Nuit du 9 au 10 avril 2023 - Célébration de la Licorne

Mon regard arpente l'ensemble de la soirée, appréciateur. Ca, c'est ma vie. C'est ce qui me fait vibrer, de toute mon âme, et sans doute que ça irradie tout autour de moi. Est-ce que j'ai envie que ça se voit ? Un peu. Surtout maintenant.

Si je suis restée dans le contrôle tout le début de la célébration - c'est un peu une seconde nature, après tout, et puis soyons honnêtes, je n'avais pas envie de voir la moitié de l'assemblée pendue à mes chevilles à cause du Charme - à l'évidence c'est bien moins le cas pour la fin de la nuit. Moins encore chaque fois que mes prunelles accrochent celles, un peu plus loin, de @"Fergus Laugharne". J'ai encore le goût de ses lèvres sur les miennes, et s'il a bien fallu que je reprenne ma tâche d'hôtesse - on avait dit un quart d'heure de pause, M. Laugharne, il vous faudra attendre la fin de la célébration maintenant - je dois bien admettre que j'ai bien du mal à rester aussi neutre et mondaine que d'ordinaire. La faute à la vélane, aussi, qui a sans doute un peu trop apprécié de pouvoir s'exprimer.

Parce que les mots d'Ines, Verena et Emmy il y a près de deux mois ont fait leur petit bonhomme de chemin dans ma tête, si bien qu'après une conversation mondaine en la présence de @Margaret Rosebury - j'ignore la teneur exacte de la relation de ces deux-là, mais à l'évidence, il y a quelque chose d'intime - j'ai laissé ce Charme que je bride éternellement d'ordinaire s'échapper un peu, face à cet homme que je savais déjà intéressé avant qu'elle ne soit impliquée. Au moins étais-je certaine que je ne brisais pas complètement son libre arbitre.

Et si je devais être tout à fait honnête, je devrais bien admettre que c'était particulièrement agréable de, pour une fois, pouvoir me laisser aller. Alors clairement, quand la nuit touche à sa fin, que j'ai pu prendre congé des membres de ma famille et amis présents pour l'occasion, que les convives se font plus épars, et que je peux décemment m'éclipser au profit de ceux qui achèveront les derniers rangements, c'est vers le brun que je me dirige à nouveau.

- Je t'offre un dernier verre ?

Soyons honnêtes, j'ai rarement été aussi radieuse, solaire, surtout à une heure aussi tardive de la nuit.

Il reste à l'écart, observateur, tandis que j'évolue parmi les convives. Je le vois chaque fois que mon regard retourne accrocher le sien, et l'attraction est évidente. La Vélane s'enflamme, je le sens bien, mais elle devra encore patienter un peu. Alors quand enfin je peux mettre de côté mon rôle d'hôtesse, elle s'empresse de prendre un peu plus de place, petit à petit. Si j'offre un dernier verre au wright, encore un instant versée dans quelque attitude mondaine, l'éclat brillant dans mon regard indique probablement aisément que le but est bien plus charnel.

- J'ai cru que tu ne demanderais jamais.

Le sourire est charmeur, miroir de celui que je m'autorise à présent à arborer, tout comme ses mots reprennent les miens quelques heures plus tôt, et mon bras s'accroche au sien, dans un geste qui me semble presque trop naturel subitement. Qu'importe. Je me fais un devoir de laisser toutes mes interrogations et questionnements de côté pour les prochaines heures. Une fois n'est pas coutume, ce soir, je lâche prise. Et si nos pas nous mènent à l'extérieur de la fête, je lui demande où il souhaite aller car à l'évidence, je ne suis que peu coutumière des fins de soirées tardives...

- Tu connais un endroit où nous pourrions nous rendre ? commencé-je, presque trop sagement tout d'abord. A moins que nous ne partagions une bouteille de champagne chez moi, si tu préfères...

Et je suis presque surprise moi-même de la démarche, tant je n'en suis pas coutumière. Elle ravit cependant la vélane qui, tout comme moi - mais est-elle vraiment si dissociée de moi ? - tendrait clairement à préférer la seconde option...

Oh que je ne suis pas douée à ce jeu-là, faute d'expérience, admettons-le. Mes seules histoires amoureuses ont vu le jour après des relations amicales assez longues, et ce jeu de séduction, je m'y suis toujours refusée, jusqu'à présent, de peur que la Vélane en moi ne prive l'autre de son libre arbitre. A ainsi éternellement la brider, j'en ai fait une ennemie, alors pourtant qu'elle fait partie de moi. Les filles avaient peut-être raison, finalement : il est plus que temps que je me réconcilie avec elle. Et si je propose sagement un endroit neutre, j'avoue que... Non, ce n'est pas vraiment ce que je souhaite. La seconde proposition que je formule en témoigne, moins sage à l'évidence, et je ne doute pas un instant que mon compagnon pour ce soir le comprenne aisément.

- Je serai ravi de t'accompagner pour une dégustation de champagne,

Son sourire est éloquent, tout autant que celui que je lui renvoie, sans le moindre doute. C'est donc vers mon domicile dans Myrddyn Wyllt que je nous dirige, accrochée à son bras. Et le coeur un peu trop battant, sans doute. Quelques mots banals concernant la soirée écoulée sur le chemin, je prends le temps d'inspirer, légèrement anxieuse face à ma porte, mais ouvre bien vite pour nous laisser entrer, et le guider vers le salon aux teintes douces et poudrées. Fleurs, partitions et lettres anciennes se partagent la décoration de l'endroit, et mon violon de bois de rose tout récemment reverni repose encore sur la table basse, surplombé de son archet en crin de licorne, vestige d'un moment de calme personnel avant cette éprouvante journée, tout à côté des crayons de couleurs et derniers dessins de Faolán avant que sa grand-mère ne vienne le récupérer pour le weekend.

- Installe-toi, je t'en prie. J'arrive tout de suite.

Je repasse par l'entrée, y retirant les chaussures à talons que j'ai portées toute la journée, savourant la fraîcheur du sol sous mes pieds, avant de regagner la cuisine d'où je reviens armée de la bouteille de champagne promise et de deux flûtes d'ancienne facture. Une fois la bouteille ouverte et nos verres emplis, un toast traditionnel rapidement porté, je savoure une première gorgée pétillante, le regard pourtant éternellement posé sur le brun à mes côtés. Mais si je trempe une seconde fois les lèvres dans le breuvage chéri, quelque peu pour me donner du courage il faut bien l'avouer, je repose bientôt le contenant de cristal pour me pencher vers mon partenaire, lâchant à l'évidence la bride à la Créature qui sommeille en moi.

- Où en étions-nous, déjà ? murmuré-je alors, tandis que mes doigts effleurent la joue de Fergus, comme pour assurer que son visage reste tourné vers moi. Peut-il seulement en être autrement ? L'instant d'après, mes lèvres rencontrent à nouveau les siennes, cherchant à renouer le contact trop vite rompu tout à l'heure. Rapidement, nous quittons le salon pour ma chambre dont nul homme n'a franchi le seuil depuis bien trop longtemps. Et pour la première fois depuis une éternité, je retrouve ma féminité, et réalise étrangement qu'il me semble enfin être plus en phase avec la vélane en moi, que j'ai passé tant d'années à rejeter quand bien même les filles ont raison : elle fait partie de moi.

HRP: