Andrew était du genre lève-tôt. Et couche-tard. Il dormait peu et il en était toujours été ainsi, ce qui lui convenait grandement car ses journées étaient toujours bien chargées, en réalité, il faisait en sorte que ça soit le cas. Rien de surprenant alors, qu'il ait un rendez-vous alors qu'au château les étudiants internes se ruaient sur le petit-déjeuner servit dans la grande salle.

Ses cheveux étaient encore humide puisqu'il avait profité de l'heure matinale pour aller nager dans les thermes d'Hungcalf qui n'en étaient pas vraiment mais qui avaient l'immense avantage d'être désert à ce moment de la journée qu'il privilégiait depuis qu'il y avait croisé un couple d'étudiants une fois, en début de soirée. Ca l'avait mit assez mal à l'aise pour ne pas oser les interrompre.

- Entrez Miss Robinson.

On venait de toquer franchement à la porte de son bureau qu'il débarrassait de ses grimoires et de trop nombreux rouleaux de parchemins. D'un geste, il vérifie que sa robe de sorcier couvre parfaitement les tatouages runiques qui parsèment savamment ses avants bras avant de faire léviter deux tasses.

- Un café ?

J'arrive à la fin de ma toute dernière année d'études. Cela me fait tout drôle d'avoir rendu mon écrit de thèse. J'ai un poids en moins et en même temps, j'ai l'impression de vivre une séparation. C'est assez étrange.
Elle qui m'avait accompagnée pendant cinq ans, me voilà sans elle. Enfin pas tout à fait, elle est toujours là, et je dois préparer mon oral maintenant.
Je dois me concentrer là-dessus plutôt que de me demander si j'aurai dû ajouter ceci ou préciser cela etc...

Et ce matin, j'ai justement rendez-vous avec Mr Hill pour travailler mon oral. Mon directeur de thèse est officiellement mon prof d'Histoire mais Mr Hill a été de bons conseils pour l'écrit, il m'a aiguillé dans mes recherches concernant le domaine des runes.

Le printemps se faisant sentir, bien que l'air soit encore frais et humide, j'ai opté pour une robe orange avec motifs de fleurs, cintrée à la taille et m'arrivant juste au dessous des genoux. J'ai tout de même préféré ne pas trop pousser sur le décolleté. Je ne veux pas qu'il croit que je le charme pour avoir un bon retour. Ce n'est pas le but. Je souhaite au contraire qu'il soit franc avec moi. Et si je veux le charmer, c'est plutôt pour goûter à ce corps. C'est pas faute d'avoir essayé mais il reste très professionnel et suit à la lettre le règlement de Hungcalf concernant les relations professeurs/élèves. Il n'a pourtant pas d'alliance. Mais cela ne veut pas dire qu'il est célibataire, nous sommes d'accord.
En tout cas, depuis qu'il est à Hungcalf, je suis ravie d'avoir un prof aussi sexy en runes. Le dernier était beaucoup moins intéressant.

Enfin bref, des collants transparents légèrement teinté, une veste cuir bleu, les cheveux détachés et me voilà devant la porte de son bureau à toquer.
J'entre et le vois près de son bureau.

"Bonjour professeur Hill."

Je m'approche et pose mon écrit et une enveloppe sur son bureau. J'ai jugé bon de ramener un exemplaire s'il en avait besoin. Quant à l'enveloppe, elle contient des photos qui me serviront pour l'oral.

"Volontiers. Je vous remercie de m'accorder ce temps. Vos conseils me sont précieux."

Je décide de retirer ma veste et la pose sur le dossier de ma chaise. Je ne m'assois pas pour le moment, ignorant si je me peux me le permettre.

L’odeur du café Péruvien, qui émoustille depuis quelques jours les sens du Britannique, prend ses aises dans le bureau qui est désormais le sien. L’endroit est à son image et on aurait presque pu penser qu’il avait pensé à cette décoration lui-même mais il n’en était rien. Il n’avait fait que remplir la bibliothèque de ces grimoires qui considérait comme des références, installer une cafetière italienne ainsi qu’une flopée de tasses plus émaillées les unes que les autres et remplir l’encrier de l’encre violet sombre qu’il aime utiliser;

L’amertume du café aurait pu jurer avec l’odeur florale qui se dégage de la doctorante qui vient de faire irruption, tout sourire, dans son bureau. Mais il n’en est rien et l’odorat du loup n’est guère contrarié par cette superposition de saveurs. Elle est charmante, la Robinson. Intelligente, à n’en point douter. Mais il a toujours une petite appréhension quand il s’agit de la recevoir, elle.

- Je ne fais que mon travail, installez vous je vous en prie. Je nous sers de quoi tenir bien éveillés toute la journée.

Il avait la réputation de doser un peu trop intensément son café, c’est qu’il aimait vraiment ça. Le liquide presque noir est délicatement versé dans les deux tasses en suspension avant qu’il dirige sa baguette vers la pile de thèse qu’il avait reçu pour re-lecture afin d’en extraire celle de la future docteur en egyptologie sorcière qui lui faisait face. Les pieds de sont fauteuil raclent lourdement le sol alors qu’il s’installe et se rapproche de son bureau, commentant le travail de son étudiante.

- C’est une très bonne thèse, si vous voulez mon avis. La plume est soignée, les références sont précises. J’aurais toutefois apprécié que certaines parties ne soient mieux annoncées voir qu’elles bénéficient d’une mise en valeur via une décomposition plus aboutie. Mais ce petit défaut devrait être facile à corriger lors de votre présentation.

Il lui adresse finalement un sourire encourageant avant de relever les yeux vers elle et avant de boire une gorgée de café brûlant, il demande.

- Comment vous sentez-vous ? Prête ?

Bizarrement aujourd'hui je me sens toute petite face à lui. Il a quand même de quoi être impressionnant comme homme, sauf que d'habitude cela m'attire plus qu'autre chose. Mais je me retrouve ce matin, pas dans une position des plus confortables. Bien que je connaisse ma thèse, et bien que cela ne soit qu'un exercice, j'ai le trac qui monte.

Je m'installe sur la chaise, et observe Mr Hill servir le café puis pointer la baguette vers une pile de documents. Je reconnais ma thèse. Elle était située en haut de la pile.
Puis il s'installe et j'écoute son avis, qui est rassurant. Ce n'est pas juste une "bonne" thèse, c'est une très bonne thèse. Ce sont ses mots. Le jury pensera-t-il de même ? Je mise quand même beaucoup sur ce travail. J'espère qu'il m'ouvrira des portes au sein de ce métier.
Je bois une gorgée de café et je suis étonnée par le goût. Il est sacrément costaud et je ne peux m'empêcher de faire une grimace. Une petite pointe de whisky et un peu de crème l'aurait rendu plus buvable.

"Je suis prête."

Je me lève. Je ne peux pas rester assise pour une présentation.
Heureusement que mes années sur les planches m'ont permis d'apprivoiser mon trac.

"Bien, comme vous le savez, les bijoux à l'époque de l'Egype Antique étaient preuves de richesse, de notoriété, voir même de distinction de rang. Aujourd'hui, les bijoux de luxe peuvent servir d'artefacts alors je me suis dis : pourquoi en serait-il autrement à l'époque des Pharaons ? J'ai donc porté mes recherches sur la période du Nouvel Empire, car il y a nombre de vestiges déjà découverts."

Je continue à parler des personnes qui avaient de tels bijoux, cela concernait bien sûr la haute société, les prêtres et prêtresses, mais aussi parfois des marchands fortunés. Je lui parle aussi des personnes qui créaient ces bijoux. Les gobelins était déjà de la partie, mais aussi les prêtres qui détenaient le savoir des runes notamment.
Ensuite je lui parle d'un classement que j'ai effectué pour les différents types de bijoux et leurs fonctions.
Je précise aussi que j'ai participé à une fouille archéologique avec la découverte d'un tombeau de cette époque. Et je continue à travailler sur les bijoux découverts lorsque je retourne en Egypte. Je lui montre quelques photos de ceux-ci.
Je parle, je parle et les minutes passent. J'ai l'impression que je n'aurai jamais assez de temps pour terminer. D'ailleurs il me semble que je déborde du temps imparti.
Alors je vais à ma conclusion.

"Je vous remercie de m'avoir écouté."

Voilà. Je me sens mieux. Je pourrai discuter de ce sujet pendant des heures encore tellement il me passionne mais ce n'est pas le but.
J'attends maintenant le retour du professeur. Et un verre d'eau ne me ferait pas de mal.

"Est-ce que vous auriez de l'eau s'il vous plaît ?"

Il a érigé le café au rang de rituel. Sacralisé, presque, ce qui se trouve dans sa tasse et ce qui noie ses artères. La grimace de la jeune femme n’a pas échappé au fin observateur qu’il se targue d’être devenu. Tout le monde n’apprécie pas à sa juste valeur les grains Péruviens qui sont du genre intenses. Il note, bien malgré lui, que la Robinson prendra du Brésilien la fois prochaine.

A peine assise, la jeune femme se lève. Sûrement stressé par l’exercice qui lui serait demandé dans quelques semaines, elle a mal interprété la question du Professeur. Ce n’était pas une question rhétorique pour la pousser à se lancer mais une réelle interrogation sur ses sentiments et appréhensions.

Il ne la contrarie pas, pourtant et la laisse démarrer sa présentation. Parfaitement à l’écoute, il a sorti d’un carnet de cuir et une plume pour noter de quoi lui faire un debriefing utile en temps voulu. Il hoche parfois la tête, ose de temps en temps un sourire encourageant, fronce même les sourcils une fois alors qu’elle passe un peu trop vite sur un détail qui a son importances aux yeux de l’enseignant.

- Est-ce que vous auriez de l'eau s'il vous plaît ?
- Bien sûr.

Il se lève, récupère un verre en cristal noir sur une des étagères de l’armoire qui est installée dans son dos et d’un sortilège, il le remplit d’une eau fraiche. Il s’assoit de nouveau, buvant son café le temps qu’elle fasse de même avec ce qui venait de lui être servi puis quand il la sent prête, lui demande :

- Qu’avez vous pensé de votre prestation, Miss Robinson ?

"Merci."

Par Merlin, j'ai la gorge sèche et l'eau me fait un bien fou. Je bois d'une traite le verre qu'il me propose.
Qu'ai-je pensé de ma prestation ? C'est allé tellement vite que je ne sais pas quoi répondre à cela.

"J'ai l'impression d'avoir débordé sur le temps imparti. C'est terriblement frustrant de devoir condenser alors que je pourrai en parler pendant des heures."

Quand un sujet me plaît, et que je peux être bavarde, il fait sans aucun doute que je peux devenir épuisante pour mes proches. Sasha et Caël en savent quelque chose.
Sauf que ce n'est pas le but devant ce genre d'auditoire. Je ne veux pas être épuisante ou barbante mais captivante.

"Sinon j'ai l'impression que mon plan est assez clair. J'ai bien fait attention aux différentes parties. Peut-être que je devrai apporter encore un peu plus de photo aussi pour agrémenter mon discours."

J'ai peut-être sous estimé ce genre d'outil. Mais il ne faut pas non plus que je les inonde d'images car cela me desservirait.

"Et vous ? Qu'en avez-vous pensé ?"

Après tout, c'est lui le professeur et son avis sera certainement plus objectif que le mien.

Un sourire amusé se peint sur le visage souvent austère du Britannique comme s’il s’entendait lui-même quelques années auparavant. A deux reprises il était passé devant ce jury et à deux reprises il avait dû fournir le même effort de synthétisation. Lui qui aimait les détails, la précision, c’était effectivement particulièrement frustrant. Mais c’était un exercice de style important, il l’avait bien constaté par la suite en tant que chercheur.

- Vous avez dépassé de quelques minutes, effectivement.

Un simple constat, il l’avait relevé d’ailleurs en regardant sa montre au moment où elle avait commencé, puis au moment où elle avait terminé. Quelques minutes donc… rien de bien méchant mais assez pour contrarier les plus tatillons des examinateurs. Et n’en doutez pas, Andrew pouvait en être. De nouveau, le Professeur hoche la tête alors que spontanément, elle cite les points forts de sa présentation. Après une gorgée de café encore agréablement chaud, il approuve également.

- Votre plan est clair et en plus de ça vous faîtes l’effort appréciable de le rappeler régulièrement au cours de votre présentation. Cela empêcherait même le plus distrait des auditeurs de se perdre dans votre présentation. Quant aux illustrations, ma foi, elles ne sont pas strictement nécessaires mais si vous pensez qu’elles peuvent apporter quelque-chose, n’hesitez pas.

L’étudiante lui demande son avis à son tour. Parcourant ses notes des yeux pour en exprimer l’essentiel, il termine sa tasse avant de répondre.

- Sur la forme, vous avez souligné le temps. Je me permettrais de souligner également votre diction. Vous utilisez votre corps pour vous exprimer, c’est très bien, mais vous avez tendance parfois à parler un peu vite ou à “mâcher” certains mots. Prenez des pauses. Respirez. Laissez le temps à vos interlocuteurs d’absorber les informations que vous leur offrez..

Il marque lui-même une pause avant de reprendre.

-Sur le fond, je ne suis pas spécialiste mais j’ai trouvé cela très intéressant. Mon parti pris voudrait que vous développiez davantage la partie sur Ramsès II et les runes protectrices de son sarcophage mais d’autres vous diront le contraire. Connaissez-vous les membres de votre jury, Miss Robinson ?

Décidément ma diction continue à me jouer de mauvais tour. Lorsque j'étais comédienne, c'était un défaut que je devais travailler tous les jours. Je vais devoir faire en sorte de la retravailler, un peu comme si je rentrais sur scène.
Pour un spectacles, les respirations,les pauses, sont travaillées en même temps que le texte. Pour une présentation, c'est un peu différent car le texte n'est pas appris par cœur, du moins pas dans mon cas. Il n'empêche qu'il faut que je prenne des respirations, il a raison. A trop vouloir tout déballer, j'en oublie les pauses, qui sont pourtant cruciales.

J'entends bien sa demande de précisions et s'il avait été un membre du jury, je ne doute pas qu'il aurait posé des questions sur ce point.

"Non."

Je ne savais même pas que je pouvais connaître les personnes qui allaient m'écouter.

"J'imagine qu'il y aura des historiens. Cela serait pourtant intéressant à savoir en effet afin que je me prépare aux mieux aux questions qui pourraient m'être posé. Avez-vous la réponse à cette question ?"

@Andrew Hill

Si Emmy ne répond rien aux critiques constructives que son Professeur émet mais il voit bien que ça ne rentre pas par une oreille pour sortir de l’autre. En d’autres termes, il se rend compte que ses indications sont écoutées et seront mises en application le jour-J.

Elle réagit d’avantage, néanmoins, lorsque le Hill lui demande si elle connait les membres qui composeront son jury de thèse. Elle semble surprise, même, avant de répondre par la négative et la lui retourner. Cette fois, c’est au tour du Hill d’être surpris.

- Navré, mais même si j’avais été chercher l’information, il me semble évident que je n’aurais pas pu tous les retenir malgré ma formidable mémoire.

Le sourire ne dit pas s’il plaisante ou non. La réalité est un peu entre les deux. Il se demande parfois ce que font certains Directeurs de Thèse s’ils ne sont même pas capable d’aider leurs étudiants en les préparant correctement.

- Vous pouvez demander au Secretariat chargé des DEFIS. Ils vous donneront leurs noms. Vous aurez deux spécialistes de votre matière et un novice. Toute la difficulté sera de contenter les deux.

"Oh voyons Mr Hill, vous auriez pu retenir quelques noms juste pour moi."

Je suis sur le ton de la plaisanterie évidemment. Je l'apprécie alors j'aime bien le taquiner un peu. D'ailleurs, je sais que cela peut le mettre un peu mal à l'aise et je dois dire que cela m'amuse aussi. Je suis une bonne élève, et je sais qu'il apprécie les étudiants studieux et passionnés dans ce qu'ils font. C'est pour ça qu'il m'a à la bonne, et je lui en suis plus que reconnaissante car il m'a aidé grandement. Malgré son air froid de prime abord, c'est un excellent professeur.

"Ok, j'irai voir ça avec le secrétariat."

J'espère que je ne vais pas paniquer devant les noms que je vais avoir. Si je me retrouve devant un ponte de l'Histoire, je vais devoir sacrément me maîtriser !

"Finalement ce n'est pas tant le passage à l'oral qui me stres le plus, mais la suite. Je vais devoir faire ma place parmi les Égyptologues. Je pense que je vais me spécialiser dans les bijoux et autres apparats."

Je vais devoir gagner ma vie autrement qu'en faisant du baby sitting ou en donnant des cours de théâtre. Et bizarrement, cela m'inquiète. Je sais bien qu'en cas de coup dur je pourrai toujours compter sur Sasha. Mais je veux pouvoir être indépendante et avec ce métier, soit je bosse sur des fouilles, soit je publie des livres pour avoir de l'argent. Ou sinon, je bosse dans un musée. C'est une idée aussi tiens.

@Andrew Hill

« Oh voyons Mr Hill, vous auriez pu retenir quelques noms juste pour moi. » Il se crispe un instant, le runiste. Près à expliciter qu’il n’a pas que cela à faire, que ce n’est guère dans ses attributions. Et puis en voyant le sourire en coin de la future égyptologue, il comprend qu’elle jouait de l’humour. Et se crispe encore d’avantage parce qu’il connait se regard et que ce n’est pas la première fois qu’elle s’essaye a ce genre de relation avec lui. Ce n’est pas qu’elle ne lui plait pas, la Robinson, mais il y a mille raisons pour lesquelles il est hors de question qu’il puisse rentrer dans son jeu.

« Ok, j'irai voir ça avec le secrétariat. » Il hoche la tête, satisfait de constater qu’elle semble avoir trouvé la raison. Voila qui était plus raisonnable et professionnel de la part de l’étudiante. Il se retire un peu dans le fond de son siège, attrapant sa tasse de café pour y boire une gorgée avant qu’il ne refroidisse.

« Finalement ce n'est pas tant le passage à l'oral qui me stres le plus, mais la suite. Je vais devoir faire ma place parmi les Égyptologues. Je pense que je vais me spécialiser dans les bijoux et autres apparats. » Il reste un long moment silencieux, le Hill, ne sachant quoi répondre. C’est qu’il n’a jamais connu ça. A peine diplômé, il avait été embauché à Gringott et parcourait le monde pour le compte de la plus célèbre banque des sorciers, bien déterminé à récupérer quelques trésors avant de se rendre compte qu’il était plus judicieux de s’enrichir plutôt que de tout laisser aux mains des avides gobelins.

- Et bien j’imagine que si vous vous engagez dans cette voie c’est que vous pensez pouvoir y faire votre place.

Répond-il, pas franchement dans une démarche réconfortante.

- Mais n’hésitez pas à prévoir un plan B. Voir un plan C. Il faut toujours savoir rebondir après une déconvenue, sans quoi on s'enlise, Miss Robinson.

Je hoche la tête face à la conclusion du professeur. J’espère pouvoir réellement vivre de ce métier, mais rien n’est certain. Se faire une place est difficile, et d’autant plus pour une femme européenne. Il y a des égyptologues femmes renommées, mais la plupart du temps, elles sont égyptiennes, et d’un sens, cela se comprend que le pays favorise ses habitants plutôt que des étrangers.
Et comme s’il lisait dans mes pensées, Mr Hill me parle d’alternatives. Oui mais quoi ? Le projet de Sasha n’est encore que sur papier et il me parle d’un poste loin d’ici depuis quelques jours.
Je ne vais pas faire serveuse, ou barmaid toute ma vie non plus. Revenir sur les planches ? Non, j’ai déjà donné et je ne reviendrai pas à cette vie.

Tout un tas de questions s’amoncellent dans ma tête et cela m’angoisse. Je n’ai pas pour habitude de me projeter. Il ne faut pas que je me laisse submerger par tout ça.

« Et vous alors ? Qu’avez-vous prévu pour vos vacances ? »

Autant changer de sujet et profitez encore un peu de ma présence dans ce bureau.

« Parce que vous les avez bien méritées aussi. »

Je ne pourrai pas être prof, même si l’Histoire de la magie me passionne. Je n’aurai pas la patience avec les étudiants.
Je n’ai aucune idée de ce qu’il pourrait faire pendant ses congés. Je le vois bien entouré de livres de runes, travaillant sur une thèse, mais j’espère pour lui que ce n’est pas le cas.
J’imagine qu’il ne va pas vouloir me répondre, gardant ses distances de prof/élève.

« Vous savez, je ne suis plus vraiment l’une de vos étudiantes mais une femme indépendante et bientôt diplômée. Alors vous pouvez très bien m’en dire un peu plus sur vous, et briser cette glace que vous maintenez entre nous. »

Je lui fais un peu de rentre dedans mais j'ai beau avoir tenté de le séduire, il s'est toujours dérobé. Pourtant, je suis certaine que je ne le laisse pas indifférent.

Absolument inconscient des états d’âmes qui peuvent agiter la sorcière, ou alors peu intéressé par ceux-ci, il s’est contenté d’un conseil à visée général. Il avait du mal à se sentir concerné par ce genre de préoccupations qui n’entraient pas vraiment dans son champs d’action et encore moins dans son champs de compétence.

