu n’y étais pas pour rien. Je pourrais te dire a quel point tu me manquerais. A quel point je ne voulais pas te voir partir. Mais j’avais peur qu’en te disant tout cela, le fier masque des Blackthorn ne se fendille.

J’en ai oublié les compliments. J’en ai oublié que tu me trouvais radieuse. Tu pourrais me complimenter en n’en plus finir que je n’entendrais rien. Parce que tout ce que tu pourrais dire à une autre fille sonnerait creux à mes oreilles. D’un geste, je replace une de mes mèches de cheveux avant d’ajouter, peut-être précipitamment :

- Tu peux me raccompagner chez moi, s'il te plait ?