Il aurait peut-être pu être soulagé que la jeune femme de se perde pas en plaintes et angoisses verbalisées mais ce n’est pas vraiment le cas. Si la première question parait innocente, le britannique déteste qu’on puisse s’introduire dans son intimité. Et oui, ses projets pour les vacances entraient dans le champs de l’intime. De manière général, il détestait qu’on lui pose des questions sur lui.

- J’ai quelques projets, mais rien de bien définit encore.

C’était absolument faux. Il avait signé un contrat en mission temporaire avec la Jenkins. Un mois en Thaïlande à la recherche d’un artefact créé il y a près de 600 ans et dont une trace avait été retrouvée il y a quelques semaines de cela. Ce qu’il ne savait pas encore, c’est qu’il n’était pas prévu qu’il s’y rende seule.

« Vous savez, je ne suis plus vraiment l’une de vos étudiantes mais une femme indépendante et bientôt diplômée. Alors vous pouvez très bien m’en dire un peu plus sur vous, et briser cette glace que vous maintenez entre nous. » Les dents du Hill grincent, prenant cette invitation presque comme une agression.

- Nous en reparlerons si vous obtenez effectivement notre diplôme.

Lui, il pense gagner du temps en disant ça. Quelques semaines, tout au plus. Il est persuadé que la jeune femme sera officiellement docteur d’ici là. Mais une telle phrase ne risquait elle pas d’écharper la confiance en soit de la jeune femme ? Peut-être. Et il n’en avait absolument pas conscience.

"Nous en reparlerons quand j'aurai mon diplôme."

Est-ce qu'il cherche à ébranler ma confiance ? Ce serait étonnant avec les propos qu'il avait tenu un peu plus tôt. Évidemment il n'est pas à la place du jury mais il sait que j'ai toutes mes chances.
Il doit être encore perturbé par mon audace. Ce doit être ça. En tout cas, je note qu'il n'est pas complètement fermé à l'idée de briser la glace étudiante/professeur.

"En tout cas, sachez que j'ai pris grand plaisir à assister à vos cours. Le petit hic c'est que vous n'êtes pas très fun. Mais l'essentiel est que vous êtes un super professeur, dans le sens où vous savez donner du temps à vos étudiants."

On ne peut pas être parfait n'est-ce pas. S'il ajoutait un peu de souplesse dans ses cours, ou bien un peu de folie, alors là, ce serait vraiment top. Je me permets de lui dire ce que je pense vraiment de ses cours car je n'aurai certainement pas d'autres occasions pour le faire.

"Vous allez me manquer professeur, car je sais que je dois encore progresser en runes."

Les runes font partie intégrante de mon domaine mais elles sont complexes et cela me demande des efforts à fournir pour les comprendre sur certains artefacts.

Je me lève. Il est temps de laisser tranquille Mr Hill.
Je lui tends la main pour le saluer, à défaut de pouvoir lui donner un baiser.

"Merci Mr Hill, pour tout."

Elle n’était pas la première et ne serait définitivement pas la dernière. Emmy avait beau être une très jolie femme au yeux de bien des hommes, il fallait reconnaître que le Hill restait de marbre face a ses avances plus ou moins discrètes. Le fait qu’elle était étudiante ne jouait pas en sa faveur même si ça n’empêchait pas certains… Mais en ce qui concernait le Hill, c’était et ce serait toujours une fin de non recevoir.

Mais non content d’être totalement imperméable à ses avances, il ne poiyvait s’empêcher de les trouver particulièrement contrariantes. Sans vraiment savoir expliquer pourquoi ? Parce que son éthique est trop rigide peut-être. Ou parce qu’on pouvait y voir un manque de respect, prétendrait-il. La réalité, c’est qu’il était intensément gêné et qu’il réagissait excessivement, comme toujours lorsqu’on le mettait dos au mur. Le ton était sec, alors qu’il rappelle la jeune femme au fait qu’elle n’est pas encore diplomée.

"En tout cas, sachez que j'ai pris grand plaisir à assister à vos cours. Le petit hic c'est que vous n'êtes pas très fun..." Le reste des paroles déclamées par la rouquine se perdent alors que le Britannique lève un sourcil. Il n’était pas fun et il n’avait absolument pas envie de l’être. Il prenait sa matière et sa fonction très au sérieux, bien plus que l’ensemble de ses étudiants rassemblés… D’avantage désireux de se retrouver seul que de défendre cette opinion impopulaire, il finit par serrer la main d’Emmy.

- Bonne chance, Robinson.